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[RP] Voyage en Berry pour mariage et autres.

--Alaric


Encore jeune adolescent, Alaric appartenait à la corporation des messagers. Tout comme son père, et son grand père avant lui. En tant que premier garçon de la maisonnée, il savait qu'il reprendrait le flambeau paternelle depuis sa petite enfance. Et aujourd'hui, c'était le grand jour! Après quelques années passées à remplir les corvées du relais de Saint Aignan, il pouvait enfin revêtir les vêtements de messager. Quel fier allure il avait alors! Il pensait déja à son retour dans sa ville natale, lorsqu'il pourrait se vanter de ses aventures auprès de ses amis... Et Cécilia... à coup sûr, elle ne l'ignorerait plus désormais!

Avisant enfin Sancerre après ce petit périple, il songea qu'il n'était pas encore revenu. Surtout avec cette foutue vieille jument de Baie qui ne se pressait pas vraiment. Son père avait naturellement refusé qu'il prenne Blanche. Et il restait à trouvait la dame dans Sancerre. Il s'y était déja rendu avec son père, pour des foires ou des missions de son père, qui souhaitait qu'il connusse un minimum la région avant de partir seul.
Néanmoins il sentit l'angoisse nouer son estomac. Seul... c'était différent. Mais il se montrait digne de son uniforme, foi de Theudron!

Deux heures après son arrivée en ville, le jeune adolescent avisa enfin le lieu des festivités, dont lui avait parlé l'homme. Plutôt grand, brun, un regard noir perçant et pétillant à la fois, il semblait flotter un peu dans ses vêtements, et portait au côté une épée ainsi qu'un bouclier dans son dos. Sans doute un mercenaire, ou un membre d'on ne sait quelque confrérie s'était alors dit Alaric. Néanmoins, c'est avec un parler moins injurieux que les hommes d'arme qu'il lui avait présenté sa requête. Une simple missive à remettre à une jeune femme plutôt petite, regard brun, cheveux de jais, une cicatrice au visage, des oreilles elfiques avait-il même ajoutant en riant. Tellement jolie qu'il trouverait certainement beaucoup d'hommes en train de la courtiser avait il ajouté, une ombre passant sur son visage. Ah, il y aurait aussi un homme de grande taille avec elle, cheveux clairs et yeux bleus.

Alaric les trouva bras dessus, bras dessous, riant et marchant dans la même direction que lui. Il les avisa, et remarquant leurs habits propres et presque neufs, il improvisa une révérence:

Hum hum, Dame Biteurlie de l'Arrache Mojouar?

La demoiselle, au moins aussi jolie que le prétendait l'étranger, malgré une drôle de cicatrice, acquiesça avec un étrange sourire. Il avait peut être écorché son nom... Sortant la missive de sa sacoche, il mit un pied à terre et tendit la missive telle une offrande. En faisait-il trop s'angoissa-t-il?

Une missive de la part de messire Goualcheumé!

Il se rendit compte qu'elle avait saisit la lettre, se releva donc mais garda les yeux au sol, et attendit.


Citation:
Ma très chère Sweety,

Je prends la plume au relais de Saint Aignan, pour t'annoncer que je vous aurais donc bientôt rejoints, Rochebelle et toi. Je suis resté quelques jours à Vendôme en tant que chef maréchal, ait fait mes provisions, et suis parti! Il me faudra encore deux jours de marche à ce que m'ont dit les habitants du coin. Grâce à mon sens inné de l'orientation, je n'ai pas eu à demander mon chemin plus d'une dizaine de fois, et j'en suis assez fier!

Je ne m'étais jamais aventuré hors de Touraine, et j'avoue prendre grand plaisir à découvrir ces nouveaux paysages, à partir vers l'inconnu. Une dose d'inconnu qui me manque depuis la mort du Clan.

J'espère que la route fut sans embûche pour vous deux.
A ce propos, demande à Rochebelle de ma part de bien prendre soin de toi! Je l'envie d'avoir pu partager ta route. Et j'espère qu'il a pu se débarasser de sa barque à ce propos...

Profitez bien de la fête!

Il me tarde d'être de nouveau à tes côtés Sweety.

Ton chevalier servant,

Gwalch
Bitterly
Hum hum, Dame Biteurlie de l'Arrache Mojouar?

Arrêt momentané, dévisage le jeune homme qui lui fait face, le connait-elle ? Elle acquiesa tout de même en souriant bêtement, cherchant desesperemment d'ou elle pouvait le connaitre.
Il était vêtu comme un voyageur, aucun signe distinctif...


Une missive de la part de messire Goualcheumé!

Ainsi donc ce n'était qu'un jeune messager, elle se demanda tout de même d'ou il pouvait venir pour avoir un tel accent. Elle se saisit de la lettre qui lui était tendue et la parcourut des yeux. Quelle surprise, une lettre de Gwal. Mais le contenu l'était encore plus. Ainsi Gwalchmai venait d'arriver à Saint Aignan et il se dirigeait vers Sancerre ?
Un sourire illumina son visage.


Vous n'auriez pas un vieux parchemin, de l'encre et une plume dites des fois ?
Demanda-t-elle au jeune homme.
Celui-ci acquiesa, farfouilla quelques instants dans son sac et lui tendit le matériel necessaire.
Bitterly le remercia et lui fit un clin d'oeil, elle regarda autour d'elle, une planche était posée non loin, contre les marches d'une batisse, elle s'y dirigea prestement, se saisit de la planche, s'assit sur une des marches en veillant à ce qu'elle ne soit pas sale, mis la planche sur ses genoux et se mit à écrire un petit mot :
Citation:

Cher Gwal,

Quelle surprise, je suis ravie que ce voyage te plaise, ainsi donc si tu marches d'un bon pas nous nous verrons sous deux jours, là je vais au mariage de Barbe, enfin les festivités, prends soin de toi.
Rochebelle et moi allons bien, la barque aussi.

A bientot donc,

Bitterly


Une fois ceci fait elle plia le parchemin en quatre, referma le petit flacon d'encre et tendit le tout au coursier.


Pourriez-vous porter ce mot à messire Gwalchmai s'il vous plait ?

Elle farfouilla dans sa bourse.


Il ne me reste que cela.
Dit elle en lui tendant une pièce d'or. Mais je pense que cela devrait couvrir vos frais, non ? Elle fit un sourire au jeune homme.

Puis elle se tourna vers le pauvre Rochebelle qui attendait toujours.

Excuse moi de ce contre temps...
Bon et si nous y allions ? Tu n'sais pas la meilleure ? Gwal sera avec nous dans deux jours !
Elle rit.

En attendant j'ai faim... J'espère qu'il y aura un buffet à la fête car maintenant j'n'ai plus d'argent et tout juste quelques morceaux de viande seche pour les jours à venir.


Elle reprit le bras de son ami et l'entraina droit devant eux avant de se souvenir que c'était Rochebelle qui savait ou ils devaient se rendre.

_________________

Bitterly de Saint Paterne
--Alaric


La jeune femme lut la missive, et relevant les yeux, Alaric put voir son visage marquer une légère surprise. Elle sourit enfin, et bien qu'elle soit de plusieurs années son aînée, il ne put s'empêcher de rougir stupidement lorsqu'elle lui adressa la parole.


Vous n'auriez pas un vieux parchemin, de l'encre et une plume dites des fois?

Bien sûr, Dame Biteurlie! s'empressa de répondre le jeune messager, fouillant aussitôt sa sacoche. Il était supris par la demande d'un vieux parchemin, lui qui en conservait précieusement des neufs pour ses clients. Soucieux de respecter les désirs de sa cliente, il ne dit rien. Il lui tendit le matériel et, tandis qu'elle rédigeait sa réponse sur une planche, il sortit des sacoches sur sa jument un peu d'avoine qu'il tendit à Baie. Cette dernière l'avala avec allégresse dans sa main tendue.

La jeune femme en eut vite terminé et lui rendit le tout:

Pourriez-vous porter ce mot à messire Gwalchmai s'il vous plait ?

Il mit la missive dans sa sacoche, et la vit sortir une bourse de sa houppelande.

Il ne me reste que cela. Mais je pense que cela devrait couvrir vos frais, non ?

Une grosse pièce d'or comme il n'en avait jamais vu que deux ou trois dans le petit coffre que cachait son père sous son lit tomba dans sa main. Bouche bée, il en oublia que son commanditaire avait déja payé tous les frais, aller-retour, parchemins et encres. Déja la jeune femme s'adressait à son compagnon, le saisissant par le bras et reprenant la route.

Un instant pétrifié d'avoir risquer faillir à sa mission, Alaric se reprit et courut pour repasser devant le couple, laissant là sa jument.

Messire Rocheubel! Messire Goualcheumé m'a donné un message oral pour vous. Il a insisté pour que je vous dise de prendre grand soin de Dame Biteurlie. Et... Que... Qu'il comptait sur vous pour éviter que nul homme ne l'incommode.

Il s'arrêta là. Le jeune mercenaire lui avait ensuite demandé, l'air franchement gêné et se reprenant plusieurs fois, d'observer toutes les réactions du grand blond. Pour Alaric, cela ne faisait guère de doute. Sieur Rocheubel était fasciné par la jeune femme.
Rochebelle
Excuse moi de ce contre temps... Tu n'sais pas la meilleure ? Gwal sera avec nous dans deux jours ! lui avait-elle annoncé toute souriante, et toute heureuse du contenu de la missive que le jeune messager lui avait remise.

La nouvelle de l’arrivée prochaine de Gwalchmai à Sancerre riva les talons de Rochebelle au sol. Il demeura interdit le temps d’encaisser le choc de sa réapparition. S’il s’y était déjà quelque peu préparé lors de sa brève apparition près de la fontaine de la place du marché de Vendôme d’il y a une semaine à peine, il ne s’attendait cependant pas à le voir réapparaître de sitôt. Il roula les yeux en signe de dépit intérieur en voyant un tel sourire illuminer la dentition de Bitterly. Plus encore, Gwalchmai avait même pris le soin de lui confier une mission en son absence, comme s’il était son valet de service.

Messire Rocheubel! Messire Goualcheumé m'a donné un message oral pour vous. Il a insisté pour que je vous dise de prendre grand soin de Dame Biteurlie. Et... Que... Qu'il comptait sur vous pour éviter que nul homme ne l'incommode, lui avait ainsi ânonner le jeune messager. Bon prince, Rochebelle prit le temps de respirer par les deux narines pour ne pas porter ombrage à la joie du moment de Bitterly. Il s’efforça de sourire aimablement au jeune homme qui le dévisageait d’une drôle de façon.

‘’ Tu diras à messire Goualchemai, mon p’tit pitte, lui répondit-il du tac au tac, que je saurai être à la hauteur de ses attentes envers moi; que je vais faire de mon mieux pour prendre bien soin de sa Dame; et que je vais tout faire pour l’accommoder suivant le moindre de ses désirs, caprices, lubies, peu importe, si tel est sa volonté. Dis-lui aussi d’être bien gentil avec les douanières de St-Aignan et de Bourges.’’ IL tapota affectueusement l’épaule du jeune garçon, lui pinça la joue gauche et lui donna une couple de soufflet sur la joue droite en signe d’appréciation paternaliste. Va vite le retrouver et n’hésite pas à aller voir dans les prisons si jamais tu ne le trouverais plus, conclut-il affablement.

Il se laissa ensuite entraîner par Bitterly qui lui avait repris le bras. ‘’Euh! lui dit-il, je crois que c’est plutôt dans cette direction. Laisse-moi t’y conduire… je dois prendre soin de toi… n’est-ce pas? ajouta-t-il mi- cynique et mi-amusé par le retour prochain de son amoureux.
Bitterly
Bitterly avait continué à manger, un peu, et puis à boire, beaucoup, trop peut-être, sûrement, non c'était même certain en fait.
Cependant elle traina encore quelques heures dans Sancerre. Jusqu'à faire un mauvais choix, la mauvaise ruelle.

Elle marchait au gré de ses pas, sans savoir où, sans marcher vraiment très droit, sans penser à rien, elle regardait les maisons, si calmes pour la plupart, les rues vides, les ombres, les chats errants, ils étaient tous égaux la nuit, tous au même niveau. Et soudain, une sombre silhouette surgit devant elle, ou plutôt s'avanca vers elle s'en qu'elle y fasse attention. La Vendômoise eut un sursaut leger, l'homme était un peu plus grand qu'elle et se dirigeait dans sa direction.


- Alors on traine dans les rues à c't'heure là donc ?

L'homme siffla.

- Ohh mais c'est qu'on est rudement bien habillée ! On s'rait pas une oie gavée, pourtant tu m'f'rais presque pitié tel'ment qu't'es maigre ! Dit-il en ayant l'élégance de cracher par terre.

Bitterly le regarda, ou plutôt essaya, sa vue était assez approximative du fait de son ebriété momentanée. Cependant elle était tout de même encore assez lucide pour se dire que ca sentait l'roussi. Elle contourna donc l'homme et commenca à marcher plus vite, avec ses petites jambes, vers un chemin qui, elle le souhaitait,la ramènerait à l'auberge... Hélas l'orientation n'était pas son fort...


- Hého ou qu'c'est qu'on va comme ca ? S'écria l'homme en lui courrant après. Elle se retourna tandis que sa main se refermait sur son bras droit. Bitterly eut comme un retour en arrière, temps passé, Ayerin, Alandrisse, le feu, l'arbre, assomer, tuer, cris, sang, vengeance... La Cours des Miracles, elle en faisait encore des cauchemars parfois... La vice-chambellan revint à la réalité.

- Mais c'est qu'tu chlingues la bière, roh la vache t'empeste ! Enfin t'inquiète, j'm'en fou moi... Sussura-t-il en collant son visage contre le sien.

Bitterly sentit son coeur s'emballer. Elle regardait la main de cet homme sur son bras, elle regardait son visage sans le voir, successivement. Elle inspira d'un coup et s'époumonna, dans la sombre ruelle deserte et mal fréquentée, hé oui, chaque ville à la sienne, ou les siennes... Sancerre ne dérogeait pas à la règle.


- Mais laaacheuh moi !!!!!!! Saleté de...

Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase, le Berrichon, d'ailleurs en était-ce un en fin de compte ? lui assèna une gifle monumentale.

- Ta gueule !

Bitterly s'en retrouva à terre, dégrisée pour un coup...
Elle regarda effrayée cet homme qui l'attrapa par les cheveux pour la relever. Sa joue gauche la brûlait, du sang gouttait, d'ou venait-il ce sang ? Sur sa joue ? Elle comprit que sa blessure qui avait été mal soignée, sa blessure de... La Cours des Miracles... S'était rouverte. Et ses cheveux, l'affreux tirait sans ménagement, cela lui arracha un cri de douleur ainsi qu'un juron. Ses yeux se brouillèrent, les souvenirs affluaient, des images atroces lui revenaient en mémoire, une larme roula le long du visage de la demoiselle.

- Oh elle pleure... Arrete ca j'vais chialer !
Il ironisait. Il la gifla une nouvelle fois en lui clamant d'arrêter. Elle avait désormais les deux joues en feux, pas d'jalouse... Elle renifla bruyamment et pleura de plus belle alors que l'individu déchirait sa belle robe. Surprise, en dessous, corset, chemise, braies, bas. Hé oui, il faisait froid le soir...

- Vin'd'iou tu t'ballades avec tou-tes-vêtements toi ou quoi?!


Il arraca les derniers lambeaux de la robe, un cadeau, un si joli cadeau qu'on lui avait fait... Puis il la plaqua contre l'un des murs, approcha sa tête de la sienne, encore, il eut un sourire de vermine, des dents toutes dégueulasses... Il passa sa main sous la chemise de Bitterly qui restait interdite et mit carrément sa langue dans sa bouche.
C'en fut trop pour elle, un déclic, un signal d'alarme, se défendre, entraînements, combats, guerre, ordre royal. Elle mordit la langue de son agresseur de toutes ses forces, celui ci hurla à la mort tout en l'insultant de manière plutôt incompréhensible, il se recula vivement par reflexe.
C'était tout ce que demandait Bitterly, immédiatement elle pensa à sa dague, ce stupide ne l'avait même pas remarquée, elle dégaina immédiatement et la pointa vers l'homme.

- M'approche pas ! M'approche pas ou j'te tue !

Elle criait toujours, mais le rustre n'eut pas l'attitude qu'elle escomptait. Il éclata de rire et la fixa tout en se rapprochant d'elle.
- Hé brunette tu crois quoi ? Qu'avec ton p'tit mètre vingt tu m'fais peur ? Aller donne moi ca tu vas t'piquer. Ca s'rait dommage d'abimer encore plus c'joli minois.


Il fit mine de lui toucher la main, erreur regrettable, Bitterly lui trancha carrément un doigt et frappa avec son pied sur la cheville de l'assaillant, de toutes ses forces, un vieux bruit d'os se fit entendre ainsi qu'un hurlement de douleur, l'homme tomba à genoux en récitant toutes les insultes qu'il devait connaitre.

Tuer un minable comme cela ne l'aurait pas dérangé, mais pour l'heure elle était désorientée, dans un duché inconnu, avec tous ces souvenirs qui remontaient dans son esprit. Elle faillit lacher sa dague mais la garda bien en main. Elle resta un moment immobile à regarder le malotru souffrir, l'insulter, lui intimer de revenir, lui disant qu'il la tuerait, qu'il lui casserait la figure. Elle voulut lui trancher la gorge. Mais finalement elle serra très fort sa dague, sa dague... Elle tourna les talons et courrut à en perdre haleine. Enfin elle trouva l'auberge. Elle monta à toute vitesse les escaliers, sortit la clé, ouvrit la porte avec précipitation, évita de la claquer au tout dernier moment, la referma dans les mêmes circonstances, la verouilla et se retrouva... Dans le noir.
Elle attendit, dos à la porte, le coeur battant la chamade, la sueur collant ses cheveux sur son visage, la terreur voilant un peu ses yeux, à moins que ce ne fussent les larmes... Enfin ces derniers s'habituèrent à la pénombre, au bout d'un temps qui lui parut interminable... Heureusement la lune aidait un peu à y voir.

Elle laissa la clé sur la porte pour que personne puisse y entrer, prit son sac qui se trouvait près de la bassine, ferma les fenetres, tira les rideaux, se planta devant la porte en serrant son sac d'une main et sa dague de l'autre, Rochebelle semblait dormir.
Tant mieux.
Elle s'assit contre le lit, doucement, sans faire de bruit, elle regarda la porte et pleura doucement toute la nuit, guettant un éventuel ennemi.

Le lendemain elle vit qu'elle avait succombé au sommeil, elle se reveilla en sursaut et en hurlant un :
NAN !
_________________

Bitterly de Saint Paterne
Rochebelle
Il n’avait point entendu Bitterly rentrer de sa soirée à visiter les rues du village de Sancerre, se rappela-t-il tout étonné à son réveil. Elle avait voulue y aller seule pour rentrer à l’heure qu’il lui plairait, avait-il cru comprendre de son insistance à vouloir faire bonnes ripailles du buffet de la noce. Il n’avait pas insisté de crainte de l’irriter et de se la mettre inutilement à dos. Elle devait même coucher sur le plancher à sa place, pour un soir, se rappela-t-il….

Il l’a vit cependant toute endormie et recroquevillée sur le bord de l’unique petite paillasse de la chambre, à ses côtés, comme endormie tel un enfant après une nuit agitée. Son visage était toutefois tuméfié et la cicatrice qui ornait son arcade sourcilière, gravement ré-ouverte. Les yeux de Rochebelle balayèrent instinctivement à toute vitesse son corps pour réaliser avec effroi que sa houppelande était en lambeau et qu’une seule conclusion devait s’imposer à son esprit. Il se redressa de sa position allongée pour se retirer doucement du lit afin de mieux la coucher de tout son long. Un cri de mort retentit aussitôt au travers de la pièce.

NAN!

«Bitterrrly! Bitterrrly! lui susurra-t-il calmement pour ne point l’effrayer. C’est moi : Rochebelle. Je ne te veux aucun mal….Chuuuutttttt! émit-t-il en un decrescendo qui se voulait des plus apaisant et surtout rassurant. Il lui ramena tranquillement la tête contre lui comme pour la protéger des forces obscures qui l’assaillaient de toutes parts. Tout va bien…. Tout va bien maintenant….tu es en sécurité ici…. Chuuuutttttt! continua-t-il à exprimer en guise de seul mot de réconfort qui lui venait à l’esprit pour calmer son angoisse. Il l’a berçait comme l’on berce une petite fille que l’on tente de consoler par ce seul geste si génétiquement inscrit dans la mémoire séculaire de l’humanité. S’avisant ensuite de la nécessité qu’elle se repose à tout prix, il l’a fit basculer tout doucement sur le dos et lui déplia les jambes, tout en l’abriant de la couverture qui faisait également office de couvre-lit.

Reste couchée ma…il étouffa le seul mot qui voulait sortir de sa gorge…. Bitterly…. se reprit-il, la voix enrouée par la scène qu’il avait sous les yeux. Je vais prendre soin de toi et de tes blessures, parvint-il à dire cependant que sa tête allait alternativement de gauche à droite dans un rapide mouvement de recherche de son sac dans lequel devait se trouver l’onguent qu’elle appliquait sur sa cicatrice. Repose-toi… je vais simplement laver ton visage avec de l’eau chaude et ensuite je t’appliquerai ton onguent sur ta cicatrice…C’est correct ? Gwalchmai arrive bientôt ; il va prendre soin de toi…. aussi… Il faut que tu dormes…»
Bitterly
Les yeux s'ouvrent en grand. Ou est-elle ? Sa robe ? Des lambeaux. Regarde autour d'elle à la recherche de son sac. Là près d'elle, un homme, panique, yeux afollés, main qui cherche sa dague sur sa ceinture tandis que son coeur entreprend une nouvelle mission : sortir de sa poitrine. Sur ses tempes même résonnent les battements fous.

Bitterrrly! Bitterrrly! C’est moi : Rochebelle.
Elle ouvrit grands les yeux, se calmant légèrement, l main s'arrête sur le pommeau, cette accentuation si particulière à la prononciation de son nom, cela ne pouvait être que son ami, il lui toucha la main ce qui lui arracha un tressaillement ainsi qu'un mouvement de recul. Elle dodelina de la tête, se frotta les yeux. Je ne te veux aucun mal….Chuuuutttttt! Oui c'était bien lui. Sans savoir pourquoi elle se mit à pleurer, les larmes coulaient sans qu'elle ne puisse les retenir. Et plus elle essayait, plus elles roulaient sur ses joues, comme pour la narguer. Rochebelle l'amena contre lui. Tout va bien…. Tout va bien maintenant….tu es en sécurité ici…. Chuuuutttttt! Non tout n'allait pas bien... Les gens étaient tous pourris, tous, même elle, surtout elle, la vision de la cours des miracles s'imposa de nouveau à elle, ses soeurs sur le bûcher, cet homme qu'elle assoma alors qu'il guerissait Ayerin, elle avait fini par savoir son nom à la gamine qui l'avait battue un peu avant le grand brasier. Et puis après... Après... Le sang, la vengeance, un traumatisme, pour ses soeurs, pour elle. Elle revenait le corps marqué, la conscience impure, l'âme noircie, elle avait mit un masque, pour rester comme avant, la Bitterly joyeuse que l'on connaissait à Vendôme, la diplomate serviable, loyale... Mais tous ses efforts venaient d'être balayés en une soirée. Ses larmes reprirent tandis que Rochebelle l'allongée et qu'elle se laissait faire comme un pantin desarticulé. Elle était un monstre...

Elle n'avait plus la force. Elle ne pouvait plus. Pas aujourd'hui. Se laisser aller. Sa vue se brouilla à nouveau. Etait-ce les larmes ? Le choc ? Sa blessure rouverte ?

Reste couchée ma… Bitterly…. Je vais prendre soin de toi et de tes blessures. Repose-toi… je vais simplement laver ton visage avec de l’eau chaude et ensuite je t’appliquerai ton onguent sur ta cicatrice…C’est correct ? Gwalchmai arrive bientôt ; il va prendre soin de toi…. aussi… Il faut que tu dormes…

Elle voulut répondre, ouvrit la bouche mais seul un sanglot en sortit. Ses pleurs redoublèrent jusqu'à ce que sa respiration s'apaise et qu'elle plonge dans le sommeil. Sommeil qui devint vite agité, peuplé de cauchemars, de douleur, de cris, de sang... Elle se réveilla à plusieurs reprises, apeurée, pour replonger ausitôt dans l'ombre. A la tombée du jour cependant, et etrangement aussi, elle s'éveilla.

Ro.. Rochebelle ? murmura-t-elle timidement alors que ses yeux s'ouvraient avec difficulté. Sa gorge était sèche, sa voix quelques peu éraillée, ses lèvres craquelées et son sourcil la lancait à chaque battement de coeur...
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Bitterly de Saint Paterne
Rochebelle
‘’Ah ! Ah! C’est ce qu’on appelle faire la grasse matinée, ça ! ma chère Dame! s’exclama Rochebelle en entendant Bitterly prononcer faiblement son nom. Tu peux dormir encore deux autres journées, si tu veux, lui dit-il en souriant, on est pas à une journée près de notre départ de Sancerre, après tout, tu sais, ajouta-t-il tout en s’approchant au bord de sa paillasse. Et puis, on attend toujours après ton Goualchoulet….hahem!.. hé!hé! lui dit-il sur un ton moqueur pour la déridée de son sommeil.

Puis reprenant sur un ton plus sérieux Rochebelle s’enquit de son état de santé. Comment vas-tu Bitterrrly… Tu m’as fait vraiment peur…. j’veux dire… j’ai crains un moment pour ta vie… Je ne sais pas si tu t’en es rendue compte, mais ça fait pratiquement une bonne journée et demi que tu dors d’un sommeil souvent fort agité. J’ai couru demandé à une sage-femme de venir t’examiner pour te soigner de toutes tes blessures…je n’ai pas pu trouver l’officiant de médecine…Tu sembles avoir fait beaucoup de cauchemars terrifiants…. Je t’ai préparé de quoi manger un peu… tiens, bois ce gobelet d’eau fraîche... cela va te faire grand bien, lui dit-il en lui tendant l’objet.

Puis, ne voulant pas trop imposer sa présence en pareille circonstances, Rochebelle se trouva une excuse pour lui permettre de se rhabiller si elle en avait le goût. Je vais te laisser seul quelques instants….reprit-t-il en se levant… je vais être en bas au bar… je t’ai acheté une nouvelle houppelande de couleur brune et de nouvelles bottes... j’espère qu’elles te font… tes vêtements étaient tous déchirés… hum!.. Et on quitte les lieux dès que Gwalchamai arrive en ville… Qu’en dis-tu ? Hahem ! Aucun répit pour lui… Hé! Hé! Sitôt arrivé; sitôt repartit! hé!hé! ajouta-t-il à la blague en cherchant à la faire sourire. Bon… Tu m’fais signe, si jamais t’as à sortir… d’accord?…Je te laisse. À tantôt Bitterrrly.

Il l’a laissa tranquille pour qu’elle retrouve tous ses esprits. Il savait bien cependant qu’un jour il lui faudra, lui ou un autre, l’aider à exorciser les fantômes qui semblaient terroriser ses nuits; mais encore fallait-t-il qu’elle lui permette d’ouvrir cette porte grinçante.
Bitterly
Le lendemain Bitterly avait retrouvé Gwal dans une taverne. Elle ne lui avait rien dit de ses mésaventures, pas plus qu'elle n'avait éclairé Rochebelle à ce sujet. Ils avaient tous trois quitté Sancerre pour Bourges, ceci sans encombre, sans la joie et la bonne humeur, ensuite ils étaient passés à Saint-Aignan, Bitterly aurait voulu voir sa Grasce George, pour visiter la ville, comme il le lui avait proposé mais celui-ci s'avéra être à Chateauroux, les trois compagnons reprirent donc la route, ils leur restaient deux jours de marche avant d'atteindre Loches, ville tourangelle ou son Excellence Thomas de Clerel l'attendait pour poursuivre un p'tit bout d'chemin avec eux.

Ils quittèrent Saint-Aignan, Rochebelle tirant sa barque, inlassablement, Bitterly toujours aussi méfiante et Gwal qui semblait porter un regard inquiet sur elle et un regard inquisiteur sur Rochebelle.
Arrivés sur les chemins non loin de Loches, ou Losses comme disent les Berrichons, ils firent une pause, Bitter' était épuisée.


Bon on va peut-être faire un p'tit somme, j'en peux plus, j'ai mal partout pis y'a trop d'poussière, ca assèche la bouche.

Après s'être assurée que personne n'était embusqué dans un des buissons ou des arbres environnant et avoir verifié qu'il n'y avait nulle âme dans les parages...
Elle sortit de son sac une bouteille achetée sur les marchés de Saint-Aignan, l'ouvrit et en but une gorgée ou deux, bon aller trois. C'était plutôt fort, elle manqua de tousser.


Wohh. Qui en veut ?
S'exclama-t-elle presque joyeusement.
_________________

Bitterly de Saint Paterne
Rochebelle
Rochebelle avait réussit à passer les douanes de Bourges incognito et sans attirer l’attention de la douanière par intérim Zoyah; il avait espéré passer celles de St-Aignan avec le même succès. Mais cela revenait à sous-estimer la vigilance de la douanière Bimba. Celle-ci avait donné tant de fil à retordre à Rochebelle lors de son entrée dans cet ex château-fort des Lucioles qu’il aurait dû s’attendre à ce que la chef de la sécurité territoriale veille constamment au grain. Elle l’avait à l’œil, lui avait-elle alors fait comprendre lors de son admission sur son territoire.

Ainsi, sous peine de faire de plus ample connaissance avec Gus et Philibert, les rats de la cellule qui lui était destinée en cas de refus de sa part d’obtempérer à sa nouvelle réquisition, il dut de nouveau se soumettre, de bonnes grâces, à tout un questionnaire concernant une méthode expérimentale de torture destinée aux malfaiteurs sévissant dans le duché du Berry.

En l’occurrence, Rochebelle crut comprendre que le bourrel versait une cire brûlante sur l’étendue corporelle des malfrats, histoire de leur arracher des aveux tout en leur soustrayant des grands pans de leur pilosité masculine. Le succès du châtiment corporel était proportionnel à la densité de la pilosité de ces messieurs velus. Cependant, ayant la peau claire et quelque peu tavelée, Rochebelle eut vite fait d’établir à la douanière qu’il était impossible pour un grand blond tirant sur le roux d’être suffisamment fourni en poil pour lui permettre de ‘’tirer’’ de lui des résultants suffisamment concluant pour que cela vaille même la peine d’essayer sur lui ce procédé expérimental. Plus encore, il avait poliment refusé d’être le porte-étendard en Touraine de cette méthode avant-gardiste que la douanière Bimba avait baptisée ‘’le Bim’Épil’’. Il l’avait cependant invitée à venir elle-même faire étalage de sa science en Touraine, et plus particulièrement à lui rendre une p’tite visite à son échoppe d’ébénisterie. Ce qu’elle avait accepté de faire dans ses temps libres.

L’arrivée de Gwalchmai avait toutefois quelque peu rembrunit Rochebelle. Non pas qu’il détestait son voisin de la rue du Mans, mais en raison des évènements troublants dont avait été victime Bitterly, il aurait aimé gagné davantage sa confiance en étant seul avec elle. La veille du départ de Sancerre, il avait retrouvé Bitterly avec son amoureux alors qu’il s’apprêtait à lui annoncer que les charpentiers de la place lui avaient tous conseillé d’aller vers Chinon s’il tenait à vendre sa barque. ‘’Tiens v’là l’autre’’ s’était-il dit en apercevant un type fortement poussiéreux aux côtés de Bitterly. Il avait soupiré de résignation et, pour une fois, il n’avait pas trouvé d’excuse pour les laisser seul entre eux. Les deux voisins s’étaient alors contentés de se saluer poliment avec une p’tite gêne réciproque. Par courtoisie et par respect pour les sentiments de Bitterly envers son homme, Rochebelle avait même retardé le pas de sa marche afin de les laisser cheminer tous deux côte à côte, comme de vrais amoureux. Faut dire aussi que les côtes étaient toujours aussi abruptes et que ça l’aidait énormément de prendre tout son temps pour les gravir. Il fut ravi de pouvoir s’arrêter sur les chemins de Loches pour y passer la nuit.

Wohh. Qui en veut? avait lancé Bitterly en se passant le revers de sa main sur la bouche en signe d’appréciation de la bouteille qu’elle avait ouverte. ‘‘C’est pas de refus!’’ s’exclama Rochebelle en arrivant à sa hauteur. Tu y vas le premier ? ajouta-t-il en regardant Gwalchmai. Puis cherchant à casser la glace qu’il y avait entre eux, Rochebelle poursuivit à l’attention de son nouveau compagnon de voyage.

C’est sûr que ça fait ben longtemps que je ne t’ai point vu Gwalchmai, mais il me semble que je te trouve pas mal maigrichon. Ça s’peut-tu ?… J’me trompe-tu ?… lui dit-il en l’examinant sérieusement. Non mais... Tu m’inquiètes, l’ami. Sais-tu quoi? Tu devrais faire plus d’efforts, mieux manger, plus d’exercices, quoi! Ça te remettrait vite d’aplomb. Fa ke, tu devrais essayer de tirer ma charrette avec ma barque… continua Rochebelle, tu vas voir comment ça te façonne un corps de soldat, ça mon homme! le fait de traîner une barque. Qu’en dis-tu?

Rochebelle marqua une pause pour prendre une gorgée du vin de Bitterly, un vin fortement gouleyant qui provenait d’un des vignobles de St-Aignan. S’essuyant également la bouche après en avoir pris une gorgée, il reprit ses conseils d’ami, toujours inspiré par l’effort qu’il venait de déployer en cours de route à tirer sa barque par monts et par vaux. R’garde, moi par exemple! Juste le fait d’avoir tiré ma charrette avec ma barque dessus depuis que j’accompagne Bitterly, j’ai l’impression que j’ai maintenant des muscles d’acier que je n’avais pas auparavant, lui dit-il en exhibant fièrement la paire de biceps qu’il s’était récemment sculptée. Tu devrais essayer. Ça te ferait un grand bien, conclut Rochebelle lui-même fort étonné de son gain musculaire des cinq derniers jours.
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