Arielle_de_siorac
[Note: suite du RP visible dans ce livre sur RPartage: Nous partirons de nuit pour l'aube des Mystères
Yeux grands ouverts. Devant, les poutres du plafond tordues par le jeu d'ombres et de lumière.
C'estoit le matin. Arielle avoit émergé du sommeil et se mandoit à présent où elle pouvoit bien se trouver. Son intuition luy disoit que ce n'estoit guère la première foys qu'elle s'interrogeoit de cette manière.
Son coeur estoit tordu par une certitude: son fils aisné estoit mort. Des images de son petit garçon, son trésor, apprenant à marcher, riant aux éclats en leur verte Anjou, dansant aux bras d'une princesse avec le sérieux d'un pape, tout cela l'assailloit en un tourbillon lugubre pour s'engouffrer dans le néant, l'angoisse. Elle ignoroit pourquoi elle avoit cette idée absurde, car le jeune homme estoit dans la force de l'asge, début vingtaine, un gaillard en santé qui, elle en estoit certaine bien qu'il l'ait amèrement déçue par l'évolution de son caractère, estoit promis à un avenir lumineux. Ou... enfin, un avenir.
Une autre certitude étrange la fict baisser le regard pour examiner cette chambre anonyme. Il manquoit quelque chose, céans, un parfum musqué supposé l'accompagner dans ses resves. Mais le lit estoit froid et les draps infroissés de l'autre costé.
Son mari n'estoit pas là.
Fronçant les sourcils, la comtesse se leva pour mieux embrasser la pièce de ses prunelles inquisitrices.
Des bagages, dont certains n'estoient guère les siens. Un tonneau de bière usé par de nombreux usages. Des vestements masculins jetés là dans un coin poussiéreux.
Assurément, Jeanjacob partageoit la chambre avec elle. Peut-estre estoit-il jà levé? Mais pourquoi alors les draps estoient-ils intacts de son costé?
Elle enfila sa robe de chambre en soie et, avisant une canne d'argent appuyée au mur non loin de son lit, elle la saisit avec la nette conscience du temps qui passe. Une canne... Arielle n'estoit pourtant pas si vieille!
Le comte est-il allé prendre son petit déjeuner, Basine? manda dans un chuchotement la comtesse à sa servante, qui avoit dormi contre sa porte.
Icelle se frotta les yeux avant de répondre.
Non, ma Dame. Il n'est pas rentré hier soir.
Pas rentré? Luy estoit-il arrivé malheur? Le rire de son fils défunt sembla résonner aux oreilles d'Arielle comme un sombre présage.
Comment? Où estoit-il donc allé?
En une taverne, ma Dame, comme à chaque soir.
Sentant l'inquiétude luy grimper le long de l'échine, telle une plume sur la peau, la comtesse promena son regard sur le couloir flanqué de portes. C'estoit une auberge comme on en voyoit des milliers à travers le Royaume.
Où sommes-nous?
En Bourbonnais-Auvergne, à Aurillac, ma Dame.
En Bourbonnais-Auvergne?!? Mais que faisons-nous céans?
La dicte Basine eut un regard vide en réponse à la question. Sans plus échanger un mot, Arielle se dirigea vers le bout du couloir d'où elle avoit une vue en plongée sur la salle commune.
Personne, sauf un chat pressé d'aller dormir après une nuit d'aventures.
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Yeux grands ouverts. Devant, les poutres du plafond tordues par le jeu d'ombres et de lumière.
C'estoit le matin. Arielle avoit émergé du sommeil et se mandoit à présent où elle pouvoit bien se trouver. Son intuition luy disoit que ce n'estoit guère la première foys qu'elle s'interrogeoit de cette manière.
Son coeur estoit tordu par une certitude: son fils aisné estoit mort. Des images de son petit garçon, son trésor, apprenant à marcher, riant aux éclats en leur verte Anjou, dansant aux bras d'une princesse avec le sérieux d'un pape, tout cela l'assailloit en un tourbillon lugubre pour s'engouffrer dans le néant, l'angoisse. Elle ignoroit pourquoi elle avoit cette idée absurde, car le jeune homme estoit dans la force de l'asge, début vingtaine, un gaillard en santé qui, elle en estoit certaine bien qu'il l'ait amèrement déçue par l'évolution de son caractère, estoit promis à un avenir lumineux. Ou... enfin, un avenir.
Une autre certitude étrange la fict baisser le regard pour examiner cette chambre anonyme. Il manquoit quelque chose, céans, un parfum musqué supposé l'accompagner dans ses resves. Mais le lit estoit froid et les draps infroissés de l'autre costé.
Son mari n'estoit pas là.
Fronçant les sourcils, la comtesse se leva pour mieux embrasser la pièce de ses prunelles inquisitrices.
Des bagages, dont certains n'estoient guère les siens. Un tonneau de bière usé par de nombreux usages. Des vestements masculins jetés là dans un coin poussiéreux.
Assurément, Jeanjacob partageoit la chambre avec elle. Peut-estre estoit-il jà levé? Mais pourquoi alors les draps estoient-ils intacts de son costé?
Elle enfila sa robe de chambre en soie et, avisant une canne d'argent appuyée au mur non loin de son lit, elle la saisit avec la nette conscience du temps qui passe. Une canne... Arielle n'estoit pourtant pas si vieille!
Le comte est-il allé prendre son petit déjeuner, Basine? manda dans un chuchotement la comtesse à sa servante, qui avoit dormi contre sa porte.
Icelle se frotta les yeux avant de répondre.
Non, ma Dame. Il n'est pas rentré hier soir.
Pas rentré? Luy estoit-il arrivé malheur? Le rire de son fils défunt sembla résonner aux oreilles d'Arielle comme un sombre présage.
Comment? Où estoit-il donc allé?
En une taverne, ma Dame, comme à chaque soir.
Sentant l'inquiétude luy grimper le long de l'échine, telle une plume sur la peau, la comtesse promena son regard sur le couloir flanqué de portes. C'estoit une auberge comme on en voyoit des milliers à travers le Royaume.
Où sommes-nous?
En Bourbonnais-Auvergne, à Aurillac, ma Dame.
En Bourbonnais-Auvergne?!? Mais que faisons-nous céans?
La dicte Basine eut un regard vide en réponse à la question. Sans plus échanger un mot, Arielle se dirigea vers le bout du couloir d'où elle avoit une vue en plongée sur la salle commune.
Personne, sauf un chat pressé d'aller dormir après une nuit d'aventures.
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