Datan
[Château de Dampierre, Seigneurie d'Aulnay de Saintonge.]
Ce matin là, le vent faisait danser les parterres de roses s'étalant, tels une mer rouge vif, sous la fenêtre de son bureau. Ne donnant pas l'impression d'un rythme commun, les roses s'affolaient tour à tour, comme prise d'une frénésie contagieuse, presque irréelle. Le pourtour, rehaussé d'une corolle de roses blanches, dansait encore plus violemment en s'abandonnant librement aux bourrasques. Si dehors le vent s'acharnait en léchant les façades, à l'intérieur, la complainte lugubre envahissait les couloirs et les différentes pièces de la demeure. Les assauts répétés et irréguliers du vent s'attaquaient à la charpente du vieux castel de Dampierre sur Boutonne, faisant grincer et craquer le vieux bois sec.
La décision du Vicomte dAulnay doctroyer cette seigneurie à Datan était un gage de confiance pour le niortais. Elle navait d'égal que le respect quil témoignait envers Cristof, devenu un ami plus quun mentor. Après plusieurs mois de travaux, l'installation avait pu se faire dans cette seigneurie d'Aulnay de Saintonge laissée à l'abandon par son ancien Seigneur, parti guerroyer et mourir loin de ses terres. Datan avait vite pris ses aises dans ce castel qui lui ressemblait. Les alentours chaleureux, le personnel simple et discret, un somptueux parc arboré et coloré de multiples fleurs, dinnombrables roses de toutes variétés, la végétation tantôt laissée libre ou au contraire parfaitement entretenue, faisaient de cet endroit un espace de quiétude et de raffinement. Le nouveau Seigneur avait voulu de vastes pièces de réception, simplement décorées mais chaleureuses, contiguës à des pièces plus petites et personnelles. Les travaux avaient été parfaitement exécutés et Datan appréciait déjà ces lieux. Ses lieux.
Il furent accueillis par Urbain, lintendant des lieux ; un vieil homme discret et intelligent qui inspirait la confiance et le respect. Dune avait accompagné son père, bien entendu, et son vieux complice Charibert qui s'occuperait de la cuisine, bien plus adaptée que l'auberge à ce vieil hibou fatigué par les années de voyages et de labeurs. PetitLu aussi avait suivi, acceptant de devenir l'écuyer de Datan. Et il y avait celle qui prenait de plus en plus de place en son coeur et qu'il voulait plus proche encore. Elle avait accepté de venir, sans pour autant montrer trop d'entrain. Il savait qu'il avait pris trop de distance ces derniers temps et il lui fallait réagir.
De la fenêtre de son bureau, regardant les roses danser avec, au loin, la verte vallée où coulait la Boutonne, Datan restait impassible. Le feu crépitait dans une cheminée richement décorée qu'un artisan avait voulu refaire à l'identique. L'ancien mélangé au neuf, l'éclat des riches décorations faisait contraste avec les murs sobres et simplement agrémentés de quelques peintures de paysages ; le castel n'était qu'un mélange incessant de raffinement et de matière à l'état brut, de douceur mêlée à quelques envolées sauvages. En cet après midi pluvieux ou le vent balayait les roses, Datan devait prendre une décision. Après un moment passé à scruter l'horizon, il s'assit à son bureau et prit la plume...
L'odeur de la cire s'envola dans la pièce, et se mêla aux odeurs de bois brûlés. La cheminée jouait parfaitement son rôle et chauffait le bureau. Face à Datan, sur une bibliothèque qui avait été refaite afin de préserver ses trésors à reliures dorées, Datan avait fixé un tableau représentant le donjon de Niort. Cette ville, qui avait été son refuge, qui avait écarté son passé loin derrière lui, revêtait pour lui bien plus qu'un assemblage d'échoppes, de tavernes et de maisons.
Nombre de ses amis étaient partis, c'était certain, mais la mémoire elle, ne s'effacerait pas. Il avait emporté de multiples souvenirs de cette période où il était constamment entouré d'amis. Bien sûr, de nouvelles têtes avaient remplacé les fantômes du passé, de ses voyages il s'était enrichi de nouveaux amis, et de sa participation au conseil comtal, il en tirait une grande satisfaction, dans les nouvelles relations qu'il avait pu sceller.
Le parchemin à la main, il fit appeler Urbain, qui ne tarda pas.
-"Qu'on apporte ce message à Niort, au bureau du GIGN."
Un sourire en coin s'afficha sur le visage de l'Epervier. Maintenant, il savait qu'il pourrait compter sur cet ancien niortais, toujours à ces côtés durant de nombreux mois. Il pouvait préparer son voyage, en toute sérénité. Datan sortit de son bureau, à la recherche de Dune.
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Porte-Parole du Poitou - Champion du Poitou - Médaillé du Mérite militaire - Épervier dans l'âme...
Ce matin là, le vent faisait danser les parterres de roses s'étalant, tels une mer rouge vif, sous la fenêtre de son bureau. Ne donnant pas l'impression d'un rythme commun, les roses s'affolaient tour à tour, comme prise d'une frénésie contagieuse, presque irréelle. Le pourtour, rehaussé d'une corolle de roses blanches, dansait encore plus violemment en s'abandonnant librement aux bourrasques. Si dehors le vent s'acharnait en léchant les façades, à l'intérieur, la complainte lugubre envahissait les couloirs et les différentes pièces de la demeure. Les assauts répétés et irréguliers du vent s'attaquaient à la charpente du vieux castel de Dampierre sur Boutonne, faisant grincer et craquer le vieux bois sec.
La décision du Vicomte dAulnay doctroyer cette seigneurie à Datan était un gage de confiance pour le niortais. Elle navait d'égal que le respect quil témoignait envers Cristof, devenu un ami plus quun mentor. Après plusieurs mois de travaux, l'installation avait pu se faire dans cette seigneurie d'Aulnay de Saintonge laissée à l'abandon par son ancien Seigneur, parti guerroyer et mourir loin de ses terres. Datan avait vite pris ses aises dans ce castel qui lui ressemblait. Les alentours chaleureux, le personnel simple et discret, un somptueux parc arboré et coloré de multiples fleurs, dinnombrables roses de toutes variétés, la végétation tantôt laissée libre ou au contraire parfaitement entretenue, faisaient de cet endroit un espace de quiétude et de raffinement. Le nouveau Seigneur avait voulu de vastes pièces de réception, simplement décorées mais chaleureuses, contiguës à des pièces plus petites et personnelles. Les travaux avaient été parfaitement exécutés et Datan appréciait déjà ces lieux. Ses lieux.
Il furent accueillis par Urbain, lintendant des lieux ; un vieil homme discret et intelligent qui inspirait la confiance et le respect. Dune avait accompagné son père, bien entendu, et son vieux complice Charibert qui s'occuperait de la cuisine, bien plus adaptée que l'auberge à ce vieil hibou fatigué par les années de voyages et de labeurs. PetitLu aussi avait suivi, acceptant de devenir l'écuyer de Datan. Et il y avait celle qui prenait de plus en plus de place en son coeur et qu'il voulait plus proche encore. Elle avait accepté de venir, sans pour autant montrer trop d'entrain. Il savait qu'il avait pris trop de distance ces derniers temps et il lui fallait réagir.
De la fenêtre de son bureau, regardant les roses danser avec, au loin, la verte vallée où coulait la Boutonne, Datan restait impassible. Le feu crépitait dans une cheminée richement décorée qu'un artisan avait voulu refaire à l'identique. L'ancien mélangé au neuf, l'éclat des riches décorations faisait contraste avec les murs sobres et simplement agrémentés de quelques peintures de paysages ; le castel n'était qu'un mélange incessant de raffinement et de matière à l'état brut, de douceur mêlée à quelques envolées sauvages. En cet après midi pluvieux ou le vent balayait les roses, Datan devait prendre une décision. Après un moment passé à scruter l'horizon, il s'assit à son bureau et prit la plume...
L'odeur de la cire s'envola dans la pièce, et se mêla aux odeurs de bois brûlés. La cheminée jouait parfaitement son rôle et chauffait le bureau. Face à Datan, sur une bibliothèque qui avait été refaite afin de préserver ses trésors à reliures dorées, Datan avait fixé un tableau représentant le donjon de Niort. Cette ville, qui avait été son refuge, qui avait écarté son passé loin derrière lui, revêtait pour lui bien plus qu'un assemblage d'échoppes, de tavernes et de maisons.
Nombre de ses amis étaient partis, c'était certain, mais la mémoire elle, ne s'effacerait pas. Il avait emporté de multiples souvenirs de cette période où il était constamment entouré d'amis. Bien sûr, de nouvelles têtes avaient remplacé les fantômes du passé, de ses voyages il s'était enrichi de nouveaux amis, et de sa participation au conseil comtal, il en tirait une grande satisfaction, dans les nouvelles relations qu'il avait pu sceller.
Le parchemin à la main, il fit appeler Urbain, qui ne tarda pas.
-"Qu'on apporte ce message à Niort, au bureau du GIGN."
Un sourire en coin s'afficha sur le visage de l'Epervier. Maintenant, il savait qu'il pourrait compter sur cet ancien niortais, toujours à ces côtés durant de nombreux mois. Il pouvait préparer son voyage, en toute sérénité. Datan sortit de son bureau, à la recherche de Dune.
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Porte-Parole du Poitou - Champion du Poitou - Médaillé du Mérite militaire - Épervier dans l'âme...