Vous reprendrez bien un peu de gigot ?

Ce matin là, Lotx était en pleine réunion avec son notaire, bien décidé à rédiger son testament.

Bon alors... d'abord notez bien que je désire être enterré avec l'intégralité de mes bouteilles de vin et qu'il est hors de question que quelqu'un en hérite! D'autre part, je veux une tombe en métal renforcé pour que personne n'ait l'idée de me déterrer pour récupérer mes bouteilles! Pour la mise en bière j'la préfère blonde la bière mais j'suis pas très regardant tant que c'est de qualité... Ensuite vous donnerez toutes mes affaires à Sifflard pour qu'il comble tous les petits nécessiteux.
Au sujet d'mon cadavre j'veux bien qu'vous récupériez tout quesqu'y est utile. Alors vous donnerez mon cerveau à Planta -on sait jamais-, mon foie à Mahaut, ma vessie à Ork -pour qu'elle puisse s'entraîner à la soule- et mes attributs à Sifflard... l'reste vous pourrez le donner à Odoacre, j'aimerais un méga barbecue pour mes funérailles si possible...Et qu'on dise "tu l'aimais Lotx? Bah roprends-en un morceau alors!" Voilà, sinan vous leur direz à tous que j'les aimais bien et que j'les regarderai d'en bas...
-D'en bas?
-Ben ouais... j'suis curé et j'ai suffisamment lu l'Dogme pour savoir que j'ai aucune chance d'aller autre part hein?

Le notaire cligna deux fois des yeux, incrédule. Il en avait fait et vu des testaments à la con hein? Mais il n'avait jamais encore assisté à... ça...

Et... euh... ce sera tout?
-Oui, vous êtes bien aimable, vous pouvez disposer... En sortant vous pouvez me passer le flacon de ciguë qu'est sur le buffet là bas siouplé?
-Le flac... mais... euh... certainement, certainement...

Le notaire s'exécuta alors et sortit. Eh quoi, il ne serait payé qu'une fois le testament exécuté alors autant s'y atteler dès maintenant!
Lotx de son côté contempla longuement le flacon. Troubles digestifs, mal de crâne, faiblesse, paralysie, convulsions... c'est sûr il allait en baver... simplement le poison avait l'immense avantage, par rapport à la corde ou l'arme blanche, de lui permettre d'avoir suffisamment de temps pour régler quelques affaires entre son utilisation et l'heure de mort. Ainsi, il aurait quelques heures pour montrer ses fesses en permanence comtale, insulter le comte, filer une droite à Flex -comme ce dernier lui en avait mis une lors de son serment d'escuyer- et trouver des brigands, hérétiques, meurtriers ou, à défaut, Angoumoisins à attaquer sur un chemin pour donner l'impression d'être mort en héros. C'est que son scénario était bien rôdé!
Pourtant, alors que le flacon s'approchait de ses lèvres il remarqua une missive encore cachetée sur son bureau. Diantre! Il n'allait pas mourir sans avoir lui son courrier tout de même, imaginez que ce soit la démission du comte hein, hein?
Ah ben non... en fait ce n'était qu'une invitation chez pépair et belle-paire... Bah... après tout pourquoi ne pas y aller? Il aurait bien l'occasion d'avaler sa fiole en fin de repas....

"Bon, alors, Nanoue, nous n'avons rien oublié ! C'est que ce repas doit-être parfait ! Ce n'est pas tous les jours que nous allons recevoir des personnes aussi importantes que les membres de Partouze et leurs amis. Il faut qu'ils se souviennent de l'hospitalité de la Rabatelière. En outre, ils sont là pour oublier les vicissitudes de la politique."

Elayne s'activait en tout sens, surveillant la cuisine, ainsi que la salle de réception, vérifiant les sauces ou bien l'installation des tables, s'assurant que les vins fins étaient sous haute surveillance et le pain bien doré.

"Y aura-t-il assez de gigots ? Et la salade de choux sera-t-elle correctement assaisonnée ? A-t-on prévu suffisamment d'oublies ? Les pâtés ? Où sont les pâtés d'alouette ? Et les tartes aux pommes ? Il faudra les servir tièdes et non brûlées. Oh quel souci !"

Elle porta sa main à son front.

"Qu'en penses-tu Nanoue ? Sortons-nous la vaisselle en grès ou bien celle en étain ? Fais mettre une assiette et un couteau par personne, comme à la table des Grands. Il n'est point question que d'aucun partage son couvert avec son voisin. Ne rouspète point, Nanoue, ce sera ainsi. Ce ne sont pas de vulgaires manants !"

Passant devant Mahaut, punie dans la hall d'entrée et pointant son doigt en sa direction avec un air accusateur.

"Damoiselle Mahaut, je veux vous voir sourire. Ce n'est pas parce que vous n'êtes plus chancelière qu'il vous faut faire la tête. Je vous prierai d'accueillir nos invités, qui sont aussi les vôtres je vous le signale, avec amabilité. Faites bonne figure."

Elle tourna la tête en tout sens.

"Mais où se trouve donc votre soeur à cette heure-ci ? J'espère qu'elle n'est pas encore à ses ablutions ? Les invités vont arrivés !"

Et allez, ça commençait. Le gueux de la famille était le premier arrivé. Même si techniquement elle n'était pas encore noble, Mahaut prenait très à coeur les processus de distinction sociale et comptait bien faire partie de la caste des héritiers. Myrmillmze, le mari de sa blondasse de soeur était quant à lui un roturier. Autant dire une tâche sur l'arbre généalogique de la famille.

- Hey! Salut chère Moche-Soeur!!
Comment allez-vous par cette magnifique journée? Je vois que la perspective de ce repas vous enchante au plus haut point.

Elle le regarda en plissant les yeux et en lâchant un petit sourire.

- Messiiiiire Myrmillmze. Je vois que vous avez sorti la tenue des grands jours. Vous comptez nous gratifier de conseils en élevage ou en culture le long du repas, j'espère ? Nous aimons tant avoir des gens issus du peuple à notre table... c'est très divertissant.

Sur ce petit échauffement oral, la blonde débarqua. Mahaut la regarda de haut en bas. La houppelande Christian La Croix. Ben voyons. Celle qui la boudinait parce qu'elle avait voulu la taille minimale alors qu'elle débordait manifestement de tous les côtés. Et avec ça... Raaah, la blondasse avait piqué ses Loup Bouttin. Elle l'emmènerait pas avec elle dans les caves célestes, ça.

- Ayééé je suis lààà.. Non non me le dites pas je sais que je suis resplendissante MOI.. je vois que par contre, la natre a plus gâté certaines que d'autres n'est il point Belle maman??m'enfin nous mettrons ça sur le compte de la déception, et nous n'en ferons cas.. Oooh vil mari de moi tu es viendu.. laisse moi te conduire au banquet, et laissons Mahaut accueillir les invités...passque avec la tronche qu'elle fait, m'est avis qu'ils vont pas regretter d'être venus les invités justement.. Viens tu très cher???

Ah ouais, ça commençait déjà. Le repas n'était pas encore commencé qu'on attaquait cash. Parfait. A la guerre comme au pique nique, les premiers arrivés sont les premiers servis.

- Oh, Orkaange ! Aurais-tu perdu l'esprit ? Sous entendre que la nature n'aurait pas gâté Belle Maman ! Elle qui est aussi resplendissante après un accouchement qu'une rose scintillante sous la rosée ! Vraiment, tes fréquentations avec le petit peuple ne sont pas un exemple pour la jeunesse. J'espère bien que des heures passées avec Pârys sauront te faire prendre la mesure d'une éducation de qualité. Et je sais que tu adooooores garder Pârys, le petit ange est si mignon. Vivement qu'on soigne ses problèmes gastriques hein ? Enfin, bon, ta présence saura le réconforter.
Je vous laisse aller vous installer. Comme le veut la bienséance et Dame la baronne de Rotte-Childe, vous êtes placés face à face, vers le fond de la table. Les convives les plus prestigieux se devant d'être au centre.

Petit sourire mesquin.

- Mais bon, j'explique tout ça parce que je sais que tu n'es pas très assidue aux cours de notre précepteur en bonnes manières. Au fait, pour les couverts, tu n'auras qu'à regarder comment je fais. Permettez, maintenant, nos hôtes plus reconnus ne vont pas tarder.

Elle fit une courte révérence en ne cachant qu'à moitié un sourire sardonique et se plaça face à la porte. Au moment où ils rentraient dans la pièce, elle se retourna et lâcha un petit :

- Orkaange chérie ! Ce qui devait arriver s'est enfin produit. Ta robe a craqué dans le dos.

Oui, evidemment qu'elle avait défait les coutures deux jours auparavant. Sinon où était le plaisir ?

La Moche-Soeur semblait très en forme en ce début de journée. Elle le reçut aussi cordialement que possible, avec sourire et gestes d'amitié. IL allait la reprendre de volée lorsque Dame Elayne s'immisca dans l'affaire.

Bien le bonjour Beeeelllleeee-Maman.
Oui en effet, des instants tout à fait M.E.R... veilleux. Des souvenirs à jamais gravés dans ma mémoire. Je gage que le trumatisme ne guérira jamais vraiment.

Mais l'échange cordial fut vite arrêté par l'entrée, au ralenti bien sûr, comme pour toute reine de beauté qui se respecte, de Ork. Bouche-bée, il n'avait aps encore eu le temps de la complimenter sur sa tenue des plus seillantes qu'elle l'attrapait par le bras pour le mener vers d'autres cieux.

Crrrraaaacccc....

Il mobilisa tous ces sens pour deviner d'où provenait le bruit effrayant. La pauvre robe venait de céder tant la tension dans la pièce était élevée. Et les formes pulpeuse de sa si belle femme n'y était pas étrangères.

Oooohhhhh...
J'avais pas vu!
Mais c'est très ingénieux ce petit décolté dans le dos.

Et de joinde les gestes à la parole en passant sa main sur la peau mise à nu, puis sous le tissu (ben quoi? On est mariés hein!).

- Dame Elayne ... Dame Elayne ... notre Comte est ... ?? !! Mouuuuuuahahahahahahhhhh !!!! Non mais regardez-moi ces bourrelets !! Mouuuuuuahahahahahahhhhh !!!!

Malgré le regard fusillant d'Elayne, Jehan tomba à terre en se tenant les côtes.

- Mouuuuuuahahahahahahhhhh !!!! Mais elle a aucune honte, la fifille au Premier Pair de France ! Mais quelle horreur ! Mais vous avez vu cela ? Un gros bonbon rose qui craque de partout. Aussi appétissante qu'un loukoum ! Et ben, Messire Cmyrille, vous avez de quoi tâter ! Mouuuuuuahahahahahahhhhh !!!!

Il en pleurait de joie, le Jehan !

Sous le choc, elle avait écouté la conversation tout en palpant son arrière train pour vérifier qu'il n'avait pas tant grossi que ça. Bon, si, un peu. Mais c'était pour le bien du PA ! Et quelle idée aussi, d'avoir des spécialités à base de gras, hein ? Foie gras, confit de canard, légumes frits dans la graisse d'oie... Allez faire un régime, vous. Pis l'alcool, ça stocke les graisses.

Tout en faisant entrer Lotx avec sa mine des grands jours, elle regarda la blonde se faire peloter par son sous-cap. Tsss. Aucun savoir vivre. Elle allait évidemment le faire remarquer quand Jehan débarqua et explosa littéralement de rire.

Même si elle ne portait pas particulièrement le voleur de poules dans son coeur, elle apprécia particulièrement l'instant en se permettant un petit rire noble caché derrière son éventail.

- Hihihihihi... Bordel j'ai faim et ils me foutent encore de la salade de choux... Fait ch...
- Jehan ! Je te prie de te relever et de présenter tes excuses à la fille du Comte ! Même si sa situation est du dernier ridicule, cela se se fait point de se moquer. Tout au contraire ! Un chevalier se doit de l'aider en la couvrant d'un mantel ... et non de profiter de sa nudité !
- Ahem... un chevaquoi ? Non parce que là on n'a pas ça sous la main, hein... Vous disiez quoi Jehan ? Le Comte est encore là ? Aura-t-il le temps de nous rejoindre avant le départ ? Il me doit toujours un poney... Peut-être devrait-on prévoir les cuisines ? Je sais qu'il n'apprécie pas du tout la salade de choux. Mais alors pas du tout hein. Il préfère nettement le foie gras d'oie, il me l'a dit. Normal je suis sa fille préférée. On va le chercher ?

Voilà qui permettait de combler l'attente du baron de Barbezieux. S'il ne venait pas, il était clair que la blonde évoquerait une séparation. Et qu'elle en profiterait pour balancer une vacherie sur sa passion pour les bains. Et ça, c'était innommable.

Un peu de finesse dans ce monde brutes. Matpel était de retour à la Rabat'.
Mais c'était après avoir pris grand soin d'insulter copieusement le CAC. Ben oui, il fallait bien s'amuser un peu aussi, cornecul, dans ce simulacre de conseil. Et puis Von n'était pas là, alors il avait dû se contenter du menu frotin.

Voila donc le Connétable déhambulant dans les couloirs précédé par un domestique qui l'avait accueilli avec le sourire. Le genre de sourire que vous ne savez jamais vraiment interpréter. Non Que Matpel eut quoi que ce soit à se reprocher hein, mais bon... bref.

Le Baron fut donc introduit [Couché Sifflard] auprès des convives.

Bien le bonsoir dit il en pénétrant [Couché j'ai dit !]

La Rabat' étant l'un des derniers lieux en PA où la politesse restait de mise, il entreprit de saluer individuellement chaque membre de sa famille de coeur. En commençant par la Comtesse bien sûr.

Je ne suis pas trop en retard j'espère.

Rhaaaa cher Bof, ne sois donc pas si acriâtre. J'ai déjà ma dose avec le Conseil.

Tenez,

il se dirigea vers le couloir et revint avec une pleine caisse de Bordeaux.

je n'allais quand même arriver les mains vides alors voici de quoi égayer un peu nos sombres jours. Et puis j'avoue que j'avais peur que la Comtesse nous prépare une soirée verveine tilleul.

Avec les compliments des Barbeziliens. Gloire à leur percepteur.

Elayne se força à accueillir son presque gendre préféré avec un beau sourire et quelques mots agréables. Pourtant le coeur n'y était plus. La caisse de Bordeaux accaparée par Mahaut, la presque nudité de Ork, l'hilarité de Jehan, les réflexions indécentes de son presque gendre roturier et maintenant l'annonce de Valnor qui était passé embrasser son fils en dédaignant sa famille, quoique là on ne pouvait lui en vouloir, mais surtout elle, son épousée aimante.

C'en était trop !

"Il est vrai, ma chère damoiselle, qu'un repas de famille débute toujours avec un bénédicité. Enfin, quand je dis repas de famille ..."

Ses sourcils se froncèrent, ses yeux se plissèrent en lançant des éclairs émeraude.

"Mon bon Père Lotx, vous me seriez agréable en faisant réciter une de vos charmantes prières à tous les membres de la famille du Comte d'Aubeterre. Ils en ont bien besoin juste avant la salade de choux. Pendant ce temps, vous m'excuserez mais je vais aller chercher le père des jeunes filles ici présentes ... et puis leur frère aussi."

Petit sourire massacreur.

"Jehan, tu vas en cuisines et tu annonces qu'on serve le repas !"

Lotx grimaça. Ben voyons, ce n'était pas comme s'il passait sa vie à faire le curé de service hein? Entre ses farandoles de sacrements et le comte qui mettait un point d'honneur à parler religion avec lui, il espérait bien être au moins tranquille pour le dîner... eh bah non en fait... Mais le plus dramatique était sans doute qu'il n'avait rien préparé et que, donc, il ne savait absolument pas quoi dire comme sa lecture distraite et élaguée du livre des Vertus ne lui avait pas permis d'apprendre quoi que ce soit par cœur.
Mais e pire dans tout cela était qu'il aurait du s'en douter. Les repas familiaux, ou entre amis, étaient toujours pareils. Il y avait le trublion à qui l'on criait "une histoire! une histoire!", la vieille fille à qui l'on tentait déséspérément de caser un mari et celui que l'on harcelait durant toute la soirée car à la vie professionnelle intéressante pour le reste de l'auditoire, généralement prêtre, banquier, médicastre ou avocat. Or, là n'était plus le temps de hurler "Myrmizle une histoire! Myrmizle une histoire!". Se raclant la gorge, le garçonnet se dressa alors pour tâcher de donner un sermon d'une voix mal assurée.

Eh bien... euh... En ces temps difficiles tâchons d'entonner une prière à Miguaël, archange opposé à l'orgueil, à Michel, archange opposé à l'envie et à Georges nan, pas le Poilu, l'autre qu'est le patron de l'amitié. Gageons qu'on ait bien bosoin d'lutter contre l'orgueil et l'envie et d'se rotrouver autour d'l'amitié hein? Donc... euh... voilà, voilà... prions, prions...

Durant quelques secondes il attendit, empli d'un fol espoir que quelqu'un entame une prière pour lui. Mais comme nul ne décida de se prononcer, il dut alors réciter l'une des seules oraisons qu'il connaissait... une oraison composée par Sifflard...

A vous mes beaux saints, vous qui êtes l'infinie ga... l'infinie grâce.
Vous qui lorsque les esprits se font de glace savez être fermes et pointus sur vos enseignements.
Laissez-nous vous caresser et frôler votre sagesse.
Allaitez-nous de paix et de savoir pour que coule en nous votre Vertu.
Amène!

- Oh mon dieu, attention, elle a un bébé dans les mains.

Retirée au fond de sa chaise, Mahaut fixait Manon et son arme de destruction massive. L'enfant semblait bien habillé. A ce qu'elle savait Manon n'était enceinte ces derniers temps. Donc a priori l'enfant n'était d'elle. Rapide regard vers Roudoudou... Non, il n'aurait pas osé commander une cigogne pour Manon quand même...
Aux phrases de la servante, Mahaut se détendit.

- Aaaaah donc c'est Pârys... Oh l'adorable bambin ! Comme il ressemble à ses parents, hein ? Attention, il bave.

A distance raisonnable, elle regarda l'enfant tendu à Lotx. Y'avait pas à dire, il avait pas un métier facile. Même en courant vite, il n'avait pas moyen de s'échapper. Et des langes pleines, croyez-moi, quand ça vous atteint en pleine tête, vous ne vous en relevez pas.

- Pour le bénir il faut de l'eau de vie bénite voyons. Heureusement que j'en ai toujours sur moi en DIGNE aristotélicienne, MOI. Pas comme certains qui ne sont toujours pas baptisés et sont la honte de leur famille.

Petit regard vers la blonde. Elle tendit la flasque à Lotx mine de rien.

- Il paraît qu'il ne faut pas en verser dans les yeux et qu'on ne doit pas les tenir par les pieds. C'est tout ce que je sais. Vas-y, fais ton office.

Se rasseyant le plus loin possible, elle empoigna la table. Quand on enfant se fait verser un truc sur la tête, en général il pleure. Et Pârys avait des cordes vocales très affirmées. Elle empoigna des serviettes pour protéger ses oreilles au cas où. Si seulement ils pouvaient servir la salade de choux, elle pourrait profiter de la confusion générale pour tout renverser par terre comme à chaque repas...

Manon se mit à sangloter.

- Oh, mon Père, comme c'était beau, comme c'était émouvant ! Et comme vous parlez bien le latin ! N'est-ce pas, Messire Matpel ? En quelque sorte me voilà presque sa marraine, n'est-ce pas, Messire Matpel ? Notre petit Pârys est enfin béni et presque baptisé, n'est-ce pas, Messire Matpel ? Quel dommage que ses parents n'aient pas assisté à cette cérémonie, n'est-ce pas, Messire Matpel ?

Elle s'approche du dit Matpel en souriant.

- Désirez-vous embrasser l'enfant, Messire Matpel ?

Tssssssssss. lacha le Baron.

Bien sûr, voyons, que je souhaite embrasser l'enfant, puisque l'on m'en donne l'occasion. c'est un grand honneur !
Regardez cette merveille. Il ressemble à sa mère. Mais en chauve.

Portant ses lèvres sur le front de l'enfant.

Et il est bien plus qu'un bébé, il incarne l'avenir de notre comté, notre avenir à tous. Demain, c'est lui qui façonnera notre monde, bel héritier de grande famille qu'il est.
Et c'est les yeux fermés que nous suivrons la voie qu'il ouvrira, pourfendant l'ennemi, instruisant les sages, fécondant les ... 'fin un gand homme en tout cas.

Il a fait non ?

Mais qui est-ce qui a osé me sortir de mon nid douillet ? De tendres bras, une peau douce, une chaude poitrine, un parfum suave.

Mais où suis-je maintenant ? Des bras poilus, une peau rugueuse, une poitrine plate, une odeur de ...

- OUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIINNNNNNNNNNNNNNNNNNNN !!!

Je veux ma nounou !

- OUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIINNNNNNNNNNNNNNNNNNNN !!!

Voyant la scène, plutôt cocasse, il s'esclaffe.

Oui, tu verras, avec le tient ça se passera mieux.
Hein Mahaut?

Hé hé! Comme c'était simple de faire cracher son venin, en même temps que sa mirablle, à la Moche-Soeur. Il en remis une belle couche.

Ah bon? Parce tu avais des critères? Moi je pensais que tu avais chopé le premier venu... Et ça m'aurait rassuré parce du coup je me dis que là, ben... T'as vraiment mauvais goût hein.

Pis tu compte les revoir comment tes critères? J'espère que tu ne parles pas de batifoller avant le mariage pour être sûre qu'il reste bien à proximité. Ce serait moche de ta part vis-à-vis du Bof de faire un coup pareil et déshonnorant pour notre chère Elayne, qui fait tant pour nous.
A moins que tu ne comptes te passer de la bénédiction de ton Papapair... Han lala...

Il glissa d'ailleurs à Beeeelleeee-Maman en apparté.

Et dites? Si on ouvrait les hostilités? Parce que les baragouinages de Lotx ça va bien deux minutes mais il commence à faire faim. Et soif!

"Rencontrer le cousin de votre Père ? Le FAMEUX cousin Markvart ?"

Elayne éclata de rire puis se mit à frissonner comme si un courant d'air glacé lui tombait sur les épaules.

"Mais ma pauvre malheureuse, j'espère bien que Aristote nous préservera de sa visite ! Je n'ai jamais connu plus vil, plus ignoble, plus exécrable personnage que lui ... à part peut-être ..."

Elle secoua la main comme pour chasser des visages trop connus.

"Laissons cela ! Or donc, jeune Damoiselle, je ne vous souhaite point d'être en présence de ce redoutable pervers, de ce machiavélique démon."

Elle sourit à Matpel.

"Cette petite ne connaît pas son bonheur d'être aimée par vous, mon cher Vicomte."

Ils étaient à présent tous attablés. On leur présenta la salade de choux. Elayne sourit de plaisir.

"Aaahhh ! Nous allons nous régaler ... Bon appétit à tous !"

Salade de choux, pas d'goût pas d'goût pas d'goût.
T'as des relents amer
T'as fait fuir le Pair
Salade de choux, pas d'goût pas d'goût pas d'goût.

Ils étaient ENFIN! passé à table. Babines trempées de bave et couteau en main, Cmyrille attendait impatiemment qu'on les serve. Ben oui hein, en l'abscence de la blonde, la bouffe abonde...

OOOOhhhh!!! AAAAhhhh!!!
Mais que de mets fins et délicieux! Il semblerait que tout soit fait pour combler la Moch... Mahaut ce jour.
Félicitations aux cuisinières de votre domaine Dame Elayne, cette salade est dégueu... Est excellente!

Et là... C'est le drame. Tout bascule. Un inconnu passe la porte. Son entrée fracassante détourne l'attention. Cmyrille recrache la choux!

- Alors, on ripaille et on invite pas la famille ?

Ah?
Pourtant la bienséance est toujours de mise dans cette maisonnée. On traite toujours les gens avec le plus grand respect. N'est-ce pas Dame Elayne.

Et il lui lance un regard appuyé, comme un signe de défi. Du genre "démerdes-toi avec celle là tient!"

C'est une chose de genre féminin qui s'avança vers lui qui l'accueilla.

- Excusez nous, vous nous trouvez en plein repas de presque famille. Vous êtes ?


Repas de famille, certes mais quelle famille, on fêtait quoi, l'arrivée d'un marmot d'une famille de dégénérés peut-être ou tout, au plus.
Markvart plissa les yeux devant l'impudente qui le toisait tout en se présentant d'une manière des plus légère.

- Et vous qui êtes-vous pour vous permettre de me demander qui je suis ? moi l'Immensité incarnée, Markvart de Raven, Seigneur des Seigneurs de Livonie... Place maraude où se trouve mon illustre cousin ?

Elle se retourna vers les convives en chuchotant.

- Mince, c'est un malentendant. Il faut bien articuler alors. Et elle est où l'immense cité ?

Elle se retourna vers l'homme.

- Bon-jour, je suis Ma-haut. Ma-haut. Pas Maraude. J'vous en veux pas, hein, vous avez une espèce d'accent, je sais pas comment on parle chez vous. Bref. Chuis une des filles du Comte Valnor. Val-nor. Il m'entend ? Il me regarde bizarrement... Il est peut-être un peu arriéré, c'est souvent le cas dans les pays lointains...Oui, j'ai été chandelière, je sais de quoi je parle hein. Regardez, Angoulême, on les comprend pas. Quid erat demonstratum.

Ah ben non... Il se devait de reconnaitre que pour une fois la Moche-Soeur avait raison. Le pinpin était un peu arriéré finalement. C'était pas une attitude, juste un manque cruel de discernement.

Que ne, que n'avez...dit... là...?

Non Messire, ce ne sont pas des queues de navets. C'est une salade de choux. Choux. Ca va aller? Vous comprendre moi? et le "là" on appelle ça un sa-la-dier. Saladier.

Se tournant vers Elayne qui semblait... Euh... En fait il l'avait jamais vue comme ça.

Dites Beeelllleee-Maman. Je vous savais l'âme belle et généreuse mais inviter un traine savate qui parle à peine la langue à un repas de famille, c'était vraiment nécessaire? Je sais que vous nous prenez pour des malapris, mais quand même, pas besoin de nous montrer que y'a pire pour nous remonter le moral...

- Houlaaaa... vous, vous êtes sobre et malentendant, et e plus aveugle. La vache, je compatis. Tenez, buvez-vous un truc. De la salade de choux ?

Elle l'éventa de son éventail à paillettes.

- Donc la Comtesse est là, pour l'instant, elle est fixée sur vous les yeux équarquillés c'est marrant, on dirait qu'il y a un truc qui ne passe pas. La salade de choux est-elle fraîche ? On peut en douter. Bref... Donc oui, je suis Mahaut, une de deux filles de comte Valnor. L'autre c'est la blonde à peine habillée, là, Orkaange. Deux filles surprises de Valnor. Un passé tumultueux qui refait surface, ah ah ah... Bon, non, ça ne les fait pas rire tant que ça, mais on fait bien des efforts pour ne pas mettre trop la honte, hein. On l'appelle papapair, ça fait haillpe. Tain, vous êtes tout pâle... Sérieusement, faut dire à Nanoue d'arrêter la salade de choux, hein...

Elle lui tendit un verre.

- Et donc, vous êtes qui, vous ?

La blonde était remonté dans leur chambre, et ça lui avait pris une tripotée de temps à la baleine, de saccager ce qu'il restait des affaires propres de Mahaut..Sauf les Djimie Chou ça elle avait pas eu le coeur A cause d'elle, elle s'était mangé des réflexions de Elayne, et était passée pour une goinfre doublée d'une plouc aux yeux de la communauté.. Alors Alcoolique oui, mais goinfre, même pas vrai d'abeur. ...
Elle avait changé donc ses Loup Boutins contre les Djimie Chou de sa soeur.. Reste qu'il fallait rechoisir une nouvelle robe.. La Christian La Croix avait beau plaire au vil mari de elle, ça allait quand même pas le faire, sa dignité de blonde en prenait un sérieux coup là.. Quand elle quitta la pièce, c'était un spectacle de désolation.. Des morceaux d'étoffe déchirés partout, restes des robes haillpes de Mahaut (resquiescat in pace) et des monceaux de robes essayées à la hâte puis jetées négligemment sur le lit formaient des monticules ressemblant de loin à des terrils. Enfin elle trouva la tenue adéquate, et redescendit pour enfoncer la brune principalement, et accessoirement pour tenir son rang parmi les siens. Arrivée à la porte de la salle à manger, un homme se tenait là. Orka s'approcha subrepticement, telle le Lynx, pour pouvoir écouter à la porte avant d'entrer. quand l'homme se présenta comme un cousin. La blonde laissa alors échapper sa stupéfaction

Oh merde.. Un cousin... J'espère qu'il concourt pas pour l'héritage aussi celui ci, ça va pas le faire

Elle se lança donc dans la bataille, bonnets D en avant, et arrivant par derrière, donc par surprise, saisit le comte Marktruc par le bars, et le poussa sur une chaise qui trainait là

Mais ne restez donc pas debout cher cousin Enfin mahaut à quoi penses tu?? Laisser le cousin debout ainsi?? *se tournant vers le Markvart, un sourire éclatant sur les lèvres*Excusez la... Il parait que c'est ma soeur, mais je doute que papapair ait vraiment eu toute sa tête quand il l'a engendré. Alors vous avez des cadeaux?? nan vraiment il fallait pas hein?? En tout cas si yen a pas assez vous bilez pas, Mahaut en a pas besoin...

Son devoir fait et le cousin assis, elle se précipita vers Elayne, qui semblait un tantinet catatonique à la vue de l'homme, pour lui masser les épaules

Excusez Belle maman, la joie de vous revoir surement.. Dites?? C'est ou la Livonie???

Bordel, la blonde qui revenait... Avec un air mauvais, en plus, sournois... Elle ne put retenir un frisson. Elle n'aurait pas osé toucher à sa garde robe quand même ?
Le sourire de la blondasse s'élargit tandis qu'elle accueillait le visiteur.
Machinalement, la main de Mahaut serra son couteau.

*Non, non, Mahaut, tu n'y penses pas !*
*C'est vrai, il y a trop de monde*
*C'est un couteau pour le poisson ! Elayne te tuerait si tu te trompais en plein repas noble !*
*raaaaaah... La prochaine fois je demanderai des couverts adaptés au fratricide... Tiens, je vais piquer une cuiller quand même, au cas où*

Le temps de tout ce débat interne, Elayne avait fini par reprendre ses esprits. Pour les perdre immédiatement après en buvant un verre cul sec. Les yeux agrandis par la surprise, Mahaut hésita à applaudir.

- Mes chères enfants, je vous prie de venir à mes côtés. Je n'aime point vous savoir auprès du cousin de mon époux. Vos promis veilleront ainsi sur vous.

Houlaaaaa... Là, ça allait vraiment mal. Elle les avait appelé "mes chères enfants". Signe de crise. Elle recula légèrement et regarda son promis. Ben voilà, c'était le problème de la salade de choux, il était tout vert, pas en état de défendre qui que ce soit. Au pire, elle se réfugierait quand même derrière, des fois qu'il rende son entrée. Une technique de guerre comme une autre. Elle aperçut Lotx qui regardait la scène, abasourdi.

- Et qui va veiller sur l'archiprêtre diocésain ? Hein ? C'est un cousin, vous pensez qu'il nous veut du mal ? C'est pas le genre dans la famille, pourtant...

Du bout des doigts, elle vérifia la présence de la cuiller dans sa poche. Si la blonde tentait quoi que ce soit, elle n'hésiterait pas à intervenir.

*mince, c'est une cuiller pour le thé ou pour le dessert ?*