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[RP] Retour à la case départ, sans toucher les 20 000 écus !

Lilo-akao
[Retour à la case départ. Passer par la case prison sans toucher les 20 000 écus.]


C'était quoi ces règles du jeu à la "mords-moi le nœud" ? Encore un truc à se faire arnaquer et à s'attirer des ennuis. Évidement, Sa Seigneurie était tombée dans le panneau. Il fallait si attendre avec elle. Toujours à dégoter les mauvais plans et à foncer tête baissée. Si elle avait su, même qu'elle ne serait pas venue, comme on dit. Ou peut-être qu'elle aurait quand même accompagné les autres, mais qu'elle serait restée sur le banc de touche à les observer jouer entre eux, et à se faire envoyer en taule entre eux aussi, temps qu'on y est. Sans elle quoi ! Ça aurait été vachement plus drôle, nan ? Bon d'accord, pour vous, ça ne change pas grand chose, mais pour elle, si ! Elle aurait évité de passer une semaine à croupir dans des geôles humides et à se nourrir uniquement de pain sec et d'eau. Sa gracieuse silhouette n'aurait pas morflé et ses magnifiques yeux ambrés ne seraient pas soulignés d'énormes poches sombres. Son teint ne semblerait pas aussi maladif et peut-être même qu'elle aurait eu le sourire à l'idée de rentrer chez elle.

Chez elle... il n'y avait personne, mais la maisonnée fut vite emplie par l'arrivée de la maitresse des lieux accompagnée de trois têtes blondes. Le retour à la case départ était plutôt morne, bien que la veille, sa cousine et Pissenlit soient parvenues à la dérider le temps d'une soirée où la brune éclopée s'était improvisée maquerelle. Elles étaient parvenues à arnaq... amouracher un jeune homme un peu niais qui les avait généreusement doté de onze écus ! Turlututu ! Chapeau pointu ! Oui, c'est pas grand chose onze écus à se partager en trois. Même pas de quoi se payer une cuite ! Mais c'était toujours mieux que rien. Et puis, ça leur servirait de mise en bouche. Elles feront mieux la prochaine fois... ou pas.

En attendant, Lilo se tournait les pouces. Les tape-l'incruste dormaient encore. Pissenlit et sa gueule de bois allaient surement ronfler une bonne partie de la matinée, tout comme Naelhy et son poil dans la main. Ne restait plus que le barde efféminé, dont la brune guettait l'apparition d'un œil ennuyé. A coup sur il n'allait pas tarder à sortir de sa chambre, frai comme un pinson, pour se mettre à piailler sa bonne humeur à coups d'accords grinçants sur sa mandoline. Un truc à faire fuir toutes âmes qui vivent !

Fuir... C'est que l'idée n'était pas si mauvaise que ça ! Elle était même, plutôt bonne ! Bon, d'accord. Fuir sa propre maison et la laisser aux mains de ses trois hôtes, c'est un peu étrange comme concept, mais c'était l'occasion rêvée pour se débarrasser du barde qu'elle se coltinait depuis qu'elle avait quitté Orléans. La brune pourrait profiter du sommeil des deux blondes pour se faire la malle en douce et les laisser en compagnie d'Elvix ! Oh, oui ! Qu'elle était bonne cette idée ! Elle sonnait bien douce aux oreilles ! Ni une, ni deux, Lilo empaqueta deux trois bricoles et sortit de la maison aussi silencieusement que possible. En moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire, la voila qui s'éloignait déjà au grand galop en direction de Tonnerre. Pas question de rester dans la bourgade ! Les blondes seraient capables de mettre la main sur elle. Pour être tranquille, Sa Seigneurie devait mettre assez de distance entre elle et le ménestrel !

C'est donc en milieu d'après-midi qu'elle pointa le bout de son nez au haras tenu pas la rouquine de la famille. Elle contourna la demeure à dos de sa monture et traversa la cour en direction des écuries. Il y avait fort à parier qu'en cette heure de la journée, sa cousine si trouverait.


-« Ohééé ! Boulette biiis ! Devines qui est de retooour ?! »

La jeune femme mit pied à terre d'un bond leste et flatta l'encolure de son cheval avant d'appeler une deuxième fois.

-« Stephaaan ! Mon ravissant damoiseau de compagnie ! Tu te caches ? »

Il y avait bien quelqu'un qui finirait par lui répondre...



[Edité pour ajout du lien vers le RP fait en parallèle par les trois têtes blondes]
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Aelith
Le ventre de Cantate s'arrondissait de jour en jour, et si Aelith ne s'était pas occupée de nombreuses juments pleines durant son enfance, elle se serait sans doute demandé si celle-ci n'avait pas l'intention d'accoucher d'une équipe tout entière de Soule. Elle flatta l'encolure de la petite baie et ferma la porte du box après avoir vérifié si l'abreuvoir était bien repli. Elle avait terminé sa ronde, mis au pré les chevaux qui avaient passé la nuit au box pour diverses raisons, nourri et abreuvé tout le monde... Et désormais, elle allait s'affaler dans un fauteuil confortable et demander à Lothaire qu'il lui prépare un bain dans lequel elle pourrait se prélasser durant une bonne heure.

Mais parfois, le Très-Haut a prévu une autre route pour votre âme. En l'occurrence, Aelith se demandait si ce n'était pas le Malin qui parlait à travers le cri qui la fit sursauter. La cousine terrible était "dans la place"...

Abandonnant là ses rêves de baignade langoureuse, elle marcha jusqu'au dehors des écuries où l'attendait une Lilo rayonnante. Enfin, rayonnante parce que le soleil illuminait son visage. Qui lui, était sombre, fatigué, tout pas beau quoi.


-« Lilo! Quelle surprise! Tu as une mine.. heu.. splendide? »

Adressant à sa cousine un sourire moqueur, elle alla la serrer dans ses bras, heureuse - malgré tout - de la retrouver. Sifflant le jeune garçon qui l'aidait au Haras quand il n'était pas déjà trop occupé à courir les filles, elle lui montra le cheval de sa cousine, lui conseillant d'en prendre soin.

-« Te voilà donc rentrée de... Attends-voir... Orléans, je ne me trompe pas?! C'est apparemment fatiguant de compter les pierres des cours des châteaux... »

Les yeux de la rouquine se plissèrent, dévisageant sa brune cousine comme elle ne l'avait jamais fait. Sa renommée avait eu le temps d'atteindre la Bourgogne, et son nom déjà n'était plus inconnu. Mais pour le meilleur, ou pour le pire?

-« Stephan ne devrait pas tarder. Je l'ai envoyé faire quelques courses, et il est parti en râlant, pour changer... Tu as fait bon voyage? Tu as peut-être faim, ou soif. Lothaire serait ravi de te faire couler un... hum, de te préparer quelque chose. »
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Lilo-akao
Rouquine en ligne de mire ! Un large sourire se dessina sur les lèvres de la visiteuse, qui s'écarta légèrement de sa monture en observant sa cousine venir à sa rencontre. Celle-ci semblait surprise de la voir - sans blague ? - peut-être que la brune aurait dû prendre la peine de lui écrire pour lui annoncer son arrivée au lieu de se pointer à l'improviste, mais quelle perte de temps, avouons le ! Pourquoi s'embarrasser de choses aussi inutiles quand on sait que quoi qu'il advienne, on sera accueillie les bras ouverts ?

-« Quoi qu'il advienne, hum ? »
-« Chut ! Pas maintenant ! »
-« Tu doutes, n'est-ce-pas ? »
-« LA FERME ! Grognasse ! »

Elle allait quand même pas laisser sa putain de conscience lui pourrir ses retrouvailles avec Aelith !


-« La mine radieuse ? » La rouquine avait-elle de la bouse séchée dans les yeux ?
-« J'ai une tête de trépassée. Que me vaut cet excès d'amabilité ? T'aurais-je manqué, chère cousine ? »

Un sourire moqueur fit échos à celui qui lui était adressé. Quel plaisir de la revoir ! A quoi bon douter ? Elle allait forcement l'accueillir les bras ouverts, non ? Peut-être n'était-elle pas au courant... Après tout, pourquoi le serait-elle ? Il n'y avait aucune raison pour que la nouvelle lui soit parvenue, ou bien ?

-« Tu essaies de te rassurer... »
-« Non, pas besoin. Elle ne sait rien. »
-« La moitié du royaume sait ce que tu as fait. Pourquoi pas elle ? »
-« Je t'ai dit de la FERMER ! Regardes, elle me prend dans ses bras. Elle ne sait rien. »

Et de resserrer son étreinte avant de s'écarter un peu de sa cousine en détournant le regard pour le poser sur sa monture, légèrement gênée. Aelith la connaissait assez pour deviner que quelque chose ne tournait pas rond. Pourvu que son trouble ne soit pas trop visible.

-« Tu fuis ! Tu n'oses même pas la regarder en face ! »
-« Je ne t'écoute plus. »


-« Un instant ! J'ai des choses à récupérer avant que vous ne vous occupiez de ma monture. »

C'est à peine si la brune avait pris garde à l'arrivée du garçon d'écuries, qui tenait déjà les rênes du cheval et s'apprêtait à l'emmener vers l'un des boxes libres pour le panser et le nourrir. S'approchant de l'animal, la brune entreprit de détacher le paquet accroché à l'arrière de la selle. Elle sentait le regard de sa cousine posé sur elle, lui brûlant la nuque, ou peut-être n'était-ce que sa culpabilité qui lui donnait cette impression. Tentant de faire abstraction de ce sentiment, elle répondit d'une voix qui se voulait détachée :

-« Compter les pierres des châteaux n'est pas le plus fatigant ! Si tu savais... J'ai rencontré un barde à Orléans. Il traine dans mes chausses depuis ce jour. Il est gentil, un peu naïf... beaucoup même. En fait, il est assez attachant, bien qu'il parle tout le temps. Ça le rend plutôt assommant, mais le plus agaçant, c'est quand il se met à chanter, c'est à en crisser des dents ! J'en ai mal aux molaires ! Je l'ai laissé chez moi, à Cosne, en compagnie de deux amies. Tu ne peux pas t'imaginer à quel point ça me fait du bien de m'éloigner un peu et de me retrouver au calme... »


Parler ! Sans arrêt ! Parler pour détourner l'attention. Parler pour ne rien dire. Parler de tout et de n'importe quoi. Parler à en perdre haleine. Surtout, ne pas parler d'Orléans ! Parlons d'autre chose. Il ne faut pas qu'elle sache. Que va-t-elle dire ?

-« Fallait y penser avant. »
-« Je vais le lui dire. Comme ça je serais fixée ! »

La brune fit volte face et s'apprêtait à ouvrir la bouche pour tout avouer à sa cousine, mais celle-ci profita probablement de l'accalmie entre deux flopées de paroles pour en caser une et l'inviter à se diriger vers la demeure afin de se mettre plus à l'aise.


-« Stephan n'est pas là ? Dommage, je lui ai apporté un souvenir de voyage. Je suis immédiatement tombée sous le charme en voyant cet objet. J'ai tout de suite su qu'il me le fallait pour l'offrir à ton cousin. Je suis sure qu'il sera ravi ! »

Et d'esquisser un sourire énigmatique en tapotant le paquet qu'elle avait glissé sous son bras avant de reprendre la parole :

-« Lothaire serait ravi de TE faire couler un bain ? C'est surtout toi qui à l'air d'en avoir besoin. Tu sens le canasson à trois lieues à la ronde. Je veux bien me caler dans un fauteuil avec un bon verre de vin en attendant que tu retrouves une odeur un peu plus... humaine ? »

Un sourire taquin se dessina sur ses lèvres alors qu'elle toisa Aelith d'un oeil amusé. S'attendant à une riposte qui n'allait surement pas tarder, elle commença à marcher vers la demeure.
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Aelith
Elle savait.

Évidemment, qu'elle savait. L'information avait été relayée partout, par divers moyens, et la jeune diplomate qu'était Aelith ne pouvait pas ne pas avoir pris connaissance des troubles qui avaient secoué Orléans. Tout comme elle ne pouvait pas ne pas avoir pris connaissance des noms des agitateurs... Tandis que Lilo se retournait vers sa monture, Aelith posa sur elle un regard scrutateur, les sourcils froncés sous l'effet d'une intense réflexion: "Comment l'amener à en parler?".


-« Un barde?! Eh bien, j'espère qu'il a pris le temps de mettre en chanson tes exploits de ce côté-là du Royaume... Il est rare que tu passes quelque part sans laisser un souvenir impérissable à ceux que tu croises. »

Elle avait appuyé si fort sur les mots "exploits" et "impérissable" qu'elle était désormais persuadée que Lilo ne pouvait qu'être dans le doute le plus profond. Un sourire mi-amusé mi-satisfait sur les lèvres, elle reprit, plus calmement:

-« En réalité, oui, tu m'as manqué. A Stephan aussi, mais il te le dira lui-même à son retour. Tu peux aller t'installer dans le petit salon et demander à Lothaire ce que tu veux. Mais évite de prendre d'assaut mon château entier... Je reviens vite. »

Cette fois-ci, une vive lumière traversa les yeux d'Aelith. La demeure familiale n'avait rien d'un château, même si la propriété était immense et avait autrefois été luxueuse avant de sombrer dans un faste ébréché qu'il était difficile, parfois, de supporter. Mais le rapport avec les récents agissements de sa cousine était trop étroit pour qu'elle ne comprenne pas qu'elle savait.

Évidemment, qu'elle savait.

Pénétrant dans la demeure aux côtés de Lilo, elle lui désigna d'un geste une pièce toute dévouée à la dégustation d'un bon vin dans un fauteuil pourpre confortable et élégant. Elle murmura à Lothaire d'accéder aux désirs de Lilo qui ne lui paraîtraient pas trop extravagants, puis l'abandonna quelques instants pour aller se tremper dans une cuve d'eau tout juste tiède... Il faisait déjà assez chaud comme cela, elle n'avait pas besoin d'en rajouter une couche.

Le corps entièrement plongé dans son bain, à l'exception de sa tête et de ses cheveux remontés en chignon, elle imaginait ce à quoi pouvait bien penser Lilo, laissée seule face à sa conscience... Au fond d'elle-même, Aelith était d'ailleurs persuadée que la conscience de sa cousine était rousse. Allez savoir pourquoi...

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Lilo-akao
Les mots prononcés par Aelith résonnaient encore dans l'esprit de la brune lorsqu'elles franchirent le seuil de la demeure. La rouquine avait parlé des "exploits" de sa cousine, mais le terme le plus approprié aurait plutôt été "sa débâcle". Quant à la prise d'assaut, fallait-il parler de celle du château d'Orléans, hautement improductive, ou de la mission d'infiltration des prisons auvergnates où ils étaient restés bien plus longtemps que dans l'enceinte du castel empli de caillasses ? Cela avait-il réellement une importance ? Bien sur. Que pensait-Aelith de tout cela ? Lilo n'avait à présent plus aucun doute sur le fait que la rouquine était informée de ses activités plus ou moins illégales. Les termes qu'elle avait employés étaient bien trop précis pour que cela soit une pure coïncidence. Qu'allait-elle pouvoir lui dire pour justifier ses actes ?

C'est l'air ailleurs et le visage fermé que la Faucharde traversa le couloir à la suite du vieux majordome, aussi ravie qu'une condamnée à mort se rendant au gibet de potence. Dans le petit salon, la jeune noble s'installa en silence sur l'un des élégants fauteuils aux teintes pourpres. D'un geste distrait, elle déposa à ses pieds le paquet qu'elle portait, puis se cala confortablement contre le dossier de son siège en lâchant un soupir imperceptible. Ses yeux ambrés croisèrent le regard interrogatif de Lothaire, planté devant elle. Lui avait-il posée une question ? Elle était trop absorbée par ses pensées pour y avoir prêtée attention, mais l'homme à la jeunesse passée semblait attendre une réponse de sa part. Que lui avait-il demandé ? Surement si elle avait besoin de quelque chose.


-« Je prendrais bien un verre de vin en attendant qu'Aelith vienne me tenir compagnie, merci. »

Elle suivit des yeux le domestique lorsqu'il sortit de la pièce, avant de se replonger dans ses pensées nimbées de culpabilité. Sa cousine comprendrait-elle son implication dans la prise du château d'Orléans et les motivations qui avaient poussée la compagnie à commettre un tel acte ? Rien n'était moins sur, mais Lilo ne pouvait laisser planer les interrogations entre elles. Elle lui devait des explications ou peut-être qu'elle avait simplement besoin de se trouver des justifications à elle-même, pour soulager les tourments de sa conscience.

-« Tu regrettes. »
-« Non. »
-« Tu devrais... »
-« A quoi bon ? »
-« Et si c'était à refaire ? »

Les yeux dans le vague, la brune n'avait pas fait attention au retour de Lothaire, ni au verre de vin et à la carafe pleine qu'il avait déposés sur la table basse devant elle. Immobile, elle réfléchissait à cette question qui revenait la hanter sans cesse : Et si c'était à refaire ?

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--Stephan


La porte fit un bruit sourd en claquant, et Stephan put très distinctement entendre Lothaire grommeler depuis la cuisine une malédiction sur sept générations de ses descendants. Les bras chargés de montants de cuir qui, une fois assemblés, donneraient de magnifiques filets pour les chevaux, il laissa tout tomber dans un coin du hall d'entrée.

-« Lothaire, vous me feriez vraiment plaisir en allant ranger tout ça aux écuries. »
-« Je suis la valet de mademoiselle Aelith, jeune homme, alors vous verrez cela avec elle... »

Haussant les épaules d'un air dédaigneux, le grand brun délaça les premiers lacets qui refermaient sa chemise, laissant apparaître le haut d'un torse musclé et visiblement imberbe. S'étirant de tout son long, Stephan pénétra enfin dans le petit salon avec la ferme intention de s'affaler littéralement dans son fauteuil préféré...

... qui était occupé. Par une noble brune. Dont les récentes frasques auraient d'ailleurs pu lui faire perdre une vingtaine de fois son titre. Lançant un regard accusateur à sa maîtresse - après tout, il était à son service -, il se surprit à s'exclamer:


-« Lilo! Je veux dire... Votre Seigneurie... Vous avez manqué à votre éternel serviteur. Que puis-je faire pour vous contenter? »

Et sans même lui laisser le temps de répondre, il reprit, jetant un œil concentré sur ses ongles fraîchement manucurés:

-« J'ai bien peur que la chaleur vous importune... Malheureusement, nos chambres n'ont pas la fraîcheur des geôles où, vu votre visage émacié et cet air de culpabilité qui, soit dit en passant, vous va si bien, vous avez sûrement dû traîner ces derniers temps... Qui plus est, vous êtes assise sur mon fauteuil. »

Dans un sourire dévoilant ses dents immaculés - ce qui lui avait coûté une fortune en divers traitements aux plantes et en eaux de sources réputées pour leurs effets purificateurs -, il alla se placer dans le fauteuil qui faisait face à celui de sa maîtresse préférée, balançant ses jambes par-dessus les accoudoirs avec une désinvolture provocante. Il avait passé la dernière nuit avec une blonde piquante qui s'était cependant révélée peu qualifiée pour certaines tâches de base, comme parler. Elle savait en revanche étonnamment vite et bien se désha... Hum, peu importait en réalité. La nuit avait été longue, les instants de sommeil plutôt courts, mais le tout additionné avait suffi pour le lasser des blondes durant la prochaine semaine. De fait, c'était un véritable plaisir d'esthète que d'avoir enfin une jolie brune face à lui. La famille Chambertin semblait en faire la collection: entre JaVa, Yohanna et Lilo, il se disait presque qu'une si forte dose de brun parviendrait à éteindre le feu vorace qui colorait la chevelure de sa rouquine de cousine.

Hmmm... Réflexion faite, peut-être bien que brun et roux s'accordaient à la perfection pour un mélange des plus explosifs, au centre duquel il était évident qu'il était avide de se tenir...
Lilo-akao
L'entrée de Stephan dans le petit salon fut saluée d'un tressautement discret de la jeune femme, soudain tirée de ses pensées. Sa tête se tourna vivement dans sa direction, tandis que ses épaules voutées se redressèrent et que son maintien se fit plus altier. Se composant un visage neutre pour masquer son trouble, elle se maudissait intérieurement de s'être laissée ainsi surprendre par l'arrivée du brun sardonique, qui n'en manquerait pas une pour s'amuser à la provoquer et à essayer de la déstabiliser. C'était un petit jeu, qui s'était mis en place dès leur première rencontre et auquel ils ne cessaient de s'adonner à chaque fois qu'ils se voyaient, mais aujourd'hui, la brune n'était pas d'humeur. Elle aurait surement du mal à lui tenir tête et à lui répondre avec du mordant teinté d'ironie, comme elle avait pourtant pris l'habitude de le faire.

Elle s'apprêtait à le saluer, mais il ne lui en laissa guère le temps. Les mots qu'il prononça alors la heurtèrent de plein fouet, ce qui valut au jeune homme un regard des plus noirs, qui suivit sa déambulation dans la pièce alors qu'il allait s'installer sur le fauteuil en face d'elle. La brune fronça légèrement les sourcils. Elle aurait dû s'attendre à une telle remarque de sa part, mais il faut croire que les nombreuses semaines passées loin de lui avait fait oublier à Lilo le coté si sarcastique de son damoiseau de compagnie.

Finalement, un peu de vin ne serait pas de trop pour l'aider à faire face à la discussion qui allait suivre. Se penchant pour se saisir du verre posé sur la table basse, elle lui répondit d'un ton ou perçait l'ironie :


-« Vous devriez songer à faire broder votre nom sur VOTRE fauteuil, pour éviter une telle méprise. Il est vrai qu'il est particulièrement confortable... »

Et de se laisser aller contre le dossier de son siège en arquant un sourcil provocateur. De sa main libre, elle caressa l'accoudoir d'un geste lascif, comme pour ponctuer ses propos, sans quitter le jeune homme des yeux. D'un air légèrement amusé, elle but une gorgée de vin avant de cesser son petit jeu. Elle fit mine de chasser une poussière sur l'accoudoir et y reposa négligemment sa main. Son regard croisa à nouveau celui du tombeur de ses dames. Devait-elle répondre à sa pique sur les geôles et sa mine coupable ? Non. L'heure de rendre des comptes n'était pas encore venue. Autant attendre qu'Aelith soit présente pour ne pas avoir à le faire par deux fois.

Du bout de la chausse, elle fit doucement glisser vers Stephan le paquet se trouvant à ses pieds. Faisant distraitement tournoyer le vin dans son verre elle reprit la parole d'un ton qui se voulait neutre, masquant difficilement le sourire qu'elle sentait poindre à l'idée de l'objet enveloppé dans le sac en toile.


-« Je vous ai ramené un petit souvenirs de mon voyage. Je me suis dit qu'il vous siérait à merveille. Rassurez-vous, il ne provient pas des geôles froides et humides mais d'un ravissant castel... »

Après tout, il semblait informé des faits et des actes de la jeune femme. Pourquoi lui cacherait-elle la provenance de son cadeau ?
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--Stephan


Tandis que Lilo louait son fauteuil par les mots comme - visiblement - par les gestes, Stephan, un sourcil levé sous l'effet de la surprise, dénoua le lien qui retenait ses cheveux prisonniers d'un charmant catogan pour les laisser retomber sur ses épaules. Il les avait récemment fait couper, mais - Dieu soit loué - il restait assez de longueur pour les attacher et empêcher que l'abondance de sa chevelure brune aux reflets noirs ne lui donne trop chaud durant l'été. Un sourire amusé sur les lèvres, il fut également étonné de constater que la Wolback le vouvoyait... Il n'en demandait en réalité pas tant, en tant que damoiseau de compagnie. Mais il était vrai qu'un sang noble coulait également dans ses veines, et sa famille à lui n'était pas déchue, au moins - ce qu'il ne manquait pas de faire remarquer à Aelith dès qu'il en avait l'occasion, ou lorsqu'il manquait de répartie. Il allait d'ailleurs se laisser happer par le souvenir mirifique du regard noir et perçant de sa rouquine de cousine lorsqu'il vit la jolie brune, mêlant le geste à la parole, lui faire parvenir un paquet qui ne manqua pas de lui mettre "l'eau à la bouche", si je puis dire (mouarf, lisez la suite et on verra).

-« Laissez-m'en deviner la provenance... », dit-il en se saisissant du cadeau. Visiblement, l'objet n'était pas des plus légers, et il le soupesa un instant.
-« Voyons voir... Orléans, je me trompe? »

Et fixant Lilo dans les yeux, un sourire sardonique sur les lèvres - il n'aurait manqué pour rien au monde la discussion qui allait suivre entre les deux cousines -, sans même jeter un œil au cadeau, il le déballa.

Ce ne fut qu'en voyant un sourire triomphant et même la difficile rétention d'un rire sur le visage de la Wolback qu'il comprit qu'il avait été piégé. Baissant des yeux penauds sur l'objet qu'il tenait entre les mains, il ne put que constater avec horreur et effarement que ce dernier était...

...un pot de chambre.

Oh, un pot de chambre grand luxe, évidemment. Et de fait, un pot de chambre provocateur: comment pouvait-on faire d'un réceptacle à déjections un objet de prix? Une grimace dégoûtée vint orner le pourtant si doux visage de Stephan alors qu'il s'écriait - fort familièrement:


-« Bord*l de m..., Lilo! Si je m'attendais à ça... Vous auriez mieux fait d'y rester, dans votre castel. Visiblement, votre séant était mieux traité qu'il ne risque de l'être ici. Les bottes d'Aelith ont visité plusieurs fois le mien quand j'avais le malheur de faire des bêtises, et je peux vous assurer que la rouquine ne fait pas semblant quand elle...»
-« La différence, mon cher cousin, c'est que Lilo, elle, est une grande fille. »

Et alors qu'il se retournait, le pot de chambre toujours entre les mains, Stephan ne put qu'esquisser un sourire gêné à Aelith, qui elle, le toisait un avec sourire moqueur.
Aelith
Elle n'avait pas passé longtemps dans la salle d'eau, mais elle avait compté les minutes, pour laisser à Lilo tout le temps de se retrouver face à elle-même. D'accord, le manœuvre était sans doute légèrement sadique... mais Aelith n'avait jamais prétendu ne pas l'être. Lorsque la porte d'entrée avait claqué et que la suave mais reconnaissable voix de Stephan était montée jusqu'à ses oreilles, la rouquine était sortie de la cuve, avait délicatement saisi de quoi se sécher, puis avait enfilé quelques affaires dont la couleur rappelait à merveille celle de ses cheveux, qu'elle avait préservés secs. Quelques minutes plus tard à peine, elle était dans l'entrée, l'épaule appuyée contre le chambranle des portes qui menaient au petit salon, retenant difficilement un fou-rire en observant Stephan visionner avec horreur son cadeau.

S'avançant silencieusement jusque derrière lui - par chance, il était trop absorbé dans la contemplation de son pot de chambre pour remarquer ne serait-ce que la présence d'Aelith -, elle attendit qu'il profère - encore - une imbécilité plus grosses que lui pour rétorquer:


-« La différence, mon cher cousin, c'est que Lilo, elle, est une grande fille. »

Jetant sur lui un regard moqueur, elle abandonna cependant bien vite cette mimique pour déposer un baiser fraternel sur la joue de son cousin. Les salutations d'usage faites, elle contourna le siège pour prendre place sur un troisième fauteuil, et héla Lothaire.

-« Apportez deux coupes de plus, je vous prie. Nous risquons d'en avoir besoin. »

Quelques instants plus tard, chacun ayant enfin boisson en main, Aelith reprit, observant Lilo avec attention:

-« Que me vaut le plaisir de ta visite, chère cousine? Tu as été absente pendant longtemps, j'ai bien cru que tu m'avais oublié jusqu'à ce que je reçoive ta lettre! Comment as-tu trouvé l'Auvergne? Je n'y suis jamais allée, mais au regard de ton visage fatigué, j'imagine que le relief est éreintant! »

Tel était le premier point à aborder. Quant au reste - le barde, la cousine cadette fugueuse, le rôle de protectrice et la reprise du service pour le damoiseau de compagnie -, cela ne manquerait pas de venir sur le tapis... plus tard. Du moins, c'est ce qu'avait prévu Aelith, mais elle connaissait assez Luna pour savoir que celle-ci était capable de changer le moindre de ses plans par un flot de paroles et/ou d'actes tous plus excentriques les uns que les autres.

Et en vérité, c'était ce qu'elle préférait, chez la brune Wolback...

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Lilo-akao
En voyant la mine désappointée qui se peignit sur le visage fin de son damoiseau de compagnie lorsqu'il découvrit son nouveau pot de chambre, spécialement conçu pour accueillir de ducaux séants, la brune espiègle ne put retenir plus longtemps le rire qu'elle essayait tant bien que mal de garder niché dans sa gorge. Il s'échappa de ses lèvres moqueuses avec légèreté et résonna un instant dans le petit salon, avant de s'éteindre aussi rapidement qu'il avait jailli, quand la jeune femme prit conscience du retour de sa cousine et que ses yeux ambrés, toujours amusés, se posèrent sur elle et suivirent sa déambulation jusqu'au fauteuil libre où elle prit place. A sa demande, Lothaire leur apporta deux nouvelles coupes de vin. Ainsi parée, la rouquine lança ce qui sonna comme des hostilités aux oreilles de la Faucharde.

Reprenant son sérieux, le visage de la Wolback se voila d'une mine sombre, alors que les muscles de son dos se raidissaient légèrement. L'heure des explications tant redoutées avait sonnée. Elle resta silencieuse un instant, cherchant les mots qu'elle allait pouvoir employer. Elle ne savait toujours pas ce qu'elle allait pouvoir dire à sa cousine. Inutile de lui mentir, elle et Stephan semblaient suffisamment informés pour déceler le boniment. Autant y aller avec franchise et assumer ses actes, bien que cela lui soit particulièrement difficile face à sa cousine, qu'elle tenait en haute estime et qu'elle craignait de décevoir.


-« L'Auvergne possède des geôles bien plus éreintantes que ses reliefs. Le pain y est dur comme de la pierre et l'eau croupie qu'on y sert ne donne aucunement l'envie d'y tremper les lèvres. »

Voila, une chose de dite. Il lui était à présent impossible de faire machine arrière. Elle devait continuer sur sa lancée.

-« Je ne vais pas y aller par quatre chemins. Nous savons tous trois que j'ai pris part à l'assaut qui a été mené contre le château d'Orléans. Mes compagnons de voyage et moi-même avons renversé le conseil ducal et prit le pouvoir pour nous venger d'une attaque injustifiée qu'a subi l'un des notre. »

Étrangement, un poids semblait s'être envolé de ses épaules alors qu'elle exposait les faits à voix hautes devant des personnes qui n'adoptaient pas une attitude hostile envers elle bien qu'ils étaient informés de la situation. La brune se sentait plus légère et poursuivit ses explications sans quitter Aelith des yeux, cherchant à déceler les sentiments que ses paroles lui inspiraient :

-« Il ne s'agit en aucun cas d'un acte prémédité. Nous avions uniquement l'intention de traverser leur duché pour nous rendre en Anjou. Je souhaitais passer quelques temps à St-Q. et en profiter pour leur faire découvrir mon domaine. Nous attendions des retardataires lorsque nous avons appris qu'ils avaient été attaqués par une armée orléanaise et qu'ils avaient été abandonnés sur les chemins entre la vie et la mort. Savez-vous pourquoi l'armée leur est tombée dessus ? Non, bien sur. Cette partie de l'histoire n'a pas été colportée à travers tout le royaume. Elle mettrait à mal la réputation de l'armée orléanaise et des dirigeants du duché. Ils préfèrent qu'on ne retienne que l'assaut contre le château par une bande de malfrats avides de pouvoir et de richesse... »

La brune lâcha un éclat de rire amer et but une gorgée de vin avant de rependre, les yeux dans le vague tandis que les souvenirs remontaient :

-« Et bien, moi je vais vous dire pourquoi l'armée les a attaqué. L'un des voyageurs de leur groupe a eu le malheur de répondre avec ironie, mais sans menace aucune, au courrier d'information envoyé par le maire du village dans lequel il se trouvait. Vous savez, ce fameux courrier envoyé une fois toutes les quinzaine à toutes les personnes présentes dans la bourgade... Le maire, bien trop fier pour accepter les remarques et faire preuve d'un peu d'humour a préféré demander aux armées de se lancer à la chasse aux plaisantins. Vous savez ce qui leur est arrivé... »

Fronçant les sourcils, elle s'interrompit pour boire une nouvelle gorgée de vin. Ses yeux ambrés étincelant de colère, elle reprit d'une voix un peu plus vive :

-« Ces voyageurs ont été victimes d'une attaque qui n'avait pas lieu d'être. L'armée a foncé tête baissée, sans se poser de questions. Le conseil ducal n'a rien fait pour empêcher cela. Et n'allez pas me dire qu'ils n'étaient peut-être pas informés des mouvements de leurs troupes ! Bien que cela traduirait leur incompétence... Mes compagnons et moi-même avons voulu leur donner une bonne leçon pour leur remettre les idées en place. Nous n'allions pas laisser nos amis se faire trucider sans raison ! Un peu de solidarité n'a jamais tué personne... »

Et d'arquer un sourcil légèrement narquois en s'enfonçant dans son fauteuil, attendant la sentence qui allait tomber, ou non. Peut-être que l'avis de la rouquine n'était pas si important que ça finalement. La Faucharde était à nouveau convaincue du bien fondé de leur acte. Si c'était à refaire, elle le referait, sans hésitation aucune.
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Aelith
La Wolback avait donc choisi la franchise... Un sourire rassurant se peignit sur le visage d'Aelith tandis qu'elle écoutait les explications de Lilo. Ce qui l'étonna cependant, ce fut qu'elle décida de se justifier, ce que la rouquine n'attendait en rien. Cette dernière était intimement persuadée que sa brune de cousine n'avait guère l'habitude de rendre des comptes, mais finalement, elle semblait apprécier l'exercice puisque Aelith, qui avait tout le loisir de l'observer, remarqua que ses épaules s'abaissaient au fur et à mesure qu'elle parlait et que ses traits se détendaient. La rouquine avait tant l'habitude d'observer l'attitude des chevaux et de déceler leur nervosité qu'elle plaquait souvent l'expérience sur les Hommes, et les différences étaient loin d'être notables, au contraire! Homme ou Cheval, les mêmes signes dévoilaient les mêmes humeurs.

Écoutant avec attention les explications de Lilo, ne l'interrompant à aucun moment, Aelith échangeait de temps à autres un regard avec Stephan, qui semblait se régaler comme un gamin à qui l'on racontait une histoire. Sauf que celle-ci n'avait rien d'un conte de fée; ou alors, la fée n'avait pas été cette fois-ci enfermée dans une tour inaccessible, mais dans des geôles peu accueillantes. Finalement, le récit toucha à sa fin, et Aelith but une longue gorgée de vin avant de prendre la parole. Bien au contraire de ce que l'on aurait pu penser, elle n'avait prévu aucun discours moralisateur, aucune condamnation toute faite, aucun jugement expéditif. Elle avait pourtant pour habitude de ne laisser aucune chance à ceux qui croisaient son chemin d'une façon visiblement illégale, mais la situation était différente. Lilo était sa cousine - presque sa sœur, en réalité, tant elle se sentait proche des sarcasmes de la Wolback, véritable miroir de son propre caractère parfois peu enjoué. D'un autre côté, elle ne pouvait décemment pas laisser croire à Lilo qu'elle approuvait son action des plus musclées. Alors, où était la juste mesure? Entre cœur et raison, quel intermédiaire s'imposerait?


-« Quoi que tu fasses Lilo, ou presque, ma porte t'est de toute façon toujours ouverte... »

Lui adressant un franc sourire, qui trahissait toute l'amitié qu'elle portait à la Wolback, Aelith resservit en vin le triangle familial, prenant son temps pour introduire la suite avec douceur.

-« Mais tout de même! »

Bon, d'accord, ce n'était peut-être pas très doux, finalement...

-« Tu savais très bien comment tout cela finirait. Je ne sais pas comment j'aurais réagi à ta place, et j'avoue que le sort qui a été réservé à tes amis est odieux et révoltant... Mais dans les rapports de force entre Duché et révoltés, c'est toujours le premier qui l'emporte. »

Elle soupira, jetant un œil à Stephan qui ne pipait mot. Quel trouillard celui-là: il préférait ne pas choisir de camp pour rester dans les bonnes grâces de la brune et de la rousse. Mais en réalité, et c'est la remarque que ne manqua pas de se faire Aelith, il n'y avait aucun camp. Seulement une famille, et cela s'arrêtait là.

-« Vous n'aviez vraiment pas d'autre manière de manifester votre mécontentement qu'en prenant le château? Tu es sur la liste noire de la moitié des Duchés du Royaume de France, maintenant... »

Un sourire amusé et aucunement rancunier aux lèvres, elle ajouta:

-« Tu peux tout de suite abandonner l'idée d'un nouveau pèlerinage au Mont Saint-Michel, maintenant..! »

Puis, le temps de boire une nouvelle gorgée de vin - qui était décidément extrêmement bon... Il faudrait qu'elle pense à agrandir son terrain et à planter quelques vignes sur sa propriété! - elle reprit:

-« Et l'Auvergne? »

Car en effet, pour Orléans, et pour Aelith, le sujet était clos. Il était inutile de prolonger pendant des heures une discussion qui tournerait autour de "Je comprends, mais tu aurais pu éviter", cela ne mènerait nulle part...
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Lilo-akao
-« L'Auvergne ? »

La brune haussa les épaules pour marquer son indifférence et le peu d'intérêt qu'elle portait à ce sujet.

-« Que veux-tu que je te dise de plus ? Je n'avais qu'une hâte, c'était de rentrer en Bourgogne. Être constamment sur les routes, ça finit par être lassant au bout d'un moment. Je ne me suis guère attardée dans les paysages vallonnés du duché voisin. J'ai préféré le quitter aussi rapidement que possible afin de retrouver le confort et le calme de ma demeure. »

Un froncement de sourcils lui barra légèrement le front et marqua sa contrariété alors que ses pensées se tournaient un instant vers ses trois compagnons de voyage qu'elle avait acceptés d'héberger pendant quelques jours. Leur présence sous son toit signifiait le trouble du repos et de la tranquillité auxquels la jeune noble aspirait tant. Elle avait besoin de se refaire une santé après ces nombreux jours passés sur les routes et sa semaine de diète forcée, mais tant que les trois têtes blondes seraient à ses cotés, la chose s'avérerait impossible. Lilo en était pleinement consciente et lâcha un soupir désappointé avant de reprendre la parole :

-« Malheureusement, le calme n'est pas tout à fait de mise chez moi, comme je l'avais pourtant espéré. Ma maison a été investie par de joyeux trublions. Je n'ai pas eu le cœur à les laisser dormir dehors après toutes les aventures - ou devrais-je dire "mésaventures ? " - que nous avons vécues ensemble. »

Un sourire discret se dessina aux coins des lèvres de la brune à l'évocation des nombreuses péripéties qui avaient jalonnées leur route et auxquelles la petite troupe de bras-cassés avait du faire face, tant bien que mal. L'expédition menée par les Fauchards avait beau ne pas avoir transformée la jeune noble, à la fortune dilapidée, en une riche vilaine, leur périple aura au moins eu le mérite de lui avoir fait passer d'innombrables moments plus cocasses les uns que les autres. La brune excentrique en était pleinement comblée. Même son détour par les geôles auvergnates ne parviendrait pas à ternir les bons souvenirs qu'elle garderait de ce voyage.

Chassant ses compères fauchés de son esprit, Lilo se rendit compte qu'elle avait gardé le silence un instant et qu'elle était entrain de faire tournoyer distraitement le vin qui emplissait sa coupe. Elle cessa son geste et en bût une gorgée avant de reprendre la parole :


-« Mais assez parlé de moi ! Donnez-moi plutôt de vos nouvelles ! Comment se porte le haras ? »
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--Stephan


Stephan, qui passait souvent son temps sur les routes entre Paris et Tonnerre, acquiesça aux paroles de la brune cousine: voyager finissait par devenir lassant. Au début, il y avait toujours cette ivresse de l'inconnu, cette incroyable bouffée d'air que vous procure un bon galop dans une vaste plaine. Puis venait le temps du regret: celui d'un profond et doux fauteuil généralement, mais aussi celui des bains brûlants que savait si bien préparer Lothaire. Oh bien sûr, il ne lui en préparait jamais à lui... Il semblait être uniquement au service d'Aelith - et de sa mère, qui ne parlait plus depuis bientôt un an déjà -, et lui soutirer ne serait-ce qu'un verre d'eau devenait de plus en plus compliqué. Aussi Stephan avait-il dû se glisser dans la salle d'eau avec sa cousine, pour qui la cuve avait été préparée, pour déguster le plaisir luxueux d'un bain chaud.

Ce soir là, il avait également connu une très vive douleur à l'oreille gauche, quand Aelith l'avait attrapée pour ne plus la lâcher.

Par vengeance peut-être, il se décida donc à chiper la parole à la rouquine, et en profiter pour se faire plaindre:


-« Le Haras? Bien sûr qu'il va bien! Personne n'a encore répondu à cette annonce pour devenir palefrenier - autant dire "esclave d'Aelith" -, et c'est moi qui me tape tout le boulot! Hier, un de ces stupides canasson m'a mordu la main au sang et... »
Aelith
Un claquement de langue sec et sans appel retentit à la droite de Stephan. Les yeux, soudainement bien sombres, d'Aelith se fichèrent dans les siens, lui intimant un silence qu'il était trop souvent incapable de garder. Il maugréa quelque chose du genre "Gna gna gna", puis attrapa son verre de vin pour le vider d'une traite. Un sourire amusé aux lèvres, Aelith ne put s'empêcher d'ajouter:

-« Il faut dire que tu tentais de lui rentrer une carotte dans les naseaux pour, je te cite, "voir ce que ça fait". Visiblement, ça fait mal à ta main, c'est la seule conclusion plausible à laquelle j'arrive. »

Stephan lança à son tour un regard farouche à sa cousine: il détestait plus que toute autre chose passer pour un idiot devant une jolie femme, elle commençait à le savoir. Et Lilo correspondait si bien à la description que les joues du grand brun prirent même une teinte rosée qui lui seyait à merveille. D'un geste qui se voulait presque maternel, Aelith posa une main apaisante sur l'avant-bras de son cousin, qui finit malgré lui par se calmer, adressant un sourire moins nerveux à Lilo. Le présent qu'elle avait daigné lui offrir vint cependant se rappeler à sa mémoire, et il reprit cet air renfrogné, visiblement persuadé que la gente féminine était contre lui.

Aelith prit alors la parole, légèrement déstabilisée cependant. Que pouvait-elle dire d'engageant? Stephan avait raison: l'annonce n'avait pas ameuté grand monde, et si elle ne comptait pas baisser les bras, elle avait l'étrange impression de se trouver dans une impasse.


-« Je ne sais pas trop quoi faire, à vrai dire. Les chevaux sont tous en excellente santé, et ils possèdent tous un potentiel non négligeable. Mais comment attirer les gens? »

Elle poussa un soupir d'insatisfaction, brassant vaguement l'air de son bras pour manifester son dépit.

-« Je pourrais peut-être recommencer les ventes sur la place principale de Dijon, où tu m'avais premièrement rencontrée. Ou faire un tour de Bourgogne, pour informer les gens. Tu n'aurais pas une idée? C'est toi, la créative de la famille... »

"Moi, je suis la rousse, et c'est déjà assez compliqué comme ça", faillit-elle ajouter, se retenant de justesse en avalant une nouvelle gorgée de vin.
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Lilo-akao
Quelle idée de vouloir mettre une carotte dans les naseaux d'un cheval !

La brune retint difficilement un rire en s'imaginant la scène qui s'était déroulée la veille dans les écuries. Stephan devait en faire voir de toutes les couleurs à sa pauvre cousine, qui devait probablement passer le plus clair de son temps à surveiller les moindre faits et gestes du jeune homme, pour s'assurer qu'il ne se livre pas à un nouvel enfantillage. De toute évidence, endosser le rôle de palefrenier ne l'enchantait guère, et il semblait prendre un malin plaisir à le faire savoir à qui voulait bien prêter une oreille compatissante à sa peine. Mais tel n'était pas le cas de Lilo, dont le sourire s'élargit d'avantage encore, quand elle perçue la teinte rosissante que prirent les joues de son damoiseau de compagnie.

Devant l'air renfrogné de Stephan, elle décida de ne pas enfoncer d'avantage le clou que la rouquine avait planté dans son amour propre. Elle détourna son regard et reprit son sérieux, alors que ses yeux ambrés se posèrent à nouveau sur sa cousine, qui affichait une mine songeuse. Ainsi, elle rencontrait quelques difficultés à faire connaitre le haras et à vendre ses montures. Le désespoir devait vraiment s'être abattu sur elle, pour qu'elle en vienne à demander de l'aide à la brune écervelée, dont les idées sans queue ni tête les avaient mises plus d'une fois dans des situations des plus rocambolesques.


-« Tu veux que MOI, la boulette de la famille, je te donne des idées ? Aurais-tu perdue la tête, ma chère cousine ? »

Affichant un sourire amusé au coin des lèvres, elle toisa les deux jeunes gens qui lui faisaient face, s'attendant à ce qu'il s'agisse là d'une boutade, mais ils semblaient on ne peut plus sérieux, ce qui lui fit froncer les sourcils. Ils avaient besoin d'aide et c'était vers elle qu'ils se tournaient en cet instant. Que pouvait-elle faire pour eux ?

-« Je connais peu de monde en Bourgogne, mais il y a bien le baron de Digoine et sa fille Griotte. J'ai eu l'occasion de voyager avec elle. Elle semble avoir horreur de monter à cheval, préférant plutôt faire route à pieds. Je pense qu'elle a simplement besoin d'entrainement et que son manque de savoir-faire lui fait peur... »

La brune s'interrompit pour boire une gorgée de vin et remettre distraitement en place une mèche de cheveux ébènes qui lui barrait le front.

-« Nous pourrions proposer au baron de donner des cours d'équitation à sa fille, et pourquoi pas à ses autres morveux, tant qu'à faire ? Si celui-ci est satisfait des cours dispensés à sa marmaille, il y a des chances pour qu'il parle du haras autour de lui. Qu'en dis-tu ? »
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