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Info:
Eté 1458, la mère et le fils se sont enfin retrouvés. Le Mans quitté, la page zoko tournée, leur nouvelle vie peut enfin commencer loin des tourments dans le calme et la tranquillité de la ferme angevine du vieux Georges. L'ex-mercenaire n'est cependant pas au bout de ses peines, son fils vient d'avoir une de ses idées géniales : Il vont être "réparateurs de maison"...

[RP] Construction d’une nouvelle vie : faut bien commencer !

Felina
[hrp]Sujet déplacé de la Gargote angevine vers ici pour des raisons pratiques.

[Saumur, au milieu de l’été 1458]

Enfin chez nous … et y a du boulot !!

Quelques jours maintenant que la mère et l’enfant ont quitté la Capitale angevine pour regagner leurs pénates : Saumur et la ferme du vieux Georges. Cette propriété, aussi modeste soit elle, compte énormément aux yeux de Karyl, et Félina en a parfaitement conscience. Pour la Rastignac, le concept même de « chez soi » la dépasse totalement, elle qui a quitté son Périgord natal bien trop jeune qui n’a eu de cesse depuis lors de vadrouiller par monts et par vaux sans jamais réellement poser son baluchon quelque part. Du Languedoc aux Flandres, du Limousin à la Bourgogne, jamais elle n’a considéré un endroit comme étant son « chez elle ». Mais là, pour la toute première fois de sa plus toute jeune vie, l’ancienne mercenaire, regard posé sur la vieille bâtisse qui lui fait face, se sent apaisée et en phase avec elle-même. Elle le sent, elle le sait, c’est derrière ces vieux murs en ruine et sous ce toit de chaume troué qu’elle va trouver enfin la paix et le bonheur auprès de son fils.

Mais avant cela, un long chemin les attend, car pour ce qui est d’égorger, découper, laminer ou mettre en pièces à coups de griffes et d’épée, la Féline en connait un rayon … mais alors en matière de rénovation … tout est bien différent. Jamais la brunette n’a tenu de marteau, de truelle ou de clou … Et la tâche s’annonce bien plus ardue que prévue au départ.
Devant elle se dresse en effet une ferme plus de toute première jeunesse. Le toit de chaume laisse passer le soleil et entrer la pluie en de nombreux endroits, les murs ne sont pas percées que de fenêtres, le bois des portes et des volets est pâli et usé par le temps et mériterait plus qu’un coup de pinceau pour retrouver son brillant d’antan. Quant à la grange, il faut beaucoup d’imagination pour imaginer encore que ce bâtiment puisse abriter quelques bêtes et protéger le foin des nombreuses averses angevines. Karyl avait bien tenté de la retaper il y a de cela quelques mois, mais c'est à croire que lui non plus n'était vraiment pas doué à en juger le résultat quelques temps après.

Aussi ce matin là, mère et fils, mains posées sur les hanches et manches retroussées ont décidé de se mettre à la tâche. Mais reste pour les deux néophytes en la matière à répondre à une question cruciale : « Par où donc commencer ». Dans la caboche de la Rastignac déjà les méninges s’agitent alors qu’elle tente tant bien que mal d’échafauder le plan des opérations.

Nettoyer … Balayer … Astiquer !!

Du sol au plancher, ouai là c'est bien le cas de le dire ...
Et fatalement, les pensées de la Féline se mettent à déborder et la question, bêtement et naïvement franchit la barrière de son cerveau pour être formulé le plus niaisement du monde, regard interrogatif pointé sur l’enfant pas plus inspiré qu’elle à en juger par son expression du moment
:

Bon bah heu … On commence par où là bonhomme ?

La Rastignac se lance dans les travaux … Qui l’eut crut. Moi j’peux vous assurer d’une seule chose : c’pas gagné !
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A trop jouer avec les Félins, il faut s'attendre à être griffé ...
Karyl
[Y a plus qu'à...]

Mains posées sur les hanches et manches retroussées, imitant ainsi la posture de sa mère, Karyl regardait sa maison, une moue sur le visage, hésitant probablement entre excitation et frayeur. En effet, s’il avait assuré à sa mère qu’elle n’avait guère à s’inquiéter puisqu’il avait « fait le plus gros » au début du printemps dernier, le tableau qui se dressait devant leurs yeux renvoyait à une réalité toute autre dont la gravité n’avait d’égale que la mauvaise foi du petit homme. Oh il est vrai que celui-ci avait vaguement tenté d’arranger la grange, remplaçant le chaume par endroits et arrangeant quelques tuiles de ci delà. Toute fois, l’aspect général de l’édifice - qui menaçait toujours de s’effondrer - ne pouvait que donner un aperçu des plus évocateurs quant aux talents du blondinet en matière de restauration immobilière.

«
Moi je crois je ai bien fait le travail sur la grange alors y a pas besoin de refaire… Mais faut que on se occupe de la maison… » répondit-il après un moment de silence. Puis, prenant une mine experte, il fit un pas vers la maison et se retourna vers sa mère, l’air des plus sérieux : « En premier il faut de la or-ga-ni-sa-tion ! » fit-il avec assurance, accentuant son propos de gestes dignes d’un maître d’école tout en prenant soin d’épeler chaque syllabe, avant de poursuivre : « Comme moi je ai déjà fait de la réparation de maison je crois il faut ce est moi qui commande, parce que je sais plus faire que toi. » Voilà qui était dit ! La hiérarchie du chantier ainsi définie, il ne restait plus qu’à attribuer les rôles à chacun : « Comme toi tu es la fille et ben il faut tu fais avec le balai et la brosse… Ah ! Et faut aussi tu mets les meubles dehors pour pas que on les abîmes. Et comme moi je suis le garçon et que je sais faire et ben je vais me occuper de le toit et de les murs tu es d’accord ? ».

Sans attendre ceci dit la moindre réponse de la part de sa mère, le petit diablotin, sure de ses qualités de « réparateur de maison » comme il aimait se faire appeler depuis quelques jours, se dirigea vers la grange de laquelle il ne ressorti que bien des minutes plus tard, trainant derrière lui une brouette dont l’état n’avait rien à envier à celui de la grange. Sourire aux lèvres, le garnement revînt auprès de sa mère et ajouta une fois arrivé à sa hauteur : «
Je ai été chercher les outils pour que je fais la réparation de la maison. Je sais comment il faut faire hein : Faut que on fait du… euh… tu sais le truc avec le chaud * pour que y a plus les trous et après il faut que on répare le bois mais comme moi je ai pas encore les gros muscles et que toi tu es de la fille et ben je crois il faut que on a de l’aide. Et après et ben il faut que on met le chaume et je aurai bien fais le travail encore. »

Sure de son idée autant que de la facilité de l’entreprise, après tout « il savait faire », le petit homme reposa ses mains sur ses hanches reprenant ainsi sa position de départ et, contemplant de nouveau sa maison, enchaîna plus vaguement : «
Faut pas je oublie de aller chercher les filles et le fou aussi, je crois il pourra te aider pour le ménage lui, parce que il saura pas faire la réparation de maison. On sait pas faire ça quand on est fou hein maman ? » Un nouveau sourire des plus angéliques, destiné à faire fondre sa mère, vînt se peindre sur les traits juvéniles du môme histoire de bien faire passer son message. Pour sure qu'avec un tel sourire, elle n'oserait pas contredire ses plans. L'affaire était donc entendue : Le travail pouvait commencer !

******
* Comprenez ici, le mortier, fabriqué à partir de chaux

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Un simple gamin des rues.
Felina
Ou l’art d’apprendre la maîtrise de soi …

Ne pas rire, ne pas rire … et esquisser à peine un sourire celui là impossible à contenir lorsque le petit homme, haut comme trois pommes, commence à jouer le chef des travaux. Plus besoin de refaire la grange qu’il dit … Mais oui bien sûr, on n’est pas dans la … Il faut un effort presque surhumain à la Rastignac pour garder son clapet fermé et ne pas interrompre son fils qui, sans se douter le moins du monde des sentiments qui animent sa mère à cet instant, continue son discours, et entame de décrire les différentes étapes du faramineux projet de rénovation de sa ferme. De toute manière, quand bien même eut elle voulu lui couper la parole que le blondinet ne lui en aurait pas laissé l’occasion tant il cause et recause, art qu’il maitrise lui à la perfection. Et ça veut commander en plus …

Long soupir à peine discret de l’ex-mercenaire réincarnée en ouvrière de basses besognes. Force est de constater que son p’tit homme est en train d’en devenir un vrai d’homme. Machiste et autoritaire à souhait. Tout un programme pour la suite des réjouissances. Mais allez savoir pourquoi, alors que toute mère digne de ce nom l’aurait sûrement remis à sa place en lui réexpliquant longuement la façon dont les choses fonctionnent, la Féline, elle, se contente de l’écouter, presque amusée de sa façon de faire.
Heureuse, tout simplement heureuse d’être avec lui, loin des cris, du sang, des morts et des atrocités qui jusque là ont ryhtmé son quotidien. Et bien qu’elle soit absolument convaincue que leur projet soit une pure folie, et que jamais ils n’arriveront à retaper cette maison tous les deux, elle est pourtant ravie d’être là, en paix avec son fils, à n’avoir pour seule pensée que cette bicoque à remettre sur pied, et le bonheur d’une frimousse blonde. Perdue dans ses pensées, elle ne l’écoute déjà presque plus et sursaute presque au :

« Hein maman ?»

Heu … mince … Vous pouvez répéter la question ? Keskidit le minot là ? On se concentre bon sang … Il a parlé de fou … de fou … Voyons voir … Le Fou !! Le seul, l’unique, mais c’est bien sûr ! Bon ce ne sera pas aussi efficace que si le colosse qui les aidait hein, ses bras larges commes des cuisses ayant en effet été salutaires pour porter les gravas... Mais un Fou, ça fera très bien l'affaire dans leur situation si désespérée, et puis il avait promis.


Ex-cel-len-te idée bonhomme … Que dis-je ? Merveilleuse idée … Le Fou … Voilà !! On va aller le chercher, il doit avoir des tas d’idées et il pourra nous aider … Parce que heu … Tu sais …


Les tiennes d’idées elles me semblent foireuses … Bon non, ne pas lui dire comme ça … Tenter la diplomatie, et contourner le problème tout en finesse. Mais réfléchis bon dieu la Féline !!

Heu … Bah moi j’suis pas très douée et tes explications là de le chaud tout ça, j’ai … j’ai pas tout pigé hein …

Voilà ça c’est bien joué !! On se fait passer pour celle qui comprend rien à rien, on enrobe le tout d’un sourire si naturel qu’il en paraitrait presque trop beau, on se gratte la caboche et on prend un air niais, et l’affaire est dans le sac, ni une, ni deux, je t’ai pas vu, je t’embrouille !!

On … on va le chercher alors ce Fou ?

Oh Fou, sauve nous !
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A trop jouer avec les Félins, il faut s'attendre à être griffé ...
Karyl
Un franc sourire vînt illuminer les traits du petit homme aux dires de sa mère. Une bonne idée ? Évidement que son idée était bonne puisque c’est lui qui l’avait eut ! Toujours aussi sure de lui, le mioche était en effet bien loin de soupçonner les véritables pensées de sa mère. C’est donc avec assurance qu’il porta un regard empli de compassion à celle-ci avant de lui lancer : « Ce est pas trop de ta faute si tu comprends pas. Faut pas te inquiéter maman c’est parce que c’est une histoire de hommes alors je crois ce est que les hommes qui peut comprendre ! ». Voilà une explication des plus logiques à laquelle Félina ne trouverait surement rien à redire. Les « réparations de maison »… Depuis le temps ça se saurait si c’était une histoire de femmes non ? Devant telle évidence, le petit homme ne trouva guère mieux à faire qu’hausser les épaules passant ainsi à autre chose. C’est qu’il y avait encore bien du travail en perspective et donc pas de temps pour tout expliquer.

«
Bon maintenant que on a le plan de la bataille, je crois que il faut que on va le chercher. En plus le Fou il a dit que je vais pas réussir à le trouver alors que ce est pas vrai et que moi je sais que je vais arriver à le trouver ! » Fit-il d’un air résolu, bien décidé à prouver à qui le voudrait qu’il connaissait son village mieux que personne. Prenant sa mère à partie il ajouta alors : « En plus le fou ce est que un nul parce que moi et ben je connais toutes les cachettes parce que quand on joue à cache-cache avec les copains et ben on va dans pleins de cachettes et avec Louis quand on veut embêter les filles et ben faut on se cache vite après pour pas se faire attraper et aussi quand on va dans le champ de la mère Lucette et que on a pas le droit et ben il faut courir vite pour se cacher et alors hein ! Et si tu connais pas les cachettes bien et ben tu te fais attraper et après des fois tu peux aller dans la prison et moi je ai jamais été alors c’est que je sais bien me cacher, hein maman ? »

Parlant plus pour se convaincre lui-même que pour faire démonstration à sa mère le petit blond avait commencé à faire quelques pas en direction du village, sénestre au menton et dextre dans les cheveux, réfléchissant à voix haute aux possibles cachettes que le gredin aurait pu utiliser. C’est que cette délicate mission était de la plus haute importance : Non seulement il allait pouvoir prouver au Fou qu’il était meilleur que lui à ce jeu mais en plus ce dernier allait en échange devoir les aider à la ferme et comme il s’était autoproclamé chef des travaux, le fou devrait obéir comme les autres à ses ordres… Le plan était parfait, notre petit commandeur était ravi.

Tout à ses réflexions, celui-ci en oublia d'ailleurs sa mère et ce n’est qu’une fois ses plans machiavéliques enfin mis au point qu’il s’en rendit compte stoppant net sa progression pour se retourner vers elle et lui lancer un : «
tu viens ? C’est que je te attends moi hein. On a le travail et faut pas que on traine ! » tout en dodelinant de la tête, levant les yeux au ciel de surcroît tentant ainsi de maquiller sa flânerie.

Maugréant pour lui-même de s’être une fois de plus laissé distraire par ses pensées, karyl tenta ensuite de se recomposer un visage de chef des opérations. Ceci fait, il s’empressa de reprendre la parole pour échapper à tout mouvement contestataire et d’une voix mielleuse ajouta à l’intention de l’ex-mercenaire : «
Je te pardonne pour cette fois que tu fais un peu de la flânerie parce que tu es pas trop habituée à le travail mais faut tu fais attention parce que si tu refais et ben tu seras puni ! ». Ponctuant sa phrase d’un sourire qu’il espérait ravageur, il prit la main de sa mère d’un geste tendre et regarda une dernière fois leur maison avant de porter son regard droit devant eux et de poursuivre d’un air espiègle: «Je ai la idée ! Moi je vais chercher Le Fou et toi tu vas chercher les filles ! On fait la course et celui qui revient ici le plus vite et ben il gagne ce que il veut, tu es d’accord ? »

Le môme regarda sa mère tout sourire, un air de défi dans le regard et détala aussi sec lui criant qu’il allait gagner ! Retrouvant ainsi toute sa fougue enfantine, karyl riait aux éclats en filant jusqu’au village, c’est qu’il était fier de son coup et avait un fou à débusquer.

Gare à toi le Fou, ton chasseur et sur ta piste…

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Un simple gamin des rues.
Edern
... et la piste s'arrête en une taverne aussi mal famée que la ville qui l'abrite en son sein généreux, Saumur. Là, le Fou a attendu héroïquement le rendez-vous que le Destin lui a fixé avec un féroce gamin de huit ans. Aucune peur n'a paralysé ses facultés. Il affrontera l'ennemi la tête haute. Certes, assis à la table d'un débit de boisson, mais la tête haute. Jamais Karyl ne le trouvera. Il doit ne pas le trouver, jamais, ou le temps du poète sera occupé à quelque besogne paysannes. Les mains de velours quitteront la douce tige de la plume pour un manche de bois des plus rugueux. Intolérable. Mais quel choix a-t-il eu ? Il n'a pas refusé explicitement d'aider la féline et son chaton... dès lors le défi a été formulé, tout a été scellé. L'Histoire ne peut plus faillir. Ses lignes ont déjà été écrites. Même virtuel, le parchemin, lui, ne ment pas. Toutes les guerres de l'univers n'y changeront rien...

"Je viendrai s'il me trouve demain matin"...

Se cacher. Il a depuis longtemps l'habitude des masques et des tours de passe-passe, sait esquiver en toute discrétion, connaît tout de la progression en aveugle.
Il est invisible à volonté. Mieux encore, certains lieux sont connus de lui seul...
Les étoiles brillent. Dans quelques heures, l'enfant saura ce dont sont capables les fous.
Dans la salle, des tables, des chaises, un homme et une certitude.
Sur la bougie, un souffle.

Le Fou s'endort.

~~~

Le Fou se réveille.

Expulsion de l'empire des songes.
Les traits de Karyl comme première vision.
Qui, quoi, quand, où, comment ?
Une porte a claqué...
Il a été trouvé.

Edern se redresse lentement sur son siège, dans cet état d'hébétude propre à ceux qui doutent d'avoir vraiment quitté les bras de Morphée. Tout cela est bien réel, aussi réel que les illusions dont les dieux farceurs aiment à gratifier leurs jouets. Mais comment Karyl a-t-il bien pu faire ? Marcherait-il dans les rêves ? Nul n'a pu savoir où le Fou est allé, dans quelle inexpugnable forteresse onirique il s'est réfugié. Une plus grande sorcellerie que celle des mots, qui plus est déguisés en images... Impossible. Personne ne peut réveiller le Fou qui dort. Ou bien... il s'agirait là d'un niveau inférieur d'appréhension du monde. S'y abaisser pour comprendre ? Et si...

Un corps. Évidemment. C'est cela qui l'a trahi.
Un amas lourd de liquides froids ou brûlants, de lambeaux de chair rouge sur un emboîtement de tuyaux blancs, le tout parsemé d'une pellicule de peau renouvelable.
Un corps. Alors qu'il rêvait, cette chose est restée ici...

Inattentif à la présence de l'enfant à ses côtés, il se concentre et se fend d'un bâillement condescendant en direction du monde qui le nargue déjà. La chaise est reculée et deux rotules pivotent, suivies dans leur téméraire initiative par un brusque raidissement des jambes. Ayant adopté la station dite de bout, Edern range méthodiquement ses plumes et flacons d'encre dans l'écritoire qu'il accroche solidement à son épaule. Fuir, vite...
J'ai tout un pouvoir à détruire, puis un royaume à construire.
Des pions à déplacer par dizaines, des cartes à jouer.
De jeunes fous à trouver et à perdre.
Des mots à former en compagnie...
Mais non. Une ferme m'attend.
Presque désespérant.

Il faut que j'aille...

Pas d'excuse. Pas d'autre sortie que celle qui mène à l'improbable chantier. Le Fou fait quelques pas en sa direction, presque à reculons. Les mots reprennent leur souffle et attendent que la rue les emporte. Alors le rectangle de bois est ouvert. L'intérieur se fait extérieur, l'ennui du plafond disparaît pour l'amour du ciel. Le soleil y brille plus que jamais, insolent insolateur. Les yeux bruns se referment. Une vision l'assaille, teintée de fulgurance. Celle d'une maison qui s'élève d'un sourire, de quatre murs qui planent dans le ciel pour se lier enfin dans un craquement de pierre chaude, liquide, où un toit argenté se pose délicatement de ses ailes fluettes, quant portes et fenêtres dansent ensemble à tous les étages. Un avenir qui n'est pas le sien, et pourtant... elle lui est venue.
Y aller peut-être... y aller, connaître la mère pour connaître l'enfant et contempler un palais, fût-il de torchis.

Oui... conduisez-moi aux ruines, général Karyl !

Tant pis s'il n'y a pas de majuscules...
Ce n'est qu'un préambule.
Felina
Et l’enfant de repartir dans un monologue interminable, petit général misogyne en action, sous le regard mi atterré mi amusé de la Rastignac. Son fils grandissait à n’en pas douter, mais il conservait au fil du temps cette candeur et cette assurance propre à son âge qui n’en finissait pas de surprendre l’ex mercenaire. Parfois elle aussi aimerait retrouver cette innocence … Mais l’avait elle seulement connue un jour ? Rien n’était moins sûr … La vie pouvait elle donc être si simple que le seul souci que vous ayez le matin soit de savoir si vous alliez trouver du monde pour vous aider à retaper une vieille batisse ? Si seulement, en tout cas la Féline voulait y croire.

Toutes à ses réflexions, elle ne réagit pas tout de suite que Karyl s’est éloigné en direction du village et de nouveau un petit sursaut quand il l’invective. Décidément, l’enfant à le don de la noyer de paroles et de la faire décrocher rapidement. Espérons qu’une fois encore elle n’est rien raté d’essentiel dans le long discours enfantin.

Nous disions donc, aller trouver les filles … Heu bah … Quelles filles ??? Non parce que des gamines à Saumur, et amies avec Karyl y en a des tas !! Aurile, Calyce, Clelie, Trella … Ils parlent de toutes là vous croyez ?? Il l’envoie rameuter toutes les donzelles en jupon court du village … Heu … ça va pas être possible ça bonhomme !! Mais même pas le temps pour elle de protester ou de questionner que déjà le blondinet à détalé comme un lapin.


Humpf …

Y a vraiment des choses qu’il va falloir modifier là … et la première sera de rétablir l’ordre hiérarchique au sein de leur petite famille recomposée ! Non mais c’est quoi cette histoire, et depuis quand ce sont les mômes qui commandent ?? Ca va pas le faire.

Et voilà notre jeune mère, totalement désabusée, plantée comme un piquet au milieu du chemin, avec pour mission très explicite « d’aller chercher les filles ». Merci bien … ça va donner cette affaire je vous dit moi. Une longue minute passe avant que la Féline ne se décide enfin à avancer, mais elle sans courir, faut pas pousser non plus. De toute manière, le temps que Karyl déniche le Fou, qui à n’en pas douter se cache au mieux, elle a bien le temps de comprendre qui elle doit ramener. Alors qu’elle avance à son rythme en direction du village, sans savoir vraiment où elle va, elle en oublie ses promesses de remise au point. L’enfant est déjà hors de vue lorsqu’elle passe enfin les portes, s’engouffrant dans les ruelles, au hasard. Qui sait, ne dit on pas que ce dernier porte parfois chance ? Et bien bingo, la Féline aurait peut être jouer à la loterie ce jour, parce qu’alors qu’elle s’engage dans l’une des rues les plus animée de la ville, celle là même qui mène à la place du marché c’est bel et bien une des gamines sus recherchées qui détale devant son regard.

Laquelle? alors là bonne question !! La mémoire de la Rastignac en matière de prénom n’est pas sa qualité première, il faut bien l’avouer. Aussi, l’activité intense de son cerveau ne faisant qu’un tour, crie t-elle le premier prénom qui lui vient à l’esprit.


Calyce !!! Hey Ho !!! Stop !

Avec un peu de chance hein … N’est elle pas en vaine aujourd’hui ?
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A trop jouer avec les Félins, il faut s'attendre à être griffé ...
Karyl
[Rue des tavernes, au même moment]

Un sourire victorieux, empreint d’une fausse modestie s’était peint sur la trogne du môme au moment où, le nez collé à la fenêtre d’une des tavernes, il avait reconnu la silhouette tant recherchée. Et son sourire ne fit que s’élargir une fois la porte franchie. Le Fou était là, fait comme un rat, pris dans ses filets. Il l’avait trouvé ! Et dire que hier encore l’homme se targuait d’être insaisissable, tu parles. Il allait se trouver bien bête maintenant d’avoir tant sous-estimé son adversaire junior. Et oui, lorsque l’on est un futur très grand aventurier et joueur hors pair à cache-cache, on connait forcément toutes les cachettes du coin, trop facile retrouver les gens. Le fou s’était faire avoir et en beauté ! Surtout que… contrairement à ce qu’il pouvait penser, il était loin d’être des plus doués à ce jeu hein, il était même carrément nul en faite. Se cacher dans une taverne franchement quelle idée !

Arrivant à sa hauteur, le gosse décida toute fois de se montrer charitable. Lorsque l’on est le meilleur et que l’on vient de gagner, il faut savoir ménager la susceptibilité des perdants. Chassant alors autant que possible le sourire moqueur qui flottait sur ses lèvres, Karyl se planta devant son adversaire affalé sur la table visiblement endormi. Endormi?, décidément le fou était vraiment nul ! Tout le monde sait pourtant que The règle d’or à cache-cache est de ne surtout jamais s’endormir dans sa cachette. haussement d'épaules juvéniles, c'est pas le travail qui allait manquer pour lui apprendre à bien se cacher à celui-là, y allait y avoir du boulot !

Mais peut-importe, aujourd’hui, une mission bien plus importante les attendait et l’heure n’était pas vraiment au roupillon. C’est que la « réparation de maison » était une affaire d’homme et il n’était pas question de laisser Félina gagner la course, Karyl voulait commander le chantier ! «
Je t’ai trouvé ! » fit-il alors pour réveiller le dormeur qui émergea doucement… très doucement… bien trop doucement ! « Aller faut tu viens sinon elles vont gagner ! » insista le mioche bien impatient de retourner à la ferme devant la lenteur du fou qui semblait même pas s’intéresser à lui, plus occupé à se réveiller qu’à l’écouter . Et l’expression triomphale de karyl se mua alors en une mine bourgeonne. Il exagère un peu là quand même, pire qu’un escargot !

«
Il faut que j'aille... »

*Oui il faut que t’ailles…* pensa le gosse qui commençait à trépigner d’impatience. «
Aller !!! Comme j'ai gagné de t'avoir trouvé il faut que tu viens! » dit-il encore. Finalement, l’homme daigna le suivre vers la porte tout en prenant son temps pour émerger de sa nuit. Détail qui fit rire le gamin malgré l’urgence de la situation. Décidément quand fou on est vraiment bizarre. Mais cette « bizarrerie » que représentait Edern était loin de déplaire au mioche, ce fou ne cessait de l’intriguer. Aussi il n’était pas près de le laisser filer quitte à rappeler sa présence à cet indélicat qui ne semblait toujours perdu dans son monde. Un monde qu’il ne daigna quitter qu’une fois l’air libre enfin retrouvé en un : « Conduisez-moi aux ruines, général Karyl ! » qui ravi le morveux avant de le faire bougonner.

«
Hééé, c’est pas des ruines c’est ma maison hein ! Je trouve tu dis vraiment les bêtises toi ! » fit le mioche d’un air réprobateur avant d’ajouter : « En plus y a juste un peu des trous à réparer mais j’ai fait le plus gros et même que maman elle dit que je fais très bien. » Voilà qui était dit ! Et puis tant pis si en réalité sa mère n’avait rien dit, après tout un petit mensonge n’avait jamais fait de mal à personne. Mains sur les hanches et air sévère bien en place, le gosse profita même d’avoir la parole pour mettre tout de suite un détail au clair : « Il faudra tu écoutes ce que je dis parce que je crois c’est mieux si c’est moi qui commande parce que elles c’est les filles et toi tu es fou d’accord ?» Oui, il valait bien mieux que se soit lui qui mène à bien les opérations.

Faisant quelques pas dans la ruelle karyl enchaîna encore : «
j’ai fait le pari avec maman alors faut je rentre le premier avec toi pour que je peux commander donc il faut on se dépêche pour pas que on est obligé d’obéir aux filles ! Aller viens ! » Et sans plus trainer il fila vers sa ferme, un fou sur les talons contant en chemin tout ce qu’il y aurait à faire. Bien entendu en tant que chef de chantier, lui allait surtout donner les ordres, il devrait beaucoup réfléchir, pas le temps donc de mettre la main à la pâte mais il espérait bien que ses « subordonnés » travaillent quant à elles d'arrachepied. C’est qu’on ne plaisante pas avec les réparations de maison !

Arrivant dans la cour de la ferme sans voir la moindre trace félinienne, le gosse se persuada d’emblée qu’il avait gagné. Pas de fille, c’était la victoire assurée ! Plus que satisfait de la tournure des événements, il sourit très largement. Sa mère ne pourrait rien dire, pas plus que les filles d’ailleurs. Ne restait plus alors qu’à les attendre pour bien leur montrer qu’il avait gagné. Encore une preuve s’il en fallait qu’il était celui qui devait commander.

Le chantier était entre ses mains, reste à savoir s’il fallait en être ravi ou plutôt filer aux abris !

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Un simple gamin des rues.
Calyce.
Des projets plein la tête ce jour la môme. Projets genre : Embêter le monde, comparer les trucs qu'elle pouvait trouver sur les étales et puis dormir. Oui, dormir c'est bien. Mais faut manger un peu avant et c'est justement en voulant fouler l'entrée d'une auberge que son regard tombe sur celui d'une féline en quête de quelque chose... Et ça va vite dans la caboche de la brunette : Felina, Karyl, Saumur, ferme, travaux, aider... Heu ouais mais nan, pas aujourd'hui !

La menotte se heurte au vide quand elle part à la recherche d'une capuche à rabattre sur le minois... C'est ballot ! Bon bah on rebrousse vite chemin en fixant ses chausses et on prie pour ne pas être repéré. L'air de rien, elle fredonne même en rentrant la tête entre ses épaules. Jean Petit qui danse, Jeaaaan Petiiit qui danseuuh...


Calyce !!! Hey Ho !!! Stop !


Humpf. Juste quand Jean allait commencer à danser de son doigt ! Calyce fait quand même un pas de plus... Peut-être qu'elle l'a pas vraiment reconnue ? Oui mais non, c'est Felina, pas envie de se voir rattrapée et secouée par l'ex-vipère zokoïste.Souvenir d'un bûcher avorté où elle devait faire office de viande à griller et la Féline de bourreau...


Un petit-demi tour et la voilà qui offre un de ses plus beaux sourires forcés. La mimine qui s'agite pour saluer. Puis l'autre main qui se lève aussi tant qu'à faire, histoire de montrer qu'elle a rien fait, rien volé. Nan parce que la manière dont elle a été interpellée aussi... on sait jamais hein.
Pas lents qui la trainent jusque devant la jeune femme, bouche qui se tortille un peu avant de s'ouvrir...


'jour Felina ! Tu cherches Karyl hein ? J'ai pas vu !


Aux émeraudes de se poser sur la main valide de la mercenaire. Peut être qu'elle a juste besoin d'aide pour porter ses courses ? Ah bah non, pas de panier...

Puis elle a pas à attendre cent sept ans pour savoir la raison de l'interpellation digne de la maréchaussée champenoise-sont pas marrants là haut, si si !-
Aujourd'hui ce sera journée ravalement de façade pour vieille ferme !
Docile, elle se laissera guider à travers le dédale des rues saumuroises, ne se plaindra même pas d'avoir mal aux pieds mais posera quand même un tas de questions...


Vous allez rester à Saumur alors ?
T'as eu quoi à la main au fait ?
T'sais faire des gâteaux toi ?
C'est encore loin ?
Y aura qui ?
Et pourquoi c'est pas Karyl qu'est venu ?
T'sais réparer des maisons ? Moi j'sais pas hein
Tu veux du réglisse ?
T'es une mercenaire riche ?


Faut bien combler les blancs ! Mais elle aura essayé d'engager la « conversation ». Conversation d'enfant : Je te pose plein de questions, y en a bien une à laquelle tu vas répondre avant de t'agacer ! Peut être qu'elle aura réponse à toutes les question hein, ou peut-être qu'elle se mangera une torgnole... C'est au petit bonheur la chance...

Bref. Voilà qu'apparait bientôt LA ferme. Le terrain de jeu du jour...
Yeux en soucoupes devant l'ampleur du truc qui les attend...
Envie de faire demi tour au lieu de suivre la grande brune à l'intérieur. Mais nan, elle continue de suivre en grimaçant. Puis c'est pas la mort : Y aura Karyl !
Où qu'il est lui d'ailleurs ?
Felina
Ouf, c’était le bon prénom !! Quand j’vous disais qu’elle était en veine. Oui … heu enfin mettons que j’ai rien dit en fin de compte. Parce que si Félina a eu de la chance de tomber sur la bonne gamine, voilà que maintenant elle se retrouve avec la dites môme accrochée à sa main et qui l’innonde de questions toutes d’intérêt quasi nul pour l’ex-mercenaire. Se retenant pendant tout le chemin de lui broyer la mignonne mimine, et contre toute attente, la Rastignac se montre presqu’aimable et choisit même de répondre à certaines des questions de Calyce.
Qui sait, peut être qu’ainsi le supplice du chemin de croix vers la ferme en sera-t-il écourté.


Karyl est parti chercher l’Fou. Non j’sais pas ni faire les gâteaux ni réparer les maisons.
On arrive bientôt et non j’veux pas de réglisse !


Et sinon tu voudrais pas la fermer ? Humpf,non, celle là on la garde pour soi. Sage on a dit.

Vous noterez qu’elle a soigneusement éludé certains sujets, espérant que la curiosité de la gamine s’arrêterait là, sans quoi à n’en pas douter, elle ne pourra pas garder plus longtemps son calme. Faudrait en effet voir à pas trop la chauffer non plus, notre mercenaire en tentative de rédemption.

Quelques longues et interminables minutes après, voilà l’enfant et la sauvageonne arrivées au bout du chemin, ferme enfin en vue. Une fois la gamine entraînée presque de force à l’intérieur, elle lui lâche aussitôt la main en constatant que Karyl et Edern sont déjà arrivés.
Un regard de la Féline vers son fils, elle s’adosse contre le mur et lui sourit, presque narquoise.


Alors Chef, maint’nant que toute l’équipe est là, on fait quoi ?

Parce que c’est bien beau de rameuter des ouvriers, mais maintenant, il allait falloir assumer son rôle de grand entrepreneur des travaux de rénovation. Et ça … ça risque de donner !
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A trop jouer avec les Félins, il faut s'attendre à être griffé ...
Edern
S'il te plaît... dessine-moi une maison.

De rues en routes, de routes en chemins, le Fou fixe en son esprit les imposantes demeures et les misérables logis. Y a-t-il une image à révéler, une essence à en tirer ? Le paysage en mouvement suggère à ses prunelles un entrelacs de droites et des courbes. Effleuré des yeux, il pourrait presque être touché du doigt. Ce ne sont que des constructions de bois et de pierre, de paille et de terre. Elles vivront. Puis mourront. Car le sang des bâtisseurs n'est pas de ceux qui s'évaporent aux seules chaleurs de l'été. Il circule, lourd et lent, et s'effrite au contact de l'air du temps. Edern a déjà fait couler son flot corrupteur, ailleurs, goutte à goutte, avec lenteur. Il est tombé au sol et la tache ne cesse de s'étendre, sans résistance ou si peu. Mon royaume pour un bon mot. Des silences mourants et des lignes à foison.

Par pitié, ne détruisez pas ma prison.


[Blabla]

Il court il court, le Karyl... de petites jambes avalent d'indigestes distances. Sans se presser vraiment, il suit son sillon. Où mène-t-il ? À l'horizon. Loin de Saumur où on observe avec attention ses subtiles variations. Être chez soi... l'enfant perdu cherche toujours sa famille, l'origine et la cause de sa vie. Il a fait sienne une quête de filiation malgré sa pauvre mère, malgré ses pairs. Il a fallu plusieurs questions pour que son absence criante interpelle le Fou, comme une feuille blanche appelle l'encre qui la noircit sans rougir. Il lui tendra peut-être la plume...

Quand il pourra la prendre.

L'univers des constructions habitables le cède à la bouillie informe d'une chaumière en pleine décomposition. Néant architectural, parodie monumentale. Le regard brun tombe et balaie la poussière, chemine le long des fondations pour enfin passer en revue les murs de la citadelle délabrée.
De combien de bataillons, de quels combattants dispose-t-on pour mener à bien cette périlleuse mission ?
Une minette torturée, son moulin d'adoption, une gamine intéressée, un poète avorton.
La fine fleur de l'Anjou.
Youhou.


Alors Chef, maint’nant que toute l’équipe est là, on fait quoi ?

Faire ? Quelque chose ? Soi-même ? Les mains en sueur, des écorchures contre des pleurs ? Cela n'a jamais été spécifié dans le contrat !
Le Fou regarde alternativement ses compagnons d'infortune et la jolie ferme neuve qui n'existe pas encore.
Réchapper de ce destin terrible alors que la main invisible du labeur approche à grands pas ?
Plus que quelques instants avant qu'on ne lui impose la fin du monde pour décor...
La tension est à son comble.
Soudain,

Maître Karyl.

Seigneur, excellence, majesté... au gré des envies, les maîtres-mots de la flatterie. Le geste est joint à la parole. Le Fou s'agenouille devant sa nouvelle idole et serre fermement son chapeau contre son cœur, théâtralité marquée de fausseté. La langue tourne sept fois dans sa bouche. Rien n'y fait. Le serpent a trouvé son sifflement.

Votre salive étant trop précieuse pour être gaspillée dans l'instruction des deux fillettes ici présentes, je vous saurais gré de me permettre de leur répéter assez prosaïquement ce que vous m'avez si brillamment exposé tout à l'heure...

Assurément... il y a une superbe de l'hypocrisie. On n'invite pas le malicieux sans sa malice... le jeu n'est pas fini. Sans laisser le temps au contremaître improvisé de couper court à sa représentation, il se relève prestement. À l'abri de l'œil enfantin, ses lèvres fines s'étirent devant la femme moqueuse, insolentes.

Féline, vous vous ferez les griffes sur le bois qui encombre ces lieux. Vous devrez éprouver la solidité de toutes les planches composant les portes, les fenêtres, les murs de ces bâtiments, puis arracher tout ce qui mérite de l'être. Tout, s'il le faut. C'est une épreuve de force ; vous serez seule face au monstre vermoulu. Je compte sur votre férocité... soyez sans pitié avec cette pourriture passée.

Abaissement des prunelles jusqu'à surplomber le visage de l'innocence faite presque femme. Chacun son tour. Puisque la distribution des rôles lui échoit, il ne se gênera pas pour exercer ce pouvoir. Il serait bien ingrat de refuser cette occasion. Qu'a-t-il à perdre, si c'est une répétition ?

La Grande, nous connaissons tous votre goût pour la comptabilité. Aucun chiffre ne vous échappe ; si je devais disposer un jour d'une fortune conséquente, je vous en confierais la gestion sans hésiter. Je suis certain que vous n'avez qu'une hâte : faire l'inventaire de tout ce qui manque pour effectuer les réparations. Étant donnée votre grande agilité, vous monterez aussi sur le toit pour juger de la qualité de la chaume.

Il suffit de sauter au plafond et de passer de l'autre côté, elle a vu plus compliqué.
Au nom de l'égalité, surtout ne négliger personne dans l'effort de chantier...

Quant au propriétaire des lieux et à ma modeste personne, nous devons encore remplir quelques formalités administratives nécessaires à la bonne marche de vos... de nos travaux. Nous vous tiendrons bien sûr informées de l'avancement de nos épuisantes réflexions.

Deux talons pivotent vers son dos. Le Fou fait de nouveau face à Karyl.
Sans surprise, c'est avec le grand sourire d'une face servile...

Maître Karyl, j'ose espérer que je n'oublie rien ?

Aujourd'hui ne peut plus être remis à demain.
Ce qui a été défait doit être recousu...
À l'impossible ils sont tenus.
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