Mackx, incarné par Felina
On était un lundi, on était en juillet et le soir tombait. Un soir chaud et presque étouffant puisquà la chaleur, il fallait ajouter le manque de vent et le peu dhumidité laissé par un orage de la veille. Et malgré cela, malgré cette lourdeur qui faisait poisser le Vicomte sur chaque parcelle de sa peau, il était heureux dêtre là.
Il était heureux davoir fini la mission dans la Maine il était heureux de bientôt pouvoir rentrer chez lui, ne fussent que quelques jours, pour régler certains détails comme la vente de son blé ou la remise dun mandat. Il était également soulagé car même si le Maine avait été long, aucun des leurs nétait tombé. Il ny aurait pas denterrement à déplorer, pas de cérémonie à Ryes et pas de besoin de picoler pour oublier les visages de ceux qui nétaient plus.
A cette pensée, un large sourire illumina son visage couvert dune barbe naissante et il sortit sa gourde, la déboucha et en but une large rasade. Cela ne pouvait pas faire de tort à quiconque, et cétait si agréable. Une fois cela fait, il referma ladite gourde et la rangea tandis quun léger hennissement de Samme lui faisait comprendre quelle nétait pas dans le même état de béatitude rêveuse que lui et quil fallait accélérer un peu le pas pour arriver à Angers avant la tombée complète de la nuit.
Tant quà faire quand on na pas de femme, autant se laisser dicter sa conduite par une jument Et cest donc ce que fit le Cavalier licorneux. Il faut dire que cétait elle qui faisait tout le boulot depuis quils avaient quitté Laval trois jours auapravant, lui se contentait de se reposer sur son dos, de picoler, et de dormir sur un coin de route quelconque enroulé dans sa cape. La chaleur le permettait
Il faut peut-être ajouter que le poitevin était le seul à être reparti si tard vers le sud, une retraite inopinée layant forcé à se séparer des autres cornus. Il aurait peut-être du se rendre vers le nord, vers la Normandie sur laquelle samoncelait de noirs nuages, mais il sétait forcé à repasser absolument par chez lui avant, sans quoi il naurait pas assez de vivres pour survivre chez les descendants de Guillaume.
Angers lui apparût alors au loin, se découpant sur le ciel étoilé comme une tache de sang sur un drap blanc. Angers la belle, Angers langevine, Angers la guerrière encore quelques dizaines de minutes et ils y seraient. La jument pourrait profiter de quelques menus soins chez un palefrenier tandis que le Vicomte se trouverait certainement des compagnons de ripaille avec qui boire la moitié de la nuit. Il y aurait bien un groupe de moines teutoniques égarés non ? Ou une quelconque section darchers italiens avec lesquels il pourrait parler de vin et dolives ?
La fin du voyage approchait, les lumières des torches devenaient de moins en moins confuses
Un bruit plus loin sur la route le fit alors sursauter. Ce nétait pas quil soit couard mais lexpérience des armes aidant, il avait appris à se méfier dun bruit sur la route pendant la nuit. Sa main se posa lentement sur le pommeau de lépée, et il laissa ses doigts caresser délicatement la licorne gravée tandis quil intimait - dun mouvement lent mais ferme des rênes - à Samme de ralentir.
Un groupe de cavaliers déboula alors du tournant quil sapprêtait à prendre et le sol trembla sous leffet des chevaux au pas de course. Heureusement, Samme, en cheval bien dressé resta bien sur ses crampons tandis que Mackx sortait son épée et essayait de se couvrir au mieux de son bouclier. Il navait pas le temps de lancer sa jument au pas de charge pour mieux contrer leffet de la charge adverse et tourner le dos lui était interdit en plus dêtre un mauvais choix tactique. Rester en position était dès lors le seul choix tactique qui lui restait sil voulait en découdre avec ce groupe de bandits.
Les cavaliers approchaient à vive allure le choc était pour dans quelques secondes mais le poitevin trouva lénergie de lancer son cry tout en plaçant son épée de façon transversale, pour tenter de couper la route à ladversaire qui passerait à sa droite.
Ad Ultimam !!!
Le premier coup atteignit le licorneux à la cuisse senestre, ce qui le fit chavirer pendant quun autre coup touchait la jument qui seffondra sous le poids. Un deuxième assaillant fit virevolter son arme et toucha la Vicomte à la tête, ce qui eût pour effet immédiat de le tuer net puisquil ne portait que son chapeau et non un heaume. Les assaillant suivants, qui étaient bien une dizaine, vinrent parachever luvre dans un ballet de sang inutile DAlesme et sa jument étaient tous les deux au sol, le premier aussi mort quun caillou et la deuxième, ouverte au garrot et au cou et se débattant avec la grande faucheuse dans de grands mouvements de patte.
On était lundi, on était en juillet et le soir était tombé. Maxime dAlesme, Vicomte de Fontenay, Seigneur de Saint-Pierre dOléron, Cavalier de lOrdre royal de la Licorne et Champion du Poitou était également tombé, parti rejoindre dautres déjà partis avant lui. Ce quil adviendrait sur cette terre, il nen avait plus cure il navait plus cure de rien il nétait plus.