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Info:
Ce rp fait suite à celui nommé "ab imo pectore" et retrace la mort de la duchesse Izarra de Ozta d'Harlegnan

Izar bat hiltzen denean

Izarra
Forme immobile allongée sur sa couche, la duchesse éprouve une immense difficulté à sortir de son abattement. Visage pâle, blême même, au milieu d'une cascade de cheveux bruns-gris épars sur l'oreiller, visage sur lequel ressortent crûment deux tâches rouge vif que la fièvre qui la ronge depuis l'enfantement allume sur ses pommettes. Transie de froid et pourtant brûlante de fièvre, elle somnole tandis que coulent les heures. Matines, laudes, primes.... De temps à autre, un frisson la parcourt malgré l'empilement des couvertures de douce fourrure qui la recouvre. Plongée dans une étrange torpeur, elle se sent, et se sait, sans force, victime toute désignée du mal des accouchées, dont bien peu se remettent.

Elle a perdu la notion du temps. De loin en loin, elle sent qu'on lui appuie un bol contre les lèvres, se force à avaler quelques gorgées du breuvage qu'on lui présente, puis se laisse retomber en arrière, épuisée par ce modeste effort. Une part d'elle l'exhorte à se ressaisir, à lutter contre cet anéantissement qui la gagne. Mais cette part désormais n'est plus prépondérante chez elle. La volonté qui l'a si souvent soutenue lui fait aujourd'hui défaut. Lutter? A quoi bon... Lutter pour qui, pour quoi? Tout ce pour quoi elle s'est battue jusque là? Terres, enfants, honneur, fierté... Tous ces ressorts qui l'animaient, toutes ces branches auxquelles elle s'était raccrochée après la mort de Raphaël, lui paraissent si futiles, si vides de sens désormais. Le sort de ses terres est réglé depuis longtemps, tout comme celui de ses enfants. Elle y a veillé, tyran en jupe jusqu'au bout, songe-t-elle avec un reste furtif de son ancienne ironie. Plus rien ne la retient. Plus rien? Il reste pourtant l'enfant, ce nouveau-né vagissant dont elle devine plus qu'elle n'entend les pleurs de temps à autre. Fut un temps où la pensée de ce petit être l'aurait retenue, tirée du vide où elle se sent glisser. Un temps où elle aurait cru qu'il avait besoin d'elle, qu'il était de son devoir de résister, de veiller sur lui. Un temps où ses autres enfants ne lui avaient pas encore démontré, à coups de reproches et de rancoeur, qu'elle ne leur était nécessaire en rien. Une esquisse de sourire apparaît sur ses lèvres. Elle n'a même plus la force de s'encolérer en y repensant, quand le simple souvenir de leurs affrontements la mettait quelques jours avant encore, dans une rage folle. Décidément non, elle ne luttera pas, d'autant qu'elle pressent, dans la moindre fibre de son être, qu'elle ne sortirai pas vainqueur de la lutte cette fois. S'abandonner, enfin... Déposer le fardeau qui lui broie les épaules depuis tant d'années... Se laisser aller, et les rejoindre, enfin.

La forme s'agite et geint doucement. Les paupières clignent puis se soulèvent sur un regard un peu vague, déjà ailleurs. Elle tourne légèrement la tête, plisse les yeux, distingue deux formes non loin d'elle. La chevelure de bronze de sa douce capte les reflets du feu qui brûle non loin d'elle et luit doucement dans la pénombre. Plus près, les traits tirés par la fatigue mais reflétant la douceur dont elle ne s'est jamais départie en sa présence, Eloin. La navarraise rassemble ses forces pour tendre vers elle une main hésitante. Et dégantée, mais la brune démente cette fois ne s'en rend pas compte, concentrée qu'elle est sur les pourtant brèves et simples paroles qu'elle veut prononcer.


Comment... va mon fils? Et... Et les autres? Ne sont-ils... point là?




Traduction du titre: "Quand une étoile s'éteint". Et petit rappel; Izarra signifie "l'étoile" en basque
Gilgalad
J'arrive tenant Elianor par la main devant la porte des apartements de la duchesse... Je la regarde , compatissant et attendri ...

Nous y somme petite princesse ...

je lui serre doucement la main et frappe a la porte ...
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Perturabo
Un rire décadent ou l'ombre écorchée d'un résidu d'une humanité qui l'a banni des vivants, il ne rôde ni n'attend ... son heure ... à elle ... la sienne n'appartenant plus aux mémoires collectives des masses indifférentes ... crut-il. Le troupeau de Léviathan accueille les âmes rejetées de la civilisation pour nourrir l'essence de la même bête, qui, ronge les cœurs et les chairs d'une civilisation parjure à ses pères ... A mi-chemin entre une tyrannie génocidaire et un libre arbitre décadent, où paranoïa n'est qu'une amère consommation de ce qu'engendre une vie débauchée, Belial fauche les damnés dans un cycle qui n'a pas de fin ... hormis de brefs écarts accordés qui permettent la libération d'une colère sans bornes ... il attend ... son heure ... à elle ...

Quant à la chair, que trop avons nourrie,
Elle est piéça dévorée et pourrie,
Et nous, les os, devenons cendre et poudre. [1]

Elle gît là dans une large couche qu'il aurait autrefois partagé sans hésitation aucune ni remords, juste un sourire pour craqueler un visage empreint d'un pourpre aux couleurs des crimes commis ... ou un temps lointain. Des couvertures soignées pour une carcasse vieillie, l'abdomen fragile de la duchesse témoigne de la récente gestation mise à terme ... quand ... ? ... Il est là sans l'être, à demi-hagard entre confusion et fascination, oubliant pour se souvenir pour oublier ce que ses yeux ont à offrir à un esprit qui ne lui appartient plus ... une silhouette qui s'agite, connue et touchée, ou confortée et ressentie, porteuse d'un germe fatidique ayant entraîné son ... décès. Mort ; assassinat ; parricide ; tuerie ; massacre ; ignominie. Le visage de son persécuteur le hante et l'arme qui l'eut éteint se ... Un hurlement d'effroi ou un souffle diabolique sur le corps de la folle à lier qu'il accompagne, il lâche ...


[1] © Villon
Alexandre*
Alexandre arrive derriere le Seigneur de St Estephe qui frappe a la porte de la Duchesse.
Il ne sait pas si il pourra entrer et voir la duchesse...Peut etre est ce deja trop tard.
Il ne peut s imaginer la disparition de la Duchesse. Il se souvient des moments et des discutions qu'il a eu avec Izarra. Il la revoit affronter l' armée de Pépé Kaly. Il pense aux nombreux conseils qu' elle lui avait donner sans jamais le prendre pour trop jeune Capitaine.

Les yeux d' Alexandre se brouillerent sans que personne ne pu s' en apercevoir
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Izarra
Comme en réponse à sa dernière question, un toquement léger à l'huis de la chambre. Une forme s'avance vers elle et se penche, hésitante.

Ma dame? Dois-je.....?

La jeune meschine. Elle ne sait plus son nom, comme tant d'autres choses qu'elle a oublié, et qui n'ont plus guère d'importance de toute façon. Elle s'apprête à répondre. A essayer du moins. Esquisse un vague geste de la main et s'interrompt brusquement. Fronce les sourcils, le regard soudain fixe, trop fixe...

Froid. Menace. Un rire dément qui résonne dans sa tête. Comme là-bas. Elle frissonne, apeurée soudain comme une proie qui vient de découvrir, tapi dans l'obscurité, le prédateur qui la guette impitoyablement. Ne pas se laisser prendre aux rets tendus par sa folie. Se rappeler. Se rappeler qu'elle est ici chez elle. Au milieu des siens. Se détourner de ces visions qui la hantent, reprendre pied dans la réalité, une dernière fois. Nul ne peut plus rien ici bas, ni contre ni pour elle. Quant à l'au-delà... c'est une autre affaire...

Hochement de tête en direction de la meschine, approbation muette confirmée d'une voix faible.


Fais entrer....
Gilgalad
La porte s'ouvre et j'entre tenant toujours Elianor par la main ... je peux ressentir sa crainte, son inquietude , je m'approche doucement d'iza, elle est allongée là, fatiguée ...je ne l'avais jamais vu comme ça mais je m'efface laissant place a Elianor ...

Oui j'ai envie de lui prendre la main de m'asseoir a son chevet ...tenter de la rassurer mais ... mais ... il y a sa famille qui est là ...

je lache la main d'Elianor et me recule cherchant a sortir du champs de vison de la duchesse ...

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Elianor
Je m'approche à petits pas lents, serrant la main du seigneur de Saint Estèphe et retenant mon souffle. C'est mère, cette forme blâfarde qui gît sur sa couche? J'écarquille des yeux incrédules. Ca n'est pas possible! J'ignore certes tout des réalités d'un enfantement, mais comment est-il possible que cela suffise à transformer ainsi ma génitrice? Je sens la main de mon accompagnateur qui relâche la mienne et, un court instant, je sens la panique m'envahir. Si je m'écoutais, je prendrai mes jambes à mon coup et m'enfuirai loin de cette pièce à l'ambiance macabre. Mais je me gourmande intérieurement. Le courage n'est peut être pas mon point fort, mais ma fierté m'interdit de fuir comme un piaf devant la moindre difficulté.

Pas très sûre de moi néanmoins, j'achève donc seule les quelques pas qui me séparent encore de la couche maternelle, me pose doucement sur le lit et attrape une main dont la maigreur me terrifie. Plaquant sur mes lèvres tremblantes un petit sourire peu convaincant, je marmonne.


Mère? Voyez, je suis là, et vos vassaux m'accompagnent. Nous nous inquiétions pour vous. Comment vous sentez-vous?

Question stupide tant l'épuisement de la mère en question est visible, même à mes yeux de gamine. Mais il ne m'en est pas venu d'autre à l'esprit.
Alexandre*
Alexandre suit encore une fois Elianor et Gilgalad. Il se tient a l' ecart legerement sur le côté, ne sachant quelle attitude adoptée.

La femme déterminée qu' il a connu n' est malheureusement pas celle qu' il voit dans ce lit.

La Duchesse est terriblement amoindrie par cet accouchement. Alexandre comprend qu' Izarra vit ses dernieres heures, qu' elle n' a la force de vivre que par la présence des siens autour d' elle , et surtout de sa fille.

Alexandre n'a jamais eu l' occasion de voir mourrir quelqu' un qui lui est proche, et qu il affectionne.
Une boule dans la gorge l' empeche de prononcer un mot. D' ailleurs que pourrait il dire en pareil circonstance ?
A part crier la douleur qui le submerge.

Alexandre regarde du coin de l oeil Elianor qui garde toute sa dignité, bien que son inquietude de fillette se percoive.

Puis il essaye de capter le regard de Gilgalad afin de voir si ses pensées sont les memes.
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Eloin
Le temps semblait s'écouler fort lentement, maintenant. Comme s'il s'estait suspendu pour laisser le loisir à la dame de s'en aller aussi paisiblement que possible. Ce qui ne serait point une mince affaire, vu les ombres qui semblaient l'assaillir régulièrement, la faisant frissoner et parfois secouer la teste. Sans vraiment ouvrir les yeux, la duchesse -ou ce qu'il en restait, du moins- cherchait quelqu'un, quelque chose à qui se raccrocher pour ne point sombrer. A moins que ce ne soit pour l'aider à partir, justement, elle qui estait si faible et dont le départ estait, d'après Cerridwen, une question d'heures.
Autorisation avaict esté donnée, quelques instants plus tost, pour faire venir les membres de la mesnie présents à Lesparra en cet instant. Ils estaient peu, en vérité, les aultres enfants ayant préféré fuir cette mère folle plutost que d'affronter la réalité, laissant à d'aultres le soin de se charger de ce fantosme vivant... Oui, elle leur en voulait, en elle-mesme, à ces enfants qui disaient aimer leur mère et qui pourtant la laissaient seule dans pareil moment, alors qu'ils pleureraient de dépit lorsqu'ils verraient son corps sans vie, se reprochant de ne point avoir esté là. A moins qu'ils ne dansent autour de son lit de mort, savourant une liberté qu'ils pensaient entravée par la simple présence de la maternelle ? Pourtant ils l'avaient prise cette liberté, allègrement, sans demander nul avis, semant douleur et colère derrière eux. Et ces colères, ces pleurs, ce fut elle qui les avaict accueillis le plus souvent, donnant son épaule pour soutien, son ouïe pour déversoir aux ires ducales... Elle tentait, Eloin, de remettre son esprit dans le droit chemin, de le détourner de ce resssentiment qui ne ferait point bon ménage avec le temps de deuil qui suivrait, mais cela semblait, pour le moment, au dessus de ses forces.
Sa propre fatigue s'ajoutait à la douleur qui l'avaict envahie lorsque la rousse luy avaict signifié d'un regard qu'il n'y avaict plus d'espoir, et qu'il faudrait annoncer la nouvelle au reste de la famille. Coursiers, messages seraient à envoyer aux membres vivant loin de Guyenne, pour les prévenir de la funeste nouvelle et les informer de la date des funérailles. Le ferait-elle, ou laisserait-elle à d'aultres cette tasche ? Pour l'instant, elle n'avaict rien décidé, la jeune dame de parage, qui dans quelques heures ne le serait plus d'ailleurs. Délivrée de sa tasche par la mort de sa dame, celle qu'elle avaict suivi durant des années sans se poser de questions, laissant son mari et ce Maine qu'elle aimait tant. Des jours, des semaines, parfois plusieurs mois loin de ceux qu'elle aimait, mais auprès de ce qui estait pour elle devenu au fil du temps une seconde famille, quand sa famille à elle se trouvait éparpillée à travers le royaume de France...

Assise sur le lit, épongeant de temps à aultre le front ducal avec un linge humide, Eloin agissait telle une automate, ne se rendant guère compte de ce qu'il se passait autour d'elle. Dans une brume totale, repensant à toutes ces années passées auprès de la navarraise, faisant fi de tous les chuchotements de Louise et Marie, et mesme, du visage affligé de Cerridwen. Elles partagaient la mesme douleur, cependant cela n'avaict point permis de les rapprocher. Chacune s'estait postée d'un costé du lit, soutenant par leur présence la dame qui luttait encore, mais qui lâcherait bientost prise pour rejoindre ces défunts qu'elle avaict tant voulu approcher ces dernières semaines.


Comment... va mon fils? Et... Et les autres? Ne sont-ils... point là?

Une main... Dégantée, amaigrie, blanchâtre, se penche sur la sienne en tentant vainement de la recouvrir. Une main que la suivante recouvre de la sienne, avant que de porter son regard sur le visage blafard de la dame. Et d'inspirer un bon coup, pour dénouer sa gorge nouée par le chagrin et de si longues heures de silence, ces heures qui avaient suivi l'enfantement, des heures durant lesquelles elle n'avaict point quitté le chevet de sa dame, allant contre les conseils de Cerridwen qui aurait voulu qu'elle se repose.

Il va bien, ma dame. Il dort...

Les aultres... Ses enfants, ses vassaux, tous ceux en qui elle avaict mis sa confiance. Pour les deux ainés, elle savait quoi penser de leur absence, pour Constantin, elle ne saurait dire, il y avaict si longtemps qu'il n'avaict baillé de nouvelles. Quant à Elianor... Elle n'osait imaginer la douleur de la fillette lorsqu'icelle verrait sa mère fermer les yeux pour la dernière fois, et se retrouver complètement orpheline...
Mais elle n'eut point le temps de formuler une phrase moins dure que sa pensée. Un toquement à la porte luy fict lever la teste vers l'huis, avant que Marie n'aille ouvrir avec l'accord de la dame, qui, malgré tout, resterait maistresse de maison jusqu'au dernier moment !
Elianor, ainsi que les sieurs de Sainct Estèphe et du Breuil firent leur entrée, pétrifiés par le visage blanc comme neige de la duchesse, et ses traits tirés. Suivant du regard la cadette, elle tenta vainement de luy sourire lorsque leurs yeux se croisèrent, mais n'y parvint point. Et se contenta donc de rincer à nouveau le linge avant que de le reposer sur le front de sa dame, se refusant de regarder ces hommes qui appréciaient la duchesse et qui la voyaient maintenant dans cet état si faible, à quelques encablures d'un abime ou elle ne songeait qu'à s'abandonner...

Regarder la scène d'un air absent, exécutant machinalement sa tasche pour soulager un tant soit peu la fièvre ducale, et éviter de penser à cette douleur qui luy martelait le bas-ventre et les reins depuys un long moment maintenant, luy tirant de temps à aultre une grimace. Ce serait son tour, bientost, mais elle ne voulait point quitter la duchesse avant la fin, elle ne voulait point. Depuys des années elle avaict mis sa propre existence entre parenthèses pour soutenir la navarraise, alors sa progéniture pourrait bien attendre encore un peu avant que de venir s'imposer à elle...

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En deuil de sa dame...
Izarra
Il va bien, ma dame. Il dort...

Infime soupir qui s'échappe des lèvres de la brune. Sa dernière tâche est accomplie. La fragile vie qui se développait en elle, cette flamme vacillante qui l'a empêché de mettre fin à ses jours quand son esprit a commencé à la trahir, est désormais séparée d'elle, confiée à la grâce de Dieu. L'ultime lien qui la retenait vient de se dénouer, et la mourante s'en trouve étrangement soulagée. Elle avait cru que la mort serait déchirement, combat, colère. Elle la découvre au contraire apaisement, délivrance. Ce n'est plus la mort qu'elle craint, elle est au contraire prête à l'accueillir avec soulagement. Celui qu'elle craint, c'est cet esprit qui la guette, qui réclame... Vengeance? S'il a gardé traits communs avec l'être qu'il a été, oui, très probablement. Un maigre sourire pour cacher sa peur, un murmure dans lequel passe une vague réminiscence de son ton d'antan, tout de fierté et d'ironie.

Ta vengeance attendra bien encore un peu, lumière de mes jours...

Elle laisse tomber plus qu'elle ne tourne sa tête sur le côté, cherchant et trouvant du regard la jeune mainoise. Elle aurait tant à lui dire... Tant de choses qui, elle le sait, ne franchiront pas ses lèvres peu douées pour laisser passer certains aveux. Elle voudrait savoir dire tout ce que la jeune femme lui a apporté au cours de ces années communes. Elle voudrait savoir dire le respect, le soutien, l'affection qui se sont lentement tissées entre elles. Tant à dire, et si peu de mots qui lui viennent à la bouche! Si pauvres à exprimer tout ce qu'elle voudrait!

Merci mon enfant. Merci... pour tout...Tout et au-delà douce amie. Tu m'as donné bien plus que je n'aurais jamais osé l'espérer. Tu m'as rendu, et au centuple, les maigres bienfaits dont j'ai pu te faire don. Sois en remerciée.

Une quinte de toux vient interrompre la voix faiblissante, rallumant l'écarlate fiévreuse de ses joues. Pas encore, Seigneur, pas encore....

Une petite menotte qui se glisse dans la sienne, deux lacs verts qui la sondent soudain de toute leur pureté. Elianor... La duchesse reploie doucement sa main sur celle de sa fille, y puisant un léger regain de forces.


Je vois ma chérie, je vois et cela me fait beaucoup de bien de vous voir. Mais le temps m'est compté désormais, je le sens. Je t'ai négligée ces derniers temps ma fille, et je m'en veux. Je ne puis guère rattraper le temps perdu, hélas, et pourtant j'avais beaucoup à te confier. Il te faudra faire sans le modeste bagage d'enseignements que je souhaitais te donner. Tu es une petite fille douce et calme, et tu connais, par ma faute, fort peu le monde extérieur. Il te faudra le découvrir sans moi, mais tu n'y seras pas sans arme, ni sans atout. Il est un conseil néanmoins, dont je veux que tu te souviennes. Quoi qu'il t'advienne, enfant, rappelle-toi toujours, avec fierté, qui tu es et d'où tu viens. Ne deviens pas immodeste et hautaine à plaisir, mais n'oublie jamais la valeur du sang qui coule dans tes veines et le rang qui est le tien.

Un silence, le temps de reprendre le souffle qui lui fait de plus en plus défaut. La petite lueur d'entêtement bien connue se rallume dans les yeux émeraude, la volonté imposant une dernière fois silence au corps épuisé et récalcitrant. Pas encore, Seigneur, pas encore... L'ultime prière, à nouveau, tandis que d'un petit geste elle fait signe aux deux hommes restés à l'écart.

Approchez amis, le temps de quelques mots...



Edit ortho ^^
constantin de Vergy
Le jeune homme arriva enfin en la demeure, il venait de Condé, le voyage fut long malgré qu'il est fait crevé 3 chevaux pour aller au plus vite.
il entra dans la salle sans avoir pris le temps de ce décrotter.
Il tendit ça cape negligemment à une des servantes et s'approcha du lit de sa mère
Si affaiblit...diaphane..on aurait put croire qu'elle fondait dans le lit.


Mère...

il tendit la main mais n'osa la toucher

Constantin avisa les autres personnes dans la salle, il les connaissait très peux voir pas du tout pour certains mais savait de qui il s'agissait ayant reçut plusieurs courriers de mère pour le tenir informés des dernières évolutions, il les salua discrètement.

Il s'approcha de sa jumelle, et par habitude, il lui prit la main.

La duchesse s'apprêta a dire quelques mots...les derniers peut être
Elianor
Figée, raide, façon statue de sel. Mère va mourir. Comme un coup de poignard, l'évidence me transperce. Elle va mourir. Frénétiquement, je m'accroche à sa main, espérant follement la retenir ainsi, l'empêcher de nous quitter... Vaine chimère, une part de moi le sait mais je me refuse encore à l'admettre. Avec une attention farouche, je me concentre sur les paroles qu'elle me confie. Plus encore que les mots, le ton employé me marque. Et profondément, je le sens. Cette voix aux inflexions tendres et grondeuses à la fois, cette voix qui me manquait temps, je m'en aperçois maintenant, depuis des mois, cette voix d'avant, quand mère avait encore toute sa tête, qu'elle était la très grande dame que j'admirais tant et qui savait encore sourire et se montrer affectueuse avec nous. Je sens ma gorge se serrer et j'essaie, bravement, de refouler les larmes qui commencent à me picoter les yeux. Je ne veux pas pleurer, pas maintenant. Je veux être forte, forte comme elles. Comme mère, comme tante, ces deux rocs qui m'ont toujours paru inébranlables dans l'épreuve. Je veux être à leur hauteur. Je ne pleurerai pas, me promets-je in petto malgré l'envie qui me tenaille au contraire de me laisser aller. Je plante mes mirettes, un brin larmoyantes malgré mon serment enfantin, dans celles de ma mère. Souris Boucles d'or, souris! Non, ça, c'est au-dessus de mes forces, je ne parviens pas à arborer autre chose qu'un air de circonstance: funèbre, qui montre à tous, sans que j'en aie la moindre honte d'ailleurs, que je ne suis qu'une petite fille qui porte un chagrin trop lourd pour elle. Et c'est d'une petite voix qui peine à passer le noeud de ma gorge que j'acquiesce.

C'est promis maman, je m'en souviendrai toujours. Tu seras... fière de moi...

C'en est trop, je sens que les larmes déborder et couler de mes yeux sans que je puisse les retenir. Mère relâche ma main. Je pourrais rester là, près d'elle, mais je n'en ai pas le courage. Lâchement, je bats en retraite tandis que les deux hommes s'avancent. Je pourrai me réfugier près de tante, ou d'Eloin, mais quelque chose me retient. J'ignore si cela vient d'elles ou de moi, mais je préfère me mettre à l'écart. D'autant que mon jumeau, arrivé entretemps, est désormais près de moi, la main fermement serrée sur la mienne. Je lève vers lui un regard déboussolé, m'acccrochant à lui de toutes mes forces. Comme quand nous étions plus jeunes, et qu'il me suffisait de me coller à lui pour chasser mes terreurs nocturnes et mes cauchemars d'enfant. Mais la faucheuse, hélas, est plus coriace qu'un mauvais rêve...

Tâchant de me raisonner, je le relâche et murmure.


Va la voir... Elle voudra sans doute te parler, à toi aussi...

Rassemblant le peu de courage qui me reste, je laisse mon jumeau recueillir sa part de l'attention maternelle et me recule pas à pas.Je finis par me retrouver près du berceau du nouveau-né. Et je grimace, très franchement, tandis qu'en moi la rancune le dispute au chagrin. C'est donc cette chose rougeaude qui a mis mère dans cet état? Je tends une main hésitante vers le nourrisson, sans bien savoir au juste si j'ai envie de le taper ou de le câliner. Mon index effleure le rebondi d'une joue, descend jusqu'à la minuscule menotte que l'emmaillotage a étrangement laissé libre _ excès de précipitation pour retourner soigner l'accouchée? _ et qui soudain se referme sur mon doigt, me laissant stupéfaite de cette réaction.
Alexandre*
Dame Eloin s'occupe au mieux de soulager les derniers instants de la Duchesse.

Alexandre regarde Elianor au plus proche de sa mére pour ses derniers instants. Izarra donne ses derniers conseils à sa fille. Alexandre sait qu' elle a peur de la laisser ainsi et de ne pouvoir l' aider a devenir une femme a la mesure de son rang.
La fillette prend visiblement sur elle pour ne rien laisser paraitre. Alors que n' importe quel enfant de son age aurait pleurer de douleur.

La Duchesse qui semble résister à la mort pour pouvoir rendre hommage a chacun de ses proches fait signe à ses deux vassaux de s' approcher.

Au moment ou ils commencaient à s' approcher de la couche de la Duchesse, un jeune homme arriva précipitemment, le fils de la Duchesse.
Alexandre le salua de la tete sans rien dire, et le laissa passer afin qu' il puisse surement pour la derniere fois lui parler .

_________________
Cerridween
Muette...
Elle n'arrive pas à parler la rousse dans un coin de la chambre assise, en retrait, dans l'ombre.
Avachie par le chagrin et la fatigue.

Et le poids, le poids de ce qu'elle sait.
Izarra ne se relèvera plus. Plus jamais. Elle regarde à travers ses sinoples vacillantes, la duchesse à l'agonie. Elle a perdu trop de sang lors de sa délivrance. Elle était trop faible, trop peu vaillante pour y survivre.
Elle reste là la rouquine, sans pouvoir bouger, regardant la vie s'enfuir de nouveau devant ses yeux. L'hiver lui prendra donc toujours tous ceux qu'elle aime. En écho dans le lointain, le bruit d'une hache qui s'abat en déchiquetant une colonne vertébrale se fait entendre. Il était mort en janvier son frère dans ses bras. Et la duchesse, son ancienne femme, cette amie, allait s'éteindre dans un souffle glacial de février.

Le cortège des visiteurs arrivent. La rousse n'ose plus regarder autour d'elle. Elianor et ses boucles blondes s'approche en lui fendant le coeur à chaque pas. Deux hommes qu'elle ne reconnaît pas. Puis Constantin fait son apparition également. Ils sont là les deux jumeaux accouchés avant que Raphaël ne meurt dans ses bras. Elle voudrait s'enfuir. Loin. Disparaître aussi dans les limbes. Ne plus alimenter le vide dans sa poitrine qui va s'agrandir un peu encore dans quelques instants. Ne pas devoir affronter les regards inquiets pour l'instant et qui bientôt seront nimbés de larmes. Ne pas à avoir à entendre des cris de douleurs. Ne pas à avoir à marcher de nouveau dans une chapelle noire, de ne pas à se crucifier les yeux sur un cercueil.

Mais elle reste vissée à son siège, la rousse, les mains enserrant les poignets du fauteuil. Elle reste les yeux fixés dans le vide, visiblement dans un autre monde que celui qui se déploie sous ses yeux.
Elle attend.
Comme une condamnée.
Le verdict a déjà été annoncé.
Elle attend que le tranchant tombe.
La fin... l'hallali.
Qui sonnera le glas d'une vie.
Et qui la laissera seule. Seule et dernière représentante Vergy de sa génération.
Izarra
Effort. Tout désormais n'est plus qu'effort, plus ou moins pénible. La moindre parole, le moindre geste réclame toute son attention, toute sa volonté concentrée, pour être accompli. Ainsi cette main que tend vers elle son fils cadet, cette main qui s'arrête, hésitante, à quelques pouces de la sienne. Effort que de la saisir, de la serrer. Effort encore que de fixer sur l'enfant un regard qui n'aspire plus qu'à se tourner vers cet au-delà qui l'appelle, à voix de sirène...

Constantin... Mon fils...

Douceur. Oui, il y a de la douceur dans ces mots. Elle est heureuse, la duquessa, qu'Aristote lui laisse le temps de revoir ce petit bout d'homme qui la regarde en s'efforçant de se maîtriser, ce être en devenir qui n'a pas rechigné quand elle l'a conduit à des lieues des siens, ôté à l'affection de sa jumelle pour le confier à un homme à qui beaucoup au royaume ne confierait pas même une parole sur le temps qu'il fait. Il a mûri son fils, indéniablement. Son regard le dit, et l'instinct de la brune le sent, tremblant soudain de l'abandonner seul à ce croisement brutal, plus tout à fait enfant et pas encore homme... Fasse le ciel qu'il ne manque pas cet embranchement...

Je vais te faire... La même recommandation qu'à ta soeur mon enfant, car elle vaut pour toi également. Toi non plus, n'oublie jamais ni ton sang, ni ton rang. Mais tu es de caractère vif, bien plus emporté que celui d'Elianor, aussi ajouterai-je un conseil qui ne s'applique qu'à toi, et pas à elle. Tu es jeune, avec encore beaucoup à apprendre. Et l'une des leçons qu'il te faudra retenir est celle-ci: garde-toi de trop d'emportement. Apprends à te maîtriser. Ton tempérament te sera une force, mais uniquement si ta volonté apprend à le discipliner. Ne l'oublie pas mon enfant.

Effort encore, pour lever la main jusqu'à la joue de l'enfant et l'y laisser glisser dans une dernière et légère caresse. Mais déjà le regard d'émeraude dont l'éclat se ternit lentement se détache et vient se poser sur les deux silhouettes qui se sont écartées pour laisser passer son fils.

Seigneur de Saint Estèphe, seigneur du Breuil...

Rien de guindé dans les titres qu'elle leur donne. Ils savent, tous trois, que leurs liens n'ont pas besoin du formalisme dont s'entoure à l'ordinaire suzerains et vassaux. Là où sont respect et estime réciproques, point n'est besoin de simagrées de cour.

Elle les regarde, ses vassaux, ses féaux, ses amis.

Alexandre... Le fougueux jeune homme rencontré sur le tard, à l'ost de Guyenne, le droit et honnête capitaine aux côtés duquel elle a oeuvré bien des mois. Si jeune parfois, si idéaliste aux yeux de la désabusée dame de Lesparre à qui la vie n'a guère laissé d'illusions sur la nature humaine. Un jeune homme qui ira loin, si l'or de sa franchise ne se corrompt pas à force de côtoyer le vil cuivre des politicards et démagogues de tout poil.

Et Gil. Gil... Tant de souvenirs remontent chez elle à sa simple vue! Souvenirs d'un temps révolu où se mêlent en une mélodie nostalgique éclats de rires, chansons, mots d'amour... D'autres plus sombres également, disputes, cris, séparations... Ils ont depuis longtemps surmonté les uns et les autres, il leur en reste un joyau: Aélis. Un curieux pincement au coeur de la brune aussi, à l'occasion, lorsqu'elle repense à ce qui aurait pu être si...si...

Allons duchesse, l'heure n'est plus aux regrets. Pourquoi regretter ce qui n'a pas été d'ailleurs, au lieu d'apprécier ce que tu as: deux précieux amis en qui tu peux sereinement placer ta confiance.


Comment vous remercier, amis, d'être là aujourd'hui? C'est un étrange merci que je vous fais peut être, en vous chargeant de veiller sur les miens, mais j'espère que vous saurez y voir non pas le dernier ordre d'une suzeraine, mais la prière d'une amie... Vous êtes vassaux de Lesparre, veillez aussi, je vous en prie, sur ces terres qui m'ont été chères.

Toi Alexandre, garderas-tu aussi un oeil sur notre Guyenne? Je crains qu'elle ne soit pas au bout de ses peines, hélas! Elle aura besoin de gens de ta valeur.

Et toi Gil, j'ose te rappeler la promesse que tu m'as faite: tu veilleras sur lui n'est-ce pas?
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