Ignatus
Lorsqu'il avait le temps, il se récurait un brin. Lorsqu'il côtoyait une femme, ce qui arrivait rarement, il se rinçait le reniflard aussi, parce qu'on a beau être blond reste que puer comme la mort en face d'une lusignante parfumée jusqu'à l'os, ça accélère les départs et ça forge les grimaces. Pour l'heure, il souhaitait ni l'un ni l'autre, ça aurait perturbé ses petits plans.
Voilà une année qu'il était à sa fenêtre, depuis les mâtines au moins, à observer la créature d'en bas. Deux jours plus tôt, le blondin amoché avait parlé au maire, l'autre qui lui avait assuré qu'aucune gredine n'était en ville, non sieur, rien pour se soulager les jumelles et y noyer sa peine. Ou si pensait le blondin, peut-être un damoiseau fragile ou une chèvre embusquée derrière un buisson, mais il ne goutait pas franchement de cette eau-là.
Et pour son mal il fallait une femme. Une semaine plus tôt il avait été fauché sur la route de Reims par une guerrière hystérique. Les armées sont crétines, le blondin aussi, il avait récolté deux coups d'épée sur le gras. A présent deux entailles moches trônaient sur son sac à tripes, encore un peu percé toutes les heures il y posait un regard désolé.
La femme dans la rue basse était curieuse, trop discrète pour être honnête et trop attentive pour ne rien attendre. Les joues plus empourprées que les passantes, l'il plus vil. Ignatus sourit toute en légèreté, parce qu'il ne savait pas franchement faire risette. Il avait oublié. Mais une ribaude, joli remède pour tromper l'ennui. Il avait encore de la ferraille à lui qui, cachée aux yeux de la justice artésienne, ne lui avait pas été ôtée. Avec un peu de marchandage il retiendra la minaudine pendant quelques jours.
Le blondin quitta l'auberge en lenteur et remonta la rue jusqu'à l'ogresse . Plus il s'en approchait, plus il doutait. Et s'il abordait une femme dans ce mauvais sens, il finirait aussi dans le gueuloir de Champagne ? Ou s'en tirerait balafré, l'ego détruit et les valseuses en berne. Pour et contre mesurés, il fallut bien qu'il l'aborde d'une manière ou d'une autre.
« Bonjour. Combien ? »
Voilà une année qu'il était à sa fenêtre, depuis les mâtines au moins, à observer la créature d'en bas. Deux jours plus tôt, le blondin amoché avait parlé au maire, l'autre qui lui avait assuré qu'aucune gredine n'était en ville, non sieur, rien pour se soulager les jumelles et y noyer sa peine. Ou si pensait le blondin, peut-être un damoiseau fragile ou une chèvre embusquée derrière un buisson, mais il ne goutait pas franchement de cette eau-là.
Et pour son mal il fallait une femme. Une semaine plus tôt il avait été fauché sur la route de Reims par une guerrière hystérique. Les armées sont crétines, le blondin aussi, il avait récolté deux coups d'épée sur le gras. A présent deux entailles moches trônaient sur son sac à tripes, encore un peu percé toutes les heures il y posait un regard désolé.
La femme dans la rue basse était curieuse, trop discrète pour être honnête et trop attentive pour ne rien attendre. Les joues plus empourprées que les passantes, l'il plus vil. Ignatus sourit toute en légèreté, parce qu'il ne savait pas franchement faire risette. Il avait oublié. Mais une ribaude, joli remède pour tromper l'ennui. Il avait encore de la ferraille à lui qui, cachée aux yeux de la justice artésienne, ne lui avait pas été ôtée. Avec un peu de marchandage il retiendra la minaudine pendant quelques jours.
Le blondin quitta l'auberge en lenteur et remonta la rue jusqu'à l'ogresse . Plus il s'en approchait, plus il doutait. Et s'il abordait une femme dans ce mauvais sens, il finirait aussi dans le gueuloir de Champagne ? Ou s'en tirerait balafré, l'ego détruit et les valseuses en berne. Pour et contre mesurés, il fallut bien qu'il l'aborde d'une manière ou d'une autre.
« Bonjour. Combien ? »