Blanche_
[Pannecé, Vêpres, Chambre de la Baronne]
Elle est là, muette et immobile. D'un il violet-vert luisant et beau, elle scrute la pièce et en lorgne les coins. Envolée au plafond comme un ver luisant, qui pépite autour du lustre pour voler quelques flammèches, et manquer de s'enflammer plusieurs fois.
Il y a un grand lit, imposant accolé au mur porteur, il enrobe de son alcôve parfaite la Baronne et son amant. Les colonnes aux quatre coins sont sculptées dans du bois de Brocéliande, sombre et enchanté ; les colonnes sont des licornes aux fers dressés vers le ciel et les tentures, près de la tête même, un sabot qui se perd entre des coussins.
Oui, elle est là. Posée au fond de la chambre, près de l'étagère et ses livres enluminés, à se brosser les ailes et ronronner doucement. Elle reste coite, se tait par réflexe, quand une suivante vient réveiller Blanche, l'extirper de sa torpeur lourde, enlever d'elle son aimé languissant. Les bras s'entrouvrent, la chaleur en un instant fuit, et elle le laisse mourir entre ses draps.
Morphée.
Oh, oui. Elle est là, et elle voit tout. Les yeux plissés qui se tordent, qui se refusent et s'étonnent, il n'est pas encore l'heure ; non, qu'avez vous voulu ? Elle guette amusée, le moment où elle geindra, déjà il vient et elle ricane, doucement elle secoue sa carapace cornée et s'envole pour se poser sur elle. Au sommet des mèches brunies par l'obscurité, en tiare bourdonnante.
Clac !
Elle était là, et elle est morte. Humblement entre les deux mains rugueuses d'une femme de chambre. Qu'elle essuie à sa jupe dans une grimace de dégoût.
- Vous avez reçu une lettre, Madame. Du large et d'un bateau, de votre Vicomte...
Elle est arrachée, cette lettre, tirée vers elle comme son ultime Eden, elle l'a veut, rien que pour elle, la gagne et la garde, tant pis pour les autres. La lisant rapidement, elle laisse échapper des soupirs rassurés, des gémissements peinés et parfois même ! Un sourire amoureux. Puis, lorgnant la dépouille de la mouche abattue, la Walsh-Serrant fait mine de vomir, se reprend, glisse une main furtive à son estomac et entame un monologue.
Passionné.
- Cest quoi ce bordel avec lamour là ? Comment ça se fait quon devient dingue à ce point ? Timagine le temps quon passe à sprendre la tête la-dessus ?
Quand tes seule tu te plains : est-ce que je vais trouver quelquun ? Quand tas quelquun: est-ce que cest le bon ? Est-ce que je laime vraiment et est-ce quil maime autant que moi je laime ? Est-ce quon peut aimer plusieurs personnes dans sa vie ? Pourquoi on se sépare ? Est-ce quon peut réparer les chose quand ça part en couille ? Toutes ces questions à la con quon se pose tout le temps ! ... Pourtant on peut pas dire quon y connaît rien ! On est préparé putain : quand on est petit on lit des livres damours, on lit des contes, on lit des histoires damours, on voit des films damour ! Lamour, lamour, lamour !
- Et si vous lui répondiez juste ?*
Une lueur recouvrit le visage blond.
Derrière elle, cachée par des tentures, la licorne souriait.
[* Les poupées Russes, Xavier et Isabelle.]
Elle est là, muette et immobile. D'un il violet-vert luisant et beau, elle scrute la pièce et en lorgne les coins. Envolée au plafond comme un ver luisant, qui pépite autour du lustre pour voler quelques flammèches, et manquer de s'enflammer plusieurs fois.
Il y a un grand lit, imposant accolé au mur porteur, il enrobe de son alcôve parfaite la Baronne et son amant. Les colonnes aux quatre coins sont sculptées dans du bois de Brocéliande, sombre et enchanté ; les colonnes sont des licornes aux fers dressés vers le ciel et les tentures, près de la tête même, un sabot qui se perd entre des coussins.
Oui, elle est là. Posée au fond de la chambre, près de l'étagère et ses livres enluminés, à se brosser les ailes et ronronner doucement. Elle reste coite, se tait par réflexe, quand une suivante vient réveiller Blanche, l'extirper de sa torpeur lourde, enlever d'elle son aimé languissant. Les bras s'entrouvrent, la chaleur en un instant fuit, et elle le laisse mourir entre ses draps.
Morphée.
Oh, oui. Elle est là, et elle voit tout. Les yeux plissés qui se tordent, qui se refusent et s'étonnent, il n'est pas encore l'heure ; non, qu'avez vous voulu ? Elle guette amusée, le moment où elle geindra, déjà il vient et elle ricane, doucement elle secoue sa carapace cornée et s'envole pour se poser sur elle. Au sommet des mèches brunies par l'obscurité, en tiare bourdonnante.
Clac !
Elle était là, et elle est morte. Humblement entre les deux mains rugueuses d'une femme de chambre. Qu'elle essuie à sa jupe dans une grimace de dégoût.
- Vous avez reçu une lettre, Madame. Du large et d'un bateau, de votre Vicomte...
Elle est arrachée, cette lettre, tirée vers elle comme son ultime Eden, elle l'a veut, rien que pour elle, la gagne et la garde, tant pis pour les autres. La lisant rapidement, elle laisse échapper des soupirs rassurés, des gémissements peinés et parfois même ! Un sourire amoureux. Puis, lorgnant la dépouille de la mouche abattue, la Walsh-Serrant fait mine de vomir, se reprend, glisse une main furtive à son estomac et entame un monologue.
Passionné.
- Cest quoi ce bordel avec lamour là ? Comment ça se fait quon devient dingue à ce point ? Timagine le temps quon passe à sprendre la tête la-dessus ?
Quand tes seule tu te plains : est-ce que je vais trouver quelquun ? Quand tas quelquun: est-ce que cest le bon ? Est-ce que je laime vraiment et est-ce quil maime autant que moi je laime ? Est-ce quon peut aimer plusieurs personnes dans sa vie ? Pourquoi on se sépare ? Est-ce quon peut réparer les chose quand ça part en couille ? Toutes ces questions à la con quon se pose tout le temps ! ... Pourtant on peut pas dire quon y connaît rien ! On est préparé putain : quand on est petit on lit des livres damours, on lit des contes, on lit des histoires damours, on voit des films damour ! Lamour, lamour, lamour !
- Et si vous lui répondiez juste ?*
Une lueur recouvrit le visage blond.
Derrière elle, cachée par des tentures, la licorne souriait.
[* Les poupées Russes, Xavier et Isabelle.]