[combat du 20 au 21]
Quand bien même il passait sa vie à se donner des airs qui ne trompaient personne, Cathar n'était pas un guerrier. C'était un jeune homme obèse et bon à rien, qui d'ordinaire passait sa vie à pécher dans le paisible lac de Saumur ; une vie passée sans faire de vague, au propre comme au figuré.
Néanmoins, lorsque le clairon sonna et que les troupes Comtoises mirent le pied en Anjou, il fut l'un des premiers à répondre à l'appel aux armes.
Non qu'il aimait franchement l'Anjou il avait pour ce duché comme pour les autres une paisible aversion mais parce que la guerre avait été déclarée de façon si injuste que son sang poisseux de mauvais colesterol était aussitôt entré en ébullition.
Tuer des gens pour des questions métaphysiques, c'est ça, la vertu pour l'Eglise Aristotellicienne ? Il ne pouvait pas laisser faire ça. Pas question de laisser ces briseurs de trêve, ces tueurs de gosses et ces prosélytes fanatisés faire la loi, ici ou ailleurs !
Lorsque les cloches retentirent au petit matin et que les vigiles hurlaient à l'invasion ennemie, il écrasa une petite larme sur sa joue rebondie. Non qu'il avait peur ou qu'il regrettait son choix : il avait le sentiment que la roue du destin était en train de tourner, et qu'il allait faire quelque chose d'important de son inutile existence.
« Défendez les murs ! » leur hurla un capitaine en armure.
« Ces chiens y ont posé leurs put*ins d'echelles ! »
Armé d'un simple baton, sale, crasseux, ventripotent mais déterminé, le jeune homme chargea les envahisseurs avec l'esquadron qu'il composait avec ses rares amis angevins. Il escalada les escaliers qui menaient aux murailles quatre à quatre, précédant sa capitaine et suivi de certains de ses camarades.
Les archés de défense avaient déjà posés arcs et arbalètes au sol pour dégainner leurs courtes épées, et le nombre de croisés commençait à les déborder.
Incapable de déterminer l'issue du combat, donc incapable d'avoir vraiment peur, Cathar fit ce qu'il faisait le mieux dans ce genre de situation : oublier le monde extérieur et charger comme un buffle.
Il repéra rapidement une soldate vêtue de noir, plus jeune que lui mais redoutablement armée, qui semblait un peu à l'écart de ses compagnons.
Une jeune fille, plutot petite et seule ? Voilà un adversaire à la mesure de ce guerrier tribal et viril de cent vingt kilos ! Il lui fonça dessus en poussant un hurlement rauque.
Le sifflement aigue d'une épée fendant l'air lui rapella la dangerosité de son adversaire. Il parvint à parer l'attaque avec son baton, mais la lame était si aiguisée qu'elle passa au travers sans mal. Le gros bonhomme roula sur le sol, les mains posées sur les deux extremitées disjointes de ce qui fut son arme, quelques instants auparavant, manquant de choir de la muraille.
21-08-2010 04:06 : Votre arme a été détruite.
La jeune croisée s'avança à pas rapides vers lui, déterminée à lui faire rendre gorge. C'est la guerre, défection ! Cathar se releva aussi vite qu'il put. L'épée battit à nouveau dans sa direction, mais cette fois-ci, il fut plus rapide que son adversaire : à une vitesse surprenante comparée à son gabarit, il lui saisit le poignet de sa main molle.
Pendant que la fille vêtue de noire luttait pour se défaire de son étreinte tout sauf sensuelle, il lui cogna une baigne conquérante, du genre qui aurait donné des eudèmes cervicaux à toutes les féministes de la planète. La gamine fut jetée au sol sous la puissance du coup, un bel oeil beurré qui allait lui rester quelques jours sur le visage.
21-08-2010 04:06 : Vous avez frappé Siwenn. Vous l'avez légèrement blessé.
« Rentre chez toi, gamine ! La guerre n'est pas une affaire d'enfants ! » lui lança-t-il d'une voix que l'adrénalyne plaçait hors de tout contrôle.
« Et va dire aux tiens que l'Anjou est un métal qui se brise, mais qui ne se tord pas ! »
Il se redressa sur ses pieds, recula de quelques pas, et d'une voix incroyablement puissante sans doute un effet de coffre en rapport avec sa circonférance importante, hurla aussi fort qu'il le pût :
« Vive la résistance ! Vive l'Anjou ! »