Ceraphin
Retour.
Un peu hors du temps et des époques.
Baloté au gré du vent d'automne, là au milieu d'une cour intérieure un peu morne et désolée, Ceraphin observe, solennel.
C'est tout un château qui est livré au vent.
Et toutes les certitudes d'un gamin avec.
Pourtant forcément ça semblait être une bonne idée et puis comment aurait-il pu en être autrement?
Quel lieu symbolisait plus ce qu'il avait perdu que ce château ou il avait vécu quelques temps de bonheur avec celle qui reposait maintenant au fond du jardin?
Le nid des plumes libres...
Il faisait peine à voir, ainsi livré à lui même, désolé et hanté par quelques fantômes et ombres silencieuses qu'on ne savait si elles étaient réelles ou imaginaires.
Au moins le minimum d'une garde aux armes de Montmorency l'avait rassuré par une présence aux portes du domaine.
Ceux là même qui quelques mois aupravant lui en avaient barré l'accès, le conduisant manu militari jusqu'en l'hostel du Prince, suzerain des lieux.
Une curieuse rencontre s'en était suivie, faite de quiproquos, d'équivoque et de surprises, pour le moins.
Et qu'en était-il résulté?
Curieusement, la promesse d'un lien vassalique qui offrait à Ceraphin, l'adopté d'Azayes l'héritage imprévisible du domaine qui était celui de Maman.
Un regard rivé sur l'aile ouest... la pierre porte les stigmates de l'incendie qui ravagea la bibliothèque.
Les murs furent consolidés à la va vite, le toit étanché au plus urgent... mais les pierres étaient encore noires, comme marquées par l'ombre mortelle qui s'abatit ici... au printemps dernier.
Comment oublier?
Non oublier n'est pas envisageable.
Alors comment vivre ici, désormais, avec ce douloureux passé?
Ceraphin avait bien failli abandonner ce projet.
Et puis...
Les héritages se faisant dans la douleur, ils ne nous sont profitables que dans l'accomplissement du devoir de mémoire et la sauvegarde du souvenir.
Qu'en fera-t'il, lui, la pièce rapportée, l'enfant de serfs emporté par l'Errance?
A voir ces hautes murailles, l'enfant se sent passablement petit... il n'est plus que l'ombre de lui même, silencieux et craintif.
Comment si frêles épaules pourront elles revendiquer l'autorité sur ce domain chargé de souvenirs mais ausi de symbolisme?
Et quid des plumes libres?
Comment pourra t'il tenter de perpétuer au mieux l'oeuvre de Maman?
Qui sait s'il reste encore des plumes à travers le royaume... et si elles accepteront de voir en lui l'héritier de Diane, voir même un nouveau mécène.
Regard timide, circulaire.
Comment saura t'il diriger tel domaine, le faire revivre de ses cendres?
Il l'ignore et frissonne devant l'étendue de la tâche.
Mais il y est.
Et il tentera de faire, au mieux de ses forces.
Quelqu'un viendra t'il lui prêter main forte?
L'endroit semble si vide...
Même l'effroyable gardien lui serait une vision rassurante, s'il revenait d'un coup.
Mais celui là aussi est du passé et il va falloir composé avec le présent.
Soupirant profondément, Ceraphin replace une mèche de cheveux venue occulter en partie son regard d'ébène.
Son premier mouvement le portera bientôt vers là ou un parterre feuillu rougeoyant aura pris le relai d'une tombe qu'il a connue recouverte de fleurs moissonnées trop précocément.
S'y recueillir, s'y épancher, s'y blottir.
Et après... après, on verra.
Tant à faire... et si seul.
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Un peu hors du temps et des époques.
Baloté au gré du vent d'automne, là au milieu d'une cour intérieure un peu morne et désolée, Ceraphin observe, solennel.
C'est tout un château qui est livré au vent.
Et toutes les certitudes d'un gamin avec.
Pourtant forcément ça semblait être une bonne idée et puis comment aurait-il pu en être autrement?
Quel lieu symbolisait plus ce qu'il avait perdu que ce château ou il avait vécu quelques temps de bonheur avec celle qui reposait maintenant au fond du jardin?
Le nid des plumes libres...
Il faisait peine à voir, ainsi livré à lui même, désolé et hanté par quelques fantômes et ombres silencieuses qu'on ne savait si elles étaient réelles ou imaginaires.
Au moins le minimum d'une garde aux armes de Montmorency l'avait rassuré par une présence aux portes du domaine.
Ceux là même qui quelques mois aupravant lui en avaient barré l'accès, le conduisant manu militari jusqu'en l'hostel du Prince, suzerain des lieux.
Une curieuse rencontre s'en était suivie, faite de quiproquos, d'équivoque et de surprises, pour le moins.
Et qu'en était-il résulté?
Curieusement, la promesse d'un lien vassalique qui offrait à Ceraphin, l'adopté d'Azayes l'héritage imprévisible du domaine qui était celui de Maman.
Un regard rivé sur l'aile ouest... la pierre porte les stigmates de l'incendie qui ravagea la bibliothèque.
Les murs furent consolidés à la va vite, le toit étanché au plus urgent... mais les pierres étaient encore noires, comme marquées par l'ombre mortelle qui s'abatit ici... au printemps dernier.
Comment oublier?
Non oublier n'est pas envisageable.
Alors comment vivre ici, désormais, avec ce douloureux passé?
Ceraphin avait bien failli abandonner ce projet.
Et puis...
Les héritages se faisant dans la douleur, ils ne nous sont profitables que dans l'accomplissement du devoir de mémoire et la sauvegarde du souvenir.
Qu'en fera-t'il, lui, la pièce rapportée, l'enfant de serfs emporté par l'Errance?
A voir ces hautes murailles, l'enfant se sent passablement petit... il n'est plus que l'ombre de lui même, silencieux et craintif.
Comment si frêles épaules pourront elles revendiquer l'autorité sur ce domain chargé de souvenirs mais ausi de symbolisme?
Et quid des plumes libres?
Comment pourra t'il tenter de perpétuer au mieux l'oeuvre de Maman?
Qui sait s'il reste encore des plumes à travers le royaume... et si elles accepteront de voir en lui l'héritier de Diane, voir même un nouveau mécène.
Regard timide, circulaire.
Comment saura t'il diriger tel domaine, le faire revivre de ses cendres?
Il l'ignore et frissonne devant l'étendue de la tâche.
Mais il y est.
Et il tentera de faire, au mieux de ses forces.
Quelqu'un viendra t'il lui prêter main forte?
L'endroit semble si vide...
Même l'effroyable gardien lui serait une vision rassurante, s'il revenait d'un coup.
Mais celui là aussi est du passé et il va falloir composé avec le présent.
Soupirant profondément, Ceraphin replace une mèche de cheveux venue occulter en partie son regard d'ébène.
Son premier mouvement le portera bientôt vers là ou un parterre feuillu rougeoyant aura pris le relai d'une tombe qu'il a connue recouverte de fleurs moissonnées trop précocément.
S'y recueillir, s'y épancher, s'y blottir.
Et après... après, on verra.
Tant à faire... et si seul.
Le joueur aussi pourrait se sentir seul... alors, si la plume vous en dit...
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