Mes chers cousins,
Je suis fort heureuse de voir que vous vous portez bien, et que vos blessures se sont guérries avec le temps.
Pour moy les nouvelles sont, hélas, bien moins joyeuses. Je n'ai point encore mis au monde ma progéniture, mais certaines douleurs me prédisent que dans quelques heures l'affaire sera en route. J'espère que tout se déroulera au mieux, mais je me sens entre de bonnes mains.
Cerridwen, la belle-soeur de la duchesse, est présente en ce moment à Lesparra, et m'aidera s'il le faut, mesme si nostre douleur actuelle nous pousserait plus à nous enfermer chacune dans nostre chambre pour ne plus en sortir.
La duquessa est morte, mes cousins. Celle qui fut pour moy un guide n'est plus. Sa délivrance fut rapide mais douloureuse, et elle a rendu son soupir peu de temps après, entourée de ses enfants et de ses deux vassaux guyennais. Son fils, nommé Faran, semble estre de bonne constitution, mais nul ne peut prédire de son avenir...
Je suis heureuse de savoir que vous allez venir nous rendre visite en Maine, là ou reste mon coeur malgré tout. Je gage que mon époux sera heureux de rencontrer cette cousine dont je luy ais tant parlé, et son époux. Prenez vostre temps dans ce voyage, en tous cas. Je ne voudrais point vous recevoir en tenue de deuil et l'esprit chagrin.
Je n'ai point reçu nouvelles de Philippe Orier en ce qui concerne nostre généalogie, et commence à penser que l'une de nous deux serait mieux à mesme de porter la responsabilité de chef de famille.
As-tu nouvelles de ton fils, ma cousine ? Sais-tu en quel endroit de France il vit ? J'avoue qu'il me plaîrait, un jour, de connaistre ce jeune homme issu de tes entrailles.
Qu'Aristote vous garde, lors de ce long périple.
Eloin.