Un voyage interminable: partie 2
La pluie avait cessée, enfin, un petit rayon de soleil transperçait difficilement les nuages gris qui surplombaient le paysage campagnard. Arkhanis ne cétait arrêter que pour prendre un frugale repas avant de partir. De toute façon, toutes ses provisions avaient été volées, il dut se contenter de peu. La faim était en fait devenue une habitude, cela faisait mal au début, mais ensuite, on ne la sentait plus. Et ce nétait pas plus mal, car , sans un rond en poche, il était difficile payer quoi que ce soit. Oh, il ne sinquiétait pas, il arriverait bien à voler une poule quelque part. Il détrousserait bien un pauvre passant, mais la force et le cur ny était pas, surtout après le fâcheux événement en Champagne qui lui avait valut un « B » marqué au fer rouge sur la paume de sa main droite
Mais plus il y pensait, plus il se rendit compte quen fait, même si il avait cru le contraire quelques minutes plus tôt
il avait faim
-Bon arrête de penser à la bouffe
tu te fais du mal
Difficile de ne pas y penser en fait, comme tout besoin primaire, il nous obnubile tant quon ne la pas assouvis. Dailleurs, en parlant de besoin primaire
Y en a un autre quil navait plus assouvis depuis longtemps. Pas que les femmes manquaient mais juste quil ne les trouvait plus à son goût. Lui il pensait à sa petite Mari, la douceur de sa peau, sa démarche aguicheuse, la tendresse de ses baisers, la sensualité de ses caresses
Plongé dans ses rêvasseries, il se remémorait les moments quil avait passé à ses côtés, dans le fond dune taverne lugubre de Genève. Malgré le cadre miteux, il ne pouvait sempêcher de penser que ces instants privilégiés étaient magnifiques, et quil donnerait nimporte quoi pour le revivre ne serait-ce quune fois. Il se mit une baffe.
-Arrêtes de penser à ça
Tu es Arkhanis, une fripouille, un fourbe, un salaud sans cur et sans scrupule. Tu es solitaire
Tu rejoins cette femme juste parce quelle était pas mal au pieu
Il sarrêta un instant, pensif. Puis repris sa marche en soupirant.
-Non
En fait
Tu es tombé amoureux imbécile que tu es
Soudain, il sarrêta net. La bouche grande ouverte. Si il avait pu se voir à ce moment là, il se serait rendu compte à quel point il avait lair stupide. Puis un petit sourire se dessina sur ses lèvres déshydratées. Devant lui se tenait un vieux panneau en bois moussu rongé par le temps et les intempéries. Il y était inscrit « Laval », son voyage interminable le sera pourtant dans pas longtemps. Et oui, à force de cogiter en marchant, les pieds peuvent vous amener loin, très loin. Il se redressa fièrement, puis repris sa route en sifflotant de plaisir.
Il ne lui fallut pas plus dune demi-heure pour arriver à Laval. Une bourgade sympathique, pas mal de tavernes. Mais ça il sen foutait éperdument, ce quil voulait, cest sa Mari, là, de suite, il nen pouvait plus dattendre. Il surprit un gosse en train de jouer dans une rue adjacente et se dirigea vers lui.
-Et! Le merdeux! Tu connaîtrais pas une femme aux cheveux sombres plutôt mignonne qui sappelle Maribel.
-Pourquoi vous minsultez msieur?
-Ferme là et répond.
Il avait beau se montrer menaçant
Le sale gosse avait pas lair dêtre impressionné. Il le regardait avec ses petits yeux pleins de malice.
-Savez msieur, dnos jours tous spaye.
Arkhanis resta là estomaqué. Sale merdeux, il osait lui demander ça. Elle est où la charité dans ce monde pourrit. Tous des voleurs! Dabords les ritales, et vlà pas quil se faisait dévaliser par un môme de 10 ans! Il avait pas le choix, trop impatient de chercher de lui-même et trop crasseux pour sadresser à lun de ces snobinards richement vêtus qui refuseraient surement de parler à un pouilleux en loque comme lui. Il était tombé bien bas le loup solitaire, la terreur du nord
-Tiens vla mon dernier écus sale mioche, maintenant dis moi!
-Suivez moi msieur
Le gamin commença à arpenter la ville. Plus il avançait, plus Arkhanis avait limpression de senfoncer dans les bas-fonds de la cité, des tripots un peu partout, des poivrots qui font la manche pour se payer un peu de bibine. Mais quest ce quelle était venu faire dans ce quartier malfamé.
-Vous puez msieur!
-Et le morveux, jte paye pas pour faire des commentaires.
Le gosse sarrêta enfin devant une de ces tavernes lugubre, aux murs de bois pourrit. Sans même regarder le gosse ni laspect répugnant des lieux, Arkhanis se précipita à lintérieur. Là, des soiffards étaient déjà en train de se remplir le gosier. Tous se retournèrent en voyant le pouilleux qui venait dentrer. Sans faire attention aux regards, nayant même pas pris conscience de létat lamentable dans lequel il était, Arkhanis se dirigea vers le tenancier.
-Je cherche une jolie femme aux cheveux sombre, qui se déhanche en marchant, parait quelle est dans votre rad
établissement.
Le gros bonhomme rit grassement avant de répondre.
-Pour sûre quje la connais vot ptite dame, elle est à létage. Cest quelle offre de jolis spectacles. Plaisants seulement pour les oreilles malheureusement, si ça serait pour les yeux ou encore pour la...
-Quelle chambre!
-La première, mais attendez jcrois quelle est occupée
Arkhanis ne le laissa même pas finir sa phrase, il grimpait déjà dans les escaliers. Il arriva en face dune vieille porte moisie sans verrou. Il respira profondément, puis ouvrit la porte dun coup, ne pouvant plus patienter. Elle lui manquait trop
Là, ce fut le choc
Il la reconnut dans la pénombre de la pièce, il tressaillit comme si il venait de voir un fantôme
Elle était exactement comme il lavait laissée un an plus tôt. Mais
un détail le dérangeait, elle est
quoi? AVEC UN AUTRE!