Lotx
A la lecture de la convocation, le teint de l'escuyer avait adopté une teinte champêtre de celles qui jurent affreusement avec ses habits bien trop vifs. "Démesure", "lien sacré qui vous unit de vous à nous", "circonstance exceptionnelle"? Bordel! Lotx ne savait pas exactement ce qu'avait découvert son maître mais une chose était claire: ça sentait le pâté (ami des belles métaphores et expressions poétiques, bonjour). Son premier réflexe avait alors été de préparer ses affaires pour demander l'asile en Guyenne mais les circonstances actuelles ne lui en laissait guère le loisir, il s'était alors résolu à affronter les choses... même si "les choses" en question faisaient deux fois sa taille, savaient manier l'épée mieux que lui et avaient pour ainsi dire droit de vie et de mort sur lui, oui. Peut-être emporterait-il une fiole de ciguë à avaler sur la route finalement...
Mais, le temps passant, le gamin songea qu'il était trop jeune, trop intelligent, trop pur, trop innocent et trop chaste pour mourir et que, finalement, s'il avait réussi à tromper son seigneur jusque là il ne voyait pas pourquoi il n'y arriverait subitement plus. Et, enfilant sa plus belle robe de bure (comprenez la moins rapiécée) il prépara quelques affaires, plaça bien en évidence son testament sur son bureau et se mit en route. Le voyage fut des plus communs jusqu'à l'arrivée de l'escuyer devant les appartements du vicomte. A présent il allait falloir la jouer finement et bien profiter du point faible de celui-ci: son égo. Il frappa alors à la porte et entra avant même que l'on puisse répondre, grand sourire aux lèvres.
Bonjoureuh ô grand vicomte, mais dites moi, vous êtes resplendissant aujourd'hui, que vous êtes joli, que vous m'semblez beau, sans mentir si votre ramage se rapporte à votre... aheum... enfin bref...
Il s'avança et tendit à bout de bras un sachet de friandises.
Tiendez s'pour vous, j'vous ai apporté des bonbons... pasque les fleurs c'est périssable...
Pierobero
Le Sénéchal encore de service à la caserne pour une durée indéterminée avait prévenu son escuyer de l'arrivée imminente d'une invitation en provenance de la Casa Aussona et de le prévenir aussitôt.
Ce qui fut fait très tôt dans la matinée si bien que le soleil pas encore quand son escuyer le réveilla et l'informa de la missive. Le réveil fut difficile, cela faisait bien longtemps que le Vétéran de la Copa n'avait participé à une mission aux conditions difficiles, il commençait à s'habituer à un certain confort et il détestait cela.
Tandis qu'il cherchait son habit de cérémonie de Sénéchal, il demanda à son escuyer de lire la lettre à voix haute, aucune surprise, ni révélation, il connaissait déjà tous les tenants et les aboutissants de cette invitation.
Une fois son costume trouvé, il s'habilla lentement, tenant à arrivé présentable au Chateau de Mussidan même si la chevauchée lui desservirait quelque peu. Une fois habillé, il fut satisfait lorsqu'il se contempla dans sa minuscule glace mais porta soudain son attention sur ses épaulettes. Ses insignes de Lieutenant et Sénéchal qu'il avait toujours eu coeur et fierté à porter, cela lui fit penser avec douleur aux récents évènements de la caserne et les décrocha vivement. Cela ne lui servirait en rien, là où il se rendait et il devait tourner la page.
Il envoya son escuyer seller son cheval tandis qu'il ceingnit son épée à sa ceinture, il emporta son bouclier destiné uniquement au voyage entre la caserne et la Casa Aussona. Afin de se protéger du froid et de la poussière, il rajouta un mantel à son épaisse couche de vêtements.
Enfin, il quitta sa chambre, descendit les marches et rejoignit son escuyer dans la Cour, les rares soldats de garde présent s'interrogeaient sur ce départ matinal. Il le remercia tandis qu'il grimpait sur son destrier et passa son bouclier dans le dos, puis il sortit de la cour alors que les premiers rayons du soleil transperçaient les ténèbres de la nuit.
Il forca sa monture à une allure moins rapide qu'il le souhaitait mais il était inutile d'épuiser la bête, le tempo régulier de sa monture l'entraina dans une monotonie qu'il le fit perdre dans ses pensées. Quand il en reprit le fil, son voyage était déjà bien entamé et le reste du trajet ne fut guère long étant donné qu'il ne cessait d'observer la nature avoisinante. Il ne s'était rendu qu'une fois à la Casa et n'avait pris le temps de l'observer.
Une nature verdoyante, des forêts et des champs à pertes de vues.
En fin de matinée, il aperçu le Chateau au loin. Il flatta l'encolure de son cheval et l'invita à poursuivre au pas, quand il entendit un clapotis. Il fit arrêter sa monture, sauta du cheval et se dirigea vers ce clapotis.
Il découvrit bientôt, un petit ruisseau qui bordait la clairière d'une forêt, un décor très bucolique pensa t'il. Il retira son bouclier, son mantel et entreprit de se nettoyer le visage de la poussière, qu'il nettoya également de son costume à l'aide d'une brosse. Une fois tout ceci terminé, le Sénéchal rangea le mantel et la brosse dans son paquetage accroché à sa monture.
Il reprit le chemin pour le Chateau et arriva sous les coups de midi aux grilles du Castel. Il montra son invitation aux gardes qui était visiblement au courant de sa visite, et le Sénéchal lut dans l'anxiété dans le regard des gardes. Attitude normale étant donné cette journée particulière.
Il abandonna son cheval et tout son paquetage aux écuries, il réajusta son épée qui ballotée trop à son goût et prit la direction de la cour du Chateau.
Moment d'effroi quand il aperçut l'échafaud tronant au milieu de la Cour, mais se remit directement, il connaissait les raisons de son invitation.
Il détacha son regard de cette triste machine, gravit les marches et se fit annoncer.
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Sénéchal du Périgord Angoumois
Lotx
Ce qu'il y avait de bien avec Flex c'est qu'à l'usage il devenait hyper prévisible. Un petit cadeau, deux ou trois mensonges et voilà qu'il oubliait ce qu'était devenue la fille du maître des écuries. Et ça, quand on était escuyer de manière générale ou Lotx en particulier, c'était bien, très bien même! Le garçonnet respirait à nouveau de voir son maître ne lui adresser nulle brimade, tout au contraire même, s'il avait été un poney il y avait fort à parier qu'il lui tapoterait la croupe en cet instant mais... euh... il ne savait pas très bien d'où il tenait des comparaisons pareilles.
Mouais, 'savez vu l'état du tribunal actuel j'passe plus de temps en paperasserie qu'en jugements alors...
Mais l'on ne saurait sans doute jamais comme deux hommes se présentèrent. Le premier était un garde de la casà, l'interpellant il lui marmonna quelques mots à l'oreille, parlant de livraison de tonneaux. A vrai dire l'escuyer ne commandait plus de livraison en ces lieux depuis un moment mais, qui sait, peut-être un admirateur lui offrait-il une douceur.
Qu'est-ce que vous faites, qu'est-ce que vous faites... Ben vous l'faites rentrer s'te question! Et vous mettez la facture sur l'bureau du vicomte 'videmment...
Le garde écarquilla les yeux mais n'ajouta mot et repartit. Bah, un paquet de friandises arrangerait le tout au moment voulu...
La seconde personne était un notable que Flex lui présenta. Saluant d'un geste entre la pirouette et la révérence il ajouta.
'chanté messireuh le sénéchal. Moua c'est Lotx... l'escuyer!
Pierobero
Pierobero salua le Seigneur de Mussidan comme il se doit et se tourna vers son fidèle escuyer, Lotx. Ce n'étais guère la première fois qu'il le croisait et il connaissait bien le personnage. Il le salua donc à son tour.
Enchanté de même Messire l'escuyer. Nous avons eu le plaisir de discutailler de machinchochiste ou quelque chose comme ça en taverne de Castillon.
Puis il se tourna vers le Maréchal de France.
Attendons nous encore beaucoup de monde?
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Sénéchal du Périgord Angoumois
Lotx
Le vide intérieur. Inspirer, expirer. Inspirer, expirer. Penser à des choses tristes... je sais pas moi... la faim dans le monde... son dernier relevé d'impôts...
Se calmer, il fallait se calmer, fermer les yeux et ne plus penser à rien. Beaucoup de gens faisaient cela en permanence, après tout, ce ne devrait pas être si compliqué non? Allez, une dernière inspiration.
Ouah mon seigneur... votre... poésie... était... vraiment... mpffffffff!
Raaaah et bordel il venait de pouffer de rire. Le vide! Le vide! Penser à sa belle-mère qui venait dîner le dimanche prochain... bon, évidemment, Lotx n'avait pas de belle-mère mais ce n'était pas le moment pour s'inquiéter de menus détails.
...vraiment très... euh... très lyrique!
Il inspira à nouveau, contenant avec de plus en plus de mal son hilarité. Déglutissant avec difficulté il entreprit alors à changer radicalement le ton de la conversation pour éviter l'incident diplomatique en lâchant un "mouhahahahahaha" brusque et malvenu.
Aheum... et donc sinan c'est qui qu'on va châtimentionner? Et pourquoua? J'vous ai déjà dit que votre ramage se rapportait à votre plumage mon seigneur?