N'ayant pas put mettre à jour ce RP qui fut abandonné -à mon grand regret- je met ici le dernier post qui avait été écrit.
Gladriel
Les doigts libèrent le cadavre végétal qui chute sans un bruit, engloutis par les brumes de l’oublis. Une fois encore, elle avance à pas de velours et les fantôme s’écartent gracieusement sur son passage pour se refermer derrière ses pas.
L’onde glacée s’étend alors devant ses pieds et lentement, elle laisse ses genoux s’affaisser sur le sol. Ses saphirs se perdent un instant sur le ballet des spectres qui ondoient langoureusement au dessus du lac. Certain trouve cela étrange que cette ville doter d’un si beau point d’eau puisse receler si peu de poisson sur les étales de son marché. Pourtant, quand la nature se pare dans son manteau vaporeux, le mystère lève son voile. Le lac n’est pas poissonneux. Les fantômes en sont-ils la cause? Les larmes de ses êtres errants s’écoulent dans ses abysses, gouttelettes amères chargées de souvenir éprouvés. Leurs souffrance plane sur les eaux, déversant dans le lac une bruine de malédiction.
Ce n’est pas un lieu où l’on nourrit son corps, mais c’est un lieu ou l’on nourrit son âme. On y noie ses peines et sa détresse et le chagrin rejoint ces eaux torturées par les souvenirs d’êtres tourmentés.
Un bruissement dans l’air lui faire redresser la tête et un regard lointain vient contempler l’envole auguré d’un volatile au plumage d’un noir abyssale. La femme suit longtemps la course aérienne du corbeau, jusqu’à se qu’il ne deviennent qu’une tâche sombre perdu dans le brouillard. Les Hommes ont souvent affabulé les corbeaux de tout les malheurs du monde. C’est un oiseau pourtant noble et mystérieux dont le regard brillant de malice transperce votre âme. N’est pas là le reflet d’une crainte passée d’Hugin et Munin, les corbeaux messager du Maître des Ases? Ces princes des air voient tout, ils savent tout… Ils sont comme des espions qui connaissent le moindre instant de notre vie. Est-ce ce regard chargé d’une franchise effrayante qui tétanise les âmes sournoise experte du mensonge? Ou est-ce le calme olympien dont il font preuve face à un carnage qui angoisse ceux dont le courage flanche subitement…
Elle ne le sait pas…
Ses mains fines fende la surface du lac dont elle recueille les larmes dans la coupe que forme ses paumes. Elle s’en inonde le visage, cherchant à laver la fatigue qui cerne ses yeux. Ses doigt s’écartent, révélant à travers les fentes son regard d’un bleu profond… Un bleu, tel un océan de nostalgie. Ses prunelles s’attardent sur un mouvement dans les roseaux. A travers les tiges souples, la silhouette courbée d’un âme en peine se dessine sur la toile grisâtre qui orne le paysage.
Un sursaut vient briser sa contemplation. Passage fugace d’une image, souvenir d’un regard bleuté au reflet d’améthyste. Le brouillard voile rapidement cette vision et les mains de la jeune femme reste en suspend dans le vide. Les esprits malins se plaisent une fois encore à la tourmenter…
Une phrase résonne dans son crâne, des mots qui lui avaient percé le cœur, la mettant brutalement face à son obsession stupide et désespéré.
« Vous préférez les baisers d’un mort… »
Oui… elle donnerait n’importe quoi pour revivre ne serait-ce qu’un journée à ces côtés. Refaire vivre le souvenir de leur étreinte. Elle serrait prête à aller chercher cette amour dans l’outre-tombe si cela lui était permis.