Des cheveux tout gris, elle arrêtait pas de regarder à droite à gauche.
Une mendiante, tu crois ?
Pas sûr, mais elle était bizarre, à fureter près de mon étal. Je tenterai d'en savoir plus si elle réapparaît dans le coin.
Konba waaaa..
Nozomu se retourne, habitué. Tsuki avait pris l'habitude de venir lui rendre visite de temps en temps lorsqu'il était de nuit. Son commerce n'était pas plus ou moins lucratif que lorsqu'il était là de jour. Mais ainsi était le marché, de jour comme de nuit, on pouvait y acheter et y vendre. Si ce n'est que la nuit, la plupart des denrées, il les réunissait tout en précisant le nom du fournisseur à ses clients.
Du coin de l'il, il ne peut s'empêcher de noter les détails qui en disaient longs. L'allure simple mais impeccable, le ton badin mais le visage serein, les bottes et le bâton joliment ouvragé.
Konba wa. Alors on sévit dans les gargotes maintenant ? On vous voit aller et venir, savez.
Hai, hai, je me tiens au courant et je vois du monde, que demander de plus ?
Hmm Hmm.
Ça aussi il l'a noté, la récente activité de la femme, qui pourtant tient toujours le temple aussi propre. Elle divague ça et là, titille ses proches, sème un chaos réfléchi sur son chemin. Ça lui fait penser à quelque chose, ce genre de comportement. Un comportement dont il a le sentiment qu'elle ne apprécie pas elle-même.
Je vous prendrai 9 mesures de riz s'il vous plaît. De quoi tenir quelques jours.
Ah ah, on part en patrouille, enfin ?
En vadrouille, plutôt.
Sokka.
Oui, il comprend.
Et le marchand a trouvé ce à quoi elle lui faisait penser, à son chat. Une fois, ils l'avaient oublié dans la maison pour une journée, sans possibilité pour lui de sortir. A leur retour, de nombreux objets avaient été brisés, et la porte avait été grattée jusqu'à ce que le papier cède. Ou bien à cette autre fois où il avait oublié de le faire sortir, et qu'il était réveillé en plein milieu de la nuit parce que le félin avait décidé qu'il était temps de jouer.
Et pourtant! En plein jour, dès que Nozomu regardait cette satanée bestiole, elle était toujours en train de sommeiller ou en train de paresser près d'un endroit chaleureux. A n'y rien comprendre. Sa femme lui avait bien expliqué qu'il fallait soit le laisser sortir soit l'occuper, mais rien à faire, il n'arrivait pas à faire la jonction chaos domestique-carpette ronronnante sur le sol.
J'espère en tout cas que vous ne ferez pas de mauvaises rencontres. Tenez, votre riz.
Ne vous en faites pas, tout ira bien.
Tant mieux.
Coupant court à cet échange, il commence à être un peu agacé, que ce soit par l'analogie qu'il a faite inconsciemment ou par le ton maternel et toujours assuré qu'elle peut avoir. Si seulement ils pouvaient en finir rapid..
Gomen nasai, c'est cela.
Pardon ?
Je suppose que je dois être désolée. Merci pour le riz. Sayonara.
Euh.. de rien. Sayonara...
C'est soulagé qu'il la regarde partir.
Rare qu'elle soit aussi directe, en général elle préfère ignorer et viser à côté.
J'aurai préféré qu'elle fasse comme d'habitude, tu vois.
C'est vrai qu'ça sonne plus gentil quand elle semble à l'ouest. Bon, et cette fille aux cheveux gris, alors.
Elle a lorgné les fruits, il me semble. Peut-être que si je laisse des écorces de kabosu en vue...
Bah la prochaine fois.
C'est ça, la prochaine fois.