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Parce que tout a un prix...

[RP] Quand le serpent crache son vénin ou : La liberté ...

Felina
Une chambre semblable à d’autres, dans un château tout aussi semblable aux autres. Et sur le lit, une femme étendue sur le ventre. Les paupières sont closes, mais le rythme saccadé de son souffle atteste qu’elle est bien éveillée. Comment dormir en effet avec cette douleur incessante qui lui irradie tout le dos ? Cette impression qu’encore et toujours la lame grave, sculpte et taillade … à l’infini. Les cataplasmes du médicastre, si elles ont atténué les effets de la sentence ne les ont pas du tout supprimé. Et dans l’esprit de la brune, la scène qui se joue et se rejoue inlassablement. Une scène en trois actes.

Prologue..

S’il est une chose que chaque proche de la Rastignac connaît, c’est sa fierté démesurée qui parfois, souvent même lui fait prendre les pires décisions possible. Cette dernière n’avait pas échappé à la règle et c’est seule et sûre d’elle-même qu’elle avait foncé tête baissé dans le Nid de Vipères … Féline devenue proie dans le piège à rat qu’elle avait elle-même posé. Autour d’elle dans la taverne, quatre zokoïste et pas des moindres, mais surtout parmi eux celui qu’elle cherche depuis son arrivée dans la capitale Angevine. Maleus, l’un des cerveaux de l’hydre à deux têtes, celui là même qui aujourd’hui la pousse à tourner définitivement une page de sa vie, sans même un regret, juste parce que ce n’est tout simplement plus possible. Les salutations presque cordiales d’usage terminée, c’est une Féline décidé et presque provocante qui vient déposer devant le borgne sa chevalière ornée du serpent, signe sa bientôt ex-appartenance à la compagnie. Elle sait, elle a toujours su le sens de ce geste.

Zoko Ad Vitam Eternam. On ne la quitte que les deux pieds devant, pas d’autres issues. Pourtant, naïvement elle pense que cette fois sera différente, qu’il acceptera à défaut de comprendre, peut être même qu’il sera soulagé de ne plus l’avoir dans les pattes, lui qui de toute façon ne la considère plus des siens depuis bien longtemps. Fatale erreur qu’elle réalise aussitôt que Maleus ordonne à la Prunette de bloquer la porte et à Blondie et le Moustachu de se saisir d’elle. Ainsi donc c’est comme ça que cela va se passer ? Jusqu’à la fin il s’opposer à elle et à ses désirs, jusqu’au bout il lui pourrira la vie.

Que le bal commence.

Acte 1 – Trahison ou Quatre contre Une.

Consciente qu’elle vit sûrement les derniers instants de sa vie, la Félina n’a pas pour autant l’intention de faciliter la tâche à ses désormais anciens compagnons et déjà elle recule, main sur le le manche de sa dague, scrutant les quatre mercenaires pour savoir d’où viendra le premier assaut. Tout s’enchaîne alors rapidement et elle saute sur une table pour mieux pouvoir anticiper et parer. Mais c’est sans compter sur leur supériorité numérique et déjà diable de Chaos qui est arrivé derrière elle et la projeté au sol. Elle tente de se débattre, se crispant plus encore sur son arme, les traitant de lâches. Elle n’a aucune chance et pourtant, elle ne veut pas les laisser faire, peut être même pourra-t-elle en amocher quelques uns avant de mourir. Mais c’est sans compter sur une arrivée impromptue, celle qui n’aurait jamais du se produire, celle qu’elle aurait du prévoir et empêcher.

« Maman ! »

Non Karyl !! Pas toi, pas ici, pas maintenant !! Elle en lâche sa dague de surprise, oubliant qu’elle va se faire tuer, ne pensant plus qu’à lui : son fils. Et en une fraction de seconde, c’est toute la belle assurance de la sauvageonne qui s’envole alors que déjà elle lui hurle de sortir en se redressant légèrement.
Et le pire de ses cauchemars est en train de se réaliser quand Maleus attire l’enfant près de lui, l’abreuvant de paroles mielleuse pour l’apaiser tandis que du regard il provoque la Féline à Terre, offrant un œil de verre à Karyl. Pas ça … Pas lui !! Non ! Que les autres aident l’enfant s’ils ne l’aident pas elle. Mais personne ne vient l’aider, elle reste seule avec toute l’horreur de ce qui va se passer si elle ne cède pas à l’ignoble borgne. Alors elle se résout dans un soupir, se condamnant pour le sauver et c’est d’une voix blanche et éteinte qu’elle intime à son fils d’obéir à Maleus et de sortir. L’enfant hésite, se fait confirmer par le cyclope qu’il ne lui fera aucun mal et se décide enfin à tourner les talons.

Sauve toi … Fuit !

Acte 2 – Quand l’humiliation et la douleur s’entrelacent.

Le genou au sol, la Féline regarde alors son bourreau dans l’unique œil, et si le corps a déjà adiqué et se prépare à la suite, le cœur et l’âme quant à eux hurlent de colère et de déception. Lâche, traître ... Te servir de lui, de mon amour pour lui. Tu es encore pire que je pensais. Eikorc est le diable mais toi … toi … Il n’y a pas de nom pour décrire ce que désormais le Borgne représente aux yeux d’une Rastignac aux yeux révulsés de rage et de honte d’avoir été aussi fidèle à cet homme abject qu’elle découvre. Lorsqu’il s’approche, un demi sourire victorieux sur le visage, elle l’attend de pied ferme, lui crachant au visage aussitôt qu’il se baisser. Pour toute réponse, un coup de botte et deux ordres claqués. Qu’on la maintienne et lui ôte se chemise, ce qui ne tarde guère à être mis à exécution.

Sa chemise ? Compte-t-il donc l’humilier avant de la tuer ? A vomir … Il ne lui faut pas longtemps pour comprendre les intentions de son tortionnaire quand il lui explique d’une voix amusés, lame de sa dague sortie de son étui, qu’il va lui laisser un « joli » souvenir de la Zoko qu’elle abandonne. Le geste accompagne immédiatement la parole, pointe de couteau commençant à entailler ses chairs alors qu’elle fusille du regard Lucie et Maleus, bien incapable d’en faire autant pour Chaos dans son dos qui lui entrave fermement les bras, elle se mord les lèvres à s’en faire saigner. Ne pas lui faire le plaisir de crier pendant qu’il fait son office . Mais le supplice est trop violent, trop douloureux et tandis que le dessin prend forme sur sa peau sanguinolente, elle se débat comme elle peut, elle hurle sa souffrance et son impuissance à retenir ses cris.
Et voilà l’Ange qui en rajoute au supplice, déversant elle ne sait quoi sur son dos qui la fait hurler de plus belle.
« Ca désinfecte Minou ».
Elle accroche son regard, la suppliant presque, mais rien … toujours rien … Comme son maître, aucun regret de lui faire subir un tel sort. Que ça se termine et vite !! Et soudain … le Noir … Elle vacille, elle sombre, trop mal, trop difficile … C’est finit.

Dernier acte – Le Prix de la Liberté.

Quelques baffes soudain, combien de temps s’est il écoulé ? Des secondes, des minutes, des heures ? Elle a toujours aussi mal, son dos est au martyr et le Borgne la maintient par les cheveux, lui assénant même un dernier coup au visage. Echec et mat, elle ne réagit plus, ne se défend plus, livrée au sort qu’il lui réserve, attendant sa dernier heure, l’espérant presque tant l’humiliation est à son paroxysme. Achève moi qu’on en finisse.

Un cri dans le brouillard, cette voix, Sa voix … Karyl … Non il n’est pas là, tu rêves, il ne te sauvera pas, il est déjà loin et tu vas mourir sans avoir pu lui dire au revoir ni lui expliquer que tu as fait cela pour lui. Pourtant l’unique œil qu’elle parvient à ouvrir le voit comme le Borgne la dépose sans ménagement sur une chaise. Dépoitraillée, le dos en sang et le visage tuméfiée, la chose ne doit pas être belle à voir mais lorsqu’elle réalise que son fils est bel et bien là, pleurant tout contre elle, elle pose une main sur lui, tentant de sourire et de le rassurer. L’enfant souffre, encore, toujours, à cause d’elle. Les choses s’enchainement alors comme au ralenti pour une Rastignac impuissante. Une dague enfantine lancée puis plantée dans l’épaule de Maleus, un cri, chacun son tour ! Elle qui se lève pour s’interposer, vacillante mais prête à tout. Pourtant elle ne peut empêcher l’enfant de se ruer sur son bourrel, épée en avant, ni ce dernier de l’envoyer dans les airs.

Le reste ne sera que la fuite d’une ex-mercenaire, Karyl dans les bras, enfin libre et tournée vers l’avenir. L’avenir de son fils.

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A trop jouer avec les Félins, il faut s'attendre à être griffé ...
Karyl
[Hors de la taverne, quelques secondes après que la porte se soit refermée]

Le petit homme qui vient de quitter la taverne sous le bras maternel d’une féline titubante, visage sanguinolent, retrouve peu à peu ses esprits une fois la porte franchie rassemblant les morceaux de ce cauchemar... L'entrée en taverne, la demande de Maleus... "Sors"... Et puis les cris, les bruits étranges qui lui parvinrent par brides à travers la porte, la fenêtre par laquelle il tenta d’apercevoir quelque chose, Arnulf... Il voulais rentrer mais le géant scandinave était si fort. Si seulement il était plus fort, s’il avait désobéit et était resté dans la taverne... il aurait pu.... Mais il n'était qu'un petit garçon bloqué à l’extérieur d’une taverne dans laquelle se jouait la vie de sa mère. Impuissant, une fois encore il n’avait servit à rien... la mémoire qui s’active, douloureuse, et la colère gronde en lui. « Pourquoi tu le a laissé faire ça! » Son regard qu’il tourne vers sa mère est sombre, regard étrange dans les yeux de cet enfant si doux, éclat étrange et dérangeant.

La féline peine à ouvrir l'œil amochée, serre les dents pour ne pas pleurer tout en continuant sa route, longeant le mur et s'y cognant presque à chaque pas. Son dos hurle de douleur mais il n’est pas le seul. Blessée, dans son corps et dans son âme, en colère devant tant de lâcheté, la mercenaire se sentis surtout humiliée comme jamais. «
Je ... Je ... j'n'avais pas le choix Karyl ... Il ... il ... » Il t'aurai fait du mal, songe t elle sans le dire, persuadée que Maleus aurait mis ses menaces a exécution.

«
Mais je suis ton fils, ce était à moi de te aider... il fallait que je te protège » Le visage de l’enfant se noie à nouveau de larmes. Peur, colère, terreur se mélangent en un tourbillon de sentiments. Petit homme à la dérive qui essaye de soutenir sa mère. Petit naïf au cœur pur qui vient de voir une fois encore, une fois de trop, le mal dans toute sa splendeur et le refuse... Non, on ne peut faire ca! Et l'onyx se dresse fièrement comme un pied de nez à l’horreur humaine, je ne suis pas comme eux. « Je vais te soigner maman, tu vas voir je ai appris avec Cerridween et après... Et ben ... après on sera que tous les deux et heureux. » Un mensonge, un petit mensonge n'a jamais fait de mal à personne. Voilà un mensonge pour qu'elle ne devienne pas ses sombres desseins... il leurs ferra mal, à tous, jusqu'au dernier...!

Et la mère écoute, avec difficulté, mais elle écoute. Mais soudain elle ne peut plus faire un pas de plus et pose un genou au sol, déposant par là-même le plus délicatement possible son fils au sol. Les larmes sur le visage de l'enfant lui font bien plus mal que les morsures dans son dos sanguinolent, et elle crispe le poing de rage. Tu voulais l'sauver, regarde ce que tu as fait Félina... Le souffle est haletant, le bras plaqué sur sa poitrine : La fière Féline n'est plus là. «
Oui Karyl ... tous les deux ... rien que ... » Elle ferme les yeux, tout tourbillonne ...Respirer ... « Je ... j'ai .. Rentrons .. . »

«
Ma..maman...? » La main de l’enfant inquiet se pose sur l'épaule. Il ne sait pas que faire le petit, il n'a jamais eu à soigner personne et encore moins quelqu'un qui lui est aussi cher. Courageux, « il faut que tu es courageux » se répète-t-il sans cesse mais comment ? Et l’évidence s’impose à lui peu à peu. Le voilà se redresse oubliant sa peur, sa colère et ses envies de vengeance. Il doit être un homme et sauver la mercenaire qui vient de chuter, sauver sa mère dont la vision lui brise le cœur. Et le regard de l’enfant se pose de nouveau sur la femme, larmoyant, paniqué. Si karyl savait qu'il l'aimait depuis bien des années maintenant, la voir ainsi, à cause de lui, lui fait comprendre bien des choses. Il comprend surtout ce qui était déjà évidence, il ne peut plus sans elle et la peur de la perdre lui donne soudain des ailes. « Je ai encore besoin de toi maman… Faut tu te appuis sur moi pour que tu vas bien... Et on rentre d'accord? » murmure-t-il doucement comme si cela été un grand secret faisant réouvrir les yeux à celle qu’il aime qui lui sourit comme elle peut. Faiblement, cette dernière lève son bras libre vers lui et vient essuyer une larme sur son visage. Petit homme qui vient de grandir trop vite ... La mercenaire soupire, elle a échoué ... Il pleure encore. Maudite soit tu, Félina. Elle se relève alors serrant les mâchoires en s'appuyant sur le garçonnet. « J'vais pas te lâcher Karyl ... On rentre oui ... on rentre. » Dernier effort pour se mettre en marche.

Petit homme qui ne sait comment réagir, réfléchie et … le voilà alors qui se met à sourire, parler de tout et de rien pendant tout le trajet, parler, parler, parler encore sans s’arrêter. Ne pas montrer sa peur à chacune des haltes, à chaque fois que la main s'appuie un peu plus sur son épaule. Et le château se dresse enfin, interminable voyage qui prend bientôt fin. Au mioche de demander alors toujours aussi inquiet : «
Tu peux continuer? Tu veux que je vais chercher quelqu'un pour que il te porte ou te met dans la charrette? »

Pour la mère aussi le trajet semble lui durer des heures, chemin de croix pour la Rastignac épuisée. Mais elle se laisse bercer par la voix de son fils, moulin à parole qui lui fait oublier la douleur. il lui faut juste quelques instants pour réaliser qu'il lui a posé une question en constatant qu'ils sont devant le château. Elle grimace. «
J'vais y arriver ... j'veux voir personne. » Et que personne ne me voit dans cet état surtout, finit-elle pour elle-même.

«
Mais faut que on appelle le médicastre! » Le petit homme regarde sa mère d'un air qui se veut dure genre : c'est moi qui commande, avant de poursuivre : « Faut que on te soigne bien et moi...Je sais pas tout faire… Alors si tu marches jusque la chambre moi je trouve ce est trop mais je veux bien mais après il faut que je dis à le médecin sinon et ben moi je vais pas être content hein si tu dis non et de toute façon je ferrai quand même alors je crois il faut mieux tu dis oui tout de suite tu es d'accord? ». Nouvelle grimace, elle sait qu'il a raison mais comment supporter que quelqu'un puisse voir l'affront que l'on vient de lui faire dans le dos, ce serpent qu'elle ne verra jamais que dans un miroir mais qui la marquera à vie du sceau de la honte de n'avoir pas su se défendre. Assaillie de pensée, elle se surprend elle même pourtant dans sa réponse. « On monte et tu cours le chercher ... C'est bien comme ça ... » Et pendant ce temps là elle aura eu le temps d'hurler sa colère et de cacher sa nudité.

«
Faut pas tu restes comme ca! » lance soudain l’enfant comme s’il réalisait soudain l’état de nudité de sa mère. Et au mioche d'ôter sa petit chemise et de la lui tendre dans l'espoir de l'habiller un peu pour le temps de la montrée jusqu'à la chambre. Astuce? Ne pas lui laisser le temps de dire non ou de rouspéter et déjà se mettre en route se forçant à sourire, rassurant, vantant allégrement les bienfaits de la médecine moderne au passage. Et puis le petit homme serait la pour vérifié que le médicastre ne ferrait pas de bêtises et par conséquent sa mère n'avait aucune raison d'avoir peur. Elle s'empare du morceau de tissu salvateur et le plaque devant elle, ne laissant plus que son dos en sang dénudé, incapable de supporter le moindre contact. C'est comme si elle ressentait les contours du serpent, son venin s'insinuant dans ses veines. Chemin est donc prit toujours du même rythme lent, la porte est franchie par le couple peu ordinaire. Regard noir du môme au passage à quiconque se permettrait le moindre commentaire, ébouriffage de cheveux en règle d’une mère somme toute attendrie de l’attention de son fils et déjà les escaliers s'avalent, doucement, marches par marches, la porte de la chambre se dévoile et la voix enfantine raisonne de nouveau :
«
Tu veux que je te aide à entrer ou je peux aller cherche le docteur? »
« Fonce le chercher Karyl ... et merci ... » Oui ... merci ... vraiment.»
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un simple gamin des rues...
Luciedeclairvaux
[Angers]

Avant même que l'Ange ne croise la Féline, le bruit courait en ville qu'elle était revenue pour rendre sa bague. Mais la Zoko est une reptilienne amante qui ne se laisse pas quitter sans mordre une dernière fois et asséner son venin à celui qui reprend sa liberté. Tu ne m'aimes plus ? Et bien déteste-moi ... ad eternam.

Lucie, dans son habituel optimisme, peinait à croire que Félina avait fait ce choix. Certes, elle savait qu'elle était dévouée au Colosse, l'autre chef, et que celui-ci était enfermé dans une grotte, quelque part, loin du monde. Mais il y avait le reste de la troupe. Ils étaient une Compagnie, un tout. Ils étaient un. Elle ne pouvait pas partir ...

Et le moment arriva, inattendu mais pourtant incontournable. De quoi parlaient-ils avant qu'elle n'entre ? Lucie ne se souvenait plus, mais toutes les conversations s'arrêtèrent et les mercenaires suivirent le regard de leur chef : Felina venait payer son dû.

Sur ordre, la Prunette bloqua la porte. Et tandis que le Moustachu avait déjà dégainé sa dague, l'Ange déploya ses ailes et tourna autour de la Panthère, cherchant à convaincre, en faisant mal s'il le fallait, cherchant à éviter le pire ... mais ses mots tombaient dans le vide. La bague avait été rendue et Felina n'était tournée que vers un seul but : payer et partir.

Alors les azurs de la blonde s'obscurcirent, et elle se résolut enfin à obéir à Maleus. Entre temps, Chaos avait immobilisé la rebelle dont Lucie défit la chemise.


J'pensais pas pouvoir te faire ça un jour ...

Le ton était emprunt d'un amusement malsain, mais au fond, c'était aussi ce que pensait l'Ange en elle. Elle ne pensait pas devoir lui faire ça un jour ...

D'un geste vif elle tira sur le tissu et présenta le dos de l'ancienne mercenaire à la vue de tous. Le chef allait pouvoir exercer ses talents de dessinateur. A aucun moment Lucie ne détourna les yeux. Ce qui devait être serait. Quand le serpent de chairs à vif fut terminé, elle rinça le sang avec un alcool fort qu'elle avait dans sa flasque et reposa la chemise dessus, en guise de pansement. Elle ne pouvait guère faire mieux et ne soulageait certainement pas l'immense douleur qui ne tarderait pas à lui faire perdre connaissance.


Ça désinfecte, Minou.


Puis tout alla si vite ... Le mioche revenu. Felina au sol. L'enfant dégaina une dague trop grande pour lui. Non, il ne le ferait pas ... Elle esquissa un geste, mais trop tard, l'arme était partie droit vers Lui ! Son maître d'armes blessé à l'épaule. Jamais elle ne pardonnerait cela à Karyl. Elle l'aimait bien pourtant, ce petit. Enfin, il était moins pire que les autres mioches, et puis il s'intéressait aux armes. Mais on ne touchait pas au Borgne sans trouver un Ange sur sa route. Il ferait désormais partie des ennemis dont elle se méfierait.

Le soir, tandis que la Féline agonisait certainement quelque part dans une auberge de la ville, Lucie soigna Maleus et refit quelques points. Il aurait pu mourir sans savoir ... savoir son dévouement, son allégeance, son adoration.

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Chaos
Chaos essayait encore de faire de l'humour, pour ne pas changer. Malheureusement pour ceux qui sont dans la même pièce que lui, il ne réussissait pas. Mais lorsque Felina entra dans la taverne, il se tut. Tous les regards étaient braqués sur elle qui venait de plonger tête la première dans ce repère de Zokoïstes pour faire ce qu'elle avait annoncé : rendre sa bague. Tous les visages étaient maintenant braqués sur Maleus pour observer sa réaction. Même le Moustachu, le dernier arrivé dans la compagnie, avait eu écho de ce qui arrivait à ceux qui partaient : un Poison qui se fait couper un doigt, un rouquin qui sort les pieds devant. Même lui, qui aimait pourtant s'attirer les foudres de pas mal de monde, ne serait pas venu maintenant. Quatre mercenaires de la Vipère était réunis autour de la pécheresse. Aucun étranger n'était présent. La taverne ressemblait tout d'un coup à un lieu de cérémonie.

Le Borgne faisait rouler la bague entre ses doigts, un instant pensif, tandis que la Féline se tenait droite devant lui. Mais qu'est ce qu'elle attendait pour lui tourner le dos et sortir ? Elle était suicidaire ou quoi ? Le brigand ne la comprenait pas. Il la connaissait peu, mais il ne l'imaginait pas aussi folle. Mais trop tard : l'ordre tomba. Mira bloqua la porte, tandis que Lucie et lui devaient se saisir d'elle. Tous deux se levèrent lentement. Le brun sortit sa dague de sa botte et ne quittait plus l'Ange des yeux, car il resterait à sa hauteur jusqu'au bout. Il ne ferait pas plus, ni moins, même s'il n'avait pas envie d'obéir. D'un autre côté, un ordre, c'est un ordre. Ça se discute pas.

La blonde essayait de résonner sa meilleure amie. Tout cela était trop long. Felina savait ce qui l'attendait en venant ici, autant qu'ils en finissent le plus possible. Chaos contourna la table, tandis que les deux femmes discutaient, pour venir sauter sur le meuble en bois et courir vers elle pour la plaquer au sol sans aucun ménagement. Ne lui laissant aucun répit, il l'avait immobilisé, lorsque la porte s'ouvrit -Mira faisait mal son boulot- pour laisser entrer le fils de Felina. C'était pas prévu, ça.

Mal' commence à appâter l'enfant, ce qui rend Felina plus gigotante. Les trois mercenaires le regardent faire, sans broncher. Chaos n'en pensait pas moins. Le mioche n'avait rien à voir dans l'histoire, Mal ferait mieux de l'envoyer balader au lieu de l'utiliser. Ceux qui quittent la Zoko doivent en payer le prix, mais ce n'était pas la peine d'aller jusqu'à prendre un otage. Ils ne bougeaient pas, mais si Mal blessait le gosse, il interviendrait. Il a beau faire le macho sans cœur, il ne supporterait pas qu'on s'attaque à Karyl, à un enfant qui n'a rien demandé.

Heureusement, il sortit. Cela soulagea le balafré qui n'en montra rien. Il restait fermé, sans pensée apparente. Il se contentait d'obéir, ce qu'il ne faisait jamais auparavant. Il la tenait en position à genoux, le temps que le Borgne commence les hostilités. Puis l'Ange lui enleva sa chemise, et c'est là qu'il la ressaisit les bras pour l'allonger de tout son long sur le sol. Il mettait tout son poids dans le genou plaqua sur le haut de son dos. Ce corps à moitié nu sous lui, dominé, chaud, ne lui faisait aucun effet. C'était une belle femme, avec de belles rondeurs, mais ce qu'il était entrain de faire était un sale boulot durant lequel il ne préférait rien ressentir de peur de se dégoûter lui-même plus tard lorsqu'il se regardera dans une glace.

La lame grava dans la chair le tatouage, ce qui fut source de grande douleur et donc d'agitation. Les ongles de Chaos rentraient maintenant dans les bras de la Féline qui se débattait. Il ne savait pas s'il allait pouvoir la tenir longtemps ainsi. Le plus difficile fut peut-être lorsqu'elle cria : le jeune homme ne put s'empêcher de grimacer. Il n'avait plus qu'une seule oreille, mais son tympan ne supportait pas ses hurlements.

Quel soulagement ce fut lorsqu'il la sentit faible et docile. Chaos put relâcher son étreinte sur elle, et se releva lorsque le dessin fut fini. Il se posta aux côtés de Lucie qui n'avait pas quitté la lame des yeux. Elle commença à déverser un alcool sur les blessures pour désinfecter, et lui jeta la chemise sur le dos. Ils n'avaient plus besoin de lui, il sortit donc de la taverne sans même un regard à Mira. Il ne dirait pas un mot avant d'être sorti, parce qu'une arme, cela ne parle pas. Cela fait ce que demande son maitre. Et c'est ce qu'il avait fait. Mais malgré cela, Felina avait gagné le respect du Moustachu : peu pouvaient se vanter d'avoir assumer leur choix jusqu'à souffrir comme elle l'a fait.

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Felina
Une taverne, à Saumur.

La Rastignac, verre à la main profite d’un instant de calme pour s’éloigner de la foule et du bruit de l’extérieur. Dans le village angevin, l’air est moite et chaque effort reste encore un vrai calvaire pour l’ex-mercenaire au dos meurtri. Depuis les soins du médicastre de la duchesse Kilia, la Féline ne s’est guère préoccupé des soins à accorder aux blessures dans son dos. C'était bien sûr sans compter sur Karyl qui chaque matin insistait pour lui changer ses pansements, et à qui elle cédait bien évidémment. Sans son aide, sûrement aurait elle du trouver un soigneur, rapidement, sous peine de voir ce serpent gravé à la lame d’un Borgne finir par avoir raison d’elle.
Mais avant, une dernière chose à faire pour en finir définitivement avec la compagnie. Un homme qu’elle a toujours tenu en haute estime, le craignant tout en le respectant. Ces deux là avaient partagé beaucoup, sans pour autant se confier plus que ça, s’offrant l’un à l’autre dans quelques moments de pures folies et d’oublis, mais sans jamais créer un lien autre que celui de compagnons d’armes, après celui de Maître à Apprentie. Pourtant, pour l’ancienne zokoïste, impossible de tourner totalement la page avant d’avoir couché quelques mots sur le papier à son intention.
Pour El Diablo, le maître de la Zoko, le seul en ce qui la concerne…


Citation:

Eik,

Je ne sais pas vraiment où tu te terres ni même si tu liras un jour ces quelques mots. Pourtant je les ai écrits, parce que toi plus que personne tu mérites la vérité. Sûrement que tu t’en contrefous, mais moi j’avais besoin de te le dire, de vive voix si l'on peut dire. Comme tu l’apprendras tôt ou tard de la bouche de tes hommes, je ne fais plus partie de la Zoko.

‘Ad Eternam’ … je sais … Je sais aussi que je n’ai fait aucune promesse et pourtant elle a toujours été là, tapie quelque part, implicite. Seulement, parfois la vie fait que l’on remet en question nos choix et notre avenir. Comme je te l’ai déjà dit après la mort du rouquin, je pensais être morte avec lui, comme tu es mort toi-même avec Apolonie. Mais c’était sans compter sur la frimousse de mon petit magicien.

Tu souriras peut être du fond de ta noirceur en m’imaginant raccrocher les armes pour ne plus me consacrer qu’à cet enfant, et c’est cependant la vérité et la seule décision qui s’est imposée à moi. Mais comme je ne suis ni lâche, ni peureuse, je suis allée au devant de Maleus pour lui rendre la bague en main propre. Je savais ce que je risquais, mais au fond de moi, naïvement, je pensais que peut être il m’offrirait ce dernier combat avec lui, en toute loyauté. Il n’en a rien été et je ressors de cet échange musclé contre lui et d’autres vipères avec une marque indélébile me recouvrant tout le dos. La Zoko ainsi ne me quittera jamais vraiment … Elle est désormais gravée à même ma chair.

Je vais maintenant aller vivre ma vie, le plus paisiblement possible, avec Karyl à Saumur, dans la ferme du vieux Georges. Je n’aurai d’autre but que de le protéger de ce qui nous a, toi, moi et tous les autres, fait sombrer dans les abîmes. Il ne deviendra jamais ce que nous sommes devenus, je me le suis jurée, et il restera joyeux et insouciant autant qu’il me restera un souffle de vie au corps.

Peut être un jour te retrouverai-je au détour d’un chemin de traverse, qui sait? Et si ce jour tu réclames le prix de ma fuite de la compagnie, alors je l’accepterai. Puisse tu faire que la Zoko retrouve sa gloire d’antan et ne continue pas de sombrer dans la fange angevine comme elle le fait actuellement, dénaturant tout ce en quoi tu as toujours cru : son indépendance.

Je ne sombrerai pas dans le mélodrame avec toi en te disant adieu, car je sais que nous nous reverrons tôt ou tard, dans ton monde, celui où je finirai ma route : l’Enfer. Mais avant ce jour, j’ai un petit ange blond à guider vers le Paradis.

Prends soin de ta carcasse El Diablo.

La Féline.

Ps : Je garde le gant que tu m’as offert, en souvenir de tout ce que nous avons partagé je te souhaite de peut-être toi aussi trouver un jour la voix de ta rédemption …


Missive roulée et liée, avant qu’elle l’attache à la patte d’un pigeon. Vers où l’envoyer ? Aucune idée, mais en ce monde étrange, ces volatiles n’ont-ils pas la faculté de trouver n’importe qui n’importe où ? Advienne que pourra donc !
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A trop jouer avec les Félins, il faut s'attendre à être griffé ...
Chaos
[Angers]

Il s'était endormi en taverne tandis que Lucie et Mal' parlaient de... de quoi déjà ? De plein de choses qu'il n'écoutait qu'à moitié tandis qu'il se penchait inexorablement sur la table jusqu'à baver dessus. Ils parlaient de l'Ordre de la Licorne, de l'alliance du Ponant, des avantages et des risques. Tout cela lui passait par dessus la tête. D'ailleurs, tout ce qui ne le concernait pas de près, il s'en foutait. Il préférait dormir jusqu'à ce que Lucie le réveille. Le borgne était déjà parti. Direction l'auberge où ils passeraient la nuit.

Allongé sur le lit, la couverture ne remontait que jusqu'à ses genoux. L'air ambiant était chaud depuis que l'Ange l'a réveillé à sa manière, et il avait l'impression d'entendre l'écho de leurs soupires de plaisir tandis qu'il regardait fixement le plafond fissuré. D'un geste délicat, il souleva la main fine posée sur ton torse et la reposa sur la hanche blottie contre lui avant de se lever en silence. Il passait de merveilleux moments avec une belle femme, et pourtant, il pensait à une autre. Il alluma une bougie posée sur le petit bureau, prit encre et plume et rédigea une missive à ses remords qui avaient un nom : Felina.


Citation:
Chaton,

Je t'écris cette belle lettre d'amour pour te dire que je suis sous ton charme, que ta grosse poitrine me rend fou, que j'ai envie de te faire miauler toute la nuit.

Nan, tu rêves toute éveillée, ma vieille.

Je voulais juste te donner des nouvelles, si ça t'intéresse. Je me prends souvent la tête avec Mal' en ce moment : il se plaint qu'on se barre, qu'on le laisse seul, mais c'est notre faute s'il veut pas suivre ?

Et puis, on s'est bouffé le museau à ton sujet. Finam, le géniteur barbu et gras-double de Lucie, a dit qu'il aimerait bien te refaire le portrait, alors le borgne a raconté ce qu'il t'a fait, et a ajouté que ca lui rendrait service s'il le faisait. Je leur ai dis que celui qui te touche, je le désosse.

Tu te demandes sûrement pourquoi je prends ta défense ? J'ai jamais aimé les pourritures qui s'attaquent à plus faible qu'eux sans prendre de risque. Toi, t'as changé de vie, t'as raccroché tes griffes, donc ils ont pas lieu de venir t'emmerder toi et ton gosse. Depuis, Mal' dit que je protège la veuve et l'orphelin. Quel enfoiré.

Si je les ai menacé, c'est aussi parce que tu vaux mieux qu'eux. T'as assumé ton choix, la marque dans ton dos en est la preuve. T'as mon respect, contrairement aux autres. Le pire, c'est que le borgne m'a avoué lui-même qu'il avait été lâche dans sa vie. Et il en est fier. On m'a raconté que c'était un Libertad dans le passé, le genre de gars qui faisait des trucs fous pour ses convictions. On m'a raconté que la Zoko fonçait dans le tas, peu importe qui il y avait en face. Je me suis battu avec lui en Bourgogne, et même en Anjou : une fois, il a chopé la lame de ma dague à main nu tandis que je le menaçais. Il pissait le sang, mais il m'a bluffé. J'ai même essayé de faire pareil, sûrement pour me prouver que j'étais aussi fort que lui.

Je me trompais apparemment. Il a refusé ton duel car il savait qu'il avait des chances de perdre. Il veut te finir alors que t'as jeté les armes. Franchement, je le reconnais pas. C'est pas le Maleus que j'ai connu et que j'étais prêt à suivre. Il vieillit mal, faut croire. Il devient lâche, et il en est presque fier. La preuve : il m'a dit qu'il t'en aurait même pas voulu de pas lui avoir rendu la bague face à face. Au lieu de dire que t'as pas froid aux yeux, que t'es folle ou courageuse, il te traine dans la boue.

Pis je voulais aussi te dire que si c'était à refaire, je t'aurais pas maintenu au sol. J'aurais posé ma lame sur la nuque du borgne pour qu'il lâche Karyl, et je vous aurais laissé régler vos comptes. Le gagnant, je m'en fous, tant que c'est dans la dignité.

Comme je te l'ai promis, je protège Lucie, même si c'est moi qui suis protégé d'Arnulf : ce gros tas est jaloux je crois. Faut dire qu'il est pas aussi beau que moi, hein ?

Si tu me donnes une réponse, adresse la au monastère près de Saumur. J'y serais pendant les deux prochaines semaines. Essaie de parler à Lucie pendant ce temps, vu qu'elle sera elle aussi à Saumur. Votre inimitié semble vous rapprocher plus que vous ne pensez.

Prends soin de toi Minou.

Chaos


La lettre avait été écrite d'une traite. Il lui semblait que tout avait été dis. Il repose la plume et laisse l'encre sécher, il enverrait la missive avant que Lucie se réveille. En attendant, il retourne à sa place entière tiède. A peine le temps de s'installer qu'il sent la main revenir sur son torse et une jambe glisser sur lui. Il tourne la tête vers elle et l'embrasse tendrement. Il la protégerait jusqu'au bout, son Ange.
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Luciedeclairvaux
[Dernière nuit à Angers]

Ce soir-là, L'Ange s'était évertuée à redonner envie à son chef de les emmener dans les plans les plus fous. De rêver autour d'une carte, de voyages, de batailles contre le Royaume entier, de soulever le Ponant pour mieux faire sonner les épées et faire se mesurer les machines de siège les plus avancées. Des stocks de poudre dormaient encore dans un de ses coffres. Quand l'heure viendrait-elle ?...

Lucie, un œil attendri sur le mercenaire qui bavait allègrement sur la table, jubilait à l'idée que la Zoko, renaissante et forte, trouverait de nouveaux contrats. Les fourmis la titillaient à nouveau et l'Automne verrait certainement d'autres déplacements. En attendant, il fallait laisser passer les chaleurs estivales. Les guerriers se reposaient.

Le départ de la Féline, outre la déception, entraînait bien des inquiétudes. L'Ange avait peur de voir la Compagnie se déliter lentement. Un Colosse absent, qui avait autrefois l'art de recruter. Fallait-il le remplacer dans cette tâche ... le saurait-elle seulement ? Un Borgne plus maussade que jamais, qui défiait aisément celui qui émettait le moindre doute. Mais ça, l'Ange ne s'en inquiétait pas outre mesure. Elle savait ses hauts, et ses bas ...

Cette nuit-là, elle avait dormi comme un ange, loin de s'imaginer que Chaos, celui-là même qui partageait ses nuits et son entière confiance, dénigrait ce qu'elle avait de plus cher au monde, sa Compagnie, sa vie, sa famille ... la Zoko. Elle soupira simplement en sentant son corps musclé et imposant se retourner dans la couche. Un baiser plus loin, elle retombait dans les bras de Morphée ... jusqu'à l'aube où il saurait la réveiller avec tendresse et ardeur.

Au petit matin, ils rentreraient à Saumur, sains et sauf, évitant la fureur de 19. Miracle ... la blonde avait-elle désormais le don de convaincre ?

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Felina
Saumur, ferme de Karyl et Félina, quelques jours plus tard


Elle regarde fixement le plafond, le ciel même à travers les ouvertures du toit de chaume en mauvais état. Le soleil n’est pas encore levé mais déjà la voute céleste se pare des mille couleurs chatoyantes de l’aube, annonçant encore une belle et chaude journée. Pour la mercenaire à la retraite, le programme est identique aux jours précédents : déblayer, retaper, arranger la propriété de son fils afin de lui faire retrouver sa gloire d’antan et de la transformer en un endroit agréable. La mère et l’enfant ne ménagent pas leurs efforts mais la tâche est grande aussi cela n’avance-t-il que bien trop lentement au goût de la Rastignac.
Si ses journées sont épuisantes, elle qui n’est en rien habituée aux travaux manuels, ses nuits ne sont pas pour autant reposantes et la Féline peine bien souvent à trouver le sommeil, Morphée ne se décidant que très rarement à lui ouvrir les bras. Les cauchemars se succèdent les uns aux autres, et c’est souvent qu’elle se réveille en sursaut, fonçant vers la chambre de Karyl pour vérifier qu’il est bien là et en vie. Si la mort ne l’effraie plus pour elle-même depuis bien longtemps, il n’en est rien pour celle de son fils, et son inquiétude ne va que croissant depuis qu’elle a quitté la Zoko, se faisant par la même de nouveaux ennemis et pas des moindres.

Tiens, tiens … en parlant de ses anciens comparses d’armes, les pensées de la mercenaire à la retraite s’égarent soudain vers la missive reçue quelques jours auparavant. Et quelle missive ! La lecture lui avait laissé des sentiments contrastés : colère d’abord en découvrant son auteur, puis surprise en prenant connaissance de son contenu et peut être même une fois lue avait elle ressenti une certaine tendresse à l’égard du moustachu qui avait eu le courage de lui écrire ces lignes. Aussi ce matin a-t-elle décidé que le jeune homme méritait amplement une réponse et c’est avec cœur qu’elle se dirige vers la petite table en bois de sa chambre pour se mettre au travail.


Citation:
Le Moustachu,

Je te mentirai en te disant que tes mots ne m’ont pas surpris. Il faut une sacrée dose de courage pour oser te confier comme tu l’as fait, et crois moi niveau fierté j’en connais un sacré rayon. Aussi je connais la valeur du geste que tu as fait en m’écrivant et je t’apporte la réponse que tu mérites.
Tu me parles des rancœurs et des projets de vengeance de Finam et Maleus, mais je ne suis pas surprise. Ces deux là se nourrissent de la peur qu’ils inspirent aux autres et se délectent de menacer autrui. Mais je ne les crains pas, les sachant en effet bien trop lâches pour venir me voir d’eux-mêmes dans ma retraite pour comme tu l’écris : « me refaire le portrait. »

Je pense pour ma part avoir eu mon compte, en témoignent les affreuses cicatrices qui me brûlent encore le dos, mais je saurai les accueillir si d’aventures ils osaient venir, ce que je ne crois pas. Le Borgne a bien mieux à faire que de s’occuper de son ancienne compagne d’armes, à qui, comme je te l’ai dit, il a refusé ce fameux duel pour assouvir sa vengeance. Il va devoir désormais porter la compagnie seul et l’empêcher, bien en vain je le pense, de se déliter totalement. La Zoko n’est plus ce qu’elle était et ne le sera sûrement plus jamais, et je suis heureuse de constater que toi, pourtant si jeune dans la compagnie, tu le réalises.

Peut être pourras tu alors rendre la vue à Lucie, qui elle ne voit que les futurs coups d’éclat de la Zoko, aveugle à tout ce qui se passe et à la folie qui s’est emparé de son très cher Borgne. J’ai aimé Maleus, comme un frère, et il le sait.J'avais retrouvé en lui et Eikorc mes deux frangins disparus et qui comptaient tant pour moi. Mais je ne reconnais plus rien en lui de ce qui m’a fait vibrer jadis : le courage, le plaisir de combattre avec les siens et de défendre ce en quoi il croyait. Maleus était un homme fier et impitoyable, craint de tous et respecté. Il n’est devenu que rage et couardise, , ne méritant plus que mépris ou indifférence. En ce qui me concerne, le chemin n’a pas été aisé pour passer de l’un à l’autre, mais désormais j’ai tourné la page et je vais l’oublier comme il m’a déjà oubliée, pour ne plus me centrer que sur la petite tête blonde qui partage ma vie.

D’aucun me traineront dans la boue, saliront ma mémoire de mercenaire en me traitant de traître et de mauviette. Mais j’ai ma conscience pour moi, je n’ai pas été un ange dans ma vie loin de là même, mais avec la Zoko je n’ai jamais failli à ma fidélité, leur sacrifiant tout et les suivant aveuglément dans toutes leurs folies. J’ai retrouvé la vue et je me tourne vers l’avenir, autant que je le peux du moins.
J’ai écris à Eikorc pour lui faire part de mon départ, tu vois … je ne fais rien dans leur dos, il me reste encore un peu de fierté il faut croire.
Ton passage sur ce que tu aurais fait si tu avais su tout cela m’a fait sourire. Ainsi donc tu ne l’aurai pas aidé et tu aurai défendu mon fils … Nul ne sait ce qui se serait passé si tu avais agit ainsi, et tu sais tout comme moi que l’on ne peut réécrire le passé. Nul besoin de regretter, ce qui est fait est fait. Tu es jeune et encore bien innocent sur certaines choses, mais c’est ce qui fait ton charme je suppose.

Je vais arrêter là ma prose, car décidément écrire n’est pas ce que je fais de mieux et j’entends Karyl qui s’affaire en bas. Je vais donc me hâter de le rejoindre. Comme tu me l’as indiqué, je vais transmettre cette missive au monastère pour qu’elle te parvienne. Je reste persuadée que nos chemins se recroiseront tôt ou tard. J’ai revu Lucie, mais toutes les deux nous n’avons définitivement plus rien à nous dire, elle reste sourde et aveugle à la vérité, aussi je ne peux la forcer à me croire. Je l’appréciais sûrement plus qu’elle ne le saura jamais, comme une sœur je pense même.

Veille sur elle comme sur le plus précieux des joyaux, et ne t’en fait pas pour cette brute Arnülf, il l’aime tellement que jamais il ne fera de mal à ceux qui l’entourent, dusse-t-il pour cela souffrir mille tourments de jalousie.

Prends soin de toi gamin.

Félina R.


La missive est alors soigneusement roulée et liée par un des liens de cuirs qui retient la lourde chevelure de la Rastignac. Plus tard dans la journée elle la déposera au monastère, préférant la remettre en mains propres.
La page se tourne pour de bon cette fois ci …


Karyl ?! J’arrive !
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A trop jouer avec les Félins, il faut s'attendre à être griffé ...
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