Kaeronn
[Tout le monde peut participer ]
Remettez moi en deux! Petit silence. Hum non trois finalement mon brave. Deuxième silence. Bien sur que j'ai de quoi payer voyons!
D'un revers de la main, quelques écus viennent tomber sur le comptoir, rendant le sourire du tavernier. Kaeronn s'empare aussitôt des chopes pleines qu'on vient de lui servir, et sirotant tranquillement l'une, il entoure les deux autres d'un bras protecteur. En même temps, ses yeux balaient la taverne dans son ensemble. Pas grand monde ce soir. Le tavernier devait être heureux de trouver un homme engloutissant autant de bière, et vidant sa bourse sans se préoccuper un seul instant de savoir s'il pourra se payer un repas. Le tonnerrois tentait d'ailleurs de faire durer le plus longtemps sa bière, mais à sa façon de reprendre la chope en main un infime instant après qu'il l'eut posée, on devinait aisément que sa tentative était des plus vaines. Voila d'ailleurs qu'il entamait sa deuxième, puis sa troisième. Qu'ils venaient de payer ça s'entend. Le compte au total s'agrémentait plutôt d'un zéro derrière l'un des trois premiers chiffres.
Blurp.
Le rot était sorti tout seul, naturellement. Assez bruyant pour faire fuir une gente dame. Mais comme à l'instant présent, il n'y en avait point aux alentours, seul le tenancier se sentit offusqué. Kaeronn lui fit un grand sourire en reposant bruyamment la chope sur le comptoir.
N'vous inquiétez pas mon brave, plus l'rot est fort, plus la bière est meilleure. Plus vous êtes bourré aussi il parait, mais ça, j'ne l'ai jamais vérifié. Rem...
Hors de question, vous avez assez bu pour aujourd'hui. Je n'ai pas envie de perdre la maigre clientèle que j'ai, ni que vous me retourniez sans dessus sans dessous la salle.
Mais c'est pas possible ça, s'écria le tonnerrois en prenant à partie d'un large geste du bras les chaises vide devant lui. Un tavernier refuse de servir l'un de ses clients sous prétexte qu'il a trop bu? Incroyable! Je vous paye, vous me servez, c'est aussi simple que ça.
C'est d'un il torve que l'homme toisa Kaeronn. D'un air de dire qu'il ferait mieux de filer dehors cette fois-ci, ou il s'en chargerait lui-même. Et il avait des arguments. Par exemple la tête de plus qu'il faisait par rapport au voyageur. Bon pour l'instant ça se voyait pas vu que Kaeronn était assis au comptoir et que l'aubergiste était occupé quand il était entré, mais dés qu'il se lèverait, il risquait de ne pas faire le poids. Certes, si une vessie de porc était entre les deux, il n'hésiterait pas à plonger dessus pour la porter dans un but imaginaire, quitte à foncer dans le tas (et c'était vraiment le cas de le dire pensait de plus en plus le tonnerrois). Mais en cet instant en l'occurrence, nul but, nul coupe, ou nul tonneau gratuit ne viendrait agrémenter une action qui s'avérait de plus en plus suicidaire à mesure que l'aubergiste le regardait.
Nouveau sourire du tonnerrois qui rendit regard pour regard au tenancier, comme pour lui faire comprendre qu'il ne l'impressionnait guère. Puis avant que celui-ci ne le prenne mal, il sauta sur ses bottes. Kaeronn manqua alors de se ramasser par terre. C'est que ça tournait un peu autour de lui aussi. L'aubergiste, qui avait effectué quelques pas dans l'intention de contourner son comptoir s'arrêta la en affichant un sourire narquois. Le tonnerrois agita au hasard sa main par dessus son épaule, puis louvoya comme il put entre les tables et les chaises.
Z'auriez pu faire une allée plus large et qui n'zigzague pas quand même.
Ah, ça devait être la porte la devant lui. Il entendait quelques éclats de rire en provenance de sa gauche. Et puis sa droite aussi tiens. Les rares clients se félicitaient d'être venus assister à ce spectacle. Kaeronn plaqua son corps contre la porte, et sa main tâtonnant tourna enfin la poignée. Le poids du tonnerrois ouvrit la porte facilement, mais il loupa la marche juste derrière. Roulé boulé sur le petit chemin de terre. On entendait les fenêtres s'ouvrir et les éclats de rire des clients qui se pressaient pour ne rien manquer. Sourire niais sur son visage, Kaeronn leva le poing vers la l'entrée de l'auberge.
Traitresse de marche!
Il se releva tant bien que mal, sa cape noire et ses genoux barbouillés de terre. Et titubant légèrement, il s'enfonça dans les rues d'Épinal.
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"La vie est un long fleuve tranquille...
Mais attention de ne pas s'y noyer..."
Remettez moi en deux! Petit silence. Hum non trois finalement mon brave. Deuxième silence. Bien sur que j'ai de quoi payer voyons!
D'un revers de la main, quelques écus viennent tomber sur le comptoir, rendant le sourire du tavernier. Kaeronn s'empare aussitôt des chopes pleines qu'on vient de lui servir, et sirotant tranquillement l'une, il entoure les deux autres d'un bras protecteur. En même temps, ses yeux balaient la taverne dans son ensemble. Pas grand monde ce soir. Le tavernier devait être heureux de trouver un homme engloutissant autant de bière, et vidant sa bourse sans se préoccuper un seul instant de savoir s'il pourra se payer un repas. Le tonnerrois tentait d'ailleurs de faire durer le plus longtemps sa bière, mais à sa façon de reprendre la chope en main un infime instant après qu'il l'eut posée, on devinait aisément que sa tentative était des plus vaines. Voila d'ailleurs qu'il entamait sa deuxième, puis sa troisième. Qu'ils venaient de payer ça s'entend. Le compte au total s'agrémentait plutôt d'un zéro derrière l'un des trois premiers chiffres.
Blurp.
Le rot était sorti tout seul, naturellement. Assez bruyant pour faire fuir une gente dame. Mais comme à l'instant présent, il n'y en avait point aux alentours, seul le tenancier se sentit offusqué. Kaeronn lui fit un grand sourire en reposant bruyamment la chope sur le comptoir.
N'vous inquiétez pas mon brave, plus l'rot est fort, plus la bière est meilleure. Plus vous êtes bourré aussi il parait, mais ça, j'ne l'ai jamais vérifié. Rem...
Hors de question, vous avez assez bu pour aujourd'hui. Je n'ai pas envie de perdre la maigre clientèle que j'ai, ni que vous me retourniez sans dessus sans dessous la salle.
Mais c'est pas possible ça, s'écria le tonnerrois en prenant à partie d'un large geste du bras les chaises vide devant lui. Un tavernier refuse de servir l'un de ses clients sous prétexte qu'il a trop bu? Incroyable! Je vous paye, vous me servez, c'est aussi simple que ça.
C'est d'un il torve que l'homme toisa Kaeronn. D'un air de dire qu'il ferait mieux de filer dehors cette fois-ci, ou il s'en chargerait lui-même. Et il avait des arguments. Par exemple la tête de plus qu'il faisait par rapport au voyageur. Bon pour l'instant ça se voyait pas vu que Kaeronn était assis au comptoir et que l'aubergiste était occupé quand il était entré, mais dés qu'il se lèverait, il risquait de ne pas faire le poids. Certes, si une vessie de porc était entre les deux, il n'hésiterait pas à plonger dessus pour la porter dans un but imaginaire, quitte à foncer dans le tas (et c'était vraiment le cas de le dire pensait de plus en plus le tonnerrois). Mais en cet instant en l'occurrence, nul but, nul coupe, ou nul tonneau gratuit ne viendrait agrémenter une action qui s'avérait de plus en plus suicidaire à mesure que l'aubergiste le regardait.
Nouveau sourire du tonnerrois qui rendit regard pour regard au tenancier, comme pour lui faire comprendre qu'il ne l'impressionnait guère. Puis avant que celui-ci ne le prenne mal, il sauta sur ses bottes. Kaeronn manqua alors de se ramasser par terre. C'est que ça tournait un peu autour de lui aussi. L'aubergiste, qui avait effectué quelques pas dans l'intention de contourner son comptoir s'arrêta la en affichant un sourire narquois. Le tonnerrois agita au hasard sa main par dessus son épaule, puis louvoya comme il put entre les tables et les chaises.
Z'auriez pu faire une allée plus large et qui n'zigzague pas quand même.
Ah, ça devait être la porte la devant lui. Il entendait quelques éclats de rire en provenance de sa gauche. Et puis sa droite aussi tiens. Les rares clients se félicitaient d'être venus assister à ce spectacle. Kaeronn plaqua son corps contre la porte, et sa main tâtonnant tourna enfin la poignée. Le poids du tonnerrois ouvrit la porte facilement, mais il loupa la marche juste derrière. Roulé boulé sur le petit chemin de terre. On entendait les fenêtres s'ouvrir et les éclats de rire des clients qui se pressaient pour ne rien manquer. Sourire niais sur son visage, Kaeronn leva le poing vers la l'entrée de l'auberge.
Traitresse de marche!
Il se releva tant bien que mal, sa cape noire et ses genoux barbouillés de terre. Et titubant légèrement, il s'enfonça dans les rues d'Épinal.
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"La vie est un long fleuve tranquille...
Mais attention de ne pas s'y noyer..."