Sorane, lassée de cette discussion stérile et qui n'avait aucun sens, haussa les épaules :
Dame, je pense avoir tout dit... Les faits sont contre vous, voilà. Que vous ayez omis de préciser justement les coffres emportés par les brigands dans votre compte-rendu est forcément suspect ! Et surement difficilement explicable... à moins d'une grande stupidité, puisque ce que l'on attend justement de celui qui reprend la mairie, c'est de chercher et de communiquer les preuves et les noms d'éventuels complices.
Et vous Messire, peu me chaud votre avis et votre présence. Évidemment que vous êtes tenté de croire votre douce et alors ? Le contraire aurait été fort étonnant, non ?
Quant à mes intentions à votre égard, je n'en ai guère... ni bonnes ni mauvaises... Je ne vous connais point et le peu que j'en sache de me donne guère envie d'approfondir...
L'indifférence est vraiment tout ce que je peux vous offrir à partir du moment où vous ne mettez pas en danger ma ville ou la Bourgogne.
D'ailleurs, si vous n'étiez accouru pour m'obliger à plus de révélations, je n'aurais donné aucun autre détail en public concernant votre Dame et je n'aurais pas dit le moindre mot à votre sujet.
Quant à tirer une couverture ? Laquelle ? Il n'y a que vous pour aller vous vanter d'une action qui a été en grande partie menée par l'ancienne maire, le conseil municipal d'Autun et la garnison d'Autun. Alors ne généralisez pas vos propres manies à autrui !
Que vous ayez participé à la reprise de la mairie est déjà en soit incompréhensible, puisque le collège de la noblesse vous avait jugé suffisamment dangereux pour invalider votre participation à une élection.
Si cela se trouve votre vantardise ou tirage de couverture, comme vous dites, visait juste à détourner les soupçons de vous... en attirant fort à propos l'attention sur vous de façon bénéfique... Il serait assez pathétique qu'il ne s'agisse que de l'appel à reconnaissance d'un égo surdimensionné...
J'ai rendu des comptes aux Autunois sur l'inventaire, les comptes et les dommages occasionnés par ce pillage, ce qui est mon rôle.
Quant à votre remarque mesquine sur ma présence à Dijon, je vais là où on me le demande pour défendre. J'obéïs simplement et je fais mon devoir. Je m'étais engagée à y être pour cette période, et j'ai tenu mon engagement.
Le plus amusant est que votre remarque pourrait à juste titre se retourner contre vous ! Et vous que faisiez-vous justement à Autun au moment où elle a été pillée ?
Il est tentant de s'interroger pour quelle raisons vous auriez été si bien informé de ce pillage, et de sa date, vous, et pas les autorités de notre beau Duché... Surtout que vous êtes arrivés peu avant le pillage.
Mais je ne pousserais pas le vice aussi loin que vous ! Dans le domaine de l'esbrouffe et de la poudre aux yeux, accommodées de baratinages et d'accusations inutiles, je vous laisse avec grand plaisir être un maître.
Enfin je constate que pour protester de votre innocence, vous tentez, en vain, de me décrédibiliser et ridiculiser, alors que les preuves sont là, sur des vélins... C'est assez classique pour un pendard d'opter pour cette méthode de défense, lorsqu'on manque d'argument pour son innocence, on tente d'incriminer ceux qui disent la vérité.
En bref, j'ai mieux à faire que de discourir sans suite et en vain. Si vous pouvez endurer de ne plus être le centre de l'attention, j'aimerais répondre aux questions éventuelles des autunois. Merci.
Et elle fit un geste de la main pour balayer devant elle._________________
Domaine de Couches