Faebur
Après une récolte plutôt fructueuse durant quelques jours sur les chemins bourguignons, récolte fructueuse car c'était bien entendu la saison des fraises, Faebur, Leania et Aud avaient tout de même fini en prison, pendant trois jours. Ce qui avait ses avantages et ses inconvénients. Avantage, il n'y avait pas besoin de supporter les grognements continuels de la sur de son ami, inconvénient certains courbes n'étaient plus à portée de vue. Et la sortie de prison risquait d'être des plus animées, car Faebur doutait que quelques jours de réclusion n'arrangent véritablement le caractère de la demoiselle.
En fait, ce fut pire que prévu, puisqu'Aud ne voulut pas repartir de suite, préférant se reposer un temps indéfini en ville, sûrement pour profiter d'Esméralda qui ne le quittait point. D'où la question très importante qui se posait aux deux restants : que faire ? Faebur se voyait mal rester en ville ainsi, à se tourner les pouces encore et encore. Mais partir sur les routes tout seul... Ce n'était pas l'idéal, on finissait vite par s'ennuyer. Et puis, les récoltes étaient en général moins bonnes.
Le jeune homme se tourna vers Leania qui se tenait à ses côtés, mais pas trop près hein, sans tenir compte des gens qui passaient à côté d'eux, dans la ruelle où ils se trouvaient. Il détourna son regard d'elle juste avant qu'elle ne le remarque, s'absorbant quelques secondes dans la contemplation d'un ver de terre qui se prélassait à côté de son pied gauche, avant de respirer un bon coup et de la regarder à nouveau. Il ouvrit la bouche, la referma, la rouvrit de nouveau, avant d'articuler avec difficulté.
Et donc nous... heu... Que fait-on ?
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"Ne pas s'élever bien haut, peut-être, mais tout seul..."
Faebur
Faebur s'attendait à une vive réaction, il ne fut pas déçu. Enfin, déçu n'est pas vraiment le terme approprié : il ne fut point surpris, voilà. Le jeune homme jeta un léger coup d'il du côté de Aud, espérant un peu d'aide de sa part, mais il était bien trop occupé à bécoter Esméralda.
Nous
comment ça nous ? Il ny a pas de nous ! Vous avez vu ça où vous ? Vous prenez votre baluchon, et faites ce quil vous chante
et jen ferai de même
Tout le paradoxe de Faebur était qu'il craignait toujours un peu les réactions de Leania, avec raison visiblement vu la fougue des dites réactions, mais il ne pouvait s'empêcher de riposter vertement dès qu'elle haussait le ton, comme à l'instant par exemple. Il resta néanmoins sans voix quelques instant, et la regarda faire la bise à son frère et à Esméralda avant de s'éloigner sans un mot, et sans même un regard dans sa direction. Que faire ? Essayer de la convaincre qu'il valait mieux voyager à deux ? Non, aucune chance de réussir. C'était une femme, elle ferait exactement l'inverse. D'autant plus qu'elle préférait visiblement largement être seule, quitte à avoir une cueillette plus faible, plutôt que de supporter sa compagnie davantage.
Partir de son côté alors ? Au moins le trajet sera beaucoup plus calme, nettement moins houleux. Mais la cueillette moins bonne. Et la vue, de même... Faebur se gratta le menton quelques secondes puis suivit Leania qui s'éloignait déjà, non sans avoir salué Aud et Esméralda d'un léger signe de tête et d'un haussement d'épaules résigné. Il rattrapa la jeune femme en quelques enjambées et, sans la regarder vraiment, gardant les yeux fixés sur le bout de la rue qui permettait de sortir du village, il lança d'un ton désinvolte.
Auriez-vous peur de voyager en ma compagnie ? Ou peut-être est-ce la crainte de ne pas vous révéler à la hauteur sous mes yeux, lors de la cueillette ?
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"Ne pas s'élever bien haut, peut-être, mais tout seul..."
Faebur
Faebur s'attendait à plusieurs réactions de la part de la jeune femme, une baffe monumentale dans le pire des cas, un haussement d'épaule avant de l'ignorer superbement dans le meilleur, mais le geste de Leania le surprit et il faillit avoir un mouvement de recul lorsqu'elle lui saisit le bras fermement pour l'entraîner à sa suite d'un pas vif, toujours en direction de la sortie de la ville.
Vous croyez-vous donc à la hauteur vous-même pour me tenir un tel discours ? Quest-ce qui peut bien vous faire croire que vous seriez meilleur que moi ?
Un léger sourire étira les lèvres du jeune homme qui hocha la tête et répondit à voix basse, presque pour lui-même.
Nous pourrons vérifier cela très bientôt je pense.
Allez, arrêter de traîner le nez en lair, là
il faut avancer avant la tombée de la nuit, et à ce rythme là, on risque de ne même pas arriver à sortir de la ville
du nerf !
Hé ho, doucement hein, c'était pas une course de vitesse ! A ce rythme-là, il allait s'effondrer trois lieues plus loin. Enfin non, pas question de montrer le moindre signe de fatigue avant elle, vraiment pas question. Calquant son pas sur le sien, sans chercher à dégager son bras, après tout si ça lui faisait plaisir de tâter ses muscles (comment ça il faut arrêter de rêver ?), ils sortirent tous deux de la ville et marchèrent droit vers la forêt non loin où ils s'engouffrèrent, appréciant la fraicheur qui régnait sous les frondaisons. Mais le changement de décor ne changeait absolument pas la situation du duo, si l'on peut appeler cela un duo, qui marchait donc toujours aussi vite, comme s'il voulait traverser la Bourgogne de part en part avant la tombée de la nuit.
Mais quand la dite nuit se révéla, cachant le paysage feuillu et touffu qui s'étendait devant eux, de part et d'autre du petit sentier qu'ils parcouraient depuis un moment à travers la forêt, Faebur ne put s'empêcher de lancer une petite remarque innocente, ou presque.
Vous comptez marcher jusqu'à ce qu'il fasse si noir que vous ne verrez pas le tronc d'arbre sur lequel votre joli nez ira s'écraser ? Ou alors nous pourrions peut-être aussi manger un morceau et s'arrêter pour la nuit non ?
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"Ne pas s'élever bien haut, peut-être, mais tout seul..."
Faebur
Tiens donc
auriez-vous peur du noir ? Ou bien trop fatigué pour continuer davancer
besoin de remplir votre estomac ? Il fallait le dire que vous manquiez dentraînement, je vous aurai ménagé un peu
Faebur ouvrit la bouche, puis la referma aussitôt. Bon, d'accord, il l'avait cherché, il aurait pu s'abstenir de poser la première question. Mais pas possible de se retenir, puisque s'il ne prenait pas l'initiative de lui lancer une pique, elle s'en chargerait à sa place. Les bras ballants, il la regarda s'installer dans un coin à l'abri des regards, à l'écart du sentier qui serpentait à travers la forêt, et, mécontent, s'assit sur une vieille souche, non loin d'elle. Le jeune homme sortit un morceau de viande de sa besace et mordit dedans d'un air hargneux, comme si cela avait eu le pouvoir de faire taire cette impertinente.
Faebur avait à peine fini son morceau de viande, et se demandait s'il n'allait pas en entamer un deuxième, ou peut-être finir par un fruit pour faire passer le tout, lorsqu'il vit Leania tourner brusquement la tête, à l'écoute. Tendant l'oreille, il perçut le craquement de branches caractéristiques d'une personne marchant lentement sur le sentier. Un léger sourire éclaira son visage, et son humeur remonta d'un coup. Se relevant sans faire de bruit, il saisit son arme, faisant attention à ne pas cogner la lame contre un rocher, et fit un léger signe de tête à Leania, pour lui indiquer de se placer sur le côté du sentier, bien visible tout de même car c'était les lâches qui attaquaient en traîtres, prête à prendre leur future victime sur le flanc, tandis que lui-même s'avançait au milieu du sentier.
Quelques instants plus tard, un homme apparut. Il était correctement vêtu, et quelque peu chargé, démontrant par là qu'il ne s'agissait pas d'un noble riche, mais plutôt d'un modeste artisan peut-être. La main sur son épée, un léger sourire aux lèvres, Faebur se retint de jeter un coup d'oeil dans la direction de Leania, lui faisant confiance pour la suite. Il faut dire qu'il n'avait pas trop le choix de toute façon.
Bien le bonjour cher voyageur ! Je vois à votre air fatigué que vous portez un lourd fardeau. Mais rassurez vous, Deos nous a mis sur votre route et ma compagne et moi-même... heu... ma compagne de voyage hein, nous sommes là pour vous en délester, ainsi que votre bourse qui sûrement vous pèse.
Faebur affermit sa prise sur le pommeau de son épée, se doutant que ces quelques paroles n'allaient pas du tout être au goût de l'homme, et il adressa une petite prière à Aristote, espérant que sa confiance en Leania était bien placée.
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"Ne pas s'élever bien haut, peut-être, mais tout seul..."
Faebur
Le voyageur restait silencieux, comme s'il avait compris qu'il était inutile de résister. Il faut dire qu'à un contre deux, dans un sous-bois la nuit, il avait peu de chances d'avoir le dessus, et encore moins d'espoir de recevoir une aide plus qu'improbable. Ils avaient finalement plutôt bien choisi l'endroit où se reposer, et Faebur remercia intérieurement Leania d'avoir marché autant, mais juste intérieurement, il n'allait pas le lui dire vraiment sinon...
Le jeune homme ne quittait pas l'inconnu des yeux, attentifs au moindre de ses mouvements, au cas où il aurait l'idée saugrenue de se défendre et de s'en prendre à Leania. Quoi que, il était plutôt à plaindre dans un tel cas. Faebur regarda la besace changer de propriétaire, puis sa coéquipière approcha sa main de la bourse qui pendait à la ceinture du voyageur, qui fit un geste pour la repousser. Craignant que cela ne dégénère, il sortit son épée de son fourreau de quelques pouces, attirant l'attention de leur victime, et permettant à Leania de lui arracher sa bourse vivement.
Esquissant un léger sourire, Faebur s'adressa au voyageur, tout en s'éloignant aux côtés de Leania pour s'enfoncer dans les bois et disparaître à sa vue.
Deos vous en saura gré Sieur, qu'il vous accompagne tout au long de votre route.
Une fois seuls, ils s'éloignèrent encore quelque peu marchant d'un pas vifs, afin d'être sûrs de ne pas être dérangés par des indésirables puis s'arrêtèrent un instant. Respirant calmement, Faebur s'adressa à Leania, curieux de savoir si la cueillette avait été bonne, même si le sieur ne paraissait point être immensément riche.
Alors, combien ?
*07-07-2010 04:06 : Vous avez racketté xxxxxxx qui possédait 25,46 écus et des objets.
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"Ne pas s'élever bien haut, peut-être, mais tout seul..."
Faebur
Faebur s'attendait à ce que Leania lui donne le bilan de leur rapine, mais au lieu de ça, elle lui tendit la bourse directement, le laissant compter lui-même. Retenant à peine un soupir d'exaspération, il prit la bourse et, après s'être assis sur la première souche venue, la vida sur ses genoux, esquissant un léger sourire en entendant les écus et les deniers s'entrechoquer joyeusement.
Ne relevant pas la pique que Leania venait de lui lancer, une fois de plus, à vrai dire il ne les comptait d'ailleurs plus, il s'absorba pendant plusieurs minutes au comptage minutieux des écus dérobés, sans jeter un il à sa collègue, qui pour une fois ne disait plus rien. Ou du moins, ne disait plus rien jusqu'à ce qu'elle trouve de nouveau quelque chose à lui lancer à la figure, au figuré bien sûr.
Alors vous avez fini les comptes ou vous avez besoin que je vous prête mes dix doigts ?
J'ai fini, j'ai fini, et je vais sûrement plus vite tout seul que si vous m'aidiez. Pas grand chose de gagné mais bon, c'est toujours ça de pris.
Il glissa une partie des écus dans sa propre bourse, avant de renvoyer l'autre au pied de Leania, retenant un léger sourire, son regard partant de la bourse pour remonter jusqu'au visage de la jeune femme, essayant de ne pas trop s'attarder en cours de route. S'apercevant qu'elle le regardait fixement, il détourna les yeux, espérant de tout cur ne pas rougir, surtout pas devant elle, surtout pas.
Sans ramener son regard sur Leania, il essaya de garder un ton neutre, et surtout de ne pas bafouiller, pour s'adresser à elle.
Vous... devriez vous déshabiller. Enfin heu... Pas entièrement hein...
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"Ne pas s'élever bien haut, peut-être, mais tout seul..."
Faebur
Juste après avoir posé sa question, d'un ton qu'il espérait affirmé, au moins autant que possible en tout cas, il ramena son regard sur la jeune qui finalement paraissait presque aussi mal à l'aise que lui. De la pudeur ? Ou bien peut-être était-elle choquée... Ou vexée aussi. La connaissant même juste un peu, Faebur optait plutôt pour la dernière solution.
Il esquissa un demi-sourire en écoutant sa réponse, à laquelle il s'attendait plus ou moins, même s'il avait espéré, malgré tout, qu'elle comprendrait ce qu'il voulait dire. Raté visiblement. Il aurait peut-être du expliquer un peu au lieu de laisser la question telle quelle. Il s'affaissa dans l'herbe fraîche tapissant la minuscule clairière où ils s'étaient arrêtés et la regarda un instant mettre à exécution ce qu'elle annonçait, enlever ses bottes et se coucher pour dormir.
Levant les yeux pour regarder un moment les étoiles que l'on pouvait apercevoir à travers les frondaisons, il poussa un léger soupir avant de répondre d'un ton détaché.
Bien sûr que je me doute que vous avez besoin de reprendre des forces, mais rassurez vous, ce n'est pas mon cas. Mais au cas où vous ne l'auriez pas compris, notre aimable victime va sans nul doute donner notre signalement. Changer de vêtements peut donc nous éviter quelques rencontres désagréables avec des maréchaux trop zélés. Et comme cela m'étonnerait fort que vous transportiez toute une garde robe de rechange dans votre besace...
Et pour donner un peu plus de poids à ses paroles, tout en y joignant une utilité immédiate, Faebur ôta sa chemise, la roula en boule, et la plaça sous sa tête pour s'en faire un oreiller.
Enfin, c'est vous qui voyez...
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"Ne pas s'élever bien haut, peut-être, mais tout seul..."