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[RP] Retour à la case départ, sans toucher les 20 000 écus !

Aelith
Aelith balaya d'un nouveau geste évasif l'étonnement de Lilo. La rouquine avait besoin d'aide, c'était indéniable. Mais elle s'estimait encore capable de juger ou non du bien fondé des conseils de la brune. Elle les savait épicés, souvent un brin étonnants - comme, par exemple, ce voyage avorté jusqu'au Mont Saint-Michel -, mais elle les savait également intelligents. Quand ils ne se terminaient pas dans les geôles d'une prison...

-« Digoine? », reprit-elle, amusée. La réputation du Baron et ex-empoisonné de Bourgogne n'était plus à faire. Ses colères étaient légendaires, son caractère lui conférant une sûre manière de faire parler de lui. Et il faudrait qu'Aelith donne quelques cours de maintien équestre à... sa fille? « Je t'en prie, dis-moi qu'elle n'a pas le caractère de son paternel... »

Sourire amusé tandis que la rouquine observait d'un œil distrait la robe du vin qui colorait sa coupe. Après tout, qu'avait-elle à perdre? Reprenant son sérieux, Aelith se redressa dans son siège, posant son verre pour ne plus y faire attention. Stephan lui-même avait dressé l'oreille à l'information. En réalité, il était sans doute intéressé par la fille de Digoine, et s'apprêtait à poser une question qu'Aelith lui chipa:

-« Bien. Quel âge ont ses enfants? Ce serait un excellent premier pas pour le Haras, et pour sa réputation. Si le baron est satisfait, évidemment... Tu te chargerais donc de glisser un mot à son oreille? »

La métaphore était amusante. La rouquine tenta d'imaginer Lilo à l'oreille de Digoine, mais l'image la fit frémir. Elle allait devoir surveiller les fréquentations de sa cousine...
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Lilo-akao
Était-il vraiment nécessaire de préciser que la fille du Légendaire avait hérité du caractère bien trempé de son père ? Mieux valait taire ce détail pour ne pas décourager d'avance la rouquine, qui risquait fort de rejeter l'idée splendide - qui a dit "foireuse" ? - de donner des cours d'équitation à la progéniture du baron. Si celui-ci acceptait, cela vaudrait surement le détour. Il faudra que Lilo trouve un moyen d'être présente lors des premiers cours donnés, histoire de pouvoir profiter un peu du divertissement ainsi offert.

Sourire aux lèvres, la brune s'imaginait déjà les prises de becs que sa cousine aurait avec la morveuse brailleuse, refusant de monter à dos de tout ce qui pourrait se rapprocher de loin ou de près à un cheval; car cela arriverait, Lilo n'en avait pas l'ombre d'un doute, et pour cause : les Fauchards en avaient déjà fait les frais lorsque la gamine en rouge avait voyagé à leurs cotés avant qu'elle ne leur fausse compagnie pour aller rejoindre son père en Bourgogne.

Alors que la rouquine s'enquérait de l'âge des enfants du baron, les yeux ambrés de sa cousine croisèrent le regard brillant de Stephan. Fronçant les sourcils en devinant les pensées lubriques qui devaient planer dans son esprit, la brune s'avança au bord de son siège et pointa un index accusateur dans sa direction en un geste de mise en garde :


-« Ne t'avises surtout pas de toucher ne serait-ce qu'à un cheveux de Griotte ! Elle est bien trop jeune pour toi ! Et s'il venait à l'apprendre, son Légendaire de père te ferait passer de vie à trépas. A ta place, j'y réfléchirais à deux fois... »

Oublié le vouvoiement protocolaire auquel la brune s'adonnait d'ordinaire pour s'adresser au jeune homme. En cet instant, elle le considérait plus comme un frère ou un ami, qu'il fallait ramener dans le droit chemin pour éviter qu'il ne court à sa perte. Elle déposa son verre sur la petite table et s'installa à nouveau confortablement dans son fauteuil. Se tournant vers Aelith elle répondit enfin à la question posée :

-« Cassian et Griotte ont une douzaine d'années, peut-être un peu plus... Quant à Alycianne, elle doit avoir huit ou neuf ans. J'ai toujours eu un peu de mal à évaluer l'âge des enfants. »

Haussant une épaule d'un geste distrait, traduisant le peu d'intérêt qu'elle portait aux gamins en général, elle poursuivit :

-« Je pourrais en parler au baron. J'ai été invitée à prendre mes quartiers à Digoine en tant que chapelaine de la famille Blanc-Combaz. Nous attendons sur l'aval de l'évêque dont dépend sa baronnie. »

Elle eut presque envie d'ajouter : « Vous voyez ? Je ne fais pas que des conneries ! Je suis entrain de rentrer dans le droit chemin... », mais aurait-elle vraiment été crédible ? Rien n'est moins sur !
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Aelith
Nouveau claquement de langue de la part de la rouquine, signe qui manifestait inévitablement son impatience, voire son agacement. Elle avait, tout autant que sa cousine, repéré l'œil un brin brillant de son cousin à l'évocation de la jeune Griotte. Cela ne l'aurait pas outre mesure inquiétée si elle ne connaissait pas par cœur les manières de son cousin. Il était distingué, il était cultivé, et - était-il nécessaire de le préciser? - il avait un charme indéniable. Mais son succès auprès de la gente féminine le poussait constamment à se lancer de nouveaux défis. Celui-ci était inconcevable, aussi Aelith rajouta, acquiesçant vivement aux propos de Lilo:

-« Ce n'est pas une menace en l'air, Stephan. Digoine n'est pas homme à se laisser provoquer sans répondre. Et, de toi à moi, si Griotte a hérité du légendaire caractère de son père, nul doute qu'elle te le fera payer bien plus cher que lui. »

Non pas que la rouquine ait peur de la jeune fille, mais elle avait deviné dans la lumière amusée qui avait traversé les yeux de Lilo que les cours d'équitation ne seraient pas une partie de plaisir. Un soupir excédé faillit franchir ses lèvres, mais Aelith ne manqua pas de le retenir. La proposition de sa cousine était on ne pouvait plus bienvenue: le reste, c'était à elle de le prendre en charge. Son seul souci était qu'en plus de Griotte, il y aurait sans doute les autres enfants du Baron, ainsi que Stephan, qui ne manquerait pas d'assister au spectacle, et qui était lui aussi, à ses heures, un intenable gamin.

-« Bien. Ils sont jeunes, mais tout de même largement en âge de comprendre. Et de se tenir. Du moins, je l'espère... Tu me rends un fier service, Lilo. Je saurai bien évidemment m'en souvenir si tu avais besoin, dans un futur proche, d'un... coup de main. »

Car nul doute que la Wolback ne resterait pas longtemps sans leur offrir une nouvelle de ses frasques, un joyau de caprice, une panacée d'idée farfelue. Restait à savoir quand cela se produirait... En attendant, il lui faudrait pourtant bien se tenir un peu tranquille, au vu de l'annonce qu'elle venait de lui faire. Un sourire éclaira les lèvres de la rouquine alors qu'elle lui répondait:

-« Eh bien, je te félicite! Voilà une excellente nouvelle... »

Soudain alarmée, Aelith fronça les sourcils, plongeant ses pupilles dans celles de la Wolback:

-« Car c'en est une, n'est-ce pas? Tu ne vas pas mettre le feu au domaine, ou lâcher les chiens de Digoine sur leur maître? »

Certes, Aelith avait une certaine imagination, mais si tous les scénarii possibles prenaient forme dans sa tête, c'était sans doute parce que Lilo était une comédienne hors pair. Elle aurait payé cher pour s'assurer que la brune piquante n'allait pas monter un plan qui se terminerait immanquablement dans une geôle sombre, froide et humide...

Un espion. Il lui fallait une sorte d'espion. Et tandis qu'une idée se faisait jour dans son esprit, Aelith reprenait, mimant à la perfection l'interrogation:


-« Que va devenir ton damoiseau de compagnie? Est-il prévu qu'il t'accompagne? »

Il n'allait de toute façon pas rester palefrenier longtemps... Gavroche devait venir le remplacer d'ici peu, même s'il était évidemment que le petit n'abattrait pas autant de travail que Stephan. Quoique... Le gamin aurait sans doute trop peur de perdre sa place pour s'endormir sur les balles de foin comme avait l'habitude de le faire le fils Carène. Il fallait aussi avouer qu'elle ne payait pas son cher cousin, qui avait de toute façon les poches déjà remplies, n'était-ce que par l'entremise de sa chère mère qui n'avait d'yeux que pour lui, alors qu'elle rémunèrerait bien évidemment le garçon en fonction de son assiduité et de la qualité de son travail. Stephan n'était donc retenu ici par aucun engagement... Et il était temps pour lui d'honorer celui qu'il avait pris auprès de la Wolback.
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Lilo-akao
Mettre le feu au domaine ? Lâcher les chiens de Digoine sur leur propre maître ? Voila bien des idées qui n'avaient pas - encore - traversé l'esprit de la brune excentrique. Elle connaissait trop peu le baron et ses enfants, pour qu'ils aient déjà eu le temps de lui taper sur le système, mais peut-être qu'à force de les côtoyer, de telles idées se seraient imposées à elle comme un moyen sadique d'assouvir sa vengeance. La jeune noble espérait tout de même que leur relation n'irait pas en se dégradant ! Sinon, quel intérêt aurait-elle à aller s'installer sous leur toit ?

Il est vrai qu'elle n'avait pas encore conçus de projets découlant de son emménagement dans la baronnie. La proposition était trop récente et la jeune noble ne s'était pas encore creusées les méninges pour trouver moyens d'en tirer profit au maximum. Mais en y réfléchissant bien, il devait assurément y avoir d'autres avantages à y gagner, en plus de celui d'habiter dans le confort d'une riche demeure, ce qui n'allait pas sans lui rappeler son domaine angevin, qu'elle avait délaissé bien des mois plus tôt, pour venir s'installer en Bourgogne. Entre le fameux baron, au caractère emporté, et ses enfants du même acabit, il y aurait de l'animation à Digoine.

Précisons même que le baron était veuf et plutôt bel homme. "Veuf", ça c'est le genre de détail qui a le don de faire germer des idées saugrenues dans l'esprit de la brune, ou tout du moins, des idées que sa rouquine de cousine trouverait saugrenues; mais Lilo quant à elle, commençait déjà à s'imaginer la bague au doigt, à se faire donner du "madame la baronne".


-« Que va devenir ton damoiseau de compagnie? Est-il prévu qu'il t'accompagne? »

Ou comment se faire tirer de ses rêveries par une question des plus anodines - ou pas.
Avoir Stephan dans les pattes ne cadrait pas tout à fait avec son projet de mariage... à moins que ce ne soit lui le futur époux ?

La brune lança discrètement un regard en direction du jeune homme. C'est vrai qu'il possédait un charme indéniable, qui avait attiré l'attention de la Wolback dès leur première rencontre. Il possédait un beau sourire, des traits fins et une silhouette bien dessinée. Il avait de l'esprit et un humour acéré auquel la brune prenait plaisir à donner la réplique. Oui, mais Stéphan était un tombeur de ces dames. Il avait beau être issu de la noblesse, il ne possédait aucun titre, et qui plus est, c'était le cousin d'Aelith, donc pas touche ! C'était encore un plan foireux ! Résiste Lilo ! Résiste !


-« Stephan n'a aucune chance avec moi ! » s'exclama-t-elle en redressant fièrement le menton.

Devant l'air interloqué de sa cousine, Lilo se rendit compte de l'énormité qu'elle venait de sortir. Perdant de son assurance, elle essaya de se rattraper tant bien que mal en ajoutant :


-« Enfin... euh... Ce que je veux dire, c'est que Stephan serait à plaindre s'il devait me suivre à Digoine. Je ne suis pas vraiment un cadeau. Inutile de me voiler la face. Je ne voudrais pas qu'il ait à en pâtir. Mais s'il le souhaite, il peut m'accompagner. A condition que le baron y consente, bien évidement. »

Et de toiser sa cousine en évitant soigneusement de croiser le regard du dit jeune homme. Sentant le rouge lui monter aux joues, elle se pencha pour récupérer son verre de vin sur la table et le vider d'un trait pour essayer de dissimuler le trouble qui s'était emparé d'elle.
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--Stephan


Et voilà que sa rouquine de cousine l'envoyait où elle l'avait décidé sans même le consulter. Le fils Carène avait décidément bon dos, sans quoi il aurait depuis longtemps quitté les lieux avec la ferme intention de mettre le cap sur Paris, et d'y rester, cette fois-ci. Mais la capitale était bien trop synonyme de maternage pour lui: sa mère était aussi protectrice avec lui qu'elle avait été sévère avec Aelith, et si il l'aimait énormément de loin, il avait beaucoup de mal à la supporter de près. Quant à son père, toujours en croisade aux quatre coins du monde, il n'avait évidemment aucune chance de le croiser. L'intérêt de mettre les voiles vers Paris était donc trop limité, et cette idée de suivre Lilo lui plaisait, au fond. Il ne connaissait que trop peu celle dont il était censé être l'ombre même, et passer plus de temps avec la brune n'était pas une idée à rejeter. Le seul souci résidait en Aelith, qui avait évidemment pris cette décision sans même le consulter, signe palpable qu'elle avait la ferme intention de se débarrasser de lui. Une fois de plus.

Oh, il ne s'en formalisait pas. Ils ne tenaient jamais très longtemps éloignés l'un de l'autre. Ils s'aimaient autant qu'ils s'insupportaient, et Aelith ne tarderait pas à le rappeler auprès d'elle, même si elle le ferait en se mordant les doigts. D'ailleurs, rien que pour l'embêter, il ne rappliquerait pas. Après tout, il était au service de Lilo. Et toc.

Une exclamation de Lilo le détourna cependant de ses pensées. Aucune chance avec elle? Ridicule! Il avait ses chances avec tout le monde; l'expérience l'avait prouvée. Mais bien vite, la Wolback reformula sa pensée et, rassuré, le fils Carène réussit à se convaincre qu'il pouvait très bien la charmer si il en avait envie. Et si elle se laissait faire surtout, ce qui n'était pas gagné...


-« Évidemment que je souhaite vous accompagner, ma Dame... N'est-ce pas mon devoir? Personne, pas même Digoine, aussi caractériel soit-il, ne pourra m'en empêcher. Je suis, contre vents et marrées, votre serviteur. Nulle forêt, nulle montagne ne saurait me retenir, et si le soleil même venait à s'arrêter de briller, je remplacerai son aura pour que vous... »

Un raclement de gorge d'Aelith lui fit comprendre qu'il allait trop loin, et commençait à manquer de crédibilité. Il s'arrêta donc là, affichant à la place de son discours enflammé un sourire charmeur qui n'avait jamais laissé une femme indifférente. C'est vrai quoi: qu'il ait reçu un baiser ou une gifle, aucune ne l'avait jamais ignoré! Il aurait d'ailleurs été ravi de constater la réaction de Lilo si elle n'avait pas décidé d'éviter tout contact visuel avec lui. Un brin contrarié, il s'enfonça dans son fauteuil, croisant ses jambes avec grâce.

-« Il vous suffit de faire en sorte que votre Baron accepte. Mais je suis sûr que vous saurez y faire... »

Sourire amusé - qui a dit "provocateur"?
Lilo-akao
Il était hors de question qu'elle essuie un refus de la part du baron ! Stephan serait bien capable de se saisir de l'occasion pour mettre en doute son influence et ses capacités de séduction ou de manipulation en lui disant qu'elle ne les utilisait pas à bon escient pour parvenir à ses fins. Il en profiterait pour la narguer, tout comme il venait de le faire en la mettant au défi d'obtenir l'aval du baron. Car il s'agissait bien d'un défi ! La provocation n'avait pas échappée à la brune, qui posa un regard étincelant sur le jeune homme et lui répondit d'un ton sarcastique :

-« Évidemment qu'il sera d'accord ! Je lui dirais que vous remplirez la tâche d'enfant de chœur. »

Lilo offrit un sourire moqueur à son damoiseau de compagnie et poursuivit sur sa lancée :

-« Vous êtes peut-être un peu âgé pour endosser ce rôle, mais Digoine ne pourra refuser au risque de m'offenser et que sa chapelaine ne lui file sous le nez. Je vais lui écrire dans l'instant pour lui faire part de notre arrivée prochaine. J'ai bien trop peur d'oublier cette brillantissime idée si je tarde trop à la coucher sur un parchemin. »

Tentant de cacher son amusement, la brune détourna le regard et termina son verre de vin, qu'elle déposa ensuite sur la table en un claquement sonore. Elle s'avança sur son siège, s'apprêtant à héler le vieux Lothaire pour lui demander de lui fournir de quoi rédiger une missive, mais elle se ravisa à temps et se tourna vers Aelith. C'était elle la maitresse de maison. Il serait peut-être plus bienséant de lui demander son agrément avant que Lilo ne s'installe et ne fasse comme si elle était chez elle.

-« Dis-moi, chère cousine. Aurais-tu un parchemin, une plume et de l'encre qui trainent quelque part ? J'accepte aussi le souper et la chambre si tu as ça en stock. Ce serait un plaisir pour moi de profiter un peu de ta personne avant que je ne m'installe à Digoine. Et puis, je suppose que Stephan va avoir besoin de quelques jours pour préparer ses affaires... »

C'est ce qui s'appelle : "taper l'incruste en bonne et du forme !"
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Aelith
Et tandis qu'Aelith voyait sous ses yeux un brin étonnés son plan se réaliser avec une précision presque géométrique, Lilo semblait tenir tête haute à Stephan qui n'avait décidément pas fini d'en baver. Passer de la rousse à la brune ne serait pas une mince affaire: si l'une était agaçante, l'autre était extravagante; si la première était méticuleuse, veillant à ce que chaque tâche soit accomplie à l'instant même où elle l'ordonnait, la seconde était impétueuse, capable de convaincre n'importe qui par n'importe quel moyen de mettre en œuvre n'importe quoi. Autant dire qu'aucune des deux n'était un cadeau, pour ceux qui ne l'auraient pas encore compris.

Une douce atmosphère avait fini par s'insinuer dans le petit salon, malgré les échanges acidulés qui avaient lieu entre ses occupants. La routine des Chambertin, peut-être même la coutume, en réalité, semblait exiger ces sympathiques règlements de compte où, sous le nacre blanc des sourires, les piques fusaient. Aelith s'était longuement entraînée à ce jeu passionnant avec sa tante, qui l'avait toujours gratifié de surnoms dont elle se serait bien passé. C'était une femme droite, honnête, cultivée, et elle lui avait autrefois dispensé une éducation dont la rouquine n'aurait jamais à rougir, mais l'affection qu'elle portait à Aelith avait toujours été réduite au stricte minimum. La raison n'en était pas si étonnante: la mère Carène s'était retrouvée à devoir élever la fille de sa sœur, une petite rousse sauvage qui ne savait ni lire, ni écrire, et qui semblait préférer la compagnie des bêtes à celle des Hommes. Ce dernier point n'avait guère changé, d'ailleurs; mais heureusement, les principaux défauts de la petite fille s'étaient changés en qualités lorsqu'elle était devenue une jeune femme.

Les longs doigts effilés d'Aelith tapotaient distraitement l'accoudoir du fauteuil pourpre dans lequel elle était installée lorsqu'un silence gêné s'installa. Elle leva la tête, constatant, légèrement décontenancée, que Stephan et Lilo la fixaient, attendant visiblement d'elle ce qui devait être une réponse... Se maudissant pour son inattention, la rouquine ne se souvenait que du mot parchemin, qu'elle avait crû entendre, mais en était-elle réellement sûre?


-« Hum. Lothaire t'apportera tout ce dont tu as besoin, Lilo », dit-elle, assez fort pour que le majordome, qu'elle savait dans une pièce non loin, à écouter leurs conversations, puisse l'entendre.
-« Tu dois être fatiguée. Le dîner est habituellement servi à huit heures, dans la salle à manger. Lothaire est un véritable chef... Mais si tu souhaites manger seule, tu peux lui demander de t'apporter cela dans ta chambre, bien sûr. Enfin, je doute que tu souhaites te priver de notre compagnie après tant de temps passé loin de nous... » Sourire amusé - qui a dit "provocateur"? - avant de terminer, sur une note ô combien légère:
-« Tu pourras prendre la chambre réservée aux invités, à côté de celle de ma mère qui, soit dit en passant, ne parle toujours pas. Tu pourras au moins dormir tranquille de ce côté... Lothaire te montrera également où elle se trouve. La chambre, pas ma mère, évidemment. Stephan est installé dans l'autre chambre voisine à la tienne. Une chance pour toi, il ne ronfle pas! Tu devrais donc passer une nuit réparatrice... Tu as réellement une mine affreuse », conclut-elle finalement, sur un sourire qui manifestait, au contraire de ses paroles, la joie qu'elle avait de la revoir.
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Lilo-akao
Tout se passait comme sur des roulettes ! Aelith était parvenue à glisser son espion dans les pattes de sa cousine, qui n'avait pas l'ombre d'un soupçon au sujet de ses intentions. Elle-même n'avait eu aucune difficulté à se faire offrir le gite et le couvert, ce qui allait lui permettre de passer quelques jours au vert pour se ressourcer et fuir sa propre demeure, envahie par le trio infernal. Quant à Stephan... Et bien, hum. Il est vrai qu'il n'avait pas eu grand chose à dire dans cette histoire. Était-il le dindon de la farce ? L'idée était plaisante, mais la Wolback lui avait laissé le choix. S'il avait décidé de la suivre à Digoine, c'est bien qu'il devait y trouver un avantage. Nous pouvons donc estimer que chacun des partis s'estimait satisfait des suites de cette conversation.

Après avoir confirmé qu'elle dînerait en compagnie des deux jeunes gens, la brune quitta le petit salon à la suite de Lothaire, qui la mena jusqu'à la chambre dans laquelle elle serait logée. Tandis que le majordome lui cherchait de quoi rédiger une missive, Lilo inspecta rapidement la pièce, s'attardant un instant devant la fenêtre donnant sur les écuries se trouvant de l'autre coté de la cour. Au retour du vieux serviteur, elle l'observa disposer encre et parchemin sur la petite table se trouvant dans un coin de la pièce.


-« Je vous remercie, Lothaire. Pour ce service mais aussi pour toute l'attention que vous semblez porter à ma cousine. Je vous en suis reconnaissante. »

Pourquoi avait-elle dit cela ? C'était d'un ridicule de remercier un simple domestique. Et pourtant, en voyant le vieux majordome, Lilo éprouvait une certaine sympathie à son encontre. Sa loyauté envers Aelith sautait aux yeux et avait quelque chose de rassurant.
Se reprenant, la brune secoua légèrement la tête et se dirigea vers la table devant laquelle elle prit place. Elle commença à dérouler un parchemin devant elle en s'adressant à Lothaire :


-« Pourrait-on me préparer un bain pendant que je rédigerais ma missive ? J'aimerais me débarrasser de la poussière du voyage avant le dîner. »

Dès que la porte se referma derrière le vieil homme, la jeune femme s'empara d'une plume, qu'elle trempa dans un pot d'encre avant de s'atteler à l'écriture d'une lettre à l'intention du baron.

Citation:
Au Légendaire de Bourgogne,
Eusaias de Blanc-Combaz,
Baron de Digoine.

Salutations,

Je prends la plume en ce jour pour vous faire part de mon retour en terres bourguignonnes. Si votre proposition tient toujours, je suis prête à vous rejoindre en votre domaine afin de redonner vie à votre belle chapelle et d'y officier en tant que chapelaine de votre famille. Je serais accompagnée de Stephan de Carène, mon fidèle homme de main. Soyez sans crainte, il saura se faire discret et tâchera de ne pas vous importuner par sa présence.

Avant que je ne m'installe à Digoine, peut-être devrions-nous attendre que l'évêque n'officialise mon statut. Non pas que je rechigne à prendre mes quartiers en votre baronnie, bien au contraire. Il me tarde d'avoir l'occasion de faire un peu plus ample connaissance avec la Légende bourguignonne. Tout comme il me tarde de passer à nouveau un peu de temps avec votre fille, Griotte. J'ai eu l'occasion de voyager avec elle, il y a quelques semaines de cela. La belle enfant m'a laissé un souvenir impérissable. Toutefois, si nous venions à nous essuyer un refus de la part du clergé, ma présence en votre demeure n'aurait pas lieu d'être.

Dans l'attente de votre réponse, Baron, recevez mes amitiés.
Que le Très-Haut vous garde.

Luna Wolback de Chambertin,
Dame de St-Quentin-les-Anges.



PS : Pourriez-vous transmettre mes salutations à Griotte et lui demander de me donner des nouvelles de Julius ? Je vous en serais reconnaissante.


La missive achevée fut confiée à Lothaire, pour qu'il la fasse parvenir à son destinataire. Quant à la jeune noble, elle s'empressa de se plonger dans son bain, avant de descendre pour souper et profiter pleinement des quelques jours qu'elle allait pouvoir passer avec Aelith, avant de mettre les voiles en compagnie de Stephan.
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