Aethys
Les docks. Dans les bas-fonds de Montauban, existait un monde que tous ne souhaitaient voir. Un monde gris et sordide, empli de bruissements atroces et pervers. Un monde de soulards et de marins aigris, de brutes mauvaises et de voleurs, la lame à la main. Un monde où les bateaux échoués pourrissaient et se débitaient en morceaux suintants, où les vies se délitaient en lambeaux sanglants. Un monde dun chaos que tous évitaient. Tous
ou presque
Et au détour dune ruelle, la puanteur, brutale et agressive, de celle qui ne saisissait pas seulement les narines mais qui se répandait insidieusement dans la gorge en un torrent visqueux. Plissements de nez, grimaces délicates, jurons et prémices de nausées acides. Au relent de poissons depuis longtemps pourrissants se mêlait une odeur plus âcre et tenace. Un parfum subtil de fer, le goût du sang.
Entre deux bâtiments des docks aux murs moites, gisait une silhouette informe, recourbée selon des angles improbables. Une flaque de sang sécoulait en de fins sillons, veines vermillon sur la crasse grisâtre des pavés. Une masse autrefois brune semmêlait désormais sur un visage au teint livide, le dissimulant au monde. Des paupières bleues couvraient un regard qui ne voyait plus depuis de longues heures déjà. Des vêtements détrempés, aux tâches indéterminables, sattardaient sur les aspérités du sol inégal, recouvrant un corps déchiré de multiples plaies bouffies et rougeâtres. Un rat trainait non loin, observant de ses yeux rouges sa possible proie du soir mais il nétait pas seul. Un chien affamé grognait sourdement, assis au coin de la ruelle. Loin au dessus deux, les cieux se déchirèrent dans un fracas monstrueux et les trombes deaux sabattirent sur la terre, recouvrant la sordide scène. Aucun ne bougea et pourtant
Le néant Tout nest que néant et silence. Ma pensée sétiole et je la perds lentement. Ou suis-je ? Qui suis-je ? Ma mémoire me fuit et mon crâne se fend. De leau Partout de leau Elle mentoure, me berce, me noie Je me noie Leau menvahit, sécoule en moi. Jai froid si froid et jai mal. Mon corps que je croyais oublié, mort, le voici qui se rappelle à moi, douloureusement. Je me crispe et tout se trouble. Ma douleur se fait aigue. De leau à nouveau sur mon visage. Serait ce des larmes ? Tant de larmes, non il pleut. Il pleut sur mon corps prostré. Qua-t-il bien pu marriver ?
Les paupières sagitèrent lentement, papillonnantes et hésitantes. Des plis de souffrance ridèrent la peau translucide. Les muscles se tendirent lentement mais revinrent rapidement à leur position dorigine. Non, pas encore Un instant Un instant de quiétude étrange. Un éclair aveuglant se posa sur elle, à nouveau, traversant les rideaux ondulants de la pluie.
Des pas approchaient. Elle ne les percevait pas mais pourtant, ils claquaient sur les pavés des docks, avec la fermeté de la réalité qui lattendait. Le chien battit en retraite sous la menace dun coup de bottes bien senti. Le rat ne fut plus quune ombre, deux points brillants dans le recoin dun tonneau percé. Mais le corps dAethys ne put esquisser le moindre mouvement. Son esprit séveilla cependant et se tendit brutalement vers celui ou celle qui se tenait désormais devant elle.
Eloignez vous ! Ne me regardez pas !
_________________
Et au détour dune ruelle, la puanteur, brutale et agressive, de celle qui ne saisissait pas seulement les narines mais qui se répandait insidieusement dans la gorge en un torrent visqueux. Plissements de nez, grimaces délicates, jurons et prémices de nausées acides. Au relent de poissons depuis longtemps pourrissants se mêlait une odeur plus âcre et tenace. Un parfum subtil de fer, le goût du sang.
Entre deux bâtiments des docks aux murs moites, gisait une silhouette informe, recourbée selon des angles improbables. Une flaque de sang sécoulait en de fins sillons, veines vermillon sur la crasse grisâtre des pavés. Une masse autrefois brune semmêlait désormais sur un visage au teint livide, le dissimulant au monde. Des paupières bleues couvraient un regard qui ne voyait plus depuis de longues heures déjà. Des vêtements détrempés, aux tâches indéterminables, sattardaient sur les aspérités du sol inégal, recouvrant un corps déchiré de multiples plaies bouffies et rougeâtres. Un rat trainait non loin, observant de ses yeux rouges sa possible proie du soir mais il nétait pas seul. Un chien affamé grognait sourdement, assis au coin de la ruelle. Loin au dessus deux, les cieux se déchirèrent dans un fracas monstrueux et les trombes deaux sabattirent sur la terre, recouvrant la sordide scène. Aucun ne bougea et pourtant
Le néant Tout nest que néant et silence. Ma pensée sétiole et je la perds lentement. Ou suis-je ? Qui suis-je ? Ma mémoire me fuit et mon crâne se fend. De leau Partout de leau Elle mentoure, me berce, me noie Je me noie Leau menvahit, sécoule en moi. Jai froid si froid et jai mal. Mon corps que je croyais oublié, mort, le voici qui se rappelle à moi, douloureusement. Je me crispe et tout se trouble. Ma douleur se fait aigue. De leau à nouveau sur mon visage. Serait ce des larmes ? Tant de larmes, non il pleut. Il pleut sur mon corps prostré. Qua-t-il bien pu marriver ?
Les paupières sagitèrent lentement, papillonnantes et hésitantes. Des plis de souffrance ridèrent la peau translucide. Les muscles se tendirent lentement mais revinrent rapidement à leur position dorigine. Non, pas encore Un instant Un instant de quiétude étrange. Un éclair aveuglant se posa sur elle, à nouveau, traversant les rideaux ondulants de la pluie.
Des pas approchaient. Elle ne les percevait pas mais pourtant, ils claquaient sur les pavés des docks, avec la fermeté de la réalité qui lattendait. Le chien battit en retraite sous la menace dun coup de bottes bien senti. Le rat ne fut plus quune ombre, deux points brillants dans le recoin dun tonneau percé. Mais le corps dAethys ne put esquisser le moindre mouvement. Son esprit séveilla cependant et se tendit brutalement vers celui ou celle qui se tenait désormais devant elle.
Eloignez vous ! Ne me regardez pas !
_________________