Lunran
Une heure... Deux heures... Trois... Oh et puis zut hein ! Lunran remballa son matos et planta tout le marché de Cuam là.
Elle chipa une torti au passage, fallait bien qu'elle paye son attente hein.
Tulan me v'là ! Z'ont interêt à être meilleur con. Sinon j'prendrai leur calpu.
Continua-t-elle de ronchonner tout haut. Luny se but une longue rasade de pulque, avant de poursuivre sa route vers elle ne savait pas trop où. Ah si ! Vers la richesse et la célébrité. Si si j'vous jure... Enfin, en marchant droit et sans matter les derrières des mâles, ça irait quand même plus vite.
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Rebelle par Nature
Pénible à ses heures
Voleuse de moult choses
Lunran
[Tulancingo]
Humpf.
Son bardas vint s'étendre sur la nouvelle place de marché. Même procédure, pour mêmes clients.
Peyolt ! Qui veut des peyolts ?
On lui avait offert une jarre de pulque pour le voyage, et elle siffla la dernière lampée. Le temps allait être encore une fois de plus, très long...
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Xihuitl
Ca faisait longtemps qu'elle marchait. Cette fois-ci, elle avait quitté les hautes montagnes et les forêts luxuriantes pour remonter vers l'aridité tlaxcallane. Elle n'était pas revenue dans le coin depuis un long moment. On ne peut pas dire qu'il n'y avait pas eu du changement. Quand à savoir si c'était en bien ou en mal, en fait Xihuitl s'en fichait royalement. Les petites affaires humaines lui passaient généralement bien au-dessus de la tête. Tant que une armée ne l'empêchait pas de se rendre là où elle allait, elle se contre fichait de savoir si elle était aztèque, maya, tlaxcaltéque ou autre.
Elle savait la fin de son voyage proche, mais manquait d'indications sur le lieu exact où elle devait se rendre. Les dieux et leurs indices fumeux.... Une seule solution, les interroger. Et pour trouver les indices qu'ils disséminent un peu de partout, le truc qui marche le mieux, : Peyotl.
Oui, mais où trouver du peyotl dans ces fichues bourgades aux trois quart désertes? Sans qu'elle soit particulièrement sauvage, l'ambiance qui régnait dans les clans traversés ne donnait pas envie d'interroger l'autochtone.
Peyolt ! Qui veut des peyolts ?
Oh, le cri attendu tel le... , oui non peut être pas à ce point là quand même. Quoique...
Xihuitl stoppe net. Sa tête se tourne, les yeux fouillent le clan à la recherche de la provenance. Là. Une jeune femme, quasiment une gamine. Elle s'approche. Le bout de couverture crasseux où sont posées les différentes herbes ne lui inspire pas confiance. Elle se met à espérer que la marchandise soit de meilleure qualité que l'emballage.
Niltze.
Il est frais, ton peyotl?
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Bleue ou verte, Verte et Bleue, peu importe...
Pierre, je suis.
Lunran
Citation:Niltze.
Il est frais, ton peyotl?
Et là soudain, la vague d'espoir, le client tant attendu. Enfin ! Lunran se redressa et sur son visage s'étira un large sourire, destiné à appater la femme. Elle aurait eu plus de facilité à arnaquer un homme, mais bon...
Evidemment qu'il est frais, je goûte toujours la marchandise.
D'un geste vif et habile, elle prit un des précieux champignons pour montrer ses produits sur leur meilleur jour.
Admire donc. Avec ça je t'assure le contact des Dieux.
D'un air conspirateur, et camelot dans l'âme, elle lui souffla de son haleine chargée de l'odeur de pulque :
Ou du moins, le plaisir absolu.
Elle souleva un pan de tissu pour lui dévoiler le reste des peyolts.
Combien t'en offre ?
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Xihuitl
Xihuitl réprime une grimace à l'odeur de l'haleine chargée. La "vendeuse" n'a vraiment rien pour attirer le chaland. L'artiste jette un œil désabusé aux champignons, ça présage mal de la qualité de la marchandise, mais bon... L'offre n'est pas importante dans le coin. Première bonne surprise, elle en a une bonne quantité. Deuxième bonne surprise, ça n'a pas l'air d'être des amanites séchées et e plus, ils ont l'air d'assez bonne qualité. Pas celle que l'on s'arrache pour les temples, mais tout de même...
Combien, j'en offre?
Bonne question...
Le regard de Xihuitl soupèse son vis à vis, légèrement crasseux. La jeune femme a l'air d'un chat sauvage efflanqué qui ne mange pas à sa faim tous les jours, sur le qui vive comme si elle s'attendait à un coup, (surement mérité d'ailleurs) à tout moment.
Un léger sourire vient poindre sur le visage sévère de la femme. Elle doit avoir dans son sac, le paiement qui conviendra.
D'un coup d'épaule, elle fait descendra sa besace le long de son bras, défait le nœud et plonge la main à l'intérieur. Au toucher, elle repère la boite qu'elle cherche. Petit coffret de bois, orné grossièrement du symbole du Serpent Nuage. Elle le prend en main, le sort et l'ouvre devant sa vendeuse.
Je te prends tous tes peyotls contre une de ces bagues. Tu choisis celle que tu veux.
Le regard froid ne quitte pas la jeune fille des yeux. Pas qu'elle n'ait pas confiance, mais... non, en fait, elle n'a pas confiance.
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Lunran
Devant l'audace de la femme, Lunran ne peut retenir un sourire. Un bijou contre des champignons, on aura tout vu.
J'accepte de vendre tous mes peyolts contre toutes tes bagues.
Elle doutait de la véritable valeur de ces bijoux, mais si elle arrivait à les obtenir, elle pouvait toujours les fourguer à plus naïf, après un passage obligé chez un connaisseur de confiance, bien entendu. Ses prunelles avides se mirent à briller devant tant d'éclats, ça avait tout l'air d'être de l'authentique, mais pour s'être fait piégé une fois, la méfiance surpassait sa soif de richesse. L'es pas con la Luny, elle fait jamais la même connerie.
A moins que tu ai des esclaves à ajouter...
Le troc c'est bien, mais c'est encore mieux quand on sait à qui refourguer sa marchandise contre de bons vieux Quachtlis. Et qu'on en finisse vite, elle a une revanche à prendre sur deux imprudents.
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Xihuitl
L'audace de la gamine arrache un sourire de loup à Xihuitl.
N'exagère pas, Petite.
Une bague vaut largement plus que tes champignons.
Les doigts fins, teintés de bleu, font tourner une à une la dizaine de bagues, faisant ressortir leurs motifs et surtout faisant jouer la couleur des turquoises dans le soleil.
Chacune porte la marque du maitre qui l'a créée. Les turquoises sont véritables, et l'argent des montures est pur.
Non, non,non...
Une bague pour tous les champignons.
Le petit jeu commence à amuser Xihuitl. Ca fait longtemps qu'elle n'a pas eu l'occasion de marchander et elle n'est pas pressée. L'idée d'échanger ses deux esclaves contre la poignée de champignons manque la faire s'écrouler sur le sol de rire. Il n'y a pas, la gamine qui lui fait face n'a vraiment aucune idée de la valeur des choses.
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Lunran
Petite, petite. Elle devrait être sacrément vieille pour la traiter de gamine. Enfin valait mieux ça que de se faire traiter de poire flétrie, comme l'autre jour.
Mes champignons te permettent de communiquer avec les dieux, même les temples me les achètent.
Alors ils valent au moins cinq de ses bagues là !
Plus elle pouvait lui en extorquer, mieux ce serait. Mais la femme n'avait pas l'air de faire partie des naïfs habituels auquel elle refourguait sa marchandise. Y'avait peu de chance qu'elle fasse une bonne affaire. Enfin, elle allait faire tout pour l'alléger le plus possible. Un sourire fin étira les lèvres de Luny.
Et je peux même t'offrir une rasade de pulque, si ça peut te rendre plus offrante...
Elle sortit une jarre fermée et encore pleine de dessous son étal, de la qualité y'a pas à dire. Et une véritable torture que de tenir pareil liquide précieux sans encore en boire.
Alors, tu te décides ?
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Xihuitl
Xihuitl sent le poids du regard qui la dévisage. Si elle essaie de deviner son age, elle va en être pour ses frais. Son visage lisse ne porte aucune ride, ses cheveux sont toujours épais et luisants malgré la mèche blanche qui les zèbre, ses mains en disent beaucoup plus sur son métier que sur ses années. Elle pourrait avoir vingt cinq comme cinquante ans. L'artiste le sait et s'en amuse, en joue souvent.
Elle tend la main pour attraper l'outre et s'en octroie une généreuse rasade. Elle redonne la pulque à sa propriétaire.
Petite, tu sais parler aux gens.
Pour ton amabilité et la pulque, je monte à deux bagues.
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Lunran
Ah ! Enfin elle a réussi à lui faire monter son prix. Trop heureuse de cette proposition, elle reprit sa jarre de pulque (et oh, elle allait pas tout lui siffler non plus), et glissa un champignon dans sa poche d'un geste subtile, pour tenir jusqu'à la prochaine récolte. Avant d'emballer le tout, proprement.
Marché conclu !
Elle prit le colis sous son bras, attendant son payement. Une arnaque au sujet de ses bagues, commençait à voir le jour dans sa tête futée. Et puis, pour ce que lui avait couté ces champignons !
Un sourire malin étira ses traits.
Si t'as besoin de te refournir, contacte Lunran la Sublime. J'te ferais un prix.
Rien de tel que d'avoir des privilégiés, ça prouve que la marchandise est bonne, et puis... elle a de la marge. Enfin, seulement si ces bagues ne sont pas de la gnognotte !
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Xihuitl
Xihuitl remarque le geste preste qui, mine de rien, vient de faire baisser la valeur de son achat. Son regard pétille d'amusement. Elle ne s'était donc pas trop trompée sur le compte de sa vendeuse. Rien que pour ça, elle ne fera pas de scandale.
Par contre, du coup, elle choisit elle-même les deux bagues. Une à l'effigie du Vieux Coyote et une à celle de la Fleur-Plume, déesse entre autres de la Fertilité. Curieux mélange, curieuse association qui pourrait donner de curieux résultats si Lunran, puisque tel est son nom, les porte conjointement.
Elle les prend dans sa paume et de son autre main referme le coffret qui va prestement rejoindre sa besace.
Si tu as besoin de bijoux, entre autres, fais demander Xihuitl.
Elle ne précisera pas l'entre autres, laissant l'imagination de son vis à vis, chercher ce que ça peut bien pouvoir être.
Elle vient déja de lui faire un cadeau somptueux. Son travail est recherché sur tout le continent car rares sont devenus les maitres joaillers dans ce monde en guerre perpétuelle. Si les pierres ne sont pas de première qualité, le travail lui l'est. Qu'elle fasse un pendentif pour une simple villageoise, un masque funéraire pour un empereur ou une sculpture pour un temple, elle apporte le même soin à sa production.
Xihuitl connait sa valeur sans forfanterie ou fausse modestie. Elle sait que bien souvent, son travail finit en amulette plus que en ornement, le souffle des dieux y est puissant.
Elle tend ses deux mains une paume ouverte pour recevoir son paquet de champignons, l'autre fermée contient le paiement. Méfiante? Si peu...
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