[RP] Vertige...

Les jours avaient passé, Melior avait grogné, pesté voire même vitupéré...
En somme, Melior n'était pas contente. Elle avait appris l'accident de Sophie. La dernière fois qu'elles s'étaient vues, la discussion avait été pour le moins houleuse, le différend étant de taille. Alors elle avait un peu traîné les pieds avant de venir prendre des nouvelles de la blessée. Et puis, l'inquiétude avait quand même pris le pas sur la colère. Les désaccords ne justifiaient pas la dureté de coeur.
La Duchesse se rendit donc chez Sophie et se fit annoncer.
_________________
Duchesse de Castelmoron d'Albret, Vicomtesse de Beaumont en Périgord

Certaines "absences" lors de sa convalescence avaient été plus lourdes à supporter que d'autres... Celle de Melior comptait parmi les plus lourdes, il faut bien le dire. Leur dispute avait été terrible, non seulement dans les mots échangés mais aussi dans leurs conséquences puisque depuis, il n'y avait entre elles que le silence. Et puis l'accident. Et puis à nouveau le silence.

Et aujourd'hui, enfin, alors que Aradiia lui avait retiré l'atèle de son poignet et que la blessure crânienne semblait être bien résorbée, la duchesse s'était faite annoncer. Sophie avait beaucoup de défauts mais la rancune n'était pas de ceux-là. C'est donc encore pâle mais souriante qu'elle fit entrer son amie.
_________________
Sophie, Vicomtesse de Terrides

Fini de croquer le marmot. Parce qu'il avait été navré à son tour et sans doute par les mêmes commanditaires, il vint rendre visite à l'ancienne régnante de Guyenne alors qu'il s'était à jamais interdit de le faire. Le Resplendissant affichait triste mine à l'idée de rencontrer celle qu'il avait laissé à l'écart de son quotidien le temps de sa longue convalescence. Pourtant, il était là.

On l'avait informé que quelqu'un était déjà en visite. Alors il patienta en silence, se demandant s'il aurait droit à faire évacuer l'endroit pour demeurer avec la damoiselle, pourtant antagoniste à sa mirifique personne sur bien des sujets.

Mais cette fois, il désirait lui parler.
Seul à seul.
_________________

"Aux hommes la droiture et le devoir, et à Dieu seul la Gloire !"
Sancte Iohannes -Primus Inter Pares du Lion de Juda et Gouverneur de Montauban-la-Réformée.

Melior pénétra dans la pièce où se trouvait Sophie. Malgré la pâleur de cette dernière, il apparaissait clairement que son état de santé s'était amélioré. Hors réunions officielles, la brune laissait facilement tomber le protocole, et elle s'adressa à son amie simplement :

Bonjour Sophie,
Souhaitons que l'adage "mieux vaut tard que jamais" soit toujours de mise...

Comment te portes-tu maintenant ?
_________________
Duchesse de Castelmoron d'Albret, Vicomtesse de Beaumont en Périgord

Sophie sourit en voyant entrer la belle Duchesse de Castelmoron d'Albret, son amie, tout à la fois simple et pleine de majesté et de grâce... Elle se leva de la méridienne où elle était installée avec, en ce qui la concernait, pour le coup, beaucoup moins de grâce et vient embrasser Melior avant de se laisser retomber dans son siège, invitant la duchesse à s'asseoir à son tour.

"Bien sur qu'il est toujours de mise, Melior... Et ça me fait grand plaisir de vous accueillir. Installez-vous ! Je vous aurez bien fait visiter et montré l'avancée des travaux mais... Je crois que nous devrons remettre ça à une autre fois!"

Souriante, elle souhaitait vite dissiper toute tension entre elles. Elles n'avaient pas été d'accord et sur bien des points encore à l'avenir, elles ne le seraient pas. Et si Melior restait son amie et que la marque de son mentorat restait imprimée en elle, Sophie avait muri, s'était affirmée, avait évolué...

"Je vais...mieux! Diia est très optimiste. Je commence à retrouver la souplesse de mon poignet, mon trou à la tête se referme : je n'ai donc plus d'excuse si je dis des bêtises. Et ma jambe... et bien je commence à poser le pied par terre et à pouvoir marcher doucement en m'appuyant sur une canne... Il se peut même que je n'en garde aucune séquelle..."

Le reste.. Aradiia lui avait appris quelques jours plus tôt. Elle préférait ne pas en parler... Oublier. C'est à ce moment que sa nouvelle gouvernante, Amendine, fit son entrée, annonçant la visite du messire bourgmestre...! Sophie ne put retenir de marquer sa surprise, jetant un œil à Melior avant de donner des consignes pour qu'on donne réponse au "messire". Puis se tournant vers sa visiteuse avec un petit sourire contrit :

"Et vous? Comment vous portez-vous? Quelles nouvelles...?"
_________________
Sophie, Vicomtesse de Terrides

Amendine était une veuve qui, étant venue à l'Ombrière pour y trouver un emploi était tombée sur la jeune duchesse... Aussitôt, en quelques échanges de phrases, le courant passa. Sophie avait racheté les terres et la maisonnette qui jouxtait son terrain, avait agrandi sa maison et gardé la petite construction pour y loger sa "gouvernante" et ses trois enfants. Amendine avait durant l'absence de sa maîtresse, supervisé les travaux, fait en partie réaménager les anciennes pièces, tout en s'installant un joli petit "cottage". Quand elle était rentrée chez elle, Sophie était pleinement satisfaite de ce qu'elle trouva... Son fils, Florimond, âgé de 16 ans était d'ores et déjà devenu son apprenti à la forge.

La "jeune" veuve, au visage triste, était sans grande beauté. Mais il faut avouer que cela changeait des augustes rombières et autres majordomes crispés. Amendine ne lâchait que rarement un sourire, autre que de politesse, sans grande lumière. Pourtant Sophie l'avait vue rire une ou deux fois et avait à ce moment remarqué combien elle pouvait s'embellir...

******

Ressortant du salon où elle avait laissé Melior et Sophie s'entretenir, elle vint donc porter réponse au maire de Montauban, d'une voix grave mais sans sourire :

"Messire. Dame Sophie reçoit pour l'heure Sa Grâce la Duchesse de Castelmoron d'Albret. Elle me fait vous dire que vous pouvez à loisir l'attendre ou revenir plus tard mais l'attente risque d'être un peu longue. Néanmoins, pour vous faire patienter, elle m'a indiqué que vous aimeriez peut-être une citronnade ou un peu de vin de Bordeaux?"

Crystal, qui eu connaissance de l'accident de Sophie, n'avait eu aucune nouvelle de son état depuis.

Ne pouvant plus attendre, elle décidait de se rendre au palais afin d'en savoir plus.

Arrivée à L'ombrière, un messire lui indiqua le chemin des appartements de Sophie. Elle monta quatre à quatre les escaliers, puis aperçu le bourgmestre, messire Sancte, qui patientait.

Ah, bien le bonjour messire Sancte. Je cherche la chambrée de dame Sophie, pouvez vous me l'ndiquer je vous prie ? n'ayant eu aucune nouvelle de son état, j'ai préférée me rendre ici.
_________________

Melior prit place comme l'y avait invitée Sophie, puis écouta et hocha légèrement la tête :

Point de séquelles, voici qui serait une bonne nouvelle.

Lorsque la gouvernante annonça le second visiteur, la Duchesse fronça le nez mais s'abstint de tout commentaire. Elle se contenta de répondre aux questions posées :

Je me porte bien, merci. Je profite de la sérénité d'un poste comme celui de Secrétaire d'Etat, simpl spectatrice des remous ou des tempêtes.
_________________
Duchesse de Castelmoron d'Albret, Vicomtesse de Beaumont en Périgord

Pour une fois mesuré, le bourgmestre de Montauban n'avait pas quitté la placette de l'Hotel de Ville pour se précipiter chez Sophie à tombeau ouvert. Il craignait que le maître des lieux ne le néglige en refusant de le recevoir. Mais les propos de la gouvernante chassèrent bien rapidement cette appréhension. A cette nouvelle, il se laissa lourdement choir vers l'arrière, dans le siège qu'il s'était choisi. Au cours de son attente silencieuse, il nota que l'endroit avait bien changé, et que la paisible maisonnée attenante à un simple atelier était devenue une fourmilière certes propre, mais remuante, à l'image du sergent Crystal qui venait de faire son apparition sur les lieux.

Je n'ai pas plus de nouvelles que vous sur son état. Mais il semblerait qu'il soit rassurant, autrement, elle ne recevrait pas visite, et nous ne serions pas ici.

Il n'allait pas s'en plaindre, même s'il se désolidarisait de toute forme de confiance vis-à-vis de l'univers médical. Conscient qu'elle n'allait pas se satisfaire de la réponse, il enchaîna en décollant de son fauteuil, trahissant par là sa nervosité.

Cela risque de durer encore un moment. Aussi, si vous avez un message à passer, n'hésitez pas à me le confier, et je le communiquerai.
_________________

"Aux hommes la droiture et le devoir, et à Dieu seul la Gloire !"
Sancte Iohannes -Primus Inter Pares du Lion de Juda et Gouverneur de Montauban-la-Réformée.

Pendant ce temps, dans le salon...

Sophie écoutait Melior, faisant comme elle mine de ne rien avoir remarqué, et sourit en l'entendant évoquer la tranquillité de son nouveau poste.

"Allons, Melior. Je sais que vous êtes fatiguée du pouvoir en Guyenne et, sur ce point, je vous comprends tout à fait. Je ne suis pas loin de vous rejoindre d'ailleurs... Mais vous n'êtes pas faite pour jouer le gratte-papier royal! Même si c'est une charge honorable s'il en est, vous ne courrez pas après ce genre de distinction honorifique. Je sais que vous aller la remplir consciencieusement mais vous ne vous contenterez pas de jouer les spectatrices... Vous êtes faite pour diriger Melior, pour jouer un rôle de décisionnaire et de premier plan.. Alors? Quels sont vos projets...?"

*****

Dans le vestibule :

Amendine vint accueillir la nouvelle visiteuse, annonçant de la même façon que "Dame Sophie" recevait Sa Grâce de Castelmoron d'Albret et qu'ensuite, elle recevrait sans doute messire le Bourgmestre si toutefois elle n'était pas trop fatiguée, la médicastre ayant recommandé du repos. Tout ceci dit sur un ton neutre, hormis peut-être une légère insistance sur le mot "repos". Enfin, elle déposa sur le guéridon près du fauteuil où Sancte a pris place une citronnade, indiquant à Crystal qu'elle va néanmoins aller lui chercher un verre.
_________________
Sophie, Vicomtesse de Terrides

"Je n'ai pas plus de nouvelles que vous sur son état. Mais il semblerait qu'il soit rassurant, autrement, elle ne recevrait pas visite, et nous ne serions pas ici.

....

Cela risque de durer encore un moment. Aussi, si vous avez un message à passer, n'hésitez pas à me le confier, et je le communiquerai. "

Crystal eu un sourire en coin. Le bourgmestre avait l'air nerveux et de toute évidence, s'il venait voir Sophie et surtout s'il était encore ici à patienter, ce qui n'est pas du tout de son genre, c'est qu'il accordait grande importance à cet entretien avec elle.

Crystal fronça quelque peu les sourcils.

Au même moment, elle vit arriver la gouvernante qui lui annonçait la visite actuelle de donà Melior et lui fit comprendre que trop de visite n'était point recommandé pour la duchesse.

Très bien, je vois que je suis au mauvais endroit au mauvais moment. Néanmoins, je comprend qu'elle aie besoin de repos, ce qui est normal. Dame, pouvez vous passer un bonjour amical à Donà Sophie de la part de Crystal. Dites lui s'il vous plait de prendre grand soin d'elle et qu'elle est dans mes pensées et mes prières.

Se retournant vers Sancte :

Vous n'êtes pas du genre à visiter une souffrante uniquement dans le but de prendre nouvelles de son état.

Ménagez-la Sancte, je vous le demande. Sur ce, bonne journée à vous.

Crystal esquissa un sourire à Sancte avant de s'en retourner.
_________________

L'éclat de l'oeil noir se raviva, et Melior sourit en coin :

Je me suis engagée dans cette charge pour une période de six mois, mais ce n'est point là ma seule occupation. Comme tu le sais, mon prime intérêt repose sur le droit...intéressant d'ailleurs de passer de l'autre côté de la barre...beaucoup moins contraignant, dirais-je...
Celui qui conteste a bien plus de facilités que celui qui bâtit.

Toutefois...résisterai-je au plaisir de me pencher encore sur l'architecture complexe des lois ?

Il est un projet dont je me dois de te parler. J'ai eu tantôt un entretien avec le Primus Inter Pares...l'homme possède l'art de convaincre, et il a su me tenter.
Je soumets ma candidature à la Pairie.
Il y a quelques semaines encore, je ne l'aurais pas cru moi-même...mais...on dira que je résiste à tout sauf à la tentation.
Et toi, tes projets ?
_________________
Duchesse de Castelmoron d'Albret, Vicomtesse de Beaumont en Périgord

Sophie bondit presque sur son fauteuil, arborant un sourire triomphant.

"Ah! Je le savais!... Melior...

Imitant son amie, taquine : "Non, vraiment la Pairie, ça ne m'intéresse guère, je n'ai pas trop envie, je ne sais pas..."
Je vois que le Primus Inter Parès et parrain de mon filleul est du même avis que moi!

Se radoucissant et retrouvant son calme :

"Vous y serez parfaite, comme toujours Melior. Je suis certaine que vous y ferez du bon travail.
Quant à moi et bien... Je vais devoir me reposer. Encore. Ordre de mon médicastre!" ajouta-t-elle d'un ton docte. "Et puis, après... Je crois que je vais..." Sophie hésite un instant, jette un oeil vers la porte avant de poursuivre. "... Faire un peu de ménage dans ma vie. Me retrouver. Je crois que mon futur chez moi va m'y aider... D'ailleurs, à ce propos, j'aurais un service à vous demander."
_________________
Sophie, Vicomtesse de Terrides

Melior croisa les bras :

D'accord, vous avez eu raison et moi tort.

Souriant :

Merci pour ta confiance.

Levant l'index, l'air faussement menaçant :

Mais attention que ça ne sorte pas de cette pièce !
Ceci dit, restent aux Pairs et au Roi d'être de cet avis. Et je pense que nous avons encore un peu de temps devant nous.

Revenant à un air plus sérieux :

Du repos...oui, il le faut. Quant au ménage, c'est parfois également nécessaire...même si douloureux ou particulièrement difficile. Disons que l'essentiel est de ne pas se perdre soi-même, que ce soit pour une cause, ou pour des personnes.
Mais quel est ce service ?
_________________
Duchesse de Castelmoron d'Albret, Vicomtesse de Beaumont en Périgord

Sophie écouta Melior et perçut qu'elles comprenait très bien de quoi elle parlait. Comme à l'accoutumée lorsqu'il s'agissait de leurs vies privées respectives, pas de jugement, pas de commentaires, seul importait le bonheur de l'autre. Elle hocha la tête et esquissa une petite grimace avant de répondre :

"Et bien... hum... J'aurais envie ou besoin de prendre un peu l'air, changer un peu de l'air montalbanais d'ici quelques temps. Mais je n'ai pas d'équipage... Est-ce que vous pourriez me prêter un carrosse, une voiture, une charrette... Quelque chose avec des roues pour me trimballer avec mes bagages et ma gouvernantes...?"

Sophie était un peu gênée d'adresser pareille demande mais son immobilisation l'avait empêchée de pourvoir aux nécessités de sa future condition.
_________________
Sophie, Vicomtesse de Terrides