Aimbaud
[Coming Back]
Anjou - Berceau de l'Humanité.
La campagne défile sous les sabots du demi-poney racé, robe noire à tâches blanches (mayde in Bourgogne). Le cavalier est enveloppé par sa capuche. Il n'a plus rien d'humain, il s'est transformé en distributeur de coups de cravache. La cavalcade est sportive. Le destrier souffle, les cailloux sont broyés, l'Angevignon tient son poing agrippé aux rênes, les jambes arquées et le cul qui frôle à peine le coussin rembourré de sa selle.
Plus vite que la foudre, ils tracent un sillon de poussière et de boue dans les fourrés. Leur orbe destructrice s'enfonce dans les collines, ne laissant derrière eux qu'une bande de hérissons écrasés.
Les sabots déchaînés s'enfoncent bientôt dans la terre molle des Spinozistes. Un hameau se dessine sur la ligne tranchante, entre ciel orageux et champ de maïs anachronique. Les maisons se rapprochent, secouées, tressautant au rythme des coups de pattes de Pet-Gaz (c'est le patronyme du cheval - ce dernier est bien connu dans les écuries du castel Corbigny pour ses constantes délivrances intestinales).
La terre battue semée de flaques laisse place à un parterre de pavés.
Le cavalier s'incline pour éviter l'écriteau d'un maréchal-ferrant au blason de Gennes dirigé tout droit dans sa face et continue sa course, le nez dans le guidon du destrier. Et voilà que la forteresse se profile...
Elle est là. Les tourelles armées se dressent comme des pals menaçant Aristote, c'est bien un domaine d'hérétiques. Des flammes crues luisent aux pieux qui cernent la porte. Quelques sortes d'armoires à glace en acier trempé sont postées aux coins stratégiques : des gardes.
Elle est là ! Aimbaud écarte sa capuche, les doigts en étoiles. Il secoue le nuage de vapeur qui lui brouille la vision : Pet-Gaz a le souffle opaque, signe de mauvais temps. Le cur lui bat dans le poitrail alors qu'il met pied à terre, s'enfonçant dans la forêt qui borde le Château. Ce soir, il va retrouver sa dulcinée ! Cestelle à laquelle il est promis depuis la plus tendre enfance ! Se souvient-il de son visage ? Deux ans ont passé depuis son départ pour la Bourgogne, elle n'est plus qu'un souvenir ébréché dans sa mémoire de gamin. Mais bon dieu qu'il a hâte de se la remémorer !
Pet-Gaz, assis.
Une botte de Boletus Erythropus, dits Bolets à pied rouges (comestibles bien cuits) sombra dans d'affreuses effluves, sous la croupe du cheval. Quelques galets sautèrent sous le choc.
Pas un hennissement, je reviens.
Le nain beau ramassa alors des cailloux puis entreprit l'ascension d'un chêne en bordure. Agile, silencieux, il quatre-patta sur une branche solide, élancée vers les remparts. Il s'y stabilisa, arma son lance-pierre, l'il plissé, la langue tirée, le bras ferme et...
ZZzzzuiiii... Bling !
Meeerde.
Le carreau de la belle vola en éclats.
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Anjou - Berceau de l'Humanité.
La campagne défile sous les sabots du demi-poney racé, robe noire à tâches blanches (mayde in Bourgogne). Le cavalier est enveloppé par sa capuche. Il n'a plus rien d'humain, il s'est transformé en distributeur de coups de cravache. La cavalcade est sportive. Le destrier souffle, les cailloux sont broyés, l'Angevignon tient son poing agrippé aux rênes, les jambes arquées et le cul qui frôle à peine le coussin rembourré de sa selle.
Plus vite que la foudre, ils tracent un sillon de poussière et de boue dans les fourrés. Leur orbe destructrice s'enfonce dans les collines, ne laissant derrière eux qu'une bande de hérissons écrasés.
Les sabots déchaînés s'enfoncent bientôt dans la terre molle des Spinozistes. Un hameau se dessine sur la ligne tranchante, entre ciel orageux et champ de maïs anachronique. Les maisons se rapprochent, secouées, tressautant au rythme des coups de pattes de Pet-Gaz (c'est le patronyme du cheval - ce dernier est bien connu dans les écuries du castel Corbigny pour ses constantes délivrances intestinales).
La terre battue semée de flaques laisse place à un parterre de pavés.
Le cavalier s'incline pour éviter l'écriteau d'un maréchal-ferrant au blason de Gennes dirigé tout droit dans sa face et continue sa course, le nez dans le guidon du destrier. Et voilà que la forteresse se profile...
Elle est là. Les tourelles armées se dressent comme des pals menaçant Aristote, c'est bien un domaine d'hérétiques. Des flammes crues luisent aux pieux qui cernent la porte. Quelques sortes d'armoires à glace en acier trempé sont postées aux coins stratégiques : des gardes.
Elle est là ! Aimbaud écarte sa capuche, les doigts en étoiles. Il secoue le nuage de vapeur qui lui brouille la vision : Pet-Gaz a le souffle opaque, signe de mauvais temps. Le cur lui bat dans le poitrail alors qu'il met pied à terre, s'enfonçant dans la forêt qui borde le Château. Ce soir, il va retrouver sa dulcinée ! Cestelle à laquelle il est promis depuis la plus tendre enfance ! Se souvient-il de son visage ? Deux ans ont passé depuis son départ pour la Bourgogne, elle n'est plus qu'un souvenir ébréché dans sa mémoire de gamin. Mais bon dieu qu'il a hâte de se la remémorer !
Pet-Gaz, assis.
Une botte de Boletus Erythropus, dits Bolets à pied rouges (comestibles bien cuits) sombra dans d'affreuses effluves, sous la croupe du cheval. Quelques galets sautèrent sous le choc.
Pas un hennissement, je reviens.
Le nain beau ramassa alors des cailloux puis entreprit l'ascension d'un chêne en bordure. Agile, silencieux, il quatre-patta sur une branche solide, élancée vers les remparts. Il s'y stabilisa, arma son lance-pierre, l'il plissé, la langue tirée, le bras ferme et...
ZZzzzuiiii... Bling !
Meeerde.
Le carreau de la belle vola en éclats.
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