Sandino
...Un homme était entré suivit d'un animal, lequel s'était couché sagement dans un recoin de la taverne laissant son maitre s'installer à une table tout en saluant les présents.
C'est couché sur un banc que Sandino avait observé l'animal et l'homme dont il n'avait vu que le bas des jambes avant qu'il ne s'assoit commandant au passage un breuvage. Le bohémien allait lui servir un verre de vin Toscan quand l'homme s'était levé pour aller lire les premiers épisodes du "voyage extraordinaire" puis s'était rassis en faisant des commentaires sur sa lecture.
Sandino, cruche de vin en main s'était alors porté jusqu'à la table de ce dernier, l'avait servi avant de lui parler.
- Signor c'est moi Sandino gitan de Vérone qui raconte cette histoire, buvez donc de ce vin de Toscane et je vais moi même vous raconter la suite, ma !!! pas la fin, pour ça va falloir attendre.
Un parchemin posé devant lui, il en fit la lecture de vive voix.
IV
Recouvert de boue de la tête aux pieds je quittais au plus vite le pays des sarcasmes sous une dernière pluie de quolibets. Jempruntais le seul chemin visible à la lumière des torches, poussé par ma fierté en berne et bien résolue à retrouver ma superbe.
Rapidement la clarté des flambeaux nétant plus quune petite flamme lointaine, je me retrouvais à cheminer dans les ténèbres, Vénus seule guidant mes pas.
Laurore venue à ma rescousse je découvrais dans quel monde jévoluais, une large plaine bucolique où serpentait le chemin que javais pris la veille au soir. Fourbu par cette marche nocturne, je mallongeais à lombre dune futée. A la mi-journée jémergeais du néant du sommeil avec limpression davoir dormi dans un sarcophage, la boue qui me recouvrait entièrement ayant séché je me relevais en lâchant des plaques de terre. Comme le lépreux, je perdais des bouts de moi-même, fort heureusement ils nétaient que des morceaux de coquille et tel le golem je me mettais en route dune démarche saccadée. Dans leau émeraude et limpide dune rivière tranquille je lavais mon passé et mes habits, les livrais au vent une fois propres et faisais un feu pour réchauffer ma peau mouillée.
Le lendemain, reposé par une nuit bercée au doux son de la chanson de leau je reprenais mon voyage. A la faveur dun lacet de la route jentrevis un instant ce qui se profilait plus loin. Au pied dune montagne que les grands arbres dun bois mavaient caché jusquà là, javais entraperçu lentrée dun tunnel que je retrouvais dans laxe de la route à la sortie dun dernier virage boisé. A quelques pas de lentrée du boyau je vis que deux hommes, lun habillé tout de blanc et lautre tout de rouge, se tenaient de part et dautre du trou noir qui avalait la route.
Lhomme habillé de blanc me dit se nommer Boaz, lhomme en rouge qui lui ressemblait comme un jumeau me dit se nommer Jakin. Je les saluais cordialement et leur demandais des renseignements sur la route qui senfonçait dans la montagne. Lun commença puis lautre finit sans que la transition de lun à lautre ne soit notable, ils parlaient dune même voix. De leurs propos sibyllins je retenais quà la fin du passage je retrouverais la lumière, mais avant jallais devoir suivre la lumière des ténèbres, puis me rencontrer et enfin passer par le damier. Perplexe face à ces paroles hermétiques je tentais den savoir plus, en vain.
Leurs yeux rieurs ne cessant de me fixer je me décidais à poursuivre ma route et les saluais dun signe auquel ils répondirent dun « courage frère » vibrant de sincérité. Revigoré par leur encouragement je pénétrais dans le noir. Comme guidé par un fil invisible je progressais sans me cogner aux parois. Propice à la réflexion, lobscurité my invita et jy succombais sans même men rendre compte. Plongé dans les méandres que font les pensées, je me revisitais, me passais moi-même à la question très longtemps, jusquà ce quune lueur lointaine me sorte de la caverne de mon cerveau. Enchâssé dans la paroi à hauteur dhomme, éclairé par une lampe à huile antique posée au sol juste en dessous, un crane humain me regardait arriver.
Un long moment je le fixais, passant par différents états, de la crainte à la joie, la joie dêtre en vie, davoir tout à apprendre encore.
Métant approché de la tête de mort pour la regarder droit dans les orbites et lui demander si cétait à moi quelle parlait, je ne pris conscience que trop tard que lune de mes chausses vertes trop prés de la lampe se consumait comme un feu de tourbière, insidieusement, sans flamme ni fumée. Jy versais leau de ma gourde et éteignais malencontreusement la lampe que je mis un temps indéfini à rallumer.
Laissant là le crâne prophétique dans sa lumière retrouvée, jaccélérais le pas et me retrouvais quelques enjambées plus tard face à une porte de bois en guise de bout du tunnel. Derrière je découvris une pièce carrelée de noir et de blanc, éclairée faiblement, avec à lopposé de la porte que je venais de franchir une porte semblable surmontée dun il géant encastré dans un triangle, porte que jouvrais sans tarder après avoir traversé le damier.
Clignant des yeux à la lumière solaire je regardais autour de moi. Des deux cotés du chemin une multitude dhommes et de femmes travaillaient sous les arbres, les plus jeunes dégrossissaient des blocs de pierre blanche comme la craie, un peu plus loin des groupes de personnes plus âgées taillaient la pierre dégrossie pour en faire des éléments courbes pendant que les plus vieux, moins nombreux, vérifiaient et conseillaient, rectifiant le geste dun jeune, en encourageant un autre.
Jappris du vénérable ancêtre qui était leur chef que les pierres étaient destinées au « vieux sur la montagne » qui se faisait construire une forteresse appelée Alamut, quil métait impossible de rester si je ne mengageais pas à les aider et que la route continuait jusquaux marches de Sandinovia. Je tentais den savoir plus sur cette contrée, mais comme avec Jakin et Boaz mes tentatives restèrent vaines, Hiram ne souhaitait plus perdre de temps à bavarder et me congédia en mindiquant de lindex lest, le levant, accompagnant son geste dun nom Sandinovia.
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C'est couché sur un banc que Sandino avait observé l'animal et l'homme dont il n'avait vu que le bas des jambes avant qu'il ne s'assoit commandant au passage un breuvage. Le bohémien allait lui servir un verre de vin Toscan quand l'homme s'était levé pour aller lire les premiers épisodes du "voyage extraordinaire" puis s'était rassis en faisant des commentaires sur sa lecture.
Sandino, cruche de vin en main s'était alors porté jusqu'à la table de ce dernier, l'avait servi avant de lui parler.
- Signor c'est moi Sandino gitan de Vérone qui raconte cette histoire, buvez donc de ce vin de Toscane et je vais moi même vous raconter la suite, ma !!! pas la fin, pour ça va falloir attendre.
Un parchemin posé devant lui, il en fit la lecture de vive voix.
IV
Recouvert de boue de la tête aux pieds je quittais au plus vite le pays des sarcasmes sous une dernière pluie de quolibets. Jempruntais le seul chemin visible à la lumière des torches, poussé par ma fierté en berne et bien résolue à retrouver ma superbe.
Rapidement la clarté des flambeaux nétant plus quune petite flamme lointaine, je me retrouvais à cheminer dans les ténèbres, Vénus seule guidant mes pas.
Laurore venue à ma rescousse je découvrais dans quel monde jévoluais, une large plaine bucolique où serpentait le chemin que javais pris la veille au soir. Fourbu par cette marche nocturne, je mallongeais à lombre dune futée. A la mi-journée jémergeais du néant du sommeil avec limpression davoir dormi dans un sarcophage, la boue qui me recouvrait entièrement ayant séché je me relevais en lâchant des plaques de terre. Comme le lépreux, je perdais des bouts de moi-même, fort heureusement ils nétaient que des morceaux de coquille et tel le golem je me mettais en route dune démarche saccadée. Dans leau émeraude et limpide dune rivière tranquille je lavais mon passé et mes habits, les livrais au vent une fois propres et faisais un feu pour réchauffer ma peau mouillée.
Le lendemain, reposé par une nuit bercée au doux son de la chanson de leau je reprenais mon voyage. A la faveur dun lacet de la route jentrevis un instant ce qui se profilait plus loin. Au pied dune montagne que les grands arbres dun bois mavaient caché jusquà là, javais entraperçu lentrée dun tunnel que je retrouvais dans laxe de la route à la sortie dun dernier virage boisé. A quelques pas de lentrée du boyau je vis que deux hommes, lun habillé tout de blanc et lautre tout de rouge, se tenaient de part et dautre du trou noir qui avalait la route.
Lhomme habillé de blanc me dit se nommer Boaz, lhomme en rouge qui lui ressemblait comme un jumeau me dit se nommer Jakin. Je les saluais cordialement et leur demandais des renseignements sur la route qui senfonçait dans la montagne. Lun commença puis lautre finit sans que la transition de lun à lautre ne soit notable, ils parlaient dune même voix. De leurs propos sibyllins je retenais quà la fin du passage je retrouverais la lumière, mais avant jallais devoir suivre la lumière des ténèbres, puis me rencontrer et enfin passer par le damier. Perplexe face à ces paroles hermétiques je tentais den savoir plus, en vain.
Leurs yeux rieurs ne cessant de me fixer je me décidais à poursuivre ma route et les saluais dun signe auquel ils répondirent dun « courage frère » vibrant de sincérité. Revigoré par leur encouragement je pénétrais dans le noir. Comme guidé par un fil invisible je progressais sans me cogner aux parois. Propice à la réflexion, lobscurité my invita et jy succombais sans même men rendre compte. Plongé dans les méandres que font les pensées, je me revisitais, me passais moi-même à la question très longtemps, jusquà ce quune lueur lointaine me sorte de la caverne de mon cerveau. Enchâssé dans la paroi à hauteur dhomme, éclairé par une lampe à huile antique posée au sol juste en dessous, un crane humain me regardait arriver.
Un long moment je le fixais, passant par différents états, de la crainte à la joie, la joie dêtre en vie, davoir tout à apprendre encore.
Métant approché de la tête de mort pour la regarder droit dans les orbites et lui demander si cétait à moi quelle parlait, je ne pris conscience que trop tard que lune de mes chausses vertes trop prés de la lampe se consumait comme un feu de tourbière, insidieusement, sans flamme ni fumée. Jy versais leau de ma gourde et éteignais malencontreusement la lampe que je mis un temps indéfini à rallumer.
Laissant là le crâne prophétique dans sa lumière retrouvée, jaccélérais le pas et me retrouvais quelques enjambées plus tard face à une porte de bois en guise de bout du tunnel. Derrière je découvris une pièce carrelée de noir et de blanc, éclairée faiblement, avec à lopposé de la porte que je venais de franchir une porte semblable surmontée dun il géant encastré dans un triangle, porte que jouvrais sans tarder après avoir traversé le damier.
Clignant des yeux à la lumière solaire je regardais autour de moi. Des deux cotés du chemin une multitude dhommes et de femmes travaillaient sous les arbres, les plus jeunes dégrossissaient des blocs de pierre blanche comme la craie, un peu plus loin des groupes de personnes plus âgées taillaient la pierre dégrossie pour en faire des éléments courbes pendant que les plus vieux, moins nombreux, vérifiaient et conseillaient, rectifiant le geste dun jeune, en encourageant un autre.
Jappris du vénérable ancêtre qui était leur chef que les pierres étaient destinées au « vieux sur la montagne » qui se faisait construire une forteresse appelée Alamut, quil métait impossible de rester si je ne mengageais pas à les aider et que la route continuait jusquaux marches de Sandinovia. Je tentais den savoir plus sur cette contrée, mais comme avec Jakin et Boaz mes tentatives restèrent vaines, Hiram ne souhaitait plus perdre de temps à bavarder et me congédia en mindiquant de lindex lest, le levant, accompagnant son geste dun nom Sandinovia.
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