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Fallait, vraiment, pas l'inviter

Polstephie
Elle avait à peine salué l'officiant qu'enfin son Frère arrivait. Comme toujours il plaisanta son retard, elle releva un instant le voile de dentelle espagnole noire qui lui couvrait le visage et elle l'embrassa tendrement sur les deux joues. Guilhem avait ce pouvoir sur elle de lui faire oublier un instant ses peines, ses fardeaux. Sans doute depuis ce moment où elle avait fait de lui son Frère, sans même lui demander. Elle lui répondit dans un souffle.

Je survis, comme tu le vois mon Cher Frère...

Tu sais... Tu pourras toujours te faire désirer en ce qui me concerne. Je t'aurais attendu le temps nécessaire, mais rien n'aurait pu nous faire commencer sans toi.

Tu me mènes à l'Autel s'il te plaît ?


Et elle lui tendit son bras afin qu'il s'en saisisse et lui fasse remonter la petite allée qui la mènerait vers la vie, vers la mort, vers le repentir et l'expiation. De sa main libre, elle rabattit le voile sur ses yeux.

Et dans cet esprit dérangé et pourtant lucide, les paroles s'inscrivaient maintenant. Pas à pas elle avançait, se rapprochait de son Démon, de son Sauveur. La Musique de leurs vies se mêlait à l'air ambiant le laissant presque électrique. Et les mots de ses pensées entonnèrent le chant dédié à l'amère Victoire.

"Il nous faut sceller nos promesses
Il nous faut céder à l'ivresse
Parfois s'ailer, se purifier
Ou se punir les poings liés

Vertu du vice et vice versa
Voici les clés de notre émoi
Un point d'équilibre et d'éole
Entre l'immobile et l'envol

Je veux t'entendre hurler Amen
Pour mieux célébrer notre hymen
Entre les plaisirs confondus
De nos pudeurs et de nos nus

Vertu du vice et vice versa
Il n'y aura pour toi et moi
Pas d'autre loi que celle-là

Ce soir
J'ai repris le droit
D'être épris de toi
Victoria
Ce soir tu t'es prise en toi
Victoria

Je veux m'enfermer avec toi
Et te sentir riche de moi
Pour m'anoblir ou me souiller
Te maudire ou te déifier

Il nous faut prendre par les armes
Ce qui n'émeut plus par les larmes
Au diable le mauvais esprit
Nous vaincrons sans que l'on nous prie

Je veux t'emporter avec moi
Dans ce royaume qui sera
Entre nos âmes immaculées
et nos amants déshabillés

Vertu du vice et vice versa
Vertu du vice et vice versa

Ce soir
J'ai repris le droit
D'être épris de toi
Victoria
Ce soir tu t'es prise en toi
Victoria

[...]

Laisse-toi célébrer l'hymen
En chuchotant l'hymne et l'amen
Entre les plaisirs confondus
De nos pudeurs et de nos nus
Vertu du vice et vice versa
Il n'y aura pour toi et moi
Pas d'autre loi que celles-là"




____________
Merci à la Victoria d'Erikarol
http://www.bide-et-musique.com/song/3864.html
http://www.youtube.com/watch?v=R1jNs21Xy5U&feature=related (désolée pour la mauvaise qualité d'image)

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pierroleon
Monseigneur Pierroléon les accueillit avec un grand sourire et les invita à se placer devant l'autel. Et une fois les futurs époux devant lui, il prit ensuite la parole et s’adressa à l’assemblée :

Chers frères, chères sœurs, bienvenus dans la maison du Très-Haut. Je suis heureux de vous accueillir en ce jour très particulier. En effet, deux âmes ont choisi ce jour pour recevoir des mains de l'Eglise le sacrement qui va faire leur bonheur durant toute leur vie.

Monseigneur Pierroléon s’arrêta alors quelques instant puis reprit :

Nous allons commencer par la lecture d’un passage du Livre des Vertus.

L'évêque se plaça derrière le pupitre et ouvrit le Livre des Vertus. Il se racla la gorge discrètement et commença :



/SPAN>
Citation:
Or, la fille de nos hôtes vint avec une cruche pour nous servir du
pain et du vin, et Christos reconnu celle qui se nommait Natchiachia,
et qui lui avait adressé la parole précédemment, lorsqu’elle était dans la
foule. Natchiachia versa le vin de sa cruche dans la corne de Christos,
et lui demanda :

" Maître, je suis en proie à un profond tourment de l’âme. Je voudrais te
suivre dans tes enseignements, mais j’aime un homme qui habite
ici et qui se nomme Yhonny, je l’aime d’un amour pur comme le
diamant… Que dit Aristote sur cette question que dois-je faire ? "

Christos lui répondit: " Lorsque deux êtres s’aiment d’un amour pur et
qu’ils souhaitent perpétuer notre espèce par la procréation, Dieu leur
permet, par le sacrement du mariage, de vivre leur amour. Cet amour si
pur, vécu dans la vertu, glorifie Dieu, parce qu’Il est amour et que l’amour
que les humains partagent est le plus bel hommage qui puisse lui être fait.
Mais, comme le baptême, le mariage est un engagement à vie, aussi,
Natchiatchia, choisis judicieusement, car une foi que tu auras épousé Yhonny,
vous ne pourrez plus vous y soustraire. "


Le prélat s’arrêta de lire et releva la tête vers ses ouailles :

Mes enfants, le mariage est le plus beau moyen de faire honneur au Très Haut. Car à travers cette union, c’est l’amour, don de Dieu, qui est célébré. Cependant, ne négligez pas le fait que c'est devant le Très-Haut que vous allez sceller votre union. Dès lors, votre objectif sera, tout au long de votre vie, de faire honneur à ce serment. Il vous faudra être digne de l’amour de l’autre.

En outre, le mariage vous permettra, en laissant s’exprimer votre amour, de prétendre à une descendance. Descendance que vous allez devoir éduquer avec amour et respect de la morale aristotélicienne.

Mais n’oubliez pas que le mariage reste unique dans une vie et doit être pris en considération. Chérissez votre conjoint jusqu’à ce que Dieu vous rappelle à lui.


Il se replaça ensuite au milieu de l’autel et reprit :

Je vais maintenant demander à chacun de réciter le Credo afin de montrer notre soutien à nos deux enfants du seigneur.




Dernière édition par pierroleon le Mer 14 Avr - 14:22, édité 1 fois
Guilhem
/SPAN>
Polstephie a écrit:
Je survis, comme tu le vois mon Cher Frère...

Tu sais... Tu pourras toujours te faire désirer en ce qui me concerne. Je t'aurais attendu le temps nécessaire, mais rien n'aurait pu nous faire commencer sans toi.


Tout ce que je vois c'est une Sœur qui rayonne de beauté.

Polstephie a écrit:
Tu me mènes à l'Autel s'il te plaît ?


Guilhem lui donna le bras, et posa son autre main sur son bras entrelacé.
Ils s'avancèrent alors vers l'autel.
Il souriait en la regardant, espérant que ca la réconforte un peu.
Il aurait voulu trouver des mots, mais cela il ne savait.

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Lop_Guilhem
Lop-Guilhem observait attentivement tant les personnes ici présentes et qu'il ne connaissait point que le déroulement de la cérémonie.

Lorsque l'officiant demanda de réciter le credo, il s'exécuta.

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Cristòl
Il nous faut sceller nos promesses
Il nous faut céder à l'ivresse
Parfois s'ailer, se purifier
Ou se punir les poings liés...

Se punir. Se purifier. Et sceller nos promesses... Paula était splendide, objectivement splendide, dans cette robe. Ce n'était pas un regard amoureux que Cristòl posait sur elle. On sait combien ce mariage était davantage une affaire de conscience que d'amour.
Mais la conscience n'empêche pas que l'on apprécie les choses dignes de l'être. Ces formes, cette chair, si généreuse, si rondement désirable, si sensuellement opulente... Cristòl savait pourquoi, quelques années plus tôt, il avait cédé. Pour Margot, et pour la vie. Le corps de Paula avait changé, gagné encore cette chair, si chère, si puissante, si symbolique. Mais déjà à cette époque, il iradiait de la vie donnée et à donner.

Il sentait dans ses bras la petite Aimelina, sa Linèta, cette fille du désir, du péché, et de Margot. Sa petite Fleur de Lin, Fleur de Sìarr. Il déposa sur la joue de l'enfant un baiser, et la posa à terre.


-"Va t'asseoir près de ton frère."

Le Sìarr n'avait pas précisé lequel. Il n'avait même pas songé qu'elle en avait deux...
Guilhem menait Paula à lui. Une ceinture rouge. Il savait ce que cela représentait. Ce sang, cette vie. Margot était présente à leurs noces.

Le regard vairon du Chevalier se tourna vers Jehanne de Volpilhat... Margot...
Et il prit la main de Paula, alors que le prélat commençait son office.

L'amour... Ils seraient l'un et l'autre dignes de l'amour de Margot. L'amour de l'autre était pour chacun, l'amour de Margot. Alors, aucun risque qu'ils ne s'y dérobent. Cette pensée confortait Cristòl, car c'était la seule rassurante.


-"Je crois en Dieu, le Très Haut tout puissant,
Créateur du ciel et de la terre,
Des enfers et du paradis,
Juge de notre âme à l'heure de la mort.

Et en Aristote, son prophète,
Le fils de Nicomaque et de Phaétis
Envoyé pour enseigner la sagesse
et les lois divines de l'Univers aux hommes égarés.

Je crois aussi en Christos,
Né de Maria et de Giosep,
Il a voué sa vie à nous montrer le chemin du paradis
C'est ainsi qu'après avoir souffert sous Ponce,
Il est mort dans le martyre pour nous sauver.
Il a rejoint le soleil où l'attendait Aristote à la droite du Très Haut.

Je crois en l'action divine,
En la Sainte Eglise aristotélicienne romaine, une et indivisible,
En la communion des Saints
En la rémission des péchés
En la vie éternelle.
Amen."

_________________
Jehan de Proisy
Le Fortunat et son épouse se tenaient non loin du Chevalier de Siarr.

Jehan sourit en le voyant s'intéresser à une fillette. Il le connaissait peu dans son intimité et partageait surtout d'autres valeurs de l'Hospital avec lui.

Et puis la distance et le peu de fiabilité de l'acheminement des messages faisaient qu'aussi bien l'un que l'autre ne connaissait de son ami que ce que celui ci avait bien voulu lui confier.

Cette amitié eut pu donc paraitre superficielle si ce n'était la pensée et les mêmes motivations qui guidaient les deux hommes.

Lorsque le Crédo fut entamé Jehan récita en même temps que son "frère" d'une voix sure et sonore mais sans ostentation...


-"Je crois en Dieu, le Très Haut tout puissant,
Créateur du ciel et de la terre,
Des enfers et du paradis,
Juge de notre âme à l'heure de la mort.

Et en Aristote, son prophète,
Le fils de Nicomaque et de Phaétis
Envoyé pour enseigner la sagesse
et les lois divines de l'Univers aux hommes égarés.

Je crois aussi en Christos,
Né de Maria et de Giosep,
Il a voué sa vie à nous montrer le chemin du paradis
C'est ainsi qu'après avoir souffert sous Ponce,
Il est mort dans le martyre pour nous sauver.
Il a rejoint le soleil où l'attendait Aristote à la droite du Très Haut.

Je crois en l'action divine,
En la Sainte Eglise aristotélicienne romaine, une et indivisible,
En la communion des Saints
En la rémission des péchés
En la vie éternelle.
Amen."

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Aimelina
La petite infirme, déposée au sol par son père, trotta jusqu'au banc où étaient assis Eilinn, Jehanne Elissa, Guilhem de Chauconin. Elle prit place à côté de lui, à côté du mur aussi, de sorte qu'il était à sa droite, et son moignon gauche, relégué dans un coin où personne ne regardait. Elle pouvait, de sa main droite, serrer le bras de Guillaume, ce qu'elle fit sans honte, car elle poussait comme la mauvaise herbe, sans se soucier, on l'a vu, du bien, du mal, et de ce qu'il faut faire et ce qu'il ne faut pas faire.

Serrée contre son beau frère, blond et aimable, elle ânonna son credo, qu'elle avait bien appris en vue d'un baptême... Prochain ?

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Aimelina, dite Lineta en òc, c'est-à-dire « lin à petites feuilles »

Polstephie
Si elle n'avait pas été voilée de cette dentelle noire, Guilhem aurait sans doute vu rougir légèrement les joues de sa sœur au compliment qu'il lui offrit de façon sincère. Il prit son bras et la mena à l'Autel, à Cristòl, à Margot... Il souriait à ses côtés, et son sourire fut un réconfort pour le cœur de Paula qui battit au rythme de ses pas.

Linèta quitta les bras de son père et gagna sa place auprès de ce frère que plus tard elle et sa mère apprendraient à connaître. La femme fut touchée de ce qu'elle voyait, de ce portrait tendre d'un père aimant et de son enfant, ses enfants... Linèta s'épanouissait depuis qu'elle avait enfin rencontré ce père que sa mère lui avait volé et cela ne faisait que ronger plus encore Paula...


Quand Cristòl lui prit la main, ce fut délicat et pudique, comme un îlot de confiance quand tout s'écroulait dans tous les sens. En ces lieux flottait un Silence apaisant. Loin du bruit des sourires faux, alors qu'il entamait le Credo, elle entendit sa voix sonner et elle pria pour que personne ne dérange ce qu'il lui donnait. Et ce qu'il lui offrait, peut-être sans le savoir, c'était Margot. Margot et son Amour Universel. Margot dans tout ce qu'elle avait de plus beau, dans toute sa grâce, dans toute sa folie également...

Et la voix de Paula se mêla à celle de son promis alors qu'elle affirmait sa croyance...

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Guillaume de Chauconin
Mazette, mais il la connaissait, en fait, la future de papaaaaaaaaa. Quel butor il faisait, lui, aussi. Il avait logé la veille dans le même castel. Et les filles qui la précédaient, elles aussi, il les connaissait. Nan, mais c'est quoi ça pour une mémoire de poisson rouge ? Comment il avait pu l'oublier ? Pour un peu, il se serait claqué la tête au prie-dieu, histoire de ranger un peu la caboche. Ouais, parce que niveau rangement, le Guillaume, ou Guilhem ici, mais ça il y était pas encore habitué, il a une technique bien à lui. On sert, on sert et si ça casse pas c'est que c'est bon comme ça. Vous auriez vu sa malle, à Chauconin, une chatte n'y r'trouverait pas ses jeunes, comme disait souvent sa mère, qui s'en amusait.

D'autant que, soyons claire, l'une comme l'autre ne voyaient le futur du bâtard que dans l'élite. Donc toute l'intendance, clairement, c'était pas son souci. Il aurait des domestiques bien assez vite. Alors, pourquoi apprendre des choses qui lui serviraient plus d'ici quelques années ? Valait mieux apprendre à bien parler et à entraîner sa mémoire... Quoique dans le domaine, c'était pas concluant concluant. Mais bon, quoiqu'il en soit, il a évité la honte de pas se souvenir du nom d'sa bientôt belle-maman d'vant tout le monde, donc l'honneur est sauf. Celui du narrateur, qui avait déjà pas besoin de ça, par contre...

Bref, peu à peu, son cou reprenait une position « normale ». Merci aux Languedociens qui avaient choisi de se rapprocher du chœur. Parce que sans ça, c'est le foutage en l'air de colonne qu'il risquait. Ce qui lui permettait, aussi, de mieux apprécier l'assistance. Notez, quand je dis apprécier, je ne dis pas « goûter », mais plutôt « appréhender ». S'ils étaient là, c'est qu'ils devaient être proches de papaaaaaaaa, et que donc il vaudrait mieux savoir les reconnaître la prochaine fois, eux...

Déjà, il y avait la comtesse qui, soyons honnêtes, n'avaient pas des masses de défauts esthétiques. Léger sourire intérieur du garçon qui déjà sent un fourmillement intérieur quand il croise de belles dames. D'ailleurs, s'il se posait la question un jour, il ne saurait même pas dire pourquoi il les trouvaient belles. Même si maman était hors concours, logique, elle s'appelle Margot (Margot de Chauconin, Margot de Volpihat, drôle, humour...), on peut pas dire que l'village qui le voit grandir soit un repaire à biches, comme le disait le Dédé, l'gars qui joue avec le feu, logique, son père est forg'ron. Et les terres du vicomte hospitalier sont pas non plus des plus courues. Ou alors c'est l'exotisme, le fait que celles qu'il croise maint'nant r'semble pas à celles qu'il croise là-bas... Ptèt ben...

Et clair que niveau contraste, entre Meaux et Vinassan, yavait de la marge. Puis yavait c'ui qui tenait la comtesse par le bras. Ca, c'était aut'chose. Le gars avait vécu, clair, mais pas les mains dans le purin. Ca avait pas l'air beaucoup plus joyeux, à voir son visage. Yavait pas un pet de graisse dessus, et même si c'était fête aujourd'hui, il gardait un air... différent. Et ça, ça énerve le Chauconin. De pas savoir ce que c'est. Donc, dans son esprit, une ligne se rajoute. Savoir qui c'est, lui, et savoir pourquoi il est comme ça.

Puis venaient les filles, les futures belles-sœurs et déjà belles enfants. Vivantes, elles aussi, comme la sienne, de sœur. Ce que ça devait être facile d'être heureux, quand on était riche, pensa alors Guillaume. Pas qu'il ait souffert de pauvreté. Deux vicomtes veillaient à leur subsistance, à maman et à lui, à ce qu'il avait compris. Donc ils avaient jamais eu trop de souci. Mais là, c'était différent. C'était une vraie richesse, pas juste une aisance qui vous mettait à l'abri des soucis primaires. Une de celles qu'on ne pouvait vous enlever, parce qu'elle était inhérente à ce que vous étiez. Pas une qu'on ne recevait que pour avoir joué dans un baquet d'eau, ajouterait l'omniscient narrateur...

Rapide regard sur les Hospitaliers, déjà détaillés tout à l'heure, mais arrêt plus long sur un autre enfant. A vue d'œil, pas beaucoup plus âgé que lui, une poignée d'années tout au plus. Aisé aussi, très aisé, à en juger par son apparence. Pas particulièrement jouasse, mais pas non plus en pleurs. Plutôt quelqu'un qu'on sait pas trop ce qu'il fait dans le coin, et qu'on se demande s'il le sait, lui. On tente l'identification par pensée ? Allez, on essaye. C'est pas l'fils de papaaaaaaaaaa. Parce que papaaaaaaaaa a pas d'autre fils qu'un bâtard. C'est pas le fils du blond, parce qu'il lui r'semble pas, ni à son épouse. Donc ça doit être à la comtesse. Futur demi-frère, en somme. Mon Dieu, mais il choppe les sept familles en un seul coup, là, le Chauconin. Ca va en faire de la marmaille, tout ça. Du Nord, il partit seul, mais par un prompt renfort il se vit avec trois sœurs et un frère. Ca commence bien comme histoire, non ?

Et voila, il avait fait le tour, il ne restait plus que le curé. 'Fin le prélat. Parce que c'était pas un curé de campagne, ça. Mais quand il allait reprendre son étude de l'homme en robe, il sentit une effluve connue lui chatouiller les narines. L'odeur de la petite fleur était proche de lui, rapidement suivie d'une insistante pression au niveau du bras.

Et hop, re-explosion de la ceinture de pierre dont il essaye de protéger son cœur. Nan, mais comment vous voulez y résister, vous, à ça ? Pas moyen. Et avec les remparts, ce sont les convenances qui explosent. L'envie de rire le reprend, comme quand il court à en perdre haleine dans les vignes, entre les villageois ou sur la place du hameau. Le plaisir de vivre, simplement. Le plaisir de vivre simplement. Là, sur le moment, dans le non-lieu où son esprit était, il n'aurait rien demandé de plus. Un peu d'eau fraîche, tout au plus. Manger les raisins à la grappe, regarder les écureuils sauter de branches en branches, et voir le sourire illuminer le visage enfantin. Son royaume, il l'aurait donné pour cela, pour rien de plus. Certains réclament un cheval, lui ne voudrait que la joie de Lineta. Et pour couronner le tout, c'est un baiser qu'il dépose, souriant, simplement heureux, sur le front ceint de boucles brunes.


« Cher frère, chère sœur... » Quoi ? C'est à lui, c'est à eux qu'on parle ? D'un coup l'enfant a disparu, les murailles sont redressées, le regard se fait plus décidé, plus sec aussi peut-être, et vient se jeter sur l'évêque. Pourquoi il veut lui parler maintenant, lui ? « bienvenus dans la maison du Très-Haut » Ah oui mais non, en fait, il parle à tous ceux qui sont là. Donc en fait, c'était un pluriel, pas un singulier, ya deux secondes. Poitrine qui se rabaisse en expectorant un soupir de soulagement. C'est qu'il se sentait pas d'être au centre des attentions, du tout. On était pas là pour lui, on était là pour le vicomte de Fenouillèdes, baron de Saint-Félix et chevalier, futur comte de Gévaudan et baron d'Alaigne, si pas dans les actes au moins dans les faits, aussi appelé papaaaaaaaaa.

Et la robe continue à parler, et bien. Et c'est pas que parce qu'elle lisait que Guillaume pensait ça. Nan, c'est parce que le mec, il savait comment faire pour bien blablatter. Sans achopper ou quoi que ce soit. Du vrai boulot de pro. Et même s'il trouvait les prénoms d'l'histoire ridicules, ça changeait rien à la donne. Il savait c'qu'il faisait, pour sur. Et en plus, c'qu'il disait, c'était pas discours d'ivrogne, ça nan. C'qui fait que l'enfant qui court, qui rit, qui vit se transforma instantanément en un fidèle convaincu. Et le credo lui vient naturellement, retenu depuis les premières leçons, assimilé et intériorisé depuis plusieurs années, depuis qu'une prière du soir avait sauvé son oie, Martina, qui s'était ramassé l'pèpète de Robert, un d'ses cochons, su'l'dos. Ouais, parce que Chauconin, ya pas que les gens qu'il surnomme, ya aussi les animaux, surtout les siens. Ben depuis c'jour là, la foi, elle est ancrée en lui pire que l'gout des chouquettes chez Llyr di Maggio. C'est dire.

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Jehanne Elissa
Vous avez déjà tenté l’expérience de l’immobilité la plus totale ? Oui, non ? Et bien pour la petite Vicomtesse c’est la première fois et surement la dernière. Depuis maintenant bien trop longtemps à son goût elle est là, assise, immobile, statue rouquine à fixer le plus fooort possible les pierres de l’autel. Elle fixe, fixe, tente de ne pas ciller mais hop, des cils qui clignent et aaah cette envie de regarder qui entre dans la Chapelle, fichue curiosité, cette envie de se tourner vers Eilinn et s’excuser, s’excuser autant quelle le peut de son attitude et lui expliquer dans les moindres détails ses tenants et aboutissants. Et ce Guillaume à côté, être intriguant, « français » bâtard de Cristol donc pas tout à fait français mais qui semble pourtant gentil. Oui, elle aimerait bien être la Jehanne Elissa habituelle aujourd’hui et lui faire bonne impression, dans ses jours sans embûches, n’est elle pas prédisposée à aimer le monde entier et plus encore ? Mais non, fixer, ne pas ciller. Penser à sa mère. Être le spectre de sa mère.

Mais ces belles prouesses dictées par une colère enfantine digne de ces gens pratiquant l’art contemporain ayant pour objectif de rester sans parler, sans manger, sans boire, sans bouger plus de 72H dans un cagibi ou même un balais n’aimerait pas loger, ou alors ces chers moines tibétains si on veut la jouer un peu plus spirituel se trouvent complètement détruites quand une petite tornade brune vient lui passer un bras autour du cou, la faisant ainsi chanceler et déposer un baiser bien sonore sur sa joue. Aimelina.

Les mirettes vertes se posent alors sur l’enfant, cette enfant quelle était encore il y a quelques années. Bon certes elle n’est pas ado encore la petite VOLPILHAT –et pas volpihat !- mais en cette heure elle a l’impression d’être une vieille grand-mère fripée, courbée, raide et aride concernant tout domaine afférant à la sensualité. Peut-être même aigrie aussi. Alors ce baiser, ces gestes rapides et sans fard, cette gentillesse sans borne et cette vivacité lui font un peu envie. Si elle n’était pas si morose elle serait comme elle. Si elle n’assistait pas à ce fichu mariage elle aussi déposerais des baisers sonores à tout le monde, grignotant des nougats et des gâteaux aux amendes avec Eilinn et partant, sans crier gare, courir après un lapin dans les champs, rires au éclats et s’affaler dans l’herbe les joues rosies. Lineta… Un sourire tendre vient adoucir la Volpilhat.

Elle laisse cette petite brune recueillie par Tant Pol s’asseoir aux côtés du dénommé Guillaume et tourne à nouveau le visage vers l’autel, le cœur serré. Après tout, pourquoi s’impose t-elle ce mutisme ? Ah oui, son côté Appérault. Et surtout sa mère. Elle doit être le souvenir de sa mère, sa mère qui est l’excuse de ce mariage, l’image d’archange de sa mère dont on se sert pour justifier une union elle ne sait même pas pourquoi. C’est vrai, pourquoi ? On ne lui avait pas répondu du moins Tante Pol, qui s’était montré elliptique sur le sujet voire carrément vaseuse en prônant en plus le Très-Haut. Alors vu quelle ne sait pas pourquoi on utilise sa mère, elle le sera. Et peut-être que ça leur ferra peur, peut-être que ça leur rappellera qu’il y a ici, en face d’eux, l’enfant de cette femme aimée qui ne comprends pas et demande des réponses. Il y a ici l’enfant, la chair de la chair, la continuité, la vie de sa mère à qui ont doit un minimum. Ne cherchez pas, les enfants sont étranges.

Alors la cérémonie commence et Jehanne Elissa voit Tante Pol entrer dans la Chapelle au bras d’un homme, son frère, déjà croisé à quelques reprises. Les mirettes vertes inspectent la robe et se font appréciatrices malgré son objectif de la journée ; sa tante était belle pour ce mariage incompris. Sa Tante était une femme. Et sa Tante était une personne ne répondant pas clairement aux questions (mais ceci est une histoire déjà contée hein ?). Silencieuse écoute le prélat et regarde d’un air vague Aimelina revenir s’asseoir après que le Vicomte lui ai dit de rejoindre son frère. Respectueuse et aimante, polie en toutes circonstances, aimable et douce, bonne et généreuse -hors sujet, je sais- de la religion elle commence gentiment à marmonner son credo.


- « Je crois en Dieu, le Très Haut tout puissant,
Créateur du ciel et de la terre,
Des enfers et du paradis,
Juge de notre âme à l'heure de la mort.

Et en Aristote, son prophète,
Le fils de Nicomaque et de Phaétis
Envoyé pour enseigner la sagesse
et les lois divines de l'Univers aux hommes égarés.

Je crois aussi en Christos,
Né de Maria et de Giosep,
Il a voué sa vie à nous montrer…


Pardon? Auprès de son frère?

- « Le chemin du paradis
C'est ainsi qu'après avoir souffert sous Ponce,
Il est mort dans le martyre pour nous sauver.
Il a rejoint le soleil où l'attendait Aristote à la droite du Très Haut.

Je crois en l'action divine,
En la Sainte Eglise aristotélicienne romaine, une et indivisible,
En la communion des Saints
En la rémission des péchés
En la vie éternelle.
Amen.


Regard interloqué qui va de Guillaume à Aimelina, passant par Tante Pol et Cristol, puis de Guillaume à cristol, de Cristol à Aimelina, d’Aimelina à Tante Pol, de… Pardon ? Frère et… Sœur ? Mais… Pourq… Aimelina n’était-elle pas… Une enfant reccueillie ? QUOI ? Ils se mariaient car tante Pol avait péché avec Cristol il y a huit ans ? Tante pol avait trompé oncle Legueux ? Mais… Elle se tourne vers Eilinn, les yeux ronds comme des soucoupes pour savoir si elle a compris la même chose quelle. N’attendant pas de réponse, elle sursaute, se décale sur le banc comme si, sait-on jamais, Guillaume était un espèce de pestiféré lâché par un médicastre un peu fou et regarde à nouveau les futurs mariés. Mais qu’est ce que sa mère avait à faire là-dedans, dans l’adultère de tante Pol ? Non ce n’était pas possible, elle se trompait, ils ne pouvaient pas… Alors que ça ne se fait pas, alors que c’est pas poli même si elle s’exprime d’un murmure son agitation doit être visible dans une si petite assemblée et que ça ne respecte pas les convenances elle regarde Aimelina et Guillaume et demande simplement, le visage toujours autant surpris et l'esprit plus égaré que jamais:

- « Vous êtes… Frère et sœur ? »
Aimelina
La petite Aimelina ignorait tout des connexions bizarres et sans fondement a priori - quoique pour une grande part, fort justes au final - qui s'étaient opérées dans l'esprit de Jehanne Elissa.
La question en revanche, qu'elle entendit venir de la droite, alors que la Volpilhat s'était écartée de son frère, l'interloqua. Elle pencha la tête pour avoir Jehanne dans son champ de vision, et lui fit un adorable sourire, en murmurant :


-« Mais oui ! On a le même papààààà ! »

Quant à la maman, cela importait peu. Aimelina ne se sentait pas concernée par le mariage. Parce qu'il ne changerait rien à sa vie. Parce qu'elle n'hériterait de rien, parce qu'elle resterait la bâtarde. Cristòl épousait l'Alanha, non sa mère.

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Aimelina, dite Lineta en òc, c'est-à-dire « lin à petites feuilles »

Eilinn Melani
Ce fut avec un soulagement certain qu'Eilinn vit la messe débuter. Trop de tensions, trop de non-dits dans l'ether, trop de secrets qui sourdaient des pierres sur cet hymenée.

Et un de ces secrets fut alors révélé, et elle surprit l'expression de surprise pantoise de Jehanne Elissa, qui se prit soudain de murmurer pendant la cérémonie. La bienséance aurait voulu qu'Eilinn lui demande de rester tranquille, mais la curiosité fut plus forte, et elle suivit la conversation à demi-mots entre la Goupil et la fillette.

Eilinn, abasourdie (un peu comme sur sa bannière d'ailleurs, avec cet air profondément intelligent et vif) tenta d'assembler dans sa tête d'oiselet les implications des paroles d'Aimelina. Après un intense moment de réflexion ou elle manqua perdre le fil de son crédo, elle comprit que ce lien de parenté entre Guillaume et Aimelina était du à l'accomplissement du péché hors-mariage, et la tenue de ce mariage prenait alors tout son sens : fallait bien une mère pour élever tout ça.

Visiblement, la nouvelle semblait choquer Jehanne Elissa. Et autant la fillette s'était retenue avant la messe, autant ici elle posa une main rassurante, fraiche comme l'était la chapelle, sur le bras de la Vicomtesse, pour, peut-être, tenter d'adoucir son agitation. Et de finir de réciter consciencieusement son credo, tout de même.

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Guillaume de Chauconin
Et tout d'un coup, tout change. La Renarde, si elle ne glapit pas, saute presque de côté comme si on l'eut menacée avec un braquemart. Ca, c'est un mot qu'adorait Guillaume. Il l'avait appris ya bien longtemps, au soir d'une chasse aux alentours de la vicomté, et il s'amusait du double sens. Un sens préféré par les dames, et un autre préféré par les hommes, que lui avait dit dans un gros rire gras Jeannet, un de ceux qui veillent sur les chiens vicomtaux. Et comme souvent quand un adulte lui disait quelque chose, le garçon le prenait pour vérité révélée. Ca n'allait pas sans lui poser d'problème, d'ailleurs, mais ça, c'était une autre histoire.

Le tout était de savoir quel genre de braquemart aurait pu avoir autant d'effet sur la vicomtesse. Parce que là, c'était pas un petit sursaut de rien du tout, non, c'était une vraie fuite. 'Fin, fuite, autant que ce que pouvait l'être une réaction noble sur des bancs d'église. Après que l'étonnement et la déception se soient peints sur son visage, trop déconcerté pour essayer de se façonner un masque d'impassibilité, le bâtard avait entendu sa sœur répondre.

Et il acquiesce, le visage toujours tordu dans toutes les directions. Pour un peu, ne serait-ce le credo qu'il vient de réciter, il en aurait oublié qu'il était dans une église et qu'il devait y respecter le silence.


« Si fait, nous sommes bien frères et sœurs. Du moins, par notre père, là, il avait du se retenir de dire papaaaaaaaaaaa, puisque ma mère est l'une des servantes de votre grand-père et que... Viiiiiiiiiiiiamp!!! Ah ouais, mais c'est juste ça, c'est qui la mère de sa sœur ? Papaaaaaaaaaa n'lui avait rien dit, sur le sujet. A moins que ça aussi il l'ait oublié... Non, il s'en serait souvenu. Conclusion simple, du coup. Si les Anglais ont eu avec Warwick un kingmaker, 'fin auront vu l'époque, les Français ont avec le Sìarr un bastardmaker. Le tout est de voir ce qui est le mieux. Et non, être un bâtard de Warwick n'est pas une réponse envisageable!!! Donc... j'ignore qui est celle de ma sœur ».

Et regard qui fait retour à la fleur de lin. Toute épanouie, qui elle non plus n'a pas l'air de voir le mal dans la bâtardise. Regard qui veut dire tant et si peu à la fois. « Qu'importe qui t'enfanta, tu es et resteras ma sœur. Et toi, comment vis-tu sans mère officielle, dans la condamnation de l'Eglise ? Promis, toujours, je serais là pour toi, à cause de papaaaaaaaa, à cause de toi, à cause de nous ».

Longue et courte contemplation de son visage, courte et longue plongée dans ses iris, puis retour à la Volpilhat, et à son amie. Meilanni, nom qui ne veut toujours pas sortir de l'espace sombre de sa mémoire où il se terre. Sourire qui lui est envoyé, tout de même, pour la remercier d'ainsi calmer sa voisine de banc. Ce qu'il a perdu en joie et curiosité, Guillaume l'a gagné en sérieux et réflexion. Ce qui se passe ici était loin d'être prévu, jeune homme, et c'est toi, sans rien savoir de plus que les autres, qui va devoir gérer ça. Alors, content qu'un jour ta mère t'ait dit que ton père était un chevalier de passage et non un charretier ?

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Jehanne Elissa
Un regard sur Aimelina. Un autre sur Guillaume. Puis un autre sur Cristol. Cristol. Aimelina. Guillaume. Bon. La petite Vicomtesse arrête un peu sa gymnastique des yeux et se force, s’oblige, s’astreint, s’use, se suuuurpasse pour reprendre une respiration normale et surtout des pensées un peu plus claires. Une main vient se poser sur son épaule et à la taille de celle-ci, la fraîcheur et sa délicatesse elle sait sans se retourner qu’il s’agit d’Eilinn. Qu’avait-elle comprit ? Quelle ne comprenait pas ? En tout cas quelque chose avait aussi troublé son âme et esprit d’enfant.

Aimeina et Guillaume étaient l’engeance de Cristol, soit. On pouvait même trouver des airs du père chez les deux enfants ; de toute façon vous n’avez jamais remarqué qu’une fois qu’on connaît un lien de parenté on trouve touuujours de nouveaux airs, ressemblances qui vous lient par l’attitude à une blonde d’un mètre quatre vingt alors que vous une petit brune, ou inversement, et ça marche aussi avec les hommes. Enfin bref. Elle connait mal Cristol la petite Goupil, avant l’annonce de ce mariage il était une personne mystérieuse et secrète. Elle n’avait que rarement l’occasion de le voir et pourtant, pourtant, à chaque fois elle était conquise par ce beau regard si plein de choses qu’il posait sur elle. Elle ne savait jamais s’il était heureux ou triste, contraint ou libre, elle ne savait et tous ces tourments quelle avait l’impression de voir –un visage est pour elle tourmenté si il n’exprime pas la joie hein…- peints sur ses traits la fascinaient et avaient immédiatement donné une autre dimension à l’homme. C’est pour ça quelle été allée à cette fameuse Assemblée Nobiliaire le cœur heureux. Et quelle en était revenue pleine de questions et de colère.

Bien, alors Cristol avait eu des enfants avant de se marier. En soi ce n’est pas si rare comme problème mais c’est le premier quelle voit dans son entourage proche, dans la noblesse, son premier cas réel. Et oui car elle connaît quand même un peu le problème… Un jour alors quelle avait entendu dans la rue de Mende une mère pleurer contre les bâtards de celui qui devait être son époux, elle était montée s’en plaindre à son maître et là elle avait appris quelque chose d’exceptionnellement étrange : un homme avait plus « le droit » d’avoir des bâtards soit de succomber au péché de la chair avant le mariage, ce « droit » tenait plus de coutume tandis que la femme, elle devait rester intouchée. Mais intouchée de quoi, maître, ou de qui ? Nous verrons ça plus tard. Et si je ne sais pas quel est ce « toucher » comment savoir que je ne le ferrais pas, Maître ? Privée de sucreries et broderie pour le mois ! Ah oui, pendant un mois, elle n’avait pris aucun risque. Mais il y a avait toujours ce mot, « intouchée » qui de temps en temps venait la travailler, la faire réfléchir, la perturber et surtout l’inquiéter. Ne jamais se faire toucher par quoique, qui que, se soit. C’est donc le piedestal sur lequel avait été posé le Vicomte de Fenouillèdes, cette image de chavlier un peu mystérieux qui venait de tomber aujourd’hui ; il n’était qu’on homme comme ces gueux qui font des enfants hors mariage.

Mais je divague, le mystère du père est donné mais celui qui nous intrigue tous en ce lieu, qui a créé moult et moult relectures et même réécritures parceque j’ai toujours pas appris à me relire : la maman. La petite Volpilhat avait pensé à Tante Pol, immédiatement mais sans y croire vraiment. Elle ne croit pas au fond que Tante Pol peut-être leur mère à tous deux comme moi je ne crois pas vraiment que je ne vais pas épouser le Prince William, vous voyez ? Je vais épouser le Prince William, c’est certain, et Tante Pol ne peut pas être la mère des deux bâtards du Vicomte de Fenouillèdes. Ce sont des certitudes que l’on a en nous, souvent dictées par le cœur et la croyance que l’on a dans les gens et en soi (ça, c’est pour mon futur mariage royal). Et pourtant, ça avait été si facile de penser Tante Pol mère… Les mirettes vertes se posent sur la belle rousse toute en formes. Elle est La Mère. La Mère aimante qui donne et partage sans compter, donne son amour et partage ses biens, sa vie, sans rien demander en retour et sans aucune limite. Elle est La Mère nourricière qui avait subvenu à tous ses besoins mais aussi ceux d’Eirwen, des jumelles, de Lop, Aimelina et les siens. Tant d’enfants et aucun dans le besoin. Elle est La Mère protectrice qui ne les laisse jamais sortir sans escorte et garde toujours un œil bienveillant sur là ou on se trouve, ce que l’on fait. Elle est La Mère éducatrice qui n’a pas épargné un des enfants dont elle a la charge de leçons et d’instruction, ce qui fait d’eux tous des individus prêts à entrer dans la vie avec le bagage nécessaire à être de dignes héritières de leur nom. La petite Goupil n’avait jamais vraiment vu d’autre mère en fait, jamais vraiment rencontré. Elle voyait bien les mères gueuses mais elles ne souffraient pas la comparaison avec une mère noble. Et des mères nobles, elle ne connaît que Tante Pol. Il est donc d’une logique enfantine –ah ah- que son esprit plein d’élucubrations farfelues se soit tourné vers elle, elle La Mère, elle qui avait recueilli Aimelina, elle qui se mariait ce jour. Tante Pol, si elle l’avait il est vrai relativement diabolisée ces derniers jours dans son rôle de Femme, épouse et veuve, restait tout de même une sorte d’idéal maternel, un idéal d’éducation, juste après sa mère, et elle était persuadée qu’elle penserait encore ceci une fois adulte, une fois lâchée dans les tumultes de la vie, une fois adulte.

Alors elle ne sait qu’en penser. Elle ne sait pas, ne veut pas que ses idées les plus folles soient avérées. Elle ne veut pas être choquée d’autre chose, elle veut juste tenter d’accepter la réalité choquante du Vicomte, les traits derrière le masque du Chevalier, elle veut juste le voir comme un homme pécheur, un homme comme les autres. Et c’est une image entière à reconstruire car il était quelques instants avant considéré comme un pair d'Actarius. Son regard se pose alors sur Guillaume et Aimelina, mi-triste mi-compatissant. La bâtardise. Au moins ils connaissaient leur père. Et si Aimelina n’avait pas fait de réflexion quant à la mère c’est que ça devait être une dame quelconque autrement elle l’aurait forcément dit, dans sa naïveté enfantine. Elle soupire et se tourne à nouveau vers ses voisins. Et là, étrangement, des pensées envieuses viennent faire un boucan de tous les diables sous les cheveux roux. Ils avaient leur père mais pas leur mère. Elle avait ni son père, ni sa mère et n’avait entendu que des paroles coléreuses sur le premier. Tous les parents sont-ils donc si étranges ?

Allons, ce n’est pas l’heure a la jalousie et encore moins à la question quelle a posé... Quelle regrette déjà. Elle se tait et regarde à nouveau l’autel en évitant bien soigneusement de ne pas fixer les futurs mariés ; oui, les pierres c’est cool. C’est cool. Et si… Non. Mais… Non. Silence.

Et a la petite main blanche de serrer celle d’Eilinn sur son épaule avant de retourner sagement dans son giron. Tu apprendras jeune Volpilhat que toute bonne vérité n’est pas bonne à dire, ni à entendre. Et elle pourra rajouter à demander. Car pour sur elle ne cherchera pas plus loin, son quota de choses bizarres elle l’a atteint.
leello
Avec son époux, Leello avait entamé le récit de son crédo.

"Je crois en Dieu, le Très Haut tout puissant,
Créateur du ciel et de la terre,
Des enfers et du paradis,
Juge de notre âme à l'heure de la mort.

Et en Aristote, son prophète,
Le fils de Nicomaque et de Phaétis
Envoyé pour enseigner la sagesse
et les lois divines de l'Univers aux hommes égarés.

Je crois aussi en Christos,
Né de Maria et de Giosep,
Il a voué sa vie à nous montrer le chemin du paradis
C'est ainsi qu'après avoir souffert sous Ponce,
Il est mort dans le martyre pour nous sauver.
Il a rejoint le soleil où l'attendait Aristote à la droite du Très Haut.

Je crois en l'action divine,
En la Sainte Eglise aristotélicienne romaine, une et indivisible,
En la communion des Saints
En la rémission des péchés
En la vie éternelle.
Amen."


Les lieux étaient propices au recueillement et elle comprenait que son époux avait ressenti le besoin d'aller prier un moment.
Doucement la cérémonie avançait.

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