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Ou de la confrontation entre deux Grandeurs...

[RP] Parlez-moi de la pluie...

_max
Voici deux journées déjà, que l'on pouvait voir le Mazière faisander au cœur du sombre donjon d'Agonac, baigné de l'écrasante atmosphère que déploie chaque année à la même époque l'aride saison de la moisson. A mesure, pourtant, qu'il progressait vers son point de mire bourguignon, il était parvenu à se soustraire de la fournaise la plus crue qui sévissait en le Duché de Gascogne, et qui l'accablait tant, lui, accoutumé davantage à l'Empire transi plutôt qu'à la canicule occitane... Ce domaine périgourdin, affecté aux bons loisirs du Comte par son compagnon d'armes le Vicomte Salmo Salar, abritait providentiellement, quelques jours durant, la villégiature de l'Impérial et de sa maigre escorte, la Dame de Dumes, à mi-parcours de leur longue chevauchée à travers le Royaume de France.
L'affliction de sa jambe naguère mal soignée, conjuguée à la température ambiante, laissait ce Diable boiteux sans nulle autre volonté que celle de se prélasser en le plus moelleux des fauteuils du très meublé salon du Castel, quelque valetaille s'affairant à l'aérer tout au long de la journée, au moyen d'une espèce de large éventail plissé aux allures de Flabellum.

Il fallut bien que de ce lourd climat éclate, le moment opportun, une quelconque tempête pour balayer de son courroux l'apparente apathie à laquelle résignait cette chaleur étouffante, et il sembla à l'auguste aristocrate que l'instant était venu, lorsqu'en cette heure tardive de l'après-midi, l'on entendit tonner moult grondements aussi clairs qu'assourdissants en le ciel de Périgord, bientôt cadencés par ruissellements torrentiels.
C'est sur cette heure-même qu'un quelconque laquais cru bon de venir troubler le confort du Mazière pour l'aviser, selon ses dires, de quelque annonce des plus urgentes. Si le noble eut bien pu s'amuser à le faire châtier aussitôt pour son impudence, il fut bien vite rappelé par sa lassitude de la chose, et sa soif de péripéties nouvelles. Il en irait alors de la sorte, sa chance serait offerte au manant d'être entendu...


Sa Grandeur Agnès de Saint Just et de Dublith, Comtesse du Lavedan, Vicomtesse de Bapaume, Baronne de Desvres, Dame de Seuiri et d'Herlies, entourée de sa compagnie, réclame audience auprès du Seigneur local...

Ce dernier ne résidant point présentement en la demeure, il était aussi légitime qu'heureux que l'on vint s'adresser à celui-là même qu'il avait mandé afin d'en honorer les jouissances.

Il s'agirait d'une histoire d'excursion dans les environs, et de l'orage qui l'aurait surprise, et d'hospitalité caimandée(*) pour le temps qu'ça dure...

Le nom ainsi que la qualité avancés au sujet de la Dame, quoiqu'éminente selon toutes vraisemblances, n'évoquaient rien en l'esprit du Mazière, et le bref récit maladroit et embrouillé de l'impertinent ne semblait la positionner en connaissance du Vicomte.
Fallait-il donc s'en encombrer... L'ennui, au moins autant que la courtoisie, semblait l'aiguiller vers l'affirmative et c'est ainsi qu'échut cette conclusion des plus sommaires...


Qu'elle entre...
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(*) : quémandée

Saluons l'artiste, inspirateur de nombre de mes textes, et du présent intitulé...

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Max de Mazière, Comte de Belfort, Baron de Chaussin, etc...
Gnia
Angoulême ou l'ennui.
Ville qui avait recueillit la carcasse blessée de la Saint Just par deux fois. Prison étouffante où il lui était commandé de faire convalescence puisque l'engeance artésienne qu'elle était refusait obstinément de crever, chienlit parmi l'ivraie.
Et tout comme il est vain de tenter de contenir la poussée inexorable de la mauvaise herbe, éternel recommencement, juguler l'impérieux besoin d'action d'Agnès tenait du domaine de l'impossible.
Des semaines qu'elle était reléguée à tenir la chambre, se contentant de lire ou écrire ou de quelques promenades dans l'exigu jardin de la bâtisse qu'elle avait louée pour elle et ses gens le temps de leur séjour en Angoumois.
Des semaines à dresser des digues contre impatience et impulsivité qui lui commandaient de faire fi des ordres et conseils des médecins et de voler vers un autre destin. Mais pour voler fallait-il encore avoir des ailes et pour l'heure celles de Sa Grandeur avaient été implacablement clouées au sol par un carreau d'arbalète poitevin soigneusement décoché.

Angoulême ou l'ennui, mais plus pour très longtemps.
Ce fut une petite compagnie qui quitta ce matin-là la ferme fortifiée qui servait de refuge à la mesnie Saint Just dans sa retraite forcée. La Dame à cheval, quelques gens en armes pour escorte, fauconnier et faucon et quelques chiens pour ramener le gibier. Minime équipage pour escapade déconseillée. Encore affaiblie par le sang qui lui noyait les poumons et ses conséquences, des toux nocturnes qui lui déchiraient la poitrine, Agnès s'était vue interdire tout exercice violent jusqu'à ce qu'un médicastre juge qu'elle pourrait supporter un voyage de plusieurs jours.
Mais à choisir de lutter contre l'inaction et la lente folie qu'elle engendrait ou faire un pied de nez au mauvais sort et céder à un coup de folie, ce fut ces derniers qui l'emportèrent et motivèrent cette partie de chasse destinée à rompre un bien morne quotidien.

Et une bouffée d'air en appellant toujours une suivante, la partie de chasse dépassa largement le cadre d'une matinée qui n'avait de frais que le souvenir pour se transformer en poursuite effrénée d'une proie qui se faisait insaisissable, donnant là à Agnès l'occasion rêvée de prolonger cet instant de liberté si ardemment désiré. Et avec la poursuite d'une chimère vint celle de l'ombre pour échapper à la touffeur d'une après-midi déclinante. Mais aucun sous-bois ne parvenait à dissiper la moiteur d'une atmosphère pesante et le ciel obscurci par d'épaisses nuées sombres eut tôt fait de se déchirer pour déverser des torrents d'eau sur la terre assoiffée.

Les grondements sourds du tonnerre et les éclairs étincelants qui zébraient le ciel de plomb avaient tôt fait de faire regretter à la Saint Just de ne pas avoir suivi les conseils de son escorte et d'avoir rebroussé chemin plus tôt. A présent, la pluie diluvienne avait trempé en quelques instants les robes d'étoffes légères qu'elle portait et le vent qui s'était levé la faisait frissonner. Les bêtes, chiens et montures, étaient d'une nervosité difficilement maîtrisable et tentaient de fuir le pitoyable abri qu'offrait le feuillage de l'orée du sous-bois. L'on savait bien qu'il ne fallait point rester sous le couvert des arbres mais comment définir où était le moindre mal entre risquer la foudre et s'aventurer sous une pluie battante qui ne permettait pas de voir à plus de quelques toises.

Sort, hasard, destinée ? L'un de ses trois choisit pour eux. Une lumière vive apparut soudain, un claquement sec retentit non loin, suivit d'un lugubre craquement. Pas le temps de se demander ce qui l'avait provoqué, la monture de la Comtesse s'emballa, hennissant de frayeur, et il fallut à sa cavalière, heureusement émérite, moult efforts pour parvenir à rester en selle à défaut de tenter de calmer la bête apeurée. Ce fut un obstacle naturel qui s'acquitta de cette tâche bien malgré homme et cheval. Les mains aux jointures blanchies crispées sur les rênes, le coeur battant à la chamade, l'eau qui lui ruisselait sur le visage se mêlant aux larmes que lui avaient arraché la peur, Agnès fixait d'un oeil hagard un ru transformé en torrent. Ce furent ses gens, finissant par la rejoindre, qui la tirèrent de son apathie et elle était encore sous le choc lorsqu'ils la menèrent jusqu'au poste de garde d'un imposant château.

Elle en était encore à sérieusement de songer que l'Angoumois lui portait la guigne puisqu'elle avait par trois fois frôlé la mort sur ces terres en quelques semaines lorsque l'on laissa pénétrer sa petite compagnie détrempée dans la cour basse du castel.
Tandis que son escorte s'égayait dans les dépendances du domaine, elle passa, frissonnante, dans la cour haute puis entra dans le donjon, guidée par un domestique, itinéraire mis à profit pour s'inquiéter de sa mise. Sa lourde chevelure retenue de quelques peignes d'argent avait repris sa vie propre, cascadant sur ses épaules, des perles d'eau glissant le long des boucles brunes. Chemise de fine toile et bliaud sombre étaient si mouillés que les tissus restaient inexorablement plaqués sur le corps de la jeune femme. Le bas de la robe était ruiné, boueux, et là où la Saint Just passait, en guise de traîne, elle laissait une chemin d'eau sale derrière elle.

C'est ainsi attifée qu'elle se présenta devant celui qu'elle pensait être le maître des lieux, alangui dans un confortable fauteuil de la grand salle du donjon. Sans se laisser démonter par la navrante apparence qu'elle devait donner, elle releva le menton avant de consentir un léger hochement de tête à l'adresse du châtelain et de darder sur lui son éternel regard empreint de sévérité et de dédain.


Nous vous sommes gré de la diligence avec laquelle vous nous accordez audience, Messire. Nous avons été prise sous l'orage durant une chasse qui s'est prolongée et nos gens ont jugé bon de nous mener icelieu pour que nous puissions mander hospitalité. Nous sommes marrie du manque de protocole qu'offre notre arrivée sur vos terres et espérons ne point vous importuner.


La voix rauque aux accents du Nord se tut. Il en coûtait toujours à la fière Saint Just d'avoir à demander. Même si l'hospitalité restait dans les devoirs de tout noble digne de ce nom, elle aurait de loin préféré que l'orage eut déjà cessé et être chez elle. Mais dehors, les grondements sourds et le crépitement de l'eau se faisaient toujours entendre et elle rêvait si ce n'était d'un bain brûlant au moins d'un feu ronflant dans une cheminée et surtout de pouvoir se défaire de ses habits trempés.

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_max
Cependant que l'impudent laquais s'en allait référer à la requérante de la décision Comtale, un claquement de doigt avait suffit à renvoyer son ventilant semblable de l'espace, pour l'y faire revenir aussitôt plateau d'argent en main, fastueusement garni de quelque breuvage local et d'un service finement ciselé prêt à s'en gorger goulûment. Le tout fut déposé sur un coffre massif qui servait jusqu'alors de reposoir à la jambe douloureuse du Mazière, figurant ainsi l'unique effort d'agrément dont il serait fait preuve pour cet inopiné entretien.

Et d'inopiné, il eut tôt fait même d'approcher l'insolite, à en juger par l'entrée dégoulinante qui se fit bientôt en l'endroit... Si l'on pouvait encore presque imaginer de l'ordre du commun les lacunes fièrement affichées en terme d'usage et de manière dans le salut aristocratique - dépourvu de tout, et même de gens de compagnie ! -, il en était tout autrement de cette apparence des plus humides... Chez un individu des plus censés, ce fut à n'en pas douter ce dernier point qui se serait accaparé de toute attention avant le reste, et c'est pourquoi l'Impérial, lui, s'offusqua du premier manquement exclusivement, feignant, depuis son fauteuil, ne plus la considérer que cela dans son habit de suée. Très fadement, il prit enfin la parole, tel que s'il n'avait point eu la moindre considération pour ce qui venait d'être dit...


Hum... Décidément, ce malappris de larbin n'y coupera pas... Cette fois, ce sera l'escorge(1)... Ne poinct savoir introduire, c'est là trop grave essoinne(2)...

Et les doigts de s'entrechoquer à nouveau, pour faire édit de ce qui avait été avancé... La sentence s'accomplirait à l'heure même de l'entrevue, l'insolence n'avait déjà que trop tardé à être châtiée.
Quelle autre cause, après tout, que la non-formulation des qualités & titres de l'homme, avait pu amener une Comtesse à ne point mettre les formes de sa présentation face à l'un de ses pairs?
Puis, afin de réparer cet état de fait, et en dernier écho de l'injonction onomatopéique, l'on entendit également résonner la voix d'un autre serviteur, demeuré à l'orée du salon.


Sa Grandeur Max de Mazière, Comte de Belfort, également Baron de Chaussin & porteur de l'hermine impériale... Hoste de ces lieux, sur sollicitations de Monseigneur le suzerain d'Agonac, absent du domaine.

Cette fois, c'est un long silence qui vient baigner le vaste salon, comme pour renforcer l'aspect grandiose que revêtait la situation... Deux semblables en des postures qui ne conviennent pas davantage au rang de l'un que de l'autre. La déliquescence au creux d'une sombre campagne étrangère, ou bien dans une toilette qui aurait pris l'eau... Des deux, pourtant, une position de domination devait bien naître, étant données les circonstances.

Le chef augustement incliné vers l'arrière, s'appuyant sur le soyeux rembourrage de gueule de son dossier, le Comte s'amusait à présent à faire voguer son regard nébuleux sur l'allure négligée de celle qui lui faisait face, et dont la silhouette se trouvait ainsi outrageusement découpée... Qu'il était plaisant, en vérité, de pouvoir faire durer cet inconfort manifeste sous le couvert du protocole...

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(1) : fouet
(2) : faute

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Max de Mazière, Comte de Belfort, Baron de Chaussin, etc...
Gnia
Si elle avait espéré que son introduction auprès du seigneur local fut rondement menée et sa demande une simple formalité, ce fut sans compter la guigne qui semblait coller à la peau de la Saint Just au moins autant que sa vesture à cet instant précis.
Foutredieu, un Impérial, comte de surcroît, et qui semblait à cheval sur le protocole, c'était bien sa veine. Le fat l'avait superbement ignorée, n'avait même pas daigner lui adresser la parole, commentant simplement les manquements de son laquais. Retenant in extremis le claquement agacé de la langue qui ne demandait qu'à résonner dans la grand salle, elle oscilla un bref instant entre les deux choix qui s'offraient à elle face à telle attitude.
Soit. Sa grandeur Max de Mazière, Comte de machun et foutu Impérial aimait l'usage et la coutume en matière de salutations, et bien il allait être servi.

Hiératique, Agnès baissa légèrement les yeux pour en cacher un instant les iris derrière ses cils puis esquissa une vague révérence avant d'enfin saluer du bout des lèvres.


Votre Grandeur...


Le regard de la brune comtesse s'ancra alors dans celui de son vis-à-vis qui errait nonchalamment et sans vergogne sur ses courbes, cela ne lui avait pas échappé. A ce licencieux constat, elle sentit ses joues inexorablement s'empourprer et soudain tout dans la posture de la Saint Just indiqua un brusque changement du langage du corps. Pour masquer le sourire mauvais qui menaçait d'étirer ses lèvres pleines, un léger toussotement pour retenir l'attention vagabonde de l'Impérial avant de déclarer d'un ton teinté de cynisme

Nous osons espérer que vous vous délectez du navrant spectacle que nous vous offrons et qu'il est à votre convenance... A défaut de daigner répondre à nos salut et demande, peut-être sera-ce là meilleur argument pour que nous soyons en droit d'espérer vostre hospitalité adoncques, et de rêver, qui sait, à pouvoir changer de toilette, prendre repos et tâcher d'éviter que la malemort ne s'empare de nous.

Sourire effronté et regard plein de défi ponctuèrent cette provocation. La Saint Just s'était estimée offensée par le silence du comte et l'évident plaisir qu'il éprouvait à la faire mariner dans son jus. Dès lors, faisant fi de la plus élémentaire prudence, elle s'était laissée emportée par son tumultueux caractère, s'amusant presque de la nouvelle situation qu'elle provoquait et qui risquait de lui valoir quelques ennuis certains.
Et quand bien même cette notion ne lui échappait absolument pas, elle savourait le délicieux frisson de danger éminent qu'avait fait naître sous sa peau toute l'insolence de sa conduite.
Et quoi ? Au mieux, la Grandeur qui lui faisait face se troublerait, serait outré, déstabilisé par son impudence qui la laisserait sans voix. Au pire, elle venait de donner matière à se voir reconduite fermement hors de l'enceinte du domaine et l'on ne manquerait pas alors de faire savoir au monde qu'à Agonac, on ne savait pas recevoir. Peut-être même l'on exigerait de laver l'affront dans un duel d'honneur.
Quoiqu'il en soit, cela promettait de couronner cette journée dédiée à la liberté retrouvée d'une manière bien inattendue. Il convenait simplement de ne pas se laisser démonter.

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_max
Non, décidément, le respect des convenances n'était pas le fort de la présente assistance, à en juger par les manières affichées de bout en bout... Cette fois, c'est le ton, et ses équivoques, qui paraissaient offenser toute bonne morale...
L'œil averti du Comte, sous ses dehors hagards, avait achevé son examen du galbe pectoral au moindre relief plus qu'apparent - dire qu'il ne l'attrayait pas serait mentir, comme tout le reste de ce qu'il avait pu recenser, lui qui avait tant aimé la noblesse naguère, et n'y avait étrangement plus touché, contait-on, depuis bien longtemps... bien plus longtemps, selon les pires rumeurs, que la nature n'aurait pu le permettre à quelconque créature terrestre... -, lorsqu'un sillon de chair meurtrie surplombant ces formes vint le happer et le guider droit au visage qui, sur lui, dardait un regard des plus hardis... Elle le scrutait d'une allure si osée, elle dont la tenue ne dépareillait guère...
L'affrontement oculaire aurait donc lieu, alors que l'Impérial s'apprêtait enfin à véritablement adresser la parole à celle que l'on n'aurait pu qualifier jusqu'ici d'interlocutrice.


Allons-bon, Vostre Grandeur, poinct d'impétuosité à la présomption ici... C'est bien triste question que la vostre, après détail de rigueur il nous faut en convenir, et il est impératif dès lors d'y trouver résolution sur l'heure...

Abandonnant un bref instant l'horizon comtal pour désigner la carafe reposant en le plateau...

Et il n'est poinct meilleur, dict-on, pour réchaudir depuis les entrailles, que ceci... Une bien mauvaise affaire, en cette période, d'ailleurs...

Ayant saisi de la dextre le récipient pour le soulager d'un peu de sa contenance en sa propre coupe, il se rétracte au moment de servir celle qui pourrait devenir - un temps du moins - vaisselle de Comtesse...

Mais baste ! Vous n'avez poinct tort, ne perdons pas un instant... Nos gens vont vous conduire jusqu'où baille vous trouverez, afin de vous y distiller chaudes ablutions, tandis qu'on ébrenera vos habillements...
Et pour ce nectar, cependant, nous vous en porterons, nous-mesme, si vous le désirez... Puis viendra l'heure de se sustenter.
Quant à l'aménagement de vos quartiers, nous y songerons d'ici-là...


Depuis longtemps déjà l'on n'avait ouï tinter les doigts du Mazière lorsque cette nouvelle occasion survint, faisant accourir aussitôt un troupeau de valets parés à escorter la Saint-Just tel qu'il venait d'être ordonné par celui qui ne s'était point encore mû depuis le commencement de toute cette tempétueuse agitation, qui n'en pouvait plus de tonitruer toujours au dehors.
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Max de Mazière, Comte de Belfort, Baron de Chaussin, etc...
Gnia
Ah... ? Fichtre !
Finalement lorsqu'il prit enfin la parole, l'Impérial sembla se soucier bien peu de l'inconvenance dont avait fait montre la Saint Just et paraissait même réellement s'inquiéter du confort de son hôte impromptue. Pouvait-on raisonnablement tenir grief plus longtemps à quelqu'un qui entendait lui offrir séance tenante de quoi étancher d'agréable manière sa soif ?
Il n'existait point, à dire vrai, manière plus sûre d'amadouer la fougueuse Comtesse du Lavedan.

Ah... ? En fait non.
Sa Grandeur savait ménager ses effets. En lieu et place de breuvage, ce fut une proposition des plus alléchantes qui fut faite. Mieux que le vin ? Le bain. Enfin pas tout à fait, mais dans la présente situation, fort humide au demeurant, le choix fut vite fait. Le bain d'abord. D'autant que si elle avait correctement ouï, l'un n'était pas incompatible avec l'autre.
Nan décidément, il s'avérait que l'on savait recevoir à Agonac.

Convenait-il à présent de présenter de plates excuses ? Cela aurait été fort à propos, oui. Mais c'était sans compter l'orgueil souvent démesuré de la Saint Just. Quelques remerciements peut-être ? Oui, voilà, des remerciements, très bien.
S'inclinant légèrement en une révérence qui n'avait rien de feint cette fois-ci, elle exprima sa gratitude d'un ton qui n'avait plus rien de cynique, quoique son regard resta animé d'une insolente lueur.


Nous vous remercions sincèrement des attentions que vous montrez à notre égard, Vostre Grandeur. Il nous importe en effet de nous présenter sous un meilleur jour que le navrement que nous vous exposons présentement.


Elle recula alors et s'apprêta à suivre la petite troupe de laquais mise à sa disposition, mettant fin à l'entretien. Elle avançait vers les portes de la grand salle lorsqu'elle s'arrêta net, comme mue par une subite inspiration. Tournant légèrement la tête à l'instant de quitter la pièce, elle jeta par dessus son épaule, manquant encore une fois de la plus élémentaire élégance

Vostre Grandeur ? N'omettez pas de nous portez en personne le nectar que vous nous offriez tantôt...

Le sourire amusé que cette ultime provocation avait fait apparaitre sur son visage perdura alors même qu'elle se défaisait enfin de ses atours trempés. Il se transforma en véritable expression d'un plaisir non feint lorsqu'elle entra enfin dans l'eau brûlante que les servantes avaient fini de déverser sur l'épais drap de lin qui tapissait la cuve de bois. Il ne manquait plus qu'une coupe du nectar promis et servie par le maître des lieux et tout serait divinement parfait.
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_max
Suite à la tirade aux airs plus que directifs, elle ne trouva rien de mieux que de se fendre en une nouvelle référence, laissant en le palais comtal ce goût exquis de puissance dominatrice qui savait tant rassurer l'Impérial, en un contexte qui le voyait pourtant bien diminué en comparaison de sa vigueur passée.
Il se trouvait à ce point intérieurement gonflé d'amour-propre que lorsqu'elle s'enfuit finalement voguer vers l'arrimage convenu, sa dernière invective, des plus piquantes, n'eut droit qu'à un laconique et je-m'en-foutiste...


C'est ç'la, oui...

L'épisode charitable du Mazière n'était que goutte d'eau en l'océan de condescendance du Noble hautain et fier, et la saga se devait de se poursuivre à présent.
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*Poc*
...
*Poc*
...
*Poc*
...

Ça, c'est le cliquetis métallique qui accompagne invariablement les pas de Mazière depuis bien des mois, déjà, lorsqu'en quelques occasions, celui-ci se met en branle en personne. L'entendre résonner un instant seulement en la présente demeure, baignée de tant de chaleur paralysante, tenait chaque jour de l'événement, et bien souvent tous les domestiques alentours cessaient leurs activités - à demi du moins - pour mieux l'écouter, rythme infernal et indissociable d'un nanti qui trouvait là peut-être son unique sentence en punition de tous les péchés inavoués, qui ne le tourmentaient autrement qu'intérieurement.

Une bonne heure avait passé depuis que la Comtesse se prélassait en son bain, tandis que de son côté, le Comte vaquait... A point grandes occupations, en réalité, étant donnée la passivité des lieux, renforcée par le violent orage qui remuait encore par intervalles les mornes cieux.
Après avoir passé en revu ses gens, et s'être assuré que le plus vil d'entre eux avait bel et bien été puni, il se résolut finalement à prendre le chemin de la salle des étuves, suivi de quelque laquais transportant le précieux plateau fameusement chargé.

L'entrée en la pièce se fit sans détour. La femme reposait toujours en son bain, alors que gravitaient auprès d'elle caméristes et autres lavandières d'Agonac veillant à ses bons soins, lorsque le Mazière s'en approcha d'une démarche tant inégale qu'assurée, signalant par son éternel claquement de doigt qu'il lui fallait à présent sièger.
Tandis que l'on s'exécutait afin de le contenter, le servant décocha un regard torve sur ce qu'il lui était donné de contempler au moment de se pencher pour déposer son enivrant fardeau en travers du baquet, avant de vider les lieux, se sachant par trop menacé en cas d'abus.

Confortablement installé en le fauteuil avancé auprès du bain, canne déposée en l'accoudoir, le Comte s'affranchissait subtilement de toute pudeur en pointant quelque œil détaché sur le corps au trois-quart immergé de la Saint-Just, déclamant bientôt...


Nous espérons que ces meshines(1) et leurs attentions auront su vous combler.

Et son champ de vision dérapant immanquablement sur la bouteille plantée là, au dessus des eaux...

Mais n'est-ce poinct l'heure à présent de relenquir(2) ce breuvage?..
Après quoi vous nous conterez mieux ce qu'il en est de cette affaire de ... "chasse" ... que vous évoquastes plus tost...


Sur ces derniers mots, l'on pouvait déceler une inflexion sarcastique nouvelle, quoique pondérée afin de ne point contraster du ton courtois en vigueur entre ces deux oiseaux de haute-cour.
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(1) : (ici) servantes
(2) : servir

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Max de Mazière, Comte de Belfort, Baron de Chaussin, etc...
Gnia
Tandis qu'au delà des épais murs de pierre du castel d'Agonac les éléments continuaient de se déchaîner, dans la salle aux étuves l'atmosphère tranchait résolument avec l'agitation extérieure.
Agnès, les muscles délassés par l'eau parfumée et brûlante, se surprenait à laisser voguer son esprit tourmenté vers des rivages pour une fois paisibles. Les yeux mi-clos, elle ne parvenait à s'extirper de la cuve où elle marinait depuis au moins une bonne heure, se contentant de temps à autre de réclamer quelques seaux d'eau chaude afin de prolonger ce rare instant où elle se trouvait apaisée.

Et puis soudain, le monde autour sembla être pris de frénésie, tirant avec difficulté la Comtesse de la torpeur qui s'était emparée d'elle. L'on déposa devant elle le breuvage promis tantôt et le maître de céans avait déjà pris place qu'elle s'étirait encore, laissant entrevoir ce que la décence aurait voulu tenir masqué aux regards opportunistes et du servant par trop curieux et du Comte de Belfort.

Tournant vers le Mazière un visage à la moue boudeuse mais dont les prunelles pétillaient néanmoins de toute l'impatience de s'adonner au péché mignon de la Saint Just, elle acquiesça simplement à son discours.

La chasse... Pourquoi voulait-il donc qu'elle lui conte une activité somme toute anodine et foncièrement inintéressante, d'autant plus au regard de sa piètre issue. Elle surveillait du coin de l'oeil l'activité de la servante qui faisait office d'échanson de fortune et surtout la progression du liquide pourpre depuis la bouteille jusque dans les coupes. Et alors qu'on lui tendait enfin son graal, elle répondit laconiquement


Et bien, il n'y a point là lieu de parler d'affaire. Si ce n'est que cette escapade nous a à priori mené fort loin du domaine que nous louons et qu'il y a tout lieu de croire que nous allons y perdre un oiseau. Ces bêtes sont fragiles et celui-ci ne survivra probablement pas à l'agitation que nous lui avons fait subir ce jourd'hui. C'est pitié...

Elle s'apprêtait à porter la coupe à ses lèvres lorsque son regard, qui errait jusqu'alors sans but sur l'activité qui régnait dans la pièce, fut interpelé par une lavandière qui s'inquiétait de ne rien laisser dans les poches des habits dont la Saint Just s'était défait plus tôt. Elle tenait en main un minuscule écrin fait d'argent, s'interrogeant sûrement de ce qu'il pouvait bien contenir.

La Saint Just interrompit alors brusquement son geste, reposant sans aucune douceur la coupe sur le large plateau devant elle. Son regard prit alors une teinte plus sombre que la nuit et sa voix, aux tonalités courtoises l'instant d'avant, se fit tranchante, autoritaire.


Palsambleu ! Laissez ça !

Animée par une colère froide, elle s'était levée, faisant fi et des éclaboussures que ce mouvement subit avait bien pu provoquer et plus encore de toute son impudique nudité. Les poings et la mâchoire crispé, elle répéta, implacable

Je t'ai dit de laisser ça, panse à farcir ! Tu entends ? Repose-le tout de suite où je m'en vais moi-même te tancer...
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