Et voilà, LE grand jour était enfin arrivé, lui qui semblait si loin il y a pourtant peu de temps
A bien y réfléchir, la Miel avait limpression davoir toujours connu son Julien, dêtre sa compagne depuis des années. Elle sourit en revoyant dans sa tête leur première rencontre, en relisant leurs premiers pigeons envoyés quelle avait pris soin demmener avec elle, par envie, par besoin. La lieutenant éclata de rire à lidée quelle eut pu se montrer « une pauvre inconsciente » en son temps.
Elle en avait connu des déboires, la Lady
fait des bêtises, commis des erreurs, mais en avait toujours tiré le meilleur. De son échec dans sa relation avec Rochefort, qui navait dogre que le surnom
et lappétit soit dit en passant, elle avait donné naissance à une magnifique petite fille, qui ravissait ses jours et ses nuits, depuis quelle dormait des heures durant. Amellia navait pas été reconnue par son géniteur, elle le serait aujourdhui par son père, Julien, merveilleux homme qui faisait dores et déjà un chef de famille exemplaire. Juste, digne, et bon, il guidait la vie de sa famille de son mieux, avec tendresse, indulgence et patience ; et le Très-Haut savait quil lui en fallait avec Lady et Steph.
Steph, dailleurs
Elle était très vite devenue une copine, une amie, sa meilleure amie. Une compagne de taverne, daventures, de beuverie (non, ça on ne peut pas le dire, mais quelle première cuite ! Lady ne loublierait jamais). Une amie des plus douces et compréhensives, qui ne salarmait jamais des bouffonneries de Lady en toutes circonstances et plus particulièrement lorsquil sagissait de monter un équidé, art dans lequel la Jovente excellait mais dans lequel la prévôt-adjointe apparaissait plus que ridicule.
Et voilà que Steph devenait officiellement sa sur
Non pas quelle ne létait déjà, mais bon, là, ce serait reconnu par tous.
Petit coup dil au ciel dehors et
quoi ?! Il était déjà cette heure-là !! Vite, courir partout, se dépêcher ! Non, en fait
Etre un peu pondérée, prendre le temps quil faut, en tentant de le restreindre au maximum, et faire les choses bien.
Première chose : la coiffure. Aidée dune jeune fille et de sa mère, une petite bougresse au sale caractère, embauchées pour loccasion, Lady se confectionna une belle coiffure, pour laquelle elle sétait appliquée. Se pomponnant au mieux, elle envisagea de passer sa robe.
Alors là, grosse angoisse ; la Miel était prégnante depuis maintenant quatre mois et demi, allait-elle rentrer dans sa robe ? Perdue dans ses pensées, nerveuse comme pas deux, elle ne revint à elle que lorsque la vieille rabougrie lavait secouée :
- Hey, ma ptite dame, faut met vot robe, là ! Point bsoin dpaniquer ! Dailleurs, quand on nveut pas avoir dmauvaise surprise vec sa rob dmariée, on gad ses braies bien attachées, hein. Cest pu lmoment de faire sa pucelle effarouchée !
Lady la dévisagea, effarée. Elle voulait un coup de bouclier la grognasse ? Cest avec un sourcil relevé que la Miel la toisa de haut en bas. Pour un peu, elle aurait froncé le nez à la du Moutier, mais il était trop tôt pour cela.
- Par contre, on na pas élevé mes moutons ensemble, hein, alors on va se calmer. Passez-moi donc ma robe, au lieu de jouer les chaperons moralisateurs tardifs. Vous avez plus de quatre mois de retard.
Rien de tel quune dose de râlage pour que tout aille mieux pour la Miel. Elle se prenait pour qui, la ribaude ? Au moins, lorsquelle était énervée, Lady ne paniquait pas. Elle passa donc sa robe du mieux quelle put et sourit. Elle était parfaitement ajustée, Jovalpeye avait fait du très bon travail. En plus dêtre une très bonne amie, elle avait apparemment des doigts de fée, et elle avait pensé au fait que Lady serait bien plus ronde du bidon entre les prises de mesure et la cérémonie.
Résistant avec la plus grande difficulté du monde à tirer la langue à la vieille, elle ne put retenir un :
- Voyez, elle sied, ce nétait pas la peine de jouer les inquisitrices.
Elle retint tout-de-même le « vieille bique » qui lui brûlait les lèvres, pour la forme, et la bienséance. Et il était temps dêtre adulte, le premier jour du reste de sa vie commençait aujourdhui.
Et Aristote soit loué, voilà Williamss qui arrivait pour la conduire à lautel. La Miel se précipita pour passer ses bras autour de son cou et lui poser une bise chaleureuse et soulagée.
Lenvie lui prenait de dire à son ami, protecteur et doux que « la vieille bique, là, avait rien fait quà lembêter », mais, on a dit quelle était adulte, hein. Elle se contenta de le remercier autant quelle le pouvait :
- Merci, Will, de tenir de rôle de mon père aujourdhui et de me mener à l'autel. Nul autre que toi neut pu my conduire en lieu et place de mon père, mon ami.
Grâce à sa bonne humeur et son charisme, la nervosité de Lady sestompa vite, et ses jambes ne tremblèrent plus autant que lorsquelle avait entendu frapper à la porte. Là, ses jambes avaient semblé danser une gigue inconnue, pour le plus grand plaisir de la vieille, qui avait affiché un sourire cruel alors que la jeune fille avait eu lair à la fois compatissant et encourageant.
Puis, Will était entré, et avait détendu Lady immédiatement.
A son : « Alors sommes nous fins prêts? », elle répondit par un sourire, prit son bouquet de mariée et hocha la tête dun air entendu. Elle ne jouait pas à la fée du silence, mais il semblait quaucun son ne voulait sortir de sa bouche. Nerveuse, la Miel ? Oh, si peu
Cétait pas comme si elle sengageait pour la vie, hein.
Inspirant profondément, elle prit le bras rassurant et fier que lui offrait Will, et, très vite, ils se retrouvèrent devant la chapelle. Comment ? Lady nen avait aucun souvenir
Perdue dans ses pensées, sentant ses mains devenir moites, son souffle saccélérer et son cur battre plus fort, elle tentait de prendre un air normal et de respirer à nouveau lorsquelle se rendit compte de la présence de la Platine sur les marches.
Se détachant un instant du bras de Will, elle savança vers elle pour lui poser une bise amicale, saluer ses amis et compagnons, et lui chuchoter :
- Merci dêtre venue, je sais que ça te coûte, ça me touche beaucoup.
Elle reprit bien vite sa place au bras de son ami, inspira et souffla une dernière fois, prête à pénétrer dans lédifice.
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