Breiz24
[You don't want to hurt me,
But see how deep the bullet lies
Unaware that I'm tearing you asunder
There is thunder in our hearts]
Le décor, cest une taverne. Le lieu ? Chinon, Touraine. Mais ça aurait pu être nimporte où. Une soirée qui commence comme une autre, une rousse qui nourrit ses enfants, un par un, deux heures avant la mi nuit. La fille est recouchée dans son couffin, le fils, gardé contre elle.
Une soirée banale, rythmée par les échanges entre son blond et une blonde, une inconnue. La rouquine se lasse, sa main erre sur la cuisse de son blond, le territoire est marqué. Tu es à moi. Quelle ne sapproche pas. En général, la rousse sen tient là.
La soirée aurait pu rester banale, si la jalousie maladive de la rousse, exacerbée par sa fatigue nerveuse et physique, ne sétait pas manifestée. Elle cache son jeu la rousse. Des jours entiers quelle ne tient debout que par la volonté. Des jours entiers que les cernes noirs sous ses yeux sont habilement dissimulés par la poudre beige quelle a acheté chez lapothicaire limousin, en même temps que le pavot qui avait fait tenir le blond face à la douleur.
Des jours que lépuisement la ronge, petit à petit, un peu plus à chaque instant. Des jours quelle attend que le blond soit parti de quoi gagner leur repas du jour parce quil y tient, bien que la rouquine soit plus riche que lui pour pleurer. Des jours quelle pleure dès quelle est seule et que ses enfants dorment. Parce que devant eux non plus, elle ne craque pas.
Elle abandonne la conversation du blond, sabsorbe dans une autre, qui lui convient mieux, sur les alcools. Diable comme elle aimerait senivrer encore, comme elle le faisait il y a longtemps. Avant de connaitre le blond. Avant la naissance de Gauvain. Avec « ses » hommes. Elle a jeté un voile sur cette période de sa vie, elle ne veut plus la voir, pour ne plus en souffrir. Elle est heureuse. Sa vie la comble. Elle en est persuadée. Depuis la naissance de sa fille, elle a du temps pour elle. Elle le sait. Cela lui permet de soccuper de ses enfants, de faire les repas pour sa famille, daller elle-même au lavoir plutôt que payer une lavandière, de baigner ses enfants, de langer Elin, de sinterrompre toutes les deux heures pour lallaiter. De ne plus avoir de temps pour elle. Mais pas pour les autres non plus.
Si elle avait su que parler de la politique locale avec le tenancier de leur troquet favori allait lever un coin du voile, elle ne laurait surement pas fait. Pour saveugler encore. Cétait tellement plus facile.
Mais il est trop tard, et sa vie rythmée par les besoins de sa fille lui saute au visage, lui enserre la gorge. Elle ne supporte pas ce quelle est. Elle se hait. Mais elle sait aussi que le blond lui, aime cette disponibilité quil lui suppose avoir. Alors elle contient tout, encore. Peu importe. Bientôt, la parenthèse prendra fin. Bientôt ils rentreront en Bourgogne et alors, la rouquine trouvera bien de quoi sinvestir quelque part. Les terres de son fils, pour commencer.
Elle se concentre sur sa discussion sur les alcools. A coté, la joute verbale entre son blond et une blonde se poursuit. Sur la cuisse du blond, la main de la rouquine trace une arabesque, machinalement. Le contact nest pas nécessaire, mais il est agréable. Il lui permet de rester proche de lui-même sils ne participent pas à la conversation. Quimporte finalement son état de fatigue, quimporte lépuisement et les larmes quelle cache quand dans la journée, sa fille refuse encore une fois de manger, brisée de chaleur et de faiblesse ? Elle est heureuse, dans lensemble, et malgré la peur et les doutes, lenfant grossit, un peu. Le temps de lapaisement est proche, celui du repos viendra avec. Limportant, cest sa main sur la cuisse du blond, lunion, rester à lui.
Quand il compare la blonde à ce qui ressort régulièrement de lestomac dune femme engrossée, cest elle qui se sent rejetée. Cest elle qui lui a fait connaitre les affres des nausées permanentes, et nulle autre. Cest le dégout quil a delle qui renait.
Elle se lève, séloigne, ne supportant pas ce quelle représente pour lui. Elle emmène son fils avec elle, abandonnant la fille qui a provoqué ce rejet quelle croit subir à son père. Le fondement du petit garçon endormi est déposé sur le zinc du comptoir, de largent y est claqué. Elle réclame de lalcool fort, une bouteille deau de vie. Pour essayer de retrouver un peu de cette chaleur au fond de son ventre, qui vient subitement de la quitter. Boire. Pour oublier. Ou pour faire revenir le passé. Ou bien pour le provoquer, lui, qui ne boit que du lait.
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***** L'atelier des Doigts d'Or : couturière *****
But see how deep the bullet lies
Unaware that I'm tearing you asunder
There is thunder in our hearts]
Le décor, cest une taverne. Le lieu ? Chinon, Touraine. Mais ça aurait pu être nimporte où. Une soirée qui commence comme une autre, une rousse qui nourrit ses enfants, un par un, deux heures avant la mi nuit. La fille est recouchée dans son couffin, le fils, gardé contre elle.
Une soirée banale, rythmée par les échanges entre son blond et une blonde, une inconnue. La rouquine se lasse, sa main erre sur la cuisse de son blond, le territoire est marqué. Tu es à moi. Quelle ne sapproche pas. En général, la rousse sen tient là.
La soirée aurait pu rester banale, si la jalousie maladive de la rousse, exacerbée par sa fatigue nerveuse et physique, ne sétait pas manifestée. Elle cache son jeu la rousse. Des jours entiers quelle ne tient debout que par la volonté. Des jours entiers que les cernes noirs sous ses yeux sont habilement dissimulés par la poudre beige quelle a acheté chez lapothicaire limousin, en même temps que le pavot qui avait fait tenir le blond face à la douleur.
Des jours que lépuisement la ronge, petit à petit, un peu plus à chaque instant. Des jours quelle attend que le blond soit parti de quoi gagner leur repas du jour parce quil y tient, bien que la rouquine soit plus riche que lui pour pleurer. Des jours quelle pleure dès quelle est seule et que ses enfants dorment. Parce que devant eux non plus, elle ne craque pas.
Elle abandonne la conversation du blond, sabsorbe dans une autre, qui lui convient mieux, sur les alcools. Diable comme elle aimerait senivrer encore, comme elle le faisait il y a longtemps. Avant de connaitre le blond. Avant la naissance de Gauvain. Avec « ses » hommes. Elle a jeté un voile sur cette période de sa vie, elle ne veut plus la voir, pour ne plus en souffrir. Elle est heureuse. Sa vie la comble. Elle en est persuadée. Depuis la naissance de sa fille, elle a du temps pour elle. Elle le sait. Cela lui permet de soccuper de ses enfants, de faire les repas pour sa famille, daller elle-même au lavoir plutôt que payer une lavandière, de baigner ses enfants, de langer Elin, de sinterrompre toutes les deux heures pour lallaiter. De ne plus avoir de temps pour elle. Mais pas pour les autres non plus.
Si elle avait su que parler de la politique locale avec le tenancier de leur troquet favori allait lever un coin du voile, elle ne laurait surement pas fait. Pour saveugler encore. Cétait tellement plus facile.
Mais il est trop tard, et sa vie rythmée par les besoins de sa fille lui saute au visage, lui enserre la gorge. Elle ne supporte pas ce quelle est. Elle se hait. Mais elle sait aussi que le blond lui, aime cette disponibilité quil lui suppose avoir. Alors elle contient tout, encore. Peu importe. Bientôt, la parenthèse prendra fin. Bientôt ils rentreront en Bourgogne et alors, la rouquine trouvera bien de quoi sinvestir quelque part. Les terres de son fils, pour commencer.
Elle se concentre sur sa discussion sur les alcools. A coté, la joute verbale entre son blond et une blonde se poursuit. Sur la cuisse du blond, la main de la rouquine trace une arabesque, machinalement. Le contact nest pas nécessaire, mais il est agréable. Il lui permet de rester proche de lui-même sils ne participent pas à la conversation. Quimporte finalement son état de fatigue, quimporte lépuisement et les larmes quelle cache quand dans la journée, sa fille refuse encore une fois de manger, brisée de chaleur et de faiblesse ? Elle est heureuse, dans lensemble, et malgré la peur et les doutes, lenfant grossit, un peu. Le temps de lapaisement est proche, celui du repos viendra avec. Limportant, cest sa main sur la cuisse du blond, lunion, rester à lui.
Quand il compare la blonde à ce qui ressort régulièrement de lestomac dune femme engrossée, cest elle qui se sent rejetée. Cest elle qui lui a fait connaitre les affres des nausées permanentes, et nulle autre. Cest le dégout quil a delle qui renait.
Elle se lève, séloigne, ne supportant pas ce quelle représente pour lui. Elle emmène son fils avec elle, abandonnant la fille qui a provoqué ce rejet quelle croit subir à son père. Le fondement du petit garçon endormi est déposé sur le zinc du comptoir, de largent y est claqué. Elle réclame de lalcool fort, une bouteille deau de vie. Pour essayer de retrouver un peu de cette chaleur au fond de son ventre, qui vient subitement de la quitter. Boire. Pour oublier. Ou pour faire revenir le passé. Ou bien pour le provoquer, lui, qui ne boit que du lait.
Placebo, Running up that hill
"Tu ne veux pas me blesser/Mais vois où est enfouie la balle/Ignorant que je te déchire/C'est un orage en nos curs."
"Tu ne veux pas me blesser/Mais vois où est enfouie la balle/Ignorant que je te déchire/C'est un orage en nos curs."
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***** L'atelier des Doigts d'Or : couturière *****