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[RP] N'éveillez pas le chat qui dort

Ylalang


"Bonjour, mon enfant, lui répondit une voix calme et grave, je suis prêt à entendre ta confession. Parles sans crainte car nul ici ne peut nous entendre fors le Tout-Puissant dont la miséricorde est sans borne et la bonté sans égale.Si ta volonté de repentir et ta foi sont sincères, le Très-Haut daignera t'absoudre.Mais il ne faut pour cela rien me cacher..."

La jeune femme, immobile dans l'obscurité de l'autre compartiment restait perdue dans ses pensées.La voix lui devint soudainement familière et son ton se fit menaçant.

"Où sont mes lettres ?"

Ylalang


Triple idiote ! Bécasse !


D'autres noms d'oiseaux volèrent pendant un moment. La pauvre Catheolia était cette fois-ci bien la victime de la colère d'Ylalang.
Puis le jugement tomba.


Tu ne sortiras pas d'ici avant qu'on ne l'ait attrapé ! Et je ne veux aucune jérémiade !


Elle fit passer l'ordre aux domestiques et gardes de l'hôtel rémois que sa dame de compagnie était désormais cloitrée dans la demeure, et qu'aucune raison ne justifierait sa sortie.

Ses jointures blanchies sur le pommeau de sa canne, elle jeta un regard sombre à Cathéolia, lui signifiant bien que ce serait folie qu'elle tente d'aller à l'encontre de ses ordres.

Le temps jouait en la faveur d'Ylalang, il y aurait bien quelque paysan avide de gain pour lui ramener le Lynx.



Ylalang


La nuit tombait. Le Lynx se dirigeait vers les quartiers les plus mals famés de la ville. Pouilleux et infirmes s'entassaient ça et là sous les porches, dans les recoins des ruelles ou sous des abris improvisés, tendant leur mains caleuses et rongées par la misère au passage des quelques courageux badauds qui osaient encore s'aventurer par là à cette heure avancée de la soirée. Des femmes aux visages émaciés et aux poitrines tombantes vendaient leurs charmes flétris aux gueux les plus offrants, des êtres malingres et recroquevillés observaient de leurs yeux méfiants l'ombre noire du Lynx déambuler silencieusement sur la chaussée lavée par une fine pluie.

Un spectre de vieille femme agrippa le pan de sa cape de ses doigts squelettiques l'implorant d'un regard qui n'exprimait plus que lassitude. Le Lynx jeta une poignée d'écus sur le pavé humide.La vieille lacha la cape instantanément et se précipita sur cette promesse de repas inespérée.Quatre ou cinq autres gueux avaient surgi de l'obscurité et s'étaient précipités vers la monnaie luisante, leurs couteaux déja tirés. Le Lynx continua sa route dans le dédale malsain des bas quartiers de la capitale.

Il était enfin arrivé.Au milieu de la rue, un écriteau "Les Trois Gueuses" montrant trois ribaudes dans des postures éloquentes indiquait l'auberge qu'il cherchait. Devant la porte grande ouverte d'où provenaient des rires et des éclats de voix, des ivrognes aux mines patibulaires urinaient ou vomissaient du mauvais vin. Le Lynx s'approcha et entra dans la taverne.L'air chaud brassait sueur, odeur d'alcool et de nourriture grasse. Le Lynx retira son capuchon noir et s'approcha du comptoir. Une grosse matronne joufflue et laide hurlait des ordres et des injures aux serveuses. Elle remarqua la présence du nouveau venu et le dévisagea de son regard inquisiteur en reniflant un grand coup.


"Alors, mon beau ? On vient chercher du repos auprès de mes damoiselles ?" lui demanda t-elle en le gratifiant d'un sourire édenté et entendu.

"Si elles te ressemblent toutes, ça risque d'être plus fastidieux que reposant , rétorqua le Lynx narquois." Je viens ici pour des affaires, je suis attendu normalement."

Il se rapprocha de la tenancière et lui chuchota: "Toquey si gauses"

Elle l'observa étonnée, puis lui dit d'un ton sec: "Suis moi"

Elle contourna le comptoir et se dirigea vers le fond de la grand'salle. La taverne était pleine de marauds et de drôles buvant, dévorant, contant des plaisanteries obscènes, riant et chantant de paillardes romances ou lutinant les mignonnes serveuses qui se pressaient à leur service."Cela fait bien longtemps que je ne me suis pas mis de donzelle sous la dent" se dit le Lynx qui se frayait un chemin entre les tables à la suite de la matronne tout en observant les fascinantes damoiselles. Elle le mena dans une arrière-salle sombre et vide dont elle referma la porte derrière eux.Puis, s'accroupissant, elle souleva le tapis poussièreux qui couvrait le plancher. Il y avait là une trappe. De sa main graisseuse, elle en souleva le gros anneau de métal et lui dit:

"Descend. On t'attend en bas"

Le Lynx mit son masque et, attrapant le poignet de la tenancière avant qu'elle ne s'en aille,il lui dit d'un ton ferme: "Il va de soi que tu ne m'a jamais vu."
Elle acquiesca et il la laissa s'en aller.
Il descendit l'échelle de bois et se retrouva dans une petite pièce éclairée par quelques torches. Cinq hommes en armes discutaient assis sur des tabourets vermoulus.


"Messires, nous devons parler affaires"

Ylalang


"... non, nous ne sommes jamais rencontré. Si cela était, je m'en souviendrais et je ne connais personne de ce nom. Et maintenant si tu pouvais retirer ta main de mon bras ça m'éviterait de devoir..."

Un bruit de pas rapides sur l'escalier de bois et une voix d'homme impérieuse interrompit l'homme qui venait de parler. Il se leva prestement, la main sur le pommeau de son épée et se plaqua dos au mur.

"... te corriger." furent ses derniers mots.

Sans manifester grande émotion il était pourtant sur le qui-vive. Il n'avait que passablement apprécié cette attente en compagnie d'hommes qui n'étaient pas de son monde et trop peu d'informations lui avaient été données.
Si ce n'était la confiance qu'il avait en celui qui l'avait mis sur cette affaire, il n'aurait sans doute pas accepté. Le manque d'argent l'avait un peu aidé à accepter cette mission aussi. Une belle somme était en jeu à ce qu'on lui avait dit.
Ylalang


Les conversations s'étaient arrêtées et les regards tournés vers lui.Le Lynx sortit une petite cassette de sa besace et la posa sur la table de bois. Il l'ouvrit sous les regards avides des hommes qui se trouvaient là.


"Voici les 500 premiers écus de votre récompense si vous me prêtez main forte. 100 écus pour chacun, les 400 autres viendront après que vous m'ayez rendu service...si vous êtes toujours en vie, bien entendu."

Les mercenaires fixaient les écus qui luisaient à la faible lumière de la torche accrochée au mur.

"Votre tâche consistera simplement à vous poster en embuscade dans la rue des échaudés dans deux nuits. J'y ai rendez-vous avec la suivante de la Vicomtesse de Beaurepaire. Mais je me méfie de cette petite oie qui m'a déja trahie auprès de sa maitresse. Si elle vient seule, alors j'aurai perdu mon argent pour rien. Mais si elle vient accompagnée des Melanis et de leur clique, ce qui est plus probable, il s'agira pour vous de me venir en aide si la situation tournait mal.

Cela vous convient il ?"

Bien que son auditoire acquiesce courageusement, le Lynx sentait bien qu'ils appréhendaient tous de s'opposer à l'une des Maisons les plus renommées de la Champagne.Il reprit:


"Qui vous mènera au combat ? que j'élabore un plan d'attaque avec lui"

Les mercenaires se regardèrent les uns les autres benoîtement. Puis l'un se leva et déclara:

"Moi je pense pouvoir l'être."
"Moi plutot"dit un autre
Ils étaient bientot quatre à se disputer le rang. Le Lynx se demanda s'il faisait bien de demander de l'aide à ces oiseaux rares.
Il coupa court leurs querelles:


"Toi, là-bas, qui n'a pas dit un mot, je te charge de m'organiser cette embuscade" dit il, en désignant du doigt l'homme accoudé au mur, qui était resté immobile et silencieux depuis son arrivée.

Ylalang


"Alors ce sera 50 Ecus de plus! Si je dois m'encombrer d'hommes dont je ne connais rien et dont je redoute le pire, j'estime avoir droit à une compensation."

L'homme s'avance et se place face à l'inconnu, lui adressant un regard franc et loyal...


"Je pensais que la mission qui me serait confiée était une mission en solitaire... Il n'en est rien et je pars du principe que les risques en sont accrus. Cinquante Ecus me semblent peu de chose en regard de ces hommes dont j'aurais à gérer les écarts..."

Les soudards lachèrent quelques murmures mais l'assurance de Rip suffît à les tenir silencieux et sur la réserve.

"A prendre ou à laisser messire..."
Ylalang


Le Lynx réfléchit un instant à la proposition du mercenaire. En réalité, il savait pertinemment qu'il n'avait pas les moyens de payer, du moins intégralement les cinq hommes : au point où il en était, que pouvait changer une promesse de 50 écus en plus...

"J'aime ton franc-parler, l'ami, et j'accède à ta requête. répondit-il à Rip, J'espère que tu auras autant d'audace au combat que tu en as pour marchander ta paie."

Il désigna les tabourets au mercenaire et l'invita d'un geste à s'asseoir. Attrapant la bouteille poussièreuse qui se trouvait sur la table, il coinça le bouchon entre ses dents et débouchonna le récipient dont il versa l'alcool dans des chopes encore vides.

"Tâchons maintenant d'élaborer une tactique pour accueillir la maréchaussée après-demain."

Il prit une des deux chopes et tendit l'autre à Rip. Puis levant la sienne, il déclara:


"Trinquons, l'ami. Aux Melani et à ceux de leur maisonnée qui ignorent encore que dans deux nuits ils seront devenus cadavres."

Ylalang


[Le lendemain]

Ce fut une nuit terrible...

De celles qui vous brisent, vous ravagent l'esprit, vous laissant tel un pantin duquel on a coupé les fils.

Cette douleur... elle n'en finissait pas. Au moment ou la jeune femme pensait trouver réconfort dans les limbes du sommeil, elle revenait à la charge tel un cavalier de l'Apocalypse, lui rappelant sans cesse à quel point elle souffrait.

A quel point elle était faible.

Aux premières lueurs du matin, les badauds rémois commencèrent à harceler la garde de l'hotel des Melani, pretextant savoir qui était le Lynx. Certains amenaient meme avec eux un ivrogne ne ressemblant en rien à la description, mais espéraient tout de même une récompense pour leur dévouement.
Ce à quoi les gardes répondaient par quelques insultes bien senties et un coup de pied dans le fondement.
Puis certaines personnes se mirent à être plus précises. Des détails qui se recoupaient. Des indices connus par seulement les gardes qui étaient révelés. Une blessure à l'épaule, un costume rouge. Un masque.

L'un d'eux, après quelques coups sur la porte du bureau de la Vicomtesse, entra.


Madame, nous avons peut-être une piste.

Assise à son bureau, ses mains lui couvrant le visage, Ylalang tentait elle de ne pas sombrer. Elle regarda le soldat qui s'était présenté à elle. L'archétype même du milicien, grand, bien bati, pouvant meme être qualifié de beau par certains. Bref, banal, si ce n'était cette lueur d'ambition dans ses yeux. Ce n'était même pas le chef des gardes de l'hotel, ce dernier devant probablement roupiller dans un coin. Elle hésita un instant à lui rappeler qu'il n'avait aucun pouvoir de décision. Mais n'en fit rien. Encore une faiblesse.

Très bien, prenez deux hommes et allez voir.

Elle lui fit un signe de la main lui signifiant de la laisser. Ce qu'il fit. Il avait obtenu ce qu'il voulait. Nul doute qu'il serait promu si il revenait avec celui tant recherché.

Ses mains se mirent à trembler, et un vertige la prit un instant. Non, non, il fallait tenir bon ! Ne pas céder, ne pas plier...
Elle se leva précipitamment de son siège, renversant celui-ci, et alla se prostrer dans un coin de la pièce, tandis que son corps était agité de soubresauts. En position foetale, elle se mit à pleurer comme une enfant, voulant tout oublier. Se disant en cet instant que le réconfort de la mort pouvait être une solution bien salutaire à ce qu'elle vivait.

Elle se força à se lever pour aller à une console, et se mit à fouiller dedans, cherchant un flacon qu'elle ne pensait pas devoir utiliser un jour. Elle eut un soupir de soulagement en voyant la poudre de Matricaria recutita, qu'elle avait concocté à partir d'un cadeau de son époux. Une fois diluée et ingérée, la jeune femme, tant bien que mal, regagna sa chambre et trouva refuge dans son lit.
Déjà cela commençait à faire effet, sa vision se déformant, ses muscles se détendant. Elle eut un gémissement presque de plaisir, il était bon de ne plus avoir mal.

Quelqu'un se mit alors à la secouer. Elle se réveilla de mauvaise grâce, regardant qui osait interrompre son sommeil. Un homme, d'une trentaine d'années et aux cheveux curieusement blancs, était assis près d'elle et lui souriait, la regardant avec ses yeux mauves pétillant de malice.


James, je veux encore dormir !

Non, non petite soeur, il est temps de se lever !

Il lui déposa un baiser sur le front avec tendresse, Ylalang fermant les yeux un instant de bonheur. Puis il lui prit la main et marchant sur des pétales de roses et des fleurs de lys pastels, l'entraina hors de la maisonnette clermontoise de la jeune femme. Les cerisiers perdaient leurs pétales, répandant leur neige rosée sous leur pas. Les passants menaient leur train-train quotidien autour d'eux, ne pretant pas garde à la folle course des deux jeunes gens. Elle reconnut quelques visages familiers, Boulius, Kurt, Kahlan, Yanyan, elle voulut s'arreter pour leur parler, mais son frère l'en empêcha.

Vite, vite dépèche toi !


Mais quoi à la fin ?

Leah rattacha ses longs cheveux noirs bouclés et se mit à courir après son frère.

Tu ne me rattraperas pas petite soeur !

Plus elle courait, plus il s'éloignait.

Attends moi Jaaaames !

Il passa alors au coin d'une rue, et quand Ylalang arriva, elle ne le vit plus. Et elle remarqua le silence, qui n'existait pas quelques secondes plus tôt. Tout était désert autour d'elle.

JAMES !

Une petite fille, aux longs cheveux noirs bouclés comme ceux de sa mère, mais aux yeux bleus clair, lui tira un pan de sa robe, voulant s'assurer de son attention.


Môman, qu'est ce que tu fais là ?

Mais euh... je... enfin... Julia, je ne comprends pas.

Mais elle ne comprenait que trop bien.


Ce n'est pas encore le moment tu sais, cela ne sert à rien de précipiter les choses.

Quelqu'un se mit à la secouer. Elle se réveilla de mauvaise grâce, regardant qui osait interrompre son sommeil. Un homme, d'une cinquantaine d'années et aux cheveux blancs, se tenait près d'elle. Son majordome.

Madame, vous devriez venir voir.


Se doutant qu'il ne la réveillait pas pour rien, Ylalang prit quelques secondes pour se réveiller complètement, et sortit de son lit pour le suivre. Elle descendit les marches qui menaient au salon, constatant que la nuit était tombée, et revit le garde qui était parti à la recherche du Lynx. Il n'avait plus sa superbe du matin. Il était livide comme si il avait vu la mort en personne.

Et c'était en fait le cas.

Tremblant, il fit le récit de ce qui s'était passé plus tôt. Ils avaient suivi les indices donnés par quelques badauds, et s'étaient finalement retrouvé dans une maison abandonnée dans les quartiers mal famés de Reims.


Il... nous nous sommes séparés pour chercher dans la maison... Puis ils ont crié... Et je me suis retrouvé avec une dague sur la gorge...

Il m'a dit... de vous transmettre un message... Il... il a dit que vous connaitriez le même sort ainsi que tous vos gens si vous vous obstiniez à ne pas lui donner ce qu'il demande.

Il montra un sac, et à moitié pleurnichant, il en défit les liens pour l'ouvrir.

Deux têtes roulèrent alors à terre.

Non non, c'était un cauchemar. Elle s'adossa à un mur, tentant de réflechir. En vain. Son esprit était encore trop brumeux et elle n'avait qu'une envie, retourner dans ce coma narcotique. Elle s'adressa au majordome.


Nous aviserons demain matin. Faites des rondes autour de l'hotel, renforcez la sécurité. Et renvoyez ce jeune homme chez lui...

Elle quitta alors la pièce. Elle aurait bien encore besoin de quelques heures de sommeil pour affronter la journée suivante.

Ylalang


Le lendemain

Après quelques jours passés sur les routes entre Langres et Reims, Gwenhwyvar et Melani arrivèrent enfin en vue de la capitale champenoise. L'air était frais, et il pressait au Vicomte de rentrer à l'Hôtel Melani pour échapper au froid. Mais avant, il avait une mission de la plus haute importance : trouver un cadeau d'anniversaire pour son épouse.
L'Italien se dirigea donc vers une joaillerie renommée se trouvant sur le chemin de l'Hôtel. L'artisan était en pleine négociation avec un client quelconque et fit comprendre à Melani d'un regard qu'il s'occuperait de lui dès la vente terminée. Pressé de rentrer chez lui, le Commandeur fit fi des bonnes manières, attrapa le joailler par l'épaule et lorsque le client s'indigna de se faire ainsi reléguer au second plan, le Vicomte souleva un pan de sa cape, dévoilant sa dague et l'or et l'azur de son habit, couleur des Melani. Cela suffit à convaincre l'homme de renoncer à ses velléités de contestation.
Entraînant l'artisan un peu plus loin dans sa boutique, l'Italien lui souffla quelques mots à l'oreille.


Mon épouse fête son anniversaire, je veux lui offrir un bijoux qui lui plaira. Montrez-moi ce que vous avez de meilleur, et épargnez-moi la verrerie que vous essayez de vendre à l'autre.

Le joailler acquiesça avec empressement et montra une série de bijoux au Vicomte. Ce dernier se décida finalement pour une paire de boucles d'oreille et un collier. Il signa une lettre de change à plusieurs chiffres et mit les bijoux dans un coffret-cadeau.
Après quoi il ressortit, remerciant l'artisan et le client avec une onctueuse politesse pour leur compréhension.

La mission étant accomplie, il convenait désormais de gagner l'Hôtel, ce qui fut fait en peu de temps. Melani descendit de Camarde et s'adressa à l'un des gardes.


Toi ! Vas annoncer que ton maître est de retour et aimerait en apprendre un peu plus sur cette prime ! Fais aussi emmener nos chevaux à l'écurie et préparer force charcuterie ! Et voici ma vassale dit Melani en désignant Gwenhwyvar, fais en sorte qu'elle soit bien installée et qu'on accède à tous ses désirs.

Ylalang


Pendant la crise d'Yla

Catheolia avait subi la tempête sans dire un mot, puis s'était réfugiée dans sa chambre. Allongée sur son lit, les yeux fixant un point imaginaire sur le plafond ouvragé, elle tentait de remettre de l'ordre dans ses pensées. La panique qui l'avait saisi dans le confessionnal se dissipait peu à peu. Certes elle était consignée, mais se sentait au moins en sécurité. Restait à attendre que l'appel de la prime fasse son effet auprès de la population Rémoise.

La jeune femme ne prêta guère attention au va-et-vient de la maisonnée. Des bruits étranges parvenaient de la chambre d'Yla, nul doute que la jeune Vicomtesse faisait une crise... pas étonnant d'ailleurs, vu que Cath n'était pas parvenue à récupérer le poudrier, ayant même fait une tentative dans la Cathédrale.

Le sommeil fut dur à trouver...

Le lendemain, peu avant l'arrivée d'Atto

Les visages blèmes du personnel de la maisonnée frappèrent la jeune suivant alors qu'elle entrait dans les cuisines. N'ayant guère envie de croiser sa Dame qui devait être d'une humeur peu avenante, Catheolia avait décidé de déjeuner seule.


Mais que se passe-t-il?

Damoiselle, vous ne savez pas? répondit une jeune soubrette. Hier soir Martin est rentré avec les têtes de deux gardes de la maison... Ils se sont fait avoir par ce Lynx que Madame recherche...

Catheolia blemit et s'assit sur une chaise. Ainsi donc il n'abandonnerait pas. Il voulait ces lettres, à n'importe quel prix.
Il fallait donc faire quelquechose avant que toute la maisonnée ne se retrouve en sang...


Le maître est rentré! le maître est de retour!! Préparez de quoi le nourrir, il a emmené quelqu'un avec lui, sa vassale!!


Atto? ici? Sa vassale?? Catheolia se leva et quitta les cuisines oubliant son déjeuner, tandis que tout le personnel s'activait comme si le fouet les menaçait.

Si Atto était ici, et avec quelqu'un, nul doute que Léah allait descendre pour les rejoindre... Sa chambre serait alors libre...



Ylalang


[Au matin, avant l'arrivée de son époux]

Ylalang regardait la domestique ramasser des débris de cire sur le sol, d'un air absent. Les traits tirés et le teint pâle, adossée à un mur, elle n'était plus que l'ombre d'elle-même.

Depuis le matin elle tentait d'avancer son travail, mais cela était en vain. Son esprit refusait toute charge, et son corps de même. Elle en avait même brisé une matrice sigillaire tellement ses mains tremblaient. La drogue avalée la veille diminuait la douleur de sa jambe, mais cela engendrait également des effets secondaires. Et les quelques hallucinations eues pendant la matinée ne la rassuraient pas sur son état mental.

Combien de temps ? Combien de temps pourrait-elle donner le change ? Quelques jours, peut-être quelques semaines qui sait...

Un garde entra et sonna le glas de ses espérances.


Madame, votre époux est arrivé, accompagnée de sa vassale.

Un instant de flottement.

Très bien, je descends dans quelques instants pour les accueillir.

Il hocha la tête et ressortit, accompagnée par la domestique qui venait de finir le nettoyage des débris des sceaux. Les deux mains sur le visage, elle se laissa glisser à terre, se demandant quoi dire, quoi faire...

Sans solution, après quelques instants, elle se releva. Elle devait prendre sur elle, pretexter une fatigue passagère. Mentir. Mentir. Mentir. Elle se passa de l'eau sur le visage, espérant utopiquement faire disparaitre les cernes sous ses yeux.

Allez, allez, courage voyons. Ne pas plier, ne pas céder.

Elle sortit de ses appartements et se rendit au rez-de-chaussée pour accueillir les nouveaux arrivants. Sans se douter qu'une traitresse était au sein de sa propre maisonnée.


Ylalang


Une fois à l'intérieur de son Hôtel, le Vicomte se mit à son aise. Posant cape et veste sur le dossier d'une chaise, y accrochant également le ceinturon auquel pendait Diplomatie. L'Italien remarqua deux choses sur la table : la nourriture demandée et une paire de têtes. Un garde lui exposa rapidement comment les deux chefs étaient arrivés là. Sans être le moins du monde perturbé par le sinistre spectacle, le Vicomte s'assit sur l'un des rebords de la table du salon.
Désormais, deux questions occupaient l'esprit de Melani :
1) laquelle de ces succulentes victuailles allait-il manger ?
2) qui était ce lynx rouge, et que s'était-il passé pour qu'il menace ainsi sa maison ?
L'Italien résolu la première en s'emparant d'un pot de foie gras, qu'il étala généreusement sur un bout de pain avec sa dague.


Mmh *mâche* servez-vous dit-il en s'adressant aux personnes qui l'entourait, je ne pourrai pas *mâche* manger tout cela seul !

Alors qu'il dégustait sa tartine, Melani pensa à la deuxième question, fixant les trophées avec un regard vide de toute émotion, tout en époussetant des miettes qui y étaient tombées son élégant gilet.
D'abord une prime de 500 écus offerte par sa femme, puis deux têtes pour toute réponse de la part du traqué. Mais comment diable en était-on arrivé là ?
De sa main libre, l'Italien saisit l'une des têtes et la plaça devant son visage, la tenant par l'arrière du crâne. D'une voix traînante, résigné qu'il était de ne rien pouvoir tirer d'un chef tranché, Melani s'adressa à ce qu'il restait du défunt homme d'arme.


Tu sais probablement de qui il s'agit... des forces sur lesquelles il peut compter... de l'endroit où j'aurai une chance de le trouver et lui apprendre le respect... Quelle tristesse que tu sois mort...

...

Mais une personne a bien dû vous ramener, toi et ton collègue...


Le Vicomte se retourna vers l'un des gardes.

Toi ! Va chercher celui qui nous a porté ce présent ! Et s'il rechigne à venir, dis-lui que ce Lynx n'aura été qu'un chaton comparé au lion que je serai !

Alors que le garde partait à la recherche de l'homme, Melani vit son épouse arriver, et nota ses traits marqués par la fatigue. Le Vicomte déposa tête et tartine et se saisit du coffret contenant les boucles d'oreille et le collier achetés quelques dizaines de minutes plus tôt.

Bonjour Leah. Atto posa le coffret sur la table et le poussa dans sa direction. Pour ton anniversaire. Mais je pense que tu préfèrerais l'ouvrir plus tard.
J'ai cru comprendre que tu avais quelque souci, et ce que je vois sur la table corrobore cela.
Oh, j'allais oublier, je compte donner fief à Gwenhwyvar pour ses services rendus à la Champagne, d'où sa présence ici. Mais nous nous en occuperons une fois que ce qui te préoccupe sera réglé.
Si tu me racontais toute l'histoire depuis le début ?


Ylalang


Leah entra dans le salon, et vit son époux confortablement installé en train de parler à une tête. Elle haussa un sourcil, et sans manifester plus amplement une quelconque surprise (depuis le temps elle était habituée aux excentricités d'Atto), elle salua ce dernier.

Puis son regard se posa une seconde avec surprise sur l'une des deux têtes, restant une seconde sans voix. Elle se frotta les yeux, se disant qu'elle hallucinait. Et c'était le cas, ce n'était pas le crâne de Berthier sur la table.

Elle n'accorda qu'un regard distrait au coffret, et salua l'Irlandaise.

Dia dhuit Gwen, conas tá tú ?

Elle s'installa dans un fauteuil, s'assurant que les deux têtes étaient bien hors de sa vision. Elle se massa un instant les tempes, tentant d'enregistrer le flux d'informations que son époux venait de lui donner.

Puis la question critique. Elle poussa un soupir et ferma les yeux. Elle tenta de se remémorer tous les faits depuis le départ. Sa voix était lasse quand elle raconta les évènements.


Ca a commencé il y a quelques semaines de cela... J'ai reçu des lettres, d'un mystérieux... soupirant. C'était divertissant, jusqu'au moment ou il s'est introduit ici. Il a commencé à... exiger des choses que je lui ai refusé, et après m'avoir frappé et tué un des domestiques, il s'est enfui.

Elle passa volontairement sous silence le moment du duel, ayant été trop humiliée.

Il est revenu il y a quelques jours, et a dérobé à ma dame de compagnie, Catheolia, un objet auquel je tiens. Il ne me le rendra que si les lettres compromettantes lui sont restituées. C'est à ce moment là que j'ai mis en place la prime. Certains rémois ont donné des indices menant jusqu'à lui, mais trois des gardes n'ont pas suffi à le capturer.

A cet instant, le garde qui avait ramené les deux têtes revint, entendant la fin du récit de la Vicomtesse. Toujours traumatisé, il regarda avec frayeur le Vicomte. Toujours bégayant, il retransmit le message du Lynx.


Il... il m'a dit que toute la maisonnée connaitrait le même sort si les lettres ne lui étaient point redonnés...


Ylalang


Melani écouta attentivement son épouse. Avec le début, l'histoire devint un peu plus claire. Tout cela n'était donc que le produit d'un soupirant éconduit ? Le Vicomte ricana en pensant à cette comédie légère qui s'était transformée en tragédie. Puis arriva le garde, encore sous le choc de ce qu'il avait vécu. L'Italien écouta son message, bâilla ostensiblement, puis fixa le jeune homme.

Quoi ? C'est tout ? Nous n'aurons même pas le privilège d'être suppliciés à mort ? de nous faire briser chacun de nos os l'un après l'autre ? de voir nos tripes au travers de nos yeux arrachés de leurs orbites, retenus par les nerfs et pendant le long de notre visage ?
Et parce qu'il te demande de porter deux têtes, tu es terrifié ? Quel soldat tu fais ! Tout juste bon a déniaisé des bergères ! mais as-tu un jour passer au fil de l'épée autre chose que leur pucelage ?


L'ancien sicaire qu'était Atto regarda avec une moue méprisante et narquoise le garde.

Maintenant dis-moi quelque chose d'utile sur ce Lynx ou je te fais pendre avec tes boyaux pour ton incompétence.

Ylalang


Engagez-vous ! Réengagez-vous ! qu'ils lui avaient dit à la milice.
A voir certains gardes des familles nobles rémoises, ce métier avait semblé au jeune Martin comme un emploi tranquille, quelques voleurs à attraper, des rondes à faire parfois, et le reste du temps à siroter de la bière et donoyer les donzelles.
Il n'avait pas pensé en voulant impressionner la maitresse de maison qu'il allait se retrouver dans pareille situation. Et le regard que le Vicomte jetait sur lui augurait bien mal de son avenir au sein de la garde de l'hotel Melani.

Il déglutit péniblement.


Nous... nous avons suivi les indications de certains rémois, et nous nous sommes retrouvés dans une maison abandonnée près de la rue des Echaudés. Tout était calme. Trop. Les deux autres gardes qui m'accompagnaient sont allés au premier étage, et moi j'ai visité le rez-de-chaussée. Et... j'ai entendu des bruits de lutte, j'ai paniqué... C'est alors que je l'ai vu, du moins son masque, celui d'un crane, et il est tout habillé de rouge... Pour son vrai visage, je ne sais que ce qu'il y avait sur l'affiche, et ce que la Vicomtesse nous en a dit.

Il se tourna alors implorant vers Ylalang, espérant qu'elle accréditerait sa version des faits.

Ylalang elle s'était légèrement recroquevillée sur elle-même, pour dissimuler le tremblement de ses mains. Elle soupira à nouveau.


Les détails supplémentaires sont qu'il souffre d'une blessure à l'épaule, qu'il possède une faveur parme m'appartenant, ainsi que le poudrier que je souhaite récuperer. Pour le reste, je sais qu'il sait se servir d'une dague et d'une épée... Et qu'il est prêt à tout pour récuperer ses satanées lettres...

Puis il faisait si froid...

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