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[RP ] Hydre de Mer. Livre de bord

Blanche_
Le 9 avril,

Citation:
Je viens de tomber sur toi. Secret fort mal gardé si tu veux mon avis. Enfin... Il n'est de secret que je ne finisse par découvrir, de toute façon.
Tu sers donc de lien entre mon vicomte, et sa capitaine. Oh, rassure toi. Je ne t'ai pas lu, je n'aurais jamais osé.
Non, j'ai survolé les lignes, distingué l'écriture fine et élégante d'une main féminine -sa main, assurément- et celle plus affirmée de mon Attila.
Deux paires de mains qui se rejoignent pour écrire le récit de leurs aventures. Je m'y ajoute, sans autorisation aucune. Mais je ne demande jamais les autorisations.

Il veut que je vienne. Jamais la question n'a été posée directement ; l'animal sait comment me prendre, il use de tous les subterfuges envisageables pour me forcer à côtoyer sa blondasse françoyse. Quelle tragédie !
Maman dit que je suis naïve et manipulable. Force est d'admettre qu'elle a dit vrai ; je ne puis très longtemps résister à ce minois joli qu'il affiche quand il veut obtenir de moi quelque chose.

Il faudrait que je sache combien de binous² fait son radeau. Si Méduse monte avec nous, j'exige 30 mètres de distance à respecter entre nous deux. Que je puisse aisément éviter les éclairs qu'elle m'envoie par ses yeux de vipère.
Il faut aussi que je trouve un compagnon à sa dinde. Morose comme elle est, c'est une malbèze. Expression familiale. Peut être Ken a t'il un cousin ? J'en parlerai demain avec lui. Et puis, une fois domestiquée, sa comparse doit être fréquentable ; je fais le pari fou d'en faire une damoiselle agréable.

G.

_________________

Un jour, les bretons dirigeront le monde.
Mais pas demain, y'a grève.
Attila_caligula
12 Avril

Je voulais brûler la France, je danse le menuet en Breizh, j'espérais frapper les esprits, seule Crochette me prête fiance aujourd'hui, je pensais Vannes, j'ai Treguier. Je préparais un Cogue, ce sera un Mauvais Marcheur, je louchais sur les tours d'un duc anglois et je compte mes écus pour manger. Je me voyais nouvel Ulysse faisant de beaux voyages, je suis à quai, rongeant mon frein.
Bordel!
Où sont les risques tout, les casse-cous, les funambules de la vie, les parias, les emportés, les vindicatifs, les insoumis, les rétifs, rebelles et esprits frondeurs?
La rumeur se répand, colportant la nouvelle que la bretagne met en chantier une marine et une flotte plus grise, moins officielle. Mais quand verrons nous arriver ces chevaucheurs d'écume? Ces chercheurs de trésor, ces féroces loups des mers ou apprentis boucaniers, ces amoureux de liberté?
LES SEULES VOIES DE LIBERTÉ QU'IL NOUS RESTE SONT EN MER!
J'aimerais clamer ces quelques mots dans tout duché!
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Ysengrin Carpe Jugulum

Vicomte de St Pardoux, Baron de La Roche Canilhac
Vassilissa
Citation:
Mardi 13.

Jour de chance. Nos projets fleurissent enfin, et les propositions affluent. C'est à qui va ach'ter notre équipage, à coup de promesses et de jolis discours...
Dommage que nous ayons autant de mal à le trouver, ce fameux équipage...
Les bretons ne sont pas les costauds assoiffés qu'on me décrivait sur la route. Et les seuls marins qu'on a pu recruter sont de charmantes donzelles aux bras comme des roseaux. Ce n'est pas si grave, puisqu'elles ont la langue acérée des vipères et les griffes des femelles dragon... ce qui compense fichtrement bien l'absence de biceps, je dois le reconnaître. N'empêche que tout cela manque de bruns ténébreux. On risque de finir avec à la vigie une mademoiselle Mouche.
Mais bon, tout ça avance. Nous avons rencontré l'aut'cap'taine de navire, un garçon fort charmant et marié, 'videmment...
Je fais jour après jour des rencontres formidables avec les plus grands noms de ma jeunesse honnête... J'apprends des choses terribles, et je m'amuse beaucoup.
Et je projetationne, aussi, beaucoup. Je rêve trafic d'esclaves et trafic tout court, compagnie d'marchandage du pôle sud au pôle nord. J'rêve richesse infinie. J'rêve aux îles oubliées dont j'deviendrai duchesse.
Et tout ça fait du bien.

On part dans quelques jours maint'nant. J'ai hâte.

Crochette, le 13 avril 1458, Tréguier
Attila_caligula
Samedi 17 avril

Aaaaah la Bretagne! Son goémon, ses goélands.... par contre la goélette tarde. Alors que l'architecte a tout ce qu'il lui faut, que le chef de port m'assure de ses bons sentiments, c'est maintenant le Bailli qui tient sa bourse bien serrée à la manière d'un fesse Mathieu. Or il faut bien relâcher le cordon s'il veut recevoir mon or en paiement.
Il semblerait qu'il ait trouvé une cuisine assez exotique dans les comptes du Gd Duché, avec force saupoudrage, mélange, touillage où certains se sucrent en laissant table bien salée. Il y a de l'or en Breizh. Mais il n'est pas toujours où l'on s'attendrait à le trouver.

Peu me chaut!

Blanche fait les tristes échoppes de Tréguier. J'ai tenté de lui faire adopter une paire de bottes de cuir souple, une culotte longue et ample à la Mauresque, rien n'y fait. jusqu'à sa coiffe qui oscille dans la brise, impossible de lui faire entendre raison
Crochette est par monts et par vaux, occupée et sur le qui vive. Pourtant de nouveaux délais sont à craindre. Les Gros tatoués qui devaient nous forcer le chemin jusqu'à l'abondance d"Outre manche se font porter pâles!
Sous prétexte qu'ils ne connaissent pas la langue!
Bordel, c'est la leur qu'il faudrait clouer en haut de la vergue! On n'y va pas pour déclamer du Chaucer. Ou pour tenir salon!
Tout ce que ces Têtes creuses ont à apprendre c'est
"CHOTTE DEU FEUKEUP ENDE GUIVEUSSE DE MONI!" Espèce de "Sésame Ouvre Toi" pour ces idiots d'anglois.
C'est Elfie qui va pouvoir se foutre de moi et de ma prétendue hâte de passer à l'action. Ou Cette vipère que j'ai pour soeur.
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Ysengrin Carpe Jugulum

Vicomte de St Pardoux, Baron de La Roche Canilhac
Vassilissa
Citation:
Bordel.

Qu'il fait bon te retrouver, ô Journal mon ami, après ces sombres journées teintées seul'ment par l'ennui...
Mon dos me fait mal à force de piocher. Le moindre sou sonnant va dans les poches de l'Hydre, pour ce fichu bateau qui n'en finit pas d'naître.
Les jours s'allongent, le temps se ralentit, et nos cœurs s'alanguissent.
Je ne vois guère plus le vicomte, qui s'épuise à courir partout. Les seuls moments que nous partageons désormais sont ces nuits de misère, trop courtes, souvent mauvaises, que nous passons au port pour veiller sur cette coque qu'on appelle "navire". Il y a des semaines que je n'ai pas couché dans un lit digne de c'nom. Le rire des catins, les grognements du Leu ne facilitent pas l'sommeil réparateur, et mon humeur commence à s'en r'sentir vraiment. Je suis prête à m'jeter dans les bras de quiconque me sauvera de ça.
En attendant, il faut continuer d'avancer. Ma priorité reste l'équipage. J'ai compris désormais qu'il ne s'rait pas breton, et j'en appelle aux autres.
Mais le temps me manque, toujours plus cruellement. Dans les jours qui viendront, il faudra faire la part entre le marteau, la pioche, et les jolis discours... Je ne suis pas si sûre que le vicomte m'aid'ra, lui qui n'a déjà pas le temps d'engendrer sa progéniture...
J'y retourne, cher journal.

Tréguiers, le 22 avril 1458

Crochette
Vassilissa
Citation:
Tréguier, le 28 avril.

Le Grand Croque est à quai.
C'est presque trop beau pour être couché sur une feuille de vélin, mais voila, c'est fait.
Notre précieux bateau mouille en port de Tréguier.
Le papier est signé. Il est maint'nant à nous. C'est presque un rêve, et pourtant je le touche. Il est parfait.
Son beau pavhydron noir bat en ciel breton. Nous l'avons hissé seuls tout en haut du grand mât.
L'équipage est là, aussi. Tréguier fourmille de donzelles affolées par les poils du vicomte, et toutes sont prêtes à nous suivre dans la promesse sans doute de quelque baiser...
Il y a la Gazelle, celle qui marche en toquant sur sa jambe de chêne.
Il y a Kiki l'matelot, qui déteste qu'on l'appelle comme ça.
Y'a la filleule. Y'a ce drôle de gars rencontré un beau soir dans une taverne vide.
Y'a le Grotteux, aussi. Ses lettres me laissent un étrange goût d'enthousiasme, il y avait longtemps qu'j'avais pas connu ça... Je m'surprends à rêver.
Et il y a la promesse de cette troupe qui arrive. Tout ça approche bien vite.
Le vicomte ne pense déjà qu'à embarquer, je me demande même s'il n'est pas déjà à charger sa bombarde...
C'est vrai qu'j'ai hâte aussi, mais il nous faut un peu garder les pieds sur terre. Comme il dit si bien, il faut pas se louper...
On se loupera pas.
Demain, la mer entière connaitra notre nom.
Demain, nous reviendrons en Bretagne en héros.
Demain...

Crochette, le 28 avril 1458
Attila_caligula
Mouillage de Tréguier le 30

HISSEZ HAUT!!
Au matin, un Pavillon trouvé.
Au mât, un Pavillon hissé.
En voici le dessin:



Sous cet augure que je considère comme favorable nous faisons notre première sortie. Notre enthousiasme n'a d'égal que notre inexpérience. Kiarna s'est imprudemment endormi sur le pont. A son réveil, nous avions pris la mer.

Il brique le pont en maugréant contre les mauvaises surprises du réveil.

Crochette s'est glissée à bord mais a perdu son or en fouillant la cale. Occasion de faire les coins et recoins de notre nouvelle demeure.

Le mess est ouvert, j'ai fait charger quelques tonnelets. Je ne suis pas favorable à l'ivresse de l'équipage, mais l'occasion est trop belle.
Quelques pains à fond de cale, Et nous partons par un vent vif Sud Ouest.

Le 31 du mois d'aout....
On vit venir, sous l'vent à nous...
Une frégate d'angleterre...
Qui fendait la mer et les flots! C'etait pour aller à Bordeaux!

Buvons un coup, buvons en deux
A la santé des amoureux!
A la santé de la Bretagne
Et m.erde au Roi de France qui va nous déclarer la guerre!
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Ysengrin Carpe Jugulum

Vicomte de St Pardoux, Baron de La Roche Canilhac
Attila_caligula
4 mai Tréguier. A quai.

Après discussion avec Crochette, nous convînmes que le Gd Croque n'avait pas souffert de notre petite sortie d'essai. J'avoue ne rien comprendre aux vents de la Manche. Les nuages vont à l'ouest et le vent souffle vers le sud!
Peu importe, le Gd Croque est facile à mener. Parfait pour nos impatients appétits de mer.
De partout je reçois des nouvelles d'armement naval. La Bretagne n'est pas en retard. Qui rime avec Renard.
Il faut faire vite.

Citation:
Agrippine ma chère soeur,
Pourquoi n'écoutes tu pas plus souvent ton frère bienveillant? Bordeaux pue. Ce n'est pas avec quelques ceps de vigne que tu navigueras sur les flots. Les forêts de Castillon sont plus intéressantes. Je te déconseille pourtant d'y aller en mon nom. J'y ai détourné quelques fûts parmi les meilleurs.
Il m'en reste, que je te cèderai à vil prix.
Sous réserve que tu consentes à épouser le parti que je t'ai trouvé.
Il est vieux mais a de beaux restes.
Il est Duc de Retz et puissant parmi les puissants.
Il est habile de l'épée, de la langue qu'il déploie avec verve, de la plume qu'il a tonique.
Je ne doute pas qu'il soit habile avec le reste.
Il a de plus une poigne d'airain qui conviendra parfaitement à la trublionne que tu as toujours été.
Je lève l'ancre demain.
Cap sur Bordeaux et ses vignes, ses collecteurs d'impôts et ses vicomtes obtus.
J'ai hâte d'accueillir des remerciements éplorés pour t'avoir sauvée d'un célibat qui doit commencer à te peser.
Hâte aussi d'enfin rencontrer cette amie Myrmicéenne dont tu me parles. Être ton amie relève de l'exploit, de la folie douce ou de l'abnégation d'un cénobite. J'ose espérer qu'elle est seulement folle.

Guette mon pavillon. C'est celui de l'Hydre de Mer. Et fais en sorte qu'on ne me canonne pas à mon arrivée.

Crochette se fait une joie de te serrer dans les bras. Tu t'en doutes bien. Je ferai en sorte qu'elle ne te serre pas trop la gorge.

Ton frère aimant.
Attila Caligula.

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Ysengrin Carpe Jugulum

Vicomte de St Pardoux, Baron de La Roche Canilhac
Vassilissa
Cabine du Grand Croque. Crochette, pensive, couche quelques mots sur le vélin avant que la nuit ne finisse de tomber. Le visage est fermé, et son regard voilé d'une tristesse insondable.

Citation:
Le Grand Croque, 9 mai 1458.

Quelle mouche l'a piqué ?
On visait l'océan, les îles inconnues... Il a choisi Bordeaux. Et sa chère sœur, bien sûr. Voyage au combien inutile et qui reflète l'humeur du jour. Aller n'importe où, n'importe comment. Sans équipage, sans vent... il s'en est fallu de peu que l'on oublie le pain aussi. Mais le Vicomte est toujours tellement enthousiaste... Il me faudrait autre chose que mes miches pour oser l'contredire. Alors on suit. Par tous les temps, toutes les lubies.
Mais c'est dur.
La dernière bière remonte à une quinzaine, et je ne parle même pas du dernier baiser. Ma fibre sociale s'étiole doucement, et ma langue s'assèche.
Attila, au départ si fébrile, si désireux de prouver ses talents, est dev'nu moins loquace depuis que la brise ne suit pas. Les voiles sont immobiles, et nos rêves aussi.
Je crois même avoir noté dans la nuit un changement de cap. Il n'en a pas touché mot. Sans doute revenons nous vers Tréguier, s'il s'est enfin rendu à la raison.
Je l'espère.
Je voudrais de vraies aventures.
Des voiles qui se gonflent, des trésors enfouis.
Je reste sur ma faim. Je te raconterai.
Attila_caligula
13 Mai Tréguier

Quel idiot! Quel piètre Capitaine!
Bénie soit la calme tempérance de Crochette! Cela ne lui ressemble pas pourtant. Mais elle est descendue du Grand Croque certes de mauvais poil -on le serait à moins- mais de reproche aucun! Même pas un regard. Elle a examiné le navire sitôt débarquée et est repartie retrouver sa fille me quittant d'un salut nonchalant.
Je la laissai partir, partagé entre la honte d'avoir sottement risqué la vie de la seule qui me soit à ce point attachée et l'orgueil d'avoir un tel Capitaine. Donc sans un geste.

Revenu à la roulotte que décidément je ne puis quitter, diverses nouvelles m'attendaient.
Agrippine et son amie Fourmi arrivent! Le Cogue de Vannes, mené d'une main plus sûre que ma patte par Albatrus et son équipage, ont accepté de les prendre à bord et me les ramener à presque bon port! Les étoiles veillent sur les Ysengrins pour les réunir. Restent ma cousine et mon Beau Père à rameuter! Pas le plus simple.

Le Limousin n'en finit plus d'agoniser. Le voici qui nomme pour la troisième fois Jacques Amer le Mol, lui qui précipita ce fief jadis si vivant dans une apathie quasi cadavérique. Le Limousin est un sot qui se laisse bercer d'onctueuses paroles. Sans courage et sans orgueil, sans mémoire et sans honneur, et par dessus tout, à ce peuple il manque cette qualité rare, ce petit supplément d'âme qui fait qu'une défaite annoncée se transforme en improbable victoire, ou qui empêche les veules et les tristes de triompher tout à fait en cas de déroute, ce que l'on nomme...

... le panache (*)

Est ce pour ce peuple de gueux sans ressort que je veux prendre les armes et bouter le fer et le feu dans le flasque fessier du Castelcerf Dragonet et de sa marionnette molle? Ma foi non. Qu'il crève!
Mais le faire.
Et le faire encore! Sans raison aucune. Par simple haine de la médiocrité.


(*)Merci à Ayroles et Masbou, mes muses pour tant de choses! In "de Cape et de Crocs" tome IX

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Ysengrin Carpe Jugulum

Vicomte de St Pardoux, Baron de La Roche Canilhac
Vassilissa
Citation:
Tréguier, le 14 mai 1458

Je le hais.
Je hais tous ces hommes qui ne lisent rien dans le cœur des femmes.
Ma fierté, ma douleur, le souvenir de tout ce que j'ai du abandonner pour le suivre... Il l'a jeté à bas.
Tout ce que nous avons construit ensemble, tout ce qu'il a fallu imaginer, concevoir, penser... Il est prêt à confier tout ça au premier capitaine venu qui sentirait le vent.
Pourquoi faut-il que ce soit elle ? Elle qui a eu les mots les plus durs qui soient, quand mon cœur en souffrance cherchait quelque soutien auprès des compagnons de plusieurs mois d'errance ?
Elle a beau être sa sœur, vraiment, je ne comprends pas.
On aurait pu attendre, encore un peu, un mois. Le temps d'assimiler ces curieuses leçon sur la navigation et les lois d'l'océan...
Mais c'est vrai qu'on attend depuis déjà longtemps. Le temps de voir mourir les plus belles volontés du monde...
Je vais donc ravaler ma hargne et ma fierté. Faire profil bas et suivre sans un mot. En priant simplement pour que tout se passe bien, et que voyage se fasse. Sans trop de heurts, sans crêpage de rigueur.
Et puis même avec dans le ventre tout le courage possible, il faut bien reconnaître qu'on ne se suffit plus. Dix jours de mer pour voir la baie de Tréguier... Je ne suis pas bien sûr qu'on parle de marine. J'ai eu tout le loisir d'étudier les oursins et les chapeaux chinois qui campaient sur la coque... j'ai appris plein de recettes qui causent de pain rassis et de légumes séchés... On a quand même eu faim. Et bravé la tempête. On n'se débrouille pas bien.
Vivement que les cieux nous filent un coup de main. Ou le Dode, ou qu'importe. Je me languis d'action. Briquer le pont, bientôt, ne me suffira plus.

Crochette, dite Vipère, le 14 mai 1458.
Attila_caligula
24 Mai St Pol

DISPARUE!
Évanouie dans la nature! Agrippine s'est volatilisée! Le Prévôt de Bordeaux qui lui cherchait des noises me répond qu'elle est introuvable. Mes espoirs de voir la fratrie Ysengrin naviguer de concert sont bel et bien réduits à néant. Ici, à St Pol, la vie semble décliner de jour en jour. Pourtant l'enrgique Aphrodyte et Crochette toujours pleine d'entrain ont battu le rappel des troupes et obtenu quelques succes. Le recrutement continue.
A Tréguier, l'Hydre de Mer est entre les mains de Pythy. Qui s'acquitte de sa tâche avec une impatience contenue.

Il ne nous manque plus qu'une chose:
Une cible!

L'impatience grandit et je ne suis pas le seul atteint. Joli mois de Mai, Fais ce qu'il te plaît! Vaste couillonnade. Je serai même prêt à assurer une livraison de navets pour sortir de cette débilitante oisiveté.
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Ysengrin Carpe Jugulum

Vicomte de St Pardoux, Baron de La Roche Canilhac
Attila_caligula
2 Juin 1458

La semaine passée, les choses se sont précipitées. Retour a Tréguier pour commencer, où Crochette me rendit le commandement du Grand Croque. Enfin, la lettre de cachet tant attendue est arrivée!
Nous avons mission!
Ce sera Bertincourt et son marché! Nous en profiterons pour faire nos propres petites affaires car j'ai pu dégager un capital.
La peste soit de cet or si difficile à garder en bourse! Je ne suis pas Lombard, encore moins usurier!
Je pense sérieusement à nommer un intendant qui s'occupera mieux que moi de ces tristes alignements de chiffres qu'on dit arabes. Est ce que j'ai la gueule à me mettre aux langues étrangères?
Et pour parler boutique en plus!
Embarquement un peu confus. Chargement de vivres et d'eau. Et nous larguâmes les amarres!

Escale ce jour à St Brieuc.
Embarquement de notre derniere recrue, Jules, qu'on me recommande.
Changement de Capitaine prévu. Pour obtenir certains papiers auprès de personnes Briochaines qui m'ont dans le tarin.

Note: Amusant, les gazettes de France rapportent les tribulations de nos anciens compères de l'Hydre en Languedoc. Bon vent à eux!
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Ysengrin Carpe Jugulum

Vicomte de St Pardoux, Baron de La Roche Canilhac
Cymoril
Quelque part dans le sud...


...Il y a une Fourmi.


Assise sur un rocher, au bord d'une route de terre, la demoiselle prend une pause casse croûte largement méritée. Protégée des dards solaires par l'ombre bienfaisante d'un chêne kermès, elle grignote quelques baies d'aubépine cueillies au fil du chemin, tout en surveillant sans en avoir l'air la route et sa charrette de tonneaux de vin lourdement chargée.

Les jours passés à Bordeaux avaient été d'une monotonie récurrente, et elle n'avait fait qu'observer de loin les derniers sursauts de débats pour le choix du nouvel élu au trône ducal. Les grincements de dents des uns lui avaient tiré sourire, et il était clair que la Guyenne n'en avait pas fini avec les remous religieux suite à la nomination d'un Lion au poste de Capitaine des armées. Déjà qu'ils avaient fait tout un foin pour un spino... A se demander si cela n'était pas fait exprès. Ce qui l'amusait beaucoup d'ailleurs.

Toutefois, en dépit de ces divertissants moments en pure spectatrice, le sentiment qui l'envahissait, sournois, rongeant ses tripes, était loin d'un pareil positivisme. Couette-couette avait disparu. Aucune nouvelle d'elle, et personne ne l'avait vue nulle part. Inquiète, très inquiète de cette disparition soudaine la Fourmi... Elle doit se résoudre à écrire à ce frère dont Harlem lui avait quelques fois parlé, pas toujours sans un certain agacement. Ce qui l'avait amusée puisqu'elle en avait entendu parlé à l'époque où il frayait avec la fille traînée du capitaine gascon... Autant dire qu'elle n'en avait pas forcément une bonne image en tête. Néanmoins, c'était la seule famille qu'elle connaissait à son associée.

Mâchouillant nerveusement le bout de sa plume, écritoire posé sur les genoux, elle réfléchit longuement, prenant le soin de poser soigneusement chaque mot, afin de ne laisser transparaître trop de ressentiment à l'égard de cet inconnu, avant de se lancer dans l'écriture d'un pli suffisamment explicite, court et concis.



Citation:
Au Vicomte d'Ysengrin,
Frère de l'illustre Harlem,
Sainte Couette-Couette...

Messire Leu,

Si je m'autorise ce jour à prendre la plume et à vous envoyer ce misérable ramier rachitique, c'est parce que l'inquiétude se fait grandissante au sujet de votre soeur.

En effet, alors qu'elle devait se tenir tranquille et hanter les salles de cours et la bibliothèque de Guyenne dans le but d'approfondir encore et toujours ses connaissances en navigation, sans doute pour pallier à vos propres incapacités, puisqu'à ce jour votre navire n'a toujours pas pointé le bout de sa proue en estuaire bordelais, et pendant que je m'occupais à faire fructifier les biens de notre entreprise, la demoiselle s'est tout bonnement évaporée.

Depuis mon retour, et malgré mes recherches incessantes, aucune nouvelle de la demoiselle. J'ai appris cependant qu'un juge malavisé l'avait jeté en prison une journée, suite à une plainte médisante d'un maire épris de protectionnisme à outrance de ce bois si cher à notre entreprise. Depuis lors, nul n'a croisé Harlem.
Même au tribunal où elle devait témoigner en faveur d'un vieil ivrogne grec, pas l'ombre de ses couettes flottant au vent.

Qu'avez vous donc encore fait?
L'avez-vous à nouveau harcelée afin qu'elle épousaille un vieux débris breton couronné ? Avez vous encore essayé de monnayer son hymen afin d'accroître le prestige de votre nom ?

S'il s'avèrait qu'elle ait commis l'irréparable par la faute de votre insistance à vouloir l'enfermer dans une cage dorée, sachez que toute la Bretagne réunie ne saurait faire barrière à mon courroux à votre encontre, et que je la mettrais à feu et à sang afin de vous faire rendre votre ultime soupir en retour.

Toutefois, s'il arrivait que vous soyez étranger à cette disparition, vous comprendrez et ne saurez me tenir rancune de mes propos enflammés. L'attachement rare que j'éprouve pour votre soeur suffisant à justifier cela.

Sachez que j'arpente les routes, afin de quérir de ses nouvelles partout où je le puis. Dans la crainte de découvrir son corps sans vie au détour d'une sente sordide.

Messire Leu, si vous avez un tant soit peu d'amour fraternel, inquiétez vous autant pour le devenir de votre jumelle glabre et de ses légendaires frasques encouettées.
Et si vous avez de ses nouvelles, soyez suffisamment bon pour daigner m'en faire parvenir l'écho, que mon coeur s'apaise un peu.


Je ne sais si je dois vous remercier ou vous maudire pour l'instant, aussi me contenterais-je de vous écrire que je reste en l'attente d'un pli de vous.


Fourmi.



Pour la diplomatie c'est loupé pour le coup. Enfin, elle l'avait été assez longtemps en son temps pour savoir que les mots bien tournés ne sont que leurres pour masquer bien souvent d'horribles vérités. Aussi ne s'encombrait-elle plus de tournures alambiquées pour dire honnêtement ce qu'elle pensait.

Si le frère en question s'inquiétait à son tour ce ne serait que justice. Et si cela aidait à résoudre cette affaire, alors la fin aurait justifié les moyens.
Une fois envolé le pigeon déplumé en direction du touffu vicomte, la jeune femme s'adosse au tronc maigre de l'arbre, balayant du regard la flore alentour. Souriant en découvrant non loin quelques buissons touffus d'absinthe, et de penser qu'un certain herboriste de ses connaissances paierait peut-être rubis sur l'ongle pour cette marchandise. Elle perdra donc encore un peu de temps en cueillette, se laissant entrainer un peu plus loin encore par la découverte au milieu de toute cette rocaille ensoleillée de quelques pieds d'euphorbe. Et au fil de ses cueillettes, son esprit vagabonde, se demande si un certain hydreux aura apprécié son cadeau.

C'est sur cette idée, et sourire aux lèvres qu'elle regagne sa charrette, bras chargés de trésors pour adepte d'herboristerie. Remisés en un sac, à côté de l'assise où elle prend place, avant de reprendre la route.

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Vassilissa
Seule sur le pont avant, où les premiers assauts d'une tempête à venir font se lever des vagues grandes comme des maisons, Vassilissa cogite. Il est temps. Les jours, les semaines s'écoulent et rien ne change vraiment. Elle vit dans le passé, sans espoir d'avenir. Comme il y a longtemps.

Citation:
Cher toi, qui m'écoute sans jamais me juger.
Cher toi, à qui je peux écrire tout ce que je ne dirais à personne.
Cher toi, qui j'espère pourras comprendre ce que je vais essayer de coucher ce soir sur ce papier froissé...

Il s'est passé une chose étrange, mardi.
Juste a quitté le mess, soudainement, comme ça.
Et j'avais envie de le retenir... mais sans pouvoir vraiment.
J'ai peur, mon Toi.
J'ai peur de ces gens-là que je pourrais aimer.
J'ai peur de les perdre, de les voir mourir. Ou pire, me quitter.
Et quand je me regarde, après mes mois d'errance, je me vois comme j'étais. Mon amie s'appelle Lab, et les hommes que j'aime je ne les ai plus vus depuis un bon moment.
Le vie s'écoule, je reste. Je ne veux pas changer. Je veux croire qu'être pirate me suffira toujours... Et d'ailleurs j'aime ça. Mais après ?
Je voudrais des bras pour me consoler, des mains pour me faire avancer... Mais voila que j'angoisse d'aller me les trouver.

Quelle ironie, n'est-ce-pas, pour celle à qui la mort ne fait même pas peur ? Pour celle qui ne craint rien des journées à venir ?
Tu vas obéir, Vass, peut-être même prendre une ville. Un jour tu commanderas à des dizaines d'hommes. Mais l'ordre de t'aimer, tu ne peux le donner. Tu finiras toute seule, si tu n'te réveilles pas...


Elle lève les yeux. Sa plume n'a rien écrit sur le papier froissé. Mais dans la brume qui vole, une silhouette s'éloigne. La vision d'un gros homme, barbu, ventripotant, la démarche splendide du lion qui se pavanne.

- Sigmund... ?
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