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[RP] Le trépidantes aventures de la vie quotidienne

Jacquot
Les trépidantes aventures de la vie quotidienne
Ou: Comment faire un RP sans vouloir être un aventurier peigne-cul et musculeux, un amoureux gnan-gnan, un poète à la con, et sans que ça vire au psychodrame.



Elle est à côté. Elle lui parle gentiment. Soudain, elle commence à lui lècher le visage goulûment.


Jacquot se réveille en sursaut, face à Balmusette, sa brebis.

J'me disais, aussi, qu'c'était bizarr' qu'ma mère veuille me fair' des choses comme ça. T'as faim, la bête?

Elle opina, ou tout du moins, c'est ce qu'elle aurait fait si ce n'était pas une brebis. Jacquot lui ouvrit la porte de la grange, et l'ovin se mis à brouter consciencieusement l'herbe du pré.

Notre héros du quotidien fit chauffer de l'eau, entreprit vaillamment d'ajouter quelques herbes séchées, et y mis avec grande noblesse un croûton de pain rassis. Son incroyable petit-déjeuner finit de le sortir de son imposant sommeil récupérateur, et il put envisager d'un oeil neuf et conquérant le nouveau jour qui n'allait pas tarder à se lever. Pour fêter ça, il se gratta l'aisselle droite et laissa échapper un vent malodorant qui embauma la pièce pendant quelques minutes. Sur ces entrefaites d'un remarquable charisme, il fila à l'Eglise pour faire tonner les cloches.

Il fut de retour en début d'après-midi, sa place au clocher étant assurée par une incroyable facilité de scénario (en réalité, c'est un lamantin qui sonne les cloches l'après-midi, mais je vous expliquerai ça un autre jour) (peut-être).

Balmusette avait très intelligemment occupé son temps à tondre la pelouse et chier dans les coins. Elle dormait, paisiblement affalée sur le flanc, un bout de tissu dans la bouche.


C'te furie a t'encore attaqué un voyageur. Bête d'animal, va!

Il appuya son propos en lui appliquant sa semelle au niveau de la croupe. Elle répondit en se plaignant d'être si mal réveillée,et que c'était pas elle c'était le chien du voisin (ou, tout du moins, c'est ce qu'elle aurait dit si, comme nous l'avons déjà fait remarquer, ce n'était pas une simple brebis).

Le soleil brillait, les oiseaux chantaient (selon un livre très intéressant, la discussion des oiseaux est d'un ennui mortel; il n'est question que de vents ascendants, de portance, de mise en vrille contrôlée, de gouano et de fruits). L'après-midi s'annoncait bien.

Toi aussi, ami Bertincourtois, viens rejoindre les formidables aventures de Jacquot dans le quotidien! Tu pourras te reposer de tes cavalcades hardies et musclées dans la campagne artésienne, de tes histoires d'amour qui feraient se suicider les Romantiques du XIXème pour expier leur faute d'avoir inventé le genre, et pleurer Rimbaud pour avoir fait croire à des générations d'ados que c'est à 17 ans qu'on fait les meilleurs poèmes! Et j'espère que tu as de l'humour, parce que Jacquot est adorable, mais son narrateur a le coeur noirci par la haine, et son effroyable âme soeur, la discrète mais meurtrière Balmusette la Brebis, qui sous ses airs ovins est en fait une situationniste tordue, prête à sacrifier des petits lapins JE DIT BIEN DES PETITS LAPINS pour ressusciter l'Internationale Lettriste, n'hésiteront pas à t'étriller violemment (et avec le sourire).
Kiria
Elle entendit une voix et sortit de la grange où elle s'abritait du soleil. S'avançant d'un pas vif vers l'homme qu'elle reconnu comme le dénommé Jacquot, qu'elle avait déjà rencontré en taverne, elle se planta devant lui, croisant les bras d'un air pas commode.

Dites donc messire Jacquot, c'est à vous cette brebis ? Vous devriez voir à lui apprendre les bonnes manières... Je passais avec mon panier de poisson, et il faisait bien chaud et bien soif.

J'ai vu votre puit et j'y suis allée boire une bonne louche d'eau fraîche.

Puis comme j'étais bien fatiguée de ma pêche, j'ai trouvé l'ombre du gros chêne tentante, et je me suis allongée à son pied pour quelques minutes.

Bon, c'est vrai que je me suis endormie... mais je me suis éveillée en sursaut parce que quelqu'un me tirait sur la jupe... et quand j'ai ouvert les yeux, je suis tombée sur cette bestiole qui grignottait alllègrement mes jupons. Voyez vous même...


et se retournant, elle lui montra l'état de sa jupe de lin blanc dont le bas était entièrement déchiré et maculé de taches d'herbe verte.

Nan mais vous les dressez pour garder la maison ? c'est pas possible ça.

Il faudrait mettre une pancarte "animal féroce", avant qu'elle ne morde quelqu'un...

_________________
Jacquot
Jacquot se répandit en excuses pendant bien cinq minutes, s'attarda sur des considérations concernant le prix du textile, la noblesse de son interlocutrice, les vertus de la pêche, et d'autres remarques inintelligibles sur l'eau. Puis, il enchaîna sur une diatribe à l'encontre de la brebis, qui s'était approchée à l'ouïe des plaintes larmoyantes de son maître.

Ah bah t'vala, toi, animal ingrat! Combin d'fois va falar te dire d'pas attaquer les gens, crebousouère d'karoutch de froc de satané bêêête! ma j'm'en va t'arracher l'dents, moi! Qu'asseuj't'ai fait pour mériter ça? Chu pourrrtant pas mauvais maître, mouè? Damnée d'bon sang d'bouai de scrogneugn...

Et ainsi de suite pendant encore cinq minutes -vous comprendrez que ça me gonfle d'en faire le détail, donc je me permet ces légères ellipses. Balmusette, elle, se défendait véhèment de toute malignité, en arguant que cette fille de mauvaise vie était venue traîner ses miches sans autorisation dans le champs où elle paissait paisiblement, ce qui constitue en soit un casus belli auquel elle s'est empressée de répondre avec toute la force d'une brebis dans son droit légitime selon le droit international et les conventions de Genève (ou, tout du moins, c'est ce qu'elle aurait fait si ce n'était pas vous savez quoi).

Jacquot s'arrêta enfin de déblatérer, et reprit son souffle


Bon. En guise que d'réparation, j'va vous offrir un 'tit r'montant.


Il se rendit sous sa chaume et revint, deux godets en bois très grossier et une gourde tout aussi vulgaire en mains.

C'est d'l'eau d'vie d'la d'où qu'je viens. C'est bon pour les os, paraît, d'après ma daronne.

Il versa dans chacun des godets un liquide verdâtre, constellé de suspensions marécageuses et agrémenté de ce qui semblait être des tétards en très mauvais état en surface. Le tout dégageait (à la surprise générale) une odeur fleurie de violette.

Dans un coin du pré, Balmusette broutait aussi ironiquement que possible.
Kiria

Un flot de paroles plus ou moins intelligibles répondit aux récriminations de Kiria. Un semblant d'excuses ou la complainte d'un pauvre hère sur la chèreté de la vie, elle n'en était pas sure. Elle abandonna tout espoir s'y comprendre quelque chose après avoir vaillament enduré ses considérations sur le prix du tissus, la pêche et l'eau.

Elle grimaça quelque peu quand il lui parla de noblesse. Elle allait lui rétorquer que certes elle n'était pas noble, mais que ce n'était point raison valable pour s'attaquer à sa garde robe acquise à la sueur de son front, quand elle avisa la brebis qui s'avançait vers eux, déchaînant un concert de lamentations et de récriminations mêlées de la part de cet homme qui semblait un peu frustre mais point méchant.

Il s'adressait à cet animal comme s'il pouvait le comprendre.. lui faisant un discours véhément, ponctué d'exclamations et de bougonnements.

Comme s'il pouvait le comprendre... à voir l'oeil de la brebis pétiller d'un semblant d'ironie maligne, Kiria eu un moment un doute qu'elle chassa aussitôt. Voyons, c'était impossible... une brebis ne pouvait pas comprendre ce qu'elle même avait bien du mal à entendre...

Semblant à bout de souffle ou d'inspiration, qui pouvait bien le savoir, Jacquot arrêta d'invectiver l'animal et se retourna vers Kiria


Citation:
Bon. En guise que d'réparation, j'va vous offrir un 'tit r'montant.
C'est d'l'eau d'vie d'la d'où qu'je viens. C'est bon pour les os, paraît, d'après ma daronne.

Bien que les gobelets de bois brut qu'il ramena semblassent d'une propreté douteuse, la jeune femme accepta de bonne grâce de boire le verre de la réconciliation.

Quand elle vit la couleur glauque du liquide épais et trouble qu'il y versait, elle faillit avoir un haut le coeur. Ne pouvant décemment plus faire marche arrière sans vexer le bonhomme, Kiria approcha lentement le godet de ses lèvres, espérant secrètement qu'il détournerait les yeux un instant pour lui permettre d'en verser le contenu dans l'herbe sans se faire remarquer. Mais que nenni, il l'observait, souriant béatement, semblant attendre lui même pour boire qu'elle ait avalé la première gorgée.

L'odeur en était cependant agréable. On aurait dit... mais oui, de la violette. Et puis c'était offert de bon coeur, alors, puisqu'il fallait bien s'y résoudre, elle goutta le breuvage étrange du bout des lèvres


Aaahhhrg...

Elle pâlit, rougit, s'étrangla presque. S'éventant avec énergie, elle essuya de la pointe de sa longue manche les larmes qui lui perlaient aux yeux. La bouche en feu, elle se demanda avec quoi pouvait bien être fabriqué cette eau de vie, qui effectivement avait de quoi réveiller un mort.
Elle tenta de sourire à Jaquot, ne pouvant articuler que quelques mots


C'est bon, mais c'est fort....

Dans son coin du pré, la brebis releva la tête, et si ça n'avait pas été une brebis, Kiria aurait juré qu'elle riait.
_________________
Jacquot
Jacquot regarda Kiria déguster sa petite eau de vie, et fut on ne peut plus ravi de constater que ça lui avait plut. Il avala le contenu de son propre verre, pâlit, rougit, s'étranga presque, etc, etc... Il prononça avec difficulté:

J'connu une piémontaise qu'en buvait au p'tit déj'ner...

Reprenant ses esprits, il remisa la bouteille avec précaution en faisant remarquer qu'il ne fallait pas trop remuer la bouteille, à cause que sinon qu'après c'est trop fort. Kiria grommela une remarque sur le fait qu'elle avait été salement remuée, alors, mais Jacquot ne l'entendit pas.

Balmusette dissertait avec le bélier du pré voisin, en expliquant qu'il ne fallait pas essayer de comprendre le Dao de Jing à partir d'une idée préconçue, mais de s'appliquer à concevoir sa propre idée. Cela dit, il ne fallait pas oublier le point fondamental du texte, à savoir que Confucius était un con. Enfin, c'est ce qu'elle aurait dit. Balmusette, c'est une quoi, déjà?

Le jour déclinait, et Jacquot et Kiria devisaient toujours. Une femme à la verticalité contrariée, encapuchonnée d'un drap lourd et vaguement crasseux, se présenta devant le pré. Jacquot s'enquit des raisons de sa présence.


B'jour m'dame. Vos cherchez a quèque chose?

Une ébouli de rocaille lui répondit.

Barvlaqu'reconn'pluss'mèr's'tanébondioud'morveuxd'fisssingrrrrâat!

Jacquot prononça en partant dans les aigus à la fin:

Môman?

Jacquot alla serrer sa vieille mère dans ses bras. elle lui arrivait péniblementau niveau de la poitrine, ce qui donna à rire à un passant (qui termina son hilarité en courant, poursuivi par Balmusette).

Qu'è qu'tu fais là donc, la Mère?

Les rocailles continuèrent leur course sur une plage de galets.

Bragarsquafaitl'lient'avquel'vilparlôqu'maditqu'tionsparrrlà'lorsvin voarqu'luipiy'al'vieuGaliqu'apud'coutolorcomquechaiqu'anaparikij'nai profit'èmvla.

Balmusette s'allongea et mit ses sabot sur les oreilles.

Uuuuh. Rooh Môman comme que chuis content que d'te voir! 'Agad chu bin installé maint'nant j'avions un pré pour l'moutons et une 'tite masure!

Il embrassa son domaine du bras.

L'avalanche de rocaille marqua son approbation en démolissant un petit bois. La Mère Jacquot avisa la brebis et demanda (en substance) si ce genre de bête pouvait servir pour tracter un bac. Balmusette effectua alors une retraite stratégique, pendant que Jacquot expliquait les rudiment de l'élevage de moutons à sa génitrice. Cette dernière finit enfin par remarquer Kiria.

Vous avez déjà gardé vos lunettes de soleil en regardant un mur par une nuit sans lune, à quinze kilomètre de la première source de lumière? Alors vous avez une vague idée de la couleur du regard dont elle la gratifia. Le roulement de roches entra dans le couloir reliant le Overground et la Victoria Line à la station de Highsbury & Islington, écrasant sur son passage un touriste moscovite, un employé de la Royal Bank of Scotland, deux Horseguards en tenue d'apparat, et trente-huit autres usagers des transports en commun londoniens*.


Qsé?

*Oui, ça fait Quarante-Deux.
Kiria
Au grand soulagement de Kiria, Jacquot avait rangé la bouteille après le premier verre, qu'elle avait déjà eu bien du mal à avaler.

Elle tentait encore de se remettre de cette douloureuse expérience qui lui avait si bien mis le feu aux papilles qu'elle aurait pu prendre un camenbert bien fait pour des fraises des bois, lorgnant sur le puit à l'eau bien fraîche qui lui avait vallu cette étrange aventure quand, crapahutant tant bien que mal sur le chemin, arriva une silhouette penchée et un peu tordue. Elle s'arrêta devant la prairie, vacillant légèrement avant de se stabiliser, semblant les observer. Kiria se demandait s'il s'agissait là d'une mendiante ou d'une de ces bohémiennes devineresses quand Jacquot l'apostropha, lui demandant ce qu'elle cherchait.

De la capuche qui lui couvrait la tête malgré la chaleur lourde d'orage de cette fin de journée d'été, sortit une voix d'outre tombe, qui semblait formée d'un mélange de porte qui grince et d'une avalanche de cailloux à flanc de montagne. Kiria en était toujours à chercher la signification de cette diatribe peu compréhensible à des oreilles habituées à un françois châtié, quand son interlocuteur se précipita vers la petite vieille et la serra dans ses bras articulant, d'une voix de petit chanteur desservant la messe, un quasi inaudible "Moman ?"


Kiria s'éloigna légèrement, se voulant discrète, et suivit des yeux la course effenée d'un promeneur poursuivi par cette diabolique bestiole qui lui avait allègrement grignoté une de ses plus jolies jupes.

Quand elle se retourna vers le duo touchant du fifils et de sa mère qui avaient achevé leus retrouvailles, elle rencontra le regard noir et glacé de ladite génitrice qui l'observait avec fort peu d'aménité, c'est le moins que nous puissions dire.

La vieille ne prononça qu'une parole
: "Qsé?"

La brebis n'eut été en train de batifoler dans le pré du voisin avec un bouc qui dégageait une odeur qui, quoique pestilancielle de l'avis de la jeune femme, semblait bien plaire au quadrupède atrabilaire, Kiria lui aurait bien demandé la traduction.

Faute de quoi elle se contenta de sourire, agittant doucement son éventail autant pour disséminer dans l'air quelques traces d'un parfum plus agréable à ses narines que celui que dégageait le soupirant de Balmusette que pour se rafraîchir un peu.

_________________
Jacquot
Jacquot s'empressa de rassurer son passé génétique quant à la nature de ses relations avec Kiria, et expliqua les circonstances fâcheuses qui l'amenaient à être ainsi présente en ses modestes terres. La vieille en parut rassurée, mais tint à donner des conseils précieux à son garçon concernant la gente féminine (tandis que les pierres roulaient avec sympathie pour le diable).

C'binmat'f'aigard'caus'qu'l'fill'c'tout'd's'l'ps'rtoutquaqu'alzontd'plugross'poitquemoi.

Môman déballa alors le sac qu'elle avait ramené pour son Jacquot, avec un terrible mais cependant joyeux roulement de roches volcaniques.

Vladlabonn'bouffaumoinqu't'estoupâlod'manjd'raclure'rid'pain.

Les appétissantes victuailles consistaient en une bouteille du breuvage que nous avons précédemment évoqué, une jarre contenant une sauce verdâtre et à la forte odeur de poisson mort depuis longtemps, un bol entouré d'un bout de tissu remplit d'un magnifique pâté d'algues, qui attira instantanément trois mouches et les tua sur le coup quand elles y goûtèrent, et un gâteau sec visiblement constitué d'amphibiens. Jacquot remercia chaleureusement la rude Aubergiste des Marais.

Vo rest'rez manger t'avec nous, M'ame Kiria?

Pendant que Kiria prend le risque d'une intoxication alimentaire sévère en s'attardant en famille, reportons notre attention sur Balmusette. Le bélier était effectivement en train de la draguer, pendant qu'elle tentait de lui expliquer que le mouton, en tant que créateur des valeurs morales, en est supérieur, et doit par conséquent s'en libérer, le sexe en tant que source de plaisir et non simple acte reproducteur en étant un moyen.

Le bélier approuvait bêtement, car il avait entendu le mot sexe.

Balmusette, fine psychologue, remarqua la modification hormonale de son interlocuteur. Elle détestait ce genre de gars, qui dès qu'il entendent le mot kiki sont tout chose, et pensent instantanément que la fille veut qu'ils lui grimpent dessus. C'est comme les ados et l'alcool. Tu leur donnes une goutte de cidre, et ils croient qu'ils peuvent se foutre à poil et hurler sous prétexte d'ivresse, plutôt que de laisser posément les molécules bloquer leur cerveau. Elle continua donc avec perfidie de faire monter la pression chez l'aries de service, puis, constatant que son enthousiasme commençait à prendre un certain volume, l'envoya se faire onguler (ce qui est une très grossière insulte chez les ovins). Le bélier, complètement abasourdi du fait que son charme ravageur puisse faire ainsi plouf (à défaut d'autre chose), calma ses ardeurs en chargeant une poule, qui finit sa triste vie de gallinacé dans un mur.

Balmusette, énervée mais ravie, alla discuter convergence des luttes avec la vache d'à côté.

C'est en tout cas ce qui se serait passé si elle n'était pas un mouton (Ovis aries), mammifère domestique herbivore de la famille des bovidés, de la sous-famille des Caprinés et du genre Ovis.
Kiria
Se radoucissant un tant soit peu quand Jacquot lui eut expliqué la raison de la présence sur son pré d'une représentente féminine de l'espèce humaine,

Elle déballa incontinent un sac de victuailles... dont l'aspect semblait plus qu'inquiétant, et l'odeur encore plus pestilencielle que celle dégagée par le bouc du pré voisin
Faisant assaut d'amabilité, la vieille mère du Jacquot proposa à Kiria
Citation:
Vo rest'rez manger t'avec nous, M'ame Kiria?


La jeune femme faillit s'étouffer pour le coup. Elle avait résisté à la boissons qui lui avait tant et si bien brûlé la gorge qu'elle ne pourrait certainement plus rien goûter pendant au moins quinze jours. Mais rien que la vue de la nourriture lui donna des hauts le coeur, et cherchant à toute vitesse dans sa cervelle au fonctionnement mis à mal par l'alcool, elle en tira une idée qui si elle n'était pas géniale pouvait au moins paraître vraisemblable.

Et bien dame, ce serait avec grande joie que je goutterais à votre délicieuse cuisine, mais je dois me sauver...
Le retour des barques au port vous comprenez... Les pêcheurs m'attendent certainement pour donner leurs résultats...


Elle fit un sourire à madame Mère, avant de se retourner vers Jacquot

[i]Merci pour la petite goutte Jacquot, et n'oubliez pas le concours de pêche...
Elle s'esquiva ensuite, repartant vers le village.
Dans le pré d'à côté, le bouc, dépité, regardait Balmusette lui tourner le dos pour aller tailler une bavette avec avec la vache du voisin.

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Jacquot
Kiria, après avoir sorti une excuse qui parut parfaitement plausible à la mater dolorosa et au filius cretinus, se hâta lentement de s'enfuir du pré. Les deux restant, après une légère collation constituée de produits du pays, s'assirent à l'extérieur sur un banc improvisé et devisèrent gaiement, ponctuant leurs sentences de rot et de pets nécessaires à laurvie de l'organisme pour évacuer une partie des éléments toxiques de la nourriture précédemment ingérée. Des formes de vie microscopiques inconnues naquirent dans l'air vicié, mourant aussitôt de leur débilité organique. Entendue de loin, la conversation ressemblait à un éboulement de cailloux dans une usine de casseroles, entrecoupées par les remarques plus ou moins intelligibles de Jacquot. Le marchand qui avait le plaisir d'accompagner la vieille déboula sur le chemin. Sa cariole, traînée par un boeuf rachitique, débordait de biens qu'il avait acquis sur un marché voisin. La mère le reconnu, et le salua.

Cre'bondied'boisd'cret'adeu'z'ecus! T'abinmarch'dégrojeanpat'?

Le dénommé Jean-Patrice fit un effort incommensurable pour paraître ravi de revoir sa passagère.

Au poil! Par cont' faudrait penser à s'remuer l'boul cause que la nuit va tomber et j'serais pas mécontent d'passer l'premier gué avant! Salut Jacquot, comment va, gamin?

L'interpellé répondit par une banalité, et enchaîna la conversation sur le temps pendant que la vieille rassemblait ses affaires. Déjà au moyen âge, les conditions climatiques étaient un magnifique sujet passe-partout à utiliser comme aujourd'hui avec 1) les collègues, pendant la pause, 2) le fournisseur que vous accompagnez dans le bureau du patron, et avec qui vous vous retrouvez en face à face dans l'ascenseur étriqué 3) Jasmine, la bombasse du service courrier, histoire de la garder un peu plus longtemps dans le bureau, et 4) tata Jeannette au repas de Noël, pour éviter qu'elle commence à parler de ses voisins juifs pendant la guerre, et de ses amis allemands si polis et organisés.

Bahallergaminj'vam'envaifai'l'bis'atamèrr, prensoind'tapit'faigaffles'l'pesgrosspoitr, tur'gad'entraversapitu't'nourribin, einh?

Longue et émouvante embrassade. Jean-Patrice aida la daronne à grimper, et le carrosse s'ébroua. Jacquot regarda l'attelage disparaître au loin. Il essaya de se rappeler pourquoi il était parti de la maison. Il entama une discussion avec Balmusette.

C'marrant. Chu parti d'puis pas si longtemps, et pis déjà ça m'paraît si loin? 'Agad, la vieille. Comme si c'tait t'hier! La même! la différence c'est qu'à m'cravach' pu quand que j'dis une conn'rie. J'me rappelle, qu'une fois, elle...


Jacquot déballa ainsi sa vie avant Bertincourt à sa brebis, qui, visiblement, n'en avait rien à brouter. D'ailleurs, elle s'empressa,pour échapper à la discussion plombante de son maître, d'aller effectuer l'activité sus-dite avec de l'herbe fraîche. Quand Jacquot finit par se rendre compte qu'il parlait tout seul, et qu'il était sacrément tard, il fit un tour dans une taverne, en revint assez joyeux, et s'effondra dans son lit.

Le lendemain matin, un sous-fiffre du bailli lui apportait quatre moutons. Jacquot et Balmusette inspectèrent les troupes. Jacquot remercia le coursier en lui offrant un coup à boire. Le pauvre jeune garçon repartit en remerciant poliment et vomit dans une auge à cochons un peu plus loin sur le chemin (c'était l'auge du troupeau de Sylvine). Jacquot installa son nouveau troupeau dans le pré, et s'en alla sonner les cloches.

Balmusette tapa la discute avec ses congénères. La discussion porta sur des convenances ovines, la nouvelle mode du frisé-rejeté à la capitale du comté, et l'autogestion des troupeaux. Ce dernier sujet fut débattu longuement, comme d'habitude chez les moutons. Comme d'habitude, on imagina de nombreuses solutions pour résoudre les divers problèmes récurrents, à savoir la gestion des relations hommes-moutons, le partage des béliers, la question du brebinisme et la convergence des luttes avec les autres espèces. En règle générale, l'application était remise au lendemain, et dégénérait ensuite lorsqu'on proposait au troupeau voisin d'unir les forces, vu que bon, union, action, autogestion, d'accord, mais même si la propriété c'est le vol tu vas te casser dare-dare de mon herbe, sinon le patron va pas être content.

C'est en tout cas ce qui se serait passé, si ce n'était pas un troupeau de mammifères ruminants, comme on l'a déjà dit, répété, reformulé, développé, découpé en petits morceaux et reconceptualisé, et ainsi de suite à plusieurs reprises.

Jacquot rentra en fin d'après-midi, compta ses brebis, par réflexe.

Balmusette s'était fait la malle.
Jacquot
Jacquot avait été prévenu par l'éleveur qui lui avait vendue que cette satanée bête avait des tendances à la fugue, mais qu'elle revenait toujours.

Pendant deux jours, donc, il patienta. Plusieurs personnes l'avait aperçue, bêlant dans le village. Quelqu'un l'avait vue en train d'écrire des insanités sur la façade de la mairie, mais ce quelqu'un était un poivrot notoire, et il ne fallait pas trop prêter attention à ses propos.

Jacquot, lui, ne l'avait absolument pas croisée. A croire qu'elle se débrouillait pour l'éviter.

En début d'après-midi du deuxième jour, alors que Jacquot revenait du clocher, il constata le retour de l'animal qui finit en "ette". Elle le gratifia d'un bêlement ravi, il lui fit quelques remontrances, puis un câlin.


Conn'rie d'bestiau, va.

Le fait qu'elle n'aie pas finit en méchoui réjouissait le coeur de notre héros favori entre tous, loué soit son narrateur ainsi que toutes ses femmes, et ses générations sur les siècles et les siècles, Amen.

Le jeune éleveur, devenu récemment lettré, et sur le point de devenir une grenouille de bénitier, révisait ses Vertus soir et matin. Balmusette, cette abominable hérétique guidée par le démon, tentait vainement de détourner son cher maître du saint chemin.
Jacquot
Jacquot se prépara de bon matin, endossant sa toile la moins sale: la Dame Ombeline, herself, l'emmenait faire un tour à Arras, la capitale du comté, tchi-tchaAA. Il se prépara une gourde et un casse-croûte, ouvrit la porte de la grange afin de laisser les bêtes paisser comme des folles toute la journée dans le pré, et laissa cinquante sous et une demi-miche de pain au gamin à qui il confiait souvent ses basses-œuvres. Il lui remit les dernières instructions de la journée:

Tu surveilles bin l'troupeau. J'veux pas revenir avec la maison sans d'ssus d'ssous. J'te fais confiance, et en plus Balmusette semble bien t'aimer.

Sur ce, l'éleveur virant bigot s'en alla claudiquant sur le chemin, découvrir le grand monde à Arras.

Le gamin, je crois pas vous en avoir parlé, déjà. C'est un de ces nombreux mômes, tout justes sortis de l'adolescence, couvert de pustules acnéiques, qui couraient les rues du villages sans que personne ne les remarquent. C'est marrant, c'est le genre d'individu qu'on oublie toujours: ils rigolent bêtement, n'ont aucun avenir, n'ont pas la chance d'être fils ou fille de, et grandiront dans l'indifférence, restant des personnages secondaires qui grossissent les foules lors des évènement, afin de faire en sorte de jamais être trop seuls. Des suppléments de scénarios qui n'intéressent pas l'Histoire, celle avec un grand Res Parendo. Lui s'appelait Eloi, en vrai. Il était fils d'un marin de Bertincourt, lui même personnage complètement secondaire. Sa mère était morte d'un rhume, qu'elle avait attrapé lors d'un hiver secondaire, comme son existence.

Eloi, donc, s'attela à passer une journée secondaire, pendant que son patron allait faire la grande Histoire à Arras. Il s'attela à un rapide tour de la propriété, raccommodant une barrière de ci, tentant d'attraper un oiseau de là. Il s'assis sur une grosse pierre et contempla le troupeau, en sirotant une gourde d'eau croupie. Cette activité profonde l'occupa quelques heures. Sur les coups de dix heures (sonnées à l'Eglise par le lamantin qui remplace Jacquot quand il n'est pas là), une jeune fille de son âge, la Marieke, comme on l'appellait au village, déboula sur le chemin. Sa vie est encore plus secondaire, je vous en épargne le détail. Elle avait un corps à faire fortune, mais une gueule à déposer le bilan, ce qui lui permettait d'être une célébrité dans le monde des personnages secondaires (les personnages principaux ne perdant pas leur temps à s'imaginer repoussants physiquement).

Les deux jeunes gens se saluèrent, et Eloi invita la donzelle à venir regarder les ovins brouter. Au bout d'une demi-heure où ils échangèrent quelques banalités, Eloi lui proposa de lui montrer la grange du patron, afin de lui présenter quelques détails architecturaux remarquables d'une grange artésienne du XVème siècle.

Balmusette avisa les deux tourtereaux disparaître du pré avec une satisfaction qui tenait en deux point: 1) ces jeunes gens allaient probablement pratiquer une activité hors mariage dans le domaine de son bigot de maître, et 2) ils allaient lui foutre une paix royale pour foutre le boxon dans le pré. Elle rameuta le troupeau à grande force de bêlement. Autour d'elle s'assemblèrent les brebis.

Elle expliqua que au village, les hommes étaient en train de préparer des élections pour élire un maire. Elle leur détailla le concept de « mairie », en expliquant que c'était la base du pouvoir humain, puisque c'était le premier échelon, qui assurait le contrôle des paysans. Elle railla ce système en affirmant que la mairie ne méritait pas d'être la base, mais devait en être le point culminant, car c'est en pensant local qu'on peut penser global, et que le comté et la royauté étaient des exploiteurs du peuple en faisant venir les ordres par en haut.

Elle proposa donc l'établissement d'une commune libre et indépendante dans le pré, avant d'envisager propager son système aux prés voisins. Il fallait élire un maire, qui aurait pour tâche de rassembler les demandes du troupeau, s'assurer du bon fonctionnement des institutions, et représenter le cheptel dans les discussions avec les autres communes. La campagne s'engagea. Balmusette se présenta, tout naturellement. C'était la plus intelligente, et la plus ancienne. Elle mis sur la table son expérience, et sa science en matière d'autogestion. Elle aurait pu mettre en avant son cul, mais il n'y avait que des meufs, et Balmusette, même si elle était très tolérante en matière homosexualité ovine, préférait brouter de l'herbe plutôt que ses congénères.

Pendant ce temps là, Eloi prenait Balmusette à contrepied en pratiquant une activité ludique avec la Marieke, qui lui permit d'exercer les capacités de protusion, de rétraction, de dépression, et d'élévation des muscles de sa langue.

Immédiatement après, une seconde brebis bêla sa candidature. Elle n'était pas la moitié d'une conne, et présenta un programme complet, en insistant en particulier sur le partage de l'herbe, et l'établissement d'une méthode scientifique pour en assurer une répartition égale entre chaque membre du cheptel.

Pendant ce temps là, Eloi et Marieke s'amusaient à découvrir les différentes façons de combiner leurs membres pour n'en faire plus qu'un.

Une troisième brebis bêla que tout ça c'était bien joli, mais que les deux premières candidates oubliaient complètement la question de l'eau et de son partage. En effet, il fallait prévoir un système en cas de sécheresse, on sait jamais ce qui peut arriver dans le Nord, qui mettrait la priorité sur les brebis les moins bien portantes, et l'établissement d'un régime d'urgence.

Pendant ce temps, Eloi et Marieke partageaient un enthousiasme chaud et humide, contraire au climat artésien.

Une quatrième brebis protesta, affirma que la proposition de la troisième était dangereuse, et se présenta à son tour, afin de la contrer. Elle ajouta que personne n'avait parlé de partage des mâles, ce à quoi répondirent les trois autres candidates que on s'en fout, y'en a pas pour le moment, connasse lubrique.

Pendant ce temps là, Eloi et Marieke s'allongeaient côte à côte, fatigués mais contents de leur dissertation sur l'architecture des chaumières artésiennes, en particulier les poutres et les conduits de cheminée.

La cinquième brebis, qui jusque là n'avait rien dit, regarda les autres. Les autres la regardèrent. Si elle se présentait, ça allait partir sévèrement en couille, vu qu'il n'y avait personne d'autre pour voter.

Quand Eloi et Marieke sortirent de la grange, ils purent admirer une baston mémorable entre cinq individus de la famille des ovins. Restants un peu coi, encore un peu dans les vapeurs du coït, devant ce spectacle frisé et violent, ils tentèrent alors d'arrêter la bataille. Eloi réussit à isoler une brebis en la maintenant à distance raisonnable avec un bout de bois. Marieke perdit une partie de sa robe crasseuse, arrachée par une autre furie. Il leur fallu une bonne demi-heure pour isoler chaque membre du cheptel, les attacher fermement avec des cordes, qui à un arbre, qui à la cloture. La seule laissée libre fut Balmusette, qui était la plus douée en relation moutons-humains, et avait tout de suite pigé qu'il valait mieux s'écraser et regarder Eloi gentiment.

Les deux gamins, essoufflés, allèrent se reposer dans la chaumière en dégustant un verre du redoutable breuvage des marais de Jacquot. Réchauffés par l'activité physique et par l'alcool, ils entreprirent pour se remettre de leurs émotions de discuter techniques de ramonage, et se mirent aux travaux pratiques.
Balmusette rumina son échec au milieu du pré, entourée de ses congénères qui bêlaient des insultes.

C'est en tout cas la seule explication qu'il pourrait y avoir au fait que cinq brebis se soient mis sur la gueule un matin du quinzième siècle, si ce n'étaient pas de simples animaux. Nous nous en tiendrons donc à la version officielle que les moutons sont des animaux abrutis, querelleurs et frisés, toujours prêts à se taper pour un brin d'herbe.
Jacquot
Jacquot, tout frais rentré des moines, et chaussé comme il faut (NdN: ce jeu de mot minable vous était offert par la société des producteurs laitiers d'Artois), déposa son maigre paquetage sur la table. Balmusette vint lui ronronner autour, et il lui gratta le menton. Si Balmusette était un chat, ce qu'elle n'est pas car c'est une brebis, elle aurait sauté avec grâce sur le dit mobilier pour se rapprocher de son maître et le gratifier d'un câlin supplémentaire. Sa tentative de grimper sur la table fut couronnée d'un échec assez bruyant, et le bordel qui en résulta eu le double effet de 1) péter la table, et 2) foutre en rogne son petit séminariste de patron, ce qui n'est pas bien car l'énervement est voix de la colère. Il jarta l'ovine acrobate de son chez lui et s'empressa de fixer l'objet.

Le lendemain, car les choses vont vite, il se présentait chez le conseiller du Comte, dument vêtu, chaussé (NdN: pour grösse Hümour, voir plus haut) et la bourse pleine.

Il en ressortit avec une autorisation d'acheter une échoppe.

Ce qu'il fit, à la surprise générale.

En attendant qu'elle soit finie, il accrocha un panneau http://forum.lesroyaumes.com/viewtopic.php?p=58484760&sid=0MYoY9peagxgEa0dWM8IAovHX#58484760, et rentra chez lui, ravi.
Jacquot
Jacquot sautillait depuis bien trois quarts d’heure quand il finit par se fatiguer. Son diplôme de petit séminariste en main, il s’assit sur sa chaise en le regardant amoureusement. « Avec distinction ». Il rougit encore, et s’adressa à son plafond.

L’humilité est là, mais elle n’empêche pas la joie…


Puis il déplia son acte de nomination au poste de Diacre de Bertincourt et resta silencieux, pénétré de pensées le mettant en scène face à une foule d’hérétiques et les convertissant en disant : « Bouh ». Il continua dans ses rêveries.


Balmusette regardait son maître avec un air navré. Elle sifflotait intérieurement le refrain de la Jeune Garde Ovine (« Prenez gaaarde, prenez gaaarde, vous les tondeurs, les chiens d’garde, les bergers et les curés ! »). Elle sortit pour trouver une occupation maléfique susceptible de casser le groove de l’éleveur.

C’était jour de tonte, et l’employé du jour courait après une brebis récalcitrante. Elle lui courut après, ce qui donna lieu à une scène grotesque. La maudite agitée du cheptel mit fin à la course en mordant l’humain au mollet. Il laissa échapper un juron concernant la mère de Balmusette, fit une remarque imagée sur ses mœurs sexuelles, et ajouta qu’il avait l’intention d’appliquer sa semelle à la partie de l’animal la plus éloignée de sa tête.

Le patron, ameuté par les cris, apparu sur le perron de la chaumière, et demanda à tout le monde de se calmer, et fit un rapide sermon sur la paix aristotélicienne du cheptel, ce qui irrita au plus haut point Balmusette. Choquée de n’avoir pas déclenché l’ire de Jacquot, elle resta béate sur place (ce qui donna l’occasion au petit employé de lui coller un discret coup de pied au cul).

Jacquot annonça qu’il avait du boulot dans son atelier, et laissa en plan tout ce petit monde, qui continua de se chamailler une fois qu’il eut tourné au bout du chemin.

Tout en marchant vers les remparts, Jacquot repassait son CV en revue. Il commençait à ressembler à un plan de bataille mexicain. Eleveur Ovin, Ancien Sonneur de Cloches, Charpentier, Acolyte (-urgie), Petit Séminariste, Diacre.

Ses pensées le promenèrent jusqu’à son atelier.

Il y faisait un peu frais. Il récupéra quelques bouts de bois de chauffage et fit un feu dans la cheminée. Oui. Un feu dans une échoppe de charpentier. Rassurez-vous, c’est dans un recoin isolé de la pièce, le stock est à l’abri, et il n’y a pas de sciure, Jacquot y veille… je ne vous imposerai pas l’incendie de Londres. De toute façon, c’était la faute d’un boulanger, donc…

Il entreprit de raboter une rame qu’il avait entamé la veille.
Ombeline
Cela faisait un petit bout de temps que la jeune femme était sans nouvelle du Frère Jacquot. La dernière fois qu'elle l'avait croisé, hélas de bien plusieurs semaines déjà. Et point sous un beaux jours puisque c'était lors de la mort d'un petit être. Ombeline se remémora tristement cet évènement et chassa ses images bien sombres. Ayant terminé son travail à la mairie, la jeune femme décida de pousser sa route jusqu'à la maisonnée de ce dernier. Quand elle arriva sur place, les lieux semblaient déserts. Avait-il pris un temps de repos ? une petite retraite ? Elle avança dans la cour et observa les alentours.
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Ombeline
Ombeline s'était promis de repasser en sa maisonnée. Cela faisait déjà plusieurs semaines qu'il avait disparu, quasiment deux mois même. Des funérailles lui furent même donnée, d'après ses sources mais aucune explication précise n'avait été formulé à cette disparition si brusque.

Quand elle arriva aux abords de la chaumière, un silence de plomb régnait. Personne n'avait osé prendre la suite et cela était sans doute mieux ainsi pour l'instant. La jeune femme poussa le petit portail en bois entre ouvert et s'avança dans la cour. Elle s'attendait à y voir la fameuse Balmusette dont elle avait tant entendu parlé. Elle s'manda d'ailleurs ce qu'était advenue la bête.

Elle prit la direction de l'atelier. Elle ne savait pas trop à quoi s'attendre en poussant la porte ... voir soudain son fantôme ou lui même en chair et en os. Elle soupira ... Elle avait de drôles d'idées ou de lubies par moment. L'atelier était bien entendu désert.

Elle n'osa s'avancer plus à l'intérieur, préférant observer les lieux. Une fine couche de poussière s'était déjà accumulée. Elle esquissa un sourire en se remémorant le travail réalisé avec minutie sur la charpente du port de la bourgade. Il aurait encore été de ce monde, ses mains auraient transformées une simple planchette de bois en de belles réalisations sculptées. Enfin, c'était ainsi ...

Elle rebroussa chemin et déposa le bouquet de fleurs blanches qu'elle était venue apporter. Elle resta un instant silencieuse devant, puis repartit.

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