Tsuki
Ce rp se déroule après celui de la question au conseil et à Otomo, ainsi que longtemps après le rp "le Daimyo perd la tête".
Nuits et jours agités pour la Daimyo.. Minutes égrenées inlassablement au sein d'une tourmente, dès le moment où elle s'est rendue compte qu'il était si facile de plier, si facile de ramper.
Voir Etsuko se rabaisser, la voir envisager de troquer sa vie contre des choses aussi triviales - car ce n'était pas véritablement d'honneur dont il était question -, l'avait touchée, sûrement plus qu'il ne fallait.
Comment pouvait-on oublier son honneur et ceux qui ont besoin de son aide ?
D'un pas vif, Tsuki se dirige vers son bureau, dans lequel elle n'a jamais mis les pieds depuis le début du mandat. Après tout, elle était bien plus utile sur le terrain que derrière un bureau en train de faire de la calligraphie, n'est-ce pas ?
L'odeur et le bruit l'assaillent avant même qu'elle n'entre. C'est familier, et effrayant.. mais en quoi ? La jeune femme n'hésite que quelques secondes avant d'entrer, essayant préalablement d'identifier la cause de ce malaise. L'odeur est entêtante, prend à la gorge, une odeur de viande pourrie et de renfermé. Et ce bruit, ce bruit...
Finalement, la veuve entre dans la pièce, et se fige au spectacle macabre qui s'offre à elle. Familier, oui.. comme dans les bas-fonds d'Usuki, lorsque les corps des vagabonds mourants restent exposés au soleil..
Partout dans la pièce, la vie est en train de grouiller... Une nuée de vert, de noir, de blanc, sur les murs, sur le sol, sur cette forme.. Joyeusement, les mouches volettent tandis que les asticots festoient, celles qui sont dérangées par l'arrivée impromptue de Tsuki s'en vont un peu plus loin continuer le banquet.
Une boule au creux de la gorge, elle s'avance, tentant d''identifier la chose qui trône sur son bureau.
Agitant la main pour éloigner les invitées, elle peut enfin voir la cause de toute cette agitation.
La peau est devenue parcheminée, les yeux ont quasiment disparus, pour ce que l'on peut distinguer. Quant au reste, ce qu'elle devine, c'est..
C'est pas vrai.. mais c'est pas vrai..
Se penchant sur le côté, la jeune femme rend tout ce qui lui pèse sur l'estomac, ayant les larmes aux yeux à cause de l'acidité remontée. Enfin, une fois la crise passée, elle passe la main sur ses lèvres, et relève la tête, juste assez pour se rendre compte que la tête n'est pas seule.
Ses deux katanas fétiches. Les deux armes de Sanada, Shibien et shinzô.
Par les kamis.. Est-ce un signe ? Un message ? Qu'est-ce qu'elle peut faire ? Si elle sort maintenant, on va lui demander pourquoi elle ne l'a pas dit plus tôt. On va sûrement chercher à l'accuser de s'être débarrassée de l'ancienne tête de liste de Trinité, après tout, c'est lui qui devait tout diriger avant qu'on ne le dise souffrant puis disparu.
A ce moment-là, son esprit a un déclic, simple petit sursaut pour préserver sa santé mentale.
Il faut qu'elle boive. Quelque chose, n'importe quoi. Du thé. Non, pas du thé, ce serait trop long. Du saké. Voilà, exactement ce qu'il lui faut.
Assise en tailleur, elle réfléchit tout en buvant de longues gorgées directement à la bouteille.
Bien. Elle a la tête de l'ancien Daimyo dans cette pièce. Elle a un mobile pour s'être débarrassée de lui. Après tout, elle a bien quitté elle-même les Hotaru, devenant une ronin avec moins d'honneur que ceux qui ont la malchance de perdre leur maître. Et puis, comment elle pourrait s'en débarrasser ? Tsuki est persuadée d'être victime d'une malédiction, un tatari, depuis qu'elle a transpercé la gorge de son défunt mari par accident. Qui sait ce qui arriverait si elle y touchait à nouveau ?
Il faudrait qu'elle aille demander de l'aide, quitte à vouloir prouver son innocence, supplier pour qu'on la.. non.
Si elle veut qu'Etsuko cesse de se comporter en chaton suicidaire, alors il faut qu'elle montre l'exemple. Elle ne rampera pas, et restera droite et fière, même maculée.
La main légèrement tremblante, la veuve délaisse la bouteille pour s'emparer des deux armes. Dire qu'elle va de nouveau subir son tatari.. dire que porter les armes d'un samourai mort portent malheur..
Et bien, qu'elle subisse. Sa main se resserre fermement, et elle prend possession des deux kamis du défunt Daimyo.
Quant à la tête.. hum.. Elle va en faire un paquet cadeau. Tout en retenant sa respiration, Tsuki saisit un tissu et emballe le morceau de cadavre dans un furokishi parfait. Qui songerait à pareil contenu ?
Elle se contente d'aller chercher un cadeau dans son bureau, exactement. Voilà, un simple cadeau, qu'elle va amener en ville.
Après avoir ramassé de l'encre et du parchemin, elle se met en route.
Il ne faudrait pas qu'elle soit en retard dans l'arrière-cour de cette gargote..
_________________