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[RP]Quand les vieilles se déchainent, Chato s'enchaine

--Mere_malenpoint
Sur un banc attenant à l'horloge...





La Mère Malenpoint alias, Robinette Tricoux, veuve de feu Etienne Tricoux, passait ses journées « cutée » sur un des bancs attenant à L’horloge. Robinette était vieille, très vieille, tellement vieille que personne à Châteauroux ne se souvenait en quelle année elle était née. Son visage ridé, à la bouche pincée, traduisait bien le poids des années qui reposait sur les épaules de la vieille dame.

Les enfants en avaient peur et ils avaient raison. Robinette était tout sauf une personne gentille et agréable. C’était « the very best off » des commères. Une information arrivait à la mère Malenpoint, elle la remâchait, la transformait, lui rajoutait une pincée de mensonge, pour ne pas dire une bonne poignée et la recrachait ainsi déformée. Robinette adorait dire du mal des gens et si on ne lui en offrait pas l’occasion, elle inventait comme toute bonne commère.

Ainsi, cette « bonne vieille » était assise sur son banc à côté de sa seule amie, Mauricette Lafouine, avec qui elle conversait quotidiennement.


Dis-moi, Mauricette ?égrenant un chapelet….La mairesse là ? Noko...euh…Nokotruc_Chaussemachin, elle n’a pas dit qu’elle allait sauver le village ? Qu’elle allait communiquer plus ? Parce que, il me semble que c’était bien des fariboles ça encore car on ne l’a encore point vu.
--Mauricette_lafouine




La Mauricette était d'humeur revêche ce jour comme tous les jours d'ailleurs. Aucun ne trouvait grâce à ses yeux depuis que son Gaston qui avait promis officieusement de l'épousailler avait pris l'autre greluche de Madeleine Pissieux pour femme à sa place. Ah ça ! Elle était pas prête de le pardonner. Même maintenant qu'il était six pieds sous terre, elle l'avait encore mauvaise. Son plaisir était de voir que ce maudit couple n'avait jamais pu engendrer. Voilà la seule chose qui réconfortait ce coeur de pierre.

Personne ne l'aimait et ça tombait bien, elle n'aimait personne. Entre les damoiseaux qui faisaient les beaux et les damoiselles qui n'avaient l'air que de vouloir rouler dans le foin, franchement, tout était perdu dans cette ville. Même la mairesse avait dû se perdre. Assise près de la seule personne qui la supportait -et encore- elle l'écouta silencieusement. Adepte des bons vieux ragots et autres rumeurs toutes mélées de vrai et de faux savamment dosés, la Mauricette et la Mère Malenpoint étaient à elles deux à l'origine de presque tous les potins de Châteauroux.


Tu parles de la greluche qui crie tout l'temps.
Regarde sa voisine en masticant on ne sait quoi. C'est vrai qu'c'est la mairèche maint'nant. Point d'nouvelle de celle-là. Soupire, désabusée. Oui, elle l'avait dit qu'elle s'rait l'sauveur de not' bonne ville... Ah ça ! On peut dire que pour la sauver, elle la sauve ! Mains sur les hanches, Mauricette hochait de la tête régulièrement. Elle la sauve surtout dans l'mauvais sens si tu veux mon avis ! C'matin j'tais parti faire mon tour sur l'marché et bin tu m'crois ou pas mais les castelrouchins en sont presque rendus à payer pour qu'on leur achète leur marchandises. Et quand on voit d'puis quand c'est sur les étals... J'veux point 'traper la mort, moué. Crache par terre. Ma pauvre Malenpoint, on est bien partie pour un mois noir.

Sans attendre de commentaire de sa voisine, elle scruta les alentours de la Sainte Horloge. De toute façon, les commères étaient comme ça. Elles commentaient quand le besoin se faisait sentir. Mais là, il n'y avaient rien à commenter. Leur ville partait à la dérive et tout le monde se bouchait les yeux pour l'oublier.

Au fait, j't'ai pas dit. Mais un soir, que j'me suis couchée tard. J'étais à ma f'nêtre et tu d'vineras jamais c'que j'ai vu.

Elle garda le silence pour ménager son effet. Sans aucun doute la Mère Malenpoint allait vouloir savoir mais c'était point l'heure encore de lui raconter le potin qu'elle avait en réserve. Enfin, l'un des nombreux potins qu'elle gardait et distillait généreusement.
--Mere_malenpoint




Robinette opinait du chef en écoutant Mauricette. Généralement les potins venaient de cette dernière, source ô combien intarissable, et la mère Malenpoint se contentait souvent d’ajouter quelques commentaires fort argumentés.

Ah ! Ça pour crier, elle crie ! Portant une de ses mains sur sa hanche… mes oreilles ont en encore mal mais pour dire de ces fadaises aussi…moi, j’dis vaut bien mieux qu’elle se taise….en plus quand on voit qu’il n’y point de fer sur le marché et qu’ça avait promis qu’y aurait du travail pour tout l’monde…ben doivent être content les forgerons, tiens.
Et puis l’bois… « Faut libérer la vente du bois » qu’elle disait la mairesse ! Et bien moi, j’dis c’est plutôt les acheteurs de bois qu’il faudrait libérer, quand on voit toutes ces stères sur l’ marché. Et puis, j’parle point du courrier qu’on attend toujours…elle est belle la communication ! Que des Fariboles, elle nous a conté celle-là ! Moi, j’te le dis, Les Castelroussins sont fait avoir jusqu’au trognon !
Reprenant sont chapelet entre ses doigts osseux.

Un mois noir…hum, moi je dirais un mois venteux, si tu vois ce que je veux dire…regard entendu entre les deux vieilles.

Un ange passe, les deux commères reprennent leur souffle avant que Mauricette n’évoque un détail croustillant, certainement.


J’ sais point ! Dis moué Mauricette…t’as vu quoué ? Robinette avait beau farfouiller dans son esprit malsain, il y avait bien trop de choses qui s’y bousculaient. Il y avait bien trop de possibilités…

Robinette attendait un élément de réponse tout en observant les allées et venues. Apercevant Clélala suivit de Degaulle, elle marmonna
: Tiens, vlà l’bon samaritain et l’ légumier. Deux alcooliques que ces deux là
--Mauricette_lafouine



Le sourire entendu, elle n'était pas peu fière de ce qu'elle allait rapporter à son amie. Les potins, cela la connaissait et même très bien. C'est que la Mauricette en était friande et malgré son visage ridé, son air en disait long sur sa façon de les obtenir d'ailleurs. Oh oui, rien de mieux que de fouiner et d'être à l'affut de tout. Même si pour cela, il fallait se coucher fort tard. A son âge, le sommeil ne venait plus comme en son jeune temps. Les journées étaient donc bien plus longues et encore bien plus remplies de son activité favorite. Epier les voisins voire tous les castelroussins et surtout dénicher tous les ragots prenait beaucoup de temps.

Et bin voilà, l'autre nuit j'ai surpris la greluche blonde. Tu sais chelle qu'à eut son bâtard. Soupire, désemparée de voir la jeunesse si mal. Enfin il n'a pas d'père c'est sûr. P'tre que c'est l'fils du Don Chuan qui lui tournait autour c't été. Secoue la tête. Chelle-là j'me d'mande bin c'qu'elle a dans la tête. Pas grand chose si tu veux mon avis. Bref, cette greluche rentrait en catimini chez l'nouveau tich'rand. J'ai entendu dire par l'fils du meunier qui aurait l'coeur pris par la fille d'la mère Miraud qu'elle vivait sous l'toit du tich'rand. Et ce depuis bien plus longtemps qu'on pourrait l'croire. Y aurait du fricotache là-d'sous que j'en s'rai pas étonnée. Regarde sa voisine de banc d'un air entendu. En tout cas, j'te l'dis tout net. Je les ai à l'oeil. Surtout qu'à un moment, il y avait une autre jeunette qui v'nait passer la nuit.

Quelle bavarde cette Mauricette. Il était presque impossible de l'arrêter quand elle s'y mettait. Vissant son regard sur les deux castelroussins, elle se pencha vers la Mère Malenpoint. Oui, deux alcooliques et paraît qu'sont pas si bien lotis avec leurs greluches respectives...
--Mere_malenpoint




Cela faisait longtemps que la Mère Malenpoint ne prenait plus un air ahuri à la découverte des potins de Mauricette. Elle y était habitué depuis le temps qu’elles médisaient ensemble sur toute la population Castelroussine avec une mauvaise fois tellement évidente que plus personne ne venait se plaindre et les agonir d’injures à cause de leurs langues de vipère.

Généralement, Robinette poussait de grands soupirs désespérés et se signait en dodelinant de la tête.

Pauvre village ! A-t-on jamais vu pareil comportement, maugréait la vieille commère sur un ton outré.

Cette vieille carne avait la mémoire bien courte car dans sa prime jeunesse, au temps où Châteauroux comptait moitié moins d’habitants, le temps ou les mœurs étaient un peu plus libre, le temps où elle était encore belle - C’était une jolie gazoute comme on dit en Berry, la Robinette dans ses premières années -Les amants, elle les avait collectionné, à tel point que c’était devenu une entreprise rentable. Ensuite, elle avait rencontré le Etienne et il l’avait marié mais loin d’oublier les vieilles habitudes si lucratives, Robinette avait investis son bas de laine dans une maison de rencontre pour jeunes hommes et jeunes femmes, disons le clairement, une maison de joie. L’Antre de Vénus comme elle l’avait appelé, était renommé de manière très officieuse et Robinette était alors une maquerelle bien connue de tous. C’est certainement les activités clandestines de son épouse qui avait conduit Etienne Tricoux au cimetière. Il n’avait pas vécu vieux, le pauvre bougre mais a-t-on pas idée d’être aussi naïf et de croire en les vertus de sa chère Robinette.


Ah lala, c’est jolie comme un cœur mais c’est aussi bête qu’une oie, encore heureux qu’elle ne puisse plus s’faire épousailler celle’là Et encore jolie, il faut aimer ce qui est voyant parce que c’est point l’bon goût qui l’étouffe la mijaurée ! Rose…pfffff s’affligeait Robinette toute de noire vêtue.

Ah tiens, y va être bien éduqué son marmot, f’rait mieux dl’mener à l’orphelinat, il aura un semblant d’éducation au moins. Mais l’tiss’rand là, moi j’dis qu’y s passe de drôle de choses dans sa boutique. La petite jeunette qui travail chez lui, elle regarde avec des drôles de yeux…moué…ça fricotte ça. De toute manière, la greluche blonde, elle est plus à un prêt. Elle f’rait mieux de rentrer dans les ordres, ça lui mettrais un peu de plomb dans la caboche. Inlassablement les perles qui composaient le chapelet glissaient entre les doigts de la vieille.

Avisant Degaulle qui s’éloignait, elle se pencha à l’oreille de Mauricette: çui là…Chai plus comment il se nomme…moué j’va t’dire, si quelqu’un avait la bonne idée de lui coller ses légumes dans l’bec et ben ça s’rait pas dommage. J’en puis plus de l’entendre geindre de ceci ou de cela.
--Mauricette_lafouine




Les commentaires de la Mère Malenpoint lui arrachèrent un sourire mauvais. Ses yeux parcouraient inlassablement la place de l'horloge à l'affut du moindre détail qui pourrait déclencher une fois de plus la langue de vipère. A un moment, les yeux de la Mauricette brillèrent de méchanceté. Ce que la Mère Malenpoint venait de dire n'était pas tout à fait faux.

Dis-moi, Robinette, tu penses pas c'que j'pense. Si ça s'trouve la boutique du tich'rand c'est juste une mach'carade. Un peu comme quand tu t'nais ta maison.

Et oui, la Mauricette savait cela et tant d'autres choses aussi. Elle se revit jeune et déjà devenue amère et sans plus aucune illusion sur les paroles des hommes. Plus d'une fois elle en avait vu entrer dans cette bâtisse de ceux qui se disaient bien sous tous rapports... Ah ça oui, ils étaient beaux. Relever les jupons d'une catin, si jupons il y avaient, plutôt que de faire des marmots à leurs épouses.

Elle doit pas être très intelligente pour pas voir qu'il se moque d'elle. Sûrement un beau-parleur de plus. D'ailleurs on l'voit pas beaucoup d'puis quelques temps. Doit être trop occupé à soul'ver des jupons. Chais pas si tu savais mais on a pas une mairèche mais trois maires... T'avais voté pour plusieurs perchonnes toué ? La gueularde, la nobliote coincée et l'tout beau d'l'ancienne catin. Et quand j'dis l'ancienne catin, pas sûre qu'elle soit vraiment ancienne. Sacré trio mais brillent pas pour la communication. Elle gueulait pourtant haut et fort qu'le maire d'avant y disait rin. Tout s'perd même les coups d'pied au derrière, j'te l'dis.

Un nouveau sourire de mauvaise joie fleurit sur le visage de la vieille mégère. C'est pas l'troisgueule qui s'nomme ?
--Mere_malenpoint



Intelligente !
s’exclama la robinette.

Mais non, j’te dis qu’elle est bête comme une oie moué ! pourquoué tu croué qu’aucun gars ne la supporte ?! Elle f’rait mieux d’se faire bonne sœur, ça demande point beaucoup de réflexion.

Robinette appuya son dos courbé et meurtri par le poids des années contre le banc.

Trois ?! Ah non, j’savais point, Qu’est-ce que c’est que cette fantaisie ? Elle est si incompétente que ça la mairesse qu’on a besoin d’y accolé deux lèches-bottes ?! Ahhh ! j’te’l dis moué, On part à la dérive.

Le rire goguenard de Robinette raisonne sur toute la place. Ah ah ah, ben l’en vlà un beau trio et quand on voit l’résultat…ben franchement. Ils auraient mieux fait de s’abstenir. La nobliote, j’dis point, elle a fait du bon travail d’son temps, c’est qu’ça remonte, Ouhla mais l’tout beau, il a tout du jeune loup aux dents longues. J’y fais point confiance surtout quand tu sais comme il a traité son épouse…ah la la…encore un cœur d’artichaut qu’celui-là.
L’ancienne fille de joie, je l’aimons bien celle-là. Chai point pourquoué…peut-être qu’elle me rappelle moué à son âge.


La vieille morue oscille du chef à chaque phrase, que dis-je , à chaque vérité vraie, prononcée par Mauricette.

Hum, si j’étais pas si vieilleregarde ses mains ridées je lui donnerai moué-même le coup d'pied dans le fondement.

TroisGueules ?, tu es sûre ? C’est point DeuxGueules Plutôt ? Enfin, deux ou trois, ça change rien à l’affaire, l’est toujours en train de se plaindre celui-là. C’est bien un fonctionnaire, j’te l’dis moué.
--Mauricette_lafouine




L'couvent, moué chuis pas sûre qu'z'en veulent longtemps de la drôlèche.

Hausse les épaules, lassée par ce potin qui déjà ne l'intéressait plus. Mauricette était comme ça. Elle s'enflammait pour un sujet mais s'en lassait si la conversation montrait des signes de fatigue. Une conversation où on finit par ne dire que des banalités n'était pas pour elle. Semblant se raviser, la Mauricette regarda sa voisine de banc.

Et la greluche de prévôt ? Elles sont pas amies c'est deux-là ? On la voit pas trainer dans les rues celle-là. Mais paraît qu'elle va souvent à Bourges. Sûrement qu'elle va voir un galant là-bas. Petit regard complice vers la Mère Malenpoint. L'anchien Duc Thomas de Clairette là, on le voit pas plus. Pourtant c'était sa gueuse que j'ai appris. J'crois bien qu'la gueuse s'est fait envoyer promener et que l'Duc a choisi un nobliote. C'te radin, il en aura choisi une gironde et fortunée.

La vieille opina du chef au chuchotement. Et la morue, t'crois qu'elle va voir ailleurs ?
--Mere_malenpoint




Amies ?! ah ça oui qu’elles le sont. Toujours fourrées ensemble ces ceux-là. Crois moué, c’est du même acabit que ces deux greluches là. Pas pour rin qu’elles s’entendent si bien.

La prévôte là, avec son duc, jm’en souvient bin , elle jouait les grande Dame mais on mélange pas les torchons et les serviettes.

tiens ! Lui, il y v’nait souvent à Châteauroux et il lui racontait des insanités sous l’horloges. Tu t’souviens point d’ça ? et pis elle aurait pas dit non hein ! Une fille facile encore que celle-là.


Robinette se gratte le menton frénétiquement.

Ma foi, c’est vrai qu’on ne les voit plus ensemble depuis un moment. Faut dire qu’elle est dépensière comme tout et puis elle aime ce qui brille. Suffit d’voir ses robes. M’es d’avis qu’elle doit se les faire offrir …clin d’œil…et ch’ai déjà comme elle remercie pour les présents.

C’t’homme là, j’te le dis, il est né le cul dans un bénitier. Chui sûr qu’il n’a jamais été voir sous les jupons de la prévôte de luxe là !
Se penche à l’oreille, M’est d’avis qu’il serait encore puceau. Regard entendu avec Mauricette, accentué par un hochement de tête.

Une nobliote gironde et fortunée ?! Ah oui, ça m’étonnerait point. Une parisienne bien bourgeoise certainement. Mais j’vais t’dire, elle doit point savoir s’y prendre avec les hommes, la morue, parce que sinon, son duc y s’rait point parti courir d’autres jupons.

Ailleurs, une poule de luxe pareil. Nan, elle aime trop se vanter pour se cacher et puis elle est bien trop vénale. A moins, qu'elle fricote avec un autre Duc. elle en s'rait bien capable.

C’est comme le DeuxGeules ? pareil, chui sûr qu’il ne sais point c’qu’il y a entre les cuisses d’une femme…il paraît qu’il croît que ça a des dents,
sur un ton affligé.
--Mauricette_lafouine





Les yeux de la Mauricette brillèrent soudain d'un éclat mauvais. En effet, une nouvelle proie venait de mettre les pieds dans leur fief. Et quelle proie ! Une jeune greluche comme elle les aimait, surtout une de celle dont elle aimait médire à volonté. Un petit coup de coude à la Mère Malenpoint et la machine à ragot se mit en route sans attendre d'avoir capter l'attention de sa comparse. Quel besoin de le faire ? Depuis le temps qu'elles médisaient ensemble, elles savaient quand se taire (presque jamais d'ailleurs) et quand médire.

Tiens, bin ché elle la greluche du tich'rand. T'savais qu'elle a pris la maison juste derrière celle du beau-parleur ? Chûrement pour échayer d'être plus discrète. M'enfin rien ne m'échappe, tu peux m'croire. Pis j'l'ai dit, j'vas avoir tout cha à l'oeil. Mauricette veille au grain. Que des dévergondées !

Un soupire d'affligement se fit entendre. La vieille Mauricette n'avait rien fait pour se montrer discrète dans ses propos. Bien au contraire, elle avait sciemment haussé le ton pour voir la réaction de la bécasse. Après tout, on trouve de l'amusement où l'on peut. Oubliés les morues et autres drôlesses blondes, brunes ou rousses. Oubliés les Deuxgueules et autres minets sans intérêt. A ce moment-là, la mégère voulait choquer une jeune proie et n'était pas peu fière d'elle
--Mere_malenpoint







Robinette Tricoux poussa un soupire consterné comme elle savait si bien le faire pour traduire sa consternation face aux mœurs du temps présent. C’était une manière de dire : « moué, d’mon temps, on savait s’t’nir » Elles se connaissaient bien les deux vieilles car dans leur jeune temps, avant de se rencontrer, elles médisaient l’une sur l’autre. Et de calomnie en ragots, elles avaient fini par s’apercevoir que si leurs vies respectives différaient du tout au tout, elles avaient pourtant quelque chose en commun, quelque chose d’essentiel à leur existence : le commérage. Cela les avait rapprochés puis liés. Elles étaient devenus complices dans leurs bavardage incessant et elles n’avaient guère besoin de beaucoup de gestes pour se comprendre, le regard ou le ton de la voix y suffisait.

Un coup de coude et la mère Malenpoint sait aussitôt qu’il y a quelque chose à voir et sans même attendre que la Mauricette ouvre son clapet, elle tend son oreille afin de l’ouïr mieux.


Heinnn , oui, c’est-elle la greluche qui fait les yeux doux au tiss’rand. Tssss ça joue les innocentes mais c’est ben les plus sournoises ça. Tu verras qu’au rythme où elle aguiche les hommes, elle va pas tarder à être pleine celle-là. Et après ça ira pleurer chez la faiseuse d’ange. Moué, je les repérais comme ça mes filles. Un regard de petite génisse qui attendrirait n’importe quel sans-cœur mais surtout des airs de Sainte nitouche comme la drôlesse là. C’était souvent les plus assidues à l’ouvrage sur un ton nostalgique. Faut croire qu’elles aimaient ça, ha ha ha. Le regard de Robinette se fait pénétrant tandis qu’elle scrute la jeune Eliora un peu comme un maquignon inspecterait une jument. Par contre, elle est drôlement mal fichue. Il est pas exigeant le tiss’rand.

Que des dévergondées !ah ça oui. L’Etienne y s’retournerait dans sa tombe s’il pouvait voir ça !


Les yeux se plissent et le regard qui balaye la place, cherche à se faire plus aiguisé.

Tiens ! C’est-y pas la mairesse là-bas qui beugle encore tout un échantillon de billevesées et de boniments ? Qu’olé qu’elle dit encore ? J’ouïe rien ! . Râlant un peu contre elle-même. Olé pas très intéressant chui sûr. .

Regardant autours d’elle : Mais où c’est-y qu’elle ait l’autre folle qui ricane tout l’temps et qui parle toute seule ? .
--Mauricette_lafouine



Ah le bon vieux temps… Une époque bel et bien révolue malheureusement. La Mère Lafouine en soupira de concert avec sa comparse. Pas que l’époque en elle-même lui manquait tant que cela. Oh non ! Après tout c’était une époque bien noire pour elle. Voir son galant partir épousailler une autre greluche n’était pas du goût d’une femme amoureuse et blessée. Loin de là mais c’était aussi une période où elle ne râtait pas un commérage. Au moins, à cette époque les rues grouillaient de potins et de ragots à colporter. C’était pas comme maintenant où on ne voyait pas âme qui vive.

Moué j’te l’dis si la greluche l’est pas pleine d’ici l’printemps c’est qu’elle y va pas comme il faut. En tout cas, l’cœur à l’ouvrage elle va vite l’avoir avec le reste. Observe la petite. T’as raison la Mère, elle est point gironde… Mais les hommes sont bin connus pour pas r‘garder quand suffit d’écarter les cuisses.

La vieille commère s’esclaffa, amère. Et oui, il suffisait de pas grand-chose pour que les hommes voient réagir une certaine partie de leur anatomie. Et c’était bien décevant de voir que quelque soit l’époque, les choses ne changeaient pas.

Bah qué qu’t’as à t’plaindre ? Si c’est pas intéressant c’est point à écouter… Surtout quand on sait d’qui ça vient. Pis de toute façon, son vent nous l’f’ra v’nir par ici.

Haussement d’épaules pour montrer sa lassitude face à cette gueuleuse. Le regard de la vieille se fit plus pénétrant, à la recherche de la ricaneuse.

Ah ça, point vue d’puis un moment. Mais bon, elle me manque pas même si j’aime bien c’te greluche.
--Mere_malenpoint


La Mère Malenpoint observait tranquillement et silencieusement les allées et venues autours de l’horloge. Si rien n’échappait à son œil acéré, chaque rencontre visuelle n’était pas pour autant soulignées d’un commentaire graveleux ou bien pire encore. Aux yeux de Robinette, tout le monde n’était pas digne de faire l’objet de ses commérages. Un potin « made in Robinette », ça se méritait. La vieille grue sembla s’intéresser à Alanah qui était passée devant l’horloge pour se rendre au concours de beauté. N’a-t-on pas idée d’inventer pareil amusement. Cela faisait bien longtemps, que la vieille femme ne se faisait plus d’illusion sur les hommes. Tous des porcs sauf son Etienne. La vieille ne manqua pas de se signer en un geste ostentatoire au souvenir de son tendre et bien naïf époux, la bonne poire quoi !

R’garde Mauricette, indiquant Alanah du menton. C’est elle la greluche du Deuxgueules. A m’a pas l’air bien finaude, celle là encore. Remarque, un sourire mauvais au coin des lèvres, elle est bien assortie au Deuxgueule, crois moué ! Ces deux zozio là , on pourrait les planter dans leur potager, ah ah ah. Une courge et un navet ! S’esclaffa la vieille bique.

Ah tiens,olé qu’ça s’affaire là-basla vieille se lève lentement, portant sa main sur dos courbé et fait quelques pas en avant. L’œil perçant, les oreilles aux aguets, Robinette regardait la mairesse haranguer la foule.

Tu sais quoué Mauricette ? fixant toujours en direction de Nokomis.

Y paraît que quand elle est dans son bureau, et bien figures-toi qu’elle travaille point ! Elle boit comme un trou sur une plage au moment des grandes marées. Y paraît et c’est même sûre que c’est la nobliote qui fait l’boulot à sa place et que l’tout beau, lui y doit veiller à c’qu’on s’plaigne point trop. Y's dit que s'ils disent rin de leurs affaires, c'est parce qu'ils veulent s'enfuire avec la caisse..j'te l'dis, des pilleurs que ces trois là....Enfin, assez parlé de c’te mairie dans un geste de lassitude, c’est un beau camouflet encore qu'ça.
--Mauricette_lafouine



La Mauricette s'était levée à son tour. Pas qu'elle voulait mieux voir ce qu'il se passait. Loin de là. Chato mourait petit à petit, englué dans le silence et les non-dits. La journée touchait à sa fin et malgré ses airs de fouine, il ne fallait pas oublier qu'elle n'était plus de prime jeunesse.

Bin sûr que c'est que des fadaises ! La mairêche et toute sa clique préfère les coups bas et silencieux. La preuve, aucun n'est foutu de répondre quand on ose poser des quechtions. Ché pour mieux éviter qu'on critique, si tu veux mon avis.

La vieille mégère haussa les épaules, désabusée.

Bon, ché pas tout mais faut bin s'occuper du ménage. Et puis j'vas faire un tour pour espio... Toussote. Prendre des nouvelles de not' bonne vieille ville. Quelque chose de nouveau.

Sans attendre de réponse de sa comparse, Mauricette Lafouine récupéra ses effets et prit le chemin de sa bicoque délabrée tant elle manquait d'entretien. C'est que la réparation des fuites du toit n'était plus de sont âge.

Pis c'est pas l'retour du Don Chuan qui va y faire du changement, chuilà il va et vient auchi vite qu'ent' les jambes d'une greluche.
--Mere_malenpoint


Robinette hocha la tête et salua sa vieille comparse.

Allez va ! A d’main la Mauricette ! Moué j’vais trainer mes guenilles du côté du marché à c’heure.

Le pli au milieu de ses yeux se creusa un peu plus à l’évocation du don chuan. D’abord indécise quant à l’identité de ce fameux don Juan, Robinette comprit de suite lorsque Mauricette lui montra une chemise jaune qui séchait à une fenêtre.

Ahhhh, il est de retour ce vaurien…olé t’y qu’il aurait engrossé une femme déjà épousaillée, il est point besoin de beaucoup d’temps pour ça, et que le cocu d’mari lui court aux trousses ? J’croyais point qu’on l’reverrai un jour çui-là !

Robinette, le dos courbé, commençait déjà à s’éloigner.

Ah, la Mauricette, fait donc bin l’ménage qui sait c’que tu vas découvrir….

Et la vieille femme s’éloigna cahincaha, au rythme de ses jambes fatiguées de l’avoir trop porté durant toutes ces années. Pourtant, la Robinette, elle était plus souvent couchée que debout. Elle était peut-être d’une nature fragile.
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