--Wishmerhil
Quelque part dans la campagne berrichonne, adossée à une colline, était une petite masure de pierre. Son toit de chaume semblait en bonne état, du moins suffisamment pour abriter de la pluie, et ses murs, en moellons, assez solides pour résister aux vents violents. Bref, rien de bien folichon comme bicoque, mais suffisante pour vous garantir chaleur et bonheur quand dehors les conditions tournaient au vinaigre. Un petit ruisseau courant un peu plus bas entre des chênes probablement centenaires vu leurs tailles, le cadre aurait même put être idyllique, sil avait été habité par une famille avec trois jeune fille, mais non, tel nétait pas et bien moins typique était le cas.
Loccupant principal, outre les rats et les cafards était plutôt du genre aigrit. Il était arrivé, fatigué, un soir dhiver passé et était resté depuis seul ici, sisolant petit à petit du monde extérieur. Long avait été le voyage du seigneur de Gilly, enchaînant batailles et orgies aux quatre coins du royaume. Mais aujourdhui, sil avait réchappé aux combats, lentement sa vie de soiffard le rattrapait. Lhomme venait de passer ses quarante ans, mais en paraissait facilement dix de plus. Marqué dune longue cicatrice au visage, son teint jaune pale contrastait avec ses yeux rougis et sa large stature associée au flottement de sa chemise sur ses cotes, laissaient supposer que le noble avait maigrit. Malgré tout, lhomme nétait pas laid et dégageait encore une certaine prestance dans ses allures.
Sûrement aurait il pu encore séduire sil sen était donné la peine, plutôt que de vivre avec son passé.
Sûrement aussi, aurait il put saffoler plus tôt de son état de santé si tel navait pas était le cas Mais cest avec des « si » que lon se réveil un beau matin et que lon rend son premier verre du jour, de la gnôle frelatée du coin.
Ce jour la, jamais il navait connu douleur si profonde. Le mal lavait plié en deux, au moment où son corps avait crié stop, sen est trop, puis il sétait affalé au sol, inconscient. À son réveil, après sêtre aidé dune chaise pour se traîner à son lit, wish comprit que s'il n'était déjà pas trop tard, il nen aurait guère pour longtemps, sil ne se décidait pas rapidement à consulter.
Étrangement, sil lui était facile, sûr de lui, de braver la mort épée à la main durant sa vie passée, lidée de mourir seul, impuissant devant la maladie, le terrorisa. Il lui fallait un médecin, mais pas un de ces charlatans qui vous bourrent de potions miracles en ne soulageant que votre bourse. Il lui en fallait un capable de lui parler franchement et en qui il pouvait avoir confiance. Plus jeune, il avait étudié à luniversité du Berry et là-bas, les étudiants en sciences militaires côtoyaient ceux de médecine pour certains cours généraux. Plusieurs noms lui revinrent en tête, mais il sarrêta à lun se rappelant la femme agréable avec qui il avait toujours entretenu de bonnes relations. Il ne lui restait plus qua prier Aristote quelle se souvienne de lui, passé tout ce temps, mais quelle accepte en plus de ce déplacer, ce qui nétait pas plus sûr.
Dune main tremblante Gilly attrapa feuille de papier et encrier pour rédiger la missive qui devait mettre fin à sa vie dermite.