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[RP]... passe le message à ton voisin...

Kalimalice
[Orleans]

Depuis son retour de Provence .Elle avait partagé son temps entre la prévôté de Paris et Orléans .Toujours prête a s’investir à droite et à gauche .cela lui laissait peu de temps pour sa vie et ses amis. Que de fois elle avait regretté les blanches quittaient et particulièrement sa filliote ,Fildaïs .
Des échanges de lettres se faisaient de tant à autres aussi lorsque la missive lui fut remise reconnaissant le sceau de la demoiselle .Pas un seul instant elle n’avait pensé que cette missive était funebre .Elle l’ouvrit donc avec le sourire aux lèvres pensant trouver de ses nouvelles ,mais au fil de la lecture son visage changeait


Citation:
De moi, Fildaïs de Compostelle

A toi Kalimalice d'Austrasie, marraine de coeur

Les lames du temps ont tracé un gouffre implacable entre nous, pourtant, je te porte toujours dans ma pensée Kali. Malgré tout cette missive m'est un supplice à écrire. Ma main ne peut plus, mon esprit ne veut plus. Il se ferme, hermétique à ce que je vais t'annoncer. Mon promis, mon Maxime, mon alcoolo notoire, mon brun, mon essentiel... n'est plus... la mort l'a attrapé dans ses filins et a ramené avec elle son âme dans ses mondes souterrains.

Les mots ne suffisent plus à distiller ma peine. Rien à présent ne peut avoir de l'importance, car dans le trou je macère comme Mackx dans son tonneau d'alcool. Encore une farce de la vie bien complexe à t'expliquer.

Si tu le peux, un dernier hommage lui sera rendu en Poitou, je n'ai pas acte de la date mais elle te sera donné ultérieurement.

Qu'Aristote veille sur ta vie et t'éloigne des lames et des larmes.

Fil.


Non, non pas Mackx

murmura t elle .La voila effondrée devant si triste nouvelle .De suite elle vit Fil, celle-ci devait être prise par la folie tant sa douleur devait être grande. Elle se rendrait sur place pour un dernier hommage à celui qui avait su conquérir le cœur de sa filliote .Mais avant il fallait qu’elle la réconforte même si comme elle le disait un gouffre implacable s’était tracé .
Elle se saisit de velin et plume et laissa son cœur parler


Citation:
De kalimalice d’Austrasie

A Fildaïs de Compostelle, un filiote toujours présente en mon cœur

La lecture de ta missive tira de mes yeux des perles humides sur mon visage .Je n’ai point de mot pour soulager ta peine .Juste la partager ,je ne sais si cela en allégera le poids .Je vais me rendre rapidement prés de toi .Pour faire ce que je m’était engagée à faire lorsque nous étions sœurs .Oui Fil même après les blanches. Je suis la pour t’aider et te soutenir .Et la je crois que c’est bien le moment que je remplisse ma mission .Je serais le bras pour t’accompagner dans cette epreuve, l’épaule pour te reposer dessus et laisser couler tes larmes .Prés de toi pour accompagner Mackx dans sa dernière demeure.
Il m’est triste qu’à penser que ce jour sera celui de revoir bon nombre d’ami s et connaissances.
Mais les enterrements aussi contradictoire que cela puisse être est souvent moment de retrouvaille pour celui que l’on accompagne.

Que ces mots t’apaisent le temps que j’arrive

Qu’Aristote veille sur toi

Kali


De sa demeure de st Firmin des bois .Elle menda un coursier et fit porté la missive de toute urgence à sa fil
_________________
Velaron
[La Rochelle, Poitou]

L'été s'achevait déjà sur la ville portuaire poitevine. Le vent et le froid avaient envahi les chaumières et on voyait ça et là les premières fumées jaillir des maisons.

Cet été n'était pas le meilleur que le grand brun avait connu. Beaucoup de ses amis partis, il avait choisi le réconfort et les bousculades de l'université pour rythmer ses journées. Le Conseil Municipal s'était quelque peu ralenti lui aussi.

Trois mois plus tôt, Mackx et Fildaïs étaient rentré de mission en Bretagne, et les dinosaures rochelais en avaient profité pour percer quelques tonneaux. Une des nombreuses bonnes choses qu'avait déjà enseigné Maxime d'Alesmes à son vassal et parrain Velaron. Mais à peine rentrés, le devoir les avait rappelé, et ils retournèrent défendre les justes causes auxquels ils tenaient tant, et pour lesquelles Velaron les admirait.

Quelques lettres échangées durant ces trois longs mois, beaucoup de déplacements, et enfin des nouvelles d'un retour proche. Velaron attendait ce moment avec impatience.

Fildaïs était rentrée d'abord, Velaron en fut ravi, et ils s'échangèrent beaucoup de mots durant les soirées qui suivirent. Quant à Mackx, il avait été retenu, et devait rentrer très prochainement par le nord.

Les jours passaient, pas de nouvelles. Missives envoyées, toujours pas de nouvelles. Ca ne ressemblait pas à Mackx...


[Nuit du 21 au 22 août]

Citation:
De moi, Fildaïs de Compostelle, dicte Justelle par tes soins, amie de toujours

A toi, Velaron, Seigneur d'Auzay, ami, fidèle et loyal


Un grand chagrin anime ma plume en ce jour et je dois partager avec toi une funèbre nouvelle. J'ai reçu réponse de la Licorne, j'ai reçu un corps aussi et avec, mille maux, mille douleurs indescriptibles ce sont abattus sur moi.

Ton camarade de levé de coudes, ton ami, ton suzerain, ton filleul, Maxime, notre Maxou, est passé sous le fil des lames angevines. Je ne sais ni pourquoi, ni comment, je sais seulement qu'il est passé à trépas.

Dès que j'aurai vendu les terres que j'ai acquises en Poitou, je m'en irai probablement en Touraine là où j'ai mon fief et ma Saigneuse à moitié folle.

J'ai à te parler au plus vite, Vel, d'une chose qui requiert toute ta discrétion et tu as ma confiance absolue pour ça.

Qu'Aristote te garde, mon ami, des lames qui pourraient écourter ta vie.

Affectueusement

Fil


Naaaaaaaaaaaaaaaaaaaaannnnnnnnnnnnnnnnnnnnn

Un hurlement déchira La Rochelle. Ce ne pouvait pas être possible. Pas Mackx, pas lui. Que lui était-il arrivé en Anjou?

Des larmes montèrent aux yeux du grand brun, alors que les souvenirs défilaient dans sa tête. Il repensa notamment à une virée au port, cachés tous les deux sous un drap. Ou à la cérémonie où Mackx l'avait fait Seigneur en lui cédant une partie de ses terres. Les larmes coulèrent maintenant le long de ses joues. Cela ne pouvait être vrai.

Rassemblant le peu de courage qui lui restait, il prit sa plume et pensa à Fildaïs, la merveilleuse Fildaïs. La main légèrement tremblante, il sécha ses larmes et griffona :


Citation:
Très chère Fildaïs de Compostelle, amie de haute estime,

Le chagrin m'habite au plus profond depuis l'annonce du décès de Maxime d'Alesmes, dict Mackx, meilleur ami de toujours, Suzerain et Filleul. Je ne puis comprendre ni réparer les maux qui m'accablent depuis ce jour.

Mes premières pensées vont vers toi, fidèle et douce promise. Mackx avait trouvé l'équilibre grâce à toi. Je te souhaite tout le courage nécessaire à cette douloureuse épreuve, en sachant bien que rien ni personne ne remplacera notre être si cher. Qu'Aristote t'aide durant ces moments difficiles, et prenne notre si cher ami auprès de lui.

Maxime était la personne la plus dévouée et la plus drôle que j'ai connue. Il servait les causes justes avec honneur et courage, et sa répartie et sa verve étaient des meilleures aussi bien avec les mots qu'avec une épée. il était mon modèle.

Il nous manquera à tout jamais. Qu'Aristote le garde et te guide ma douce amie durant ces moments difficiles.

Ton éternel dévoué,
Velaron, Seigneur d'Auzay, parrain de Maxime d'Alesmes
Fildais
RAPPEL : Blonde toujours aussi tarée qui se monologue intérieurement en rouge foncé… et ouais encore !


[Entre violence, démence et décadence… on danse… ou pas]


Un jour de septembre.
Un jour comme ça, juste aux portes de l’automne, pas très différent des autres.
La vieille Piasine montait de son pas lourd et pesant d’années, les marches craquantes de l’escalier.

La Piasine ?
C’était toute l’histoire de La Rochelle à elle toute seule, tellement elle était vieille.
Une ancienne comme on en faisait plus, et qui fonctionnait encore.
Une du cru, de la poitevine pure souche par excellence, cent pour cent du coin qui malgré son dos tout vouté, son faciès tout ridé, malgré sa vue où dansaient les ombres incertaines et ses mains gangrenées par la tremblote, elle régnait ici, en la demeure avec bienveillance et austérité.
La vieille rochelaise mitée pas son grand âge, gardait la tête bien claire contrairement à sa maîtresse.
La vie pourtant ne l’avait guère épargnée. Précocement devenue veuve par la force de l’océan, trop grand et trop profond. Elle avait vu son cheptel de mioches réduit de plus de la moitié soit par la maladie, soit par les guerres.
Maintenant, la Piasine, c’était l’inébranlable sentinelle d’une blonde qui s’était laissé grignoter par la démence.

Immuable dans son rituel quotidien, la domestique grimpait, grimpait, les bras ployant sous le plateau de victuailles.
Pourtant, elle ne se faisait guère d’illusion, la compotée de fruit, la bouillie d’avoine au lait, le miel, tout ça… allaient à peine être touché par la Compostelle qui lentement se laissait mourir.
Et chaque jour la vieille cosse menait sa petite guerre contre le chagrin fildaïssien.
Ses armes ? Une langue bien pendue, fleurie de quelques mots de la campagne poitevine et un remue-ménage de tous les diables.

Rien n’y faisait.
Piasine la trouvait tous les jours identiquement installée, moisissant au fin fond d’un fauteuil, sis en face de la fenêtre.
Ses yeux de cendre bectant du ciel comme une aveugle.
Du ciel en bleu, en pluie, en soleil insolent et si limpide, en nuit, ennui…
De la voûte céleste dans tous ses états.
Dans son regard même plus une seule perle de sel, juste du vide, de l’abysse à chagrin.
Et ça la vieille, ça la bouffait d’voir autant de gaspillage de jeunes années.

Trois coups secs à l’huis et une voix rocailleuse qui perça la frontière de bois.


C’Piasine, d’zelle Comp’stelle.

Elle n’attendit guère de réponse de la part d’une muette et la vieille cosse entra sans préambule.

Jarnidiéééé*… c’quoi c’te chambardement là ?

Et les billes ourlées de vieillesse de s’agrandir, de s’écarquiller, d’englober la pièce de curiosité.

Cette matinée là de septembre, où l’automne pointait ses manteaux de brumes dans l’aube.
Cette matinée là ne ressemblait pas aux précédentes.
Quand la domestique eut pénétrée dans l’antre de silence, la petite n’était pas à moisir dans son fauteuil recouverte d’un châle, l’or en pagaille sur le chef comme d’accoutume mais sa carcasse ankylosée de peine avait migré vers l’écritoire.
La mise impeccable était masculine, la chevelure domptée sèchement, la demoiselle arborait un air sévère, penchée sur son vélin.
Son front se plissait de réflexion, c’était qu’elle menait une dure bataille pour faire taire quelques voix intérieures qui s’étaient élevées pour mettre leur grain de sel dans sa correspondance.


Rooooo mais pas comme ça… s’pice de blondasse.

Mais taisez-vous, saleté, j’écris comme je l’entends !

C’est bien là le problème, justement…



Frénétique, la plume suivait docilement les mouvements de sa maîtresse, plongeait avec une régularité martiale dans l’encre et écrasait des mots.
Avec une pointe de rage.

Et alors que la Compostelle, ignorant la venue de sa domestique, cette dernière, posait un regard sur la chambre en secouant d’incompréhension sa caboche.
La pièce avait été mise à sac, subissant les outrages violents et colériques de la jeune femme. Des meubles renversés, vidés ; des malles éventrées, dont les viscères d’étoffes et d’objets, s’entremêlaient entre déchirement et éclats un peu partout ; des vélins aux quatre coins et trônant au milieu de ça, dominant son fatras obscène, une blonde l’œil brillant de folie.

Les années ayant altéré quelque peu ses esgourdes, la vieille n’avait rien ouï.
Une camériste sourdingue et une maîtresse muette, voilà l’entente parfaite.

La missive pour les joutes faites, et quelques ordres annotés pour la préparation d’un voyage prochain laissé en bord de l’écritoire, Fildaïs s’attela à deux courriers de primes importances.
Elle passa une main un peu tremblante sur son visage comme pour éveiller son esprit et l’éclaircir, écoutant à peine la Piasine caqueter en posant le plateau et préparant la tablée.



‘faudrait p’ser à prendre b’ctance , s’non vous nous allez toute vous’affilocher, hein ! ‘suffit de pegnotter d’la sorte !

Pis c’chambard… c’est t’y que vous n’préparassiez une gadrouille ? Z’allez ‘core battre la cademandale, hein !

C’que vous nous allez r’venir toute gavaniée ‘core !


Roooo tais-toi donc vieille bique !



Un petit verre de liqueur additionné d’opiacé fut sacrifié sur l’autel de l’inspiration, il fallait qu’elle se concentre, qu’elle réussisse une lettre où sa folie resterait si possible à quai et ne voguerait pas bêtement entre les lignes.
Les paupières doucement se fermèrent sous les bienfaits de la drogue, la Compostelle resta un moment à savourer le délictueux délice de l’apaisement.
Puis une main, péremptoire fut agitée pour couper court au bavardage de la Piasine.
Et le griffonnage du vélin de reprendre encore plus fébrile.



Citation:
De moi Fildaïs de Compostelle, en deuil de Maxime d’Alesme

A vous, Cerridween de Vergy dicte Pivoine, Chevalier de l’Ordre Royal de la Licorne et d’autres trucs que je me souviens pas


Votre Rousseur, je vous salue,

Je tenais à vous remercier personnellement pour ce colis livré depuis l’Anjou, je pense qu’il a dû vous en coûter de trouver l’un de vos frères sans vie et de le rapatrier en Poitou ainsi.
Recevez donc ma gratitude, car cet envoi dans ce convoi surprenant m’a éclairé de vérité et m’a ôté le doute insoutenable de l’attente qui me rongeait.

Évitons là, les passages à trémolo de chagrin, ma présente n’est pas là pour expier ma peine. Non, enfin si, en quelque sorte.

J’aurai aimé savoir les circonstances de cette trouvaille.
Les « pourquoi », les « comment », les « qui » acteurs de ma tragédie, que je puisse calmer un peu le mal qui m’habite et qui me pourrit mon existence. Je ne trouve repos ni de jour, ni de nuit.

J’ai besoin de savoir, de comprendre… Apportez, je vous prie, quelques lumières à mes interrogations. Guidez-moi dans mes doutes, ceci est une supplique, avant que la folie n’ait totalement raison de moi.

Dans une dizaine, je me rendrai en Anjou, donnez moi au moins un début de chemin, un nom, un lieu… ce que vous avez… et sachez que même sans réponse de votre part, je m’y rendrai. Alors ne me rendez pas la tâche encore plus ardue qu’elle ne le sera.

En vous remerciant.

Qu’Aristote vous garde, bien loin, bien loin de moi.

F.de C.

La Rochelle, le vingtième jour du mois de septembre de l’année 1458


Sombre folie quand tu nous tiens…

En Anjou ???? Mais t’es tarée Fild !

Ben quoi ? Chaque nouvelle promesse d’en crever est toujours bonne à prendre, non ?


Elle se repencha sur un autre vélin, l’écriture maladive de cette dernière l’emplissait de ses caractères nerveux et tremblants.


Citation:
De moi Fildaïs de Compostelle, Dame de la Roche Majeure

A vous, Finam de Montmorency, Duc régnant d’Anjou, Vicomte de Gennes


Humblement, recevez mon salut,

Votre Grâce, cette missive est une requête auprès de votre personne qui se trouve être la plus haute autorité d’Anjou.
Ma demande est simple, je viens réclamer éclaircissemnt sur la mort d’un membre de la noblesse poitevine, licorneux de son état, et qui était mon promis de surcroit. Le Vicomte de Fontenay, Maxime d’Alesme.
Evénement qui eut lieu dans la mi-juillet de cette année, aux abords d’Angers d’après les dires, mais je ne puis vous assurer de mes sources.

Je sais bien que vous avez d’autres tourangeaux à fouetter, que vous n’étiez pas encore régnant mais votre réputation de traîne-pouvoir me fait penser que vous étiez en place au conseil et que très certainement vous pourriez m’indiquer la personne que je puis consulter.

Avec ma gratitude.

Qu’Aristote vous conserve comme les petits pois-carottes.

F.de C.

La Rochelle, le vingtième jour du mois de septembre de l’année 1458


A Finam !!! Mais vous êtes une grande malade, vous ! Finam c’est… c’est… c’est..

… un moyen comme un autre d’arriver à mes fins. Pis boucle-là ! Quand on veut obtenir satisfaction on s’adresse à Dieu, pas à ses Saints !
Pis si c’est une nouvelle promesse d’en crever, je suis preneuse !




Jarnidié=> juron traduit par je renie Dieu
affilocher=>mincir
pegnoter=> mal manger
gadrouille =>vadrouille
battre la cademandale =>courir ça et là
gavanier=>abîmer.
N’étant pas experte du patois poitevin (loiiiiiiiin de là), si jamais vous trouvez quelques erreurs veuillez m’en excuser… je rectifierai si jamais.

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Muette et cintrée !
Cerridween
[Chinon, sous une tente de fortune ]

Elle est attablée devant quelques missives qui la font sourire. L'envoi vient de Léard et apporte les nouvelles d'un petit blondin qui est parti à l'aventure. Un rayon de soleil toujours, couché sur le papier, qui vient égailler la monotonie des jours qui se ressemblent. Les nuits à veiller, les matins à dormir, les après midi à superviser... la roue tourne sans cesse dans une routine implacable. Elle s'évade entre les lignes écrites par sa fille qui raconte elle aussi un quotidien tranquille. Tout se passe bien selon sa main qu'elle imagine dessiner hâtivement les arabesques d'une écriture qui devient de moins en moins enfantine.

La main valide prend une nouvelle missive du paquet dont elle a tranché le lien qui les retenaient toutes groupées. Un sceau inconnu, ou qu'elle ne reconnaît pas est brisé pour laisser son regard découvrir... une douleur. Les lignes passent et elle soupire. La lettre est posée délicatement sur le tréteau. Elle passe sa main sur son visage, perdue un temps dans ses pensées. Comment lui dire... comment lui dire qu'il n'y a rien à comprendre. Qu'il n'y a pas de sens à cette mort qui l'a touchée elle aussi. Qu'il n'y a ni complot, ni mystère. Ce n'est pas un Stannis, fauché par un carreau empoisonné. Ce n'est pas des longues journées d'enquêtes. Ce n'est pas des interrogatoires à l'abri des regards, dans d'obscures caves pour arracher le danger. Héraut ou Juge, dis moi qui tu as tué, je te dirai si tu vivras. Pas de nœud à démêler, pas de pistes à suivre, pas de limier, pas de secrets. C'est juste un assassinat sur un homme rentrant chez lui et qui a croisé des lames à l'endroit où il ne fallait pas.

La main se résout à tremper une plume dans une encre noire. Elle sera franche comme à l'accoutumée.


Citation:
A Fildaïs de Compostelle,
Salut, condoléance et connaissance de vérité,

Recevez tout d'abord mes sincères condoléances et mon affliction. Il ne m'a coûté que la douleur, que je commence tristement à connaître d'un frère tombé quelque part, encore une fois. Nous ne laissons personne derrière, dans la mesure du possible. L'impossible nous fait rarement peur, cependant.

J'aimerai vous dire que la mort de Mackx a un sens. J'étais parti le chercher. Il devait y avoir une raison, une forte raison pour qu'il soit tué. La vérité, ma dame, est malheureusement brutale et sans secours aucun. Il rentrait en Poitou après la mission du Maine. Il n'avait pas prévenu les autorités angevines qui l'ont assassiné. Comme elles assassinaient tout ce qui passaient sur leurs routes à ce moment là. J'ai vu des tentes entières de cadavres, de blessés et d'agonisants qui avaient subi le même sort. Il n'y a pas d'autres explication que le barbarisme et la cruauté.

De ce que je sais, il est tombé sous les lames zokoïstes qui étaient employées apparemment par l'Anjou pour faire une sorte de ménage sans ménagement sur toute âme qui vivaient sur les chemins à l'époque. C'est une des leurs, Lucie, la vipère blanche qui m'a écrit pour me dire qu'un licorne était mort. J'ai eu confirmation en m'y rendant.

Je pense que mon prêche rejoindra le vent, mais vous ne trouverez pas plus de réponse en allant en Anjou. Elles sont déjà là. Simples et cruelles malheureusement. Et au vue des armées qui en ce moment sont dans les villes angevines, vous trouveriez la mort avant d'avoir pu poser une question.

J'espère que vous trouverez le repos sans mettre en péril votre vie. Je pense que le cavalier que j'ai connu ne l'aurait pas voulu.

Avec mes respects,

Cerridween de Vergy,
Chevalier de Vergy,
Lieutenant Commandeur Maitre d'Arme de l'Ordre royal de la Licorne.


La missive est rapidement donnée à un coursier en direction du Poitou. La Pivoine reste un instant à fixer l'horizon vers l'ouest avant de rentrer sous sa tente, s'habiller de sa tenue du soir. Brigandine et lame, pour danse sur les remparts, à la lumière de la lune et au son des menaces.
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Fildais
[Des mots contre des maux]


La folie la guettait, ne lui laissant guère de répit.
Tapie dans l’ombre de son mutisme, toute sournoise, la folie étendait son emprise sur la jeune femme.
Un peu plus, chaque jour.
Le chagrin s’était tu. Il ne lui chantait plus de sanglot dans la poitrine, à la place une vacuité abyssale.
Du rien glacial. Du vide en gouffre. Du que dalle à perpétuité.

Ah si !
Un sentiment brûlant, au goût de salpêtre, bien lové dans son saignant.
La rage.
Pas celle qui vous chambardait la pièce, ni de celle qui faisait élever les voix en cris.
Non, non, juste une rage taiseuse, tassée par les cendres de son chagrin, une rage domestiquée.

Un instant, la Compostelle, laissa courir ses azurines sur l’ondulation chatoyante des flammes avant de les reposer sur l’écriture d’une rousse licorneuse.
Les prunelles arpentaient avidement le vélin qu’elle connaissait désormais sur le bout des yeux. Son esprit déformé par les opiacés se persuadait qu’il y avait un message caché, des choses qui lui échappaient…

Le prénom de la vénéneuse blonde de la Zoko revenait en boucle, jusqu’à l’exaspération de la Compostelle… ça y était… inlassable ritournelle



Lucie, Lucie... quand tu nous tiens !


Et les voix chicaneuses de reprendre leurs sempiternelles disputes.


Imagine la blonde de la Zoko se balançant au bout d’une corde…

Ma foi c’est tentant… mais le feu… il y a rien d’mieux pour purifier les âmes non ?

P’têtre que cette Lucie n’y est pour rien, p’têtre que…
la voix aux accents timides et enfantins fut brutalement interrompu par une autre plus tranchante.

Ouais, ouais innocente la zokoïste angevine ? On aura tout entendu… moi j’pense qu’il faut la cramer, lui foutre le feu…

…hmmm et pourquoi seulement elle ? Pourquoi pas Angers ? Ils sont tous responsables, non ?

Alors dans ce cas là brûlons tout l’Anjou ! J’ai jamais pu les saquer ceux là !

Ouais, ouais foutons l’feu à l’Anjou, pis pendant qu’on y est cramons le Royaume, bande de foldingues… vous avez vu comme on est fichu… on est bâti comme un bout de ficelle et ça veut choper du mercenaire, laissez-moi rire…

Et tant qu’on a l’flambeau en main, on s’foutra le feu aussi, ben tiens ! Parce que franchement on n’est pas bien reluisante de l’âme, hein !
Pour rappel, on est seule responsable, on serait restée avec lui, comme on lui avait dit et bien il n’aurait pas baisé la camarde. On a manqué à notre parole… Faut s’en souvenir de ça !
Pis franchement, on aurait dû faire couler le lardon, au lieu de garder preuve de l’opprobre… bande de niaiseuses…



Une voix lasse s’éleva au milieu du soliloque en fouillis qui régnait dans sa caboche blonde, peut-être celle qui était la plus proche de la Compostelle.


Taisez-vous à la fin… vous m’fatiguez


Vélin posé consciencieusement devant elle, plume affutée qu’elle trempa généreusement dans l’encre…


Hey ! On pourrait l’éventrée ?

Pis on s’fera un collier avec ses tripes ?

Wééééé… ça fera un cadeau pour la fête des mères…

Choueeeeette…



Gros soupire…


Bande de malades !!!



Citation:
De moi, Fildaïs de Compostelle, Dame de la Roche Majeure

A vous, Lucie… de Montmorency ?, Capitaine des armées d’Anjou


Je vous salue,

Je viens vous demander un sauf-conduit pour passer en Anjou dès la fin de la semaine. Je suis citoyenne Poitevine et mon accompagnant, messire Velaron Seigneur d’Auzay, aussi.
J’ai une affaire importante et personnelle à traiter, avec votre personne si vous me le permettez.

Que le Très-Haut vous garde, moi je n’ai plus de place.

F.de C.
Faict à La Rochelle le vingt-huitième jour de septembre de l’an 1458



P.S. J'enverrai une demande identique à la prévôt des maréchaux.



Pli plié.
Cire scellée.
Vélin au messager.



Hop, hop, hop mon grand et t’ramasses pas une armée dans la tronche sinon j’te pends à ton retour.

Choueeeeette…

Bande de cinglées va !

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Muette et cintrée !
Luciedeclairvaux
[Château d'Anjou]

Ça bossait dur au château.
Capitaine, une lettre pour vous.
Lucie grogna et retapa son oreiller. Elle était présente au conseil, on ne pouvait pas lui retirer cela.
Fais passer au prévôt.
Le prévôt a le double.
Pose ça là alors.


Le feuillet orna la table de travail déserte de Lucie. Le bureau était vaste, mais doté d'une splendide cheminée devant laquelle dormait son dogue gris. Un excellent laboratoire d'expérience ... L'idée l'effleura d'aller chercher le proc au chapeau rouge pour y faire des mélanges détonants comme autrefois, puis s'en alla s'évanouir avec ses autres volontés. La vipère blanche portait son nom mieux que jamais : pâle comme la mort, elle se remettait lentement. D'une intoxication alimentaire, certainement ... à force de bouffer n'importe quoi.

Du bout des doigts, elle rapprocha le feuillet et jeta un œil morne dessus. Les noms lui étaient inconnus, pourtant la dame voulait la voir personnellement. Pour affaire ...

Les affaires de l'Anjou avec le Ponant se traitaient directement avec son père, c'était donc autre chose.
Un contrat peut-être ? Depuis le temps que sa Compagnie de mercenaires, la Zoko, se morfondait dans le conflit qui s'éternisait, elle s'effilochait. Tout comme Lucie. Un contrat serait le bienvenu. Un homme à abattre peut-être ou un château à faire tomber, encore mieux. Mais dans ce cas encore, la petite dame aurait écrit au chef. Les seconds passent souvent inaperçus. C'était donc autre chose encore.
Une fan peut-être ... ou plus drôle encore, une tueuse à gage. L'idée arracha un sourire à la mercenaire qui s'étira et se gratta la tignasse.

Hormis l'Anjou et la Zoko, Lucie n'avait jusqu'à présent pas de vie propre, se gardait bien des décisions, des entreprises et des choix. Il était peut-être temps de grandir, de choisir, de reprendre sa liberté comme le chef avait dit. De ne plus être la fille de. Le bras droit de. Le conseiller de.
Reprendre ses ailes. Vivre.
Elle se redressa pour lire la suite


"moi, je n'ai plus de place ..."


Plus de place ...

Citation:
A Fildaïs de Compostelle, Dame de la Roche Majeure

Le prévôt vous octroiera le sauf-conduit.
Vous me trouverez chez Jacky la main froide, à Saumur.

Lucie de Montmorency


La main endolorie de tant de mots, la Vipère reposa la plume, saupoudra, souffla, cacheta et rappela le garde.

Pour Fildaïs de Compostelle, à La Rochelle, magne toi.

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