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[RP] - Et comme un bruit sourd : KA-BOUM !

L_araignee
[HRP/ RP fermé jusqu'à ce qu'à ce que l'Araignée appelle à l'aide. La scène se passe plusieurs jours après l'arrivée des invités (et après le RP mystérieux lancé en salle de réception.)/hrp]

Dans les mains garnies de cicatrice, un torchon ou un vélin froissé à voir où étaient griffonnés quelques mots hâtifs. Précisons par ailleurs que cette missive quelque en soit l'état, était attendue autant par l'homme de main que par sa maitresse, Aléanore Jagellon Alterac, puisque l'expéditeur n'est autre que l'apprenti du maitre artisan parisien chez qui la jeune femme avait passé commande. Commande de quoi ? D'une arme d'un genre tout nouveau, pour lui, pour qu'il la défende, alors bien sur qu'il attendait la venue de l'homme avec impatience.

Et dans ses mains, la preuve qu'il était non loin, cet homme, puisqu'il était dans le bourg voisin depuis deux jours, alors l'Araignée, Roland de son vrai nom de courir vers les écuries où sa jeune maitresse passait un moment avec son étalon autant pour échapper aux nombreux jeunes gens ayant envahi le chateau de Calvisson.


_ Il est là ! Damoiselle ! Il est là ! Il arrive ! Le parisien sera bientôt là !

On a dit qu'il était content de la venue du type ?

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Aleanore
Un moment de paix, un moment de tranquillité à ses côtés, parce qu’il est silencieux, lui, alors oui, Aléanore est dans les écuries, plus précisément dans la stalle de son étalon à profiter d’un instant de silence troublé par les animaux seuls, les animaux ?

-« Il est là ! Damoiselle ! Il est là ! Il arrive ! Le parisien sera bientôt là ! »

Et une autre sorte de bête, l’Araignée. Ni une, ni deux, la porte de la stalle est refermée, et Aléanore s’en est extirpée pour agripper le bras de son garde du corps avant de l’entrainer dans la cour pour attendre l’homme.

-« Crois-tu qu’il a amené ma commande ? Ce sera dur à ton avis ? Nous allons être dans les premiers à tester cette arme, il parait que personne encore ne s’y est essayé ou alors, ils sont rares et je n’en ai pas entendu parler, je me demande pourquoi d’ailleurs. C’est d’un moderne ! »

Evidemment, comme toutes les nouveautés, l’arme en question a attiré l’attention d’Aléanore, on est à la pointe de la mode et de la modernité ou on ne l’est pas, hein ?!

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Ronald Bartel
Et ce fut quelques heures plus tard que débarqua Ronald, jeune premier de tous les premiers, digne assistant de maître David Chiffer, armurier des temps modernes, son maitre à lui. Il manipulait les composants alchimiques comme certains manipulent l'or et l'argent ; et entre ses mains, le soufre, le salpêtre, le plomb, se transformaient en des tentatives d'armes de guerre redoutables.
C'était ainsi auprès de ce spécialiste parisien de l'arme à feu que Aléanore Jagellon Alterac s'était renseignée pour se voir offrir une arquebuse...

Une véritable arquebuse.

Il débarqua ainsi dans la cour de Cauvisson d'un petit mulet gris clair, comme un conquérant qui atteindrait le nouveau monde. Son habit était crotté, sa mine peu avenante, mais le jeune homme se sentait tel Lancelot, prêt à faire se pamer toutes les jeunes femmes avec son long... très long... tuyau de métal dur.
Un tuyau qui crachait le soufre, et explosait quiconque se trouvait face à lui, comme un canon vrai-de-vrai.

Rah, bon d'la, qu'il était heureux d'avoir cette merveille entre les mains !

Une merveille d'orfèvrerie ! Des pièces de moins d'un centimètre de grosseur, des capacités de précisions et de portée améliorées face aux précédentes (même si les mauvaises langues diraient que ce n'était pas très dur...), et surtout, surtout, surtout : le trait personnel de la damoiselle de Thias et Concèze : une bouche à feu ciselée.
Et le jeune homme était sûr que cela lui ferait plaisir.

Une fois mis pied à terre, il se fit ainsi annoncer par un valet, avançant dans le manoir en mettant de la poussière et des traces de pas partout sur le sol immaculé, ainsi qu'en tenant dans la longueur une forme qui s'apparentait vaguement à une arme : l'arquebuse en elle-même.

Et c'est ainsi qu'il se retrouvait face à la porte d'Aléanore, alors que l'on allait l'annoncer.
Aleanore
Il est là ! Il est là ! Et dans ses mains, la merveilleuse, la prodigieuse, la splendide, qu’elle est belle, qu’elle est impressionnante, qu’elle est longue et imposante, on en croquerait, on en mangerait sans fin avec délectation .. ou pas, ça reste une arquebuse, hein ?! Et pourtant, Aléanore la dévore des yeux et s’approche vivement de l’homme.

-« Vous voilà enfin ! Nous ne vous attendions plus ! » Menteuse ! « J’ai bien failli aller voir ailleurs ! » Menteuse ! « Mais vous voilà enfin ! » Perspicace ?

Un geste ample de la main pour désigner l’homme de main à ses côtés, avant de poursuivre son charmant babil qu’elle seule est capable de suivre du reste.

-« C’est mon garde du corps qui l’utilisera, il faut donc lui expliquer comment cela marche pour que nous ne fassions pas de bêtises en endommageant un si beau trésor. D’autant que nous ne sommes pas chez nous, il convient d’être discret dans nos agissements. » La blague, discret .. avec une arquebuse.. Bah voyons ! « Trêve de discussions, montrez nous comment cela fonctionne ! »

Impatiente ? Clairement !

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Ronald Bartel
Ronald était un excentrique par nature.

Très tôt, il s'était senti différent des autres enfants du petit village montagnard dans lequel il vivait autrefois, insouciant bienheureux parmi les innocents. Ainsi, Ronald avait une particularité ; étant enfant, il avait comme tous les enfants passé du temps à proximité de la plupart des corps de métiers du village. Et celui de forgeron l'avait particulièrement attiré ; le feu en tant qu'élément de transformation l'avait littéralement captivé, et c'était ainsi avec une évidente attraction pour le feu qu'il avait construit son enfance.

Il avait eu plusieurs autres particularités, durant son enfance. Ainsi Ronald avait-il adoré maltraiter de jeunes animaux ; très tôt, il avait adoré faire fumer de la sauge à un crapaud pour le faire éclater ; très tôt, il avait adoré couper les moustaches d'un chat avant de le mettre sur une table ; ceci ayant pour effet de voir le félidé immanquablement se viander la tronche lamentablement et pitoyablement sur le sol. Il aimait envoyer des pierres aux chats ; il aimait observer les pendus.
Surtout... Il avait un jour brûlé une vieille grange. C'était celle du vieux Mathurin, dans le haut chemin ; celle qui était inoccupée ; juste quelques vaches...

La beauté du feu ravageant le bois, des flammes montant au ciel, la chaleur léchant son visage, les meuglements et les fracas des bêtes qui, apeurées, mortes de trouilles, se débattaient contre leur cruel destin... Il découvrit le même jour le plaisir charnel égoiste, celui que l'on peut se donner lorsque l'on ressent une intense excitation.

Et le pyromane junior avait continué à sévir, avant d'entrer au service de maître David Chiffer, le magicien des temps modernes ; qui parvenait à créer des flammes de la poudre noire ; qui provoquait le bruit des souffles ; qui provoquait l'émoi, de la fumée... Il était ainsi dans son élément ; et livrant cette commande, dans un beau costume propre, Ronald était foutrement excité à l'idée de montrer cette merveille. Bon d'la ! Ca triquait fort dur aux encoignures, c'tait moi qui vous l'disait ! Face aux remarques de la jeune Damoiselle, il énonça alors :

- " L'affaire était fort longue, Ma Dame ; maistre Chiffer tenait à orner sa création de ses plus savantes dorures, qui ne manqueront pas, j'en suis certain, de vous étonner. Vous verrez que, huhuhuhuhu, si je puis me permettre, le jeu en valait la chandelle, gnihihihihihihihihargh... "


Et Ronald de se morigéner : bon Dieu, mais il devait cesser de tant paraitre bizarre ! Mais... Mildiou... Une telle arme, avec... De telles courbes... Et une telle gueule... Et un tel cul... Bon d'la, ça valait vraiment toutes les excentricités du monde !

- " C'est une merveille : 40 livres, mais malheureusement trop encombrante pour permettre le tir en la tenant simplement. Il vous faudra ainsi user d'un fourquin. " Et, ceci étant dit, le Ronald, jeune bonhomme rouquin maigre et moche aux yeux un peu fou d'ouvrir le coffre que l'on portait derrière lui, et d'en retirer : l'arquebuse, qu'il met dans les mains de l'Araignée, puis le fourquin en question, qui consiste en une fourche qui permet de laisser reposer l'arme. L'Araignée, ainsi examinée, passe l'arme à Aléanore, avant que Ronald ne la reprenne.
- " C'est en soi assez simple : l'on charge la poudre de par le col de l'arme, avant que d'y enfourner la balle, et de tasser. " Se faisant, il s'exécute de même, reprenant par mimiques le tout : - " Et gna-et gna-et gna-et gnagnagna... " L'air est enjoué ; presque... Amoureux du geste ; pardieu, on croirait qu'il se tamponne le coquillard dans le même temps, l'andouille !
- " La mèche, qui se trouve ici..." la montre... " Permet, une fois allumée, l'explosion de la poudre, qui va déclencher un déplacement d'énergie canalysée par le canon dans sa forme fluido-kinesthésique dans un sens propulsatoire qui va entrainer la balle dans un échange d'atomes crochus, ceci la propulsant à pleine vitesse de par le conduit vers la cible. Mais voyez plutôt. " Il la met en joue, une fois chargée. Il vise, soigneusement ; puis, tendant des linges à l'Araignée, lui indique de s'en garnir les cornets acoustiques, avant que d'en faire de même. Il sautille, il jubile, il est aux anges.

- " HIHI ! C'EST RIGOLOOO ! VOUS ALLEZZZZ VOIIIIIR ! "

Et l'abruti de mettre le feu à la mèche, tout en visant.

- " EEEEEEEEEEEETTTTTTTT ... BOOOOOOOOOUUUUUUUUM ! Ahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahah ! "

Et le crétin de finir d'un rire hystérique, sans se soucier du principal problème...

Aléanore ; il ne lui avait à aucun moment donné de tissu pour ses oreilles...
L_araignee
Gentil garde du corps qui regarda le bonhomme arriver sans piper mot, et de saluer discrètement quand on le montra du doigt comme un simple objet, en avait-il réellement quelque chose à faire ? Au final, il aurait SON arquebuse et les choses seraient parfaitement parfaites. Il écoutait les futilités habituelles de sa maitresse sans vraiment les écouter, il les entendait plutôt, trop habitué de sa volubilité, jusqu’à ce qu’il soit question de l’arme, et l’attention de l’Araignée fut redoublée. De savantes dorures.. Il en rêvait éveillé, quelque chose de beau à lui, lui appartenant en propre, comportement de bénêt, mais innocent car depuis qu’il avait rencontré la Jagellon Alterac, le beau avait pris une place significative dans sa vie, alors il fixa le bonhomme dans la crainte silencieuse de louper un seul de ses gestes, avoir une arme si belle et ne pas savoir s’en servir, quelle désolation..

Et quand l’arme fut sortie, un coup au cœur de l’homme que pourtant rien n’ébranlait, qu’elle était belle, et déjà, il jalousait les mains qui la caressaient puisque ce n’étaient pas les siennes. Alors il retint à vive allure les indications, charger, mettre la balle, tasser et allumer, pas si compliqué que cela ! Même pour lui, alors quand l’homme lui tendit les chiffons sans hésiter, il les glissa dans ses oreilles pour assister à la mise à feu. Quand le coup partit, c’est un ébranlement, une jouissance intérieure qui le submergea, pouvoir tuer avec une merveille au bout du bras, quel bonheur. Et sans plus se soucier du reste, l’Araignée d’écarter du bras l’artilleur afin de prendre sa place.


_ On charge, on met la balle, on tasse et ..

On allume, le briquet battu vient rencontrer la mèche tandis que l’Araignée vise une branche d’arbre au loin.

BOUUUUUUUUUUUUUUUM

Des aciers étoilés brillant d’une myriade d’étincelle due à l’extase ou aux éclats de la poudre ? Aucune idée, alors sans plus attendre avec un regard rapide à sa jeune maitresse, l’Araignée de recommencer.

_ Pour être sur que j’tiens le coup !

Un coup, deux coups et ..

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Aleanore
.. Le rêve se transforme en cauchemar..

Les hommes .. Avec un sourire indulgent, elle regarde le rouquin et son homme de main jouer avec l’arquebuse, non sans suivre avec attention les faits et gestes de l’homme pour pouvoir le cas échéant se servir de l’arme, les noisettes constatent avec plaisir que l’artisan a retenu ses exigences « une arme avec de l’élégance » et elle en a de l’élégance cette arme avec ses dorures finement ciselées sur le canon. Le premier coup part, faisant sursauter la jeune femme, ce bruit, c’est un coup de tonnerre, alors le regard se fait brillant, étincelant. Le tonnerre, le feu et la mort à portée de main, à portée du corps pour pouvoir le tuer, et c’est un éclat de rire qui répond à la première détonation.

Le sourire indulgent se fait amusé en entendant les mots de l’Araignée. « Pour prendre le coup », oui, c’est cela, pour faire joujou, surtout, mais elle se garde bien de le dire, trop occupée à analyser les gestes et à surveiller que personne ne vient par ici, car comment expliquer en ce cas, la venue d’un étranger à Cauvisson et cet étrange manège auquel se livre un des chaperons. Sans prévenir le deuxième coup part, la faisant sursauter une deuxième fois, une fois n’étant pas coutume, mais plus désagréable alors, le sifflement dans ses oreilles, une habitude à prendre quand on souffre de migraine mais le bruit est plus tenu que d’ordinaire. Le nez se fronce, elle tente de se concentrer de suivre les gestes pour s’imprégner de l’attitude, de la posture à avoir, le fourquin est dérangeant quand on voit l’homme s’en servir, et Aléanore se prend à rêver d’une arme assez légère pour être tenue à la main, quand le troisième coup part, un écho qui s’atténue doucement, et toujours ce sifflement insupportable de plus en plus aigu, l’impression d’être dans un rêve où les personnes sont loin, assez proches pour les entendre, trop loin pour que ce soit réellement net, les sourcils se froncent, ce sifflement trop insupportable pour être ignoré qui lui enserre la tête comme la pire des migraines jamais connues.

Et alors qu’elle veut faire un pas en arrière, le quatrième coup explose dans l’air, dans sa tête, comme une lame chauffée à blanc qu’on enfoncerait dans les oreilles, et le sifflement se mue en hurlement jusqu’à ce qu’elle comprenne que c’est elle qui hurle de douleur, et doucement, le cri s’atténue alors que la douleur persiste, alors que la bouche est toujours grande ouverte et qu’elle sent ses cordes vocales tirées à l’extrême. Plus rien n’est audible mis à part ce sifflement qui lui vrille la tête, plus rien n’a d’importance que l’Araignée non loin d’elle, et la main se tend comme pour l’empêcher de tirer un autre coup qui aura raison de son esprit. A genoux, elle continue à hurler mais n’entend plus le hurlement, les mains se portent aux oreilles pour faire taire la note suraigüe qui la brule à l’intérieur.


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L_araignee
On s’y prendrait facilement à ce jeu, si facilement même qu’il s’y prenait allégrement, armant l’arquebuse, visant et tirant presque sans relâche.. Presque parce que soudain, alors qu’il se redressait pour trouver une nouvelle cible, il entendit un bruit familier pour toutes personnes ayant déjà tué, torturé ou autres joyeusetés. La douleur, la douleur à l’état pur, extirpée d’un corps par un hurlement, alors il se retourna pour considérer avec horreur sa maitresse. A genoux, hurlant, se tenant les oreilles, quelques secondes de réflexion qui l’amenèrent à se poser la question : Pourquoi ?

Pourquoi alors que tout devait bien se passer, que cela devait être un moment de plaisir, pourquoi souffrait-elle tant ? Il enleva les torchons servant à protéger ses oreilles pour s’approcher d’elle avant de constater qu’elle-même n’avait rien eu pour se protéger. La fureur, celle qui vous prend à la gorge et vous étrangle quand vous comprenez que vous êtes en tort, celle-là même qui l’étreignit quand il se tourna vers l’artilleur. Rejeter la faute sur quelqu’un d’autre, à quel moment avait-il prévenu que cela pourrait être dangereux pour Elle ? A aucun et pour cela, l’haineuse araignée attrapa l’arquebuse sans un mot, chargea, glissa une balle et tassa, avant de trouver la cible et de lâcher dans un ultime sifflement.


_ Assassin ..

Le briquet vint allumer la mèche, fil des Parques de l’artilleur. Game over. Et une dernière détonation s’éleva avant de retomber au néant comme le rouquin du reste. Il ne pouvait pas s’en tirer, personne n’aurait pu après avoir commis l’irréparable, s’attaquer à elle, même indirectement, alors la délicate arquebuse tant chérie quelques instants auparavant est repoussée, tandis qu’il se jetait sur Aléanore.

_ Damoiselle, dites quelque chose.. Vous m’entendez ? Damoiselle !

Et l’orgueil, ce trait en commun entre la tortueuse araignée et le torturé papillon, fut mis de côté, au moins pour cette fois, il savait coudre, il savait cautériser, mais il n’y avait pas de sang, pas de plaies, juste ce hurlement qui ne semblait jamais vouloir s’arrêter et les mains, les mains fines qu’il chérissait pour toutes les beautés qu’elles réalisaient qui se plaquaient crispées sur les oreilles de la jeune femme.

_ A L’AIDE ! QUELQU’UN ! A L’AIDE !

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Blanche
Et là, tout près, à flâner quand elle a entendu plus loin un bruit de tonnerre et de mort, la môme blonde qui accourt, terrorisée. Il y a eu meurtre, il y a du sang partout, et à ce cri terrible qui lui déchire les tripes un écho qui git à terre. Dans une mare qui s'élargit en recouvrant les dalles.

Oh mon Dieu, mais que s'est il passé ?

Deux qu'elle ne connait pas, une qu'elle a déjà vue, et ô malheur des trois c'est la plus belle qui a tout pris. Elle pourrait lui donner une claque, à celui qui reste, l'unique survivant si on peut dire, c'est de sa faute c'est évident, il est le seul debout.

Qu'avez vous fait ? Oh mon Dieu, Aléanore !
Et la supplique qui est répétée, sans s'en apercevoir... Oh mon Dieu, mon Dieu, Aléanore... Elle n'entend pas, l'étincelle, et la blonde hermine s'en rend vite compte quand les yeux effrayés lui renvoient un reflet muet. Et vide d'expression, la peur et la souffrance ont pris toute la place dans les iris sombres.

Quelqu'un ! Elle se relève, elle n'y peut rien à cette souffrance, il faut de l'aide, il faut quelqu'un qui sache.
Allez chercher quelqu'un, n'importe qui, qu'on la ramène vite au château.

Et elle dévisage, impuissante, cette souffrance qu'elle ne peut partager ; je ne te connais pas, murmure t'elle à l'Alterac, mais laisse moi t'aider.

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Garde de Cauvisson
Tout ça c'était passé un peu trop rapidement pour lui. Il avait regardé, de loin, avait haussé un sourcil, vu des échanges, avait tourné la tête pour s'emparer d'une carafe de vin des coteaux du Languedoc et... Boum. Détonation qui lui fait recracher son vin, qui le fat sursauter et puis enfin se lever. Il accourt, accourt, en chemin aboie des ordres à tous les gens passant dans ses parages, crachant qu'il fallait Jehanette, qu'il fallait Actarius, des armes et une battue, et des médicastres! Et à Seurin de s'approcher du corps de la jeune fille.

Des gens vont arriver, des gens vont arriver...

Pour sur, Cauvisson n'avait pas connu autant de mouvements depuis longtemps.
Aleanore
Le silence. Etouffant.. Les lèvres se referment sur un cri qu’elle n’entend pas, sur une chose inutile et dieu seul sait pourtant comme Aléanore se complait dans l’inutilité, mais là, là, c’est différent. Le corps oscille, et le halètement angoissé qui s’échappe des lèvres carmines n’a pour unique dimension que le mouvement des lèvres qu’elle ressent, plus rien. Il n’y a plus rien, les noisettes assistent impuissantes à la mise à mort de l’artilleur et alors qu’elle s’attend à ce que le coup porté la tue définitivement, elle ne l’entend même pas, à peine un faible écho, un résonnement qui la prend au cœur, les mains se décrispent et se crispent sur les oreilles, délicats coquillages qui n’ont jamais aussi bien servis leur surnom, un coquillage ne sert à rien et n’est qu’un pâle souvenir d’une entité : la mer. Alors les oreilles d’Aléanore se font coquillages, quand l’Araignée se précipite vers elle, le regard se pose sur le visage de son homme de main, observant avec terreur les lèvres qui bougent, bougent mais plus de son. De la terreur, elle passe à l’horreur, qu’ont-ils fait ?

Une révélation.. L’absolution donnée par Monseigneur de Torretta-Granitola n’a pas fait son office et le Très-Haut la punit pour les nombreux péchés commis. Et quelle punition.. Ne plus entendre. Et le chant des oiseaux au lever du jour ? Les chœurs de novices dans les églises ? La voix de ces enfants qu’elle chérit tant ? Plus rien, plus rien.. La punition divine est cruelle, à l’image de sa propre cruauté. Elle voudrait hurler de nouveau mais à quoi bon, elle ne l’entendrait pas, le regard se relève sur l’homme à ses côtés, et dans les noisettes d’ordinaire orgueilleuses et hautaines, la douleur et une peur enfantine se reflètent. Les noisettes se troublent, l’envie de pleurer lui enserre la gorge, et pourtant les larmes inconsciemment sont retenues par un barrage, et à travers le voile humide, des mèches blondes au loin éparses comme des rayons de soleil, un instant, l’impression que sa duchesse est là, et qu’elle pourra tout. « Rappelle la Journée d’hier et fais rétrograder le passé. » Et en lieu et place de l’angevine chérie, c’est une bretonne qui vient ajouter à la confusion de l’Etincelle. Les larmes disparaissent pour de bon, la peur reste, la douleur lancinante la fait plisser les yeux, et ce sifflement, seul son encore existant qui s’atténue doucement, plus angoissant que rassurant.

Honteuse, oui, honteuse d’avoir pu un jour médire de l’Hermine qui accourt, honteuse de se trouver en position de faiblesse devant quelqu’un de la noblesse. Et pourtant, la honte n’a pas sa place quand les lèvres de la bretonne bougent dans un ballet silencieux, entre la môme Walsh et elle, il y a cette ouate, qui au lieu d’être réconfortante est terrifiante. Les mains s’ôtent des oreilles, rempart devenu inutile, dans l’espoir d’entendre ce qu’elle dit, de saisir ce que reflète la panique sur le visage de Blanche, mais rien. Et la blonde de se relever, laissant la brune au sol, laquelle brune tend la main, désespérément. Ne m’abandonne pas. Et la frayeur stupide de revenir. Vais-je mourir ? Peut-on mourir ? Après tout ce qu’elle a vécu, ce serait un comble de mourir si bêtement, et que tu es bête Aléanore.. Vois où ta folie t'a conduit.. Amère déception, en voulant trouver une solution pour le punir de l’avoir fait souffrir, voilà qu’elle s’inflige d’autres souffrances. Stupide Aléanore qui ne perçoit qu’à peine le garde qui vient vers elle en courant et qui parle.. Qui parle mais pour dire quoi, pour dire quoi bon sang ! Alors la main levée retombe sur les jupes, encore une défaite, encore une.. Pitoyable papillon, à force de te cogner contre des barreaux que tu t’imposes, tu ne pourras plus jamais voler, et comme un écho malsain, les cantiques de son enfance lui reviennent en mémoire, et l’enfant d’alors après une écorchure d’essayer de faire taire la douleur en s’obstinant.


-« Je ne veux pas.. Je ne veux pas.. »

Mais si tu ne t’entends plus Aléanore, qui pourra entendre tes suppliques ? Qui es-tu pour ne pas vouloir ce que la Nature fait ? Il n'y aura plus de cantiques ..

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Jehannette
Branle-bas de combat au château.
Juste au moment où Jehannette espérait prendre un peu de bon temps en taillant une causette avec quelques servantes faisant partie des bagages.
Pour une fois qu'elle avait l'occasion d'en savoir plus sur ce qui se passe loin des murs de Cauvisson...
Raté!
Les braillement de Seurin en ont alerté plus d'un et c'est tout un petit groupe qui arrive au pas de course...
La Jehannette suit un peu en arrière, le temps d'envoyer petit Jehan chercher le médecin... une fois de plus! Et elle arrive, essoufflée.
Le temps de fendre le groupe des domestiques et de se planter devant eux.
Quelques exclamations horrifiées, des appels à l'aide, une odeur de poudre...

Crénom... qu'est-ce qu'y s'passe encor? Oh...

Un homme qui s'empresse, une blonde affolée qui se penche vers la brune pète-sec qui pour l'heure a un air étrange. Un mélange d'étonnement et d'effroi dans les yeux.
La servante n'y comprend pas grand chose, quand ses yeux se posent sur un corps inerte couvert de sang et une arme comme elle en n'a jamais vu.

De Diou!

La Jehannette recule d'un pas, butant contre une jeune servante accourue là elle aussi.

Un meurtre?
C'est qui s'pauv'e homme?
Et cette arme?
Tout dret venu de l'enfer lunaire c'te chose...
Un médicastre?
Pourquoi que l'Seurin l'a mandé un médicastre?
Pour le mort? Bah... lui faudrait plutost l'curé!

Perturbée par la scène, Jehannette regarde Seurin qui semble le plus calme dans l'affaire, en attendant ses ordres.
Blanche
Toujours ces yeux suppliants qui la regardent, mais à ce regard intolérable se greffent quelques mots, qui rendent la situation pis encore. Pitié, a t'elle envie de beugler, pitié, qu'on la fasse taire, c'est impossible de vivre tout cela sans faillir ! Et moi, je vais la tuer si elle parle encore, regardez comme elle souffre, je ne veux plus voir ça ! Besoin d'y mettre un terme d'une quelconque façon, de pouvoir se détacher de cette détresse, une bouffée d'air qu'elle arracherait à qui lui propose.

Bí ciúin, ag gach naomh !* Dans sa colère contre la domestique, contre cette grosse en tenue cintrée, elle s'est remise à parler mal et vite. Et dans une langue qui leur est inconnue. Peu importe, la seule qui compte, c'est Aléanore, et démêlera t'elle, parmi ce méli-mélo de dialecte sauvage, autre chose que des lèvres qui s'agitent en silence ?
S'il vous plait, demande t'elle au valet. Faites qu'elle ne parle plus, toutes ces questions... Vous voyez bien que la demoiselle Alterac est incommodée.

Le bras est tendu, puis s'effondre à nouveau. Et comme si tout se trouvait dans cette expansion de chair et de sang, Blanche y voit la vie d'Aléanore, sa volonté, son courage... Qui tombe à terre sans être sauvé. Elle écarquille les yeux sur ces mains vides d'espoir et de vie, la bouche s'entrouvre aussi, c'est impossible, il ne faut pas.
Alors, avec l'infinie douceur d'une mère, comme si l'Alterac était devenue enfante, elle se baisse à nouveau à sa hauteur, yeux dans les yeux, sans rien dire, elle croise juste les paumes sur les siennes et lui sourit. Elle presse même, un peu fort peut être, mais c'est pour lui prouver qu'elle est là, les mains albâtres dans leur étau ganté. Serre, serre fort, la môme ! Et ne lâche pas. Même quand les mains délient leur étreinte, qu'elle sent presque les battements du cœur brun au bout des doigts d'Aléanore, elle ne lâche pas. Lui prouver qu'elle la soutient, est devenu lui demander de la soutenir elle ; si la femme la plus forte des Royaumes, la plus inflexible craque, la plus sauvage et indisciplinée se laisser bercer par sa mutilation, qu'en sera t'il des autres, les moins fortes ?


Pour l'ultime fois, elle se relève, mais cette fois-ci elle tient Aléanore dans ses bras, ombre si incroyable de ces deux corps unis du bout des doigts. Brune, blonde, elles se détestaient sûrement, se soutiennent alors. Lève toi et marche !
La poupée désarticulée est hissée sur ses pieds, comme si la volonté avait quitté ce petit corps fragile, et Blanche continue à jouer à la Maman, ou à l'amie peut être, quoique l'un ou l'autre paraisse si improbable. Il n'y a pas longtemps, ne disais tu pas qu'elle t'horripilait, cette petite noble ? Qu'elle n'avait même pas, et tu insistais sur ce mot, la carrure d'une grande dame ? Tu étais jalouse, Gwenn, maintenant que vas tu jalouser ?


[*Faites la taire, par tous les saints !]

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Aleanore
« J’estime qu’il y a des colères saines. » - Julien, le Roux.



Ils accourent tous, et l’indifférence mêlée à la souffrance ne lui épargne même pas le spectacle de tous ces gens qui parlent entre eux, oui, entre eux, il n’y aura plus jamais d’entre nous, le Nous n’existe plus, la surdité la coupe du monde, l’entraine dans une spirale infernale qu’elle croyait oubliée. Il faut que tout s’arrête, retrouver les bras de Clarisse, retrouver les bras de l’Oubli, sans la Saint-Just cette fois. Etre seule puisque c’est ce qui l’attend, n’est-ce pas. Seule avec le silence. Oppressée par le silence, elle ne sent même pas la foule qui se resserre autour du lieu, de déraison en dérision, elle pourrait rire d’un de ses rires sarcastiques qui agacent tant s’il n’y avait ce sifflement qui lui brise la tête et l’empêche de réfléchir, il n’y a plus de réflexion que de la nostalgie, de la peur, de la douleur et à cela se mêle, inexorable, cette envie d’en finir, elle ne l’alarme plus, Aléanore vit avec, bien trop lâche pour mener à bien la fin du tout qui fait sa vie. Des mouvements alentours, et les noisettes se relèvent sur la servante de la vicomtesse qui parle, parle et parle encore, maudits soient les gens qui peuvent parler, et Blanche s’énerve, n’essaye pas de lire sur les lèvres Aléanore, tu ne comprendrais pas, et le regard se pose sur le sol. Tu te souviens Aléanore ? Tu as tué un homme parce qu’il ne t’écoutait pas, parce qu’il remettait tes propos en question, alors tandis que les yeux sont posés sur le sol, l’Etincelle revoit le corps d’un homme écrasé par la folie cruelle d’une adolescente en mal d’autorité. Il n’écoutait pas, et toi, tu n’entends pas, qui t’écrasera Aléanore ?

Certainement pas elle dont les mains viennent glisser contre les siennes. Dans un sourire, il n’y a pas les réponses que l’on espère, il n’y a pas la guérison, la solution ne s’y trouve pas, mais un sourire, c’est si simple au final, qu’on ne peut le refuser, et celui de l’Hermine vient se greffer dans le cœur de l’Etincelle comme un bandage qui essaierait de retenir le flux de sang, comme un barrage qui contiendrait la venue de la folie qui n’attend que le moment propice pour se déverser. Et les mains de l’hermine sont serrées en retour, observées avec attention, des femmes, égales en tout ou presque, alors pourquoi était-ce si dur de l’aimer Aléanore ? La peur ne pas être à la hauteur, la recherche de l’excellence, il ne peut y en avoir qu’une, n’est ce pas ? Et si au contraire, elles peuvent être plusieurs ? La reconnaissance pointe son nez en même temps que les doigts fins s’emmêlent à ceux de la blanche hermine et quand elle se lève enfin, appuyée contre un corps au moins aussi fragile que le sien, la gratitude remplace à grands renforts de volonté la frayeur dans les prunelles de l’Etincelle. La douleur est présente, toujours là, insidieux serpent qui se love et se déplie, plantant ses crocs dans l’esprit d’Aléanore, et comme le corps s’est dressé soutenu par la bretonne, le serpent est dressé, maté pour un temps infiniment petit, assez pour que l’orgueil retrouve sa place et que la stature bancale qui était la sienne s’affermisse.


{Rappelle la Journée d’hier et fais rétrograder le passé.}

Un autre ailleurs, un autre jour, les chutes sont les mêmes, ne diffèrent que les gens qui vous relèvent, vous protègent des dangers. Une mère, un père, un frère, et cette phrase dite à son Autre.

-« Un Rochegarde ne pleure pas pour rien mon fils »

Mais Arthur ne pleurait jamais, elle pleurait pour deux et maintenant qu’elle ne pleure plus pour Arthur ? Le papillon si beau passe devant ses yeux et elle court, l’enfante pour l’attraper. Et l’eau Aléanore ? Prends garde à l’eau, mais Papa est là qui la tient et la soulève dans ses bras. L’eau n’est qu’un pâle reflet, ne reste que les bras qui la soutiennent et lui évite la chute fatale.


Oui, la chute aurait pu être fatale, mais qu’importe la chute pourvu qu’on se relève, et elle est débout l’Etincelle.

-« Merci.. »

Y aura-t-il une réponse ? Qu’importe, elle ne l’entendra pas, mais les noisettes de Rochegarde se posent sur le corps sanguinolent, et en même temps que le soupir qui s’échappe des lèvres de l’Alterac, c’est la douleur qui revient, lancinante, crispant le visage calme d’ordinaire. Alors, elle se souvient, la douleur est éphémère, tout passe, il faut du temps, orgueilleuse étincelle qui ne supporte pas une faiblesse qui est normale. La main fine se resserre sur celle de Blanche quand la tête se redresse, provoquant un vertige, mais enfin le but est atteint, fixer son valet, l’air las et morne. Tout à refaire, tout à expliquer encore ? Jamais, une excuse sera trouvée, plate, stupide, et tant pis pour ce qu’on lui dira, elle ne le saura pas. Péniblement, elle prend la parole.

-« Un lit.. »

Et l’oubli, au moins cette fois, après promis, plus jamais, mais une dernière fois. Et une conversation au pied de Notre Dame lui revient. La fuite n’est qu’une lâcheté, mais comment combattre quand on ne sait pas contre qui on se bat ?

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Clémence de l'Epine
Elle est seule, au fond de cette chambre qu'on lui a allouée. Elle est assise devant un miroir, encore, comme souvent ces temps-ci, et elle peigne soigneusement ses cheveux ambrés. Elle parait si longue, cette chevelure, dès lors qu'on parvient à la libérer de ces boucles folles qui rendent son visage plus sévère mais plus déterminé aussi. Et là, alors qu'elle parvient presque à les lisser à la perfection, ces cheveux d'or, elle a l'impression que son reflet lui renvoie l'image d'une enfant qui n'aurait pas su grandir. Ses pommettes, si fines, encadrées par cet or, si soyeux.

Bon. L'heure n'est pas aux tergiversations solitaires - même si désormais la solitude ne l'ennuie plus puisqu'elle se fait moins ordinaire. Elle doit trouver sa cousine au plus vite et lui apprendre la nouvelle. Elle laisse sa crinière blonde libre de s'épanouir et d'épouser pleinement ses mouvements amples et rapides. Et elle sort de ses appartements.


Le premier coup retentit. Sourd mais puissant. Si puissant qu'elle le sent résonner contre sa poitrine et qu'un sursaut vient lui ébranler le cœur. Elle fait brutalement volte-face, comme si elle s'attendait à ce qu'un coup vienne de derrière, et un doute, incisif, brûlant, lui empoigne l'âme. Un moment, elle ne sait plus bien où aller, elle ne sait plus bien ce qu'elle fait là. Ses sourcils se froncent et sa main vient lentement se poser contre sa gorge pour étouffer les battements fous qui ont fait écho à l'éclat cataclysmique.

Et cela reprend de plus belle. Et Clémence se met à courir, effrayée, tandis que des bribes de souvenirs l'investissent toute entière. Elle fuit, elle le sent, elle a l'impression d'être une proie qui, à tout moment, pourrait se laisser attraper. Et bien entendu, le danger viendrait de derrière...

Sauf que... plus elle s'échappe, plus il lui semble que le bruit se rapproche et qu'alors, il se fait de moins en moins sourd pour devenir de plus en plus perceptible. Mais qu'est-ce donc que ces chocs, ces explosions qui lui font peur parce qu'elle ne les connait pas. Et plus que tout, il devrait être connu que la demoiselle n'aime pas ce qu'elle ne connait pas et que pire, elle en éprouve une terreur confuse.

Des cris remplacent les coups et ils sont si aigus que seule une femme peut en être à l'origine. A nouveau, Clémence s'arrête. La proie, ce n'est pas elle. Il y a quelqu'un qui souffre et de toute évidence, ça n'est pas elle. Interloquée, elle attend, aux aguets. Est-il possible que personne d'autre n'ait entendu ce vacarme ? Quelqu'un viendra bien au secours de cette dame qui de façon inhumaine hurle, exprimant ainsi une douleur toute aussi inhumaine. Une dernière détonation lui étourdit les tempes et... on appelle à l'aide. De l'aide, de l'aide, de l'aide... quelle aide pourrait-elle bien fournir elle, si fragile, si chétive et tellement inoffensive ? Elle ferme les yeux, juste une seconde, et instinctivement, sa main se porte à son côté droit. Elle ne veut pas d'une mort supplémentaire sur la conscience. Et cette pensée parvient à lui insuffler bien plus de courage qu'elle ne s'en était senti jusque là. "
Raphaël"... souffle-t-elle en reprenant sa course effrénée - l'a-t-on déjà vue courir aussi vite, elle d'ordinaire si mesurée et pudique ? - "Raphaël, sois avec moi cette fois-ci".

Les cris la guident et lorsqu'ils s'arrêtent elle reste un moment désemparée. La cour. Ça ne peut être que là. Et elle surgit telle une bourrasque violente au milieu du... chaos. Ses prunelles paniquées se posent sur la mare de sang qui s'étale non loin de là, ne parvenant pas à en relever le regard. Du sang... Brun. Épais. Terrifiant... C'est douloureux. Ça fait mal. Ça te détruit, n'est-ce pas ? Ça te fige de l'intérieur, tellement fort que tu ne peux plus bouger ou tenter de comprendre ce qu'il s'est passé ici. Quelqu'un est mort. Encore. Est-ce ta faute, une nouvelle fois ? Ses cils cillent et elle sort de sa torpeur, parce qu'il lui faut savoir. C'est un homme, qui est au sol. Et les cris étaient féminins. Lentement, ses yeux parcourent alors entièrement la scène qui lui fait face.


...


Blanche ! Est-ce toi qui ... ? Non, bien sûr que non ! Toi tu es là pour aider, tu as été plus rapide, plus forte, plus courageuse et tu ne fais que soutenir...

Aléanore ! Que t'arrive-t-il ? Pourquoi parais-tu si faible à côté de cette blonde Hermine qui semble soutenir tout le poids de ta douleur ? Tes traits éteints, ton visage crispé sur une souffrance invisible... Tu parais tellement vulnérable comme... comme ce jour, dans cette chapelle, à Bolchen, où je t'ai découverte plus pure que tu ne l'avais sans doute jamais été. Où j'ai appris à t'aimer un peu quand ton mon être ne voulait que te haïr.

Et elle court, la Lioncelle, enfin libérée de son malaise face à celui d'une autre. Elle ne fait que courir depuis tout à l'heure, persuadée d'abord d'être la cible d'un funeste complot, puis décidée à découvrir la cause de ce tapage, et enfin, maintenant, parce qu'elle veut simplement venir en aide à une Étincelle qu'elle ne souhaite pas voir faiblir et s'éteindre. Elle adresse un regard d'incompréhension à Blanche, à Jehanette, à l'homme qui se tient là et qu'elle reconnait comme étant un valet de l'Alterac. Celui-là, elle le fusille de ses prunelles assassines : et ton travail, alors, l'aurais-tu oublié ? N'aurais-tu pas compris ton rôle, celui de préserver ta maîtresse et de faire qu'elle ne souffre jamais ?

Enfin, elle vient se tenir face à Aléanore, qui n'entend plus, elle le devine, cela se voit presque, la façon dont elle l'a vue porter ses mains à ses oreilles, la façon dont elle a vu Blanche se comporter près d'elle... Elle vient se tenir face à Aléanore, donc, péniblement debout et soutenue par la jeune Bretonne, et délicatement, elle lui repousse une mèche qui lui tombe sur le visage. Les azurs plongent dans les noisettes et un sourire vient doucement éclairer le visage de l'héritière. Te souviens-tu de mon sourire, Aléanore ? Te souviens-tu de celui que tu m'as offert en retour ? Ailleurs... Dans un autre temps, un autre lieu ?

Clémence, alors, attrape la main de Blanche et l'étreint furtivement. Comme un
"merci d'avoir été là" ou "bravo d'avoir été là plus rapidement que moi". Elle relâche la pression de ses doigts sur ceux de l'Hermine et vient offrir sa main à Aléanore, l'Étincelle blessée.

Allons-y. Il est plus que temps. fait-elle simplement, dans un murmure.

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