Le capuchon s'était envolé dans son dos, tant il courrait, battant le pavé de ses bottes élimées par les voyages. Déjà les cris retentissaient dans la lice et il se maudissait de n'avoir pu assister au début du combat homérique. Enfin au détour de ruelle il arriva aux abords de l'arène. Filant comme une flêche, il grimpa quatre à quatre les marches conduisant aux gradins et s'installa confortablement en étendant ses longues guiboles. Aussitôt mettant ses mains en cornet devant sa bouche il hurla :
Sus ! Sus Kaeronn ! A bas le volatile !! A terre le dindon !
Il se rencogna sur banc de pierre, et esquissa un sourire en se frottant les mains. Les deux se tournaient autour et à priori il y avait déjà eu quelques passes d'armes. La superbe du volatile coloré semblait avoir disparue quelques peu toutefois et... Mais oui on aurait dit qu'il avait déjà blessure entravant légèrement ses mouvements. Le grand échevelé secoua la tête en marmonnant :
Que mille furoncles dévastent la face de Christos, j'ai raté la première navrure ! Si c'est pas malheureux de voir ça !
Comme son regard se perdait au delà du sable et des deux belligérants, il reconnut la bourgmestre qui semblait affolée, une brève bouffée de pitié monta à ses lèvres en repensant à toute cette triste affaire et il haussa les épaules pour la chasser telle une mouche inopportune. Si l'affaire semblait effrayer les bonnes gens d'Épinal voire même les déranger, ce n'était certes pas de son fait.
Combien de gens étaient venu lui conter à quel point Sidie avait provoqué tout cela ? Il n'en tenait point le compte mais s'en fichait éperdument. Charmer, être charmé n'avait pas la moindre importance après tout. Seules comptaient les violences qui avaient eu lieu.
Il se souvenait en reportant son attention sur les deux combattants comment Liz avait insinué que Sidie avait surement inventé cette agression pour ne pas perturber son ou perdre son compagnon. Ah mordiou qu'il était facile de rejeter la faute sur rivale, pensa le grand blond avec un rictus carnassier. Il esquissa un sourire en s'absorbant dans les différentes passes d'armes alors que lui revenaient en mémoire comment le paon jouait sur le luth de l'attirance qu'éprouvait pour lui la bourgmestre. Baiser langoureux au coin des lèvres, compliments exagérés et ronds de jambes énamourés. Tout pour troubler la pauvre dame esseulée, il fallait le reconnaître... D'un bond il sauta sur ses pieds en voyant Erchinoald lever son épée au dessus de sa tête.
Il failli crier à Kaeronn de prendre garde, mais se tut en se mordant les lèvres, ne voulant point déstabiliser concentration de son ami. Les yeux agrandis, il observa la suite, ayant petite idée de comment contrer la garde bien trop élevée du dindon en colère.
_________________
"Gnothi seauton"