Isaure.beaumont
[ Hostel familial des Alterac ]
Immobile sur le grand lit qui trônait au milieu de la pièce, Isaure regardait danser les ombres difformes que projetait la lueur des bougies. Elle repensait à cette journée maudite, à cette journée qui sonnait le glas de sa vie. Elle avait séché ses larmes à la sortie du coche et avait fait la promesse à Aléanore de ne plus laisser une larme franchir le seuil de ses yeux. Et elle sy était tenue. Se levant soudain, elle entreprit de ramasser les divers coussins et tissus quelle avait lancé à travers la pièce. Il fallait redonner un semblant dordre à cette pièce, triste miroir de sa vie.
Il faudrait tôt ou tard annoncer la nouvelle à ses proches, au risque de les perdre à jamais. Il valait bien mieux quils lapprennent de sa plume que dune langue médisante et bien pendue. Sinstallant devant le secrétaire, elle essayait de trouver les mots. Et la plume valsa sur le vélin avant de sinterrompre brutalement. Ne pas pleurer, ne pas pleurer, ne pas pleurer, ne pas pleurer ! Et de nouveau les mots naquirent.
Immobile sur le grand lit qui trônait au milieu de la pièce, Isaure regardait danser les ombres difformes que projetait la lueur des bougies. Elle repensait à cette journée maudite, à cette journée qui sonnait le glas de sa vie. Elle avait séché ses larmes à la sortie du coche et avait fait la promesse à Aléanore de ne plus laisser une larme franchir le seuil de ses yeux. Et elle sy était tenue. Se levant soudain, elle entreprit de ramasser les divers coussins et tissus quelle avait lancé à travers la pièce. Il fallait redonner un semblant dordre à cette pièce, triste miroir de sa vie.
Il faudrait tôt ou tard annoncer la nouvelle à ses proches, au risque de les perdre à jamais. Il valait bien mieux quils lapprennent de sa plume que dune langue médisante et bien pendue. Sinstallant devant le secrétaire, elle essayait de trouver les mots. Et la plume valsa sur le vélin avant de sinterrompre brutalement. Ne pas pleurer, ne pas pleurer, ne pas pleurer, ne pas pleurer ! Et de nouveau les mots naquirent.
Citation:
DIsaure Wagner, damoiselle de Morvilliers
A Maltea Wagner, sa sur aimée
Ma chère sur,
Je sais que parfois votre vu le plus cher serait de menfermer dans un couvent et que je vous exaspère. Alors asseyez-vous, respirez un bon coup et lisez la suite.
Aléanore était enfin arrivée pour me sortir de ce Collège et mon départ qui aurait dû être un jour béni se transforma en drame : quelques minutes avant que je ne la rejoigne, jétais allongée sur mon lit quand Cassian vint me trouver dans le dortoir des damoiselles. Bien entendu, il ne mapprocha pas et se contenta de me demander un service pour le moins surprenant : il souhaitait que je lui prête une robe, ce que je fis avant de quitter la pièce pour enfin aller retrouver la dame de Concèze qui venait de remettre votre lettre à la rectrice. Lettre que la rectrice ignora préférant croire les dires dun élève qui disait mavoir vu en train doffrir ma vertu à Cassian. Elle prononça donc mon renvoi alors que vous maviez déjà retirée de leur établissement. Jai lu la lettre calomnieuse et je suis atterrée de savoir que notre nom est souillé par ma faute.
Je me retirerai au couvent si cest ce que vous souhaitez, je vous rendrai les terres de Morvilliers et je me ferai oublier de vous, mais je vous en prie, pardonnez-moi. Je nai jamais voulu que pareille chose se produise. Même si jétais parfois trop têtue et indisciplinée, je vous promets que notre famille est ce que j'ai de plus précieux et que jamais je naurais pris le risque de la briser en me compromettant avec un garçon.
Que le Très-Haut vous protège ainsi que ma nièce adorée qui, elle, sera digne de porter le grand nom quest le nôtre.
Avec affection,
Isaure,
Votre sur désolée.
DIsaure Wagner, damoiselle de Morvilliers
A Maltea Wagner, sa sur aimée
Ma chère sur,
Je sais que parfois votre vu le plus cher serait de menfermer dans un couvent et que je vous exaspère. Alors asseyez-vous, respirez un bon coup et lisez la suite.
Aléanore était enfin arrivée pour me sortir de ce Collège et mon départ qui aurait dû être un jour béni se transforma en drame : quelques minutes avant que je ne la rejoigne, jétais allongée sur mon lit quand Cassian vint me trouver dans le dortoir des damoiselles. Bien entendu, il ne mapprocha pas et se contenta de me demander un service pour le moins surprenant : il souhaitait que je lui prête une robe, ce que je fis avant de quitter la pièce pour enfin aller retrouver la dame de Concèze qui venait de remettre votre lettre à la rectrice. Lettre que la rectrice ignora préférant croire les dires dun élève qui disait mavoir vu en train doffrir ma vertu à Cassian. Elle prononça donc mon renvoi alors que vous maviez déjà retirée de leur établissement. Jai lu la lettre calomnieuse et je suis atterrée de savoir que notre nom est souillé par ma faute.
Je me retirerai au couvent si cest ce que vous souhaitez, je vous rendrai les terres de Morvilliers et je me ferai oublier de vous, mais je vous en prie, pardonnez-moi. Je nai jamais voulu que pareille chose se produise. Même si jétais parfois trop têtue et indisciplinée, je vous promets que notre famille est ce que j'ai de plus précieux et que jamais je naurais pris le risque de la briser en me compromettant avec un garçon.
Que le Très-Haut vous protège ainsi que ma nièce adorée qui, elle, sera digne de porter le grand nom quest le nôtre.
Avec affection,
Isaure,
Votre sur désolée.
Citation:
DIsaure Beaumont-Wagner, damoiselle de Morviliiers
A Clémence de lEpine, son adorée cousine
Ma chère cousine,
Cest une bien sombre nouvelle que jai à vous annoncer aujourdhui. Je crains de vous décevoir et je souffre de cet affront qui mest fait. Comme je vous lavais indiqué dans lune de mes précédentes lettres, je souhaitais être retirée du Collège Saint-Louis de France dans lequel je ne mépanouissais aucunement, demande à laquelle ma chère sur accéda. Jétais heureuse. Encore plus heureuse lorsque Aléanore Jagellon Alterac vint me chercher au collège. Comment aurais-je pu me douter de cet opprobre injuste qui me tomba dessus.
Je vous jure ma Cousine, sur lhonneur de ma famille et vous savez Ô combien le Sang est tout pour moi que tout ce qui a été dit sur moi nest que pure calomnie. Les noms influents et les beautés font des envieux, et je crains en avoir été victime. Vous me connaissez bien plus queux, et jaccepterai votre jugement. Il se trouve, ma chère Clémence, que la rectrice, sa Grâce Nennya Blackney a décrété mon renvoi de son institution alors que la dame de Concèze venait de lui remettre la lettre de Maltea concernant mon départ du Collège. Jai pu parcourir la lettre à lorigine de cette décision partiale. A aucun moment lon ma demandé des explications, je nai pas pu me défendre et déjà on nous envoyait des gardes pour nous jeter indignement hors de cet établissement royal.
Le simple fait de penser à cette lettre fallacieuse me fait rougir de honte et de désespoir. Je ne suis quune pauvre victime innocente sacrifiée sur lautel de la mesquinerie. Figurez-vous que le jeune Arnaut de Malmort, piètre bâtard du Grand Chambellan de France, a osé écrire à la rectrice que je les mots sont si difficiles à écrire moffrais à Cassian. La colère mhabite, Clémence, mais jessaie de la contrôler comme vous me laviez déjà demandé, mais si vous saviez combien je souffre de pareilles insinuations. Je sais bien que parfois mon caractère, un peu trop entier, vous cause bien du souci, mais jamais je ne vous aurais infligé pareille honte. Mon sang, mon nom sont ce que jai de plus précieux. Pourquoi laurais-je donc sacrifié pour si peu ?
IL est vrai que ce jour-là Cassian était venu me voir dans le dortoir des damoiselles, mais je vous promets que pas un instant il na posé ses mains sur moi. Il était seulement venu me demander un service, qui était de lui prêter une robe. Requête à laquelle jaccédais en lui offrant un vulgaire bout de tissu noir et orné de dentelles défraichie. En aucun cas chevilles ne furent dévoilées. Nous en avons déjà parlé, et vous savez quelles sont mes aspirations : je nai quune envie, vous plaire. Risquer de perdre votre amour nest pas dans mon intérêt. Alors, je vous prie Clémence, je vous conjure de me croire.
Je suis innocente de toutes ces vilaines choses dont on maccuse. Et je souffre que lon ait pu proférer de telles infamies à mon encontre.
Que le Très-Haut vous protège et quil éloigne de votre chemin les jaloux, les médisants et les fourbes.
Vous resterez dans mon cur quoiquil advienne.
Votre honteuse cousine,
Isaure
DIsaure Beaumont-Wagner, damoiselle de Morviliiers
A Clémence de lEpine, son adorée cousine
Ma chère cousine,
Cest une bien sombre nouvelle que jai à vous annoncer aujourdhui. Je crains de vous décevoir et je souffre de cet affront qui mest fait. Comme je vous lavais indiqué dans lune de mes précédentes lettres, je souhaitais être retirée du Collège Saint-Louis de France dans lequel je ne mépanouissais aucunement, demande à laquelle ma chère sur accéda. Jétais heureuse. Encore plus heureuse lorsque Aléanore Jagellon Alterac vint me chercher au collège. Comment aurais-je pu me douter de cet opprobre injuste qui me tomba dessus.
Je vous jure ma Cousine, sur lhonneur de ma famille et vous savez Ô combien le Sang est tout pour moi que tout ce qui a été dit sur moi nest que pure calomnie. Les noms influents et les beautés font des envieux, et je crains en avoir été victime. Vous me connaissez bien plus queux, et jaccepterai votre jugement. Il se trouve, ma chère Clémence, que la rectrice, sa Grâce Nennya Blackney a décrété mon renvoi de son institution alors que la dame de Concèze venait de lui remettre la lettre de Maltea concernant mon départ du Collège. Jai pu parcourir la lettre à lorigine de cette décision partiale. A aucun moment lon ma demandé des explications, je nai pas pu me défendre et déjà on nous envoyait des gardes pour nous jeter indignement hors de cet établissement royal.
Le simple fait de penser à cette lettre fallacieuse me fait rougir de honte et de désespoir. Je ne suis quune pauvre victime innocente sacrifiée sur lautel de la mesquinerie. Figurez-vous que le jeune Arnaut de Malmort, piètre bâtard du Grand Chambellan de France, a osé écrire à la rectrice que je les mots sont si difficiles à écrire moffrais à Cassian. La colère mhabite, Clémence, mais jessaie de la contrôler comme vous me laviez déjà demandé, mais si vous saviez combien je souffre de pareilles insinuations. Je sais bien que parfois mon caractère, un peu trop entier, vous cause bien du souci, mais jamais je ne vous aurais infligé pareille honte. Mon sang, mon nom sont ce que jai de plus précieux. Pourquoi laurais-je donc sacrifié pour si peu ?
IL est vrai que ce jour-là Cassian était venu me voir dans le dortoir des damoiselles, mais je vous promets que pas un instant il na posé ses mains sur moi. Il était seulement venu me demander un service, qui était de lui prêter une robe. Requête à laquelle jaccédais en lui offrant un vulgaire bout de tissu noir et orné de dentelles défraichie. En aucun cas chevilles ne furent dévoilées. Nous en avons déjà parlé, et vous savez quelles sont mes aspirations : je nai quune envie, vous plaire. Risquer de perdre votre amour nest pas dans mon intérêt. Alors, je vous prie Clémence, je vous conjure de me croire.
Je suis innocente de toutes ces vilaines choses dont on maccuse. Et je souffre que lon ait pu proférer de telles infamies à mon encontre.
Que le Très-Haut vous protège et quil éloigne de votre chemin les jaloux, les médisants et les fourbes.
Vous resterez dans mon cur quoiquil advienne.
Votre honteuse cousine,
Isaure
Citation:
DIsaure Beaumont-Wagner, Damoiselle de Morvilliers
A Valère dArezac, son adorable Parrain
Mon très cher Parrain,
Je ne sais si la honteuse nouvelle vous est parvenue. Peut-être Aymeric sest-il déjà empressé de vous communiquer les évènements de ces derniers jours. Jai longtemps hésité avant que de vous écrire cette lettre. Jai si peur de vous décevoir, si peur que vous ne maimiez plus ensuite. Je veux avant tout vous assurer de mon affection, vous dire que vous mavez beaucoup apporté. Je suis si désolée de ne pas être la parfaite filleule à laquelle vous rêviez, vous avez été si bon envers moi.
Apprenez que la rectrice de Saint-Louis, à qui vous mavez confiée, ma renvoyée du Collège, ignorant ainsi la lettre de ma sur lui annonçant mon départ de lécole. Je suppose que vous souhaitez en connaître la raison Et bien, la voilà : Votre filleule est une fille de petite vertu, et sest offert à un garçon dans lenceinte du collège. Pourtant, mon tendre Parrain, sachez quil ne sagit que de blasphèmes. Je sais bien que je vous ai donné du fil à retordre, mais je ne vous ai jamais menti et je veux que vous connaissiez la véritable histoire avant de me juger et de me tourner le dos.
Javais reçu lordre de me tenir prête pour le départ. Je savais que lon viendrait me chercher, mais je navais pas de date précise. Javais donc préparé mes malles, et attendait le plus patiemment quil métait possible de le faire larrivée de celle qui marracherait à cette prison dorée, si vous voulez. Ceut été un jour heureux si une lettre calomnieuse navait pas été écrite. Je vous explique.
Alors que jétais dans mon dortoir désert, puisque les autres filles étaient en cours, je reçus la visite de Cassian, un ami du collège, qui brava linterdiction de pénétrer dans le dortoir des damoiselles pour me demander un service certes quelque peu étrange. Et aussi étrange que sa demande létait, jacceptais de lui donner la robe quil me suppliait de lui prêter - rassurez-vous, je lui ai donné une horreur immettable. Je tiens aussi à préciser que lorsquil entra dans le dortoir, jétais alors allongée sur mon lit, mais jamais il ne mapprocha.
Or il se trouve quun élève, dispensé des dernières minutes du cours, la espionné et a rapporté dans une lettre que jai pu parcourir que je moffrais à Cassian. Ce menteur nest autre que le fils de Sa Grandeur Nebisa de Malemort. Je pense quil sagit là dune mesquine vengeance de sa part. Il est vrai que jai un peu délaissé le pauvre garçon, préférant lamitié de Cassian à la sienne, et je suis sûre que vous en auriez fait de même.
Je tenais juste à vous dire que toutes ces choses de quoi lon maccuse sont fausses. Je suis innocente et ne vois dans ces agissements que de la perfidie qui mafflige. Lon ne ma pas donné la chance de mexpliquer, de me défendre. Seule la parole de ce menteur a été prise en compte et sans autre forme de procès lon ma fait jetée ainsi que Cassian et ses parents comme une malpropre.
Je suis désolée de vous accabler encore un peu plus, mais là nétait pas mon intention. Punissez-moi, détestez-moi, mais ne moubliez pas.
Que le Très-Haut vous garde,
Avec toute ma tendresse,
Votre filleule affligée,
Isaure
DIsaure Beaumont-Wagner, Damoiselle de Morvilliers
A Valère dArezac, son adorable Parrain
Mon très cher Parrain,
Je ne sais si la honteuse nouvelle vous est parvenue. Peut-être Aymeric sest-il déjà empressé de vous communiquer les évènements de ces derniers jours. Jai longtemps hésité avant que de vous écrire cette lettre. Jai si peur de vous décevoir, si peur que vous ne maimiez plus ensuite. Je veux avant tout vous assurer de mon affection, vous dire que vous mavez beaucoup apporté. Je suis si désolée de ne pas être la parfaite filleule à laquelle vous rêviez, vous avez été si bon envers moi.
Apprenez que la rectrice de Saint-Louis, à qui vous mavez confiée, ma renvoyée du Collège, ignorant ainsi la lettre de ma sur lui annonçant mon départ de lécole. Je suppose que vous souhaitez en connaître la raison Et bien, la voilà : Votre filleule est une fille de petite vertu, et sest offert à un garçon dans lenceinte du collège. Pourtant, mon tendre Parrain, sachez quil ne sagit que de blasphèmes. Je sais bien que je vous ai donné du fil à retordre, mais je ne vous ai jamais menti et je veux que vous connaissiez la véritable histoire avant de me juger et de me tourner le dos.
Javais reçu lordre de me tenir prête pour le départ. Je savais que lon viendrait me chercher, mais je navais pas de date précise. Javais donc préparé mes malles, et attendait le plus patiemment quil métait possible de le faire larrivée de celle qui marracherait à cette prison dorée, si vous voulez. Ceut été un jour heureux si une lettre calomnieuse navait pas été écrite. Je vous explique.
Alors que jétais dans mon dortoir désert, puisque les autres filles étaient en cours, je reçus la visite de Cassian, un ami du collège, qui brava linterdiction de pénétrer dans le dortoir des damoiselles pour me demander un service certes quelque peu étrange. Et aussi étrange que sa demande létait, jacceptais de lui donner la robe quil me suppliait de lui prêter - rassurez-vous, je lui ai donné une horreur immettable. Je tiens aussi à préciser que lorsquil entra dans le dortoir, jétais alors allongée sur mon lit, mais jamais il ne mapprocha.
Or il se trouve quun élève, dispensé des dernières minutes du cours, la espionné et a rapporté dans une lettre que jai pu parcourir que je moffrais à Cassian. Ce menteur nest autre que le fils de Sa Grandeur Nebisa de Malemort. Je pense quil sagit là dune mesquine vengeance de sa part. Il est vrai que jai un peu délaissé le pauvre garçon, préférant lamitié de Cassian à la sienne, et je suis sûre que vous en auriez fait de même.
Je tenais juste à vous dire que toutes ces choses de quoi lon maccuse sont fausses. Je suis innocente et ne vois dans ces agissements que de la perfidie qui mafflige. Lon ne ma pas donné la chance de mexpliquer, de me défendre. Seule la parole de ce menteur a été prise en compte et sans autre forme de procès lon ma fait jetée ainsi que Cassian et ses parents comme une malpropre.
Je suis désolée de vous accabler encore un peu plus, mais là nétait pas mon intention. Punissez-moi, détestez-moi, mais ne moubliez pas.
Que le Très-Haut vous garde,
Avec toute ma tendresse,
Votre filleule affligée,
Isaure
Edit: Sceaux
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