--Margault__
A quel moment avait-elle bien pu l'oublier au juste, ce gredin de chapeau? C'est qu'elle n'en avait aucune idée, elle! Elle se souvenait bien l'avoir encore sur la tête quand elle avait coupé à travers champs pour rejoindre Thibault de l'autre côté de la grange du père Natte, même qu'elle avait vérifié qu'il était droit sur ses cheveux avant d'arriver à sa hauteur. C'est qu'elle en avait assez qu'il la taquine en lui disant qu'elle avait l'air d'un épouvantail au saut du lit. Comme si les épouvantails dormaient dans un lit déjà! Vraiment, il avait de drôles d'idées aussi, parfois. Pourquoi pas l'air d'une duchesse sortant de la mine aussi, tant qu'à faire?
Après? Après ils avaient filé tout droit vers le verger du vieux Léon, celui après qui sa femme crie souvent "Reviens j'ai les mêmes à la maison!" sans que personne ne comprenne de quoi elle parle au juste. Mais cette fois, ils n'avaient trouvé aucun fruit mur à dérober et ne s'étaient donc pas attardés, décidant d'aller à la pêche non pas aux papillons, mais aux thons. Bein quoi? Chacun ses goûts, non? Thibault avait bien tenté de l'inciter à faire autre chose, s'écriant plusieurs fois "On va voir les vaches?", mais elle avait refusé de le suivre, lui expliquant pour la cinquantième fois que non, le lait ça ne nourrit pas autant que le poisson.
Chemin faisant, ils avaient aperçu des arbustes porteurs de baies, et s'étaient arrêtés pour en cueillir quelques unes, décidant de les faire goûter au morveux qui se prenait pour un petit prince avant d'en avaler eux-mêmes, des fois que ça ne serait pas comestissible. Voila! C'est là qu'elle l'avait bougé son chapeau! Pour en faire un panier et les mettre dedans!
Sans perdre de temps, elle courut en direction de l'endroit où elle s'était dévêtue la tête, mais pas plus qu'une certaine nobliote n'aurait retrouvé ses braies sous la table de la Mie Gourmande, elle ne trouva son couvre-chef. Il fallait absolument qu'elle le retrouve pourtant, parce que si elle rentrait à la maison sans, ça ne serait plus la peine de le chercher par la suite, son père lui couperait ce qui servait à le poser. Pas de tête, pas de chapeau! C'est pareil pour les bras et le chocolat. Bon, des fois y en a à qui on met une couronne en oubliant qu'ils n'ont rien dans la tête, mais ça c'est pas pareil.
Direction le cours d'eau, il n'y avait plus que là qu'il pouvait être ce fichu chapeau! Tombé dans le ruisseau! Ses petites jambes fatiguées la portèrent jusqu'à la berge, et elle décida de faire une pause avant de rejoindre l'endroit exact où tous deux avaient pêché. Après tout, elle était déjà en retard pour le repas, de toute façon. Elle se laissa tomber dans l'herbe, et regarda ses chaussures qui devenaient vraiment vieilles.
C'est alors qu'elle aperçut, juste en dessous de sa semelle gauche, ce qui ressemblait à une lettre égarée. Curieuse, comme toute petite fille, mais surtout rêveuse d'avoir déniché une lettre d'amour clandestine, elle se pencha et la ramassa.Le contenu avait souffert de la pluie, et seuls quelques mots semblaient encore complets, au milieu de ce qui n'était plus que coulées d'encre. Dans un effort de concentration, elle tenta de les déchiffrer, faisant appel aux leçons que la mère Michel lui avait données en échanges de petits services rendus, notamment la livraison de lettres discrètes au vicomte grognon.
Vingt sixième jour de juin... c'est pour demain... emplacement des matériaux découvert... tentative d'échange échouée hier... les sept mines.... vous tiens informé dès le transfert effectué... se douteront de rien... me faire confiance...
Tu parles d'une lettre d'amour! C'était une commande pour un travail! Déçue, elle laissa tomber la missive à moitié effacée.
Après? Après ils avaient filé tout droit vers le verger du vieux Léon, celui après qui sa femme crie souvent "Reviens j'ai les mêmes à la maison!" sans que personne ne comprenne de quoi elle parle au juste. Mais cette fois, ils n'avaient trouvé aucun fruit mur à dérober et ne s'étaient donc pas attardés, décidant d'aller à la pêche non pas aux papillons, mais aux thons. Bein quoi? Chacun ses goûts, non? Thibault avait bien tenté de l'inciter à faire autre chose, s'écriant plusieurs fois "On va voir les vaches?", mais elle avait refusé de le suivre, lui expliquant pour la cinquantième fois que non, le lait ça ne nourrit pas autant que le poisson.
Chemin faisant, ils avaient aperçu des arbustes porteurs de baies, et s'étaient arrêtés pour en cueillir quelques unes, décidant de les faire goûter au morveux qui se prenait pour un petit prince avant d'en avaler eux-mêmes, des fois que ça ne serait pas comestissible. Voila! C'est là qu'elle l'avait bougé son chapeau! Pour en faire un panier et les mettre dedans!
Sans perdre de temps, elle courut en direction de l'endroit où elle s'était dévêtue la tête, mais pas plus qu'une certaine nobliote n'aurait retrouvé ses braies sous la table de la Mie Gourmande, elle ne trouva son couvre-chef. Il fallait absolument qu'elle le retrouve pourtant, parce que si elle rentrait à la maison sans, ça ne serait plus la peine de le chercher par la suite, son père lui couperait ce qui servait à le poser. Pas de tête, pas de chapeau! C'est pareil pour les bras et le chocolat. Bon, des fois y en a à qui on met une couronne en oubliant qu'ils n'ont rien dans la tête, mais ça c'est pas pareil.
Direction le cours d'eau, il n'y avait plus que là qu'il pouvait être ce fichu chapeau! Tombé dans le ruisseau! Ses petites jambes fatiguées la portèrent jusqu'à la berge, et elle décida de faire une pause avant de rejoindre l'endroit exact où tous deux avaient pêché. Après tout, elle était déjà en retard pour le repas, de toute façon. Elle se laissa tomber dans l'herbe, et regarda ses chaussures qui devenaient vraiment vieilles.
C'est alors qu'elle aperçut, juste en dessous de sa semelle gauche, ce qui ressemblait à une lettre égarée. Curieuse, comme toute petite fille, mais surtout rêveuse d'avoir déniché une lettre d'amour clandestine, elle se pencha et la ramassa.Le contenu avait souffert de la pluie, et seuls quelques mots semblaient encore complets, au milieu de ce qui n'était plus que coulées d'encre. Dans un effort de concentration, elle tenta de les déchiffrer, faisant appel aux leçons que la mère Michel lui avait données en échanges de petits services rendus, notamment la livraison de lettres discrètes au vicomte grognon.
Vingt sixième jour de juin... c'est pour demain... emplacement des matériaux découvert... tentative d'échange échouée hier... les sept mines.... vous tiens informé dès le transfert effectué... se douteront de rien... me faire confiance...
Tu parles d'une lettre d'amour! C'était une commande pour un travail! Déçue, elle laissa tomber la missive à moitié effacée.