Etsuko
Pli à la main, Etsuko se promène dans son jardin.
La longue silhouette se promène distraitement dans les allées, regardant sans les voir les floraisons luxuriantes de l'été. D'un jardin à l'abandon pendant de longues années, en moins de 6 mois, le jardinier a su en refaire un petit paradis. En temps normal, elle le contemplerait longuement, profitant de la moindre touche de couleur, du moindre parfum. Là, elle flotte prise d'une sorte de crainte à ouvrir l'enveloppe qui pèse au bout de ses doigts. Elle a dépassé sans s'y arrêter le petit banc sous le saule d'où souvent elle contemple les évolutions des carpes. Dépassé aussi, le tronc du cerisier où elle aime s'adosser et prendre des décisions.
Le chant des oiseaux a beau remplacer avantageusement les cris des enfants, ça lui manque.
Et comme un écho oublié que réveille le nom de l'expéditeur, résonne dans sa mémoire, les rires de deux fillettes jouant à cache-cache dans un autre jardin, il y a longtemps, il y a dix ans, il y a une autre vie.
L'odeur du jasmin flotte dans l'air comme il flottait à cette époque,transportant la Hashamachi au pays de son enfance. Une autre île, d'autres paysages et pourtant, ce soir les deux se confondent sous yeux, les différences gommées par le parfum des souvenirs.
Elle se laisse glisser souplement dans l'herbe, repliant ses longues jambes sous elle.
Une profonde inspiration et un ongle nacré déchire précautionneusement l'enveloppe.
La longue silhouette se promène distraitement dans les allées, regardant sans les voir les floraisons luxuriantes de l'été. D'un jardin à l'abandon pendant de longues années, en moins de 6 mois, le jardinier a su en refaire un petit paradis. En temps normal, elle le contemplerait longuement, profitant de la moindre touche de couleur, du moindre parfum. Là, elle flotte prise d'une sorte de crainte à ouvrir l'enveloppe qui pèse au bout de ses doigts. Elle a dépassé sans s'y arrêter le petit banc sous le saule d'où souvent elle contemple les évolutions des carpes. Dépassé aussi, le tronc du cerisier où elle aime s'adosser et prendre des décisions.
Le chant des oiseaux a beau remplacer avantageusement les cris des enfants, ça lui manque.
Et comme un écho oublié que réveille le nom de l'expéditeur, résonne dans sa mémoire, les rires de deux fillettes jouant à cache-cache dans un autre jardin, il y a longtemps, il y a dix ans, il y a une autre vie.
L'odeur du jasmin flotte dans l'air comme il flottait à cette époque,transportant la Hashamachi au pays de son enfance. Une autre île, d'autres paysages et pourtant, ce soir les deux se confondent sous yeux, les différences gommées par le parfum des souvenirs.
Elle se laisse glisser souplement dans l'herbe, repliant ses longues jambes sous elle.
Une profonde inspiration et un ongle nacré déchire précautionneusement l'enveloppe.
Citation:
A Etsuko, mon amie d'enfance, de déboires et de bonheurs.
Kon'nichi wa,
Trop de temps s'est écoulé sans nouvelles, mon amie, et j'espère venir te voir au plus tôt, enfin, si tu le veux bien.
Je suis actuellement à Iwakuni, village bien trop calme pour moi. Les gens dorment le nez dans leur saké ou ne salue même pas. Le bon temps est passé on dirait... Mais je ne désespère pas, j'ai rencontré aujourd'hui même un homme charmant, beau de surcroit, qui désire tout comme moi réveiller ce village. Il désire prendre le bateau pour le Sud et je pense l'accompagner, ainsi je pourrais te revoir. Sa marraine habite dans ta région m'a t'il dit. Il parait qu'elle est de noblesse aussi.
J'espère que tu te portes à merveille. Salue ton père et ta mère de ma part, j'espère qu'ils vont bien eux aussi.
Au plaisir de te lire en retour.
Ton amie,
Katsumi
Iwakuni
Daimyo Uchi
9/07/1458
Kon'nichi wa,
Trop de temps s'est écoulé sans nouvelles, mon amie, et j'espère venir te voir au plus tôt, enfin, si tu le veux bien.
Je suis actuellement à Iwakuni, village bien trop calme pour moi. Les gens dorment le nez dans leur saké ou ne salue même pas. Le bon temps est passé on dirait... Mais je ne désespère pas, j'ai rencontré aujourd'hui même un homme charmant, beau de surcroit, qui désire tout comme moi réveiller ce village. Il désire prendre le bateau pour le Sud et je pense l'accompagner, ainsi je pourrais te revoir. Sa marraine habite dans ta région m'a t'il dit. Il parait qu'elle est de noblesse aussi.
J'espère que tu te portes à merveille. Salue ton père et ta mère de ma part, j'espère qu'ils vont bien eux aussi.
Au plaisir de te lire en retour.
Ton amie,
Katsumi
Iwakuni
Daimyo Uchi
9/07/1458
Un petit sourire joue sur les lèvres d'Etsuko en lisant. Katsumi n'a pas l'air d'avoir trop changé.
Le sourire s'évanouit sur le dernier paragraphe. Évidemment, elle n'est pas au courant. C'est déja miraculeux qu'elle ait réussi à retrouver sa trace. Comment lui dire? Que lui dire, surtout? Il y a des drames qui ne se racontent pas, s'évoquant seulement du bout des lèvres.
Elle laisse ses onyx errer sur le jardin. Là dans le lointain, deux fillettes aux longs cheveux se poursuivent au milieu du bosquet de jasmin, finissant par s'écrouler hors d'haleine sur la pelouse.
On restera amies pour la vie?
Promis, Etsuko, meilleures amies pour toute la vie.
Une partie de chatouilles avait brisé la solennité du moment, noyant le serment enfantin sous les rires.
Les larmes aux yeux, Etsuko contemple les deux fillettes qui s'évanouissent dans la brume du soir, entourées de leurs rires.
Ce soir, elle a une lettre à écrire.
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