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Info:
Echanges de courriers entre deux soeurs... quand la distance ne compte plus et que le sang prend l'ascendant sur le reste!

[RP]Deux soeurs, un sang... et quel sang!!

Cyrianna2002
Deux jours qu’elle faisait escale à Grandson ; deux jours passés à étudier et se promener autour du lac avec ses fidèles compagnons. Les chiens souffraient de la chaleur et les sorties quotidiennes permettaient, d’une part à la brune de prendre l’air et d’autre part aux molosses de s’ébrouer dans l’onde fraiche.
Quand vêpres sonna, un frisson la parcouru ; c’était devenu coutume depuis qu’elle savait et le retentissement des cloches, qu’importe l’heure, la glaçait d’effroi –pratique pour une voie de l’église^^. C’est en rejoignant l’auberge que l’idée se fit ; besoin de partager son fardeau sans doute, besoin d’être conseillée peut être, mais besoin de communiquer surement… l’isolement incessant depuis de longues semaines devenait pesant mais, malgré tout, plus la brune avançait dans son voyage, plus l’angoisse grandissait.

La jeune femme quitta les berges, suivie de l’escorte canine et pris le chemin de l’auberge ; au détour d’une ruelle, elle reconnue la brunette aperçue la veille. La gamine pénétra dans une taverne et Cyr’, mue par la curiosité, l’y suivie… elle s’installa dans un coin et, surveillant la chipie du coin de l’œil, écrivit à la seule capable de la soutenir.


Citation:
Ma chère sœur,

Je ne sais par où commencer tant il en est arrivé ces dernières semaines… Saches déjà que je suis sortie du couvent plus rapidement que je ne l’avais prévu ; un courrier de Kassie, m’implorant de venir la chercher, eu raison de ma volonté. Tu connais ta nièce et ce dont elle est capable pour parvenir à ses fins.

Malheureusement, ce n’est point pour te conter les âneries de ma fille que je t’écris ce soir, non… ce qui m’a fait prendre la plume, c’est un besoin incontrôlable de crier ma peine et, qui d’autre que toi pourra mieux la comprendre.
De mon retour en Artois, nulle acquisition de rapace susceptible de parcourir les nombreuses lieues me séparant de Yanis… mes enfants sont orphelins comme je suis veuve… Il m’a quittée définitivement ; mes prières furent vaines, le Très Haut l’a rappelé…

A l’heure où tu lis ces quelques lignes, je suis en chemin pour la Provence afin de rejoindre Kassandra. Curieusement, si l’impatience de la revoir n’est pas à prouver, chaque jour qui m’en approche me plonge dans une angoisse grandissante… Que vais-je lui dire ? Quelles tristes retrouvailles que celles-ci…

Que n’aurais-je donné pour t’avoir à mes cotés à cet instant…

Donnes-moi vite de vos nouvelles, qu’elles soient plus éclatantes je l’espère.

Je vous embrasse Toine et toi et vous envois mes plus tendres pensées.




P.S. j’en profite pour te renvoyer Hubert… le pauvre commençait à mal tourner !


Elle scella le vélin et observa la petite qu’elle avait suivie ; cette dernière ne manquait pas d’aplomb et l’occitane ne pu s’empêcher de sourire. Rassurée quant au bien être de la chapardeuse, elle rangea ses effets et quitta la taverne en lui lançant quelques écus.


(Edit = correct' ortho)
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Allydou
Soir après soir, matin après matin, elle surveillait les airs. Va-t-il donc enfin bientôt donner des nouvelles, lui dire au moins qu’il est vivant et s’il compte revenir un jour …
Soupirs après soupirs… après soupirs, elle constate que le ciel est calme, triste, vide …Sans l’ombre d’un nuage ou d’une plume …

Et pourtant, elle ne peut s’empêcher de continuer encore et encore. C’est donc sans surprise qu’on la trouve devant la fenêtre du petit salon ce soir.
Toine est couché depuis un moment déjà et pour elle une nouvelle soirée de solitude ou de travail s’annonce. Or … Elle n’a envie d’aucune des deux options.
Oh bien sûr, elle pouvait laisser son fils à la surveillance de Noémie et s’en aller faire un tour en ville, aller vider un verre ou deux … Bien sûr oui…Elle pouvait.

Mais ça non plus, elle n’en avait pas l’envie. C’est dire si l’heure est grave quand même !

Et soudain, un bruissement d’ailes, la silhouette d’un ramier qui se précise dans la lueur de la lune … N’osant même pas espérer, ce ne devait être encore que le volatile d’un étranger qu’émendant un droit de passage, elle continue quand pourtant à le regarder approcher.


Hubert ?!

Ca pour une surprise, ce piaf elle le connait, bien même, c’est celui qu’elle destinait aux traversées du Royaume pour porter les missives à sa sœur. Depuis le temps qu’elle ne l’avait vu lui revenir, elle l’avait compté dans les pertes et fracas, imputant cela à ses monstres de merveilles…

Le pauvre aura à peine le temps de se poser que le message qu’il apporte avec lui, lui sera presque arraché, tant la brunette a hâte de lire …

Peu à peu son sourire s’efface, le voile dans son regard reflète la colère ressentie à l’encontre de celui qui n’aurait pu trouver meilleur moyen pour briser le cœur de sa Cyr.

Sans même s’en être rendue-compte, elle est déjà assise à son bureau et sort la plume pour, au plus vite envoyer des mots de réconforts, bien que les sachant impuissants à combler le vide laissé …

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Mon chez moi
--Hubert_le_pigeon


[Maillezais, Poitou ... Deux minutes d'arrêt]

Incroyable ! Oui il avait vraiment eu du mal à y croire ...

Lui qui avait fait une croix dessus en déséspoir de cause, avait enfin vu se dessiner sous ses yeux les contours du Poitou, de Maillezais ... De chez lui.

Là, il avait cru au miracle, après des mois où il avait été retenu comme otage des monstres, n'échapant que de peu à la mort sous d'horribles supplices, il s'était vu confier une missive.

Je vous raconte pas sa fierté. Il l'avait la preuve qu'il est bel et bien le meilleur ... Sinon on aurait fait appel à un autre. Ah ça, il n'avait pas fini de s'en vanter auprès des gamins qui voudraient l'envoyer trop tôt vers la maison de retraite ...

Au petit matin, il est encore tout heureux de cette certitude, quand il voit Ally s'approcher du pigeonnier.
Lui, brave Hubert ne se méfie pas, hélas. Il se croit, pour un temps, à l'abri des allers-retours.

Elle, bien loin des considérations animales, n'y prête même pas attention, l'attrape, non sans douceur, par une aile et lui colle d'autorité la missive de retour à la patte.


Allez file, trouve là et .... Vite !

[Dans les airs .... Dernier espoir]

Mesdames et Messieurs, nous approchons de notre destination. La température extérieure est de ...
Non mais voilà qu'il se prend pour sa Germaine maintenant à faire l'hôtesse de l'air. Pas à dire, il perd vraiment la boul-ass-e l'Hubert.
Il avait ruminé, toute la nuit, tout son vol. Pour rien, ça il s'en doutait, parce qu'avec les deux frangines brunes, essayer de négocier un délai n'était absolument pas pensable ...

Il lui restait l'espoir que les monstres ne soient pas là, retenus dans un monastère quelque part, pour le plus grand bien de .... de l'humanité, oui, oui, rien que ça. Il manque de recul ce pauvre piaf, faut pas lui en vouloir hein s'il est un peu ... excessif quelques fois.


[Touché par la grâce ... Non sauvé par le gong ....]

Pas fou l'ramier ... Il revient sous la protection du Trés Haut ...

Une mission est une mission ... Déjà il approche dans un dernier battement d'aile du Domaine tant redouté.
Ayant acquis une certaine connaissance du terrain et fort de ses expériences passées, il dérive au dessus de la Chapelle, Lieu Saint .... A l'abri du .... Des démons.

Il se pose devant le vitrail sur la plus haute poutre qu'il a pu trouver et à force d'efforts et de coups de bec, détache le pli qui tombe en arrabesque, lentement en plein milieu de l'allée centrale.

Un curieux pourrait y lire les mots couchés par la Poitevine ...


Citation:
A toi, Ma Cyr’, A vous, Mes Merveilles,

Nul mot, tout empli de réconfort bien louable qu’il soit, ne pourra venir guérir ta peine, votre peine.
J’apprends par les tiens, la funeste réalité de ce que je n’avais fait jusqu'alors qu’envisager, ne voulant quand même y croire complètement pourtant, quand tu m’avais annoncé les envies de « bout du monde » de ton … époux.
Tu vois ma sœur, si j’ai tant de mal à le nommer ainsi, c’est qu’il en a, pour moi, perdu le droit en vous abandonnant. Parce que c’est bien ce qu’il a fait. Il vous a laissé pour quoi ? Pour suivre un idéal ? Pour chercher une vie meilleure ? Pour se trouver peut-être ?
Au final il n’en aura que tout perdu …

Je n’ai certes pas, par ma réponse, les mots d’une bonne Fidèle. Je ne devrais, et j’en ai bien conscience, pas parler ainsi à une Diaconesse. Seulement voilà, je ne suis que moi, Ally, pour qui la famille est sacrée, devrait passer avant toute chose. Devrait oui …
Tu es de mon sang Cyr’ et bien trop longtemps je me suis mordue la langue pour ne pas exploser de colère. Trop de parchemins sont partis au feu avant même que la cire n'ait eu le temps de sécher …

Je me doute de ta tristesse, elle est normale et tu as besoin d’y passer pour mieux t’en ouvrir, enfin peut-être, à la vie, la tienne.

Je ne te laisserai pas sombrer ma Cyr’, sache le, il n’en est tout simplement pas question.

Tu es jeune encore –oui bon, relatif, mais Ally ne veut pas vieillir non plus hein ^^- tu es belle, si, si, j’insiste et je le pense, et surtout tu as TA vie. La tienne et non celle qu’un homme, quel qu’il soit, aura décidé pour toi.

Va chercher ta merveille, prends le temps dont tu as besoin et …. Vis !

Ce n’est pas là une prière, ni un souhait. C’est presque un ordre ! Et comptes bien sur moi pour y veiller.
Maillezais t’es ouvert, plus que jamais, je te le redis une nouvelle fois.

Prends-soin de vous ma Cyr’, je vous embrasse.




PS . : Toine demande des nouvelles de Kassie … A croire que tu n’as eu qu’elle …
PS bis : Hubert après une nuit réparatrice te revient, en espérant que je ne l’envoie pas tout droit à sa perte….
Cyrianna2002
La confédération helvétique s’avérait surprenante pour l’aristotélicienne ; elle avait parcourues nombres de lieues afin de trouver, enfin, un lieu de culte en une chapelle sans prétention… Ne sortant que peu de l’auberge, ne parlant guère aux autochtones, si ce n’est à son hôte, les us et coutumes semblaient lui échapper…
Bref, après des quotidiens bercés par le travail, quel qu’il soit, et les promenades lacustres, elle ressentit le besoin de communier avec le Très Haut… après tout, n’était-il pas l’unique témoin de sa vie, le seul à entendre ses prières. La brune pénétra dans l’édifice en silence, ayant pris soin d’éviter les heures originelles qui, immanquablement, faisaient résonner les cloches.

Soulagée… non, mais plus légère, elle quitta le bâtiment et rejoignit les molosses qui l’attendaient sagement sur le parvis ; un roucoulement attira son attention, les jades se levèrent alors pour découvrir Hubert… pigeon poitevin de premier ordre ! Aussitôt son regard sonda le sol pour apercevoir, non loin de Chanda, un rouleau dont elle s’empara avec impatience ; comme elle fut bien avisée de ne pas laisser le ramier aux mains assassines de sa progéniture.

A mesure qu’elle parcourait la missive, l’occitane prit conscience de l’autre… Sa sœur et elle, le même sang, la même impulsivité et pourtant, Ally avait su garder le silence mais, avait-elle bien fait au final ?
En regagnant l’auberge, Cyr’ pensait déjà aux mots qui glisseraient sur le vélin ; une question… ; elle grimpa les marches quatre à quatre et s’enferma dans la chambre pour, de suite, s’installer à la table… cette fois, point de songes, point de rêveries… elle prit la plume qui coucha les lettres telle les pluies d’hivers :


Citation:
Ma tendre Ally,

Que n’ai-je été aveugle pendant tant d’années… ta lettre, si elle me redonna courage, m’interrogea néanmoins.
Sauf erreur de ma part, j’ai cru y déceler une once d’animosité envers feu, mon époux et, si ma raison ne m’a pas totalement quittée, je ne sais qu’en penser.

En revanche, ne t’en veux pas de me parler avec ton cœur ; avant d’être diaconesse, je suis ta sœur et, comme tu le souligne si bien, la famille passe avant tout… comment pourrais-je porter le moindre jugement sur mon sang ? Comment pourrais-je seulement t’en vouloir de ne penser qu’à mon bonheur ? Quelle piètre aristotélicienne ferais-je ?
Saches une chose Ally, si je devais t’en vouloir, ce serait bien moins de tes pensées que de tes silences… pourquoi n’as-tu jamais dit ce que tu gardais en toi ? Pourquoi avoir gardé si longtemps cette aversion que je devine dans tes mots ?

Quant à ma vie… qu’en reste-t-il ? Peu de chose en vérité mais assez pour que je m’y accroche ; rassures-toi, le sang qui coule en moi est tien et, je n’abandonnerais pas mes enfants… pas encore. Hum, concernant ton « ordre », permets-moi de ne pas dire ce que moi, j’en pense ; tu me connais assez pour savoir qu’il est vain et susceptible de seulement me braquer.

Ton invitation à Mallezais, n’est pas vaine cependant, et sans doute nous fera-t-il plaisir d’y séjourner un peu ; sans compter la joie que nous aurons à vous retrouver mon neveu et toi.

Qu’Aristote vous garde en sa bienveillante lumière,

Mes tendres baisers,




P.S. Dis à Toine que sa cousine va pour le mieux… et pour cause. Les autres aussi d’ailleurs.
P.S. bis Je garde Hubert cette fois, le pauvre n’y survivra pas sinon…


La fenêtre qui s’ouvre et un nouveau ramier qui s’en évade, porteur d’un message…
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Allydou
[Une heure le Hubert n'est pas passé ... Deux heures le ....]

Elle n'a jamais su faire preuve de patience.
Elle n'irait pas jusque dire que c'est son pire défaut, parce qu'elle se sait être colérique certaines fois et manquer tout autant de diplomatie, mais si quand même, l'impatience tient une part plus qu'importante de son caractère de brune.

A peine l'Hubert éloigné de quelques longueurs d'ailes, elle le voudrait déjà de retour.

Souvent, dans la journée, même si elle sait l'action inutile, elle se rapproche de la fenêtre. Tous les prétextes sont bons pour ça ... Remettre le rideau à sa place, bien qu'il n'ait pas bougé ; Redresser une fleur dans le vase ; Ouvrir, puis revenir fermer le chassis au moindre changement de température ... Imaginaire....

Qui veut-elle tromper, elle est de toute manière seule, alors à part elle même qui saura qu'elle a passé plus de temps le nez en l'air qu'autre chose ?

Elle l'avait bien vu, pensez donc ... le piaf qui s'était posé non loin de la réserve de graines. Le prenant pour un volatile comme les autres, elle n'y avait pas porté d'attention tout de suite.
Après tout, elle aussi le dimanche, elle avait droit de faire "relache" un peu ...

Oui enfin ... Dans son caractère, il y a autre chose aussi ... Elle ne sait pas rester inactive bien longtemps.

C'est donc faute de mieux qu'elle va prendre connaissance des dernières demandes et autres messages "professionnels".

Et là, au milieu des autres, elle la trouve. La lettre de Cyr'.

Sans perdre de temps, une fois sa lecture terminée, la cadette de la famille s’attaque à la nouvelle réponse.


Citation:
Ma Cyr’,

Dieu merci Hubert t’a donc bien trouvé ! J’avais peur qu’il ne décide de prendre la direction opposée …

Tu as bien …. Deviné ma belle, même si je ne cherchai pas beaucoup à m’en cacher, le comportement de feu Yanis m’insupportait, et encore, je te soupçonne de ne pas m’avoir tout dit dans tes missives.

Tu t’interroges, mais comment pour moi, pourrait-il en être autrement, quand depuis si longtemps je te vois malheureuse ?
Je n’ai pas oublié ma sœur, ce qui s’est passé après ta dernière visite. Ou était-il cet époux dévoué et aimant pendant que seule avec tes filles tu arpentais les routes pour venir me soutenir, pour être là pour moi … N’était-elle pas là sa place ? Qu’avait-il de plus important que de seconder son épouse ? Pourquoi une fois, n’a-t-il pas accéder à ton souhait ?
Crois-tu que je ne l’ai pas ressentie à travers tes mots, ta tristesse à quitter Carca ? Pour qui une fois encore ?

Vois-tu, s’il avait fait de toi la femme la plus heureuse du monde, jamais je n’aurai eu de telles pensées. J’ai peut-être tord, ça ne serait ni la première, ni la dernière fois, mais je me suis forgée mon opinion depuis fort longtemps oui…

Je suis contente ma douce, de voir que ma provocation volontaire porte ses fruits. Je n’avais pas, tu t’en doute, l’espoir de croire que mon « ordre » passerait aussi facilement. Mais ta réponse à ce sujet me montre que ma sœur est là, encore, toujours … Vivante !

Qu’Aristote vous apporte la quiétude.





PS : Toine si je ne l’avais pas retenu, préparait déjà la chambre pour sa cousine …
PS bis : Tu as bienfait pour Hubert, mais j’aurai pu attendre longtemps devant ma fenêtre …

Pigeon lâché, elle n’a plus qu’à, enfin, se mettre un peu au boulot maintenant …
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Mon chez moi
Cyrianna2002
Comme le temps lui semblait long… une éternité depuis qu’elle avait libéré son ramier à destination du Poitou ; c’est ce que pensait la brune en tout cas… nourris au grain, mais pas génétiquement modifiés et encore moins bioniques les piafs hein ! Bref, elle râlait l’occitane… ça faisait longtemps tiens !... tout devenait prétexte à ronchonner, et pas de place à l’université, et pas de cours lui convenant, et pas envie de travailler aux champs, et pas question d’aller dans la milice, et patati, et patata…
Elle tournait en rond dans sa chambre, tel un lion en cage ; les chiens l’observaient sans bouger, attendant l’instant où elle libérerait sa rage sur un quelconque objet, le projetant contre un mur ou l’écrasant au sol. Non pas qu’elle soit d’une nature violente, au contraire, mais l’attente avait une fâcheuse tendance à la rendre nerveuse… conséquence d’un passé criblé de séparations et d’une longue, très longue période d’inactivité ; le précédent courrier reçu, n’avait qu’accentuer son impatience et bien mal avisé qui s’y frotterait.

Elle détaillait la pièce, en quête d’une victime potentielle quand un volatile se posa, enfin, sur le bord de la fenêtre ; Cyr’ s’en saisit afin de le délester du message qu’il portait et, une poignée de graine plus tard, s’installa pour lire la missive attendue.

Dés les premières phrases, ce qu’elle avait toujours su se confirmait ; oui, elle le savait, même s’il elle n’en voulait rien admettre… et bien sur, Ally avait raison ; que n’avait-elle pas fait tous ces courriers pour lui conter sa vie, pourtant plus inquiète de sa sœur que d’elle-même… et pour cause ; l’ainée n’avait pas donné le change puisque la poitevine devinait qu’elle ne racontait pas tout.

Soupirs…

Quelques larmes naissantes à la lecture, aussi vite effacées d’un revers et le regard qui se plonge un instant dans l’horizon… vivante ! Elle l’était sans conteste mais tellement loin d’elle-même ; tellement loin…
L’attention se reporte sur le parchemin et le sourire d’apparaitre timidement sur le visage quant aux post scriptum ; la plume déjà en main et la senestre de coucher de nouveaux mots sur le vélin :


Citation:
Ma Soeur,

Comme il m’est douloureux d’avoir fait naitre l’inquiétude en toi ; quelle piètre ainée je fais de n’avoir renvoyée qu’une triste image de mon mariage… S’il n’a pas toujours été aisé, il n’en a pourtant pas manqué d’instants de bonheur ; sois-en assurée ma douce.
Si je n’ai pas tout dit… sans doute pas, en effet, mais à quoi bon en vérité ? Je prenais plaisir, comme aujourd’hui, à correspondre avec toi… et surtout, il m’importait davantage de te savoir heureuse ; j’en ai oublié d’apprendre le mensonge et d’ailleurs, l’apprentissage aurait été vain face à toi.

Pour être sincère, je ne saurais répondre à tes questions pour ne pas en avoir les réponses ; un caractère bien trempé sans discussion, quelques défauts comme tout un chacun mais des qualités qui soufflaient la négation… Quant à Carca’, j’avoue ne m’être pas préparée à en souffrir autant mais Yanis n’en était pas l’unique responsable, loin s’en faut. Ce départ, je l’ai voulu tout autant que lui, même si à ce jour, j’en éprouve des regrets… peut être la plus belle erreur de ma vie passée !

Heureuse, je pense l’avoir été… les enfants en témoignent.
Vivante, je le suis en effet… j’espère ne pas m’être perdue en chemin et je sais pouvoir compter sur toi pour me retrouver, le cas échéant.

Bien que loin de la quiétude, je n’en suis pas moins fidèle au Très Haut et le prie chaque jour de vous protéger.

Avec toute ma tendresse,




P.S. N’attends plus, je te renvois ton Hubert… curieuse impression qu’il est terrifié en ma présence – sans commentaire hein !!


Sans plus attendre, elle scelle la missive et rejoint la volière ; ledit pigeon bagué, elle le libère à son grand soulagement semble-t-il…
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Allydou
L’Hubert lui était bien revenu, mais cet andouille n’a rien trouvé de mieux pour échapper à un nouveau départ, que de se cacher dans un arbre du Domaine.
Sortant enfin de son abri de fortune, certainement plus tiraillé par la faim que par le sens du devoir, il se fait piéger « comme un bleu » par la porte de la volière qui se referme dans un claquement sourd … Il en dira adieu à une plume ou deux au passage … *couic*

L’humeur changeante de la brune ne laisse rien présager de bon pour les piafs, souvent pauvres souffres douleurs désignés comme volontaires.

Au diable la paperasse officielle et le Château Poitevin. En pleine crise de mauvaise foi, le Prévôt prétextera de toute manière, que la porte de son bureau lui étant fermée ce matin, elle n’avait trouvé mieux à faire que de rentrer chez elle.

Et la voilà donc, installée avec son nécessaire à l’écriture pour répondre une nouvelle fois à son presque double.




Ma Cyr’,


N’ais pas de peur quant à la vision idyllique où non de ce que représente le mariage, que tu peux bien m’avoir donné.
Je sais, si je veux tenter d’être honnête, que tu as été heureuse, mais je suis trop en colère contre lui pour le reconnaitre, voilà tout.
Mais une nouvelle fois, c’est ma sœur ainée qui est dans le vrai. Il te faut te souvenir des bons moments et en oublier le reste … Avec le temps …

Le temps, cet élément si capricieux … Lui qui se joue de tous.

Tu vois ma belle, un jour nous sommes heureuses sans même peut –être vraiment nous en rendre compte, le lendemain un peu moins…. Jusqu’à un jour meilleur…

Nous en passons tous hélas par là. Le Très Haut doit se plaire à nous mettre à l’épreuve de cette manière.

Heureusement, il existe des dérivatifs, les enfants, la famille, les amis … Le travail.

Et pour ça au moins, je sais de quoi je parle, ce n’est vraiment pas ce dernier qui me manque.

Pour finir ma belle, sans être voyante ou diseuse de bonne aventure, je te vois de nouveau du bonheur. Demain, dans un mois, dans un an … Mais du bonheur.
Si je voulais me faire capricieuse, je dirai même que je le vois ici, en Poitou, mais là, tu ne me croirais, peut-être, pas….


Il me faut déjà te laisser, j’entends la cloque de la grille qui tinte … De la visite … Serait-ce déjà toi et mes merveilles pour une visite surprise ?!






PS. : Non ben ce n’était pas vous … Juste un manant cherchant son chemin … J’ai une tête de responsable de l’office du tourisme moi ?!???

PS bis :Je laisse un satané piaf te trouver, moi il me faut garder l’Hubert pour une vengeance à ma façon …


Bon ben puisqu'elle est dehors ... Autant essayer de trouver la clé de son bureau maintenant ...
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Mon chez moi
Cyrianna2002
L’occitane sortait de l’université quand la décision fut prise… une dizaine de jours qu’elle séjournait à Grandson et il était plus que temps de faire face, plus que temps de reprendre son voyage, plus que temps de rejoindre sa fille ainée ; la route s’avérait encore longue et la brune savait, malgré toute la bonne volonté dont elle était capable, qu’elle ne pourrait parcourir la distance sans la moindre escale.

Physiquement, elle en avait l’aptitude mais, moralement, elle s’y refusait bien qu’elle s’en défende ; sa villégiature lui permis de retrouver un semblant de raison bien qu’elle trouve toujours une parade à ses travers et la dernière en date consistait à mettre ses nombreux arrêts sur le compte des bêtes ; qu’il s’agisse de l’étalon ou des molosses, il leur fallait un minimum de repos… il lui aurait été si simple d’admettre qu’elle manquait seulement de courage quant à sa future confrontation avec Kassie.

Sitôt rentrée à l’auberge qu’elle rassemblait ses affaires, réglait le tenancier et quittait la ville le soir même ; longtemps qu’elle n’avait laissée son impatience s’exprimer mais la brune retrouvait lentement son tempérament et, sans doute, la correspondance échangée avec sa sœur n’y était pas étrangère.
Elle découvrit le ramier poitevin aux abords du lac lausannois, à croire qu’il l’attendait ; si l’Hubert paraissait doué d’un quelconque discernement, celui-là en revanche… bref, l’heure n’est pas à la psychologie de basse cour.


Léger frémissement lui traversant l’échine tandis qu’elle faisait lecture ; curieuse sensation à cet instant, surprise par le souffle alors qu’aucune cloche ne raisonnait –la moindre insinuation et j’allume un barbecue- et les émeraudes de se lever vers la voute céleste… ne garder que les bons souvenirs, ni remords, ni regrets.
La brune s’installa au pied d’un arbre, profitant de la douceur matinale tandis que les chiens troublaient la placidité des flots ; elle sortit le nécessaire de sa sacoche et la plume de glisser avec fluidité :

Citation:
Ally,

Que nous ayons tort ou raison, il importe peu en vérité… Le passé ne peut-être changé et, finalement, c’est sans doute mieux ; nous apprenons de nos erreurs et les échecs nous poussent à tirer vers la perfection. Si le Très Haut nous met à l’épreuve, oui ; qu’il se plaise à semer nos chemins d’embûches, non… Notre vie nous appartient, à nous d’en faire bon usage afin qu’il nous juge digne à l’heure ultime.

De part ta propre expérience, tu sais aussi bien que moi que l’on oublie jamais rien, on vit avec… aussi, j’entends tes paroles non dénuées de bon sens ; avec le temps, la souffrance deviendra moindre.

Quant à ta vision de mon bonheur futur, j’avoue ne pas y songer…mhm, à ce sujet, évites de faire telle insinuation en public, il m’ennuierait qu’on t’enflamme, au sens propre du terme bien évidemment.
Sans compter l’opprobre que tu jetterais sur notre famille, qu’en penserait l’oncle ?

Sur ces derniers mots teintés d’humour, tu l’auras compris, je te quitte afin de reprendre ma route en espérant que ton volatile retrouve la sienne… je vais quand même réfléchir à l’acquisition d’un rapace !

Pensées et baisers accompagnent cette missive,



Relecture rapide qui éclaira le visage d’un sourire amusé et la jeune femme de libérer l’oiseau bagué ; avec une élégance rare –oui, parfaitement !- elle siffla le rappel et regagna la cité avant son prochain départ.
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Cyrianna2002
Genève… l’occitane n’avait point trainé dans la cité lausannoise, arrivée à l’aube, repartie au crépuscule ; pourtant, quand elle passa les remparts genevois, l’envie d’y séjourner se fit sentir… où était-ce simplement une façon de retarder l’échéance ; l’idée de camper prochainement ne l’emballant guère et, la Savoie traversée, elle savait ne pas y couper sauf à modifier son itinéraire bien sur… Possibilité qu’elle n’écartait pas d’ailleurs.
Point de réponse d’Ally et la brune de craindre un égarement du pigeon ; assise dans une taverne, elle observait les volutes de fumée provenant de la tisane posée devant elle… songeuse quant à sa sœur, ses enfants mais surtout à l’étrange sentiment qui l’avait envahie en chemin ; un léger mouvement de tête afin de chasser les bizarreries qui encombraient son cerveau et de revenir au présent pour apercevoir un ramier sur le bord de la fenêtre.

Un message bien sur… mais pas de celle qu’on attendait ; cette écriture ne lui était point étrangère et pour cause… Mirannda :

Mirranda a écrit:
Ma chère Cyrianna,

Si je prends la plume en ce jour pour t'écrire c'est qu'un doute s'est insinué en moi lors d'un de mes derniers voyages. Permets-moi d'abord de te demander comment tu te portes et si les enfants vont toujours bien? Je me rappelle il y a longtemps, lorsque toute jeune encore, je t'admirais pour ta droiture et ta vie des plus exemplaires. Je me rappelle d'une nuit, dans cette ville que j'ai reniée, tu m'as apporté tes précieux conseils. Tu m'avais dit de toujours suivre mon cœur et de ne point accepter un mariage de convenance sans amour. Sacrilège sûrement pour une diaconesse de ne point encourager la fusion de deux êtres, mais pour toi, les sentiments du cœur ont toujours passé avant tout. J'ai fuit Carcassonne et je vis maintenant libre en Bourgogne où j'y ai trouvé bien plus que je n'espérais. Je ne serai jamais un modèle de vertu, mais j'ai su retirer de tes enseignements, la force d'aimer et de franchir toutes les barrières.

Je m'égare sur le sujet de ma lettre, pardonne-moi mes états d'âme, mais je n'ai si peu d'amie sincère à qui je peux réellement me confier. Lors d'un récent voyage à Nevers, j'ai aperçu un homme dont l'état était si lamentable, que j'ai eu peur pour sa vie. Heureusement, des moines en ont pris soin, puisqu'il semblait désorienté. Ma tendre amie... Je ne veux point éveiller en toi quelconque espoir et je sais à quel point le deuil que tu portes pour ton seul et grand amour doit être douloureux. Mais je crois que cet homme meurtri qui s'est affalé sur la grande place de la ville cette journée-là. Je crois que c'est bel et bien ton époux. Même si je ne l'ai point vu souvent lorsque j'habitais le Languedoc, je prends le risque de te dire que c'est lui, j'en ai la certitude. Ton cher Yanis est vivant! Je comprends que le choc de cette nouvelle doit t'ébranler et saches que je peux t'accueillir chez moi à Cosne qui est à une journée de marche de là-bas. Donnes-moi des nouvelles et n'oublie pas que tu peux toujours compter sur moi.

Ta chère amie,
Mirannda Del Borg


Ebranlée… c’est un moindre mal ! Le vélin glisse sur le sol tandis qu’elle tente de reprendre ses esprits, le visage noyé par les larmes… Amalgame de sentiments, la joie de savoir son amie heureuse, l’angoisse quant à la nouvelle apportée, la fatigue qui pèse depuis si longtemps et l’espoir que, peut être, IL est bien vivant…

Soupirs… Sanglots… La tisane est bue et la jeune femme de commander un alcool fort ; le verre est vidé et aussitôt remplacé par un second… trois…six…ne plus compter et finalement cesser. Les jades se posent sur le courrier à ses pieds, elle le ramasse et le relit, encore et encore… donner réponse, rapidement, maintenant :


Citation:
Chère Mirra,

Si tu savais comme ta missive m’a réchauffée le cœur… La joie de te savoir heureuse dans ta vie bourguignonne ; la fierté, quelque part, d’avoir été d’une précieuse aide quant à tes choix mais surtout la nouvelle que tu m’apporte, le fol espoir qu’elle fait renaitre…

Qu’importe que tu fasses erreur mon amie, mon voyage n’en sera pas vain puisqu’au mieux je retrouve mon époux et au pire, bien que le terme soit mal choisi mais tu comprendras mon émoi, je revois une personne qui m’est chère… toi !
Evidemment, je prends la route sitôt mes affaires réunies et il se pourrait que tu me trouves à ta porte si, toutefois, le pauvre homme n’était point celui espéré.
Tu me pardonneras la concision de mon courrier, mais je t’avoue que mon esprit est déjà dans ton comté…

Qu’Aristote veille sur toi,


Nulle pitié pour le pauvre volatile qu’elle bague et qu’elle renvoie à sa propriétaire…

Courrier posté avec l'accord de l'expéditrice

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Kassandradetourville
La mignonne avait plus d'un tour dans son sac et ce matin-là, elle savait très bien ce qu'elle faisait... Après avoir déjeuné d'un frugale repas dans les cuisines du couvent, elle s'était faufilé dans le bureau des nonnes comme elle les appelait, afin de récupérer son pigeon fétiche et porteur de messages... Il faut dire que la mère supérieure, communément appelée et baptisée Verrue par la petite blonde, lui avait confisqué le précieux oiseau... Méthode comme une autre pour punir les élans un peu trop prononcés de la gamine en matière de coups pendables... Bien qu'on l'ait puni mainte et mainte fois et que le nettoyage de latrines n'avait plus de secret pour elle, Kassie n'écoutait que lorsqu'on lui enlevait le privilège d'écrire à sa famille...

Ce matin bien que semblable à d'autres pourtant, l'impérieuse blondinette avait toutefois récupéré au dortoir tout ce qui lui tenait à coeur, enfouissant le tout discrètement dans un petit baluchon, bien décidé à quitter définitivement le couvent après l'envoi de la missive... En entrant dans le bureau, elle retrouva facilement le volatile plus maigrelet que tous les autres, sûrement dû à ses heures de vol et y attacha le fragile vélin qui pouvait se lire ainsi...


Citation:
Maman,

C'est très long que je n'ai pas vu ton pigeon se poser sur le bord de ma fenêtre. Peut-être es-tu très occupée avec ton Aristoute. Je m'ennuie de vous, de toi, de papa, de lilie, de Chanda et aussi même de mes frères même s'ils tirent sur mes nattes. Je veux retourner à la maison car j'ai peur ici. L'autre jour il y a un méchant monsieur avec des mains toutes poilues qui voulait m'attraper et m'amener dans sa maison. Une chance que j'avais mon lance-pierre sur moi! Je lui ai dit que mon papa c'est le plus fort et qu'il allait lui faire mal avec son épée coupante! Je ne veux pas aller dans sa maison moi et je veux aller dans ma maison à moi! Je crois que je lui ai fait mal car il est parti en pleurant presque et en tenant le bas de son ventre.

La méchante verrue aussi elle veut m'attraper quand je n'écoute pas les leçons, il paraît qu'elle enferme les enfants qui écoutent pas les leçons dans des pièces où il n'y a pas de fenêtres et ca fait très peur aussi. Je veux pas y aller et si tu viens pas me chercher je vais me sauver bon! Je t'aime ma maman et mon papa aussi et tous les autres ausssi et je vous donne plein de bisous et surtout à Chanda!

Kassie


Puis, elle lui murmura...

Allez vole bel oizeau!!! Va porter le message à ma moman!!!

Entendant des bruits dans le couloir, notre chère Kassie se retourna d'un geste vif, cherchant un moyen de sortir sans être vue... La fenêtre restait l'option la plus efficace et s'aggripant à son rebord, elle échappa donc à la vigilance des nonnes qui seraient sûrement paniquées en découvrant sa disparition... Insouciante, la gamine franchit donc la clôture qui séparait le couvent de la ville et s'engagea sur un chemin de terre... Un panneau indiquait une direction à suivre et le nom d'une ville y était inscrit: Marseille... Elle s'y engagea, ne doutant point qu'elle se trouvait à des jours sinon des semaines de l'endroit où sa famille séjournait...
Cyrianna2002
Et la brune de retrouver les routes du Royaumes dés le lendemain ; elle avait quitté l’Empire à la nuit tombée, comme de coutume le trajet se ferait à la lumière de l’astre lunaire… l’allure soutenue, les sabots de l’animal brisant le silence nocturne et de rallier la prochaine ville ; elle passa les remparts à l’aube, l’étalon écumant de sa course folle quand elle l’abandonna aux mains d’un palefrenier.

Bien qu’elle soit rompue aux chevauchées, les longues semaines de voyage obligent, elle n’en fut pas moins ravie de retrouver le confort d’une auberge ; quelques heures de sommeil et un bon bain plus tard, l’occitane reprenait visage humain et allait flâner dans les rues… C’est au retour, qu’elle aperçu l’oiseau si familier ; celui-là ne laissait nulle ambigüité quant à l’expéditrice… quelques plumes bariolées de diverses couleurs, une maigreur à faire pâlir… le pauvre animal portait la signature des enfants Tourville et plus particulièrement celle de Kassandra. Elle libéra le volatile de son précieux vélin, lui donna de quoi picorer tandis qu’elle s’enquit des nouvelles de son ainée.

Un léger sourire éclaira son visage malgré le reproche qui entamait la lettre… Aristoute ! Cyr’ se demandait ce que sa blondinette pouvait bien apprendre pour déformer de la sorte et continua sa lecture non sans amusement ; gaieté de courte durée, l’inquiétude gagnant la jeune femme à mesure des mots enfantins… s’il lui arrivait malheur, elle ne se le pardonnerait pas et moins encore à l’agresseur quant à « la verrue »… les yeux au ciel, elle rit franchement, l’imagination de sa fille n’avait décidément pas de limites et la mère supérieure d’avoir bien de la patience, sans doute. L’attention reportée sur les mots et de comprendre l’urgence d’une réponse prompte ; elle s’installa et l’encre de pénétrer la peau :


Citation:
Meu Còr,

Pardonnes-moi l’insuffisance des courriers, les lieues sont nombreuses comme je te l’ai expliquée et, si tu veux revoir Chanda en bonne santé, il me faut prendre le temps ; les bêtes s’épuisent sur les longues chevauchées, aussi je me dois de faire souvent escale… plus ou moins importantes, j’en conviens.

Mon inquiétude, quant à ton bienêtre, grandit de te savoir à la portée d’un quelconque individu et j’aurais aimé connaitre la cause de cette rencontre… N’aurais-tu pas, à tout hasard, faussé compagnie aux sœurs ? Il me plairait également que tu cesses de surnommer la Mère Supérieure « verrue » ! Tu lui dois le respect ma douce, ne l’oublies pas.

Tu me manques tellement Kassie, mais je dois t’avertir de mon retard… une lettre m’est parvenue de Bourgogne, porteuse d’une nouvelle qui pourrait t’emplir de joie si elle est avérée. Je sais que c’est difficile, mais sois patiente et ne fais pas de sottise surtout.
Bientôt nous serons réunies, à la maison, la notre… avec ton chien !

Je t'aime mon ange, mille baisers.

Maman.

Un long soupire s’échappa ; la demoiselle n’était pas un modèle de patience, à l’image de sa mère et la Tourville d’envisager le pire quant aux prochaines semaines. Elle scella le vélin et, prise de pitié pour le pigeon, décida qu’il ne partirait que le lendemain…
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--Pouipoui


Le volatile amaigri s’était égaré quelque part entre Marseille et Toulon… Il faut dire que l’épaisseur des parchemins bagués à sa patte lui apportait un poids supplémentaire que son pauvre cœur d’oiseau ne pourrait bientôt plus supporter… Les ailes défraîchies et déplumées par endroit lui donnait un air malade que les autres piafs regardaient avec dédain… Mais ce qu’il craignait le plus, c’était les assauts de la blonde fillette qui utilisait outrageusement de ses services… Combien de fois l’avait-elle appelé à coup de lance-pierre… Si bien que l’unique ton de sa voix aigüe d’humain miniature criant son nom… - POUI POUI !!! - le faisait frissonner d’horreur… C’est donc désorienté que le malheureux pigeon se rendit par erreur au couvent que Kassie, la fameuse « tortionnaire d’oiseau », venait de quitter, laissant plutôt la missive qu’on lui avait confiée aux mains d’une créature encore plus rebutante…
--Laverrue


L’informe et disgracieux personnage qu’était la mère supérieure Corinne de Cotnoir, imposait le respect au couvent provençal de la Roseraie, dispensant un enseignement supérieur aux filles de bonne famille… Non que la sœur trouvait indispensable d’inculquer quelconque notion à des femmes, mais elle y voyait là une chance de leur enseigner les bonnes manières qui leur serviraient une fois mariée… Un seul vilain petit canard pataugeait dans ce royaume de grâce qu’elle gouvernait d’une main de maître; Kassandra de Tourville…

L’énergique fillette lui donnait bien du fil à retorde et l’avait affublé du nom de Verrue, sûrement dû à l’excroissance immonde qui ornait son visage… L’hideuse n’avait pas été choyée par la nature, ses traits dont la proéminence surprenait aux premiers abords étaient souligné de façon grossière par un corps ingrat et flasque… Tout de la blonde Kassie la répugnait, autant sa fraicheur que sa beauté toute naturelle… Et lorsque cette dernière avait fuit le prieuré, c’est un sourire plutôt satisfait qui s’était dessiné sur les lèvres crevassées de l’affreuse… Puis, c’est avec une délectation malsaine qu’elle répondit à la mère de celle-ci pour l’informer que sa précieuse petite fille était bel et bien seule en proie aux vices de de monde…


Citation:
Chère dame de Tourville,

Nous venons de recevoir votre missive qui était visiblement destinée à votre fille Kassandra. Permettez-moi donc de vous informer des derniers malencontreux évènements survenus… Votre chère fille qui est loin d’être un modèle de grâce et de discipline aura une fois de plus échappé à notre vigilance… La petite insolente a fuit le couvent et je peux vous assurer que nous avons tout fait pour la retrouver sans succès… J’espère sincèrement pour vous qu’il ne lui ai rien arrivé, Aristote seul sait combien de monstres peuplent nos terres provençales depuis que la guerre y a fait rage… Je ne puis que prier pour vous et vous adresser nos excuses de n’avoir pu contenir les élans de votre volage progéniture… N’hésitez pas à me donner des nouvelles sur la suite…

Cordialement,
Corinne de Cotnoir
Intendante de la Roseraie


Images retirées, cf les règles d'or pour en connaitre les raisons.

M.
Cyrianna2002
Séjour Franc-comtois obligatoire… C’est à Poligny qu’elle apprit la fermeture des frontières bourguignonnes ; ou quand le sort s’acharne ! Se poser et réfléchir… pas de précipitations Cyr’, tu n’es plus à quelques jours près… Des mois de séparations, effectivement une semaine de plus ne changerait pas grand-chose, mais elle avait besoin de savoir, découvrir le visage de cet homme, entendre le son de sa voix ; besoin de se rassurer peut être, d’oublier les paroles entendues en chemin, de faire taire les langues vipérines… d’ailleurs, l’étaient-elles vraiment ou n’était-ce pas elle qui sombrait en refusant d’écouter.

Un regard à la houppelande posée sur le lit… blanche, lugubre coloris s’il en est. Elle aspirait à arborer le rouge, de nouveau ; le carmin qui reflétait son amour, son bonheur ; le vermillon ou autres nuances qui symbolisaient sa vie passée et qu’elle espérait recouvrer…

SHPLOFFF !


Sursaut de la brune qui se tourne vers la fenêtre pour y découvrir un oiseau à bout de force ; ledit volatile qui n’est autre que Poui-poui et, bien évidemment porteur d’un message, s’est écrasé sur le carreau… Bien que la surprise de le voir sitôt la rende impatiente, elle lui prodigue quelques soins avant de s’enquérir du message :


Seigneur ! elle ne t’aura rien épargné la chipie… Tu vas rester avec moi, c’est plus sur ! – pas de commentaire, elle parle au pigeon si elle veut namého !

Un sourire éclaira son visage tandis qu’elle prenait enfin le vélin, curieuse de parcourir les mots enfantins… éclat qui s’estompa avec l’assombrissement des jades en découvrant l’écriture de la Mère Supérieure.


Fureur à la lecture… la dague qui se plante dans le bois, comme pour exorciser la haine qu’elle voue à l’émettrice… une peau, un encrier et d’y plonger la plume qui aussitôt s’agite :

Citation:

Ma mère -Vieille punaise serait plus juste…*

La missive était en effet destinée à ma fille, mais je constate que cela ne vous a point gênée -forcément, quand on ne reçoit jamais de courrier
Malencontreux évènements seraient un moindre mal, mais il s’agit là de mon enfant et je suis sidérée de constater que ça ne vous affole pas davantage -tu penses, débarrassée de l’empêcheuse de tourner en rond.

Je n’ai cure de votre sincérité, seule ma fille m’importe… -et tu t’en tapes puisque tu la jalouses-, déception de constater que l’église abandonne ses ouailles, bien que vous m’assuriez du contraire… -menteuse comme une arracheuse de dent en plus, l’est belle la verrue, pries greluche pour qu’il ne lui arrive rien ou je te saignerais de mes mains.

Soyez certaine que vous aurez des nouvelles – tu peux compter dessus, si je débarque, tu t’en souviendras !

Cordialement – ben voyons, je vous vomis


*Pensées de Cyr' à mesure qu'elle écrit


L’occitane relit la missive et éclate de rire… de ces hilarités nerveuses qui vous glacent le sang ; la main se crispe sur le parchemin qu’elle envoie valser dans l’âtre et d’en reprendre un autre, inspirant profondément pour retrouver un semblant de sérénité ; le billet serait plus impersonnel :

Citation:
De nous, Cyrianna de Tourville, humble aristotélicienne, théologienne et étudiante en voie de l’église, fidèle à notre Sainte Mère,

A vous, Corinne de Cotnoir, Intendante de la Roseraie
Paix et prospérité.

Nous avons pris connaissance de ce que vous appelez « malencontreux évènements » et que nous nommons « catastrophe ». Nous prenons, également, acte de la légèreté avec laquelle vous appréhendez telle situation.

Nous ne vous jetterons pas la pierre, nous connaissons assez notre progéniture pour la savoir difficile ; en revanche, sachez Madame, que nous ne souffrons pas vos propos quant à la grâce de cette enfant… bénédiction qui vous fait cruellement défaut !

Nous vous savons gré de nous avoir informés mais émettons quelques doutes concernant les moyens pour la retrouver. Si vous espérez pour nous qu’elle soit saine et sauve, croyez bien que nous prions chaque jour le Très Haut en ce sens et ne doutons point qu’Il entende les prières sincères.

Pour notre part, nous souhaitons à vos pensionnaires de recevoir meilleur traitement ; si notre fille a fui, ce n’est point innocent ni par caprice. La vérité éclate un jour ou l’autre, et notre patience n’a pas de limite dans ces conditions.

Qu’Aristote nous guide et nous conseille,

Salutations aristotéliciennes,




Nouveau coup d’oeil sur le vélin, les émeraudes brillant d’un éclat cruel ; la Tourville scelle le rouleau et bague un de ses volatiles qu’elle envoie aussitôt.
Elle prendra la route dés le lendemain…

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Allydou
Lâché de piaf au dessus du Poitou, envolée dans toutes les directions, ça en serait presque beau si du coup, son jardin ne se retrouvait pas envahit par les plumes de toute sorte, si le volume sonore n’en devenait pas non plus assourdissant …

M’enfin, fallait bien quelque fois répondre aux missives, même si l’envie lui manque, même si la motivation s’en est allée sous des cieux meilleurs.

Dans la pile des courriers en attente de sa réponse, il y avait toujours celui de Cyr’.
Pour elle, ce n’est certes pas le manque d’envie mais plus la panne du parchemin blanc …

Jamais elle n’avait su consoler, c’est un fait avéré. Aussi, elle avait préféré laisser passer un peu de temps avant de reprendre la plume pour donner quelques nouvelles à sa sœur, volontairement, elle … « évite » de reparler de l’épisode du « beauf ». Elle garde pour elle les rancunes ou la vision qu’elle peut avoir de l’homme pour qui Cyr a tant souffert.

A quoi bon remuer … Si son ainée venait à lui en reparler, elle aviserait.

Une fois encore, elle tente de laisser glisser sur le vélin la plume encrée.



A toi,

Ma douce, tu pardonneras je l’espère ces quelques jours ou les mots m’ont manqué pour te répondre.
J’étais dans une de mes périodes … sombres et l’idée de t’accabler un peu plus en te les narrant ne m’a pas réjouie plus que ça.
Tu le sais, depuis notre enfance, jamais je n’ai aimé les mois d’été, ceux ou nos amis s’en vont prendre du repos au calme.
Cette année n’aura pas échappé à la règle.

Aussi, j’ai décidé de faire comme eux. Moi aussi cette fois je prends quelques jours et je pars.
Oh bien sûr, avec la charge que j’ai encore, je ne peux aller loin, mais je suis invitée à un mariage et j’ai promis de m’y rendre.

Et ne lève pas les yeux au ciel veux-tu … Je t’imagine comme si tu étais là, juste à mes cotés !
Je sais qu’à toi aussi je dois une promesse. Je n’en ai juste pas eu … l’occasion. Mais un jour … Si, si … Tu verras.

Enfin, toujours est-il que j’embarque Zut et direction … La fête. Crois-moi, ça va me faire du bien.

Je vais devoir d’ailleurs libérer ce piaf qui s’agite, j’entends que l’on m’appelle pour le départ.

Prends soin de toi ma douce.

Si tu me réponds, essaye d’expliquer au porteur de ne pas me chercher à La Trémouille hein …

Je t’embrasse bien fort.




PS : Sauvé de justesse, Toine est arrivé en courant pour me remettre un mot à l’attention de sa cousine. Si tu veux bien le lui faire parvenir. Je n’ai pas eu le droit de lire, aussi j’espère qu’il ne raconte pas trop d’âneries … Avec lui je me méfie quand même un peu.





A Kassie,

Bonjour ma cousine,

J’espère que tu vas bien et que tu n’es pas trop triste.
Je voulais savoir si tu reviens bientôt nous voir ici ? J’ai plein d’endroits à te montrer pour jouer. J’ai même une cabane dans les bois, mais faudra pas l’dire à m’man, sûr qu’elle aurait peur.
Tu sais, je suis grand maintenant, j’aide même chez le parrain de m’man à ouvrir la porte, tu te rends compte ?! Il l’a pas demandé à tout l’monde hein, juste à moi !
Je te ferai visiter si tu veux quand tu s’ras là.

Ton cousin,
‘Toine de Lisaran.



Pas peu fier le môme, il avait préparé sa missive tout seul, sans l’aide de personne, avant de la donner à sa mère au dernier moment.
Il n’avait pas tout dit, des fois que les adultes lisent ses mots, mais il en avait des idées pour les faire enrager les deux mères…

Sitôt les deux plis liés à la patte du piaf, il est lâché pour s’en partir en direction de la brune … où qu’elle soit.

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Mon chez moi
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