Apolonie
Contact... Main qui se veut réconfortante sur son bras encore crispé par la colère et cette envie... furieuse, rageuse, de faire mal. Faire payer au monde la douleur de sa trahison, la frustration de son impuissance... Mais l'inquiétude prend la place de la violence, les tremblements celle de la main assurée d'une combattante, le ton agressif se laisse aller à l'intonation inquiète d'une jeune mariée désespérée.
L'attitude de Jazon l'ancre dans une réalité qu'elle avait aimé fuir quelques instants. Bulle de liberté douloureuse éclatée par la bienveillance amicale d'une sentinelle en qui elle a toute confiance. Se laisser aller à ressentir sans peur de la trahison, de la déception ou de l'abandon... Elle ne connait plus vraiment.
Au fil des mois et des années, tous ceux qu'elle avait aimés avaient disparus. Willen était mort dans ses bras, Bire avait sombré dans le radicalisme et l'obscurité d'un combat qu'ils n'avaient plus en commun, Fab avait pris les routes de traverse... Et maintenant, l'homme en qui elle avait tellement accordé foi et confiance qu'elle l'avait épousé, sous le regard cuisant d'un frère amoureux, disparaissait à son tour. Comme tous, ses amants, amis... Toujours.
Je crois qu'il a son compte maintenant. Tu n'as plus rien à craindre. Je suis là.
Et elle le croit. Parce qu'elle le connait, parce qu'ils ont toujours, depuis leur rencontre, été là l'un pour l'autre. En Auvergne comme en Provence, de la Gascogne à Toulouse. Le Clan, et plus que ça. Elle le croit aussi parce qu'elle en a besoin, là, tout de suite. Le croire ou s'effondrer. Alors elle s'accroche, à ce bras qui la soutient, à ce regard où elle peut lire les craintes qu'il a pour elle. Brunette qui voudrait le rassurer ne peut que ne pas le chasser. C'est peut-être un détail pour vous, mais pour elle ça veut dire beaucoup...
Bouger, avancer. Reprendre là où Scar l'avait arrêtée. Un pas devant l'autre, une pensée après l'autre, récupérer ce qu'elle est, et reprendre en main sa vie, ses recherches. Si elle en avait la force, elle sourirait à entendre Jaz' invectiver le groupe de badauds. Mais déjà le cheval de son ami s'approche. Morceau de tissu tendu, qu'elle prend d'une main maladroite. Premier enseignement de l'armée : une arme non nettoyée ne rejoint pas son fourreau ou elle ne servira plus jamais.
Le carmin souille l'étoffe, effaçant de la lame la colère de l'agression, la violence contenue dans le corps d'une brunette torturée. Sur son cou le contact humide d'un linge apaisant d'une douceur amicale, presque filiale. Un clin d'azur reconnaissant vers Jazon qui vide sa gourde sur les mains ensanglantées d'une vicomtesse un peu perdue.
Merci.
Rien d'autre n'a été inventé encore pour exprimer la gratitude qu'elle peut ressentir à être soutenue par lui. Le bras se fait plus pressant sous le sien. Fierté malgré tout, malgré ce qu'il vient d'entrevoir chez elle, malgré son allure défaite. Apolonie se redresse, fait front. Comme toujours, force de la nature, ou confort parfois appréciable d'une dualité alternative à laquelle elle refile sans scrupule les émotions trop fortes. Gênée par son ventre, elle sait qu'ils ne pourront chevaucher à deux. Elle sait aussi que courir, armés comme ils le sont tous deux, est illusoire.
Les dagues glissées à nouveau dans leurs liens de cuir sur ses cuisses, sans accorder un seul regard à son agresseur, là-bas, dans un monde qui lui parait déjà si lointain, elle avance avec sa sentinelle.
On y va ?!On va bien finir par le retrouver ton époux !
Reprendre contenance. Les idées éparpillées au gré d'un vent de panique tentent un rassemblement opportun. Rechercher, oui... Mais Montbrison elle a fouillé, il n'y est pas... Elle lève la tête vers son ami.
Dernière fois que je l'ai vu, Clermont.
A la sortie de la Cathédrale. Deux semaines...
Le ton est à la fois ferme et implorant. Ils vont devoir y aller... Et chercher. Dans son esprit, elle se rappelle d'autres recherches. Auxquelles elle avait ou non participé d'ailleurs. Armagnac en Touraine, Lila à Bourbon, Etolus, et tant d'autres... Le frisson qui lui parcourt l'échine est violent, glacé. Elle se refuse à ça. Inenvisageable. Hors de question.
Mon cheval est là-bas. Doigt qui se tend vers l'entrée de la ville. Tu m'accompagnes ?
Question d'une rhétorique presque blessante, Jaz', lui, comprendra qu'elle n'attend de lui que de quoi rompre ce silence oppressant qui l'étouffe, la compresse, jusqu'à la souffrance physique qui rejoint la torture mentale que l'absence d'Alayn lui fait endurer depuis de nombreux jours.
_________________
Fan de Constant Corteis, et aussi un peu de RP Partage.
L'attitude de Jazon l'ancre dans une réalité qu'elle avait aimé fuir quelques instants. Bulle de liberté douloureuse éclatée par la bienveillance amicale d'une sentinelle en qui elle a toute confiance. Se laisser aller à ressentir sans peur de la trahison, de la déception ou de l'abandon... Elle ne connait plus vraiment.
Au fil des mois et des années, tous ceux qu'elle avait aimés avaient disparus. Willen était mort dans ses bras, Bire avait sombré dans le radicalisme et l'obscurité d'un combat qu'ils n'avaient plus en commun, Fab avait pris les routes de traverse... Et maintenant, l'homme en qui elle avait tellement accordé foi et confiance qu'elle l'avait épousé, sous le regard cuisant d'un frère amoureux, disparaissait à son tour. Comme tous, ses amants, amis... Toujours.
Je crois qu'il a son compte maintenant. Tu n'as plus rien à craindre. Je suis là.
Et elle le croit. Parce qu'elle le connait, parce qu'ils ont toujours, depuis leur rencontre, été là l'un pour l'autre. En Auvergne comme en Provence, de la Gascogne à Toulouse. Le Clan, et plus que ça. Elle le croit aussi parce qu'elle en a besoin, là, tout de suite. Le croire ou s'effondrer. Alors elle s'accroche, à ce bras qui la soutient, à ce regard où elle peut lire les craintes qu'il a pour elle. Brunette qui voudrait le rassurer ne peut que ne pas le chasser. C'est peut-être un détail pour vous, mais pour elle ça veut dire beaucoup...
Bouger, avancer. Reprendre là où Scar l'avait arrêtée. Un pas devant l'autre, une pensée après l'autre, récupérer ce qu'elle est, et reprendre en main sa vie, ses recherches. Si elle en avait la force, elle sourirait à entendre Jaz' invectiver le groupe de badauds. Mais déjà le cheval de son ami s'approche. Morceau de tissu tendu, qu'elle prend d'une main maladroite. Premier enseignement de l'armée : une arme non nettoyée ne rejoint pas son fourreau ou elle ne servira plus jamais.
Le carmin souille l'étoffe, effaçant de la lame la colère de l'agression, la violence contenue dans le corps d'une brunette torturée. Sur son cou le contact humide d'un linge apaisant d'une douceur amicale, presque filiale. Un clin d'azur reconnaissant vers Jazon qui vide sa gourde sur les mains ensanglantées d'une vicomtesse un peu perdue.
Merci.
Rien d'autre n'a été inventé encore pour exprimer la gratitude qu'elle peut ressentir à être soutenue par lui. Le bras se fait plus pressant sous le sien. Fierté malgré tout, malgré ce qu'il vient d'entrevoir chez elle, malgré son allure défaite. Apolonie se redresse, fait front. Comme toujours, force de la nature, ou confort parfois appréciable d'une dualité alternative à laquelle elle refile sans scrupule les émotions trop fortes. Gênée par son ventre, elle sait qu'ils ne pourront chevaucher à deux. Elle sait aussi que courir, armés comme ils le sont tous deux, est illusoire.
Les dagues glissées à nouveau dans leurs liens de cuir sur ses cuisses, sans accorder un seul regard à son agresseur, là-bas, dans un monde qui lui parait déjà si lointain, elle avance avec sa sentinelle.
On y va ?!On va bien finir par le retrouver ton époux !
Reprendre contenance. Les idées éparpillées au gré d'un vent de panique tentent un rassemblement opportun. Rechercher, oui... Mais Montbrison elle a fouillé, il n'y est pas... Elle lève la tête vers son ami.
Dernière fois que je l'ai vu, Clermont.
A la sortie de la Cathédrale. Deux semaines...
Le ton est à la fois ferme et implorant. Ils vont devoir y aller... Et chercher. Dans son esprit, elle se rappelle d'autres recherches. Auxquelles elle avait ou non participé d'ailleurs. Armagnac en Touraine, Lila à Bourbon, Etolus, et tant d'autres... Le frisson qui lui parcourt l'échine est violent, glacé. Elle se refuse à ça. Inenvisageable. Hors de question.
Mon cheval est là-bas. Doigt qui se tend vers l'entrée de la ville. Tu m'accompagnes ?
Question d'une rhétorique presque blessante, Jaz', lui, comprendra qu'elle n'attend de lui que de quoi rompre ce silence oppressant qui l'étouffe, la compresse, jusqu'à la souffrance physique qui rejoint la torture mentale que l'absence d'Alayn lui fait endurer depuis de nombreux jours.
_________________
Fan de Constant Corteis, et aussi un peu de RP Partage.