Cerridween
Les lacets de cuirs passent et repassent dans les boucles.
Elle se laisse vêtir de sa tenue du soir, le regard dans le vide. Elle n'a rien d'une reine de bal. Ce soir elle danse avec la lune qui est décroissante. Peut-être avec des aiguilles. Les chandelles reflètent leur clarté sur les cheveux rouges, qui se transforment en flammèches. L'aide la laisse avec une petite révérence quand la brigandine est ajustée. Elle le remercie d'un hochement de tête, avant de ceindre lame de Tolède donné par le vieux corbeau.
Elle jette un dernier regard à sa chambre.
Il ne reste plus rien. Gaspard l'attend à la porte de la ville avec la petite carriole avec ses effets. Le mantel rouge avec une licorne cabrée est la seule chose qui reste, abandonné sur le lit. Un geste le jette sur ses épaules. Elle remet le masque de Capitaine et les bottes cloutées font résonner ses pas vers la sortie.
Le grand shire noir est préparé en bas. La main gantée de cuir passe sur le chanfrein pendant qu'elle lui murmure quelques mots en gascon. Le grand shire souffle et vient poser sa tête sur l'épaule du chevalier. Un sourire fin passe sur ses lèvres avant de s'effacer comme sous l'effet de la brise du soir. Elle monte sur le muret et enfourche la monture. Son talon effleure à peine les flancs pendant que la main exerce une légère pression sur les rênes. La monture s'ébranle au pas dans les rues saumuroises.
Elle s'arrête un instant sur la route. Le Nuageodrome est encore allumé. A l'intérieur, la silhouette. Elle baisse les yeux. Il suffirait que tu descendes Pivoine. Glisser le long du grand corps de ta monture, l'attacher et entrer. L'eau verte se reporte vers le Fou attablé. Tu le voudrais ce nouveau soir sans autre nain beau, trublions, angevins. Sans politique. Juste lui et toi, une table d'échec, un bon verre de vin. Ce ne sera pas ce soir.
Adishatz mossou lo Hou... Qué m'agradaré passar uno bouno nwéyt com tot autes nwéyt...
Les rênes intiment que la monture passe au trot ce qu'elle fait sans rechigner.
Elle retrouve Gaspard à la porte est et le petit convois s'ébranle. Ils longeront la Loire jusqu'à leur point d'arrivée, la route sera facile. Elle reste derrière le chariot, laissant l'avant garde à Gaspard tout fier. Elle garde un regard appuyé vers l'arrière, régulièrement.
Jusqu'à ce que un galop effrénné se fasse entendre derrière eux. Elle fait volte face et tire son épée, sur la défensive.
HALTE ! POUR L'ANJOU, NOUS VOUS SOMMONS DE VOUS ARRETER !
Elle se porte devant le cocher, lui crie de stopper la carriole et ordonne à Gaspard de ne pas bouger d'un pouce.
Elle se reporte vers l'avant épée le long du corps. Les torches de trois cavaliers se détachent et avancent vers eux avant de stopper à leur portée.
Chevalier De Vergy ?
Ce n'est pas une attaque.... pas en bonne et dûe forme. Elle scrute le cavalier qui a parlé en hochant la tête.
Elle-même...
Le cavalier tend un pli cacheté.
De la plus haute importance. De la part de la Prévôté.
Elle hausse un sourcil en s'emparant de la missive et la décachète.
Gaspard la lanterne de la calèche s'il te plait...
L'écuyer s'exécute et se porte à sa hauteur. Lorsque les flammes révèlent les lignes, elle part d'un petit rire amusé. La tête remonte vers le messager avec un petit sourire.
Pourrai-je vous demander de porter deux plis pour moi, monsieur ? Je crois que c'est effectivement une affaire d'importance...
Le cavalier accède. La Pivoine demande à Gaspard de sortir un outre de vin pour qu'ils se désaltèrent et le taloche quand il grogne. Pendant ce temps, elle s'en va s'assoir à l'arrière de la charrette et sort son nécessaire à écrire. Deux missives... dont l'une sera adressée au Fou, ambassadeur angevin, habitué de la taverne le Nuageodrome à Saumur.
Citation:
Au Fou,
Ambassadeur angevin,
Ami malgré tout,
Elle est effectivement douée...
Vous lui devez cent écus, très cher.
Pensez bien que je lui envoie une copie, qu'elle en soit informée.
Avec mes respects et mes sentiments, les meilleurs,
La Pivoine.
Ambassadeur angevin,
Ami malgré tout,
Elle est effectivement douée...
Vous lui devez cent écus, très cher.
Pensez bien que je lui envoie une copie, qu'elle en soit informée.
Avec mes respects et mes sentiments, les meilleurs,
La Pivoine.
Elle roule la missive avec le laisser passer du Prévôt d'Anjou et la cachète avant de la tendre au cavalier, après avoir aussi écrit celle à l'intension de la Grande. Elle garde celui de Gaspard. Ils continuent la route.... elle a gagné un va-tout.
[image retirée, relire les règles d'or pour la taille maximale des images. Bon jeu, Modo Rod']
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