Eudeline
Les yeux fermés, elle revivait les dernières heures passées.
Elle avait souvent eu à déjouer les pièges de cet oiseau de malheur que son père avait engagé pour la ramener à la raison et à l'homme qu'elle devait épouser.
Petit à petit, ces mauvaises rencontres s'étaient espacées, et depuis la sombre histoire de Lyon, elle avait enfin réussit à le semer et à effacer ses traces.
Enfin, c'est ce qu'elle avait pensé jusqu'à ces derniers jours.
Cette fois, il avait bien failli réussir. Réussir ?
Ce que le scélérat ignorait c'est, qu'en fait, qu'il ne réussirait jamais.
Jamais elle ne retournerai là bas. Jamais elle n' appartiendrai corps et âme à ce vieux bouc de marquis. Jamais !
Elle avait choisit de mourir plutôt que de finir croupissante dans un castel de Champagne.
La voix du jeune homme la sort de ses pensées.
Williamss ... il s'appelle Williamss et a un sourire charmant et charmeur. Mais elle n'en a cure pour le moment, et il le comprend bien tentant de se justifier.
Quelques explications dont elle se doutait et puis un aveu murmuré.
Mots dans un souffle où se mêlent humiliation de les prononcer, humilité d'oser s'en libérer, pudeur retenue et scrupules tardifs.
Assise à même le sol, à ses cotés, les jupons sales de poussière, les cheveux emmêlés, elle se sent étrangement proche du jeune homme. Sa mise de traîne-misère qu'il est impossible d'ignorer ne peut cependant cacher la bonté de son visage et la sensibilité qu'il dégage.
Il y a dans le regard qu'il pose alors sur elle, un sillon d'aménité (civilité), presque comme une trace de noblesse.
Elle s'apprête à répondre mais n'en a pas le temps. Zezva revient avec les breuvages chauds.
Zezva l'amie, Zezva la délicate, Zezva la raisonnable, Zezva toujours plus sage qu'elle, Zezva toujours plus prudente, Zezva toujours plus frileuse de tout, Zezva l' ange qui peut être dragon ... Zezva désapprouve et sermonne sans retenue le pauvre bougre. Zezva l'impulsive le menace !
Ehhhh Zezva ! Ne crois tu pas que tu y vas un peu fort ? Si messire ... si Williamss est ici et dans cet état ce n'est pas je le crois pour penser plus à mal ou faire autre erreur de jugement.
Crois tu qu'il aurait tenté de m'avertir ?
Et moi pauvre sotte que je suis je n'ai rien saisit de ses muettes mises en garde.
Crois tu qu'il aurait fait barrière de son corps pour me protéger et qu'il aurait pensé à fuir en m'entrainant, s'il voulait à présent commettre autre forfait ?
Agacée par la réaction de son amie, elle prend les tisanes qu'elle vient de leur déposer et en tend une au jeune homme. Les dernières paroles de Zezva l'ont sans aucun doute perturbé et blessé.
Ne vous en faites pas ! Elle semble méchante comme ça mais c'est un agneau quand on la connait un peu plus.
A son regard, elle comprend que le jeune homme a envie de partir.
Williamss, vous n'êtes pas en état de partir d'ici, et pour aller où ?
Phocas doit nous chercher à cette heure. Nous allons passer le reste de la soirée et la nuit ici, demain nous verrons. Zezva va nous préparer de quoi nous sustenter.
Buvez votre bolée de tisane ! Cela soulagera les douleurs de vos contusions.
La sienne en main elle le regarde fixement.
Williamss ... Zezva est un peu radicale dans ses propos ..... et si je l'approuve sur votre peu de scrupule à chercher le fin mot de l'histoire avant de livrer à un brigand le destin de quelqu'un, je peux comprendre la nécessitè qui vous a poussé à accepter cette alliance.
La faim est souvent mauvaise conseillère.
D'une voix plus douce qu'accompagne un regard rassurant elle confie ....
Il me faudra un peu de temps pour oublier cette mésaventure, mais vos explications et votre franchise me poussent à l'indulgence et au pardon.
Zezva toujours sur ses gardes s'est assise non loin.
L'élancement brûlant qui lui barre le haut du dos, légère égratignure sans doute, la fait grigner ( grimacer ). Son regard effleure son amie, elle lui sourit comme pour la rassurer. Puis de nouveau elle fixe Williamss.
Besoin de se confier, de peut être ainsi faire taire ces démon qui empoisonnent sa vie.
Williamss, ce père inquiet dont Phocas vous a parlé, n'est en fait que le géniteur de la bâtarde que je suis.
La seule personne qu'il a su aimer à part lui, est ma mère. Mais un Duc, aussi petit soit-il n' épouse pas la gouvernante de son domaine. Enfant niée et reniée, on m' a confiée à une nourrice.
Ce n'est que plus tard, par remord peut être je ne le sais ou par intérêt, que mon père m' a fait revenir vers lui, sous couvert que je ne sois qu'une lointaine cousine dont il avait la tutelle.
Mots toujours aussi blessants et pénibles à prononcer, elle continue cependant, seule sa voix moins haute traduit son émotion et son amertume.
Mais mon caractère a eu vite raison de l'entente qu'il souhaitait entre nous et pour me faire rentrer dans le droit chemin, il a décidé de me marier. Mariage qui surtout devait lui amener écus et reconnaissance.
A ce moment de son récit ses mains se serrent compulsivement sur ses cuisses froissant le tissu de sa cotardie. Un bref instant dans son corps déferle une vague de douleur et de honte.
Elle ne peut tout avouer.
Dire qu'avant de la marier ce père avide, avait vendu sa prétendue cousine à un autre. Autre seigneur, s'ennuyant en sa couche et dont il espérait être le vassal.
Une nuit, une jolie pucelle et sa fraiche jeunesse contre terres et titres. Non ... elle ne peut raconter cette débrisure (viol ), cette blessure aussi bien physique que morale.
Seule Zezva sait. Zezva qui a séché tant de larmes.
Passant ses mains sur son visage pour en chasser le reflet de ses émotions, elle continue en grattant nerveusement d'un doigt une aspérité du sol.
Refusant ce mariage, refusant cet époux, espèce de vieux bouc portant Marquisat mais n' ayant jamais su prendre femme devant le Très Haut, j'ai, le jour de mes épousailles ,pris la fuite.
Je me refusais à rester nièce et à être épouse d'apparat.
Il ne me reste de mon pè... de cet homme, que le nom qu'il fut obligé de me donner pour mes épousailles.
Depuis, messire Gaumont, Vicomte de Saint Geoirs, Duc de Combe Aures, futur Marquis me fait chercher pour payer ses terres et ses titres.
Voilà, vous savez tout !
Se relevant lasse et souffrant de son dos elle murmure ... Quelques écus pour cela ....
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Elle avait souvent eu à déjouer les pièges de cet oiseau de malheur que son père avait engagé pour la ramener à la raison et à l'homme qu'elle devait épouser.
Petit à petit, ces mauvaises rencontres s'étaient espacées, et depuis la sombre histoire de Lyon, elle avait enfin réussit à le semer et à effacer ses traces.
Enfin, c'est ce qu'elle avait pensé jusqu'à ces derniers jours.
Cette fois, il avait bien failli réussir. Réussir ?
Ce que le scélérat ignorait c'est, qu'en fait, qu'il ne réussirait jamais.
Jamais elle ne retournerai là bas. Jamais elle n' appartiendrai corps et âme à ce vieux bouc de marquis. Jamais !
Elle avait choisit de mourir plutôt que de finir croupissante dans un castel de Champagne.
La voix du jeune homme la sort de ses pensées.
Williamss ... il s'appelle Williamss et a un sourire charmant et charmeur. Mais elle n'en a cure pour le moment, et il le comprend bien tentant de se justifier.
Quelques explications dont elle se doutait et puis un aveu murmuré.
Mots dans un souffle où se mêlent humiliation de les prononcer, humilité d'oser s'en libérer, pudeur retenue et scrupules tardifs.
Assise à même le sol, à ses cotés, les jupons sales de poussière, les cheveux emmêlés, elle se sent étrangement proche du jeune homme. Sa mise de traîne-misère qu'il est impossible d'ignorer ne peut cependant cacher la bonté de son visage et la sensibilité qu'il dégage.
Il y a dans le regard qu'il pose alors sur elle, un sillon d'aménité (civilité), presque comme une trace de noblesse.
Elle s'apprête à répondre mais n'en a pas le temps. Zezva revient avec les breuvages chauds.
Zezva l'amie, Zezva la délicate, Zezva la raisonnable, Zezva toujours plus sage qu'elle, Zezva toujours plus prudente, Zezva toujours plus frileuse de tout, Zezva l' ange qui peut être dragon ... Zezva désapprouve et sermonne sans retenue le pauvre bougre. Zezva l'impulsive le menace !
Ehhhh Zezva ! Ne crois tu pas que tu y vas un peu fort ? Si messire ... si Williamss est ici et dans cet état ce n'est pas je le crois pour penser plus à mal ou faire autre erreur de jugement.
Crois tu qu'il aurait tenté de m'avertir ?
Et moi pauvre sotte que je suis je n'ai rien saisit de ses muettes mises en garde.
Crois tu qu'il aurait fait barrière de son corps pour me protéger et qu'il aurait pensé à fuir en m'entrainant, s'il voulait à présent commettre autre forfait ?
Agacée par la réaction de son amie, elle prend les tisanes qu'elle vient de leur déposer et en tend une au jeune homme. Les dernières paroles de Zezva l'ont sans aucun doute perturbé et blessé.
Ne vous en faites pas ! Elle semble méchante comme ça mais c'est un agneau quand on la connait un peu plus.
A son regard, elle comprend que le jeune homme a envie de partir.
Williamss, vous n'êtes pas en état de partir d'ici, et pour aller où ?
Phocas doit nous chercher à cette heure. Nous allons passer le reste de la soirée et la nuit ici, demain nous verrons. Zezva va nous préparer de quoi nous sustenter.
Buvez votre bolée de tisane ! Cela soulagera les douleurs de vos contusions.
La sienne en main elle le regarde fixement.
Williamss ... Zezva est un peu radicale dans ses propos ..... et si je l'approuve sur votre peu de scrupule à chercher le fin mot de l'histoire avant de livrer à un brigand le destin de quelqu'un, je peux comprendre la nécessitè qui vous a poussé à accepter cette alliance.
La faim est souvent mauvaise conseillère.
D'une voix plus douce qu'accompagne un regard rassurant elle confie ....
Il me faudra un peu de temps pour oublier cette mésaventure, mais vos explications et votre franchise me poussent à l'indulgence et au pardon.
Zezva toujours sur ses gardes s'est assise non loin.
L'élancement brûlant qui lui barre le haut du dos, légère égratignure sans doute, la fait grigner ( grimacer ). Son regard effleure son amie, elle lui sourit comme pour la rassurer. Puis de nouveau elle fixe Williamss.
Besoin de se confier, de peut être ainsi faire taire ces démon qui empoisonnent sa vie.
Williamss, ce père inquiet dont Phocas vous a parlé, n'est en fait que le géniteur de la bâtarde que je suis.
La seule personne qu'il a su aimer à part lui, est ma mère. Mais un Duc, aussi petit soit-il n' épouse pas la gouvernante de son domaine. Enfant niée et reniée, on m' a confiée à une nourrice.
Ce n'est que plus tard, par remord peut être je ne le sais ou par intérêt, que mon père m' a fait revenir vers lui, sous couvert que je ne sois qu'une lointaine cousine dont il avait la tutelle.
Mots toujours aussi blessants et pénibles à prononcer, elle continue cependant, seule sa voix moins haute traduit son émotion et son amertume.
Mais mon caractère a eu vite raison de l'entente qu'il souhaitait entre nous et pour me faire rentrer dans le droit chemin, il a décidé de me marier. Mariage qui surtout devait lui amener écus et reconnaissance.
A ce moment de son récit ses mains se serrent compulsivement sur ses cuisses froissant le tissu de sa cotardie. Un bref instant dans son corps déferle une vague de douleur et de honte.
Elle ne peut tout avouer.
Dire qu'avant de la marier ce père avide, avait vendu sa prétendue cousine à un autre. Autre seigneur, s'ennuyant en sa couche et dont il espérait être le vassal.
Une nuit, une jolie pucelle et sa fraiche jeunesse contre terres et titres. Non ... elle ne peut raconter cette débrisure (viol ), cette blessure aussi bien physique que morale.
Seule Zezva sait. Zezva qui a séché tant de larmes.
Passant ses mains sur son visage pour en chasser le reflet de ses émotions, elle continue en grattant nerveusement d'un doigt une aspérité du sol.
Refusant ce mariage, refusant cet époux, espèce de vieux bouc portant Marquisat mais n' ayant jamais su prendre femme devant le Très Haut, j'ai, le jour de mes épousailles ,pris la fuite.
Je me refusais à rester nièce et à être épouse d'apparat.
Il ne me reste de mon pè... de cet homme, que le nom qu'il fut obligé de me donner pour mes épousailles.
Depuis, messire Gaumont, Vicomte de Saint Geoirs, Duc de Combe Aures, futur Marquis me fait chercher pour payer ses terres et ses titres.
Voilà, vous savez tout !
Se relevant lasse et souffrant de son dos elle murmure ... Quelques écus pour cela ....
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