Arkhanis
Un voyage interminable: partie 1
Il pleuvait encore sur l'infini de la grande route, cela n'arrangeait rien au malheur du pauvre type en loque qui marchait depuis une éternité sur cet enfer de boue et de crasse. Qu'est ce qui lui avait pris de se lancer dans ce bourbier? Quel démon lui avait soufflé de traverser tout le royaume pour une femme? Il se le demandait, car son périple n'a été jusqu'à présent qu'une succession d'emmerdes. Son moral était à zéro... D'ailleurs il n'entrait dans les villes que pour se réapprovisionner puis partait immédiatement. Il était fatigué... Fatigué de faire semblant... Fatigué de devoir supporter les gueules d'endives de ces snobinards, de ces nobles, de tous ces creuvards nés le cul dans le beurre. Autrefois pourtant il était habile pour se mêler à ces gens. Plus d'une fois il leur a soutirés de l'argent rien qu'avec son petit minois. Sans parler de toutes ces greluches tout juste bonnes à traîner dans son lit le temps d'un soir qui croyaient naïvement qu'il les aimait d'un amour véritable.
Épuisé autant par la marche que par le poids de ses pensées, Arkhanis s'affala lourdement contre le tronc d'un arbre, espérant trouver un peu de protection dans les feuillages face à la pluie qui s'intensifiait. Trop crevé pour faire attention à quoi que ce soit et regardant dans le vide, il n'entendit même pas les bruits de pas qui se rapprochaient. Ce n'est que quand il vit une belle paire de bottes se caler en face de son champ de vision qu'il comprit qu'il n'était pas seul. Levant les yeux doucement, il aperçut alors trois types, plantés là, le sourire aux lèvres. Dès le début, il comprit qu'ils avaient un truc d'étrange. Déjà les moustaches à bouclettes ridicules lui disaient quelque chose, mais ce n'est que lorsqu'il entendit parler l'un d'entre eux qu'il se rendit compte qu'il avait affaire à des Italiens. Il l'avait déjà entendu ce parler, il y a longtemps, alors qu'il servait avec les volontaires en Provence.
-Qu'est ce que vous m'voulez... J'pige rien à ce que vous racontez. Tirez vous...
Mais les trois n'avaient pas l'air de vraiment réagir... Alors il leur indiqua comme il pouvait avec les mains de passer leur chemin. Toujours pas de réaction... Puis le trou noir... les jolies bottes du monsieur venaient d'atterrir en plein dans sa figure. Même pas le temps de réagir qu'il se retrouvait l'épée sous la gorge... Ils embarquent sa bourse et son pain, puis se tirent en riant. Grand moment de solitude et de frustration...
-Qu'est ce qu'ils foutaient dans ce coin du pays ceux là... Pis... 150 écus...
Il hésitait à retourner leur botter le cul... Mais il était seul et désarmé... Et puis en loque... Les trois gaillards auraient eu vite fait de le réduire en charpie. Alors il mordit sur sa chique et continua d'avancer. Le poids de ses idées était toujours là... mais plus celui de ses pièces... C'était déjà ça de moins à porter comme fardeau. Mais voilà pas que quelques minutes plus tard, il recroise des gens... Un type et sa gonzesse... Et... Et... ENCORE DES RITALES! Il dut faire un effort pour ne pas paraître trop désagréable, surtout que les deux le dévisageaient. En même temps, un type presque à poil qui se trimballe pieds nus dans la boue... c'est pas banal... Mais à peine avait il le dos tourné qu'il sentit un gros cou contre sa tête. Il tomba face contre terre... En plein dans la bouillasse.
-Ce passe quoi là?
Il se retournait rapidement et vu que le ritale lui avait pointé son épée sur le cou pendant que sa grognasse lui faisait les poches! C'est le bouquet ça! Deux sur une journée!
-Dommage... Vos potes sont passés avant!
Rageant du maigre butin... Les salauds prirent l'herbe à pipe et le rouèrent de coups avant de continuer leur chemin comme si de rien était. Il mit cinq minutes à se relever péniblement, réajusta ce qui lui servait de vêtement, puis continua sa route, mains dans les poches...
-C'est ma journée...
Il repensait alors à Mari, qui devait l'attendre là... loin au bout de cette route infernale. Il avait beau être trempé jusqu'à l'os, cette pensée lui réchauffait le cur. Il se ressaisit quand il se surprit à être romantique... Comment étais-ce possible... Comment lui, Arkhanis, le loup solitaire, avait il put s'éprendre pour une femme. D'habitude, les femmes, il les supportait une nuit grand maximum, puis déjà il était lassé. Mais là c'était différent, une sensation qu'il n'avait jamais ressentie auparavant... l'amour avec un grand A. Cela l'avait rendu fou... A tel point qu'il s'était lancé dans cette quête interminable. Il allait arriver dans quelques jours... Mais voudrait elle encore de lui? Cette pensée le terrifiait... Être rejeté. Une chose qui lui était déjà arrivée face à des femmes qu'il n'aimait pas vraiment... Mais comment allait-il réagir si celle qu'il désirait plus que tout ne voudrait plus de lui...
Il pleuvait encore sur l'infini de la grande route, cela n'arrangeait rien au malheur du pauvre type en loque qui marchait depuis une éternité sur cet enfer de boue et de crasse. Qu'est ce qui lui avait pris de se lancer dans ce bourbier? Quel démon lui avait soufflé de traverser tout le royaume pour une femme? Il se le demandait, car son périple n'a été jusqu'à présent qu'une succession d'emmerdes. Son moral était à zéro... D'ailleurs il n'entrait dans les villes que pour se réapprovisionner puis partait immédiatement. Il était fatigué... Fatigué de faire semblant... Fatigué de devoir supporter les gueules d'endives de ces snobinards, de ces nobles, de tous ces creuvards nés le cul dans le beurre. Autrefois pourtant il était habile pour se mêler à ces gens. Plus d'une fois il leur a soutirés de l'argent rien qu'avec son petit minois. Sans parler de toutes ces greluches tout juste bonnes à traîner dans son lit le temps d'un soir qui croyaient naïvement qu'il les aimait d'un amour véritable.
Épuisé autant par la marche que par le poids de ses pensées, Arkhanis s'affala lourdement contre le tronc d'un arbre, espérant trouver un peu de protection dans les feuillages face à la pluie qui s'intensifiait. Trop crevé pour faire attention à quoi que ce soit et regardant dans le vide, il n'entendit même pas les bruits de pas qui se rapprochaient. Ce n'est que quand il vit une belle paire de bottes se caler en face de son champ de vision qu'il comprit qu'il n'était pas seul. Levant les yeux doucement, il aperçut alors trois types, plantés là, le sourire aux lèvres. Dès le début, il comprit qu'ils avaient un truc d'étrange. Déjà les moustaches à bouclettes ridicules lui disaient quelque chose, mais ce n'est que lorsqu'il entendit parler l'un d'entre eux qu'il se rendit compte qu'il avait affaire à des Italiens. Il l'avait déjà entendu ce parler, il y a longtemps, alors qu'il servait avec les volontaires en Provence.
-Qu'est ce que vous m'voulez... J'pige rien à ce que vous racontez. Tirez vous...
Mais les trois n'avaient pas l'air de vraiment réagir... Alors il leur indiqua comme il pouvait avec les mains de passer leur chemin. Toujours pas de réaction... Puis le trou noir... les jolies bottes du monsieur venaient d'atterrir en plein dans sa figure. Même pas le temps de réagir qu'il se retrouvait l'épée sous la gorge... Ils embarquent sa bourse et son pain, puis se tirent en riant. Grand moment de solitude et de frustration...
-Qu'est ce qu'ils foutaient dans ce coin du pays ceux là... Pis... 150 écus...
Il hésitait à retourner leur botter le cul... Mais il était seul et désarmé... Et puis en loque... Les trois gaillards auraient eu vite fait de le réduire en charpie. Alors il mordit sur sa chique et continua d'avancer. Le poids de ses idées était toujours là... mais plus celui de ses pièces... C'était déjà ça de moins à porter comme fardeau. Mais voilà pas que quelques minutes plus tard, il recroise des gens... Un type et sa gonzesse... Et... Et... ENCORE DES RITALES! Il dut faire un effort pour ne pas paraître trop désagréable, surtout que les deux le dévisageaient. En même temps, un type presque à poil qui se trimballe pieds nus dans la boue... c'est pas banal... Mais à peine avait il le dos tourné qu'il sentit un gros cou contre sa tête. Il tomba face contre terre... En plein dans la bouillasse.
-Ce passe quoi là?
Il se retournait rapidement et vu que le ritale lui avait pointé son épée sur le cou pendant que sa grognasse lui faisait les poches! C'est le bouquet ça! Deux sur une journée!
-Dommage... Vos potes sont passés avant!
Rageant du maigre butin... Les salauds prirent l'herbe à pipe et le rouèrent de coups avant de continuer leur chemin comme si de rien était. Il mit cinq minutes à se relever péniblement, réajusta ce qui lui servait de vêtement, puis continua sa route, mains dans les poches...
-C'est ma journée...
Il repensait alors à Mari, qui devait l'attendre là... loin au bout de cette route infernale. Il avait beau être trempé jusqu'à l'os, cette pensée lui réchauffait le cur. Il se ressaisit quand il se surprit à être romantique... Comment étais-ce possible... Comment lui, Arkhanis, le loup solitaire, avait il put s'éprendre pour une femme. D'habitude, les femmes, il les supportait une nuit grand maximum, puis déjà il était lassé. Mais là c'était différent, une sensation qu'il n'avait jamais ressentie auparavant... l'amour avec un grand A. Cela l'avait rendu fou... A tel point qu'il s'était lancé dans cette quête interminable. Il allait arriver dans quelques jours... Mais voudrait elle encore de lui? Cette pensée le terrifiait... Être rejeté. Une chose qui lui était déjà arrivée face à des femmes qu'il n'aimait pas vraiment... Mais comment allait-il réagir si celle qu'il désirait plus que tout ne voudrait plus de lui...