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[RP] Haïssons nous gaiement dans les bois!

Agnia
RP ouvert à qui veut faire mumuse avec nous dans les bois! Merci de respecter le cadre et le temps: Une forêt, fin d'été, un jour grisonnant!


La journée était grise, de ces journées de fin d'été où le soleil joue à cache-cache avec les nuages, où la brise fraîche rafraîchit la torpeur estivale de l'atmosphère. Agnia était lasse, lasse de la ville, lasse des potins gascons, de l'attente, odieuse attente qui lui rongeait le sang. Elle avait donc décidé de prendre les choses en main. Une belle monture fringante, une besace avec quelques victuailles de circonstance, et à bride abattue, la voilà partie.

Quelques heures plus tard, en lisière d'une forêt, la petite brune met pied à terre. L'endroit sera parfait pour qu'elle se laisser aller à ses élucubrations. Laissant son cheval, elle pénètre dans le bois, frais et légèrement humide, elle s'enfonce.

Pourquoi toujours vivre avec ses fantômes. Lui colleraient-ils toujours à la peau? Elle ronchonnait, comme d'habitude, en grande conversation avec elle même.


Arrête, Agnia, arrête un peu, tu te plains toujours! Ta vie n'est pas si mal au fond? Puis arrête de pleurer sur ton sort... Tu me fatigues! Tu as perdu un enfant, et alors!! tu es jeune encore! Tu en auras d'autres!

Quand la conscience se met à vous parler, parfois on voudrait la bâillonner, ou lui tordre le cou. Mais, ça reste relativement difficile.

Rhaaa... mais tais-toi encore! Tu me fais toujours la morale, tu n'es jamais contente de moi! Pourtant je fais de mon mieux quoi!

Soupire de l'interressée, maussade. Non, elle ne faisait pas tout ce qu'elle pouvait, oui, elle faisait essentiellement des mauvais choix, elle les cumulait, depuis un sacré moment même, elle en avait perdu par deux fois, les deux seuls hommes qu'elle avait aimé, un goût amer dans la bouche.

Le nez perdu dans l'humus du sous-bois, les cheveux en bataille, épars sur ses épaules, la besace sur l'épaule, elle triturait de sa main droite, le moignon qui avait pris la place de sa main gauche. Même la mort ne voulait pas d'elle, pourtant elle l'avait appelé de tous ses voeux, et elle était toujours là, bien vivante, mais vide. Elle ne tendait plus que vers une seule chose: Memento.

Déposant sa besace, elle attrapa la hache qui pendait à sa taille et violemment la lança vers un arbre un peu plus loin, se plantant dans l'écorce, poussant un râle de colère.

_________________
Cerdanne
Les bois, depuis des lustres.
Le vert à perte de vue.
Elle ne supportait plus tout ce vert.
Il fallait que cette attente cesse.il fallait qu’elle retrouve sa gitane, il fallait qu’elle retrouve le sourire, il fallait qu’elle respire...
il fallait….
L’été s’étirait lent et grisâtre.
Sans chaleur aucune.
La frileuse, la Provençale, râlait après ce vert sombre et humide.
Le soleil et le bleu lui manquait.
A grandes enjambées rageuses, visage fermé, elle avançait sur un chemin escarpé, son cheval suivait docile et silencieux.

Depuis une bonne heure environ elle avait délaissé sa monture et l’animal habitué aux sautes d’humeur de sa cavalière restait tranquillement en arrière.

Ces derniers jours pourtant claquaient comme un étendard arborant fièrement les couleurs de la victoire.
Elle entrevoyait un bout de lumière qui ressemblait a du bonheur et la trace d’Attia et Sad se précisait.
Son ours devait trainer non loin et c’était bien là sa seule raison de trouver ces bois sympathiques.

Seulement le gris rajouté aux verts avait tendance à déteindre sur les humeurs particulièrement aiguisées en ce moment.
La marmonneuse repéra la trouée entre les arbres et la trouva à son gout. Elle se retourna vers sa monture.
Celui-ci suivait tranquille.


Stach !!


La lame claqua tout près et Cerdanne plissa les yeux.
Avançant à pas feutrés, elle découvrit l’étrange tableau.
L’œil réduit en une fente bleutée étrangement brillante, la brune releva sa bouche sur un rictus mauvais.

La hache bien plantée semblait la narguer et d’un mouvement sec elle l’arracha de l’écorce blessée.
Nonchalante, le visage impassible , elle s’avança vers celle qui pendant très longtemps avant tenu la tête de liste de sa haine.
Depuis, le temps, l’eau, le vin et les saisons avaient coulés..

Agnia la gasconne honnie n’était plus qu’un souvenir de haine…un petit point au fond de sa mémoire.
La revoir tout à coup raviva un instant la douleur et les mots claquèrent. Plus ironiques et amers qu’autre chose.


C’est sur ! Pour te couper la main qui te reste va te falloir de l’aide…
Marrant…j’aurais plutôt pensé m’occuper de ta tête à une époque.

Planté devant la gasconne, elle la toisait ….indécise encore…

Coupera, coupera pas….la tête...Alouette….

ptit édit pour les fautes
Agnia
Déjà quand il fait gris et qu'on est à bout de nerf... l'humeur est, de ce fait, de la couleur du temps. Ensuite, quand la conscience s'en mêle et passe son temps à vous dire que vous êtes un boulet et que vous n'arrivez à rien... l'humeur devient noire mais...

Mais il y a certains souvenirs que l'on voudrait ne plus jamais déterrer, certaines personnes qu'il ne faudrait plus revoir. De ceux qui soulèvent la rage, la colère violente et assassine, de ceux qui rappellent un souvenir douloureux, l'amertume et le désespoir.

La hache s'était plantée et les yeux d'Agnia étaient passés du tronc à la jeune femme qui se trouvait à côté. Elle n'était pas seule, mais la rencontre ne lui plaisait pas, vraiment pas du tout. En voyant la provençale, une vague d'immense tristesse l'assaillit mêlée à un affreux sentiment d'injustice.


Une sentiment d'injustice? Mais quelle injustice? Ce n'est pas toi qui lui a piqué son homme et qui t'es sauvée avec? L'injustice, elle est plutôt pour elle non?

Et voilà... ça recommence! O rage! O désespoir! O conscience ennemie!!! Même toi tu me plantes un couteau dans le dos!

Le coeur qui saigne et les yeux plantés dans ceux de Cerdanne, Agnia voit déferler un passage de sa vie. Ce ne sont pas les fauchards, ce n'est pas le départ précipité du camp au petit matin avec Théo en catimini, encore moins les temps heureux, seuls sur la route où le bonheur était parfait, ce sont les derniers temps, l'amertume d'un homme qui ne supporte plus rien, la perte d'un enfant qui respirait l'avenir, la brisure qui se creuse.

Que faire? Lutter ou faiblir? La jeune femme vacille, posant sa main sur la dague à sa ceinture. On est jamais trop prudent! L'heure est-il à la paix? Non, le coeur se serre, il se ferme, elle relève son menton et la toise à son tour, avançant de quelques pas, un rictus mauvais au coin des lèvres. Le carmin l'habite, elle en est pétrie.

Me couper la tête? mais je t'en prie voyons, moi je préfère te refaire le portrait, défigurée tu auras un charme tout à ta grandeur!

Petit rire nerveux, la dague bien en main, elle se fait chasseresse, pestant contre elle-même d'avoir fait mumuse avec sa hache. Peu importe... avec une dague, elle en a achevé d'autres! Une dague et une main.

Alouette, gentille alouette.... Alouette, je vais t'faire ta fête!

_________________
Cerdanne
La brune toisait toujours la Gasconne…
Placidement elle détaillait la brunette.
Méthodiquement, minutieusement, les yeux azurs appréciaient les traits tirés, l’amertume du rictus des lèvres, le vert délavés des yeux autrefois si pétillants,
jusqu’à la chevelure qui paraissait ternes et mêlée de fils blanc.
Lui restait un brin de fierté quand même. Un fond de rage qui la fit se lever et la regarder avec hauteur…
Cerdanne esquissa un léger sourire…
Un comme l’ancienne faucharde aimait tant.


T’as vieilli...Agnia.
Et les yeux bleus de se poser sur la main tenant la dague…

Tu n’aurais pas pris la peine d’annoncer la couleur…avant. Tu n’aurais surtout pas lâché ta hache...Ouais, tu vieillis Damisella…

La gasconne avance, mauvaise, et Cerdanne sourit à nouveau. Le regard se fait lumineux.

T’as jamais encaissé la longueur de mes gambettes hein ?
Et à chaque fois elles traversent ta route.
Ou elle se planque Ginette ? C’est mon bon samaritain cette boule de poil. Et pi c’est pas Theo qui dirait contraire…
L’est ou d’ailleurs le peintre ?

Le regard se plante mauvais dans celui la brunette.

Il est ou Agnia le peintre ?… Ne me dis pas que tu l’as laissé partir…
T’as pas essayé de te couper un pied... ??
Serait ptet rester…


Les souvenirs remontent en vague, les douceurs, les couleurs et la noirceur de cette furie qui lui avait arraché SON peintre à coup de hache sur sa propre main.
Bâton de misère entre ses longs doigts, celle-ci maintenant tournoie. Cerdanne la soulève, la soupèse.
Regarde la lame et opine.
Belle lame...
Eprouve le fil, apprécie le tranchant.
Bel affutage.

La Provençale lâcha un soupir et regarda Agnia.
La lame blottie contre la brune, c’est le manche qui se fend vers l’épaule de la Gasconne avant de s’abattre sur l’unique main de la folle.
Suffisamment hargneuse la brune pour accompagner violemment le mouvement du bâton et faire reculer la Gasconne.
Son regard se pose sur la dague.


Tu fais chier.
Tu meurs quand hein ??
Je vais pas être obligé de le faire quand même.
J’en ai plus envie.
J’ai d’autres projets.
Agnia
Il y a certaines expressions qui, à certains moments, prennent un sens plus réel. Le coeur qui saigne... Agnia sentait son coeur saigner dans sa poitrine, physiquement. Et un torrent de larmes lui noyait la gorge et assaillait ses paupières lourdes. Une déchirure, la brune se fissurait, elle avait esquivé le mouvement de hache de la provençale, machinalement, comme un réflexe, malgré elle. Car ses mots résonnaient dans sa tête, martelant ses tempes.

Citation:
L’est ou d’ailleurs le peintre ?
Il est ou Agnia le peintre ?… Ne me dis pas que tu l’as laissé partir…
T’as pas essayé de te couper un pied... ??
Serait ptet rester…


Bras ballants, la main serrée sur sa dague, elle referma son bras gauche amputé sur son ventre. Cette douleur serait-elle donc toujours là? aussi vive, aussi forte. Le fruit de ses entrailles n'était plus et son souvenir était aussi douloureux que celui de Theobalde, l'un et l'autre liés, à jamais.

Elle se fichait d'être devenue plus vieille, elle se fichait d'être plus lasse, où moins vive, elle se fichait de vivre ou même de mourir, mais cette douleur lancinante, la culpabilité de ne pas avoir su sauver celui qu'elle avait tant aimé, si mal aimé... c'était insupportable. Elle n'avait pas su le retenir, et il avait disparu dans les brumes matinales des routes de Gascogne, mort... disparu et mort... Voilà ce qu'il était devenu mais aucun son ne sortait de la bouche de la brune, pas même un soupire. Les sanglots restaient attachés à sa gorge, les larmes à ses yeux verts, grand ouverts sur Cerdanne, sur la vie, mais qui pourtant, regardaient dans le vide, revoyant les derniers instants de son bonheur envolé.

Réagir, il le fallait... oui, quelle l'achève, qu'on en finisse, une lame dans le coeur, sa hache dans le coeur. Et qu'elle l'abandonne là, au fond de cette forêt en ce jour gris, cadavre déchiqueté, rongé par la nature, rongé par ceux qui vivent encore.

Le temps s'écoule, si lent, si long et puis, comme rien ne sort, la rage remonte, en vague foudroyante, elle relève la tête, les yeux verts devenus rouges, couleur sang. La folie la reprend, le chagrin noyé dans sa rage et c'est un rugissement qui sort de sa poitrine, un rugissement bestial et furieux
.

RHAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA!
Achève-moi! Vas-y puteborgne! T'en crève d'envie! pis tu l'as dis! Je suis vieille, t'auras vite le dessus! Pis t'auras qu'à me balancer dans un fossé, comme ça je reposerai comme Théo! Dans un fossé! Bouffée pas les bêtes!


Dans un mouvement de rage, les larmes ruisselants enfin sur ses joues, elle tend sa lame vers la provençale, se jetant sur elle, lame affûtée, une entaille très légère sur son bras, la lame a tranché, à peine, et pourtant le liquide carmin s'écoule doucement. Le goût du sang. La brune jette un regard de braise à son ennemie, un regard de sang, un regard de mort. Il n'en restera qu'une. Plaise au ciel que Cerdanne ait le dessus.

_________________
--Etincelle
A force de routes, toutes les forêts se ressemblent, chemins larges et sinueux, avancé droite et tortueuse, traverses passagères et sombres.
Toujours à l'affut du temps et des ambiances, la forêt révèle et cache ses secrets selon les ombres et les couleurs.

Inspirée et aspirée par ces moments ou ta vie se sent en otage d'une vaste famille, les bois étendent leur fixité légendaire.

Un chêne ici, un hêtre là bas, une mousse légèrement envahissante rejoint leurs racines, trais d'union, pour combien de temps?

Mon étalon chemine, il est comme moi, nullement pressé, juste découvrir les promesses d'autres horizons.


Citation:
RHAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA!
Achève-moi! Vas-y puteborgne! T'en crève d'envie! pis tu l'as dis! Je suis vieille, t'auras vite le dessus! Pis t'auras qu'à me balancer dans un fossé, comme ça je reposerai comme Théo! Dans un fossé! Bouffée pas les bêtes!


Volte face, pieds à terre, immobilité, j'ordonne le silence à mon étalon.

Ouf! nous avons été discrétion, un large charme camoufle ma silhouette, l'étalon s'écarte sans bruit.

Obeserver...toujours commencer par observer m'avait-il dit....
Cerdanne
J’ai plus envie, j’ai d’autres projets…

La hache fut projetée au loin, retrouvant un arbre à fendre.
Une main posée au creux de son ventre elle tachait de revenir vers sa vie. Elle n’y arrivait pas.
Elle grommela, ferma les yeux violemment, les images dansaient et les taches lumineuses arrivaient en gerbes étincelantes.

Le temps reculait et elle revoyait la Bourgogne et les chemins de traverse qu’ils avaient suivis.
Cœur contre cœur, juste le vent pour guide.
Jusqu’à Elle.
Pendant des mois, elle avait trainé cette putain de plaie, le cœur arraché par la Gasconne qui avait entrainé dans son sillage le peintre qui partageait sa vie.

Aujourd’hui, aujourd’hui, la cicatrice seule, rappelait la douleur passée. Alors qu’elle songeait à son chemin qui à chaque pas cristallisait une étoile de bonheur, elle sentit la fracture tout au fond d’elle.
L’espace d’un instant elle tenta de s’accrocher aux murmures, aux couleurs qui à nouveau emplissaient sa vie.

Le regard de Cerdanne peu à peu virait au sombre.
Inexorablement, elle s’enfonçait…imperceptiblement elle sentait la faille s’agrandir.
Elle avait beau chercher, le sol s’ouvrait malgré ses efforts…
Peut-être, peut-être que si le silence moite avait duré, elle aurait simplement rejoint la bulle protectrice qui lui avait tant de fois servit de refuge.
Peut-être, peut-être aurait-elle réussit encore une fois à dompter l’appel, à refouler le monstrueux.
Son regard vide et morne toisait l’espace par delà la gasconne.
Happant les bruns des bois, engloutissant les verdâtres.
Peu à peu les couleurs s’estompaient et le paysage s’écartait de son champ de vision.
Jusqu’aux hurlements d’Agnia...
Jusqu’au sang...jusqu’à l’appel...

Le regard se posa fixement sur les perles moirées qui lentement réchauffait son bras.
Pas une seule ne devait rebondir, retomber, flasque et froide sur le sol. Non ! Pas question !
Elles furent happées par des lèvres gourmandes qui lentement se coloraient d’un rouge sombre.
Et le regard s’anima, comme allumé de l’intérieur.
La main, avide empoigna la lame, appuyant sur le tranchant, quémandant sa part de nectar, entaillant la chair.
Une ganse de peau chaude et vivante qui s’enroulait sur la dague, sur la main qui la tenait et qu’elle regardait d’un air détaché.


Une main contre une main…

Le rire de le Provençale jaillit comme un cri.
Avançant sur sa proie, elle trouva sa gorge et sa main telle une serre se referma sur elle. Les yeux agrandit, perdus dans leur monde ne voyait plus rien d’autre que la tendre chair entre ses doigts nerveux.
La gasconne recula sous la violence de l’empoigne et Cerdanne avançait encore, le visage collé contre celui d’Agnia.
Jusqu'à l’appui d’un arbre mort. Martelant la tête contre le bois froid, appuyant encore et encore.
Lèvres pourpres contre lèvres pales, la voix rauque murmura, chuchota, enveloppant chaque mot d’un souffle chaud et caressant.

Théo est heureux maintenant. Il a rejoint le vent.
Et toi pauvre tache, tu pleures sur toi.
Tu vas vivre ma belle.
Tu vas vivre et tu vas me regarder m’arrondir.
Tu vas me regarder vivre et rire. Et chaque jour qui passe, il en sera ainsi.
Tu sais pourquoi Agnia ?
Ton très haut te punit.


La main ne relâchait pas la pression et les lèvres frôlèrent une dernière fois le visage de la Gasconne pour revenir vers ses lèvres et chuchota une dernière fois.
Sois maudite mais vis.

Les doigts se détachèrent lentement de la gorge et Cerdanne posa ses yeux sur sa main ensanglantée, figée dans l’acier et tira d’un coup sec.
Juste un soupir et la main blessée blottie contre sa bouche, Cerdanne recula. Le rire fusa clair et ses yeux éclairés d’une lueur malsaine, elle éclata de rire.


A la vie à la mort…C’est comme ça que tu dis non ?
--Agnia


Comme la mort peut avoir un goût doux et délicieux parfois... elle attire, elle se fait désirer, mais alors qu'on croit enfin lui appartenir, elle s'échappe, elle s'enfuit, elle se refuse.

La violence de leur confrontation s'était transformé en une divine douceur, Cerdanne était blessée, certes, ses lèvres carmines, et ses yeux clairs fondaient sur la brune gasconne. Agnia sentit les mains sur son cou, enfin... enfin... la mort. Douce mort, bienheureuse mort. Elle ferme les yeux, ne se débattant même pas, son souffle s'amenuise, elle a mal mais qu'importe...

Oui, Cerdanne, prends-moi cette vie à laquelle je tiens si peu... laisse-moi rejoindre ceux que j'ai perdu. Enfin... la délivrance...

La vie s'en va, le froid envahit son corps, elle l'entend lui parler. Que dit-elle? De quoi parle-t-elle? Théo... heureux? oui c'est vrai... Vivre? Continuer à vivre? Non!...

Agnia rouvre les yeux, exorbités, suppliante. De quoi parle-t-elle? S'arrondir? Vivre, rire? Elle la regarde sans oser comprendre. Le Très-Haut la punit... oui... l'enfer était de ce monde, elle y était.

Maudite... cela faisait longtemps qu'elle l'était.

Le temps s'est écoulé long et silencieux, sa tête, à force d'avoir été tapé contre le tronc de l'arbre, résonne, douloureuse. C'est alors que se produisit l’irréparable. Elle aurait pu être haineuse et sauter sur Cerdanne, lui ôter la vie ainsi qu'au petit être qu'elle portait en elle, mais à quoi bon...

Tandis que Cerdanne lui tournait le dos, lentement, Agnia se baissa, ramassant la dague abandonnée au sol. Elle se releva tout aussi lentement, sans aucune haine, juste vide.

L'esprit vide, le coeur vide, le corps las, déjà un peu ailleurs, elle fit glisser la dague la serrant fermement et d'un coup sec mais précis, elle l'enfonça dans ses entrailles, jusqu'à la garde, lentement, mais sûrement. La douleur irradia son corps, petit à petit, mais ce n'était rien.

Elle ne fit pas un bruit, Cerdanne aurait pu presque ne rien entendre, pas un souffle, elle se sentit glisser sur les genoux, la main posée sur la dague, sentant le sang chaud s'écouler lentement, le froid s’immisçant en elle.
Enfin la mort qu'elle avait appelé de tous ses voeux allait venir, ce n'était pas la mort glorieuse qu'elle avait souhaité, l'arme à la main, en plein combat, une mort de guerrière. Non, c'était une mort de femme lasse, lâche peut-être pour certains, mais pas pour elle. Il le fallait. Maintenant.

Elle gardait les yeux ouvert, ressentant la fraîcheur de la brise, l'odeur de l'humus, sa vie défilait. La Gascogne, la guerre, Corsu, son premier amour, sa fille pour qui elle avait été si peu présente et puis... tout le reste. Ceux qui lui avaient été chers, sa famille, ses amis, ses rêves inachevés, ses ambitions ratées... Et puis une image, un désir, un souffle entre ses lèvres.


Memento... Memento Mori...

Elle regarda Cerdanne, froide, elle ne pensait pas quitter cette vie de la sorte, elle avait quémandé sa mort mais au final "on n'est jamais mieux servi que par soi-même". Un sourire se figea sur ses lèvres, elle vacilla, la mort était là, toute proche, mais elle prenait son temps... trop de temps.
Namaycush
Elle avait quitté les rangs sans mot inutile.
Il avait sous-estimé le mal qui la rongeait.

Pourtant, elle lui avait parlé longuement.
Il avait souri et promis que là où il l’emmenait, la mort régnait toujours. Souveraine indétrônable et intemporelle, patiente mais omniprésente, active ou lascive, de ses lèvres surgissait toujours le mot de la fin.

Mais ni la patience, ni le temps ne caractérisaient Agnia. Peut-être Capitaine de Talus l’avait oublié…

Un soir, un souffle…
Une nuit, un froid…
Un vent, une bise, apporta les mots qui claquent, ceux inébranlables que l’on écoute paupières froncées.

Alors, l’homme de cambrousse se mit en piste seul, ou tout du moins le croyait-il. Il avait fait parler les arbres comme les bosquets, les serfs comme les seigneurs, mais surtout s’était fié à ce formidable instinct presque animal qui l’animait. Temps d’humeur vraiment, maussade, doublé par crachin épisodique. Sur ses épaules, mantel à col relevé, plus là pour protéger vareuse que petite pluie. Par les temps qui courent, il ne fait pas bon pour commandant d’armée royale à se balader seul en certaines contrées…

Enfin, à un semblant d’orée de clairière, témoin impuissant du face à dos inexorable qui venait de se jouer, il ne put s’empêcher de secouer la tête légèrement penchée, de gauche à droite.

Puis virent les mots, soufflés de corps et d’âme, presque imperceptibles à travers corps déjà évanescent … auxquels ceux de l’officier claquèrent comme lame de brisants sur roc saillant.


Memento Mori !

Sans précipitation ni vitesse, avec assurance et aisance, celui qui à ce moment- là est la vie comme la mort, s’agenouille derrière la soldate gasconne, passe son avant-bras droit sous sa gorge, lui repose la tête rassurant au creux de son épaule gauche, puis flatte sa gorge de la paume, doigts entre écartés, comme il caresserait chatte gourmande de câlins qui déjà ronronnerait…
Tempe contre tempe, joue contre joue, souffle dans sa nuque….


La vie, l’envie… le jeu, l’enjeu… un baiser léger se dépose sa joue… Tu n’as plus rien Agnia… chez nous on crie, c’est la vie. On n’ouvre jamais la porte au silence.Temps mort…encore un baiser aussi léger que le battement d’ailes d’un papillon de nuit… puis à voix basse… Alors je suis là ! Tu es prête ? Peut-être a-t-elle déjà senti l’étau qui se resserre sur sa nuque… regarde vers le ciel par delà le gris et imagine ta fille qui se baptise…visage contre le sien de profil… un battement de cils plus appuyé me suffira quand il sera temps.

Lui aussi regarde vers le ciel, y cherchant peut-être le visage de Kabotine…
_________________
--Agnia


La mort peut-être douce, finalement ce n'est pas mourir qui est le plus difficile, c'est d'être seul, terriblement seul. Cela faisait si longtemps qu'elle se sentait seule la brune gasconne, malgré l'attention de sa famille, de ses amis, de ses amants, elle se sentait si seule, tellement vide.

Elle contemplait le dos de Cerdanne, détaillant chaque forme sur la lumière grisée d'un jour qui se meurt. Elle se sent lourde, si lourde... elle glisse, vacillante, petite chose si fragile, elle, la guerrière, elle, qui ne voulait jamais faillir, jamais faiblir.

Mais tout à coup, elle n'est plus seule, il l'a soutient, son corps fébrile s'appuie, lentement, silencieusement, elle reconnaît sa voix, un murmure suffit.

Cap'...

Il est là son Capitaine carmin, celui à qui elle avait remis son dernier souffle de vie, celui à qui elle s'accrochait, comme le guerrier à sa hache, jusqu'à la fin il ne l'abandonnerait pas. Une boule dans sa gorge qui se noue, une envie de pleurer, de lui crier qu'elle n'a pas pu, qu'il est la seule promesse qu'elle ne tiendra pas. Nous n'irons pas nous battre côte à côte Capitan, Agnia n'a pas tenu jusque là, c'était trop long, trop dur, et puis parfois... l'espoir semble si vain!

S'il est là, elle peut s'abandonner, comme une enfant, lui, le dernier en qui elle a confiance, le dernier qu'elle a aimé, qui lui a donné l'espoir de la vie, du combat.

Un sourire étire ses lèvres fines et sèches, elle s'agrippe toujours à cette dague qu'elle a planté on ne sait trop où, et qui réchauffe ses mains froides. Elle reste collée contre lui, le souffle court, petite feuille entre ses mains solides et murmure doucement:


Cap'... tu veilleras sur elle, hein? Davia...

Elle retourne un peu la tête pour le voir, frissonnante, ôtant douloureusement sa dague et murmurant encore une fois le nom de sa fille. Ce n'est pas la peur pourtant qui lui arrache le coeur. Un soupire, encore un, petit hochement de tête et, les yeux rivés vers le ciel, accrochés à ce qui n'est plus, à ce qui sera encore, mais sans elle, elle bat des cils. La féline se fait papillon... étrange conversion, et lâche dans un souffle:

Merci...

Qui lui aurait dit que son dernier espoir aurait un goût de mort, de mort et... de Libertad.

Le corps tendu, contemplant la vastitude de ce gris immaculé, petites gouttelettes qui perlent sur son visage, le souffle du Capitan dans son cou, sa joue est chaude, il est la vie, lui, qui a si souvent donné la mort et Agnia ne peut s'empêcher de sourire, à nouveau. Le bonheur est au bout du chemin. Elle le guette, elle l'attend avec patience, enfin.
Cerdanne
La fatigue, l’épuisement qui vient du dedans, lourd, et qui appuie sur ses épaules.
Les gestes mécaniques de l’instinct. Arracher un coin de tissus à sa chemise et comprimer la plaie.
Ignorer les battements du cœur, là, dans le creux de la main ;
ignorer la vie qui tape, là, dans le creux de son ventre.
Juste son souffle haineux qui l’empoisonne encore et qui peu à peu s’échappe, enfin…

Elle tend encore un peu le dos, attendant la riposte comme on attend un verdict.
La gasconne ne lâchait jamais rien.
Un seul murmure …mais qui la transperce comme une lame.

Memento... Memento Mori...

Figée, le regard perdu, elle laisse les mots tourbillonner et esquisse un sourire narquois...
Ah oui….La seule et l’unique famille. Ton capitaine si fort si beau.

Memento Mori !


Les mots claquèrent : voix masculine et sans appel.
Cerdanne enfin se retourna.
Un homme est là qu’elle n’a même pas entendu arriver et qui parait soudé à la brunette.

Livide devant le tableau qu’elle contemple.
Agnia et sa manie de faire ce qu’elle veut, quand elle veut.
La dague plantée dans son ventre, les mains de l’homme comme une caresse sur sa gorge…
les mains d’Agnia qui arrache la lame, les lèvres masculines entrouvertes sur un murmure.
Les yeux marines vont de l’un à l’autre.
Approchant encore, contemplant leur danse…
La provençale sait
. T’as finit par trouver ton exécuteur…hein… Les poings serrés, elle s’avance encore vers le couple et pose son regard sur la Gasconne.
Agnia…Agnia… reine des chieuses entre toute les chieuses. Faut que tu es le dernier mot. Quoiqu’il t’en coute hein…

Elle ne quitte pas la brune des yeux tandis que sa main légère effleure le visage blême, écrasant les perles d’eau, écartant une mèche folle.
Esquissant un léger sourire devant les images d’un lointain passé. Cerdanne regarde enfin l’homme qui la soutient et lâche d’une voix atone ...
Fais ça bien Memento … Laisse lui son sourire à la Damizella…
Namaycush
Une complicité, une amitié…
Une particularité, une singularité…

La mort n’avait jamais rien de doux, hormis son odeur, contrario de parfum, douçâtre.
Douçâtre à se hausser le cœur…

Alors Agnia ne mourra pas. Comme un animal, elle cessera tout simplement de vivre. La formidable envie de croquer l’a tout simplement quittée.

Lorsque ses cheveux s’étalent comme son corps se détend, en nid creux d’épaule, il pèse la profondeur de l’horreur qui s’accomplit pourtant au plus profond d’âme et d’esprit. Un jour lui aussi rendra des comptes… tout reste à savoir à qui… ou à quoi….

A sa requête pressentie, affirmation tacite fût rendue… Dans le métier d’officier, on devient responsables de ses gens. Parfois il est plus dur de s’occuper d’eux que de donner la charge.

Entre reproche et morale, son amie se rend compte de son impuissance, face à la volonté de cette destinée désirée. Lui, lui a jeté juste un regard… sans réponse orale.
Lorsque les cils s’abattent, mouvement juste plus appuyé, il remonte sa main sur la joue, brièvement comme pour adieu, frôle des siens les doigts de la brune… Regarde Ania, là-bas ! Tandis que son regard s’illumine d’un coup à la recherche d’une illusion improbable, il lui brise la nuque d’une geste sec de gauche à droite. La résonnance de cet os claqué raisonnera longtemps gravé en mémoire de capitaine de coquelicots.

Juste tressaut de corps, puis relâchement des muscles et Agnia, yeux brillants tournées vers le ciel, léger sourire en commissures de lèvres semble avoir enfin trouvé la sérénité. La paume qu’il passe sur son visage révèle une douceur infinie dans cet instant partagé, puis s’arrête sur son front et ferme ses paupières à tout jamais. Cette expression de regard restera en lui à tout jamais.

Enfin il se redresse, dépouille inerte dans ses bras, regarde longuement la provençale….


Ne juge jamais sans comprendre…. Je l’emmène où repose les chevaucheurs de vent. Que ton chemin soit juste et tâche de te soigner.

Etrange paix règne dans cette clairière et rayon de soleil timide la baigne de sa lumière mordorée….
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Cerdanne
Elle lui doit ça…
Elle ne sait pas vraiment pourquoi…mais elle se doit d’être là.
A la vie, à la mort.
Les yeux éclairés par une lumière intérieure puisée dans les souvenirs qui reviennent en force.

Le temps se suspend, juste, juste elle a cette impression de voir, de toucher le fil entre elle deux.
Tendu prêt à se rompre.
Malgré tout les coups de hache, de dague, les blessures de l’âme, il avait tenu bon ce brin d’amitié.

Elle a choisit le vent la damizella.
Envers et contre tous.
Elle fixe ce visage qui retrouve une sérénité enfantine et qui attend le coup de grâce.
Libérée enfin de tous ses démons.
Rejoindre Son Très Haut…Cerdanne veut le croire.
Qu’au moins lui soit accordée la paix.

Juste un frôlement des doigts, et dans le silence, le bruit assourdissant de la vie qui s’envole vers l’ailleurs.
Le craquement sinistre la pénètre et se plante au plus profond de sa mémoire, souvenir de la vie à la mort.
La Provençale tressaute comme Agnia tressaute et le regard rivé sur la gasconne, elle s’accroche à ce sourire fugace qui traverse son minois de sauvageonne.

Elle la regarde intensément pour emporter un bout d’elle, effleurer une dernière fois ses joues pour sceller le pacte.

Il parle, l’ami qui a su comprendre, il parle et se tient dressé devant elle. Regard contre regard.
Ses paroles s’enroulent autour d’elle.


Tu l’amènes… Hochement de tête machinal. Mon chemin...Oui…Juste…

Nouveau regard sur lui…
Dernier regard à sa Gasconne.
Les ombres s’amenuisent et se fondent dans la lumière irisée.
Juste le vent qui murmure là haut dans les hautes branches tandis qu’au fond de ses entrailles, la vie tressaille et manifeste.


[…bon vent Ljd Agnia…et tout ce qui s’en suit…]
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