Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2, 3, ..., 23, 24, 25   >   >>

[RP] Taverne ... La Caverne " Des pensées éphémères"

Salvador.
Le quignon de pain depuis longtemps terminé, l’espagnol qui ne s’en est pas rendu compte continu à tremper dans la timbale ses doigts repliés qu’il téte tout en lisant les textes parfois écrits à même le mur.

Du retour de Cali il ne prend conscience que lorsque celle-ci l’interpelle, lui faisant le détail du repas à venir et des commentaires sur les auteurs de ce qu’il vient de lire.

A l’annonce du menu il s’exclame.

- Ché !! mais c’est un banquet que vous vous apprêtez à servir señora Cali, on reconnaît bien là l’esprit français, des mets de choix pour le corps et de la belle littérature en guise de nourriture pour l’esprit !! c’est vrai que nous les ibères sommes plus frugaux dans les deux domaines, toutefois en votre compagnie je deviens à chaque instant plus français, ainsi en moi l’ibère est moins froid.

Puis tout en examinant les couleurs rapportées par sa logeuse il continu à parler pendant qu’elle cuisine.

- ces textes sont à mon goût et il est vrai de dire que les auteurs, tout comme cet endroit sortent de l’ordinaire, j’ai constaté qu’à l’instar d’autres votre nom revenait señora Cali, belle plume, fine cuisinière, médicastre, tavernière, fabricante de couleurs, et par dessus tout guapissima !! concédez moi qu’on est en droit de se demander si vous avez le moindre défaut señora !!

Relevant un instant la tête pour observer Cali, Salvador les yeux noirs brillants de malice retourne à l’examen des pots tout en lissant sa moustache, cachant ainsi un sourire à la fois un brin moqueur et surtout très satisfait de taquiner cette femme qui lui a fait de suite bonne impression et avec laquelle il est heureux de partager quelques jours.

- muy bien señora, nous avons là de quoi faire un tableau coloré, il se trouve que j’ai du bleu de guède Toscan en grande quantité il sera la couleur dominante, le moment venu n’oubliez pas de me rappeler que je dois vous poser quelques questions avant de me décider pour le sujet du tableau.


.
Cali
Cali sourit de bonne humeur à l'enthousiasme de l'hispanique et pouffe à son jeu de mot sur l'ibère.

- En plus du charme indéniable qui émane de votre personne, vous êtes doté d'un certain humour Signor.

Sa compagnie était plus agréable qu'elle ne le pressentait. Ce drôle de personnage portait avec lui toutes les couleurs de l'Espagne, la fougue et la bonne humeur, et dans l'amplitude de ses gestes et phrasés toute la magie du théâtre qui en faisait sûrement un éternel et naturel comédien.

- ces textes sont à mon goût et il est vrai de dire que les auteurs, tout comme cet endroit sortent de l’ordinaire, j’ai constaté qu’à l’instar d’autres votre nom revenait señora Cali, belle plume, fine cuisinière, médicastre, tavernière, fabricante de couleurs, et par dessus tout guapissima !! concédez moi qu’on est en droit de se demander si vous avez le moindre défaut señora !!

Légèrement rougissante sous les compliments, Cali pique du nez dans la fricassée de Ceps qu'elle va faire frétiller dans la poêle après y avoir déposé une bonne cuillère de graisse d'oie. Elle relève le nez un instant pour regarder Salvador plongé dans l'examen des pots de pigments colorés et sourit discrètement. Tout en faisant saisir l'imposante entrecôte dont l'odeur se mêle subtilement dans les airs à celle des champignons, la tavernière répond à Salvador.

- Quelle femme n'a pas de défauts. Pour équilibrer la balance je dirais que j'en ai autant que les traits personnalisés que vous avez relevé.

Après avoir dispersé du bouts des doigts quelques herbes de thym et de romarin sur la viande et l'avoir retournée, la jeune femme ramène sur la table les deux plats et rajoute pour elle assiette et couverts, décidant d'accompagner de sa présence le repas qu'elle partage avec l'Espagnol en le servant généreusement. Elle ne manquerait pas non plus de lui rappeler, au besoin, sa demande concernant la fresque, notant qu'il avait l'air de prendre en compte son avis.

- Racontez moi l'Espagne avec vos mots. Les couleurs, les odeurs, ce qu'on pourrait y découvrir si l'on sait où regarder. Parlez moi de votre Art qui semble tant vous habiter. Si vous voulez bien...
_________________

Chevalier de la Plume d'Or - Championne du Poitou - Eprise de son Pierrot-Yoyo
Salvador.
Attablé face à Cali qui l’a largement servi, Salvador s’attaque à la viande, et découpe de petits cubes qu’il porte à sa bouche du bout d’une fine dague qu’il a décroché d’une chaîne de cou cachée sous sa chemise.

Entre chaque bouchée, il parle de son pays d’origine et de son art, le tout à grand renfort de mouvement circulaire de sa dague, de laquelle tombe parfois des bouts de viande dont un a terminé son vol dans la timbale de l’espagnol qui ricanant à sa propre maladresse a avalé le tout.

- l’Espagne señora Cali, n’est pas encore un vrai royaume, je ne pourrai vous en dire beaucoup à ce sujet, ceci étant sur son caractère et sur celui de ses habitants je peux vous dire ceci, nous portons et je n’en sais pas la raison une folie intérieure, une folie qui s’exprime sous une multitudes de formes, parfois joyeuses mais souvent noires, souterraines, est-ce à cela que nous devons d’avoir un caractère ombrageux parfois, tout porte à la croire.

Le temps d’avaler une bonne partie de son assiette Salvador garde le silence, l’air soucieux, comme s’il voulait illustrer les propos qu’il vient de tenir.

- Vous allez me dire que tous les peuples portent une part de folie, j’en conviens d’ailleurs, toutefois dans quel autre pays le boucher du village exige que ses clients assistent à la mort de la bête sur la place du village ? …un boucher qui je le précise s’habille de manière très voyante et qui son travail terminé, reçoit les vivas et les bravos de la foule en paradant comme un chevalier rentré des joutes en vainqueur !! vous pouvez chercher vous n’en trouverez aucun autre, et ce n’est là qu’un exemple de la folie qui nous traverse.

Souriant à Cali qui l’écoute avec attention tout en mangeant, il prend le temps de terminer son assiette avant de reprendre.

- señora Cali merci et félicitation pour ce plat, comme je le disais plus tôt vous français avez élevé l’action de se nourrir en art, c’est la une folie douce très enviable et ce n’est là qu’une de vos qualités, là d’où je viens en Catalogne nous ne mangeons pas aussi bien, toutefois nous avons en commun avec les francs l’amour des mots, de la musique, vos troubadours influencent les nôtres et réciproquement, nous faisons cause commune en quelque sorte.

Gavé, Salvador se lève pour faire quelques pas.

- quant à mon art, il est né à Portlligat en Catalogne, au bord de la mer, c’est là-bas que j’ai grandi et là-bas que j’ai commencé à jouer avec le réel pour le restituer à ma façon, à Portlligat j’ai compris que l’œuf avait une importance capitale et que la coquille d’oursin sèche et blanchie était la forme la plus parfaite dans laquelle on puisse vivre, associez à ça le fait que le centre du monde soit tout prés de ma plage catalane et vous avez une description de ce qu’est mon art.



.
Cali
Comme il était plaisant de partager le repas avec cet homme là. Salavador parlait de son pays d'origine avec le même entrain qu'il mettait à déguster les plats.
Cali l'accompagnait avec ces coups de fourchette tout en l'écoutant attentivement. Elle s'étonna du côté sombre et ombrageux décrit par lui.
Après réflexion elle se dit que chaque acte avait son affect, chaque action sa réaction.
Si les espagnols, tout comme les Italiens, étaient si exubérants dans leurs paroles et leurs gestes, c'est que sans doute à l'inverse, en profondeur, ils tentaient de cacher cette partie secrète et sombre décrite par Salvador.

Cali repoussa son assiette vide et se cala au fond de sa chaise en croisant les jambes.
Dégustant son verre de vin, elle sourit quand l'homme aux moustaches si artistiquement courbées lui donna l'explication de son refus d'absorber tout oeuf et oursin précédemment.

- Au delà de leur forme si parfaite, il me semble que vous venez de soulever également la symbolique de l'oeuf et de l'oursin.

Le rejoignant avec son verre de vin , elle rajouta.

- C'est une description sommaire de votre Art Signor Salvador. Tout comme la coquille de l'oeuf et de l'oursin qui n'en présente que la surface extérieure.
Puis-je espérer que vous approfondirez cette symbolique pour que je puisse... vraiment, découvrir et comprendre votre travail artistique?

_________________

Chevalier de la Plume d'Or - Championne du Poitou - Eprise de son Pierrot-Yoyo
Salvador.
Contrairement à la réaction habituelle qui voulait qu’après ce genre de propos ses interlocuteurs le regarde d’un air perplexe et ne donne pas suite, Cali insistait. Elle avait sauté la première barrière mis en place par l’espagnol avec légèreté, comme si de rien n’était, revenant à la charge frontalement, l’invitant à se faire plus disert.

Si Salvador ne refusait jamais de donner des détails techniques quant on les lui demandait, s’il acceptait d’expliquer ce qu’il avait représenté à la demande d’un client plus benêt qu’un autre, donner une définition de son art était une chose à laquelle il avait rarement eu a répondre.

Toutefois dans cette atmosphère amicale et en dépit de sa réserve habituelle, jugeant qu’il devait bien ça à celle qui le recevait si gentiment, il lui répondit.

- vous êtes curieuse señora et c’est là une qualité de plus dans votre besace, je ne sais si je vais y parvenir mais je vais essayer de vous expliquer un peu mon travail et ce en commençant par vous préciser que l’œuf n’est pas ce que l’on croit, tout dépend de la perspective, de l’approche, de l’extérieur la coquille est lisse et dure, si dure qu’un poussin ne peut la casser, par contre l’intérieur est alvéolé, olééé !!…Rire bref et mou, juste assez pour qu’un poussin naissant le casse sans effort.

Le temps d’écluser un fond de verre et Salvador reprend tout en lissant ses moustaches.

- donc nous y voilà, outre la pRRRRiii...moRRRdialité uniiiiverRRRRrr...seLLLe de l’œuf sur la vie, car si l’on cherche on découvre qu’avec ou sans coquille toute la faune y compris l’homme passons les premiers temps de notre vie dans un œuf !! vous qui êtes médicastre le savez mieux que moi, je disais outre le fait que l’œuf symbolise la vie, la coquille sous son double aspect, dur et lisse, mou et alvéolé, symbolise elle le réel qui nous entoure, un réel changeant qui n’est pas uniquement ce que nous croyons qu’il est, la coquille qui est fondamentalement différente suivant la perspective que nous en avons l’illustre assez bien.

L’espagnol se lève et s’approche du feu, continuant ses explications tout en observant les flammes.

- je dirai donc que mon art est la mise en abyme d’un réel multiformes, je tente de montrer le réel sous ses multiples formes dont la plupart échappent à l’œil ordinaire de l’homme qui a une vision limitée, cependant vous allez pouvoir le constater quand la fresque sera terminée, je fais aussi dans la représentation réaliste, ai-je été assez clair dans mon propos pour éclairer votre lanterne señora Cali ?


.
Cali
Elle n'était pas certaine qu'il réponde. Titiller un artiste sur ce point délicat, là où pour lui tout ne peut qu'être évidence et concordance avec tout son être, pouvait la mener à l'échec d'une vaine tentative d'approche.
Et pourtant il répondit. Avec cette franchise et cette désarmante maîtrise des mots.
Cali s'en ressentie soulagée. Peut-être aussi parce que Salvador avait ce petit quelque chose qui la portait à penser qu'il était de ces personnalités qui méritent le détour et la jeune femme n'avait pas envie que la porte se referme déjà. Elle l'écouta avec attention, hochant la tête et pouffant à son "olé" qu'elle faillit accompagner en écho. Le calme et la désinvolture de l'Espagnol la mettait à l'aise. L'ambiance s'y prêtait.
Cali hocha la tête une fois de plus en guise de réponse à la question de l'artiste.


- J’avoue que je suis un peu déconcertée, Signor Salvador.
Non par votre explication sur l’étonnante propriété de la coquille d’oeuf avec son enveloppe si rigide et sécurisante et son intérieur si douillet, mais... comment dire...

Maudite barrière des mots qui ne parvenaient pas à franchir la frontière de ses lèvres. Et pourtant dans son esprit tout était si clair et riche du flot d’images que Salvador venait de faire naître.

- Vous savez, je pense aussi que dans une grande majorité notre regard est éduqué, tout comme l’éducation que nous recevons, enfants. Comme également notre ouïe, habituée à une certaine sonorité. Votre regard, au travers de votre art, est déroutant , complexe, et en même temps si... si naturel.. comme l’essence même de la vie.

La jeune femme sourit doucement en observant le profil de l'homme dont le regard à présent était plongé dans le jeu des flammes. Est-ce qu'il lui en avait coûté de se dévoiler ainsi?

- Vous êtes le premier peintre que je rencontre qui en parle de la sorte, avec sa propre vision et d’une façon si patiente, en employant les mots justes, que ça en deviendrait presque évident.
Je suis tentée de croire que cette évidence prendra vie en même temps que votre fresque, lorsque je pourrais la découvrir.

Cali resta silencieuse un instant et répondit plus doucement à la question posée par le peintre.
- Alors ma réponse est oui. Oui vous avez éclairé ma lanterne et attisé encore plus ma curiosité.
_________________

Chevalier de la Plume d'Or - Championne du Poitou - Eprise de son Pierrot-Yoyo
Salvador.
Salvador a écouté sans bouger, tout à sa contemplation des flammes, attitude propre à l’humain d’où qu’il soit, attitude la plus partagée depuis la nuit des temps, bien plus encore que l’adoration des idoles, observer le feu demeure un moment mystique, magique, duquel l’espagnol tire un regain d’énergie.

Hormis le geste consistant à lisser soigneusement les deux cotés de sa moustache, il n’a réagi qu’à la toute fin, ravi d’entendre que ses explications ont fait mouche.

- Ché !! pour être curieuse vous l’êtes señora, et ce à double titre, dans votre langue comme dans la mienne, être curieux a plusieurs sens, pour le commun des mortels on l’est quand on s’intéresse plus que de coutume à un sujet quel qu’il soit, mais on l’est aussi quand on se comporte de manière étrange, bizarre, inhabituelle, ce qui nous ramène à nouveau à ce que je disais sur le réel, la réalité d’un mot peut-être double, triple, alors pour choisir la bonne signification c’est là aussi une question de vision en l’occurrence de savoir, lequel on le sait permet de sortir de l’aveuglement de l’ignorance, voir au-delà des apparences, écarter le voile qui couvre à nos yeux une partie de la réalité et le montrer aux autres, si ce n’est pas de l’art qu’importe !! c’est le mien.

Fatigué par le voyage, Salvador s’étire lentement en grimaçant.

- si vous le permettez señora Cali, je vais me retirer, le réel m’a rattrapé et je suis las de ce voyage depuis l’Anjou, demain je me mettrai au travail et nous pourrons continuer notre discussion si vous le désirez, pour l’heure je vous souhaite la bonne nuit.

Fourbu Salvador quitte la taverne pour sa chambrette après un dernier salut à Cali.


.
Cali
" Petite curieuse va!"
Cette voix revenue de si loin la ramena à l'époque où petite elle posait toujours trop de questions, les sourcils froncés, jusqu'à ce qu'elle ait enfin la réponse qui satisfasse sa curiosité.
Amusée, Cali se souvint que cette phrase l'avait suivie jusqu'à l'adolescence. Maintenant qu'elle était femme, elle savait un peu mieux choisir ses questions et en jouer, mais sa curiosité était restée intacte. Satisfaite seulement quand les réponses l'éclairaient. Et cet homme là faisait bien plus que répondre à ses questions puisqu'il l'amenait même à réfléchir autrement.
A présent elle était impatiente de découvrir cet Art dont l'Espagnol parlait, ne doutant pas qu'il la surprendrait.

Lorsque Salvador s'étira, sans même que ses moustaches ne bougent d'un poil, Cali se rendit compte aussi qu'il était tard. La soirée était passée si vite.


- La bonne nuit à vous également, Signor Salvador. Reposez-vous bien.

Un petit sourire égaya le visage de la tavernière en suivant des yeux les jambes de l'Espagnol qui disparaissaient dans l'escalier menant à la seule petite chambre de l'étage.
Elle resta un moment à réfléchir sans se dépareiller de son sourire , puis débarrassa la table de bois , ravie que son invité ait fait la fête à son repas.


- Eh bien la vaisselle va être vite faite!

Le tout disparu dans son panier d'osier, mais laissant tout de même sur la table la ronde miche de pain au un tiers grignotée, enroulée dans un linge, ainsi que le saucisson et la bouteille de vin. Voilà qui devrait faire le petit déjeuner de son invité.

Son petit charpentier devait l'attendre, après avoir sûrement dîné du pot au feu qu'elle lui avait laissé au chaud. Cali enfila sa cape et ferma la taverne afin que Salvador puisse se reposer.
Dehors une fine pluie tombait, habillant la nuit d'un voile scintillant.
A quoi donc allait-elle rêver, blottie entre les bras de son aimé ? A une grande fresque animée dans laquelle elle allait se fondre? Ou allait-elle faire des rêves d’enfants où les oeufs portent des moustaches, farandole de derviches tourneurs dans laquelle elle irait se mêler jusqu’à s’affaler sur le sol en riant, épuisée.

Sur la route, au milieu des gouttes, la jeune femme prit le chemin de sa maisonnée tout en chantonnant, , donnant par moment des coups de pieds dans les flaques d’eau avec un air fripon au point d’arroser le bas de ses jupons .

_________________

Chevalier de la Plume d'Or - Championne du Poitou - Eprise de son Pierrot-Yoyo
Salvador.
Le lendemain, c’est un Salvador frais et impétueux qui de son pas rapide entre dans la taverne en saluant Cali d’une voix forte, sans même savoir si elle est présente. De retour d’une longue marche au bord de la rivière où il a fait ses ablutions matinales, il rentre les bras chargés de bois sec qu’il dépose prés de l’âtre, puis s’empresse de rejoindre le mur vierge devant lequel il vide une de ses poches pleine de bout de charbon de roche qu’il a trouvé sur la berge.

Suite à un long moment passé debout devant le mur sans bouger, l’espagnol comme au sortir d’un sommeil éclair se lance charbon de roche en main, et à grands gestes commence l’ébauche de son sujet qu’il termine juché sur un banc.

Le temps de vider le reste de vin qu’il a largement coupé d’eau et qu’il n’a pas terminé au petit matin et le voila qui se remet au travail, s’attaquant désormais à détailler les contours en utilisant cette fois du charbon de bois plus tendre avec lequel il peut forcer le noir des traits après les avoir creuser du bout de sa fine dague..

Le gros œuvre achevé, avec l’aide d’un mélange de cendres et d’eau qu’il applique avec l’index il finit la fresque par le remplissage en tamponnant parfois la pâte avec un bout de chiffon , le tout dans diverses nuances de gris obtenues en incorporant plus ou moins d’eau dans le mélange, suite à quoi il fignole les détails durant un long moment.

Satisfait de son travail qu’il a rectifié en se reculant pour mieux voir l’ensemble, il plonge les mains dans un seau d’eau et tout en les essuyant une fois propres, appelle Cali.

- Señora CALI !! OLA señora !! vengas !! j’ai terminé venez voir !! l’arbre de vie !!

Cali
Et en plus il fallait qu'elle tombe sur la mère Latour. Revenant de sa maisonnée, Cali avait jeté un petit coup d'oeil au travers des vitres de la taverne. Voyant l'Espagnol en pleine expression de son art, elle avait tenté un repli stratégique pour ne pas le déranger.
C'était sans compter sur le guet-apens que lui tendit la mère Latour.
Et c'était reparti pour le mur des lamentations. La médicastre eut droit à toute la série des jérémiades. La nuque de l'ancienne la tiraillait toujours... "et la nuque!", ses reins par ce froid la faisait courber en deux..." et les reins!", son genou n'en parlons pas, fichue goutte... " et le genou !".
La petite brune fut sauvée de la prochaine avalanche par un appel.


- Señora CALI !! OLA señora !! vengas !! j’ai terminé venez voir !! l’arbre de vie !!

Elle eut même beaucoup de mal à retenir un soupir de soulagement car la petite vieille lui aurait ensuite parlé comme d'habitude de ses enfants, puis de ses petits enfants et bla bla bla, jusqu'à ce que Cali à bout de nerfs enserre entre ses mains le cou fripé, et secoue la mémé comme un prunier... du moins en pensées... du moins jusqu'à présent.

- Ah! On m'appelle! Je dois vous laisser. Faites donc un tour.. euh.. ma dame Latour, très bon pour vos genoux ça.... enfin s'il n'y a pas de verglas.

La plantant là comme une vieille herbe séchée que l'on a pas envie de ramasser, Cali s'engouffra dans la Caverne.

Oui, j'arrive! Bonjour Signor Salvador. Bien dormi? Vous avez fini l'Arbre de vie ???
Cali balança tout son fatras sur la table et se défit de sa cape en sentant la douce chaleur du feu que l'Espagnol avait entretenu.

- Ho bon sang !

Interdite en voyant la grande fresque, elle s'en approcha presque prudemment.

- Quel est donc ce drôle d'animal qui porte sa maison sur son dos comme un escargot?

Le premier effet de surprise passé, la jeune femme observa la fresque attentivement , s'attachant sur chaque détail comme la fusion du château avec l'arbre, enracinés sur le dos de l'imposant animal. Et cet arbre qui n'en finissait plus de monter!

- C'est magnifique! Surprenant!
Comme c'est étrange... Avec cet arbre qui monte, qui monte... on se sent aspiré vers le haut, et en même temps retenu au sol par ce gros animal qui a l'air si solide.


Cali pencha un peu la tête en apercevant soudain l'oiseau et se tourna vers son invité.

- Cet oiseau là au bout de la corne, pourquoi sa présence ? On dirait qu'il fait la balance. Comment quelque chose de si léger peut contrebalancer un tel poids?
Il représente quoi ? Quelle force peut-il avoir?


Plus elle regardait la fresque et plus des tas d'idées et de questions venaient s'entrechoquer.
_________________

Chevalier de la Plume d'Or - Championne du Poitou - Eprise de son Pierrot-Yoyo
Salvador.
Le but de Salvador par l’intermédiaire de son art étant de susciter chez celui qui regarde à la fois de l’émerveillement et des questionnements, c’est ravi de voir Cali y succomber qu’il l’avait écouté faire ses commentaires, n’émettant que de brefs « si señora » et « eso es », les équivalents des « oui madame » et « c’est cela » en français

A la rafale de questions soulevées par sa création, il répond non sans avoir au préalable tiré un banc devant la fresque et invité Cali à s’asseoir.

- cet animal señora qui symbolise la terre c’est un éléphant, à ce que j’en sais il vit à l’autre bout du monde à l’est, Polo le grand voyageur italien en a parlé dans son recueil de voyage, on en parle aussi dans les chroniques relatant les conquêtes d’Alexandre le grand et dans celles concernant Hannibal quand il a voulu s’attaquer à Rome, pour ma part je n’en ai jamais vu, mais les gravures ne manquent pas, j’ai tout de suite aimé son aspect la première fois que j’en ai vu la représentation.

Désignant l’oiseau surmonté d’une souris, il en explique la présence.

- vous voyez cet oiseau, il fait office d’ange, sur son dos la souris c’est l’âme humaine, laquelle vole par la grâce de l’ange et se perche sur la dent indemne de la terre pour profiter de sa protection, la seconde dent s’étant brisée lors d’un combat de la terre contre le ciel, bataille qui je l’ai imaginé a eu lieu loin à l’est, passé le fleuve qu’Alexandre de Macédoine n’a pas réussi à franchir, et où dit-on le peuple qui habite ces terres lointaines vénère une divinité à corps d’homme et tête d’éléphant toujours accompagné d’une souris.

L’espagnol assoiffé s’interrompt un instant pour aller servir deux verres de vin dont un qu’il tend à Cali avant de se rasseoir et d’écluser le sien.

- le château représente lui le royaume de Dieu, les nombreuses pièces la diversité de sa création sur laquelle s’enracine la vie, symbolisée elle par l’arbre dont on ne peut voir les frondaisons qui au-dessus des nuages sont le domaine des anges et que seule l’âme humaine peut entrevoir lors du vol nocturne qu’est le rêve.

Maintenant debout devant la fresque, l’espagnol englobant dans un geste des bras la totalité de l’œuvre, en donne son interprétation.

- ce que j’ai voulu représenter ici, c’est la façade d’une cathédrale dont la flèche se perd dans le ciel, la terre éléphante supporte le château qui symbolise le royaume de dieu source de la vie, qui se manifeste elle sous la forme de l’arbre, et comme vous l’avez si bien dit l’équilibre du tout ne tenant qu’en la présence de l’âme humaine pour qui le monde a été créé, toutefois cette interprétation est la mienne, comme je disais hier ce que l’on voit a de multiples réalités et l’art doit nous ouvrir les yeux afin d’en être conscient, à partir de là chacun doit se faire sa propre idée, quant à votre question sur la possibilité que la légèreté puisse faire contre poids à la lourdeur, l’humour est je pense le meilleur exemple que la chose est possible, un mot d’esprit peut parfois à lui seul débarrasser de l’atmosphère une lourdeur établie, tout comme peu le faire la simple attention d’un ami quand on porte un lourd fardeau, n’est-il pas ?


.
Cali
Bien installée sur le banc que Salvador avait tiré devant la fresque, Cali écoutait les réponses à ses questions , les yeux tantôt fixés sur l'artiste et à d'autre glissant sur son oeuvre immortalisée sur le mur de la taverne. Elle connaissait à présent le nom de cet étrange animal qu'elle affubla d'un autre nom, celui du carthaginois, trouvant qu'Hannibal allait bien à l'éléphant.

Quand l'Espagnol désigna la souris sur le dos de l'oiseau, la jeune femme la fixa avec attention et étonnement.


- La petite souris... bon sang j'ai pourtant bien observé le dessin et je ne l'ai même pas remarquée...

Tout à l'écoute de Salvador, Cali revenait sur chaque élément symbolisé et tout prenait une teinte différente, éclairé par un jour nouveau.
Le verre tendu par le peintre ne fut pas de refus. Elle dégusta sereinement le vin, silencieuse, attentive. Il faut dire que Salvador, dans chacune de ses attentions, dans sa façon d'expliquer sa fresque et de développer sa vision artistique, mettait à l'aise la jeune femme.
Elle restait sans voix devant la magnificence de la fresque, bercée par le son des mots et l'interprétation des symboles. Elle mit même un temps à réagir à la dernière phrase de Salvador, se rendant compte qu'elle était accompagnée d'une question qui n'avait rien de bénigne, même si le ton était aussi léger qu'une plume.


- .... quant à votre question sur la possibilité que la légèreté puisse faire contre poids à la lourdeur, l’humour est je pense le meilleur exemple que la chose est possible, un mot d’esprit peut parfois à lui seul débarrasser de l’atmosphère une lourdeur établie, tout comme peu le faire la simple attention d’un ami quand on porte un lourd fardeau, n’est-il pas ?

Hochant la tête en esquissant un sourire, elle lui répondit:

- L'humour est un remède pour bien des maux, et contre des mots il s'avère être un allié et un adversaire redoutable, déstabilisant. Et comme vous le dites si bien, un mot d'esprit placé au bon moment peut à lui seul faire fondre une atmosphère lourde et glaciale comme neige au soleil. Quand à l'ami attentionné....

Cali se perdit un peu dans ses souvenirs puis continua doucement.

- Une amie m'a offert un jour un petit ourson en jouet, petit mais assez lourd. C'était un cale- porte. Je ne voulais pas la peiner en lui disant que je n'avais pas de porte qui claquait et que je n'en voyais pas l'utilité. Il était joli d'apparence et je la remerciais en lui disant , et en le pensant, qu'il ferait un bel objet de décoration. Elle a souri en me répondant que son présent était symbolique, que son utilité était détournée.

" Cet ourson c'est moi. C'est un cale-épaule. Pour que tu saches ainsi que je serais toujours là pour toi", a expliqué mon amie.


La jeune femme adressa un sourire à l' homme à ses côtés.

- C'est le genre d'attention, je pense, qui effectivement vous fait sentir plus léger. Savoir que l'on peut compter sur quelqu'un, même si rien n'a été dit et ne le sera peut-être pas.

Puis elle regarda la fresque.

- Rien n'est plus frappant, marquant, que ce qui se cache derrière des symboles. Votre peinture, votre art si personnel, en plus d'être agréable à regarder, en est ce qui a de plus représentatif. Vous avez raison, chacun en regardant doit se faire sa propre idée, mais les pierres que vous y avez posé sont un bon support à cette réflexion. Je suis très admirative de votre talent de peintre et votre liberté d'esprit.

Cali observa en silence la fresque, prenant son temps.

- Vous avez un imaginaire fantastique Signor Salvador. Je ne m'attendais certes pas à une telle découverte et je vous remercie pour ce présent. Du coup je n'ai qu'une hâte, c'est de découvrir d'autres de vos oeuvres. J'espère en avoir l'occasion.
Peut-être à Portlligat, cet endroit en bord de mer où vous avez grandi ? Qui sait...

_________________

Chevalier de la Plume d'Or - Championne du Poitou - Eprise de son Pierrot-Yoyo
Salvador.
A l’évocation de Portlligat, Salvador a esquissé un sourire. Son lieu de naissance il l’a toujours en tête, la minuscule crique pas plus grande qu’une place de village, les rochers tarabiscotés qui enchâssés dans la mer à quelques brasses du rivage sont des îles qui durant toute son enfance l’ont nargué, jusqu’à ce qu’il sache assez bien nager pour les rejoindre et en prendre possession au nom des Valverde.

- señora Cali si un jour vous passez prés de Portlligat, n’hésitez pas à vous y rendre et surtout faites moi la gentillesse de passer à la maison Valverde, si je ne suis pas présent il suffira de vous réclamer de moi et vous serez reçue comme une reine, ainsi faisant vous pourrez y voir quelques uns de mes travaux.

Un instant silencieux, l’espagnol porte son verre à ses lèvres et le penche puis se rendant compte qu’il est vide le pose à terre en ricanant .

- toutefois, ce que j’ai pu faire et qui est là-bas n’est pas le plus important, cet imaginaire je le dois avant tout à la nature qui entoure les lieux, une nature qui se défend en faisant en sorte que le piquant habille la flore majoritairement, un ciel dont l’azur est parfois effrayant de pureté, une mer changeante qui passe de l’émeraude au grisâtre cadavérique en passant par le turquoise, une nature dont la force vous écrase quand alliée au soleil d’été elle tue l’imprudent qui sur la route du cap de Creu n’a pas de gourde.

Roulant des yeux exagérément pour que Cali prenne en compte son avertissement, Salvador tient la pose un moment puis rit de bon coeur.

- Hahaha !! N’ayez crainte si vous passez par Valverde on ne vous laissera pas aller seule et sans ravitaillement vous promener jusqu’au cap ou ailleurs, mais tout cela ne dois pas nous éloigner de notre but, si tout ce qui concerne la réalisation de la peinture me revient y compris le choix du sujet traité, j’ai besoin de vous pour m’en faire une idée plus juste.

L’espagnol montre alors les murs de la taverne où sont accrochés des parchemins.

- en faisant le tour de tout ça et suite à vos explications, j’ai décidé de faire un portrait de votre sœur, avec toutes les couleurs que vous avez mis à ma disposition je pense que le portrait d’une gitane s’impose, et comme c’est votre sœur de cœur ça vous laissera un souvenir de moi par la présence de celle que vous choyez, cependant pour donner corps à ce choix j’ai besoin que vous me parliez d’elle.


.
Cali
Touchée par l'invitation, Cali hocha la tête en remerciant l'hispanique . Il était facile de rêver et d'imaginer au travers de ses mots. L'élocution du moustachu était une véritable invitation au voyage, tout comme sa peinture l'était à la réflexion.
Elle imaginait le paysage de Portlligat à la fois calme et sauvage puis rebelle et cruel pour l'imprudent.
La tavernière, par mimétisme, ouvrit grand les yeux quand Salvador roula des siens dans une expression d'avertissement très théâtrale.

"Mais que vous avez de grands yeux !!!"
" C'est pour mieux t'avertir mon enfant "
Heureusement que lui même en rit. Cali eut peur qu'il ait perdu momentanément la raison à voir ses yeux immenses sortirent de leurs orbites.
Elle en profita pour déboucher la bouteille qu'elle avait ramené et découper des parts dans la tarte aux pommes faite le matin, l'invitant à se servir alors qu'elle remplissait les godets de vin.


-En faisant le tour de tout ça et suite à vos explications, j’ai décidé de faire un portrait de votre sœur, avec toutes les couleurs que vous avez mis à ma disposition je pense que le portrait d’une gitane s’impose, et comme c’est votre sœur de cœur ça vous laissera un souvenir de moi par la présence de celle que vous choyez, cependant pour donner corps à ce choix j’ai besoin que vous me parliez d’elle.

- Je me disais bien aussi que vous n'en aviez pas fini , car vous n'avez pas utilisé les couleurs demandées. Ma soeur..... Quelle bonne idée !
Mmmm... vous en parler...


La jeune femme sourit à l'évocation de Zézé, se caressa le menton songeusement, puis avala une gorgée de vin.

- Parler de Zézé, pour moi, c'est comme évoquer les cinq éléments.
Elle est à la fois Gaïa, la terre mère qui protège d'un air bienveillant où qu'elle soit. Elle est l'eau , la rivière qui apaise les maux, mais aussi le feu, la braise qui sommeille . Et quand elle est en colère, vous pouvez le voir se réveiller dans ses yeux.
Cali pouffa. Il vaut mieux courir vite à ce moment là.
Elle est aussi l'air, le vent, qui attise autant qu'il apaise.


Le verre levé vers l'Espagnol, la jeune femme esquissa un sourire.

- Et le cinquième élément, signor Salvador, c'est la quintessence des quatre autres. Une énergie à vous remuer ciel et terre dotée d'un esprit fin et vif.
Zézé est pour moi, comme vous l'avez dit, une soeur de coeur. Ca me ferait très plaisir que vous en fassiez le portrait. J'espère vous l'avoir assez bien décrite.

_________________

Chevalier de la Plume d'Or - Championne du Poitou - Eprise de son Pierrot-Yoyo
Salvador.
.

La table était bonne et sans abuser Salvador y prenait plaisir, hochant la tête d’approbation aux paroles de son hôtesse tout en mâchonnant et buvant sans précipitation.

Sans être certain que les mots employés avait été choisi par Cali à son intention, l’espagnol y avait trouvé plus qui n’attendait. La symbolique était un langage à nul autre pareil, le symbole à lui seul en disait plus que bien des discours pour peu que l’on ait les clés nécessaires à son interprétation, clés dont il possédait tout un jeu.

- Ché !! parfait señora Cali, c’est on ne peut plus clair, vous avez en peu de mots, et quels mots !! donné les précisions qui m’étaient indispensables, je commence à entrevoir les possibles et grâce au portrait que vous venez de dresser de votre sœur je me fais fort de vous surprendre, mais avant il va se passer du temps, beaucoup de temps et je vais sans doute avoir besoin de votre aide à nouveau.

Le doigt pointé en direction du comptoir, Salvador s’explique.

- comme support j’ai besoin d’un panneau de bois, sec et patiné comme l’est ce comptoir, exempt de nœuds, de trous et d’attaques d’insectes, vous qui connaissez tout le monde ici devez savoir où dénicher ça.


.
See the RP information <<   <   1, 2, 3, ..., 23, 24, 25   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2025
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)